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Dossier : Sur les routes de Syrie et d’Asie Mineure – Hommage à Maurice Sartre

La liberté de Téos et le soutien d’Attale II à Alexandre Balas

Thibaut Boulay
p. 133-154

Résumés

Téos, souvent rangée au nombre des cités attribuées aux Attalides après la paix d’Apamée, a bien été reconnue par les Romains comme une cité libre, jusqu’à la guerre de Mithridate, malgré son attitude ambiguë pendant la guerre antiochique. Les démêlés de la cité avec l’association des technites dionysiaques et sa politique monétaire doivent donc être reconsidérés à la lumière du statut juridique de Téos. L’étude de la politique étrangère téienne au cours du iie s. confirme par ailleurs l’indépendance de la cité, qui entretenait des liens particuliers avec les Romains. Il n’y a donc pas lieu de travestir Téos en un atelier monétaire attalide, qui aurait émis des tétradrachmes de poids attique, après l’introduction du cistophore, pour servir les intérêts du royaume, ni mettre en rapport les émissions de tétradrachmes d’argent de Téos (et Temnos en Éolide) avec le soutien apporté par Attale II au prétendant séleucide Alexandre Balas.

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Texte intégral

  • 1 Sur l’épigraphie téienne, cf. les pages très utiles de Ma 2007, p. 215‑220, en préambule de son ar (...)
  • 2 SEG 43, 1003 II, l. 100-104, cf. Ma 2004, no 18, p. 355-361, avec le commentaire p. 174.
  • 3 Béquignon & Laumonier 1924, no 3, p. 305-308 (SEG 4, 601), cf. Curty 1995, no 87, p. 221‑222.
  • 4 CIG 3125, cf. CIL III, 421 et IGR IV, 1580. Aux l. 8-9, Th. Mommsen, CIL III, 421 et R. Cagnat, IG (...)
  • 5 Robert 1937, p. 20-36.
  • 6 Diodore de Sicile, III, 66, 1-2 : ἀμφισβητοῦσι δὲ καὶ πόλεις οὐκ ὀλίγαι Ἑλληνίδες τῆς τούτου τεκνώ (...)
  • 7 On retiendra les lettres d’Antigone à la cité au sujet du synœcisme avec Lébédos (303/2), l’attaqu (...)
  • 8 J’ai eu le bonheur et le privilège de suivre ces conférences alors que je commençais une thèse sou (...)

1La modeste cité de Téos ne pouvait que retenir l’attention de Maurice Sartre. La richesse et la variété de son épigraphie en est sans doute la principale raison 1. On peut ajouter que la cité ionienne avait elle-même des rapports privilégiés avec le Levant. Au moment du passage d’Antiochos III dans la cité en 203, et pour honorer ses philoi, les Téiens accordèrent la politeia aux citoyens d’Antioche sur l’Oronte, de Séleucie de Piérie et de Laodicée sur mer 2. Au siècle suivant, elle renouvela ses liens de philia avec les habitants de Tyr qui dépêchèrent en Ionie une ambassade 3. Le culte des rois séleucides, nous y reviendrons, s’y maintint jusqu’au milieu du iie s. av. J.‑C., plusieurs générations après le retrait de la dynastie en Asie Mineure occidentale. Sous l’Empire, un officier de la classis Syriaca, ordinairement attachée à Séleucie, perdit son fils à Téos 4. Peut-être enfin que le patronage de Dionysos, dieu προκαθηγεμών des Téiens 5, explique en partie la prédilection de l’historien, qui a introduit des cultes bachiques à l’Université François-Rabelais de Tours, pour la cité ionienne. Les Téiens assuraient que le dieu était né chez eux, et une fontaine d’un excellent vin y coulait à certains moments 6. Quoi qu’il en soit de ce dernier point, Maurice Sartre offre une place de choix aux inscriptions de la cité dans son Anatolie hellénistique 7. Il lui consacra même, en 2003-2004, une riche année de séminaire 8.

  • 9 Robert L. & J. 1976, p. 160, sur le iiie s. av. J.‑C.
  • 10 Polybe, XXI, 24, 7-8 (repris par Tite-Live, XXXVII, 55, 5-6) ; Tite-Live, XXXVII, 56, 2-6 (d’après (...)
  • 11 Polybe, XXI, 46, 1-10.
  • 12 Tite-Live, XXXVIII, 39, 3.
  • 13 Tite-Live, XXXVIII, 39, 16.
  • 14 Tite-Live, XXXVII, 56, 2. Voir Ferrary 2001, p. 94-96.

2Si l’épigraphie téienne permet d’éclairer partiellement les vicissitudes de Téos au cours de l’époque hellénistique, de nombreuses zones d’ombre subsistent 9. Je souhaiterais ici reprendre en particulier la question du statut de Téos après la guerre antiochique jusqu’à la guerre d’Aristonikos et la création en 129 de la province d’Asie, et revenir ensuite sur une question sujette à débats, le comportement monétaire des cités libres et sujettes de l’Asie Mineure occidentale au cours de cette même période. Lors de la paix d’Apamée, Antiochos III renonça à ses possessions et à ses droits sur l’Asie en deçà du Taurus et de l’Halys 10. Le Sénat attribua les domaines du roi à ses alliés Eumène et les Rhodiens. Il appartint à Cn. Manlius Vulso, assisté de dix légats sénatoriaux, d’effectuer sur place, à Apamée, cette délicate répartition 11. La Lycie et la Carie jusqu’au Méandre devaient revenir aux Rhodiens tandis que les autres possessions séleucides en deçà du Taurus étaient données à Eumène, soit la Phrygie hellespontique, la Grande Phrygie, la Mysie, la Lycaonie, la Milyade et la Lydie. Telmessos, soumise par Q. Fabius Labeo 12, fut également donnée au roi de Pergame 13. Antiochos conserva la Cilicie à l’est du Kalykadnos. Les cités grecques tributaires d’Attale restaient tributaires d’Eumène, « au même taux » ; celles qui étaient tributaires d’Antiochos étaient reconnues libres, à l’exception des cités qui avaient « manqué à l’amitié romaine ». Tite-Live ajoute que les cités libres à la veille de la bataille de Magnésie (et celles qui s’étaient ralliées aux Romains avant cet affrontement) devaient rester libres 14.

  • 15 Tite-Live, XXXVII, 54, 2.
  • 16 Polybe, XXI, 48, 6.
  • 17 Polybe, XXI, 48, 7.
  • 18 Polybe, XXI, 48, 6.
  • 19 Polybe, XXI, 48, 6.
  • 20 Polybe, XXI, 48, 6. Voir la lettre des Scipions gravée dans le sanctuaire de Claros (Sherk 1969, n(...)
  • 21 Au cours des années 180, la cité fut engagée dans des conflits territoriaux dans la basse vallée d (...)
  • 22 Tacite, An., III, 62. Magnésie bénéficia d’une décision extraordinaire des Scipions. Ferrary 2001, (...)
  • 23 Sherk 1969, no 35, p. 217-218 (lettre de L. Cornelius Scipion à la cité). Sur la reconnaissance de (...)
  • 24 Polybe, XXI, 48, 5.
  • 25 Amandry 1989 ; Le Rider 2001, p. 43. Voir également Ager 1998, p. 18-20. Bikerman 1937, p. 237, pr (...)
  • 26 Tite-Live, XXXVII, 44, 4 ; Ferrary 1988, p. 154.
  • 27 Tite-Live, XXXVII, 45, 1.

3En Ionie, les Smyrniens, fidèles alliés des Romains, comblés d’éloges par le Sénat « pour avoir préféré les dernières extrémités à une reddition au roi 15 » furent naturellement reconnus libres à Apamée 16. Phocée, qui accepta de se livrer à L. Aemilius Regillus (supra), obtint du préteur la liberté, décision confirmée par la commission sénatoriale 17. Clazomènes 18, Érythrées 19 et Colophon-sur-Mer 20, ainsi que les cités de la basse vallée du Méandre, Priène 21, Magnésie du Méandre 22, Héraclée du Latmos 23 et Milet 24, se virent également accorder le statut de cité libre, de même que Lébédos, comme l’attestent des émissions de tétradrachmes avec une couronne au milieu du iie s. 25. En revanche, Éphèse devint une possession attalide, ainsi que les autres cités qui se rallièrent après Apamée, comme Magnésie du Sipyle, Thyatire 26 ou Tralles 27.

  • 28 Tite-Live, XXXVII, 21, 6-9.
  • 29 Tite-Live, XXXVII, 21, 8-9.
  • 30 Tite-Live, XXXVII, 27, 1-3.
  • 31 Tite-Live, XXXVII, 28, 1-3, trad. J.-M. Engel, CUF, 1983.

4Le cas de Téos pose en effet problème. L’attitude des Téiens dans le conflit opposant Rome à Antiochos III est elle-même ambiguë. En 190, après une campagne en Lycie à la tête de la flotte romaine aux résultats décevants, L. Aemilius Regillus s’attacha à soumettre une à une les positions séleucides sur la côte. Il mena une première campagne depuis le littoral d’Iasos jusqu’à la péninsule de Loryma, en Pérée rhodienne, avant de regagner Samos quand il apprit que le fils d’Antiochos, Séleucos, avait lancé une campagne contre les possessions attalides. De Samos, et en concertation avec Eumène, il put ainsi porter sa flotte au secours d’Adramyttéion qu’investissait Antiochos. La flotte romaine et attalide quitta Adramyttéion et ravagea les abords immédiats de Phocée pour répondre aux dévastations d’Antiochos 28. Comme la prise de la ville semblait envisageable pour ses adversaires, Antiochos envoya une φυλακή de 3 000 soldats pour renforcer la défense de Phocée 29. L. Aemilius Regillus de son côté regagna Samos. Il se préparait à quitter l’île pour Chios, afin de ravitailler ses troupes, quand il apprit que les Téiens avaient accepté de fournir des vivres à l’armée royale et promettaient 5 000 amphores de vin que produisaient les Téiens 30. Le préteur décida alors de faire pression sur les Téiens pour obtenir ce que la cité avait préparé pour l’armée d’Antiochos, fit mouiller sa flotte à Gerraidai et ordonna à ses soldats de dévaster la chôra téienne. Les Téiens envoyèrent des suppliants auprès des Romains 31 :

« Les gens de Téos, spectateurs de ces ravages, envoyèrent aux Romains des émissaires munis de bandelettes et de rameaux. À leurs efforts pour disculper leur cité de tout acte et de toute parole hostiles aux Romains, le préteur répliqua en dénonçant les vivres fournis à la flotte ennemie et la quantité de vin promise à Polyxénidas : “si les habitants de Téos faisaient les mêmes livraisons à la flotte romaine, il rappellerait le soldat du pillage ; sinon, il les traiterait en ennemis”. Quand cette réponse inquiétante fut rapportée par les délégués, le peuple fut convoqué par les magistrats pour débattre de ce qu’on devait faire ».

  • 32 Tite-Live, XXXVII, 29, 1-2.
  • 33 Tite-Live, XXXVII, 28, 4-11 et 29, 1-7.
  • 34 Tite-Live, XXXVII, 29, 7-9 et 30, 1-10.
  • 35 Tite-Live, XXXVII, 31, 1-2.
  • 36 Tite-Live, XXXVII, 31, 3-4.
  • 37 Tite-Live, XXXVII, 31, 5. Voir également XXXVI, 45, 6 et XXXVII, 13, 7. Dans le même temps, avant (...)
  • 38 Tite-Live, XXXVII, 31, 7-32, 14.
  • 39 Tite-Live, XXXVII, 32, 14.
  • 40 Sur ce Menippos, Tite-Live, XXXIV, 57, 6 sq. ; Diodore, XXVIII, 15, 2 sq. ; Appien, Syr., 6.
  • 41 Syll.3, 601 ; IGR IV, 1557 ; Sherk 1969, no 34. Sur ce texte, cf. Famerie 2007. Le célèbre temple (...)
  • 42 Errington 1980 ; J. et L. Robert, Bull. 1981, 396.

5Les Téiens acceptèrent l’ultimatum d’Aemilius 32. Polyxénidas, qui assiégeait Colophon-sur-Mer, tenta de piéger la flotte alliée dans le port de Gerraidai, mais ne put rééditer le coup de Panhormos 33. Les deux flottes se retrouvèrent en face du promontoire de Myonnèsos et la bataille se solda par une nouvelle défaite séleucide. Polyxénidas parvint à regagner Éphèse 34. N’ayant plus de flotte de guerre à sa disposition, Antiochos ordonna l’évacuation de la Thrace et de Lysimachéia 35. Le roi abandonna le siège de Colophon-sur-Mer et se replia sur Sardes, pour renforcer encore les effectifs de ses troupes terrestres 36. Les Romains étaient désormais maîtres d’une grande partie de l’Ionie, et le roi ne put inverser cette situation, que la défaite de Magnésie du Sipyle rendit irréversible. Après la bataille de Myonnèsos, Aemilius se rendit à Chios 37. La flotte romaine quitta Chios pour assiéger Phocée. La ville fut prise et mise à sac après sa reddition, malgré les tentatives d’Aemilius de contenir la violence de ses soldats 38. La flotte romaine put prendre ses quartiers d’hiver dans la cité ionienne 39. Le seul passage de Tite-Live ne permet pas de ranger Téos au nombre des cités alliées de Rome mais leur ralliement, certes contraint, est comparable à celui de Phocée. Trois ans auparavant, la cité avait confié à Ménippos, ambassadeur du roi Antiochos, un décret relatif à la reconnaissance du caractère sacré et inviolable du territoire téien, à destination des Romains 40. Une lettre du préteur M. Valerius Messala adressée au Conseil et au peuple vint satisfaire les revendications téiennes et fut gravée dans le sanctuaire de Dionysos 41. Celle-ci était assortie d’une formule que Malcom Errington a interprétée comme une exhortation à conserver envers les Romains l’attitude qui convient, et l’anticipation d’un conflit devenu inexorable 42 :

« c’est pourquoi, en raison de tout cela et par dévouement envers vous, ainsi que par égard pour celui qui a fait la requête, l’ambassadeur, nous considérons votre cité et son territoire comme ayant un caractère sacré, comme c’est le cas aujourd’hui, et inviolable et exempt de tout tribut par le peuple romain, et nous nous efforcerons d’accroître tant les honneurs pour le dieu que nos bienfaits pour vous, si vous persistez dans votre dévouement à notre égard (je souligne). Portez-vous bien ! »

  • 43 Sur cette restriction, Ferrary 1988, p. 153, n. 89.

διὸ καὶ διά τε ταῦτα καὶ διὰ τὴν πρὸς ὑμᾶς εὔνοιαν καὶ διὰ τὸν ἠξιω[μέν]ον πρεσβευτὴν κρίνομεν εἶναι τὴν πόλιν καὶ τὴγ χώραν ἱεράν, καθὼς καὶ νῦν ἐστιν, καὶ ἄσυλον καὶ ἀφορολόγητον ἀπὸ τοῦ δήμου τοῦ Ῥωμαίων καὶ τά τε εἰς τὸν θεὸν τίμια καὶ τὰ εἰς ὑμᾶς φιλάνθρωπα πειρασόμεθα συνεπαύξειν, διατηρούντων ὑμῶν καὶ εἰς τὸ μετὰ ταῦτα τὴν πρὸς ἡμᾶς εὔνοιαν. ἔρρωσθε (l. 17-21) 43.

  • 44 Welles 1934, no 53, p. 219-237 ; Le Guen 2001, I, no 47, p. 243-250.
  • 45 Ruge, « Teos », RE XIX (1934), 551.
  • 46 La question a été notamment reprise par Baronowski 1991.
  • 47 Bikerman 1937, p. 237. Voir les remarques de Magie 1950, II, p. 958-959, n. 75.
  • 48 Téos est ainsi considérée comme sujette des Attalides au iie s. dans la synthèse d’Errington 2008, (...)

6Depuis la découverte à Pergame d’un dossier documentaire très riche mais malheureusement lacunaire se rapportant au règlement d’un conflit entre les Téiens et les technites dionysiaques installés dans la cité par l’intervention du roi Eumène II 44, on considère que les Téiens devinrent sujets du roi de Pergame. C’est ainsi l’avis de Walther Ruge 45, grand connaisseur de la cité. De même, Élias Bikerman, qui, dans un important article publié en 1937, a magistralement éclairé la condition des cités d’Asie Mineure après Apamée 46 et a tenté de dresser la liste des cités reconnues libres par le Sénat, range aussi Téos parmi les cités soumises aux Attalides 47. L’avis des deux savants a été largement suivi 48. La découverte de nouveaux documents, depuis 1937, et les progrès de la numismatique permettent cependant de réévaluer cette question. Mais avant d’examiner le reste de la documentation, il convient donc d’examiner ce document très fragmentaire.

L’arbitrage d’Eumène II (RC 53)

7La lettre du roi Eumène II à l’association des technites dionysiaques, τὸ κοινὸν τῶν περὶ τὸν Διόνυσον τεχνιτῶν, d’Ionie et de l’Hellespont établis à Téos, gravée en quatre colonnes sur un mur du sanctuaire d’Athéna de l’acropole de Pergame, est malheureusement très mutilée et autorise beaucoup d’hypothèses. Publiée par Max Fränkel avec d’excellents fac-similés, cette inscription a été reprise et corrigée par Charles Welles dans sa Royal Correspondence (RC 53). L’écriture place l’inscription au milieu du iie s. Elle émane d’Eumène II et son intervention doit probablement être placée peu avant sa mort, en 158. Sont d’abord exposés les arguments de l’association (1), les réponses apportées par les Téiens (2), l’arbitrage, par le roi, de la dispute (3), et la publication de cet arbitrage (4).

  • 49 Le Guen 2001, I, p. 24
  • 50 Sur cette fonction, Chandezon 2000, p. 80-85.
  • 51 Ager 1994, p. 10-11. Ph. Gauthier, Bull. 1995, 459, note malgré tout que l’exemple téien est « peu (...)

8Le différend tranché par le roi portait sur les modalités et les revenus de la πανήγυρις du koinon organisée sur le territoire de Téos. Le ton de la lettre ou l’emploi du verbe κρίνειν pour introduire les décisions ont incité à voir en Eumène II non pas seulement un arbitre mais également un maître légitimé à donner des ordres 49. Le verbe κρίνειν relève cependant bien du vocabulaire de l’arbitrage, et on ne peut fonder un raisonnement uniquement sur des impressions de ce genre. La lettre du roi n’est par ailleurs adressée qu’aux technites (même si une autre lettre a très vraisemblablement été expédiée aux Téiens), et si la panégyrie de Téos fut le prétexte de cet arbitrage, des conflits avec d’autres πόλεις apparaissent en toile de fond (col. I C), partout où les technites souhaitaient imposer leur propre panégyriarque (c’est-à-dire l’agoranome de la panégyrie) 50. Ce qui est en jeu est l’étendue des prérogatives laissées au koinon, qui devait en principe être précisées dans le cadre de contrats (συναλλάγματα). Se posait également le problème du partage des profits résultant des panégyries. C’est par une lettre que le roi a relayé le souhait des technites d’élire eux-mêmes leur panégyriarque : le roi n’impose pas, il apparaît plutôt comme un médiateur, aussi puissant soit-il. Les Téiens ont, de leur côté, envoyé une ambassade de trois citoyens porteuse d’un ψήφισμα précisant la nature de leurs griefs, en réponse à la lettre du roi. Au terme de son arbitrage, Eumène proposait aux deux parties (les technites ont également envoyé trois représentants) de s’en remettre à nouveau à un tribunal commun (comme l’avait établi une précédente convention, συνθήκη), un κοινοδίκιον, peut-être constitué de représentants des deux parties plaidantes comme le suggèrent C. B. Welles et plus récemment Sheila L. Ager 51. Une première médiation avait échoué et le roi demande aux juges de prêter serment et de respecter à la fois les lois et les décrets de la cité téienne et les lettres royales. Là encore, nul ordre royal ne s’imposait aux Téiens, la référence aux lettres royales renvoyant en effet aux termes mêmes de l’arbitrage.

  • 52 Rien ne permet d’affirmer, comme le fait Errington 2008, p. 230, qu’il s’agit là d’un prostagma du (...)
  • 53 Aristote, Prob. 30.10 Διὰ τί οἱ Διονυσιακοὶ τεχνῖται ὡς ἐπὶ τὸ πολὺ πονηροί εἰσιν (956b11). Cette (...)

9Dans le passage de sa lettre où le roi évoque les problèmes que soulève la désignation de panégyriarques, d’une manière générale, dans le cadre de panégyries auxquelles les technites sont associés, Eumène demande à ces derniers de se conformer aux [προστάγμα]τα du roi 52. Même si l’on retient cette restitution de C. B. Welles (qui cependant la jugeait lui-même trop longue), la mention d’ordonnances royales se rapportant aux technites n’implique en aucune manière la sujétion des Téiens, en particulier dans un passage à portée générale. Il était naturel en effet que les technites d’Ionie et de l’Hellespont, amenés à intervenir dans le royaume attalide, soient soumis à des règlements de ce type. Et leur mauvaise réputation était proverbiale 53.

  • 54 Le rôle des technites dans les Dionysia de la polis de Téos est moins clair. Celles-ci sont peut-ê (...)
  • 55 Le Guen 2001, I, p. 249, n. 720, sur les stratèges de Téos, qui auraient eu pour fonction de limit (...)
  • 56 Gauthier 2006, p. 502.
  • 57 Comme l’avance par ex. Errington 2008, p. 231.
  • 58 Ma 2007, p. 223-226.

10Les griefs des Téiens ne portaient pas sur l’organisation de la panégyrie elle-même, qui revenait aux technites 54, mais plutôt sur le partage des πρόσοδοι qui en résultait (col. II B). La mention de prêts (δάνεια) dans un passage mutilé dont on ne peut préciser le contexte (D, 8) renforce l’impression que le conflit entre les parties est avant tout une question d’argent. Les Téiens entendaient rester maîtres des revenus de la cité et la lettre d’Eumène confortait leur exigence. Son arbitrage stipulait en effet que le tribunal commun devait trancher ces aspects financiers (II C, 2‑9), le partage des compétences entre les magistrats des technites et ceux de la cité (II C, 9‑15), avec une exhortation à l’homonoia et un encouragement à l’établissement d’un traité formel visant au synœcisme (III A). Il enjoignait plus généralement les technites à respecter les lois des cités dans lesquelles ils se produisaient (III B, 1‑4). Cependant, si rien ne permet de soutenir l’hypothèse d’une subordination de Téos au royaume attalide, on ne peut, sur la base de l’examen de ce document, l’écarter. Les modernes ont parfois cru bon de rapporter certains traits des institutions téiennes à des indices de sujétion. C’est en particulier le cas du collège de stratèges, que l’on supposait avoir été nommés individuellement par les rois de Pergame. L’hypothèse, repoussée dès 1944 par Hermann Bengtson, est encore avancée par Brigitte Le Guen 55. Les stratèges étaient naturellement des magistrats civiques, élus par leurs concitoyens 56. Quant aux documents datés par un hiereus de Dionysos éponyme et un agonothète par ailleurs hiereus du roi Eumène, ils n’émanent pas de la cité de Téos 57 mais de la confédération des technites, comme l’a rappelé John Ma 58.

La politique étrangère des Téiens

  • 59 Milet I 3, 148, l. 15.
  • 60 Si l’on accepte la restitution [Ἰασ]έων proposée par Robert 1984, p. 527 (= DAM, p. 515) et Erring (...)
  • 61 La cité préserva son autonomie pendant la guerre antiochique. Dans le traité entre Milet et Magnés (...)
  • 62 Polybe, XXI, 48, 4 et XXX, 5, 11 et 15 (expédition des Mylasiens associés aux Alabandiens contre l (...)
  • 63 Bikerman 1937, p. 238. Myndos frappa des tétradrachmes avec une couronne entre ca 160 et ca 140, c (...)

11Pour évaluer le statut de Téos, il importe d’évaluer sa place dans le concert des cités grecques après Apamée. Il convient tout d’abord de relever que la cité figure parmi les peuples garants du traité de paix entre Milet et Magnésie du Méandre, conclu entre 184 et 180, et qui envoyèrent des délégués 59. Les deux Téiens sont mentionnés aux côtés des délégués rhodiens, athéniens, cnidiens, myndiens, samiens, halicarnassiens, cyzicéniens, iasiens 60 (ou mylasiens ?) et de la confédération achéenne. Tous représentaient manifestement des peuples libres. En Carie, Cnide 61, Mylasa et Alabanda furent reconnues cités libres par la commission sénatoriale 62, ainsi que deux cités qui appartenaient encore aux Lagides en 197 et avaient bénéficié de la protection rhodienne, Myndos et Halicarnasse 63. Il faudrait donc admettre que les Téiens figuraient au nombre des cités libres d’Ionie après 188, comme ses voisines Érythrées, Clazomènes, Lébédos et Colophon-sur-Mer.

  • 64 Herrmann 1979, p. 242-249. La convention qualifie les Téiens d’« amis et de [parents] » des Temnit (...)
  • 65 Je retiens la proposition de J. et L. Robert, Bull. 1980, 437, qui préfèrent [συν]τελεῖ à [ἐπι]τελ (...)
  • 66 Robert 1934a, p. 285-286 (= OMS II, p. 1184-1185).
  • 67 Boulay 2014, p. 215.
  • 68 SEG 28, 697 ; Ager 1997, no 15. La gravure de cette stèle de marbre, découverte en 1935 à l’Asklép (...)
  • 69 L’éditeur proposait Colophon, mais Ager 1991 (Ph. Gauthier, Bull. 1992, 392) a montré qu’il s’agis (...)
  • 70 Ager 1991, p. 93.
  • 71 Ager 1991, p. 94-96.

12Un décret de Temnos accordant l’isopolitie aux Téiens 64 n’apporte pas d’indice supplémentaire. Il spécifie que le peuple de Téos sera couronné d’une couronne d’or « dans les concours que le peuple célèbrent à la fois pour Dionysos et pour les rois », ἐν τ̣ο̣ῖ̣ς ἀ[γῶσιν οὓς συν]τελεῖ ὁ δῆμος τῶι τε Διονύσωι καὶ τοῖς βασιλ[ε]ῦ̣[σιν] (l. 9-10) 65. Peter Herrmann proposait de dater ce décret de la première moitié du iie s. av. J.‑C. Ces concours pourraient être des Ἀττάλεια καὶ Εὐμένεια (en l’honneur d’Attale Ier et Eumène II). Quoi qu’il en soit de ce dernier point, de telles manifestations n’impliquaient nullement la sujétion des Temniens, et a fortiori des Téiens, comme en attestent les concours célébrés en l’honneur de rois attalides en dehors de leur royaume 66. J’ai proposé de replacer ce rapprochement entre les deux cités dans le contexte des tensions qui aboutirent à une guerre ouverte entre Temnos et Clazomènes 67. Les Temnitains se seraient rapprochés des plus proches voisins de leurs ennemis afin d’isoler les Clazoméniens. L’isopolitie offrait également aux Temnitains la possibilité de renforcer leur corps civique dans des circonstances difficiles. Par ailleurs, il est possible que des différends frontaliers aient existé entre Téiens et Clazoméniens. À la fin du ive s., Cos fut en effet désignée par un roi (Antigone ?) pour arbitrer un conflit frontalier entre Clazomènes et l’une de ses voisines 68, très vraisembablement Téos 69. La délimitation des juges de Cos semble avoir été plus favorable aux Clazoméniens 70. Selon Sheila Ager, cette initiative pourrait être une conséquence directe du synœcisme de Téos et Lébédos, mais ce lien n’est pas assuré 71.

  • 72 Syll.³ 656 (IGR IV 1558) avec Herrmann 1971. Les arguments de Chiranky 1982 pour une datation bass (...)
  • 73 Tite-Live, XLIII, 4, 8.
  • 74 Marek 1997, p. 169-177 (SEG 47, 1646 ; Ph. Gauthier, Bull. 1998, 352, qui exprime quelques réserve (...)
  • 75 Voir les remarques en ce sens de Dragoumis 1895.
  • 76 Robert L. & J. 1976, p. 212-213, n. 237, qui ajoutaient : « nous publierons un autel inédit avec l (...)

13Au cours du iie s., les Téiens ont déployé une active diplomatie et paraissent avoir préservé, après les échanges avec M. Valerius Messala, des connections à Rome. Il semble en particulier ressortir du décret d’Abdère en l’honneur des deux Téiens (ca 167/6), Amymon fils d’Épicuros et Mégathymos fils d’Athénaios, qui étaient partis à Rome pour soutenir les intérêts d’Abdère contre le roi thrace Kotys (lequel leur contestait un territoire), que les Téiens disposaient dès avant 167 de « patrons » à Rome 72. L’engagement de Téos pour Abdère ne se limita pas à un soutien diplomatique. Les Téiens portèrent directement secours à leurs parents, peu après 170, après le pillage d’Abdère par Hortensius 73, au cours de la troisième guerre de Macédoine 74. Les rapports privilégiés entre les Téiens et les Romains se traduisirent également par l’introduction du culte de Rome et de Pistis, desservi par un prêtre, destiné à rendre plus manifeste encore le patronage de Rome sur la cité 75. Louis et Jeanne Robert remarquaient ainsi que « les Téiens furent si liés avec les Romains qu’ils eurent un culte de Pistis, c’est à dire de la Fides romaine (BCH 1895, 554) : ἱερεὺς ἀπεδείχθη Ῥώμης καὶ Πίστεως Στράτων Ἑστιαίου » 76.

  • 77 Gauthier 1972, p. 281, n. 204.
  • 78 Gauthier 1972, p. 275.
  • 79 Gauthier 1972, p. 274-282. Aptèra est la seule des cités crétoises énumérées infra à ne pas accord (...)
  • 80 SGDI 5185 ; I. Cret. I 5 Arcade 53 (Curty 1995, no 43n, p. 100-101 ; Rigsby 1996, no 159, p. 322‑3 (...)
  • 81 SGDI 5183 ; I. Cret. I 6 Biannos 2 (Curty 1995, no 43l, p. 99-100 ; Rigsby 1996, no 156, p. 319‑32 (...)
  • 82 SGDI 5184 ; I. Cret. I 19 Malla 2 (Curty 1995, no 43m, p. 100 ; Rigsby 1996, no 157, p. 321‑322).
  • 83 SGDI 5181 ; I. Cret. II 3 Aptera 2 (Curty 1995, no 43j, p. 96-98 ; Rigsby 1996, no 154, p. 316‑318 (...)
  • 84 SGDI 5182 (Curty 1995, no 43k, p. 98 ; Rigsby 1996, no 155, p. 318‑319).
  • 85 I. Cret. II Hyrtakina 2, avec Robert 1927, p. 97-99 (= OMS II, p. 1052-1053). Cf. Curty 1995, no 4 (...)
  • 86 Béquignon & Laumonier 1925, p. 303-305, no 2 (Curty 1995, no 43p, p. 102 ; Rigsby 1996, no 161, p. (...)
  • 87 SGDI 5186 ; I. Cret. I Cnossos 11, cf. Chaniotis 1988, p. 348-349.
  • 88 SGDI 5187 ; I. Cret. I Priansos 12, cf. Chaniotis 1988, p. 348-349.
  • 89 Capdeville 1997, p. 304-305 et n. 188.
  • 90 IGSK 41 Knidos, 802 (Rigsby 1996, no 158, p. 322).
  • 91 Brulé 1978, p. 99-100, avec traduction du passage du décret d’Aptèra, ici reproduite, modifiée.

14Tout aussi remarquable est l’action des Téiens tournée vers la Crète au milieu du iie s. (ca 170-150, peut-être vers 167/6 77) visant à obtenir le renouvellement (ἀνανέωσις) de la reconnaissance de la consécration de leur cité à Dionysos, son ἀρχηγέτης. Les réponses à l’ambassade (et non théorie 78) téienne d’Hérodotos, fils de Ménodotos et de Ménéklès, fils de Dionysios, sont assorties d’accords d’ateleia, d’enktèsis et d’isopoliteia 79. Ont été conservées les reconnaissances d’asylie d’Arkadès 80, Biannos 81, Malla 82, Aptèra 83, Erônos 84, Hyrtacina 85 et une cité inconnue 86. On peut peut-être ajouter à cette liste Cnossos 87 et Priansos 88 dont on conserve des décrets honorifiques en l’honneur des ambassadeurs téiens et qui pourraient supposer le succès de leur mission 89. L’intitulé d’un décret voté sous le damiourgos Philôn pourrait émaner de la cité de Cnide, possible étape des ambassadeurs téiens 90. Les cités crétoises traitent avec une cité libre, maîtresse de son destin. Le décret d’Aptèra esquisse même, comme l’a relevé Pierre Brulé, « les bases d’un accord militaire défensif dont les Crétois sont coutumiers » 91 :

« Nous ne ferons aucun tort aux Téiens, qui sont nos parents et nos amis, ni en temps de paix ni en temps de guerre, non plus que nous ne l’avons fait par le passé, et si certains pillent les Téiens, leur communauté ou l’un d’entre eux en particulier, sur terre ou sur mer, contrairement au caractère sacré et asyle (de leur territoire), nous nous porterons à votre secours de tout notre pouvoir. Et si certains, venant d’Aptèra, commettent des torts vis-à-vis des Téiens, ils s’exposeront à une accusation conformément à la loi sur le sacrilège »

καὶ οὐκ ἀδικέομεν Τηΐος συγγενέας καὶ φίλος ὑπάρχοντας οὔτε πολέμου οὔτ’ εἰράνας, καθότι οὔτε πρότερον πειράξομεν δὲ καὶ ἐάν τινες ἀδικῶντι Τηΐος ἢ κατὰ κοινὸν ἢ κατ’ ἰδίαν ἢ κατὰ γᾶν ἢ κατὰ θάλασσαν ἐόντας ἱαρὸς καὶ ἀσύ<λ>ος, βοαθεῖν αὐτοῖς καθότι ἂν ὦμεν δυνατοί, καὶ ἐάν τινες ὁρμιόμενοι ἐξ Ἀπτέρας ἀδικήσωντι Τηΐος, εἶναι αὐτὸς ἐνόχος τῶι τῆς ἱεροσυλίας νόμωι (l. 39-49).

  • 92 Ainsi Magie 1950, II, p. 958-959, n. 75 et Bernhardt 1971, p. 62-63.
  • 93 Gallis 1972 (cf. J. et L. Robert, Bull. 1973, 240) ; Daux 1975 ; Curty 1995, p. 37-8, no 19. Cf. C (...)
  • 94 IGSK 4 Assos, 9. Assos, voisine d’Alexandrie de Troade, fut manifestement reconnue libre après Apa (...)
  • 95 I. Magnesia, 104.
  • 96 Milet I 3, 154, avec L. Robert, OMS I, p. 48, n. 2.
  • 97 Milet I 3, 153.
  • 98 Milet I 3, 152a.
  • 99 Gonnoi II, 81.
  • 100 IGSK 1 Erythrai, 111 ; I. Priene, 50.
  • 101 IGSK 1 Erythrai, 122 (avant 167).
  • 102 IGSK 1 Erythrai, 121.
  • 103 IGSK 36.1 Tralleis, 23 (entre 182 et 159).
  • 104 IGSK 28.2 Iasos, II, 609.
  • 105 IG IX 2, 507 ; Crowther 1997, p. 355-357 (SEG 47, 744).
  • 106 IGSK 34.2 Mylasa, 631 ; IGSK 36.1 Tralleis, 22.
  • 107 IGSK 34.2 Mylasa, 632, 633 et 635.
  • 108 IGSK 23.2 Smyrna, 579, 580 et 583.
  • 109 IGSK 34.2 Mylasa, 634.
  • 110 CIG 3568f ; Michel 1900, no 542. Sur la date (iie s.), Robert 1934b, p. 525 (= OMS III, p. 1574), (...)
  • 111 Hamon 2010, p. 372, n. 58, relève justement ce décret de Peltai pour rappeler que « les cités du r (...)

15Ces accords bilatéraux, qui comportent un volet militaire, manifestent, aussi clairement que le patronage (πατρωνεία) des Romains sur la cité, l’indépendance des Téiens après Apamée 92. Au cours de cette même période, les Téiens furent sollicités par le koinon thessalien pour l’envoi de juges étrangers 93, à une période (entre 188 et 133) où les cités d’Asie Mineure occidentale sollicitées ont pour point commun d’être libres (ainsi Assos par Mylasa et Alabanda 94, Magnésie du Méandre par Démétrias 95, Milet par Érétrie 96, Byzance 97, une cité d’Éolide 98 ou Gonnoi 99, Priène par Erythrées 100, Erythrées par Mytilène 101 ou Ténédos 102, Phocée par Tralles 103, Samos par Bargylia 104, Mylasa par le koinon thessalien, ca 150-130 105, Tralles 106 et plusieurs autres cités 107, Caunos par Smyrne 108, pour retenir les exemples les moins mal datés). À la même époque, Téos fait venir des juges de Mylasa 109. Seule exception notable, si Antandros était bien sujette des Attalides, la visite de juges de cette cité à Peltai de Phrygie 110, dont la sujétion est, quant à elle, assurée 111. On ne voit pas en revanche de cité libre recourir à une cité sous la tutelle des rois de Pergame.

  • 112 Gauthier 2006.
  • 113 OGIS 309 avec Robert 1937, p. 9-20.
  • 114 Ma 2004, p. 192-193. Sur les similitudes entre les honneurs votés pour Apollonis et ceux votés pou (...)
  • 115 Comme le note Jones 2011, p. 50, n. 34. Voir à ce sujet Ma 2004, n. 10, p. 307.
  • 116 OGIS 246, voir en dernier lieu SEG 35.1521. Cf. Del Monte 1995 à propos du Séleucos de la l. 4 de (...)
  • 117 Debord 2003, p. 289 : « Pourquoi des souverains qui n’ont jamais régné sur l’Anatolie sont qualifi (...)
  • 118 J. & L. Robert, Bull. 1969, 502. Sur le graffito d’Antiochos III (un faux d’époque romaine ?) retr (...)
  • 119 Voir Mastrocinque 1984 qui argumente pour un culte privé. Chrubasik 2013, p. 115, laisse la questi (...)
  • 120 Les associations offrent un complément à la vie religieuse de la cité et reçoivent souvent une rec (...)
  • 121 Sur la domiciliation à Téos du collège, cf. Schwarzer 1999 suivi par Müller & Wörrle 2002, p. 196- (...)

16Si l’épigraphie témoigne de l’active diplomatie téienne, elle montre également que les Téiens se sont montrés soucieux, comme leurs voisins colophoniens 112, de manifester leur dévouement envers une dynastie qui n’a pas ménagé ses efforts pour repousser les entreprises destructrices des Galates ou des rois bithyniens. Entre 175 et 168, Téos accorda ainsi d’importants honneurs à la reine Apollonis, épouse d’Attale Ier 113. John Ma a, en particulier, mis l’accent sur l’opportunisme des Téiens : « On est en droit de se demander si c’est peu de temps après ~ 190 que Téos mit au rancart les pilastres qui portaient les décrets d’inauguration des monuments et des honneurs votés pour Antiochos III et Laodice III : les blocs de pierre ont été retrouvés brisés, déplacés derrière le temple de Dionysos. En outre, Téos développa de nouvelles formes de culte adressées ou rapportées au nouveau pouvoir dominant, les Attalides. Ils décrétèrent pour la reine attalide Apollonis des honneurs similaires à ceux qui avaient honoré Laodice III, et qui en étaient peut-être inspirés : l’agora, où le peuple de Téos avait voulu élever un monument pour son eucharistia envers Laodice, reçut un autel qui commémorait l’escale d’Apollonis dans la cité 114 ». La part du calcul politique est certainement prépondérante dans cette affaire, cependant rien n’assure que les pilastres furent démantelés à cette occasion 115. Le retrait séleucide ne marqua pas non plus la disparition du culte royal rendu envers les rois séleucides. Une liste gravée au iie s. en témoigne, portant le nom des souverains séleucides divinisés de Séleucos Ier à Démétrios Ier 116. Par ailleurs, les honneurs pour Apollonis n’ont pas été votés dans la précipitation, après Apamée, mais une génération après. Ce phénomène — la survivance d’un culte royal après l’effacement d’une dynastie — n’est pas unique, mais s’explique plus aisément dans le cadre d’une polis indépendante 117. Comme le notaient Jeanne et Louis Robert, cette liste « atteste à Téos, la persistance du souvenir pour les grands bienfaiteurs de la ville et la loyauté envers la dynastie 118 ». Les controverses sur le caractère public ou privé de ce culte 119 ne paraissent guère pertinentes dans ce contexte 120. Surtout, ces liens privilégiés n’empêchaient nullement que les Téiens n’entretiennent de bonnes relations avec les puissants souverains de Pergame. Le célèbre aulète Kratôn créa même un groupement voué à la dynastie attalide, le koinon des Attalistes, sans doute actif à Téos jusqu’à l’expulsion des technites 121. Que les membres de ce koinon aient voué au sein de leur groupement un culte aux souverains attalides à Téos même ne doit pas surprendre.

Le comportement monétaire de Téos, fantomatique atelier attalide

  • 122 Price 1991, no 2313 et 2314, suivi par Le Rider 2001, p. 40.
  • 123 Le Rider 1973, p. 273, qui plaçait toutes ces émissions avant Apamée, en 204-203 et 189, avant d’a (...)
  • 124 Mattingly 1993 (CH VI 37 = VII 98 = VIII 433), cf. De Callatäy 2013, p. 232, n. 88.
  • 125 Herrmann 1979. La lettre d’Eumène II à la cité, qui se rapporte à un possible transfert de terres (...)

17L’analyse du comportement monétaire de Téos vient également conforter notre analyse. Selon Martin J. Price, Téos frappa, entre ca 188 et ca 180, des alexandres, imitant en cela ses voisines Érythrées, Clazomènes, Colophon ou Chios 122. L’attribution de ces monnaies à l’atelier téien est certaine. Les tétradrachmes portent les trois premières lettres du nom des Téiens et un symbole caractéristique : un joueur de lyre, Dionysos ou Anacréôn 123. Un alexandre téien se trouve notamment dans le trésor de Mektepini en Phrygie, que l’on place dans les années 180 (no 342). Un autre alexandre post-Apamée est présent dans le trésor de Maʿaret an-Nʿomān, enfoui ca 162 124. Le comportement monétaire de Téos dans les années qui suivent la guerre antiochique et la paix d’Apamée doit être rapproché de celui de ses voisines (Clazomènes, Colophon et Érythrées), d’autres cités ioniennes (Magnésie du Méandre, Milet, Chios et Samos) ou éoliennes (Kymè, Myrina, Temnos, Méthymna, Mytilène, auxquelles on peut joindre Alexandrie de Troade et Assos). Toutes ces cités sont reconnues libres après Apamée. Seul le cas de Temnos est parfois discuté, mais la guerre qui l’opposa, au début du iie s., à la cité de Clazomènes, atteste éloquemment sa pleine indépendance, de même que l’abondance de ses émissions de tétradrachmes 125. G. Le Rider notait d’ailleurs que « l’ampleur de son monnayage de tétradrachmes de poids attique » laissait penser que la cité « faisait partie des cités libres ». Les liens que cette cité, ainsi que ses voisines Aigai ou Myrina, a tissés avec les dynastes de Pergame, et les générosités d’Eumène II à son égard (RC 48), n’impliquent aucunement une subordination politique.

  • 126 Thonemann 2013.
  • 127 Meadows 2013, p. 189-191.
  • 128 Lorber & Hoover 2003.
  • 129 Sur la provenance probable de ce tétradrachme, découvert dans un trésor contenant nombre de tétrad (...)

18Un livre édité par Peter Thonemann a récemment mis l’accent sur la politique économique du royaume après la paix d’Apamée, l’introduction du cistophore mais également le comportement monétaire des cités libres et sujettes de l’Asie Mineure occidentale, deux questions mises en rapport avec les relations internationales des rois de Pergame et leurs engagements militaires 126. Différentes positions y sont défendues et le présent article ne prétend pas apporter une interprétation alternative mais simplement nourrir le débat. Dans ce volume en effet, le statut de Téos n’est pas discuté, et celui de Temnos, guère davantage 127. Les deux cités sont rangées au nombre des cités sujettes, ce qui permet en particulier de mettre artificiellement l’accent sur des cités prétendument attalides ayant émis des tétradrachmes de poids attique après l’introduction des cistophores dans le royaume. Cette hypothèse a pris une vigueur particulière après la publication, en 2003, d’un tétradrachme de poids attique, avec au droit Dionysos, portant un bandeau, couronné de lierre et au revers le thyrse de Dionysos avec la légende τῶν περὶ τὸν Διόνυσον τεχνιτῶν, dans une couronne de lierre 128 (fig. 1). Ce tétradrachme provient manifestement de la Syrie séleucide 129.

Figure 1.

Figure 1.

Tétradrachme de poids attique au nom des technites dionysiaques (ca 170-155 ?)

d’après Lorber & Hoover 2003.

  • 130 Lorber & Hoover 2003, p. 64 : « The Teian ivy wreath borders and the border of our tetradrachm bot (...)
  • 131 Psoma 2007 et 2008, p. 236-237.
  • 132 Ce synœcisme semble même avoir servi les intérêts téiens. Les décrets de Cnossos et Priansos pour (...)

19Les éditeurs de ce tétradrachme ont justement souligné les similarités stylistiques existant entre cette monnaie (à ce jour unique) et les monnaies d’argent émises par Téos (fig. 2) ; la monnaie au nom des technites aurait été frappée par l’atelier de la cité 130. Dans ces conditions, il est préférable, comme l’a bien montré Sélènè Psoma, de voir dans ce tétradrachme une émission des technites unis par un synœcisme aux Téiens, conformément au vœu d’Eumène 131, peut-être à l’occasion d’une panégyrie (des technites ? les Dionysia ?) 132. S’appuyant sur les remarques stylistiques émises par les éditeurs de cette monnaie, elle suggère également de remonter la date de cette émission :

  • 133 Psoma 2007, p. 248-249.

« the striking stylistic similarity of the wreath on Attic-weight Alexanders of the city of Teos that date c. 188-180 bce suggests an earlier date, around 170-160 bce, for the type in question 133 ».

Figure 2.

Figure 2.

Drachme de Téos (ive s. av. J.-C.)

BMC Ionia, Teos 26.

  • 134 Psoma 2013, p. 277-278, suivant l’hypothèse formulée par Hoover & MacDonald 1999-2000, p. 114-116, (...)
  • 135 Voir la position mesurée qu’adoptait Le Rider 2001, p. 50-51 : « la continuité monétaire des cités (...)
  • 136 Polybe, XXXIII, 15, 1-2, 18, 5-14 ; Diodore, XXXI, 32a ; Appien, Syr., 67 ; Tite-Live, Per., 52, S (...)

20Il faut cependant abandonner l’hypothèse d’une instrumentalisation, par le pouvoir attalide, de ce monnayage. Dans une autre étude, S. Psoma met la monnaie téienne sur le même plan que les tétradrachmes d’Eumène II, les philétairoi émis sous son règne, ou les tétradrachmes de Pergame au type d’Athéna Niképhoros : ces « genuine ‘Attalid’ coinages » auraient servi les intérêts attalides, en particulier le soutien d’Attale II aux entreprises militaires d’Alexandre Balas 134. Les Téiens se sont librement rapprochés des technites, dans un contexte d’apaisement entre les deux parties, certes avec la bienveillance des Attalides. Mais en exposant les avantages et l’homonoia que les Téiens et les technites retireraient d’une convention de synœcisme, Eumène II ne se départissait pas de son rôle d’arbitre. De même, il n’y a pas lieu d’imaginer une autorisation attalide pour une telle émission monétaire, ni même un ordre royal 135. La même conclusion doit être étendue au monnayage de Temnos, dont l’abondance peut être liée au violent conflit qui l’opposa à Clazomènes ou à une indemnité versée par Prusias après sa campagne destructrice de 155. L’hypothèse, de plus en plus avancée, d’un soutien financier d’Attale II, son « parrain », à Alexandre Balas 136 n’impose pas de faire entrer tous les monnayages des cités d’Asie Mineure occidentale dans un seul et même système.

  • 137 Strabon, XIV, 1, 29.
  • 138 Sur les tribulations des technites d’Ionie et de l’Hellespont, voir Robert 1984, p. 495-496 (= DAM(...)

21La dissolution du synœcisme entre Téiens et technites montre bien que la dynastie attalide n’avait aucune emprise sur la cité ionienne. Lorsqu’à la suite d’une stasis les Téiens chassèrent les technites dionysiaques (qui s’étaient réfugiés à Éphèse) et qu’Attale II tenta d’installer les technites à Myonnèsos, entre Téos et Lebédos, les Téiens envoyèrent une ambassade à Rome, « suppliant le Sénat que Myonnèsos ne fût pas autorisée à se fortifier ainsi contre eux », πρεσβεύονται Τήιοι δεόμενοι Ῥωμαίων μὴ περιιδεῖν ἐπιτειχιζομένην σφίσι τὴν Μυόννησον 137. Les Téiens obtinrent gain de cause et les technites durent émigrer à Lébédos 138. Le comportement des Téiens n’était pas celui de sujets mais d’adversaires déterminés soucieux de leurs intérêts. L’envoi d’une ambassade à Rome vient également rappeler que la cité se prévalait d’un puissant patronage.

  • 139 Pergame possédait également une enclave entre les territoires de Myrina et de Kymè, le cap Hydra.
  • 140 De Callatäy 2013, p. 235, évoque « a phenomenon highly controlled at a higher level ». Lorber & Ho (...)
  • 141 Voir Duyrat 2011, p. 425.
  • 142 Seyrig 1973, p. 76. Voir également Jones 1979 et Sacks 1985, p. 26-29.
  • 143 Le Rider 2001, p. 54-58.
  • 144 Voir le bilan historiographique nuancé de Duyrat 2003, p. 181.
  • 145 De Callatäy 2013, p. 232-236. Voir Marcellesi 2010, p. 200 : « En réalité, il faut distinguer plus (...)
  • 146 Kinns 1987, p. 107.

22L’analyse du cas particulier de Téos vient rappeler que l’emprise territoriale des Attalides en Ionie ainsi qu’en Éolide était assez circonscrite après la guerre antiochique et le retrait séleucide. Élaia et Éphèse formaient comme deux enclaves attalides sur la côte, depuis le promontoire du mont Kanè au nord à la péninsule milésienne au sud 139. Téos, de même que Temnos, comme les autres cités du littoral occidental de l’Asie Mineure reconnues libres à Apamée ne doivent plus être considérées comme des instruments dociles entre les mains des rois de Pergame. Plus généralement, il convient probablement de nuancer l’importance des moyens mis en œuvre par Attale II pour soutenir Balas, en particulier la subordination des ateliers monétaires d’Asie Mineure occidentale, aux exigences de la guerre menée par l’usurpateur contre Démétrios Ier et le financement de ses mercenaires 140. La thèse développée par Oliver D. Hoover et David MacDonald, certes séduisante, ne peut, à elle seule, expliquer chaque initiative civique en matière monétaire, pas plus qu’elle ne saurait imposer aux différents monnayages une datation ramassée sur quelques années. Les tétradrachmes émis par les cités d’Ionie et d’Éolide n’auraient-ils pas pu également, in fine, servir à solder les mercenaires de Démétrios II, fils de Démétrios Ier, lors de sa campagne de 147/6 141 ? Après H. Seyrig 142, G. Le Rider considérait que le royaume séleucide avait conservé des relations commerciales privilégiées avec les cités d’Asie Mineure occidentale qui expliquaient naturellement la présence massive de tétradrachmes de poids attique dans les trésors syriens 143. Cette hypothèse ne doit pas être abandonnée 144, et il n’y a sans doute pas lieu de placer tous les tétradrachmes à couronne en rapport avec les opérations militaires d’un prétendant au trône d’Antioche et donc de dater ces frappes après 154 145. Le tétradrachme au nom des technites a sans doute été frappé dans les années 160. De même est-il sans doute excessif de considérer, comme Philip Kinns, que tous ces monnayages civiques ont été frappés « under Attalid supervision, more often than not with Attalid-supplied silver » 146. Téos est d’ailleurs un bel exemple d’une cité libre qui semble avoir gardé des liens privilégiés avec le royaume séleucide. La monnaie émise par les technites, alors unis aux Téiens, retrouvée en Syrie séleucide, me paraît pouvoir être replacée dans un contexte de flux et d’échanges que la guerre ne saurait à elle seule expliquer.

Post-scriptum. L’épiclèse de Dionysos à Téos

  • 147 LW 106, cf. Boulay 2013, no 1, p. 254.
  • 148 Farnell 1909, p. 283, no 28. Cf. Sartre 1989, p. 470-471, qui relève d’autres épiclèses de Dionyso (...)
  • 149 Daraki 1985, p. 50.
  • 150 J. & L. Robert, Bull. 1969, 496. Sur les offrandes périodiques de prémices, voir également Chaniot (...)
  • 151 Voir Jaccottet 2003, II, p. 228, avec références.
  • 152 Robert 1976, p. 187 (= OMS V, p. 341), n. 22. On conserve une dédicace des stratèges téiens à la f (...)
  • 153 Le Guen 2001, I, no 47, p. 225 et n. 451. Ajouter à cette remarque les compétitions musicales à Té (...)

23La présence, à Téos, d’une association de mystes de Dionysos Σητάνειος, οἱ το[ῦ Σητα]νείου θεοῦ Διονύσο[υ μύσται] 147, a conduit les modernes à attribuer cette épiclèse, « de l’année », « de la nouvelle récolte », au dieu de Téos 148. Maria Daraki s’appuie par exemple sur ce Dionysos « dieu des céréales », pour brouiller la distinction que l’on opère habituellement entre les activités sous la tutelle de Dionysos, la viticulture et plus généralement l’arboriculture d’un côté, et la céréaliculture de l’autre 149. Pourtant celle-ci est bien opérante dans le contexte téien : le décret en l’honneur d’Antiochos III, devenu parèdre de Dionysos, précise que seront déposés auprès de sa statue, chaque année, les prémices des premiers fruits des arbres qui apparaissent sur le territoire, τιθέναι πρὸς τὸ ἄγαλμα [τοῦ] βασιλέως ἀπαρχὰς καθ’ ἕκαστον ἔτος τοὺς πρώτους ἐν τῇ [χώρ]αι ξυλίνους φανέντας καρπούς (l. 53-55). Le roi devait recevoir, comme le dieu lui-même, les prémices des fruits des arbres (ξύλινοι καρποί) et non ceux des champs (σιτικοὶ καρποί) 150. La statue que les mystes ont offerte à l’asiarque Ti. Claudius Pius Pisonius, sous le règne d’Hadrien, a été retrouvée non loin du sanctuaire, ce qui engendra des spéculations sur le rôle « officiel » que ces dévots auraient joué 151. Qu’ils aient, ou non, bénéficié d’un local dans les murs du sanctuaire ne permet pas d’attribuer cette épiclèse au dieu ἀρχηγέτης ou προκαθηγεμών des Téiens, προεστὼς τῆς πόλεως 152. Brigitte Le Guen note ainsi justement : « S’il est difficile de se prononcer sur la date exacte à laquelle les Technites choisirent Téos pour y fixer le siège de leur association, il y a tout lieu de croire cependant que la prééminence de Dionysos dans la polis, en tant qu’archégète des Téiens, comme l’indique un autre de nos documents, joua un certain rôle. Sur ce point, l’épiclèse du dieu ne nous permet malheureusement pas d’aller plus loin dans nos hypothèses, car elle est très incertaine. La fréquence de la cithare (à 3 ou 4 cordes) sur le monnayage civique incite toutefois à penser qu’il était honoré avant tout pour son lien avec le monde musical 153. »

  • 154 Voir supra n. 76. Je remercie Angelos Chaniotis qui m’a indiqué qu’un comma devait impérativement (...)
  • 155 Apollodore, Bibliothèque, III, 4, 3 ; Sophocle, Œdipe roi, 1105-1107. Cf. Plutarque, Propos de tab (...)
  • 156 Daraki 1985, p. 34 ; voir également les pages stimulantes de Jiménez San Cristóbal 2013, p. 285‑28 (...)
  • 157 Diodore de Sicile, IV, 4, 3. Voir également son explication de la genèse des associations de techn (...)
  • 158 À Mégare, cf. IG VII, 36, associant Apollon Μουσεῖος aux Muses, à César divinisé et à Auguste.
  • 159 IG XII 5, 46.
  • 160 Pugliese-Carratelli 1939-1940, p. 165, no 19 (iiie s. av. J.-C. ?). Sur l’association des Muses et (...)
  • 161 Pausanias, I, 2, 5. À Delphes, Διθύραμβος apparaît comme une épiclèse de Dionysos à l’ouverture du (...)
  • 162 I. Priene, 174, l. 17.
  • 163 Anacreonta, 42.2, cf. Lambin 2002, p. 189 (le texte porte λυσιπαίγμων, « qui donne toute liberté a (...)
  • 164 Sur l’installation des technites à Téos (voir SEG 2, 580 : octroi d’un terrain financé en partie p (...)
  • 165 Il n’est pas inutile pour notre propos de rappeler ce distique élégiaque de Solon, que Plutarque c (...)

24Dans cette cité, Dionysos semble en effet avoir été très lié aux Muses, comme l’atteste en particulier l’autel commun resté inédit avec la mention [Διονύ]σου, [Μου]σῶν, « (autel) de Dionysos, (et) des Muses », évoqué par L. et J. Robert 154. On le sait, plusieurs mythographes précisent que Dionysos, dieu à l’origine du théâtre, de la danse, de la poésie, fut élevé par les nourrices qu’Hermès lui avait données, les Muses, lesquelles lui enseignèrent leurs arts 155. Elles remplacent alors les Hyades, nymphes « humides » de Dionysos, souvent évoquées dans ce rôle de nourrices chargées de prendre soin de l’enfant et de le protéger des colères de son épouse Héra 156. Diodore indique par ailleurs que les Muses accompagnèrent le dieu dans ses voyages (variante de l’escorte des Hyades), en le gratifiant de leurs danses, leurs chants et autres amusements 157. Si l’association des Muses et de Dionysos est courante, c’est toutefois Apollon qui était considéré comme le dieu Μουσαγέτης par excellence 158, même si une dédicace naxienne d’un agonothète des Grandes Dionysies donne bien à Dionysos cette épiclèse 159, de même qu’une association de technites de ce même dieu à Rhodes (Μουσαγέτας 160). Pausanias indique qu’en Attique on honorait Dionysos Μελπόμενος, « chanteur » 161. Ce même dieu était honoré à Priène, proche voisine de Téos 162 et une ode attribuée tardivement au célèbre Téien Anacréon évoque peut-être le dieu « jouant de la lyre », λυροπαίγμων 163. Si à Téos, où l’on prétendait qu’il était né, le dieu portait une épiclèse manifestant ce lien étroit avec les neuf filles de Zeus et de Mnémosynè, on comprendrait d’autant mieux le choix que firent les technites d’Ionie et de l’Hellespont de s’établir dans cette cité consacrée à Dionysos, espace de la joie dionysiaque et de tous les divertissements qui viennent des Muses 164, et pourquoi celle-ci retint particulièrement l’attention de Maurice Sartre 165.

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Notes

1 Sur l’épigraphie téienne, cf. les pages très utiles de Ma 2007, p. 215‑220, en préambule de son article sur les activités des technites dionysiaques au moment de leur séjour à Téos, dans le deuxième quart du iie s. av. J.‑C.

2 SEG 43, 1003 II, l. 100-104, cf. Ma 2004, no 18, p. 355-361, avec le commentaire p. 174.

3 Béquignon & Laumonier 1924, no 3, p. 305-308 (SEG 4, 601), cf. Curty 1995, no 87, p. 221‑222.

4 CIG 3125, cf. CIL III, 421 et IGR IV, 1580. Aux l. 8-9, Th. Mommsen, CIL III, 421 et R. Cagnat, IGR IV, 1580, restituent [ναύαρ]<χ>ος στό[λου Συριακοῦ], d’après la copie de F. Hessel, préface aux Antiquae inscriptiones de M. Gude (1731), no 11, ΚΟΣΣΤΟΥ, mais en corrigeant le kappa et l’upsilon attestés aussi par Ed. Chishull (CIG, 3125) ; si l’on accepte ces corrections, certes violentes, je proposerais [ἔπαρ]χος στό[λου], cf. IGLS VII, 4008, IGR I 5, 1129 ; et Speidel 1983, p. 13-14, qui développe ainsi une inscription de Néoclaudiopolis : Ἀντώνιος Πρόκλος ἔπαρχος στ[όλ]ου Σ(εουηριανοῦ?) Π(οντικου), rejetant la lecture στ̣όλου σπ[είρας]. Ce monument funéraire bilingue était surmonté de deux couronnes avec ὁ δῆμος (sur cet usage à Téos, cf. Boulay 2013). Voir Reddé 1986, p. 235, 240, 389‑390.

5 Robert 1937, p. 20-36.

6 Diodore de Sicile, III, 66, 1-2 : ἀμφισβητοῦσι δὲ καὶ πόλεις οὐκ ὀλίγαι Ἑλληνίδες τῆς τούτου τεκνώσεως· καὶ γὰρ Ἠλεῖοι καὶ Νάξιοι, πρὸς δὲ τούτοις οἱ τὰς Ἐλευθερὰς οἰκοῦντες καὶ Τήιοι καὶ πλείους ἕτεροι παρ’ ἑαυτοῖς ἀποφαίνονται τεκνωθῆναι. καὶ Τήιοι μὲν τεκμήριον φέρουσι τῆς παρ’ αὐτοῖς γενέσεως τοῦ θεοῦ τὸ μέχρι τοῦ νῦν τεταγμένοις χρόνοις ἐν τῇ πόλει πηγὴν αὐτομάτως ἐκ τῆς γῆς οἴνου ῥεῖν εὐωδίᾳ διαφέροντος. Sur Dionysos à Téos (infra, post-scriptum).

7 On retiendra les lettres d’Antigone à la cité au sujet du synœcisme avec Lébédos (303/2), l’attaque de pirates sur le territoire téien à la fin du iiie s. av. J.‑C. ou le dossier des rapports entre Antiochos III et Téos (203) et les inscriptions relatives à l’essor territorial de la cité à la fin du ive et au iiie s. M. Sartre a lui-même visité le site de Téos en juin 2005, en marge de la table ronde d’Istanbul sur le contrôle des nomades (Sartre 2009).

8 J’ai eu le bonheur et le privilège de suivre ces conférences alors que je commençais une thèse sous sa direction. Nombre de questions soulevées dans les pages qui suivent ont été l’occasion de discussions nourries à cette occasion dont j’ai tiré le plus grand profit. Ces pages sont un bien modeste hommage d’affection et de reconnaissance.

9 Robert L. & J. 1976, p. 160, sur le iiie s. av. J.‑C.

10 Polybe, XXI, 24, 7-8 (repris par Tite-Live, XXXVII, 55, 5-6) ; Tite-Live, XXXVII, 56, 2-6 (d’après une source annalistique romaine) ; Polybe, XXI, 46, 2-10 (repris par Tite-Live, XXXVIII, 39, 7-17). Sur la paix d’Apamée, voir la bibliographie réunie par Baronowski 1991, p. 451-452, n. 3.

11 Polybe, XXI, 46, 1-10.

12 Tite-Live, XXXVIII, 39, 3.

13 Tite-Live, XXXVIII, 39, 16.

14 Tite-Live, XXXVII, 56, 2. Voir Ferrary 2001, p. 94-96.

15 Tite-Live, XXXVII, 54, 2.

16 Polybe, XXI, 48, 6.

17 Polybe, XXI, 48, 7.

18 Polybe, XXI, 48, 6.

19 Polybe, XXI, 48, 6.

20 Polybe, XXI, 48, 6. Voir la lettre des Scipions gravée dans le sanctuaire de Claros (Sherk 1969, no 36, p. 219 ; Ma 2004, no 46, p. 421-423).

21 Au cours des années 180, la cité fut engagée dans des conflits territoriaux dans la basse vallée du Méandre. Le territoire de Priène fut ravagé par Ariarathe en 156/5 et Attale II avait également des griefs contre les Priéniens, cf. Polybe, XXXIII, 6, 1-9.

22 Tacite, An., III, 62. Magnésie bénéficia d’une décision extraordinaire des Scipions. Ferrary 2001, p. 95, note que de telles faveurs « pouvaient être accordées à des cités qui possédaient des sanctuaires prestigieux, jouissant d’un privilège d’asylie internationalement reconnu ». Voir également Ferrary 1988, p. 152.

23 Sherk 1969, no 35, p. 217-218 (lettre de L. Cornelius Scipion à la cité). Sur la reconnaissance de la liberté d’Héraclée, cf. Ferrary 1988, p. 153-156. Héraclée frappa des tétradrachmes avec une couronne, cf. Le Rider 2001, p. 43 et Psoma 2013, p. 270-271.

24 Polybe, XXI, 48, 5.

25 Amandry 1989 ; Le Rider 2001, p. 43. Voir également Ager 1998, p. 18-20. Bikerman 1937, p. 237, proposait au contraire de ranger Lébédos parmi les cités sujettes des Attalides, se fondant notamment sur l’épisode concernant les technites (Strabon, XIV, 1, 29), discuté infra.

26 Tite-Live, XXXVII, 44, 4 ; Ferrary 1988, p. 154.

27 Tite-Live, XXXVII, 45, 1.

28 Tite-Live, XXXVII, 21, 6-9.

29 Tite-Live, XXXVII, 21, 8-9.

30 Tite-Live, XXXVII, 27, 1-3.

31 Tite-Live, XXXVII, 28, 1-3, trad. J.-M. Engel, CUF, 1983.

32 Tite-Live, XXXVII, 29, 1-2.

33 Tite-Live, XXXVII, 28, 4-11 et 29, 1-7.

34 Tite-Live, XXXVII, 29, 7-9 et 30, 1-10.

35 Tite-Live, XXXVII, 31, 1-2.

36 Tite-Live, XXXVII, 31, 3-4.

37 Tite-Live, XXXVII, 31, 5. Voir également XXXVI, 45, 6 et XXXVII, 13, 7. Dans le même temps, avant de regagner leur île, les Rhodiens aidèrent les Romains à passer les Détroits où les attendait Eumène II (Tite-Live, XXXVII, 31, 6-7 et 33, 4).

38 Tite-Live, XXXVII, 31, 7-32, 14.

39 Tite-Live, XXXVII, 32, 14.

40 Sur ce Menippos, Tite-Live, XXXIV, 57, 6 sq. ; Diodore, XXVIII, 15, 2 sq. ; Appien, Syr., 6.

41 Syll.3, 601 ; IGR IV, 1557 ; Sherk 1969, no 34. Sur ce texte, cf. Famerie 2007. Le célèbre temple d’Hermogénès devait être achevé au moment de la visite d’Antiochos III, cf. Gros 1978 et Davesne 1987, mais la question reste débattue. Dans tous les cas, il n’y a plus lieu d’attribuer sa construction à une générosité attalide, comme le proposait Tomlinson 1963, p. 142. On retrouve cette idée dans Bringmann & von Stauben 1995, p. 504-505, no 445, suivis par Psoma 2013, p. 287 et n. 111.

42 Errington 1980 ; J. et L. Robert, Bull. 1981, 396.

43 Sur cette restriction, Ferrary 1988, p. 153, n. 89.

44 Welles 1934, no 53, p. 219-237 ; Le Guen 2001, I, no 47, p. 243-250.

45 Ruge, « Teos », RE XIX (1934), 551.

46 La question a été notamment reprise par Baronowski 1991.

47 Bikerman 1937, p. 237. Voir les remarques de Magie 1950, II, p. 958-959, n. 75.

48 Téos est ainsi considérée comme sujette des Attalides au iie s. dans la synthèse d’Errington 2008, p. 230-231, ou dans des études particulières comme celles de Herrmann 1965, p. 115 ; Savalli-Lestrade 2001, p. 79-80 ; Le Guen 2007, p. 250 (Le Guen 1997, p. 84 n. 42, était plus prudente : « une discussion sur le statut de Téos dans ces années-là (liberté ? soumission au pouvoir attalide ?) n’a pas sa place ici ») ; Meadows 2013, p. 190-191. Ferrary 1988, p. 153, n. 88, ne tranche pas la question mais apporte de très utiles remarques au problème ici envisagé. Notons enfin une exception remarquable, Brulé 1978, p. 99, qui, incidemment, relève que Téos est une cité libre après Apamée. Dans son appendice consacré au règlement d’Apamée, Ma 2004, p. 229-230, ne mentionne pas Téos.

49 Le Guen 2001, I, p. 24

50 Sur cette fonction, Chandezon 2000, p. 80-85.

51 Ager 1994, p. 10-11. Ph. Gauthier, Bull. 1995, 459, note malgré tout que l’exemple téien est « peu clair ».

52 Rien ne permet d’affirmer, comme le fait Errington 2008, p. 230, qu’il s’agit là d’un prostagma du roi qui s’impose aux deux parties.

53 Aristote, Prob. 30.10 Διὰ τί οἱ Διονυσιακοὶ τεχνῖται ὡς ἐπὶ τὸ πολὺ πονηροί εἰσιν (956b11). Cette réputation peut biaiser notre lecture des sources, comme le montre Le Guen 1997.

54 Le rôle des technites dans les Dionysia de la polis de Téos est moins clair. Celles-ci sont peut-être évoquées dans un passage mutilé de la lettre d’Eumène II (II C, 11). Thonemann 2011, p. 119, ne distingue pas la panégyrie des technites des Dionysia. Sur cette panégyrie du koinon, voir, outre RC, 53, I. Magnesia, 54 et 89, avec Ma 2007.

55 Le Guen 2001, I, p. 249, n. 720, sur les stratèges de Téos, qui auraient eu pour fonction de limiter l’autorité de la cité sujette, faisant un parallèle avec la supposée « fonction constitutionnelle » des stratèges de Pergame. Sur ces derniers, voir Müller 2003 (Ph. Gauthier, Bull. 2004, 268).

56 Gauthier 2006, p. 502.

57 Comme l’avance par ex. Errington 2008, p. 231.

58 Ma 2007, p. 223-226.

59 Milet I 3, 148, l. 15.

60 Si l’on accepte la restitution [Ἰασ]έων proposée par Robert 1984, p. 527 (= DAM, p. 515) et Errington 1989, p. 283, aux l. 13-14 du traité de paix entre Milet et Magnésie du Méandre (Milet I 3, 148). Crowther 1995 s’appuie sur cette hypothèse pour reconsidérer le statut d’Iasos après 188 : le premier nommé des ambassadeurs supposés iasiens est Apollonios fils de Nysios, qui peut être rapproché de l’épistate des prytanes d’un décret d’Iasos pour des juges de Clazomènes (SEG 41, 930).

61 La cité préserva son autonomie pendant la guerre antiochique. Dans le traité entre Milet et Magnésie du Méandre, les représentants de la cité sont même nommés immédiatement après ceux de Rhodes et d’Athènes (Milet I 3, 148, l. 8). Bresson 2003, p. 185, rappelle qu’il faut renoncer à « l’idée selon laquelle Cnide aurait connu une occupation militaire rhodienne, qu’on avait cru pouvoir tirer de la mention de phrourarques sur les timbres amphoriques cnidiens de la période », qui « ne repose sur rien », cf. Jefremov 1995, p. 50-58.

62 Polybe, XXI, 48, 4 et XXX, 5, 11 et 15 (expédition des Mylasiens associés aux Alabandiens contre les cités de l’Eurômide). Mylasa et Alabanda frappèrent des alexandres (ainsi que, pour Alabanda, une brève série de tétradrachmes à types personnels vers 185) entre 188 et 170, cf. Le Rider 2001, p. 40. Il faut dater le décret publié par Holleaux 1898, vers 80 av. J.‑C. (Bikerman 1937, p. 221, pensait que le citoyen honoré, Pyrrha[kos ?], s’était rendu auprès du Sénat en 188), cf. Willrich 1899 (suivi par Holleaux 1942, p. 152, et plus récemment par Marek 1988 [SEG 38, 1048], notamment p. 299-306, et par Gauthier 2005). Sur la liberté d’Alabanda, voir également Ferrary 1988, p. 153, n. 89.

63 Bikerman 1937, p. 238. Myndos frappa des tétradrachmes avec une couronne entre ca 160 et ca 140, cf. Le Rider 2001, p. 43.

64 Herrmann 1979, p. 242-249. La convention qualifie les Téiens d’« amis et de [parents] » des Temnitains. Cette parenté restituée n’est pas retenue par Curty 1995, p. 224, n. 3.

65 Je retiens la proposition de J. et L. Robert, Bull. 1980, 437, qui préfèrent [συν]τελεῖ à [ἐπι]τελεῖ proposé par Herrmann 1979.

66 Robert 1934a, p. 285-286 (= OMS II, p. 1184-1185).

67 Boulay 2014, p. 215.

68 SEG 28, 697 ; Ager 1997, no 15. La gravure de cette stèle de marbre, découverte en 1935 à l’Asklépiéion de Cos, permet de placer cet arbitrage vers la fin du ive s.

69 L’éditeur proposait Colophon, mais Ager 1991 (Ph. Gauthier, Bull. 1992, 392) a montré qu’il s’agissait plus vraisemblablement de Téos.

70 Ager 1991, p. 93.

71 Ager 1991, p. 94-96.

72 Syll.³ 656 (IGR IV 1558) avec Herrmann 1971. Les arguments de Chiranky 1982 pour une datation basse (ca 90, suivie par Eilers 2002, p. 114-119 et C 101, p. 238-239, ainsi que par Savalli-Lestrade 2012, p. 175), sont rejetés par Manov 2002 (en bulgare avec un résumé en anglais, SEG 52, 1162), qui revient à l’identification du roi Κότυς (L. 7) avec le roi Odryse (ca 184-166 bc) et à la datation traditionnelle, ca 167/6 (également adoptée dans I.Aeg.Thrace E 5, p. 191-194), que retenaient également Robert L. & J. 1976, p. 212-213. Voir en dernier lieu Bloy 2012, qui montre que le terme de πάτρων renvoyait alors à une véritable fonction de médiateur et n’était seulement honorifique. Voir également les arguments de Marek 1997. Ferrary 1997, p. 209, ne tranche pas la question de la date de Syll.³ 656.

73 Tite-Live, XLIII, 4, 8.

74 Marek 1997, p. 169-177 (SEG 47, 1646 ; Ph. Gauthier, Bull. 1998, 352, qui exprime quelques réserves) ; Boulay 2014, p. 382‑383.

75 Voir les remarques en ce sens de Dragoumis 1895.

76 Robert L. & J. 1976, p. 212-213, n. 237, qui ajoutaient : « nous publierons un autel inédit avec la mention [Διονύ]σου [Μου]σῶν, à quoi on ajoutera bien plus tard : Ῥώμης καὶ Πίστεως, cf. Laodicée du Lycos, 321, n. 7 ».

77 Gauthier 1972, p. 281, n. 204.

78 Gauthier 1972, p. 275.

79 Gauthier 1972, p. 274-282. Aptèra est la seule des cités crétoises énumérées infra à ne pas accorder l’isopoliteia, l’enktèsis de la terre et des habitations et l’atéléia aux Téiens. Brulé 1978, p. 99, explicite les privilèges concrets que les Téiens pouvaient attendre de l’isopolitie : elle « ouvre l’accès aux tribunaux de la cité contractante et leur permet d’y obtenir réparation et restitution des saisies. Efficace pour les étrangers, l’isopolitie est du même coup une dissuasion contre les éventuels pirates de la cité qui ne bénéficient plus chez eux de cette tolérance inavouée que nous avions observée un demi-siècle plus tôt. Ils peuvent être démasqués autant chez eux qu’à Téos. » L’étude de Kvist 2003 (cf. les remarques d’A. Chaniotis, SEG 53, 932 et 1336bis), va dans le même sens. Les Crétois abandonnent leur terrain de chasse pour gagner de nouveaux alliés.

80 SGDI 5185 ; I. Cret. I 5 Arcade 53 (Curty 1995, no 43n, p. 100-101 ; Rigsby 1996, no 159, p. 322‑324).

81 SGDI 5183 ; I. Cret. I 6 Biannos 2 (Curty 1995, no 43l, p. 99-100 ; Rigsby 1996, no 156, p. 319‑321).

82 SGDI 5184 ; I. Cret. I 19 Malla 2 (Curty 1995, no 43m, p. 100 ; Rigsby 1996, no 157, p. 321‑322).

83 SGDI 5181 ; I. Cret. II 3 Aptera 2 (Curty 1995, no 43j, p. 96-98 ; Rigsby 1996, no 154, p. 316‑318).

84 SGDI 5182 (Curty 1995, no 43k, p. 98 ; Rigsby 1996, no 155, p. 318‑319).

85 I. Cret. II Hyrtakina 2, avec Robert 1927, p. 97-99 (= OMS II, p. 1052-1053). Cf. Curty 1995, no 43o, p. 101-102 ; Rigsby 1996, no 160, p. 324.

86 Béquignon & Laumonier 1925, p. 303-305, no 2 (Curty 1995, no 43p, p. 102 ; Rigsby 1996, no 161, p. 325).

87 SGDI 5186 ; I. Cret. I Cnossos 11, cf. Chaniotis 1988, p. 348-349.

88 SGDI 5187 ; I. Cret. I Priansos 12, cf. Chaniotis 1988, p. 348-349.

89 Capdeville 1997, p. 304-305 et n. 188.

90 IGSK 41 Knidos, 802 (Rigsby 1996, no 158, p. 322).

91 Brulé 1978, p. 99-100, avec traduction du passage du décret d’Aptèra, ici reproduite, modifiée.

92 Ainsi Magie 1950, II, p. 958-959, n. 75 et Bernhardt 1971, p. 62-63.

93 Gallis 1972 (cf. J. et L. Robert, Bull. 1973, 240) ; Daux 1975 ; Curty 1995, p. 37-8, no 19. Cf. Crowther 1997, p. 355‑356.

94 IGSK 4 Assos, 9. Assos, voisine d’Alexandrie de Troade, fut manifestement reconnue libre après Apamée. La cité frappa, comme ses voisines, des alexandres entre ca 188 et ca 180, cf. Le Rider 2001, p. 40. Ptolémée VIII Évergète, qui passa par Assos, rapporte dans ses Hypomnemata que le roi Eumène II y achetait des sangliers énormes au prix exorbitant de 4 000 drachmes pièce, cf. Athénée, IX, 375b (FGrHist 243 F 10). Les Attalides ont peut-être financé la construction de deux portiques sur l’agora, cf. Kosmetatou 2001, p. 123 et n. 48.

95 I. Magnesia, 104.

96 Milet I 3, 154, avec L. Robert, OMS I, p. 48, n. 2.

97 Milet I 3, 153.

98 Milet I 3, 152a.

99 Gonnoi II, 81.

100 IGSK 1 Erythrai, 111 ; I. Priene, 50.

101 IGSK 1 Erythrai, 122 (avant 167).

102 IGSK 1 Erythrai, 121.

103 IGSK 36.1 Tralleis, 23 (entre 182 et 159).

104 IGSK 28.2 Iasos, II, 609.

105 IG IX 2, 507 ; Crowther 1997, p. 355-357 (SEG 47, 744).

106 IGSK 34.2 Mylasa, 631 ; IGSK 36.1 Tralleis, 22.

107 IGSK 34.2 Mylasa, 632, 633 et 635.

108 IGSK 23.2 Smyrna, 579, 580 et 583.

109 IGSK 34.2 Mylasa, 634.

110 CIG 3568f ; Michel 1900, no 542. Sur la date (iie s.), Robert 1934b, p. 525 (= OMS III, p. 1574), qui hésite entre deux villes pergaméniennes ou de la province d’Asie.

111 Hamon 2010, p. 372, n. 58, relève justement ce décret de Peltai pour rappeler que « les cités du royaume attalide avaient couramment recours à des juges étrangers, et ne se distinguaient pas sur ce point des cités libres ». On peut cependant ajouter qu’elles invitaient des juges d’une autre cité sujette.

112 Gauthier 2006.

113 OGIS 309 avec Robert 1937, p. 9-20.

114 Ma 2004, p. 192-193. Sur les similitudes entre les honneurs votés pour Apollonis et ceux votés pour Laodice, cf. Herrmann 1965, p. 61‑62.

115 Comme le note Jones 2011, p. 50, n. 34. Voir à ce sujet Ma 2004, n. 10, p. 307.

116 OGIS 246, voir en dernier lieu SEG 35.1521. Cf. Del Monte 1995 à propos du Séleucos de la l. 4 de l’inscription, fils d’Antiochos Ier emporté par une épidémie en 267 av. J.‑C. Bikermann 1938, p. 149‑152, qui voyait dans Téos une cité sujette des Attalides, refusait de voir dans cette liste une inscription téienne et préférait penser à une pierre errante venue de Phénicie. Voir les objections raisonnables de Herrmann 1965, p. 149-152 (J. & L. Robert, Bull. 1969, 502). Je remercie vivement Christopher P. Jones qui a attiré mon attention sur cette question importante.

117 Debord 2003, p. 289 : « Pourquoi des souverains qui n’ont jamais régné sur l’Anatolie sont qualifiés de théoi comme leurs prédécesseurs. Est-ce une « survivance » ou plutôt un phénomène individuel (culte privé par ex. ?). Il faut aussi tenir compte d’une réaction typiquement grecque : plus une donnée est ancienne et plus elle est sacrée et doit donc être conservée ou restaurée ». Dans un autre contexte, il semble que l’autel dédié à trois reines lagides divinisées (Bérénice Ire, Arsinoé II et Cléopâtre Théa ou Cléopâtre VI Tryphaena) et la reine régnante Cléopâtre VII, vers 33-32, par Kratéia fille de Pythéos (ou Pythéas), dans un lieu public entre le sanctuaire de Dionysos et l’agora, jugé compromettant, ait été réutilisé dans une autre construction, cf. Jones 2011, p. 51.

118 J. & L. Robert, Bull. 1969, 502. Sur le graffito d’Antiochos III (un faux d’époque romaine ?) retrouvé près de Téos (SEG 27, 834), Ma 2004, p. 211.

119 Voir Mastrocinque 1984 qui argumente pour un culte privé. Chrubasik 2013, p. 115, laisse la question ouverte.

120 Les associations offrent un complément à la vie religieuse de la cité et reçoivent souvent une reconnaissance officielle de celle-ci, cf. les actes réunis par Dasen & Piérart 2005 qui permettent de dépasser cette dichotomie entre sphères privée et publique. Sur les associations téiennes, Boulay 2013.

121 Sur la domiciliation à Téos du collège, cf. Schwarzer 1999 suivi par Müller & Wörrle 2002, p. 196-202, contra Le Guen 2007.

122 Price 1991, no 2313 et 2314, suivi par Le Rider 2001, p. 40.

123 Le Rider 1973, p. 273, qui plaçait toutes ces émissions avant Apamée, en 204-203 et 189, avant d’adopter la chronologie de Price. Voir également Meadows 2013, p. 173, et Psoma 2013, p. 267 et 298. Sur les symboles téiens figurant sur les tétradrachmes de l’atelier de Téos, cf. Davesne 1987 et infra.

124 Mattingly 1993 (CH VI 37 = VII 98 = VIII 433), cf. De Callatäy 2013, p. 232, n. 88.

125 Herrmann 1979. La lettre d’Eumène II à la cité, qui se rapporte à un possible transfert de terres royales à la cité (Welles 1934, no 47, p. 194-197) ne doit pas être surinterprétée. Son état très fragmentaire n’autorise aucune conclusion ferme.

126 Thonemann 2013.

127 Meadows 2013, p. 189-191.

128 Lorber & Hoover 2003.

129 Sur la provenance probable de ce tétradrachme, découvert dans un trésor contenant nombre de tétradrachmes à couronnes de Myrina, Lorber & Hoover 2003, p. 62, n. 23, et Psoma 2013, p. 273.

130 Lorber & Hoover 2003, p. 64 : « The Teian ivy wreath borders and the border of our tetradrachm both contrast with the ivy wreaths on contemporary cistophoric tetradrachms (light tetradrachm of c. 12.60 g produced for use within the Attalid kingdom) in that they do not include berries among the leaves (Pl. 17, 13) ; but the leaves on the civic bronzes are larger than those on the tetradrachm, where both the stems and the sinuous stalk itself are visible. However, the ivy wreath that appears as a mintmark on some posthumous Alexanders (Pl. 17, 11) issued by Teos in the period c. 204-190 bc is very similar to that which adorns the reverse of the tetradrachm struck in the name of the Dionysiac artists. »

131 Psoma 2007 et 2008, p. 236-237.

132 Ce synœcisme semble même avoir servi les intérêts téiens. Les décrets de Cnossos et Priansos pour Hérodotos et Ménéklès (SGDI 5186 et 5187) indiquent en effet que la cité profita des talents des technites pour appuyer ses démarches diplomatiques. Le décret de Cnossos précise que les deux hommes « ont exécuté plusieurs fois publiquement, accompagnés à la cithare, des morceaux de Timothée et Polyidos et de nos anciens auteurs (l. 8‑9). À Priansos, ils ont apporté un « cycle de récits sur les Crétois et sur les dieux et héros nés en Crète, en ayant constitué le recueil d’après beaucoup de poètes et d’historiens (l. 9‑12) ». Les deux hommes appartenaient manifestement au koinon des technites. Je me démarque de l’interprétation de Thonemann 2011, p. 119-120, qui pense au contraire que ce monnayage, « perhaps produced at the Tean mint, should be understood as part of the continued attempts of the Dionysiac artists —energetically resisted by the Teans— to control as much as possible of the economic activity surrounding the Dionysiac panegyris at Teos ». Comment l’atelier monétaire de la cité aurait-il pu prêter son concours aux entreprises des technites contre la volonté des autorités téiennes ?

133 Psoma 2007, p. 248-249.

134 Psoma 2013, p. 277-278, suivant l’hypothèse formulée par Hoover & MacDonald 1999-2000, p. 114-116, après Kinns 1987, p. 107 : « I would suggest that all these issues were produced under Attalid supervision, more often than not with Attalid-supplied silver, and that to a large extent they represent the currency used by the Pergamene kingdom in overseas transactions, from which the cistophori were excluded. The great hoards of these coins discovered in Syria and Cilicia may have got there through trade, particularly the slave trade, but they may also have sent direct as subsidies to the pretender Alexander Balas, who was very much a creature of Attalus II. » De Callatäy 2013, p. 235-236, opte également pour l’hypothèse militaire, l’importance des émissions de Myrina ou Kymè, étant, selon lui, sans commune mesure avec l’importance commerciale de ces cités. Il me semble que ce point de vue doit être nuancé, si l’on considère l’arrière-pays de ces deux cités. Les recherches du programme de recherche pluridisciplinaire franco-turc sur la cité et son territoire, initié en 2010, « Myrina, cité de l’Éolide » (J.‑L. Martinez et S. Verger), devraient permettre d’en savoir davantage (prospections, étude de géomorphologique de l’embouchure de l’Hermos, des évolutions de la ligne de côte et des installations portuaires).

135 Voir la position mesurée qu’adoptait Le Rider 2001, p. 50-51 : « la continuité monétaire des cités autonomes d’Asie Mineure semble indiquer qu’il est inutile de supposer que, après 188, leur monnayage aurait été suscité par le roi de Pergame, ou, après 168, par les Romains. Quelques villes ont probablement frappé des tétradrachmes assez régulièrement. D’autres, on peut le présumer, ont produit leurs tétradrachmes dans certaines occasions seulement, ce qui expliquerait le caractère épisodique de plusieurs des numéraires. En ce qui concerne le roi de Pergame, il me paraît peu vraisemblable qu’il ait été amené à recourir aux bons offices des cités libres pour les paiements qu’il avait à faire en monnaies de poids attique. Il semble bien, d’une part, qu’il ait frappé lui-même, parallèlement aux cistophores, quelques tétradrachmes de ce poids (des “philétaires”), auxquels il convient d’ajouter l’émission exceptionnelle au portrait et au nom d’Eumène II ayant au revers les Dioscures entourés d’une couronne de laurier (…) nous avons d’autre part de bonnes raisons de penser que l’atelier d’Éphèse, en plus des cistophores, produisait à cette époque des drachmes d’argent de poids attique et on a conjecturé que cet atelier avait émis, en outre quelques statères d’or selon cet étalon. Enfin, Eumène et ses successeurs pouvaient réserver à leurs transactions externes une part des tétradrachmes d’étalon attique qui arrivaient aux frontières de leur royaume et que les marchands étrangers étaient tenus d’échanger contre des cistophores pour leurs achats sur le territoire pergaménien. »

136 Polybe, XXXIII, 15, 1-2, 18, 5-14 ; Diodore, XXXI, 32a ; Appien, Syr., 67 ; Tite-Live, Per., 52, Strabon, XIII, 4, 2 ; Justin, Epit., XXXV, 1, 5-11. Voir Will 19822, p. 373-376, et Sartre 2001, p. 374‑375.

137 Strabon, XIV, 1, 29.

138 Sur les tribulations des technites d’Ionie et de l’Hellespont, voir Robert 1984, p. 495-496 (= DAM, p. 483-484), qui suppose que les technites de Dionysos Kathègémôn se seraient établis à Élaia, contra Le Guen 1997 (avec Ph. Gauthier, Bull. 1998, 349).

139 Pergame possédait également une enclave entre les territoires de Myrina et de Kymè, le cap Hydra.

140 De Callatäy 2013, p. 235, évoque « a phenomenon highly controlled at a higher level ». Lorber & Hoover 2003, p. 63, envisagent même le versement d’une syntaxis au royaume, pour soutenir l’effort de guerre du prétendant ! Quelle que soit la nature des incitations venues du royaume attalide, et sans nier l’importance des bienfaits de la dynastie envers les cités libres de la côte ni la protection militaire que le royaume leur offrait, il serait préférable de parler, le cas échéant, de rencontre d’intérêts.

141 Voir Duyrat 2011, p. 425.

142 Seyrig 1973, p. 76. Voir également Jones 1979 et Sacks 1985, p. 26-29.

143 Le Rider 2001, p. 54-58.

144 Voir le bilan historiographique nuancé de Duyrat 2003, p. 181.

145 De Callatäy 2013, p. 232-236. Voir Marcellesi 2010, p. 200 : « En réalité, il faut distinguer plus nettement les raisons de la frappe et la diffusion des monnaies. La diffusion des tétradrachmes à la couronne dans le royaume séleucide correspond à celle de la plupart des numéraires d’étalon attique à l’époque hellénistique. Le phénomène en lui-même ne paraît pas exceptionnel. Quant à la frappe elle-même, l’importance de la production pour les cités considérées comme peu importantes a étonné ; cependant, ces cités portuaires de la côte égéenne de l’Asie Mineure, au cœur des réseaux d’échanges du monde hellénistique, avaient frappé auparavant des alexandres. Il faudrait mener une comparaison systématique entre la production des alexandres et celle des tétradrachmes à la couronne pour mesurer l’évolution. Le passage aux types civiques peut s’expliquer par le déclin des royautés et a pu répondre simplement à la volonté des cités d’affirmer brillamment leur indépendance confirmée à Rome au traité d’Apamée. Quoi qu’il en soit, les tétradrachmes à la couronne ne font pas véritablement partie de l’histoire monétaire du royaume attalide. »

146 Kinns 1987, p. 107.

147 LW 106, cf. Boulay 2013, no 1, p. 254.

148 Farnell 1909, p. 283, no 28. Cf. Sartre 1989, p. 470-471, qui relève d’autres épiclèses de Dionysos, « dieu du renouveau végétal », en Ionie (Briseus à Smyrne et Phléos à Éphèse). Sur le blé sètaneios, semé et récolté dans l’année, et le pain que l’on produit avec, cf. Théophraste, HP, VIII, 2, 3 ; Dioscoride, De materia medica, 2.107 ; Suda s.v. « σητάνειος· ἄρτος » (pain de l’année). Cf. également les σητάνια μῆλα mentionnées dans Athénée III, 81a.

149 Daraki 1985, p. 50.

150 J. & L. Robert, Bull. 1969, 496. Sur les offrandes périodiques de prémices, voir également Chaniotis 2007 selon lequel ce transfert de rite, de la déesse Déméter au roi, assimile ce dernier à un « dieu de la récolte ». Sur l’offrande des prémices dans le contexte dionysiaque, voir Daraki 1985, p. 57‑58.

151 Voir Jaccottet 2003, II, p. 228, avec références.

152 Robert 1976, p. 187 (= OMS V, p. 341), n. 22. On conserve une dédicace des stratèges téiens à la famille impériale, le peuple d’Airai (?) et Dionysos Kathègémôn (Pottier & Hauvette-Besnault 1880, p. 169-70, no 24).

153 Le Guen 2001, I, no 47, p. 225 et n. 451. Ajouter à cette remarque les compétitions musicales à Téos (CIG 3089 et 3090), avec Ceccarelli 2013, p. 166‑167.

154 Voir supra n. 76. Je remercie Angelos Chaniotis qui m’a indiqué qu’un comma devait impérativement être placé après [Διονύ]σου, Μουσῶν ne pouvant ici être interprétée comme une épithète. Le génitif était en effet très fréquemment employé pour marquer la propriété d’un dieu sur un monument, cf. Robert 1966, p. 203. L’épithète Μουσῶν est connue pour Héraclès, cf. les inscriptions sur les sigillées d’Arrezo (Ἡρακλῆς Μουσῶν), IG XIV, 2406, 28, 30, 34, 43-46 ; IG XIV, 2577, 3 et SEG 45, 1434 (époque augustéenne). Voir Heslin 2015, p. 239 (et la question du sanctuaire d’Hercules Musarum). Sur l’association d’Héraclès aux Muses à Ambracie et le groupe statuaire pillé par Fulvius (Polybe, XXI, 27-28 et 30 ; Pline, Histoire Naturelle, XXXV, 66 ; Ovide, Fastes, VI, 812), cf. Heslin 2015, p. 202‑211.

155 Apollodore, Bibliothèque, III, 4, 3 ; Sophocle, Œdipe roi, 1105-1107. Cf. Plutarque, Propos de table, VIII, 1 (716f‑717a), la quête de l’enfant Dionysos dans les Agrionies béotiennes, rappelant la fuite du dieu et son refuge chez les Muses, avec les éclairages de Bonnechère 1994, p. 181‑225.

156 Daraki 1985, p. 34 ; voir également les pages stimulantes de Jiménez San Cristóbal 2013, p. 285‑288.

157 Diodore de Sicile, IV, 4, 3. Voir également son explication de la genèse des associations de technites (IV, 5, 4-5).

158 À Mégare, cf. IG VII, 36, associant Apollon Μουσεῖος aux Muses, à César divinisé et à Auguste.

159 IG XII 5, 46.

160 Pugliese-Carratelli 1939-1940, p. 165, no 19 (iiie s. av. J.-C. ?). Sur l’association des Muses et de Dionysos, voir également I. Pergamon, VIII 1, 184 (avec VIII 2, p. 509) et VIII 2, 317 ; ID 1959. À Dion, une association (synodos) des Mousaistai offre une statue du roi Persée « pour sa piété envers les Muses et Dionysos » (Pandermalis 1999), cf. A. Chaniotis, EBGR 1999, 178. Quand, dans une lettre gravée à Cos, Sylla confirme (ca 84-81) les privilèges des technites, il le fait par respect « pour Dionysos et les muses » (Sherk 1969, no 49 ; IG XII 4, 252). À Cos même, il existait une procession pour Dionysos et les Muses. À Camiros, le prêtre de Dionysos célébrait des sacrifices aux Muses et à Mnèmosynè (Segre 1951, p. 144-145, 6, vers 200 av. J.‑C.).

161 Pausanias, I, 2, 5. À Delphes, Διθύραμβος apparaît comme une épiclèse de Dionysos à l’ouverture du Péan à Dionysos de Philodamos de Skarphéia (FD III 2, 137, ca 340 av. J.‑C.), cf. Ceccarelli 2013, p. 157. Dans ce même Péan, les Muses deviennent Ménades, entonnant un chant pour le dieu. Selon Platon, Lois, 653d et 672d, l’homme doit la perception de l’harmonie et du rythme des Muses, d’Apollon et de Dionysos. Chez Nonnos de Panopolis, les Muses sont dites Κορυβαντίδες, « de la terre des Corybantes » (XIII, 46) ou « des thiases » Θιασώδεες (XV, 70). On les voit également brandir le thyrse (XXV, 1).

162 I. Priene, 174, l. 17.

163 Anacreonta, 42.2, cf. Lambin 2002, p. 189 (le texte porte λυσιπαίγμων, « qui donne toute liberté au jeu », et plusieurs corrections ont été envisagées : λυσιπήγμων, « qui délivre des maux », φιλοπαίγμων, « qui aime à jouer », adopté par West 1984, et donc λυροπαίγμων). Une autre ode attribuée à Anacréon et célébrant le vin débute ainsi : « Quand je bois du vin, la joie descend dans mon cœur et je me mets à célébrer les Muses », Ὅτ’ ἐγὼ πίω τὸν οἶνον, τότ’ ἐμὸν ἦτορ ἰανθέν <μέλος> ἄρχεται λιγαίνειν, <ἀναβάλλεται δὲ> Μούσας (Anacreonta, 50.1-4, éd. West 1984). Voir également Himerius, Or. 47.1-2. La lyre est omniprésente dans ces textes de même que son association à Dionysos. Sur les monnaies téiennes, on retrouve régulièrement un joueur de lyre dans lequel on voit tantôt Dionysos tantôt Anacréon (Davesne 1987). La cithare est également un symbole dionysiaque à Téos. On considère habituellement que Dionysos préside aux instruments à vents et à percussion, mais Restani 1991 a montré que dans l’iconographie du dieu, Dionysos emploie des instruments à corde (lyre, cithare ou harpe) tandis que les instruments à percussion (crotales, cymbales) sont dévolus aux Ménades. Selon Lucien, De la danse, 22, c’est par la musique et la danse que Dionysos a vaincu les Indiens. Sur Dionysos Αὐλωνεύς ou Χορεύς, cf. Farnell 1909, p. 143. Sur la musique dionysiaque, le rôle des instruments dans la grande fresque de la villa des Mystères à Pompéi et leur intégration dans la chronologie du mythe de Dionysos, voir Sauron 2001.

164 Sur l’installation des technites à Téos (voir SEG 2, 580 : octroi d’un terrain financé en partie par la cité et en partie par le roi attalide), sans doute peu de temps avant Antiochos III, cf. Herrmann 1965, p. 102 n. 105 (cf. J. & L. Robert, Bull. 1969, 501). Le paidonomikos nomos, qui fait suite à la fondation de Polythrous pour l’éducation des enfants libres de la cité (Syll.3 578, fin du iiie s. av. J.‑C.), précise que quiconque entraverait la justice devrait verser une amende de 20 000 drachmes dont la moitié « serait consacrée à Hermès, à Héraclès et aux Muses » (l. 57‑58). Un enseignement de cithare et de lyre était notamment prévu pour des enfants et des éphèbes désignés par le paidonome (l. 16‑20). De même que la fontaine de Castalie était consacrée à Apollon et aux Muses, la fontaine miraculeuse de Téos évoquée par Diodore (supra n. 6) était peut-être consacrée à Dionysos et aux Muses.

165 Il n’est pas inutile pour notre propos de rappeler ce distique élégiaque de Solon, que Plutarque cite dans son Dialogue sur l’amour (751e), et qui sied à l’honorandus : « Maintenant je me plais aux travaux de la déesse née de Chypre, de Dionysos et des Muses qui apportent la joie aux hommes », ἔργα δὲ Κυπρογενοῦς νῦν μοι φίλα καὶ Διονύσου καὶ Μουσέων, ἃ τίθησ’ ἀνδράσιν εὐφροσύνας (Plutarque, Vie de Solon, 31 ; Solon, Fragment 26, éd. West 1972).

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Table des illustrations

Titre Figure 1.
Légende Tétradrachme de poids attique au nom des technites dionysiaques (ca 170-155 ?)
Crédits d’après Lorber & Hoover 2003.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/syria/docannexe/image/7156/img-1.jpg
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Titre Figure 2.
Légende Drachme de Téos (ive s. av. J.-C.)
Crédits BMC Ionia, Teos 26.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/syria/docannexe/image/7156/img-2.jpg
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Pour citer cet article

Référence papier

Thibaut Boulay, « La liberté de Téos et le soutien d’Attale II à Alexandre Balas »Syria, 95 | 2018, 133-154.

Référence électronique

Thibaut Boulay, « La liberté de Téos et le soutien d’Attale II à Alexandre Balas »Syria [En ligne], 95 | 2018, mis en ligne le 01 mai 2021, consulté le 21 mars 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/syria/7156 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/syria.7156

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Thibaut Boulay

EA 6294 LEA Institut Universitaire de France, Université de Tours François-Rabelais

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