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D’une simple attitude à une discipline, l’évolution de la notion de prévention

Introduction
From a simple attitude to a discipline, the development of the notion of prevention
Denis Guillemard
p. 5-12

Abstracts

Preventive conservation has gradually asserted itself as a discipline. In Antiquity, authors attested to an awareness of what alters cultural assets and the way in which they could be preserved. This awareness made itself felt throughout the following periods until the French Revolution, when the first main principles of conservation were decisively formulated. The legislative movement for the protection of heritage, the foundation stone of preventive conservation, emerged in the 19th century. Initially influenced by physical data, this laid the emphasis on climate, before progressively incorporating parameters relating to human behaviour. From then on, preventive conservation changed scale, spread worldwide and became rationalized, evolving towards an ever-greater anticipation of the risks of deterioration.

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Full text

1La notion de conservation préventive associe deux termes à caractère tautologique, le sens de conserver n’étant rien de plus que celui de prévenir, c’est-à-dire garantir de la destruction en écartant les probabilités et les causes de dégradation. Et même si la prévision est plus affirmée dans la prévention, conserver ne peut se faire sans anticipation.

2Dans les domaines où la prévention se développe, le terme peut être un substantif comme pour la prévention routière, la prévention des accidents du travail ou la prévention médicale. Dans la protection des biens culturels, il ne s’est pas affirmé comme tel et il apparaît pour qualifier une qualité ou une activité particulière de la conservation, une forme de conservation. La question est bien sûr de savoir si la qualification est accessoire par rapport à l’action et quelle place nous lui réservons dans les activités de conservation.

3C’est à partir de 1975 que seront utilisés les mots conservation et prévention dans un cours de l’ICCROM, et que l’association des deux termes commence à apparaître dans des publications.

4Cependant, si l’introduction de la notion inaugure une nouvelle ère dans nos rapports aux biens culturels et de façon générale au patrimoine, la prévention n’était pas étrangère aux artistes ou aux bâtisseurs des temps anciens. Nous pouvons le penser au regard des textes qui en font état chez de nombreux auteurs antiques, les bribes que l’histoire nous a transmises laissant supposer une véritable préoccupation de la pérennité des œuvres produites, premier état de la prévention. Le recueil de ces fragments de textes fait apparaître au cours des siècles une certaine constance dans cette attitude.

5Ainsi peut-on partager, quelque peu artificiellement, cette histoire en trois épisodes de durée très inégale en fonction de la nature des écrits qui marquent chaque époque et révèlent l’affirmation progressive des principes de prévention. Une longue période commence dans l’Antiquité et se termine à la Révolution française avec les Instructions conventionnelles. Lui succède le xixe siècle qui procède à la constitution des premières règlementations et des premières lois avec un champ de protection qui s’élargit au cours du siècle. Enfin le cycle s’achève par la consécration des principes de prévention au xxe siècle et l’avènement de la conservation préventive en tant que telle.

Archéologie de la notion

  • 1 Marie Berducou, 2010, p. 14-15, citations de la Périégèse de Pausanias.
  • 2 Françoise Choay, 2006, p. 12.
  • 3 Vitruve, Livre VI, chap. 4, p. 84.
  • 4 Manfred Koller, « Learning from the history perspective conservation », in Roy, A. et Smith, P., 19 (...)
  • 5 Giorgio Vasari, 2007, p. 29.

6La période que nous considérons en premier lieu nous plonge dans l’Antiquité, dont nous connaissons l’intérêt pour la prévention par certains auteurs comme Pline ou Pausanias1. Fugaces témoignages qui n’en attestent pas moins une conscience ancienne de ce qui altère les biens culturels et de la façon de les en préserver. L’idée de prévention n’est donc pas étrangère à tous ces siècles, et l’adoption de principes préventifs pour agir sur l’environnement est décrite dans le De architectura (Les Dix Livres d’architecture) par Vitruve (fig. 1), dont le texte est redécouvert à la Renaissance par Poggio Bracciolini qui en fait circuler à partir de 1416 une copie trouvée à l’abbaye de Saint-Gall2 : « Les bibliothèques seront tournées vers l’orient ; leur usage demande la lumière du matin ; et de plus les livres ne pourrissent point dans ces bibliothèques, tandis que dans celles qui sont exposées au midi et au couchant, les teignes et l’humidité gâtent les livres, parce que les vents humides font naître et nourrissent ces insectes, et altèrent les livres en les faisant moisir. »3 L’idée de prévention se manifeste aussi dans la sélection des bons matériaux et des bonnes techniques de construction ou de fabrication pour produire des œuvres durables. Présente dès l’Antiquité comme l’indique Koller, elle perdure pendant tout le Moyen Âge4. On la rencontre dans certains traités techniques comme, entre autres, ceux du moine Théophile au xie siècle, de Cennino Cennini au xive siècle (fig. 2) ou de Giovani Fontana au xve siècle, chez des bibliophiles comme Richard de Bury au xive siècle. Les conséquences d’une mauvaise pratique seront dénoncées comme le fera Vasari, en évoquant les fresques de Giotto au Campo Santo de Pise dans ses Vies d’artistes, parlant de « l’incurie de ceux qui devaient veiller à leur conservation », les laissant se détruire sous l’action de l’humidité5.

Fig. 1. Traité de Vitruve, édition de 1547, traduction Jean Martin

Fig. 1. Traité de Vitruve, édition de 1547, traduction Jean Martin

© D. Guillemard.

Fig. 2. « Si la paroi a des suintements continus, que l’on se place un peu en retraite par rapport à elle ; et qu’on en maçonne une autre distante autant que les circonstances le permettront ; et, dans l’intervalle des deux parois, que l’on creuse […] un caniveau ayant des évents à l’air libre. […] Si l’humidité n’a pas, et au bas et au sommet issue par des évents, malgré tout elle s’imprégnera dans la maçonnerie nouvelle. » Vitruve, Livre VII, illustration de l’édition de Fra Giovanni Giocondo, 1511

Fig. 2. « Si la paroi a des suintements continus, que l’on se place un peu en retraite par rapport à elle ; et qu’on en maçonne une autre distante autant que les circonstances le permettront ; et, dans l’intervalle des deux parois, que l’on creuse […] un caniveau ayant des évents à l’air libre. […] Si l’humidité n’a pas, et au bas et au sommet issue par des évents, malgré tout elle s’imprégnera dans la maçonnerie nouvelle. » Vitruve, Livre VII, illustration de l’édition de Fra Giovanni Giocondo, 1511

© D. Guillemard.

  • 6 Extrait des Ordonnances et statuts des maistres peintres sculpteurs de la ville de Saint Germain de (...)
  • 7 C. Gastinel-Coural, 1984, « Les tapisseries du mobilier national », La restauration et la conservat (...)
  • 8 Amaury Lefébure, « Les tapisseries et leur usage, en France au xviie siècle », Lisses et délices, C (...)

7Cette prévention initiale se prolonge aux xviie et xviiie siècles à travers les maîtrises et les académies d’artisans : « Ne pourront lesdits maistres peintres et sculpteurs faire figure de bois qu’il ne soit loyal, bon et sec, sans obié ny pourriture quelconque ; comme aussi défenses leurs seront faites de faire des figures de plastre pour mettre aux Eglises, mais de pierre ou de terre bien recuite. »6 Ces siècles attesteront plus ou moins d’une attitude préventive, la mettant en pratique sans la nommer, entourant les productions artistiques et décoratives, de plus en plus précieuses et raffinées, de soins et de précautions justifiés par la fragilité de ces créations. On ne s’étonnera pas, par exemple, que ce soit dans le domaine des tapisseries que l’attitude se manifeste avec le plus d’évidence7. Les facteurs principaux de dégradation sont déjà identifiés. Ainsi les modes de reproduction et d’action de la vermine sont connus, grâce à l’apport, dans le domaine de la conservation des biens culturels, des observations systématiques des premiers entomologistes. L’entretien et le roulage des pièces tissées se généralisent. La lumière est prise en compte en procédant à l’occultation des salles de présentation ou en recouvrant les œuvres en l’absence du propriétaire comme à Vaux-le-Vicomte8.

  • 9 Extrait de l’Instruction de 1790, fait aux comités d’administration des affaires ecclésiastiques, e (...)

8Cette première période s’achève avec la Révolution qui inaugure un type de comportement nouveau vis-à-vis des biens culturels qui entreprennent un mouvement de concentration massive. La Révolution, en dépit, ou peut-être à cause, du vandalisme et parce qu’elle amasse dans des dépôts de grandes quantités d’œuvres arrachées aux établissements religieux et aux châteaux, va formuler de façon décisive les premiers grands principes de conservation en déclinant les facteurs principaux de dégradation. Ils apparaissent formellement dans les quatre Instructions de la Convention émises en 1790 et 1791 : « Rien n’est plus nuisible aux manuscrits que l’humidité ; on se gardera donc d’en placer aucun sur le plancher, ni même sur les tablettes trop voisines du plancher ; on établira des courants d’air, autant qu’il sera possible, afin d’empêcher l’air stagnant de produire, surtout dans les manuscrits sur vélin ou sur parchemin, une fermentation qui ne tarderait pas à les altérer », requerra La Rochefoucault, président du comité d’aliénation dans une instruction de 17909.

  • 10 Louis Dubois, bibliothécaire de l’École centrale du département de l’Orne, Rapport à l’administrati (...)

9Mais les résultats seront peu convaincants comme en témoigne l’inspection du citoyen Dubois de 1799 : « Ce n’est que sous les yeux et dans les mains du bibliothécaire, qui doit veiller à leur sûreté et à leur conservation, que ces ouvrages, dont la plupart sont d’un grand prix, échapperont aux influences destructrices des locaux malsains où ils sont contenus. »10

Une étape déterminante : la conscience patrimoniale

10Au xixe siècle, entre 1830 et 1887, on assiste à une lente maturation de la législation sur la protection du patrimoine, pierre initiale d’une pensée normative qui fondera dans un premier temps la conservation laquelle, plus tard, deviendra de la prévention.

  • 11 Rapport au roi de 1831.
  • 12 John Ruskin, 1987, p. 206.
  • 13 Le corps des architectes diocésains mis en place en 1848 avait un rôle de conseil. C’est en tant qu (...)

11En 1830 est créée la charge d’inspecteur des Monuments historiques par Guizot. Le premier directeur Vitet avait une idée précise de sa mission : inventorier mais aussi « veiller à la conservation des édifices en indiquant au Gouvernement et aux autorités locales les moyens soit de prévenir, soit d’arrêter leur dégradation »11. Ruskin dans sa dévotion des monuments rejoint cette position : « Veillez avec vigilance sur un vieil édifice ; gardez-le de votre mieux et par tous les moyens de toute cause de délabrement »12. En écho répondront les Instructions pour la conservation, l’entretien et la restauration des édifices diocésains, et particulièrement des cathédrales, formulées par Viollet-le-Duc et Mérimée : « Les architectes attachés au service des édifices diocésains, et particulièrement des cathédrales, ne doivent jamais perdre de vue que le but de leurs efforts est la conservation de ces édifices, et que le moyen d’atteindre ce but est l’attention apportée à leur entretien. Quelque habile que soit la restauration d’un édifice, c’est toujours une nécessité fâcheuse ; un entretien intelligent doit toujours la prévenir. »13

  • 14 Anon., 2004, catalogue de l’exposition Restaurer la montagne, musée Arlaten, p. 15-38.

12Ce point de vue sera aussi partagé par ceux qui se préoccupent, à partir de 1860, de la protection des paysages de montagne et de la prévention des risques naturels. Nous retrouvons les termes utilisés par Mérimée, dans le cadre des études de la Commission des monuments historiques, mais aussi par Viollet-le-Duc pour décrire le délabrement des monuments. Les mêmes dangers sont identifiés : l’érosion naturelle (eau, vent, ruissellement), le facteur humain (usage, usures, inconscience, surexploitation). Les moyens préconisés pour lutter contre ces causes ou ces risques se ressemblent aussi. Ce sont la documentation avec l’inventaire et la législation concrétisés en 1882 par la loi de protection des milieux de montagne qui anticipe de cinq ans la première loi de protection des monuments votée en 1887. Il y a concordance méthodologique, avec pour conséquence une conscience de plus en plus large de l’action de l’environnement sur les biens culturels14.

13Si bien qu’en 1886, dans l’acte de donation de son domaine à l’Institut de France, le duc d’Aumale dans son testament se préoccupera des conditions de conservation de son legs : « Les grands appartements du Châtelet étant exposés à l’ouest, il faut une extrême vigilance pour les protéger contre le soleil et la pluie. La moindre négligence serait fatale aux délicieuses peintures des singes, aux meubles précieux, etc. Je considère cette observation comme essentielle. »

L’évolution décisive vers la prévention

  • 15 Louis Réau, 1909.

14Le siècle suivant commence par un retour aux principes énoncés par la Révolution, sous la plume de Louis Réau : « Quand les musées n’auraient d’autre raison d’être que la nécessité de préserver les œuvres d’art contre tous les risques de destruction qui les menacent, leur existence serait par là même suffisamment justifiée. [...] Il faudrait commencer avant toute chose par mettre les œuvres d’art à l’abri des vols, de l’humidité, des incendies »15.

15La découverte des tombeaux de la Vallée des Rois et le plus remarquable d’entre tous, celui de Toutankhamon, par Carter, puis la rapide dégradation des objets exhumés, frappent les esprits et préparent le terrain à une organisation systématique de la conservation. Nous sommes en 1923 et ces années marqueront les générations suivantes, car cette période de l’entre-deux-guerres est riche en enseignements et en avancées. Les créations de plusieurs laboratoires ou services de restauration, à la suite de l’expérience de Carter, s’échelonneront durant ces années de Berlin à Londres, en passant par Paris, Bruxelles et Rome. Certains précurseurs de la prévention en seront les fondateurs ou les directeurs. Ainsi d’Harold Plenderleith (1898-1997), assistant, puis chef du Laboratoire de recherche du British Museum de 1924 à 1959, et premier directeur de l’ICCROM de 1959 à 1971. Il publie, dès 1934, The preservation of antiquities ; puis The conservation of prints and drawings en 1937 ; enfin The conservation of antiquities and works of art en 1956 (traduit en 1963 en français).

16Ainsi de Paul Coremans (1908-1965), recruté par l’égyptologue Jean Capart, qui fonde en 1934 au sein du musée du Cinquantenaire à Bruxelles un laboratoire de recherche qui deviendra en 1957 l’Institut royal du patrimoine artistique (Irpa). Il va publier en 1935 un article dans Museums, « Le conditionnement de l’air dans les musées », et, en 1946, La protection scientifique des œuvres d’art en temps de guerre. L’expérience européenne pendant les années 1939 à 1945.

  • 16 Adrien Fédorovsky, sans date, p. 17-19.

17En France, Georges-Henri Rivière (1897-1985) développe une conception de la muséologie qui touche tous les aspects de la conservation, depuis l’exposition jusqu’à l’équipement des réserves, lors de la rénovation du musée d’ethnographie du Trocadéro qui prévoit la création d’un « laboratoire de conservation et de restauration ». La prévention fait partie des objectifs de ce laboratoire de façon explicite : « La vraie formule de la conservation est de prévoir et de prévenir », écrit Fédorovsky vers 1931, dans l’ouvrage consacré à ses activités en tant que directeur du laboratoire. Mais c’est le musée de l’Homme (fig. 3 et 4) qui réalisera le programme muséographique global expérimenté au musée d’Ethnographie : « La conservation comprend l’ensemble des mesures d’hygiène muséologique qui assurent la garde, la préservation, l’entretien et la pleine mise en valeur de chaque objet, suivant sa nature et son état. Les éléments fondamentaux de la conservation sont l’organisation matérielle du musée et de ses installations techniques : locaux appropriés, arrangement de salles d’exposition, magasins, chauffage, éclairage, vitrines, service d’emballage, de déparasitage et de désinfection et autres installations de sécurité. [Ils sont aussi] l’utilisation de divers agents physiques et chimiques auxquels on a recours pour soustraire les objets à l’action des éléments capables de les altérer : substances chimiques [pour écarter] les insectes ; verre d’une composition spéciale […] qui protège les tissus des ultra-violets ; vernis avec lesquels on recouvre les métaux pour éviter la possibilité d’une oxydation, etc. Tout objet de collection arrivant au musée ou provenant de ses anciens fonds doit, en principe, passer par le laboratoire avant d’être placé dans les vitrines ou dans les magasins. […] Le transport des objets dans le musée est effectué avec des paniers et des chariots. Un monte-charge dessert les différents étages. Les objets les plus fragiles sont emballés à part et placés dans des caisses ou boîtes spéciales. »16 La plupart de ces dispositions survivront jusqu’à la fermeture du musée en 2004.

Fig. 3. Réserves du musée de l’Homme, aménagées en 1933

Fig. 3. Réserves du musée de l’Homme, aménagées en 1933

© D. Guillemard.

Fig. 4. Réserves du musée de l’Homme, « Les objets les plus fragiles sont emballés à part et placés dans des caisses ou boîtes spéciales », Fédorovsky, 1931

Fig. 4. Réserves du musée de l’Homme, « Les objets les plus fragiles sont emballés à part et placés dans des caisses ou boîtes spéciales », Fédorovsky, 1931

© D. Guillemard.

  • 17 Louis Hautecœur, 1993, p. 31-32.

18Autre personnalité de cette époque, Louis Hautecœur, historien de l’architecture, législateur sous le régime de Vichy (loi sur les abords des monuments historiques de 1943, par exemple) publie à deux reprises, en 1933 dans Mouseion, puis en 1934 pour la conférence de Madrid de l’Office international des musées, un texte de synthèse muséographique : Architecture et aménagement des musées. Texte précurseur qui annonce des conceptions d’organisation des espaces et des aménagements aptes à satisfaire les principes de conservation préventive tels qu’ils seront affirmés i ans plus tard. Il est ainsi le tout premier à parler de programmation architecturale et à penser l’organisation du musée dès la conception de son plan : « L’architecture d’un musée dépend du programme fixé. Ce programme impose le plan du musée, c’est-à-dire la forme des salles, la distribution, la circulation. » Les équipements « des magasins de peinture comprennent des panneaux glissant sur rail. Ces magasins ne doivent pas être des recoins dispersés dans le musée, mais de vastes salles claires et accessibles »17. Ces principes si novateurs ne seront pas réalisés pour la construction du musée d’Art moderne installé dans le palais de Tokyo dont il sera conservateur, mais il inspirera des architectes étrangers comme ceux du musée de Rotterdam.

19Beaucoup d’avancées dans cette période donc, puis beaucoup de reculs après la Seconde Guerre mondiale. Historiquement explicables par l’ampleur des destructions qui favoriseront pour longtemps la reconstruction et la restauration au détriment de l’attitude préventive qui fleurissait pourtant de façon si prometteuse dans les années trente. Mais malgré l’urgence de la restauration, la prévention reste vivace. Ainsi, Plenderleith établit dès 1956 dans The conservation of antiquities and works of art, un tableau des dégradations incluant de façon explicite les causes humaines. Il annonce ce que deviendra la prévention : une approche globale des causes de dégradation et de la maîtrise des risques, même si l’accent après guerre est encore mis sur le climat. Car la conservation de cette époque reste tributaire de critères scientifiques, basés sur les données physiques de l’environnement. La Conférence de Londres réunie par l’International Institut for Conservation (IIC) en 1967 consacrera cette conservation scientifique. L’édition en 1978 de Museum Environment, par Garry Thomson marque la fin de cette période.

20En effet, peu à peu, on enregistre les particularités infinies des situations rencontrées dans l’exploitation des collections qui enrichissent l’approche objective scientifique. D’autres éléments doivent être pris en compte qui ne sont pas des données au sens strict « d’éléments mesurables », mais des paramètres liés au comportement. Ils sont déterminants pour la conservation par leurs liens étroits avec les collections, qu’il faut apprécier pour en comprendre l’impact, bénéfique ou nocif.

21C’est dans les années 1970 que l’on constate cette évolution et surtout que l’on voit s’affirmer la prévention. Les premiers jalons de ce qui sera quelques années plus tard une véritable discipline se mettent en place. Une institution et un homme vont incarner cette évolution : l’ICCROM et Gaël de Guichen. Dès 1975, un cours est organisé à Rome où apparaît pour la première fois l’association des mots conservation et prévention. On privilégie sous cette acception le préventif par rapport au curatif et, en pardonnant ce néologisme, au « restauratif ». Une définition lapidaire caractérise cette époque : « La conservation préventive est l’ensemble des actions qui permettront d’augmenter la durée de vie des biens culturels. »

22C’est d’autant plus urgent que l’attitude moderne demande que le monde soit ouvert, que la communication se fasse sans entrave, que les biens culturels soient accessibles à tous et partout. Cette accentuation de la « valeur d’exposition » attribuée aux biens culturels, a des conséquences sur l’avenir des collections.

  • 18 Code de déontologie de l’IIC-GC.

23En 1989, nous en voyons la marque dans le code de déontologie de l’IIC-GC, où la conservation préventive y est ainsi définie : « Toutes les mesures destinées à retarder la détérioration d’un bien culturel ou à prévenir les dommages, grâce à l’établissement de conditions optimales de transport, de manutention, d’entreposage et d’utilisation. »18 À partir de ce moment le champ de la conservation préventive s’étend. Il inclut, comme le présageait Plenderleith dès 1956, le comportement humain et le contrôle des activités patrimoniales. Cependant, dans cette phase transitoire, on reste encore tributaire d’une vision limitée regardant le bien culturel dans sa singularité et continuant de porter l’attention principalement au climat.

24L’étape suivante fera apparaître un changement d’échelle dans l’analyse de la dégradation. La prévention se globalise et déborde le seul champ de l’environnement. On ne parlera plus d’objets mais de collections, on s’intéressera au bâtiment dans son ensemble, intérieur et extérieur, on favorisera le travail d’équipe, on développera une gestion à long terme des collections. C’est encore Gaël de Guichen, inlassable ouvreur de pistes et propagateur planétaire de la prévention, qui est à l’origine de cette extension. La complexité qui en découle oblige à rationaliser les modes d’usage du patrimoine, à modifier les comportements des professionnels et à en appeler au public pour une large prise en compte des problèmes. La conséquence de ce changement de mentalité est l’intégration de la communication dans le travail de prévention.

25La connaissance des risques responsabilise les professionnels et le public. En ceci la sensibilisation, l’information mais surtout la formation jouent dès ce moment un rôle primordial. De nouveau l’ICCROM et son inspirateur Gaël de Guichen se retrouvent en première ligne dans cette orientation vers la communication et la formation.

26Aux cours dispensés depuis 1975 s’ajoute, à partir de 1986, un programme de formation à l’échelle du continent africain, Prévention dans les musées africains (PREMA), organisé en collaboration avec l’université Paris 1, suivi quelque temps plus tard d’un équivalent pour l’Océanie.

  • 19 Ce comité, établi par l’arrêté du secrétariat d’État à la Culture en date du 25 mars 1976 portant i (...)

27C’est aussi cette année-là qu’en France une cellule de conservation scientifique et technique est constituée sous l’égide de la Direction des musées de France et animée par Marie-Odile Kleitz et Jean-Jacques Ezrati. C’est la première tentative d’une action concertée et transversale pour établir une chaîne de responsabilités autour de la prévention, si l’on excepte l’action du Comité technique de la sécurité du ministère de la Culture et de l’Environnement créé en 197619. Elle ne survivra pas au départ en 1989 du directeur de la Direction des musées de France qui portait le projet (fig. 5).

Fig. 5. Première de couverture de l’un des tout premiers ouvrages sur la conservation préventive édité en France en 1977, sous l’égide du ministère de la Culture et de l’Environnement, produit par le Comité technique consultatif de la sécurité, créé par un arrêté du secrétaire d’État à la Culture en date du 25 mars 1976

Fig. 5. Première de couverture de l’un des tout premiers ouvrages sur la conservation préventive édité en France en 1977, sous l’égide du ministère de la Culture et de l’Environnement, produit par le Comité technique consultatif de la sécurité, créé par un arrêté du secrétaire d’État à la Culture en date du 25 mars 1976

© D. Guillemard.

  • 20 Quatrièmes Entretiens du Centre Jacques Cartier, 4-6 décembre 1991.
  • 21 DESS de conservation préventive, Institut d’art et d’archéologie, qui deviendra en 2005 un master e (...)

28Il faut attendre 1991 et les Quatrièmes Entretiens du Centre Jacques Cartier organisés à Lyon pour que les responsables institutionnels se sentent concernés et réalisent l’importance des enjeux20. Confrontés à l’expérience des conservateurs canadiens, ils purent juger du retard pris en France dans l’organisation de la conservation préventive. L’année suivante, le colloque organisé à Paris par l’Association des restaurateurs d’art et d’archéologie de formation universitaire (Araafu) (fig. 6), suivi par celui de l’International Institut of Conservation (IIC) d’Ottawa en 1994 (fig. 7), affirme l’intérêt de la conservation préventive qui provoquera la même année la création d’un troisième cycle en conservation préventive à l’université Paris 121.

Fig. 6. Première de couverture des actes du Colloque de l’Araafu, La Conservation préventive, Paris, 1992

Fig. 6. Première de couverture des actes du Colloque de l’Araafu, La Conservation préventive, Paris, 1992

© D. Guillemard.

Fig. 7. Première de couverture des actes du colloque de l’IIC, Preventive conservation, practice, theory and research, Ottawa, 1994

Fig. 7. Première de couverture des actes du colloque de l’IIC, Preventive conservation, practice, theory and research, Ottawa, 1994

© D. Guillemard.

Nouvelles tendances

  • 22 Paul Philippot, 1985, p. 7-14.
  • 23 Sara Wolf, 1991.

29Si la conservation se justifie par son ouverture sur le public, la disponibilité et l’accessibilité doivent s’organiser en respectant l’intégrité matérielle des collections. Nécessaire conciliation qui fait apparaître de nouvelles exigences et de nouvelles contraintes. En retrouvant le public dans ses finalités, la prévention renoue avec une certaine ontologie, terme que Paul Philippot utilisa pour décrire la trajectoire qui mène l’objet de la réserve à la salle d’exposition22. Les conséquences des expositions, du transport, des manipulations sur les biens culturels, recentrent la prévention au cœur des activités patrimoniales. Ici doit s’intégrer le principe de précaution, bras séculier de la prévention, qui ne peut être appliqué sans calculer le profit culturel que pourra tirer le public de l’exploitation des collections. Ni primat de l’économie sur le préventif, ni « vitrinification » du patrimoine. Depuis une vingtaine d’années s’élaborent ainsi des outils de contrôle des conditions de conservation, appliquant des principes d’évaluation et d’audit déjà fermement implantés dans les secteurs économique et financier23. Juger le niveau de performance pour agir opportunément sur les causes réelles de dégradation, analyser les risques, fédérer les énergies en se basant sur un plan d’action, c’est-à-dire sur des objectifs définis autour d’actions concertées, modifient les enjeux de la conservation préventive.

  • 24 Denis Guillemard, 2001 ; Jean-Michel Tobelem, 2010.

30On retrouve en ce point la rationalité déjà imposée par la complexité. Nécessaire contrepartie de l’anticipation, on ne peut faire de la prospective et de la stratégie sans organiser les activités. On ne peut se tourner vers l’avenir sans ordonner le présent. Bien comprendre, analyser ou évaluer les situations est la seule voie qui mène à l’anticipation. Les opérations de contrôle ou d’évaluation deviennent stratégiques. Le Plan Delta pour la sauvegarde du patrimoine culturel, appliqué aux Pays-Bas en 1995 en apporte un exemple à la fois remarquable dans sa réalisation, mais déconcertant dans ses intentions et sa finalité. La privatisation d’une partie des activités muséales qui en résulte, traduit l’orientation de la prévention vers le management et la rentabilité économique. Ce « nouvel âge des musées » inauguré par les Pays-Bas verra associer les principes gestionnaires, auxquels la prévention peut participer efficacement par la rationalité qu’elle introduit dans le fonctionnement des institutions, à la démarche qualité qui commence à s’appliquer aux musées à la fin des années 1990 et qui, dans un contexte économique tendu, peut devenir le moyen de maintenir le niveau des exigences de la conservation préventive face aux injonctions de la productivité24.

31Ce risque de l’abandon de la stricte observance des causes de dégradation appelle à structurer la conservation autour de normes dûment établies. Mais leur absence dans le champ de la conservation préventive limite l’approche évaluative par indicateurs et référentiels. Une recommandation n’est pas une norme au sens d’une spécification technique approuvée par un organisme normatif reconnu, et le besoin de disposer de standards engage un mouvement de normalisation encouragé par le comité de normalisation européen. Cette émergence de la norme dans le champ de la conservation préventive prépare aux mutations de la fin du siècle et aux orientations qui s’annoncent dans le développement de la conservation préventive.

Perspective

32Au point où nous sommes rendus, pouvons-nous envisager une évolution débouchant sur une plus grande maîtrise des phénomènes, sur une science de la prévention, tentative analogue à celle menée dans le domaine de la prévention météorologique, par exemple ?

33En l’état, on peut dire que la conservation préventive n’est certainement pas une théorie. Pas encore du moins. Elle est contingente, car fondée sur le concret et l’expérience. Elle n’a pas de forme nécessaire pour s’établir. Nous ne pouvons disposer d’une théorie générale de la conservation préventive capable de constituer un modèle organisateur du « savoir préventif » fondé sur une documentation systématique des pratiques et des constats de conservation. On parlera plus facilement de méthode dont l’objectif est de réunir les moyens pour satisfaire au mieux nos appétits culturels. On maîtrise dans une certaine mesure les moyens, mais les appétences restent des combinaisons aléatoires d’éléments qui s’organisent en fonction des événements et du temps.

34C’est cet aspect aléatoire qui ne peut être mis en équation et qui attache encore si fortement la conservation au champ culturel et à l’humain. Le changement et l’évolution sont donc paradoxalement une dimension essentielle de la prévention, car ce sont ces paramètres qu’il convient de maîtriser pour maîtriser les risques. Soumis aux aléas et aux exigences des situations et des expériences, les principes et les concepts s’adaptent. Or l’établissement de lois ne peut se concevoir dans la nécessité et la contingence.

  • 25 Stefan Michalski, « A systematic approach to preservation: description and integration with other m (...)
  • 26 Catherine Antomarchi, « L’approche prédictive ou évaluation des risques : un outil d’aide à la déci (...)

35Une théorie de la conservation préventive (s’il existait une « préventologie ») devrait malgré tout garder un lien avec la prospective qui, par sa nature fondamentalement inconstante, tend à rendre inopérant le cadre théorique. Vouloir aller au-delà de cette barrière revient à parler de « conservation prédictive »25. En modélisant la dégradation, nous pouvons savoir à l’avance, le risque encouru et sa conséquence. En calculant la sensibilité des collections aux agents de dégradation et en mettant en relation les causes de dégradation et les besoins culturels, se détermine la perte putative d’intégrité et de valeur d’une collection en situation à risque. Par des moyens informatiques et statistiques, il devient possible alors de prédire l’occurrence pour que, dans un contexte précis, une dégradation survienne ou non, d’en calculer l’effet et d’accepter ou non le risque, le calcul du risque se situant au centre de la faculté prédictive26.

36Ce qu’annonce ce changement de perspective est une nouvelle façon de « consommer » les biens culturels, plus consciente des conséquences à long terme des pratiques culturelles. Mais l’objectivité relative sur laquelle elle est basée ne doit pas faire oublier la nature particulière de ces pratiques. La rationalité ne peut, dans ce domaine, reposer sur un déterminisme constant. Le lien institué entre risque de perte et la diversité des collections n’est pas encore accessible, si tant est qu’il le soit un jour. L’homme est une composante du système qu’il veut expliquer et sur lequel il veut agir. Il reste, en dépit de tout, la variable la plus imprévisible, la moins prédictible.

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Notes

1 Marie Berducou, 2010, p. 14-15, citations de la Périégèse de Pausanias.

2 Françoise Choay, 2006, p. 12.

3 Vitruve, Livre VI, chap. 4, p. 84.

4 Manfred Koller, « Learning from the history perspective conservation », in Roy, A. et Smith, P., 1994, p. 1-7.

5 Giorgio Vasari, 2007, p. 29.

6 Extrait des Ordonnances et statuts des maistres peintres sculpteurs de la ville de Saint Germain des Prez, 30 août 1661, cité par Antoine Schnapper, 2004, p. 312. Ce texte réglmentant les métiers est analogue à bien d’autres textes des siècles précédents dont il est une reprise fidèle, montrant une constante de ces principes pendant tout le Moyen Âge en Europe, cf. « Les statuts des peintres, sculpteurs, etc., donnés par M. le Bailly de Rouen le 22 de novembre 1507 », Recueil de documents inédits relatifs à l’histoire des arts de France, t. 6, éd. Anatole de Montaiglon, Archives de l’art français, 1858-1860, p. 179-199, ou encore Augustin Thierry, Recueil des monuments inédits de l’histoire du Tiers État, t. IV, Paris, 1870 ; pour les anciens Pays-Bas, Anvers, Bruxelles, Malines et Tournai, voir notamment A. Goovaerts, « Les ordonnances données à Tournai », Bulletin de la Commission royale d’histoire, 1896, p. 163-168, ou Sophie Guillot de Suduiraut, Sculptures brabançonnes du musée du Louvre. Bruxelles, Malines, Anvers xve-xvie siècles, Paris, 2001, p. 21-33. Je remercie Sophie Guillot de Suduiraut de m’avoir suggéré ces références.

7 C. Gastinel-Coural, 1984, « Les tapisseries du mobilier national », La restauration et la conservationd des tapisseries, Ifroa, 1984, cité par Maria-Anne Privat-Savigny, 2008, p. 137-142.

8 Amaury Lefébure, « Les tapisseries et leur usage, en France au xviie siècle », Lisses et délices, Chefs-d’œuvre de la tapisserie d'Henri IV à Louis XIV, Paris, 1996, cité par Maria-Anne Privat-Savigny, 2008, p. 140.

9 Extrait de l’Instruction de 1790, fait aux comités d’administration des affaires ecclésiastiques, et d’aliénation des Domaines nationaux, 15 décembre 1790, La Rochefoucauld, président du Comité d’aliénation, dans Bernard Deloche et Jean Michel Leniaud,1989, p. 53. On se reportera aussi à la remarquable Instruction de Vicq d’Azyr de l’an II, Sur la manière d’inventorier et de conserver, dans toute l’étendue de la République, tous les objets qui peuvent servir aux arts, aux sciences et à l’enseignement, id. p. 174.

10 Louis Dubois, bibliothécaire de l’École centrale du département de l’Orne, Rapport à l’administration centrale, 25 germinal an VII (avril 1799).

11 Rapport au roi de 1831.

12 John Ruskin, 1987, p. 206.

13 Le corps des architectes diocésains mis en place en 1848 avait un rôle de conseil. C’est en tant qu’inspecteur des édifices diocésains que Viollet-le-Duc rédige en 1849 avec Mérimée cette instruction adressée aux architectes.

14 Anon., 2004, catalogue de l’exposition Restaurer la montagne, musée Arlaten, p. 15-38.

15 Louis Réau, 1909.

16 Adrien Fédorovsky, sans date, p. 17-19.

17 Louis Hautecœur, 1993, p. 31-32.

18 Code de déontologie de l’IIC-GC.

19 Ce comité, établi par l’arrêté du secrétariat d’État à la Culture en date du 25 mars 1976 portant institution du Comité technique consultatif de la sécurité, ne s’en tint pas strictement à la sécurité puisqu’il publiera en 1977, Prévention et sécurité dans les musées, qui aura en sous-titre, Protection des œuvres contre les agents physiques, chimiques et organiques de dégradation, ministère de la Culture et de l’Environnement, Comité technique de la sécurité, Paris, 1977. Le texte abordait la prévention en treize points comportant entre autres des chapitres sur la pollution, les vibrations, léclairage, le climat, la gestion des collections et le transport.

20 Quatrièmes Entretiens du Centre Jacques Cartier, 4-6 décembre 1991.

21 DESS de conservation préventive, Institut d’art et d’archéologie, qui deviendra en 2005 un master en histoire de l’art, spécialisé en conservation préventive du patrimoine.

22 Paul Philippot, 1985, p. 7-14.

23 Sara Wolf, 1991.

24 Denis Guillemard, 2001 ; Jean-Michel Tobelem, 2010.

25 Stefan Michalski, « A systematic approach to preservation: description and integration with other museum activities », in Roy, A. et Smith, P., 1994, p. 8-11.

26 Catherine Antomarchi, « L’approche prédictive ou évaluation des risques : un outil d’aide à la décision en conservation préventive », in Guillemard D., 2007, p. 51-56.

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Title Fig. 1. Traité de Vitruve, édition de 1547, traduction Jean Martin
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Title Fig. 2. « Si la paroi a des suintements continus, que l’on se place un peu en retraite par rapport à elle ; et qu’on en maçonne une autre distante autant que les circonstances le permettront ; et, dans l’intervalle des deux parois, que l’on creuse […] un caniveau ayant des évents à l’air libre. […] Si l’humidité n’a pas, et au bas et au sommet issue par des évents, malgré tout elle s’imprégnera dans la maçonnerie nouvelle. » Vitruve, Livre VII, illustration de l’édition de Fra Giovanni Giocondo, 1511
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Title Fig. 3. Réserves du musée de l’Homme, aménagées en 1933
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Title Fig. 4. Réserves du musée de l’Homme, « Les objets les plus fragiles sont emballés à part et placés dans des caisses ou boîtes spéciales », Fédorovsky, 1931
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Title Fig. 5. Première de couverture de l’un des tout premiers ouvrages sur la conservation préventive édité en France en 1977, sous l’égide du ministère de la Culture et de l’Environnement, produit par le Comité technique consultatif de la sécurité, créé par un arrêté du secrétaire d’État à la Culture en date du 25 mars 1976
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Title Fig. 6. Première de couverture des actes du Colloque de l’Araafu, La Conservation préventive, Paris, 1992
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Title Fig. 7. Première de couverture des actes du colloque de l’IIC, Preventive conservation, practice, theory and research, Ottawa, 1994
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References

Bibliographical reference

Denis Guillemard, “D’une simple attitude à une discipline, l’évolution de la notion de prévention”Technè, 34 | 2011, 5-12.

Electronic reference

Denis Guillemard, “D’une simple attitude à une discipline, l’évolution de la notion de prévention”Technè [Online], 34 | 2011, Online since 01 November 2011, connection on 09 December 2024. URL: http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/techne/19780; DOI: https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/12dvr

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Denis Guillemard

Maître de conférence, université Paris 1-Institut d’art et d’archéologie, directeur du master de conservation préventive du patrimoine, 17, rue de Tolbiac, 75013 Paris (guillem[at]univ-paris1.fr).

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