Éditorial
Texte intégral
1Contribuer à la dimension patrimoniale de l’année de la minéralogie en 2022 a été le choix porté par la revue Technè avec ce dossier thématique consacré aux « Parures et minéraux ». Le sujet comporte à la fois une forte dimension temporelle, de l’archéologie à nos jours, et un axe géographique incontournable au regard des pratiques sur l’ensemble des continents.
2Force est de constater la présence abondante des parures portant des gemmes dans les collections publiques, tant au titre des seuls matériaux qui les composent que de leur intérêt intrinsèque d’œuvre d’art. Elles figurent en effet en bonne place dans les collections d’antiques, de beaux-arts ou naturalistes. Je voudrais citer en France les collections archéologiques, en premier lieu le musée d’Archéologie nationale de Saint-Germain-en-Laye, le musée de Cluny–musée national du Moyen Âge, le musée national de la Renaissance–Château d’Écouen ou encore le département des Monnaies, médailles et antiques de la Bibliothèque nationale de France qui vient de rouvrir, les muséums et le Muséum national d’Histoire naturelle, le musée du Louvre bien évidemment, sans oublier les collections des universités (Sorbonne Université entre autres) ou de l’École des mines notamment, ainsi que les collections privées (collection Al Thani par exemple) ou étrangères comme la Grünes Gewölbe de Dresde. Les parures et minéraux sont également un sujet récurrent pour nombre d’expositions thématiques dans ces mêmes musées ou à l’initiative de fondations privées. Le succès de récentes expositions auprès du public (« Végétal, école de la beauté » à l’École des Beaux-Arts de Paris, en 2022, « Jean Vendome artiste-joaillier » à l’École des Arts Joailliers, en 2021, ou encore « Magie Bergkristall » au Schnütgenmuseum de Cologne en 2022-2023), témoigne de l’intérêt pérenne pour les matériaux, mais également d’une dynamique toujours à l’œuvre en matière de création.
3Les matériaux utilisés et les usages conditionnent tout à la fois la valeur (culturelle, technique ou marchande) et la symbolique (religieuse, politique, sociale ou sentimentale) des parures. Leur étude comporte des champs variés relevant aussi bien de la minéralogie, de la cristallographie et de la chimie que de l’histoire des techniques (la taille, la typologie des ateliers), de l’histoire de l’art (influences, stylistique), ou encore de l’archéologie et de l’histoire des sociétés. L’étude des parures se trouve ainsi à la croisée de multiples disciplines. La recherche se consacre à la formation des minéraux, à leur extraction, leur production, leur valorisation et se poursuit avec les échanges et les impacts économiques, les usages et leurs évolutions, leurs dimensions artistiques, sociales, funéraires, culturelles, religieuses ou politiques. Enfin, la perception de ces objets dans la société au regard de leur valeur artistique, symbolique ou marchande n’est pas absente.
4La pluridisciplinarité nécessaire à l’étude des parures trouve un écho dans les champs disciplinaires des deux pilotes scientifiques, Isabelle Bardiès-Fronty, conservatrice générale du patrimoine spécialiste du Moyen Âge, et Stéphanie Rossano, professeure des universités, chercheur en sciences des matériaux, qui ont réussi à évoquer dans ce dossier les multiples facettes du sujet. L’étude des parures en elles-mêmes est complétée par les questions touchant leur restauration, leur restitution, impliquant des questions de technique, d’agencement et de montage, de nettoyage et de présentation. Les archives (historiques, dessins des créateurs), mais également la nomenclature elle-même des gemmes historiques ont la part belle dans les pages qui suivent. La diversité des collections publiques évoquée plus haut est reflétée par les œuvres présentées, qui traitent aussi bien des parures magdaléniennes que des ornements sacerdotaux, des bijoux de la Renaissance et des couronnes des derniers souverains français que d’une création contemporaine au travers d’une épée d’académicien.
5Les Varia enfin méritent assurément l’attention, consacrés pour l’un à la restauration d’un Tüchlein (La Vierge à l’Enfant entre deux anges musiciens de Ligny-en-Barrois), et pour les autres aux techniques de la verrerie islamique du viiie au xiie siècle, et à celle des vitraux égyptiens du Louvre.
Pour citer cet article
Référence papier
Jean-Michel Loyer-Hascoët, « Éditorial », Technè, 54 | 2022, 3.
Référence électronique
Jean-Michel Loyer-Hascoët, « Éditorial », Technè [En ligne], 54 | 2022, mis en ligne le 25 mai 2023, consulté le 13 janvier 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/techne/12686 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/techne.12686
Haut de pageDroits d’auteur
Le texte seul est utilisable sous licence CC BY-NC-ND 4.0. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Haut de page