Navigation – Plan du site

AccueilSuppléments à SyriaHS IVLa voix de la terre : fouilles et...La vallée du Ghab du Bronze ancie...

La voix de la terre : fouilles et prospections

La vallée du Ghab du Bronze ancien à l’époque ottomane : résultats sommaires de la prospection syro-canadienne (2004-2006)

Michel Fortin
p. 281-301

Résumés

Présentation sommaire des résultats obtenus lors des deux campagnes de prospection, menées par une mission syro-canadienne en 2004 et en 2006, d’une portion de la moyenne vallée de l’Oronte, la vallée du Ghab. Après un rappel des explorations antérieures et la justification de la présente prospection, quelques sites représentatifs des périodes du Bronze ancien et du Bronze moyen, du Bronze récent (le problème de datation des sites de cette période pour la région concernée est évoqué), des âges du Fer (période au cours de laquelle la vallée aurait été la plus intensément occupée), des périodes dites « classiques » et même « récentes » (islamique et ottomane). Certains des sites les plus représentatifs font l’objet ici d’une courte description illustrée et des cartes de distribution des sites par période sont présentées.

Haut de page

Texte intégral

  • 1 La composante syrienne de cette équipe était dirigée par Michel Al-Maqdissi (directeur du service d (...)

1En juin 2004, une mission syro-canadienne 1 a été officiellement créée afin de réaliser une prospection archéologique d’une partie de la moyenne vallée de l’Oronte, la vallée du Ghab, depuis le château-fort islamique de Cheyzar, au sud, jusqu’à Jisr al-Shogour, au nord. Ce secteur de la vallée, délimité à l’ouest par les contreforts du Djebel Ansariyé et à l’est par la crête du plateau formant le Massif Calcaire, représente une superficie totale d’environ 1 400 km2 : 68 km (N-S) x 15-35 km (E-O). Toutefois, c’est surtout sur la zone méridionale de la vallée du Ghab qui s’étend dans un rayon de 30 km immédiatement autour du site de Tell ʿAcharneh que portèrent nos efforts (fig. 1).

Figure 1.

Figure 1.

Les zones prospectées en 2004 (250 km2, en réalité, la limite orientale de la zone prospectée s’arrête à Cheyzar) et en 2006 (300 km2). Sur les 102 sites localisés, 54 ont été visités dans le cadre de la prospection de la mission syro-canadienne.

© Mission archéologique de Tell ʿAcharneh

  • 2 Deschamps 1973.
  • 3 Van Liere 1960-1961, 1966.
  • 4 Van Liere 1963.
  • 5 Courtois 1972, 1973, p. 62-81.
  • 6 Sanlaville et al. 1993.

2Les vestiges archéologiques de la moyenne vallée de l’Oronte ont attiré l’attention des archéologues dès 1936 alors que P. Deschamps 2 répertoria tous les châteaux-forts islamiques et francs de l’époque des Croisades localisés sur les hauteurs bordant la vallée. Puis, dans les années 1960, des sites du Paléolithique furent identifiés par W. J. Van Liere 3 dans le cadre d’une étude géomorphologique de la vallée ; ce dernier 4 s’était aussi montré préoccupé par la relation entre l’environnement et les modes d’établissement durant les âges du Bronze et du Fer. Cependant, la première véritable prospection archéologique de la moyenne vallée de l’Oronte fut menée par J.-C. Courtois 5, pour la vallée du Ghab en particulier, en septembre 1970 ; en raison de sa brièveté, quinze jours seulement, elle fut incomplète d’autant que J.-C. Courtois ne répertoria que les sites des IIIe et IIe millénaires. Plus tard, enfin, en 1977 et 1988, une équipe de la Maison de l’Orient à Lyon dressa l’inventaire des sites du Paléolithique dans le cadre d’une étude géomorphologique de la vallée 6.

  • 7 Fortin 2006a2.
  • 8 Klengel 1995 ; Goren, Finkelstein & Naʾaman 2002, p. 202, 2003, p. 9 ; Archi 2010a, p. 38, au Bronz (...)
  • 9 Thureau-Dangin 1933 ; Frame 2006.

3En entreprenant les fouilles à Tell ʿAcharneh en 1998 7, il m’est apparu évident qu’il fallait entreprendre une prospection systématique et exhaustive de la plaine du Ghab autour de Tell ʿAcharneh afin de bien comprendre le rôle joué par ce site dans cette région de la Syrie intérieure, notamment durant les périodes des âges du Bronze et du Fer puisque la ville antique qui s’élevait à l’emplacement de Tell ʿAcharneh, à l’âge du Bronze, pourrait être identifiée à Tunip, citée dans plusieurs textes anciens des âges du Bronze 8. À l’âge du Fer, cette ville, devenue araméenne, se serait attirée l’ire de Sargon II dans sa répression d’un soulèvement d’une coalition de villes araméennes de l’Oronte, comme en fait foi une stèle commémorative retrouvée à Tell ʿAcharneh avant le début de nos travaux 9.

  • 10 Fortin 2007a-b ; Fortin & Cooper 2014.
  • 11 Les cartes du présent article sont dues à Espartaco Carrera (fig. 2, 15, 21, 26, 35, 40 et 43) ; l’ (...)

4À ce jour, deux courtes saisons de prospection seulement ont eu lieu : une première, d’une durée de deux semaines en juin 2004, et une seconde, qui s’étala sur une période de trois semaines en juin 2006 (fig. 1). En somme, seules cinq semaines de prospection ont été réalisées jusqu’à maintenant. Les résultats sont par conséquent très préliminaires 10. Nous pouvons néanmoins avoir un aperçu du réseau de distribution des sites de la vallée du Ghab que nous avons prospectés pour chaque période chronologique 11.

Âge du Bronze ancien

5Au cours de notre prospection, nous avons identifié 18 sites comme appartenant à l’âge du Bronze ancien (fig. 2).

Figure 2.

Figure 2.

Carte de distribution des (18) sites de la vallée du Ghab durant l’âge du Bronze ancien

© E. Carrera

  • 12 Courtois 1973, p. 97-99.

6Ce nombre élevé de sites indique clairement une occupation plutôt dense du territoire de la vallée du Ghab à cette époque ou, devrait-on dire, à partir de cette époque. En effet, tous ces sites sont occupés pour la première fois au Bronze ancien : aucun d’entre eux ne présente une continuation d’occupation avec le Chalcolithique ou le Néolithique. De fait, l’occupation du territoire au Néolithique et Chalcolithique est très éparse ; elle contraste avec la densité de l’occupation de la vallée au Bronze ancien. Nous pouvons en conclure que l’occupation de la vallée du Ghab au début de l’âge du Bronze reprend intensément et sur de nouvelles bases. De fait, notre prospection est venue confirmer ce que J.-C. Courtois avait déjà constaté en 1970 12, à savoir que la moyenne vallée de l’Oronte connut une densification soudaine de son peuplement à l’âge du Bronze.

  • 13 Kafafi 2011.
  • 14 Fronzaroli 2003a, p. 124.

7Pouvons-nous parler d’un épisode de peuplement intense du territoire marqué par l’établissement d’agglomérations d’importance : une phase d’urbanisation selon un modèle propre au Levant 13 ? Cette observation s’accorderait avec certains textes de la fin du IIIe millénaire découverts à Ebla qui semblent indiquer que la moyenne vallée de l’Oronte aurait alors été occupée par une confédération tribale formée de seigneurs venus « de la steppe », « du canal » et « des réservoirs à eaux », qui auraient gouverné ensemble, sans aucune forme d’autorité politique unificatrice et suprême ; l’urbanisation de la vallée n’aurait été alors que partielle 14.

  • 15 Yasuda, Kitagawa & Nakagawa 2000, p. 134. Si on rajeunit d’environ 3 500 ans les datations au radio (...)
  • 16 Miller 2008b, p. 940.
  • 17 Niklewski & Van Zeist 1970 ; Van Zeist & Woldring 1980, p. 117-120 ; Van Zeist & Bottema 1991, p. 1 (...)
  • 18 Riehl, Bryson & Pustovoytov 2008.
  • 19 Finné et al. 2011.
  • 20 Dussaud 1927, p. 196-198 ; Weulersse 1946, p. 204.
  • 21 Fortin, Geyer & Al Dbiyat 2005.

8Notre observation d’une soudaine occupation de la vallée du Ghab au Bronze ancien s’accorderait également avec les résultats d’une récente étude pollinique qui situe au début de cette période une déforestation de la moyenne vallée de l’Oronte — qui était couverte d’une forêt de chênes à feuilles caduques avec des fougères —, suivie d’une mise en culture de ses basses terres : plantations d’oliviers et de champs de blé 15, voire de la vigne 16 et d’autres arbres fruitiers 17, qui se poursuivit durant les autres phases de l’âge du Bronze en raison, apparemment, de conditions climatiques favorables 18 même s’il faut rester prudent avec ce type de données pour cette région de la Méditerranée orientale 19. Les marais du Ghab auraient alors été vraisemblablement beaucoup moins étendus qu’au début du xxe s. alors que des voyageurs modernes décrivaient l’endroit comme impossible à vivre 20. Ces marais auraient pu être alors en « formation » en quelque sorte ; ils auraient pu correspondre plutôt à des zones marécageuses, voire simplement humides, moins étendues, qui n’auraient pas nui à l’établissement de populations villageoises et urbaines, comme notre examen détaillé d’un site de cette époque, Tell Ahmed 21, semble l’avoir démontré.

  • 22 Cooper 2007.

9Aucun schéma de distribution particulier des sites de l’âge du Bronze ancien dans la vallée du Ghab n’émerge. Tous les sites de cette époque se retrouvent aussi bien dans la cuvette même de la vallée que sur les rebords de plateaux limitrophes, voire au sommet de ceux-ci. Cependant, ils sont tous placés à proximité les uns des autres : ils devaient donc former un réseau plutôt serré de distribution ou d’échanges de produits agricoles voire artisanaux, telle la céramique 22.

10Tous les sites du Bronze ancien de la vallée du Ghab, comme ceux des autres phases de l’âge du Bronze, de fait, appartiennent au type « tell ». En outre, ce sont des tells de bonnes dimensions : leur superficie actuelle varie de 10 à 70 ha et leur hauteur préservée oscille entre 10 et 30 m. Ils sont donc facilement repérables dans le paysage. Le problème auquel nous faisons face lors de la prospection réside davantage dans leur datation. En effet, tous ces sites ont été occupés pendant plusieurs périodes, comme nous l’indique la céramique qui en jonche la surface. Il nous est pratiquement impossible de savoir si ces sites avaient, dès leur première phase d’occupation, la superficie qu’ils ont maintenant. Seuls des sondages pourraient nous le dire.

11Voici quelques-uns de ces sites, parmi les plus représentatifs, de la vallée du Ghab dont l’occupation remonte au Bronze ancien.

Tell Ahmed

  • 23 Courtois 1973, p. 72 et 56-57, fig. 1.
  • 24 Fortin, Geyer & Al Dbiyat 2005, p. 318-320.

12C’est certainement le site le plus imposant des tells qui se trouvent dans la partie méridionale de la vallée du Ghab avec ses 70 ha : 850 x 850 m environ (fig. 3 et 4) ; son tell principal s’élève 15 m au-dessus du niveau de la vallée. Pourtant, J.-C. Courtois ne l’avait que mentionné dans son article et positionné sur la carte qui accompagnait son rapport 23 ; il ne l’a pas décrit car il ne l’a pas visité, selon toute vraisemblance. Or, outre ses dimensions exceptionnelles, ce site représente un cas de figure particulier car il comporte un tell principal à l’ouest depuis lequel s’étire ce qui semble être une ville basse protégée par une levée de terre qui aurait pu servir de rempart ou de digue. En effet, à l’est de ce tell principal, se trouve un tell secondaire qui se dresse juste sur la rive droite de l’Oronte et, entre les deux tells, passe un canal qui aurait pu servir de drain naturel pour évacuer vers l’Oronte les eaux d’inondation de la partie septentrionale de la cuvette 24. Les habitants de Tell Ahmed ont probablement entretenu ce drain et exploité les surfaces humides après les inondations saisonnières en pratiquant des cultures de décrues. Il est aussi manifeste qu’une portion considérable du site ancien est maintenant enfouie sous une bonne épaisseur de sédiments fluviatiles modernes. Le site fut occupé à partir de l’âge du Bronze ancien jusqu’à celui du Fer, d’après la céramique (fig. 7 et 8) ramassée en surface et dans divers coupes de terrain (fig. 5) résultant de travaux agricoles récents qui ont même mis au jour des bouts de murs en briques crues associés à des tessons (fig. 6).

Figure 3.

Figure 3.

Tell Ahmed, vue générale du tell principal prise depuis le tell secondaire. Entre les deux s’étale un espace qui était peut-être recouvert d’eau une partie de l’année au moment de l’occupation du site.

© M. Fortin

Figure 4a.

Figure 4a.

Tell Ahmed, carte topographique

© Mission archéologique de Tell ʿAcharneh

Figure 4b.

Figure 4b.

Tell Ahmed, modèle numérique de terrain (à partir d’un relevé fait avec un GPS RTK Trimble 5800)

© Mission archéologique de Tell ʿAcharneh

Figure 5.

Figure 5.

Tell Ahmed, coupe de terrain récente résultant de travaux agricoles

© Mission archéologique de Tell ʿAcharneh

Figure 6.

Figure 6.

Tell Ahmed, bout de mur en briques crues, associé à de la céramique, visible dans une coupe de terrain réalisée lors de travaux agricoles récents

© M. Fortin

Figure 7.

Figure 7.

Tell Ahmed, tessons de céramique du Bronze ancien recueillis sur le site

© L. Cooper

Figure 8.

Figure 8.

Tell Ahmed, empreinte de sceaux sur le rebord d’un vase

© L. Cooper

Tell Sikkine Qaadé

  • 25 Courtois 1973, p. 71, 76 et 77.
  • 26 Métral & Métral 1979, 1985 et 1990.

13Il représente un site de presque 10 ha : 280 x 340 m (fig. 9-10), dont l’accumulation oscille entre 20 et 25 m. Bien que modeste en superficie, c’est certainement le site le plus prometteur parmi tous ceux que nous avons prospectés jusqu’à maintenant en raison des nombreux vestiges architecturaux qui pointent à sa surface et dont certains ont même été partiellement dégagés par des villageois des environs. Dans une pente au nord du site, nous avons cru déceler la présence d’une porte à trois paires de contreforts. Le long des flancs nord-ouest et ouest se trouvent des coupes bien droites et fraîches qui montrent distinctement des séquences stratigraphiques associées à des bouts de murs en briques crues et des tessons de céramique en grandes quantités. D’ailleurs J.-C. Courtois 25 avait déjà signalé d’épaisses — plusieurs mètres — couches de cendres grises sur le flanc occidental de ce site, desquelles il avait extrait des fragments de céramique du Bronze ancien. Lors de notre visite, le matériel céramique s’est révélé plus varié puisqu’il va du Bronze ancien (fig. 11) à l’âge du Fer. Au nord du site existe toujours une petite zone marécageuse qui nous donne une idée de ce à quoi devait probablement ressembler la vallée du Ghab au moment de l’occupation de tous ces sites dans l’Antiquité, avant l’assèchement des marais à la fin des années 1950 26.

Figure 9.

Figure 9.

Tell Sikkine Qaadé, flanc nord-ouest entamé en plusieurs endroits par de bonnes coupes de terrain qui montrent clairement la stratigraphie du site. Au premier plan, reliquat de la zone marécageuse antérieure aux travaux d’assèchement de la fin des années 1950

© M. Fortin

Figure 10.

Figure 10.

Tell Sikkine Qaadé, carte topographique (à partir d’un relevé fait avec un GPS RTK Trimble 5800)

© Mission archéologique de Tell ʿAcharneh

Figure 11.

Figure 11.

Tell Sikkine Qaadé, tessons de céramique du Bronze ancien recueillis dans les coupes fraîchement pratiquées par les habitants du village voisin sur les flancs du site

© L. Cooper

Tell Braidij

14C’est un imposant tell d’une dizaine d’hectares dont la forme générale s’approche de celle d’un carré avec une excroissance semi-circulaire dans l’angle nord-est (fig. 12 et 14). Le sommet de ce tell, à une vingtaine de mètres de hauteur, est plutôt plat, légèrement ondulé, avec un ravinement médian. Le versant septentrional, en pente raide, comporte en son centre un ravinement en ligne avec une source qui coule à ses pieds ; au nord-est, ce versant se termine par un important arrondissement de l’angle qui excède. Le flanc oriental, aussi en pente très raide, épouse le tracé d’une courbe concave ; des sources (toujours en usage) se trouvent dans le creux de la courbe, à sa base. Des murs en briques crues apparaissent en différents endroits de la pente dont un est conservé sur une dizaine d’assises et large d’un mètre (fig. 13). Le flanc méridional est très érodé et a été creusé à sa base, vers l’ouest, entre 1958 et 1960, par les villageois à la recherche d’antiquités à vendre afin de manger lors d’une famine ; le sol vierge y apparaît. Dans cette pente, on peut clairement voir un alignement d’une dizaine de m de blocs en pierre équarrie formant la base d’un mur orienté d’ouest en est. Le versant occidental, en pente plutôt douce, présente plusieurs entailles à sa base où nous pouvons distinguer le sol vierge. Le tell est situé au pied de l’imposante falaise d’un plateau gypseux qui s’étend vers l’est ; il se trouve dans une vallée, à proximité de plusieurs sources. La céramique qui y a été recueillie en surface nous permet d’en attribuer l’occupation depuis le Bronze ancien (fig. 14) jusqu’à l’âge du Fer.

Figure 12.

Figure 12.

Tell Braidij, versant septentrional, vu depuis le sommet de la crête du plateau délimitant la cuvette dans laquelle se trouve ce site

© M. Fortin

Figure 13.

Figure 13.

Tell Braidij, murs en briques crues apparaissant au sommet du versant oriental

© M. Fortin

Figure 14.

Figure 14.

Tell Braidij, carte topographique montrant la présence de la céramique du Bronze ancien à la surface de différents secteurs du site ; l’intensité de la couleur symbolise la densité de la présence de cette céramique.

© Mission archéologique de Tell ʿAcharneh

Âge du Bronze moyen

15Durant l’âge du Bronze moyen, la vallée du Ghab aurait compté à peu près autant de sites qu’au Bronze ancien, soit dix-neuf (fig. 15).

Figure 15.

Figure 15.

Carte de distribution des (19) sites de la vallée du Ghab durant l’âge du Bronze moyen

© E. Carrera

  • 27 Riehl et al. 2008.

16Cette constance dans le nombre d’établissements peut être interprétée comme l’indice d’une période de stabilité dans le mode d’occupation du territoire, voire du terroir de la vallée du Ghab durant le Bronze ancien et le Bronze moyen ; de fait, cette persistance des établissements dans la vallée va perdurer jusqu’à l’âge du Fer. Qui plus est, hormis trois ou quatre nouveaux sites, tous les sites du Bronze moyen furent également occupés durant le Bronze ancien, ce qui serait le signe non seulement d’une stabilité d’une période à l’autre mais aussi d’une véritable continuité dans l’exploitation des terres agricoles de la vallée durant le Bronze ancien et le Bronze moyen même si des études paléoclimatiques semblent vouloir indiquer une croissance de l’aridité au Bronze moyen 27.

  • 28 Kupper 1973, p. 14-36 ; Klengel 1992, p. 39-80.
  • 29 Dietrich & Loretz 1997, p. 225 ; Redford 2003, p. 66.
  • 30 Klengel 1995, p. 128 ; Goren, Finkelstein & Naʾaman 2002, p. 202, 2003, p. 9.
  • 31 Klengel 1995, p. 129.

17D’après des sources textuelles 28, la Syrie du Nord aurait été partagée, au Bronze moyen, entre différentes petites entités politiques amorites, indépendantes les unes des autres et chacune étant centrée sur une capitale respective. La majeure partie de la moyenne vallée de l’Oronte aurait alors été placée sous le contrôle de la ville de Tunip 29 — identifiée au site de Tell ʿAcharneh 30 — qui, selon certains textes mariotes, aurait été un lieu de production et d’exportation d’huile (d’olive), de cire et de grains 31.

18Parmi les sites les plus typiques de cette période, signalons les suivants.

Tell Aayoun

  • 32 Courtois 1973, p. 72.

19Le tell se présente comme une colline de forme grossièrement triangulaire, large de 250 m et longue de 375 m (fig. 16), pour une superficie de près de 10 ha ; la masse de cette colline est impressionnante en raison de sa hauteur, 30 m (fig. 17), accentuée par le fait que ses versants septentrional et oriental sont de hautes parois rectilignes causées par l’érosion de l’Oronte à leur base (fig. 18). Bien que maintenant asséché, le cours du fleuve est aisément observable grâce à d’anciens méandres anastomosés encore bien visibles à proximité. Étant donné que c’est à cet endroit que l’Oronte entre dans la vallée du Ghab, après avoir délaissé les gorges taillées dans le plateau calcaire de Hama, il est logique de supposer que ce site fut originellement établi en regard des méandres de l’époque, vraisemblablement pour contrôler la circulation sur le fleuve en direction du reste de la vallée. J.-C. Courtois 32 y avait donc vu une forteresse qui aurait constitué une sorte de « verrou » à l’entrée de la vallée du Bronze moyen jusqu’à l’âge du Fer, d’après les nombreux fragments de céramique (fig. 19) que nous y avons recueillis, aussi bien dans les flancs effondrés du tell que sur les autres versants plus en pente douce et sur le sommet très plat. Des vestiges architecturaux abondent également dans les coupes provoquées par l’érosion mais surtout par des travaux agricoles récents.

Figure 16.

Figure 16.

Tell Aayoun, vue générale du site, en direction du sud

© M. Fortin

Figure 17.

Figure 17.

Tell Aayoun, une partie du versant septentrional érodé par l’Oronte mais aussi entamé par des opérations agricoles

© M. Fortin

Figure 18.

Figure 18.

Tell Aayoun, abrupt flanc oriental résultant de l’érosion de l’ancien cours de l’Oronte

© Mission archéologique de Tell ʿAcharneh

Figure 19.

Figure 19.

Tell Aayoun, fragments de céramique de différentes époques recueillis en surface

© L. Cooper

Tell Hamamiyate

20Ce site couvre une superficie d’environ 12,5 ha, il a la forme grossière d’un carré arrondi aux angles (fig. 20). La surface plane de son sommet est légèrement en pente constante vers l’est, avec un ravinement médian qui se transforme en une dépression marquée lorsqu’il atteint le versant oriental. Ce dernier, en pente douce, a été aménagé vers sa base pour recevoir un cimetière moderne. Le versant méridional est aussi en pente douce et présente des traces de ravinement en son milieu ; la route moderne passe à son pied et l’entame. La pente du versant septentrional est prononcée, avec un ravinement central et un aménagement agricole (pente aplanie pour la culture). Le flanc occidental, enfin, est en pente raide et égale, avec de profondes entailles à son pied au sud (fig. 20) et au nord. Il existe une source dans le village moderne (maintenant une zone marécageuse), juste au pied du versant méridional. Il y a aussi un puits avec margelle dans un champ au sud-ouest du tell qui fut mis au jour lors de travaux de terrassement entre 1965 et 1970, selon des informateurs locaux. Le site est installé au pied d’une falaise en pente douce, dans une vallée qui se continue vers l’ouest. Il aurait été occupé de l’âge du Bronze ancien à celui du Fer, d’après les tessons qui en jonchaient la surface.

Figure 20.

Figure 20.

Tell Hamamiyate, versant occidental avec une importante coupe en son extrémité sud qui laisse paraître sa stratigraphie. Au premier plan, deux pierres servent de margelle à un puits.

© M. Fortin

Âge du Bronze récent

21Si nous devions nous fier uniquement à une identification sûre de la céramique recueillie en surface des sites de la vallée du Ghab que nous avons explorés, seuls une dizaine d’entre eux auraient été occupés durant l’âge du Bronze récent. Or cette situation contraste fortement avec celle qui prévaut durant les périodes antérieures au cours desquelles la vallée aurait connu une phase d’occupation importante : 18 sites au Bronze ancien et 19 au Bronze moyen. Cette situation contraste encore plus avec la période subséquente, l’âge du Fer, qui, avec ses 22 sites identifiés, correspondrait à la phase de peuplement la plus importante de la vallée dans l’Antiquité.

22Cette observation mérite que l’on s’y attarde un peu. D’une part, il faut savoir que la datation des sites au Bronze récent est très difficile à confirmer au moyen de la céramique trouvée en surface, très malaisée à reconnaître, c’est-à-dire à distinguer des fabriques des autres époques. D’autre part, à peu près tous les sites que nous avons datés du Bronze récent, à l’aide de la céramique recueillie en surface, ont été également occupés à la fois durant le Bronze ancien-Bronze moyen et l’âge du Fer. Ce dernier constat nous amène donc à présumer que les sites (au nombre de sept : Sakr, Braidij, Jifar, Sqalbiye, Sikkine Qaadé, Ahmed et Cheikh Hadid) dont l’occupation est bien attestée aux Bronze ancien et Bronze moyen ainsi qu’à l’âge du Fer, mais impossible à clairement établir pour le Bronze récent en se fiant uniquement aux tessons de céramique visibles en surface, furent, fort vraisemblablement et en toute logique, aussi occupés durant l’âge du Bronze récent ; je pense que la céramique recueillie à leur surface n’a tout simplement pas permis une confirmation de cette datation. Si l’on procède ainsi, par déduction, le nombre de sites occupés durant le Bronze récent passerait alors à dix-sept environ (fig. 21). La vallée du Ghab aurait donc connu un peuplement pratiquement constant au cours de toutes les phases de l’âge du Bronze.

Figure 21.

Figure 21.

Carte de distribution des (17) sites de la vallée du Ghab durant l’âge du Bronze récent

© E. Carrera

23À l’instar des périodes précédentes, aucun schéma particulier d’établissement dans la vallée ne se profile pour l’âge du Bronze récent. Tous les sites répertoriés sont des tells de bonnes dimensions : ils couvrent des superficies variant entre une dizaine et 70 ha et présentent des accumulations importantes de débris.

  • 33 Redford 1979.
  • 34 Drower 1973, p. 417-436 ; Klengel 1992, p. 84-99.
  • 35 Spalinger 2005, p. 56-57 ; Redford 2003 et 2006.
  • 36 Bryce 2003, p. 142, au contraire, est plutôt d’avis que Tunip fut toujours sous contrôle égyptien.
  • 37 Klengel 1995, p. 131.
  • 38 Klengel 1992, p. 100-180.
  • 39 Klengel 1995, p. 131-133.
  • 40 Youssef, Leblanc & Maher-Taha 1977.
  • 41 Singer 2000 ; Hawkins 2002 ; Bryce 2005, p. 333-346.

24En dépit d’une représentation personnifiée de la ville de Tunip (Tell ʿAcharneh) sous l’aspect d’un porteur de tribut gravé sur un pylône de Karnak sous Aménophis I 33, la vallée du Ghab et sa capitale, Tunip, auraient été plutôt soumises au Mitanni, au début du Bronze récent. D’où la résistance de Tunip, et vraisemblablement des autres villes de la vallée, aux expéditions des armées égyptiennes de la XVIIIe Dynastie 34, jusqu’à ce que Tunip — et conséquemment les autres villes de la vallée du Ghab, pouvons-nous imaginer — soit prise et pillée par Thoutmosis III 35, quoique cet exploit soit mis en doute par certains auteurs 36. Par la suite, même si des lettres d’Amarna font allusion à une « colonisation » de Tunip, et par ricochet de la vallée du Ghab dans laquelle cette ville jouait un rôle prédominant, par les Égyptiens 37, il est difficile d’y croire car cette époque correspond précisément au début des raids victorieux menés par Suppiluliuma I en Syrie du Nord, qui dès lors passe sous le contrôle du royaume du Hatti 38. D’ailleurs, le nom de Tunip apparaît dans une série de textes hittites et notamment dans un itinéraire qui l’indique comme ville étape lors des campagnes militaires car on peut facilement y franchir l’Oronte 39 ; un traité est même conclu entre le Hatti et Tunip, accordant à celle-ci un statut particulier. Il n’est donc pas surprenant d’apprendre que Ramsès II, après la bataille de Qadesh, vient s’en emparer, en 1272 40. Une conquête sans lendemain, selon toute vraisemblance, car le traité de paix qui fut signé après la bataille de Qadesh (ca 1259) nous confirme le maintien du rattachement de la vallée du Ghab et du reste de la Syrie du Nord à l’Empire hittite, jusqu’à l’effondrement de ce dernier vers 1200 41.

25Voici maintenant quelques-uns de ces sites occupés durant le Bronze récent qui me semblent plutôt représentatifs de cette période.

Tell Aas

26Il s’agit d’une très grande colline, d’une dizaine d’hectares environ, au sommet parfaitement plat avec un très léger ravinement vers le sud pour l’écoulement des eaux de pluie qui se fait par le versant méridional également raviné mais aussi avec une terrasse aménagée pour permettre à des tracteurs l’accès au sommet du tell mis en culture (fig. 22). Les trois autres versants sont très pentus. Le septentrional comporte un petit ravin. Au pied du versant oriental, vers le sud, s’étend vers l’est une languette de terre qui pourrait bien indiquer l’emplacement d’une ville basse (?). La roche-mère est visible au pied des versants occidental et méridional (emplacements de tombes ?). Un puits se trouve au pied du versant septentrional. Lors de notre visite, nous avons vu un beau chapiteau byzantin dans une maison construite au pied du versant septentrional du tell.

Figure 22.

Figure 22.

Tell Aas, vue du versant occidental, vers l’est

© M. Fortin

Tell Malah

27Le site présente des dimensions modestes : 250 x 375 m, soit d’un peu moins de 10 ha (fig. 23), qui n’a pas été décrit par J.-C. Courtois mais simplement indiqué sur sa carte. Son importante accumulation, jusqu’à 24 m, résulte de phases d’occupation qui se sont étalées tout au long du Bronze ancien et récent ainsi que durant l’âge du Fer, d’après les tessons qui en jonchaient la surface (fig. 24). Des traces de murs apparaissent sur les flancs érodés de la colline, de même que dans le cimetière moderne à proximité du tell : un mur de blocs bien équarris préservé jusqu’à un mètre de hauteur par endroits. On y a également noté deux fûts de colonnes en calcaire et des blocs de basalte carrés. D’autres éléments architecturaux ont été observés dans les cours des maisons construites autour du site : un seuil en calcaire, une base de moulin en basalte, deux blocs avec faces dressées. Une source au sud-sud-ouest du tell est toujours en usage.

Figure 23.

Figure 23.

Tell Malah, vue éloignée du flanc occidental, prise depuis l’est

© M. Fortin

Figure 24.

Figure 24.

Tell Malah, fragments de céramique de différentes époques ramassés en surface

© L. Cooper

Tell Largi

28Le site porte bien son nom avec ses 13 ha de superficie ; il convient même de se demander si son nom, qui n’a aucune signification en arabe, ne lui a pas été attribué par les cartographes français lors de la préparation de la carte topographique au 1/50 000 (fig. 25), faute d’une toponymie connue. Son sommet est plat, avec un large ravinement médian (qui a pour effet de créer un double sommet : est et ouest) pour l’écoulement des eaux de pluie vers le versant septentrional. Les autres versants sont très à pic. Il est situé au pied des derniers contreforts méridionaux du Massif Calcaire, surplombant une cuvette ou un vallon fertile. Des sources coulent immédiatement au pied du versant septentrional et ailleurs autour du site. L’affleurement de calcaire qui passe à 500 m au sud-est du tell a été creusé pour y recevoir des tombes à fosse et à chambre.

Figure 25.

Figure 25.

Tell Largi, vue éloignée, vers l’est, montrant bien l’étendue de ce site et sa morphologie

© M. Fortin

Durée d'occupation des sites de l'âge du Bronze

  • 42 Casana 2007.

29Rares sont les sites de l’âge du Bronze dans la vallée du Ghab qui ont été occupés pendant une seule phase de l’âge du Bronze. Au contraire, la plupart sont restés en usage pendant plus d’une phase de l’âge du Bronze et certains même l’auraient été pendant toute la durée de l’âge du Bronze, confirmant ainsi la constance dans l’occupation de la vallée du Ghab à cette époque. De fait, ce dense peuplement de la vallée du Ghab va se maintenir pendant l’âge du Fer car l’occupation de plusieurs des sites de l’âge du Bronze se poursuit à l’âge du Fer, sans interruption. Ce modèle d’une continuité dans l’occupation de nouveaux sites à partir de l’âge du Bronze ancien jusqu’à l’âge du Fer a aussi été observé ailleurs dans la vallée de l’Oronte (par exemple dans la plaine de l’Amouq 42) ; il n’est donc pas original.

Âge du Fer

30Avec ses vingt-deux sites occupés durant l’âge du Fer, la vallée du Ghab est alors une région densément peuplée : il s’agit, en fait, de la période qui correspond à la plus importante phase de peuplement dans l’histoire de la vallée (fig. 26).

Figure 26.

Figure 26.

Carte de distribution des (22) sites de la vallée du Ghab durant l’âge du Fer

© E. Carrera

31Nous sommes donc autorisés à croire que l’âge du Fer fut pour la vallée du Ghab une période de grande prospérité. En outre, comme tous les sites de l’âge du Fer de la vallée du Ghab, sauf dans deux cas (Taouil et Dourou), ont déjà été occupés durant diverses phases de l’âge du Bronze, il nous est permis d’avancer que nous sommes donc en présence d’une vallée qui a connu une occupation constante depuis le début de l’âge du Bronze jusqu’à la fin de l’âge du Fer, selon un schème d’établissement qui n’a pas vraiment changé. Et cette dense occupation culmina à l’âge du Fer.

  • 43 Harrison 2009 ; Hawkins 2002 et 2009.
  • 44 Hawkins 2000, p. 398-423.
  • 45 Mazzoni 1994.
  • 46 Dion 1997, p. 147-156.
  • 47 Sader 1987, p. 185-230 ; Dion 1997, p. 156-170 ; 2006.

32Au début de l’âge du Fer, la vallée du Ghab aurait continué à être rattachée au monde hittite : elle aurait été incluse dans un royaume néo-hittite du nom de Palastin 43. Cette présence néo-hittite dans la région a été confirmée en quelque sorte par des inscriptions royales louvites 44. Néanmoins, ce royaume néo-hittite devait être peuplé de groupes d’Araméens récemment sédentarisés qui ne tardèrent pas à former leurs propres royaumes 45. Ainsi, vers 800, un dénommé Zukkur mit un terme au règne de la dynastie hittite installée à Hama et devint le premier souverain araméen de la région 46 ; la vallée du Ghab constituait alors le noyau du Ḥamat 47.

  • 48 Hawkins 1995 ; Yamada 2000 ; Cooper & Fortin 2004, p. 18-22.
  • 49 Thureau-Dangin 1933 ; Frame 2006.
  • 50 Hawkins 1982, p. 416-417 ; Grayson 1991a, p. 88-89.
  • 51 Grayson 2001, p. 187.
  • 52 Mazzoni 2000, p. 48-55.

33Par la suite, ces Araméens durent défendre la vallée du Ghab contre des interventions militaires assyriennes répétées 48 qui aboutirent, en 720, à la victoire de Sargon II commémorée par une stèle retrouvée à Tell ʿAcharneh qu’il avait fait détruire 49. Il transforma le royaume du Ḥamat en une province assyrienne 50 au sein de laquelle la vallée du Ghab fut l’une des plus riches de tout l’Empire assyrien mais aussi l’une des plus contrôlées par l’armée assyrienne « as a major communication link » 51. Néanmoins, nous ne savons pas comment cette vallée fut réellement occupée pendant toute cette période tourmentée 52.

  • 53 Balty & Balty 1969, p. 31 ; 1977, p. 109-110 ; Balty 1972, p. 63.

34C’est la même situation qui prévaut pour la toute fin de l’âge du Fer : aucun site de l’époque perse n’a été identifié par notre prospection, bien que des sources littéraires font référence à une riche vallée exploitée par la ville de Pharnakès, c’est-à-dire la ville qui s’élevait alors à l’emplacement de ce qui va devenir la grande Apamée 53.

35Parmi les sites occupés durant l’âge du Fer, signalons les suivants qui sont tout à fait typiques de cette période, des tells de bonnes dimensions qui se détachent facilement du paysage rural.

Tell Aamourine

36C’est l’un de ces tells dont les dimensions sont de 550 x 400 m, pour une superficie totale avoisinant les 22 ha (fig. 27). De forme presque carrée, sa hauteur varie entre 17 et 31 m au-dessus du niveau de la plaine ; pourtant, il n’a pas été décrit par J.-C. Courtois quoique son nom apparaisse sur la carte qui accompagne son article. Il est en grande partie recouvert par un village moderne et ses pentes ont été considérablement perturbées par des terrasses et des jardins. Ce qui semble être le tell principal possède deux sommets aplatis : sur celui du bas, une maison et des étables furent construits ; sur l’autre, plusieurs tombes modernes furent creusées. Il y a des exhaussements de terrain partout sur le tell mais sa forme générale est masquée par la présence du village. Le site a grandement souffert de ces installations modernes, notamment d’un système de drainage. Nous avons trouvé une base de colonne et des villageois nous ont informés qu’une inscription y aurait été découverte vers 1980 près de l’une des sources encore en usage à proximité du site. Il semble y avoir eu un fossé tout autour du site. Les tessons recueillis en surface sont attribuables à l’âge du Bronze ancien et à l’âge du Fer.

Figure 27.

Figure 27.

Tell Aamourine, carte topographique (extrait de la carte au 1/5 000, Ghab Region, sheet 0431, 1963)

© United Arab Republic, Province of Syria, Major Projects Administration

Tell Taouil

  • 54 Courtois 1973, p. 70.

37Le site, circulaire, présente 375 m de diamètre environ ; il est dominé en sa partie occidentale par une petite colline conique de 200 m de diamètre aux pentes raides et haute de 15 m. Toute la partie orientale du site consiste en un simple exhaussement de terrain dont on a perdu une bonne portion suite à des travaux de terrassement agricole plutôt extensifs (fig. 28). C’est dans ce secteur que nous avons observé un grand bassin double et un pressoir en basalte ayant appartenu à une huilerie, vraisemblablement romaine d’après les tessons recueillis dans le voisinage. Cependant, ce site aurait aussi été occupé dès l’âge du Fersi on se fie aux trouvailles céramiques (fig. 29). En raison de sa forme singulière et de sa localisation, J.-C Courtois croyait que ce site cachait « peut-être une forteresse » du Ier millénaire 54.

Figure 28.

Figure 28.

Tell Taouil, vue de la terrasse à l’est de la colline principale en partie emportée par des travaux de terrassement

© M. Fortin

Figure 29.

Figure 29.

Tell Taouil, céramique de l’âge du Fer ramassée en surface

© M. Fortin

Tell Dourou

  • 55 Courtois 1973, p. 70.

38De forme parfaitement rectangulaire, le tell mesure 460 x 235 m, pour superficie d’un peu plus de 10 ha (fig. 30-31). Bien qu’il retienne l’attention car sa hauteur atteint 15 m en sa partie méridionale et 25 m au nord, il n’a été mentionné par J.-C. Courtois dans son article 55 que comme site à visiter éventuellement ; il l’a toutefois indiqué sur la carte qui accompagnait son article. Tell Dourou aurait été occupé à l’âge du Fer, d’après l’identification des nombreux tessons que nous y avons ramassés en surface (fig. 32). De grands blocs de pierre soigneusement taillés jonchent également le sol. Un cimetière moderne occupe sa moitié méridionale, la moins élevée. Son sommet est accessible par une route asphaltée qui passe par un affaissement médian.

Figure 30.

Figure 30.

Tell Dourou, carte topographique (extrait de  la carte au 1/5 000, Ghab Region [Asharneh], sheet 0222, 1961)

© United Arab Republic, Province of Syria, Major Projects Administration

Figure 31.

Figure 31.

Tell Dourou, vue générale du site, vers l’ouest

© M. Fortin

Figure 32.

Figure 32.

Tell Dourou, tessons de céramique de l’âge du Fer ramassés en surface

© M. Fortin

Tell Bagallou

39Il s’agit d’un petit tell hémisphérique de 5 ha dont la forme régulièrement arrondie est trompeuse car il a fait l’objet de travaux d’aménagements agricoles majeurs afin de planter plusieurs arbres sur son sommet et ses versants ainsi adoucis ; sa forme est également tronquée par l’aménagement d’une terrasse en sa partie orientale (fig. 33). Le tell devait se prolonger jusqu’à l’endroit où passe la route nord-sud à l’est, et peut-être même au-delà. À l’heure actuelle, le sommet, à une quinzaine de mètres au-dessus du niveau du plateau avoisinant, est circulaire et plat tandis que les versants sont en pente très douce. Sa forme diffère considérablement de celle qu’il avait sur les cartes du cadastre des années 1950 (fig. 34). Il y a une source, encore en usage, juste au pied du versant méridional près de laquelle des travaux de terrassement se sont déroulés en 1998. Le tell est localisé, en fait, sur le rebord septentrional d’une vallée (wadi) qui se remplit d’eau en hiver et qui coule vers la vallée du Ghab, selon des informateurs locaux. Sa localisation est vraiment idéale.

Figure 33.

Figure 33.

Tell Bagallou, vue du versant méridional recouvert d’arbres ; le flanc oriental a été tronqué par des travaux de terrassement agricole récents et le passage d’une route.

© M. Fortin

Figure 34.

Figure 34.

Tell Bagallou, carte topographique (extrait de la carte au 1/5 000, Ghab Region, sheet 0431, 1963)

© United Arab Republic, Province of Syria, Major Projects Administration

Époques hellénistique et romaine

  • 56 Une transformation plus marquée dans le réseau de distribution des sites au début des périodes clas (...)
  • 57 Balty (J.-C.) 2003.
  • 58 Balty & Balty 1977, p. 114 ; Balty 1987, p. 9 ; Balty (J.) 2003.

40Nous n’avons pu attribuer aux époques hellénistique et romaine que treize sites (fig. 35), ce qui indique une diminution marquée dans l’occupation du territoire de la vallée du Ghab durant ces périodes. La moitié d’entre eux, environ, sont des sites qui ont déjà été occupés aux époques antérieures. Cette observation nous permet de conclure, d’une part, à une certaine continuité dans l’occupation de la vallée aux époques classiques mais aussi, d’autre part, à un changement dans le peuplement de la vallée du Ghab avec l’apparition de nouveaux sites 56 telle la grande cité d’Apamée 57 et de nombreux villages peuplés de colons grecs dans l’Apamène ; d’après certains auteurs anciens, la vallée du Ghab se présentait alors comme une campagne « abondante et fertile » 58.

Figure 35.

Figure 35.

Carte de distribution des (13) sites de la vallée du Ghab durant les périodes hellénistique et romaine

© E. Carrera

  • 59 Mouterde & Poidebard 1945, p. 29-31 et 36 ; Bauzou 1989, p. 206-207.
  • 60 Mouterde 1932, p. 238-239 ; Mouterde & Poidebard 1945, p. 29; Van Rengen 1972, p. 108.
  • 61 Van Rengen 1972, p. 107-108 ; Rey-Coquais 1978, p. 70.
  • 62 Balty & Balty 1977, p. 117-120 ; Balty 1987, p. 13 ; Rey-Coquais 1989, p. 51 ; Kennedy 2006, p. 122

41Au cours de la période romaine, la vallée du Ghab fut cadastrée et traversée de routes 59, comme en font foi les quelques bornes milliaires qui y furent retrouvées : l’une à Tell ʿAcharneh 60 et l’autre à Tell Dades 61. La vallée du Ghab était située au cœur même de la province romaine de Syrie qui connut alors grande prospérité et une poussée démographique impressionnante : sa population a été évaluée à environ 117 000 hommes libres, soit quelque 500 000 habitants au total 62. Dans ce contexte de romanisation des campagnes, marquée par une expansion démographique considérable afin de mettre en valeur toutes les terres agricoles disponibles au profit de Rome, il est étonnant que si peu de sites « romains » y furent identifiés. Moins, en tous cas, qu’aux époques précédentes !

  • 63 McCormick et al. 2012, p. 174 et 180.
  • 64 McCormick et al. 2012, p. 185.
  • 65 McCormick et al. 2012, p. 188.

42Du reste, une récente étude interdisciplinaire sur les changements climatiques durant l’Empire romain a clairement démontré que pendant les premiers siècles de notre ère, des conditions climatiques stables et plus humides ont favorisé l’exploitation des terres agricoles et en particulier celles du Levant 63. Ces mêmes conditions climatiques favorables à l’exploitation agricole se sont maintenues durant la seconde moitié de l’Empire (200-400 apr. J.-C.), contribuant ainsi au développement économique des provinces orientales 64 qui aboutit à une pointe de prospérité au ve s. apr. J.-C., coïncidant avec une augmentation marquée de l’humidité 65.

  • 66 Vannesse 2011a-b.

43Par ailleurs, la fertilité de la vallée du Ghab, au sein de ces provinces romaines orientales, nous est bien connue par plusieurs sources littéraires dont un recensement exhaustif a paru récemment 66. Cette fertilité aurait pu être la conséquence d’aménagements de la vallée pour mettre davantage en valeur ses terres agricoles, voire pour réduire l’étendue de ses zones marécageuses dont les auteurs anciens cessent alors de faire mention.

44Voici quelques-uns de ces sites de l’époque hellénistico-romaine.

Tell Sakr

45Le site forme une grande colline d’une dizaine d’hectares, de forme oblongue, au sommet plutôt plat, un peu bombé au milieu, et légèrement en pente vers l’est (fig. 36). Le versant oriental est en pente très douce accentuée par de récents travaux d’aplanissement. Le versant occidental est également en pente plutôt douce. En revanche, les flancs septentrional et méridional sont en pente raide. Tell Sakr est situé au milieu d’une plaine fertile qui devait l’être aussi dans l’Antiquité car coulait au sud du tell une rivière en partie remblayée mais encore remplie d’eau par endroits, notamment au sud-ouest du tell. Près de là se trouve une carrière, encore en exploitation récemment selon des informateurs locaux ; cependant, son aspect donne à penser qu’il pourrait s’agir d’une ancienne carrière.

Figure 36.

Figure 36.

Tell Sakr, versant méridional avec la carrière au premier plan et le lit d’une ancienne rivière partiellement remblayé

© M. Fortin

Tell Jifar

46D’une surface de presque 7 ha, c’est une colline en forme de croissant (nord-sud), dont la hauteur dépasse légèrement une vingtaine de mètres. Son sommet presque plat, légèrement bombé au centre, présente un léger ravinement médian qui descend vers le flanc oriental, en pente douce par rapport aux autres versants qui sont tous en pente raide (fig. 37). Il est stratégiquement situé sur la berge du Wadi Far qui coulait au nord du tell et qui se jetait dans l’Oronte, à la hauteur d’Apamée (3 km à l’ouest du tell) ; avec l’assèchement du wadi (trois barrages construits entre 1990 et 2000), on a l’impression que le site est placé très haut sur la berge. Un second mais très petit wadi secondaire longe le versant méridional du tell avant d’aller se jeter dans le Wadi Far.

Figure 37.

Figure 37.

Tell Jiifar, qui se dressait sur une berge du Wadi Far, maintenant asséché à la suite de la construction d'un barrage (à droite sur la photo). Ce wadi passait à proximité d’Apamée qui se trouve à un peu moins de 3 km de là.

© M. Fortin

Tell Houach

47C’est un grand tell rectangulaire (est-ouest) de 14,5 ha, dont la forme donne l’impression qu’elle pourrait avoir été modifiée par des aménagements agricoles récents, quoique sur la carte du cadastre il possède un petit sommet plat, à l’ouest, une trentaine de mètres au-dessus du niveau de la plaine avoisinante, et une longue pente constante et égale vers l’est, jusqu’au niveau de la plaine (fig. 38). Cette pente a cependant été aplanie et allongée afin de la mettre en culture et la rendre accessible à la machinerie agricole. Les autres versants sont plutôt pentus et réguliers. Il y a une source immédiatement au nord du site. Aucun vestige architectural n’est visible à la surface.

Figure 38.

Figure 38.

Tell Houach, la pente du versant oriental a été aplanie par des travaux agricoles.

© M. Fortin

Tell Jarjarra

48Tell Jarjarra consiste en une sorte de petite citadelle circulaire, formée d’un mur d’enceinte en gros blocs cyclopéens empilés les uns sur les autres, qui chapeaute une colline (fig. 39). Seuls des tessons d’époque romaine furent recueillis en surface, nous laissant croire qu’il devait s’agir d’un poste de surveillance de cette époque.

Figure 39.

Figure 39.

Tell Jarjarra, vestige d’une citadelle romaine (?) circulaire

© M. Fortin

Époque byzantine

49Notre prospection a permis d’identifier une douzaine de sites de l’époque byzantine (fig. 40), dont la moitié est composée de sites nouvellement fondés ou refondés à cette époque. Cependant l’emprise au sol de ces sites n’est pas aisée à délimiter car ce sont plutôt des lieux de dispersion de vestiges architecturaux épars et de rares fragments de céramique jonchant le sol de champs cultivés ou plantés d’arbres fruitiers. Mais le plus souvent ces blocs architecturaux ont été déplacés lors des labours et amoncelés en bordure des champs ou le long de pistes de terre battue, voire carrément transportés loin de leur contexte d’origine dans des maisons villageoises à proximité où ils meublent les cours et garnissent les portails de maisons, surtout si ces chapiteaux de colonnes et blocs d’architraves portent une croix en relief.

Figure 40.

Figure 40.

Carte de distribution des (12) sites de la vallée du Ghab à l’époque byzantine

© E. Carrera

50Seuls deux sites hellénistico-romains continuent à être occupés pendant la période byzantine (Bīr al-Mounkar et Hamamiyate). Les autres sites byzantins correspondent plutôt à de nouveaux établissements qui sont alors fondés ou à des sites occupés pendant des périodes très anciennes et réoccupés à l’époque byzantine, après avoir été délaissés pendant la période hellénistico-romaine.

  • 67 Balty 1982b, p. 62.
  • 68 Balty 1980.
  • 69 Tate 1989, p. 103.
  • 70 McCormick et al. 2012, p. 197.
  • 71 Balty 1987, p. 9-11 ; Vannesse 2011a, p. 292-295.
  • 72 Vannesse 2011a, p. 298.
  • 73 Cf. n. 15.

51Au début de la période byzantine, la province romaine de « Coelé-Syrie », devenue trop populeuse 67, fut divisée en deux ; la vallée du Ghab se retrouva alors dans la province de « Syrie Seconde », gouvernée depuis Apamée 68. À cette époque, « d’après les sources textuelles, la vallée de l’Oronte était [encore] une des régions les plus fertiles de Syrie » 69. Elle aurait profité d’une reprise marquée des précipitations dans la région et de la mise en place d’un climat plus humide en général qui dura de 400 à 540 apr. J.-C. environ 70. En outre, les populations locales ont eu recours à un système de norias pour irriguer leurs champs telle que celle figurée sur une mosaïque d’Apamée datée de 469 71. Mais cette prospérité déclina rapidement au cours du vie s., à la suite de tremblements de terre répétés et de razzias arabes et perses qui aboutirent en 573 au sac et à l’incendie de la ville d’Apamée. S’ensuivit une phase de ruralisation et la transformation de la vallée du Ghab en une « vaste zone marécageuse, peu propice au développement des communautés humaines » 72, qui semble confirmée par une relativement récente étude palynologique 73.

  • 74 McCormick et al. 2012, p. 197 et 201.

52En outre, une sévère sécheresse aurait provoqué, en 536, la migration de pasteurs arabes vers cette partie de l’Empire romain ; elle fut suivie de plusieurs autres sécheresses jusqu’au viiie s. qui entraînèrent chaque fois de mauvaises récoltes 74.

  • 75 Balty 1972, p. 83.

53J.-C. Courtois avait déjà remarqué, au moment de sa prospection en 1970, que la densité de l’habitat dans le Massif Calcaire contrastait avec la situation de désolation qui prévalait dans la vallée du Ghab à la même époque 75.

54On ne s’étonnera donc pas du nombre peu élevé de sites byzantins dans la vallée du Ghab. De surcroît, ils ont tous été grandement perturbés, voire carrément détruits, par des travaux agricoles modernes.

Khirbet abou Nagaya

55Le site a été repéré à l’aide de blocs de grès bien équarris qui ont été entassés en bordure de champs ; certains ont la forme de cuvettes ayant été utilisées dans des pressoirs à huile (fig. 41). Le site se trouvait à proximité d’une source. Du site lui-même, aucun autre vestige n’a survécu. Il nous est impossible d’en déterminer la superficie ou même l’emplacement exact au sol.

Figure 41.

Figure 41.

Khirbet abou Nagaya, vue générale des blocs amoncelés en bordure de piste, seuls vestiges d’une occupation byzantine dans le champ à proximité où de rares tessons ont été observés au sol

© M. Fortin

Khirbet abou Mirti

56Il correspond à un autre site byzantin dont seuls quelques blocs architectoniques ont survécu aux travaux de terrassement et ont été disposés le long de la route (fig. 42). Aucune autre trace du site ne put être observée dans les champs avoisinants.

Figure 42.

Figure 42.

Khirbet abou Mirti, quelques blocs d’architrave provenant vraisemblablement d’un bâtiment d’époque byzantine qui devait se dresser à proximité ; ils ont été déplacés en bordure de champs pour faciliter les labours.

© M. Fortin

Période islamique

57De la période islamique, nous avons pu identifier treize sites (fig. 43) lors de notre prospection. Six établissements byzantins continuent apparemment à être occupés durant la période islamique : Bīr al-Mounkar, Aas, Hamamiyate, Largi, Salba, Qnaitra. Trois sont réoccupés à l’époque islamique après une période d’abandon durant la période byzantine : Braidj, Jiifar, Bagallou. Quatre sites enfin sont nouvellement fondés à la période islamique : Khirbet Bakselli, Qasile 2, Cheikh Juban, Jelemeh.

Figure 43.

Figure 43.

Carte de distribution des (13) sites de la vallée du Ghab pendant la période islamique

© E. Carrera

  • 76 Eger 2011, p. 64-65.
  • 77 Métral & Métral 1990, p. 407.
  • 78 Dussaud 1927, p. 196-198.

58Les conditions environnementales peu propices à l’installation humaine dans la vallée du Ghab, commencées à la fin de la période byzantine, se maintinrent pendant toute l’époque islamique (fig. 44). Ainsi, en 1321, un contemporain de l’époque nous fournit une bonne description des deux lacs permanents dans la vallée du Ghab, dont l’un près d’Apamée, séparés par un terrain marécageux couvert de roseaux 76 ; d’ailleurs le mot « ghab » signifie « forêt de roseaux, de joncs » 77. En fait, ces mauvaises conditions perdurèrent jusqu’au début du xxe s. : les villages de la vallée du Ghab occupés par des bédouins nomades étaient alors abandonnés dès la fin des récoltes « car, plus encore que la fièvre, les taons énormes à tête d’émeraude et les innombrables moustiques leur rendent le séjour impossible… En hiver, tout le Ghâb est inondé et les villages qui surnagent au milieu des flots ne peuvent plus communiquer qu’au moyen de barques » 78.

Figure 44.

Figure 44.

Vue des marais de la vallée du Ghab en 1936

© Archives Ifpo

Tell Qasile 2

59C’est un site de cette époque que nous avons découvert par hasard : un bulldozer était en train d’y enlever de la terre lors de notre visite de ce secteur de la vallée, et celle-ci contenait plusieurs fragments de céramique islamique peinte et même une lampe complète (fig. 45) ! Autrement, le site n’offre au regard qu’un léger exhaussement de terrain, à peine perceptible, et couvre une superficie qu’il nous a été impossible d’établir en raison de l’absence de tessons en surface. La présence de deux sources, toujours utilisées pour arroser les champs et abreuver les animaux, explique l’occupation des lieux dès le Néolithique car tout juste à proximité nous avons identifié un site de cette période (Tell Qasile 1).

Figure 45.

Figure 45.

Tell Qasile 2, Céramique islamique peinte et à glaçure

© M. Fortin

Période ottomane

  • 79 Weulersse 1946, p. 204.
  • 80 Métral & Métral 1979, 1985 et 1990, p. 409.

60Notre prospection nous a appris très peu sur l’occupation de la vallée pendant les quatre siècles que dura l’administration ottomane, sinon que la situation décrite pour la période islamique qui précède n’aurait pas changé : « Le Ghab resta ce qu’il était, une fosse à paludisme quasi déserte, ne comptant que quelques villages semi-lacustres, habités par une des plus misérables populations du Levant, anciens Bédouins devenus pêcheurs » 79, jusqu’à l’assèchement des marais entre 1957 et 1960 80.

  • 81 Balty 1981a, p. 34, 162-167.
  • 82 Bouzigard & Saidel 2012.

61Nous sommes donc portés à croire que la vallée était alors épisodiquement occupée par des populations nomadisantes qui ont laissé bien peu de traces de leurs installations semi-permanentes, exception faite de la mosquée et du grand caravansérail de Qalʾat el-Mudiq qui « marquent […] l’étape que les pèlerins ottomans y faisaient, sur le chemin de Constantinople à La Mecque » 81. En 2010, nos fouilles à Tell ʿAcharneh ont révélé une partie d’une modeste hutte de cette période, au sol en pierres plates et aux fondations de murs en galets (fig. 46), dont la datation nous a été fournie par la présence au sol d’un fragment de pipe en terre cuite, appelée chibouque, dont le type est courant au Proche-Orient, de la fin du xviie au début du xxe s. 82.

Figure 46.

Figure 46.

Tell ʿAcharneh, vestiges d’une hutte ottomane mise au jour en 2010

© M. Fortin

  • 83 Zaqzouq 1990, p. 355 ; Delpech et al. 1997, p. 194-195 ; Al Dbiyat 2010, p. 202, photo 2 sur laquel (...)
  • 84 Al Dbiyat 1995, p. 29.
  • 85 Planhol 1968, p. 100 ; Weulersse 1940a.
  • 86 Al Dbiyat 2010, p. 206.

62Toujours à Tell ʿAcharneh, la noria (fig. 47) construite sur l’Oronte au pied de l’abrupte pente occidentale du tell principal 83, serait un signe tangible d’un effort d’irrigation des terres de la vallée du Ghab qui remonterait peut-être à la constitution de grandes propriétés dans la vallée acquises par de riches citadins de Hama grâce à la promulgation des lois foncière de 1858 qui ont entraîné « dès la fin du xixe siècle […] une migration de population de la montagne vers les plaines de l’Oronte »84, notamment des Alaouites 85, leur objectif étant d’exploiter ces terres nouvellement acquises. Cet ingénieux système d’irrigation a graduellement disparu dans les années 1950 avec l’utilisation massive des motopompes 86.

Figure 47.

Figure 47.

Tell ʿAcharneh, vestiges d’une ancienne noria sur l’Oronte, à l’ouest du tell principal. Elle fut restaurée pour la dernière fois dans les années 1920.

© M. Fortin

Haut de page

Notes

1 La composante syrienne de cette équipe était dirigée par Michel Al-Maqdissi (directeur du service des fouilles de la Direction Générale des Antiquités et des Musées de Syrie). Du côté canadien, la direction était assurée par l’auteur et la codirection par Lisa Cooper (University of British Columbia), céramologue.

2 Deschamps 1973.

3 Van Liere 1960-1961, 1966.

4 Van Liere 1963.

5 Courtois 1972, 1973, p. 62-81.

6 Sanlaville et al. 1993.

7 Fortin 2006a2.

8 Klengel 1995 ; Goren, Finkelstein & Naʾaman 2002, p. 202, 2003, p. 9 ; Archi 2010a, p. 38, au Bronze ancien Tunip aurait fait partie du royaume d’Ebla.

9 Thureau-Dangin 1933 ; Frame 2006.

10 Fortin 2007a-b ; Fortin & Cooper 2014.

11 Les cartes du présent article sont dues à Espartaco Carrera (fig. 2, 15, 21, 26, 35, 40 et 43) ; l’auteur tient à l’en remercier. Il a utilisé le modèle numérique de terrain suivant : NASA Land Processes Distributed Active Archive Center (LP DAAC). ASTER L1B. USGS/Earth Resources Observation and Science (EROS) Center, Sioux Falls, South Dakota, 2001. https://lpdaac.usgs.gov/about/citing_lp_daac_and_data

12 Courtois 1973, p. 97-99.

13 Kafafi 2011.

14 Fronzaroli 2003a, p. 124.

15 Yasuda, Kitagawa & Nakagawa 2000, p. 134. Si on rajeunit d’environ 3 500 ans les datations au radiocarbone des coquillages de mollusques d’eau douce afin de tenir compte de l’effet de vieillissement de l’eau dure sur ces coquillages, comme cela a été observé sur le Khabour, voir Geyer 1992. Une telle correction des dates de Yasuda, Kitagawa & Nakagawa 2000 a également été démontrée, pour les mêmes raisons, par Meadows 2005, p. 634-635.

16 Miller 2008b, p. 940.

17 Niklewski & Van Zeist 1970 ; Van Zeist & Woldring 1980, p. 117-120 ; Van Zeist & Bottema 1991, p. 101-103 ; Eger 2011, p. 64.

18 Riehl, Bryson & Pustovoytov 2008.

19 Finné et al. 2011.

20 Dussaud 1927, p. 196-198 ; Weulersse 1946, p. 204.

21 Fortin, Geyer & Al Dbiyat 2005.

22 Cooper 2007.

23 Courtois 1973, p. 72 et 56-57, fig. 1.

24 Fortin, Geyer & Al Dbiyat 2005, p. 318-320.

25 Courtois 1973, p. 71, 76 et 77.

26 Métral & Métral 1979, 1985 et 1990.

27 Riehl et al. 2008.

28 Kupper 1973, p. 14-36 ; Klengel 1992, p. 39-80.

29 Dietrich & Loretz 1997, p. 225 ; Redford 2003, p. 66.

30 Klengel 1995, p. 128 ; Goren, Finkelstein & Naʾaman 2002, p. 202, 2003, p. 9.

31 Klengel 1995, p. 129.

32 Courtois 1973, p. 72.

33 Redford 1979.

34 Drower 1973, p. 417-436 ; Klengel 1992, p. 84-99.

35 Spalinger 2005, p. 56-57 ; Redford 2003 et 2006.

36 Bryce 2003, p. 142, au contraire, est plutôt d’avis que Tunip fut toujours sous contrôle égyptien.

37 Klengel 1995, p. 131.

38 Klengel 1992, p. 100-180.

39 Klengel 1995, p. 131-133.

40 Youssef, Leblanc & Maher-Taha 1977.

41 Singer 2000 ; Hawkins 2002 ; Bryce 2005, p. 333-346.

42 Casana 2007.

43 Harrison 2009 ; Hawkins 2002 et 2009.

44 Hawkins 2000, p. 398-423.

45 Mazzoni 1994.

46 Dion 1997, p. 147-156.

47 Sader 1987, p. 185-230 ; Dion 1997, p. 156-170 ; 2006.

48 Hawkins 1995 ; Yamada 2000 ; Cooper & Fortin 2004, p. 18-22.

49 Thureau-Dangin 1933 ; Frame 2006.

50 Hawkins 1982, p. 416-417 ; Grayson 1991a, p. 88-89.

51 Grayson 2001, p. 187.

52 Mazzoni 2000, p. 48-55.

53 Balty & Balty 1969, p. 31 ; 1977, p. 109-110 ; Balty 1972, p. 63.

54 Courtois 1973, p. 70.

55 Courtois 1973, p. 70.

56 Une transformation plus marquée dans le réseau de distribution des sites au début des périodes classiques a été observée ailleurs dans la vallée de l’Oronte : dans la plaine de l’Amouq (Casana 2007). Ce changement semble avoir été moins radical dans la vallée du Ghab puisque certains sites des époques antérieures continuent à être occupés durant les périodes classiques.

57 Balty (J.-C.) 2003.

58 Balty & Balty 1977, p. 114 ; Balty 1987, p. 9 ; Balty (J.) 2003.

59 Mouterde & Poidebard 1945, p. 29-31 et 36 ; Bauzou 1989, p. 206-207.

60 Mouterde 1932, p. 238-239 ; Mouterde & Poidebard 1945, p. 29; Van Rengen 1972, p. 108.

61 Van Rengen 1972, p. 107-108 ; Rey-Coquais 1978, p. 70.

62 Balty & Balty 1977, p. 117-120 ; Balty 1987, p. 13 ; Rey-Coquais 1989, p. 51 ; Kennedy 2006, p. 122.

63 McCormick et al. 2012, p. 174 et 180.

64 McCormick et al. 2012, p. 185.

65 McCormick et al. 2012, p. 188.

66 Vannesse 2011a-b.

67 Balty 1982b, p. 62.

68 Balty 1980.

69 Tate 1989, p. 103.

70 McCormick et al. 2012, p. 197.

71 Balty 1987, p. 9-11 ; Vannesse 2011a, p. 292-295.

72 Vannesse 2011a, p. 298.

73 Cf. n. 15.

74 McCormick et al. 2012, p. 197 et 201.

75 Balty 1972, p. 83.

76 Eger 2011, p. 64-65.

77 Métral & Métral 1990, p. 407.

78 Dussaud 1927, p. 196-198.

79 Weulersse 1946, p. 204.

80 Métral & Métral 1979, 1985 et 1990, p. 409.

81 Balty 1981a, p. 34, 162-167.

82 Bouzigard & Saidel 2012.

83 Zaqzouq 1990, p. 355 ; Delpech et al. 1997, p. 194-195 ; Al Dbiyat 2010, p. 202, photo 2 sur laquelle on la voit clairement en usage en 1932.

84 Al Dbiyat 1995, p. 29.

85 Planhol 1968, p. 100 ; Weulersse 1940a.

86 Al Dbiyat 2010, p. 206.

Haut de page

Table des illustrations

Titre Figure 1.
Légende Les zones prospectées en 2004 (250 km2, en réalité, la limite orientale de la zone prospectée s’arrête à Cheyzar) et en 2006 (300 km2). Sur les 102 sites localisés, 54 ont été visités dans le cadre de la prospection de la mission syro-canadienne.
Crédits © Mission archéologique de Tell ʿAcharneh
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/syria/docannexe/image/5214/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 872k
Titre Figure 2.
Légende Carte de distribution des (18) sites de la vallée du Ghab durant l’âge du Bronze ancien
Crédits © E. Carrera
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/syria/docannexe/image/5214/img-2.jpg
Fichier image/jpeg, 1,8M
Titre Figure 3.
Légende Tell Ahmed, vue générale du tell principal prise depuis le tell secondaire. Entre les deux s’étale un espace qui était peut-être recouvert d’eau une partie de l’année au moment de l’occupation du site.
Crédits © M. Fortin
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/syria/docannexe/image/5214/img-3.jpg
Fichier image/jpeg, 2,0M
Titre Figure 4a.
Légende Tell Ahmed, carte topographique
Crédits © Mission archéologique de Tell ʿAcharneh
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/syria/docannexe/image/5214/img-4.jpg
Fichier image/jpeg, 704k
Titre Figure 4b.
Légende Tell Ahmed, modèle numérique de terrain (à partir d’un relevé fait avec un GPS RTK Trimble 5800)
Crédits © Mission archéologique de Tell ʿAcharneh
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/syria/docannexe/image/5214/img-5.jpg
Fichier image/jpeg, 466k
Titre Figure 5.
Légende Tell Ahmed, coupe de terrain récente résultant de travaux agricoles
Crédits © Mission archéologique de Tell ʿAcharneh
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/syria/docannexe/image/5214/img-6.jpg
Fichier image/jpeg, 1,8M
Titre Figure 6.
Légende Tell Ahmed, bout de mur en briques crues, associé à de la céramique, visible dans une coupe de terrain réalisée lors de travaux agricoles récents
Crédits © M. Fortin
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/syria/docannexe/image/5214/img-7.jpg
Fichier image/jpeg, 2,0M
Titre Figure 7.
Légende Tell Ahmed, tessons de céramique du Bronze ancien recueillis sur le site
Crédits © L. Cooper
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/syria/docannexe/image/5214/img-8.jpg
Fichier image/jpeg, 2,1M
Titre Figure 8.
Légende Tell Ahmed, empreinte de sceaux sur le rebord d’un vase
Crédits © L. Cooper
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/syria/docannexe/image/5214/img-9.jpg
Fichier image/jpeg, 34k
Titre Figure 9.
Légende Tell Sikkine Qaadé, flanc nord-ouest entamé en plusieurs endroits par de bonnes coupes de terrain qui montrent clairement la stratigraphie du site. Au premier plan, reliquat de la zone marécageuse antérieure aux travaux d’assèchement de la fin des années 1950
Crédits © M. Fortin
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/syria/docannexe/image/5214/img-10.jpg
Fichier image/jpeg, 1,8M
Titre Figure 10.
Légende Tell Sikkine Qaadé, carte topographique (à partir d’un relevé fait avec un GPS RTK Trimble 5800)
Crédits © Mission archéologique de Tell ʿAcharneh
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/syria/docannexe/image/5214/img-11.jpg
Fichier image/jpeg, 662k
Titre Figure 11.
Légende Tell Sikkine Qaadé, tessons de céramique du Bronze ancien recueillis dans les coupes fraîchement pratiquées par les habitants du village voisin sur les flancs du site
Crédits © L. Cooper
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/syria/docannexe/image/5214/img-12.jpg
Fichier image/jpeg, 2,2M
Titre Figure 12.
Légende Tell Braidij, versant septentrional, vu depuis le sommet de la crête du plateau délimitant la cuvette dans laquelle se trouve ce site
Crédits © M. Fortin
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/syria/docannexe/image/5214/img-13.jpg
Fichier image/jpeg, 2,0M
Titre Figure 13.
Légende Tell Braidij, murs en briques crues apparaissant au sommet du versant oriental
Crédits © M. Fortin
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/syria/docannexe/image/5214/img-14.jpg
Fichier image/jpeg, 2,2M
Titre Figure 14.
Légende Tell Braidij, carte topographique montrant la présence de la céramique du Bronze ancien à la surface de différents secteurs du site ; l’intensité de la couleur symbolise la densité de la présence de cette céramique.
Crédits © Mission archéologique de Tell ʿAcharneh
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/syria/docannexe/image/5214/img-15.jpg
Fichier image/jpeg, 174k
Titre Figure 15.
Légende Carte de distribution des (19) sites de la vallée du Ghab durant l’âge du Bronze moyen
Crédits © E. Carrera
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/syria/docannexe/image/5214/img-16.jpg
Fichier image/jpeg, 1,7M
Titre Figure 16.
Légende Tell Aayoun, vue générale du site, en direction du sud
Crédits © M. Fortin
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/syria/docannexe/image/5214/img-17.jpg
Fichier image/jpeg, 1,7M
Titre Figure 17.
Légende Tell Aayoun, une partie du versant septentrional érodé par l’Oronte mais aussi entamé par des opérations agricoles
Crédits © M. Fortin
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/syria/docannexe/image/5214/img-18.jpg
Fichier image/jpeg, 2,0M
Titre Figure 18.
Légende Tell Aayoun, abrupt flanc oriental résultant de l’érosion de l’ancien cours de l’Oronte
Crédits © Mission archéologique de Tell ʿAcharneh
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/syria/docannexe/image/5214/img-19.jpg
Fichier image/jpeg, 1,9M
Titre Figure 19.
Légende Tell Aayoun, fragments de céramique de différentes époques recueillis en surface
Crédits © L. Cooper
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/syria/docannexe/image/5214/img-20.jpg
Fichier image/jpeg, 639k
Titre Figure 20.
Légende Tell Hamamiyate, versant occidental avec une importante coupe en son extrémité sud qui laisse paraître sa stratigraphie. Au premier plan, deux pierres servent de margelle à un puits.
Crédits © M. Fortin
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/syria/docannexe/image/5214/img-21.jpg
Fichier image/jpeg, 2,6M
Titre Figure 21.
Légende Carte de distribution des (17) sites de la vallée du Ghab durant l’âge du Bronze récent
Crédits © E. Carrera
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/syria/docannexe/image/5214/img-22.jpg
Fichier image/jpeg, 1,7M
Titre Figure 22.
Légende Tell Aas, vue du versant occidental, vers l’est
Crédits © M. Fortin
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/syria/docannexe/image/5214/img-23.jpg
Fichier image/jpeg, 1,9M
Titre Figure 23.
Légende Tell Malah, vue éloignée du flanc occidental, prise depuis l’est
Crédits © M. Fortin
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/syria/docannexe/image/5214/img-24.jpg
Fichier image/jpeg, 1,7M
Titre Figure 24.
Légende Tell Malah, fragments de céramique de différentes époques ramassés en surface
Crédits © L. Cooper
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/syria/docannexe/image/5214/img-25.jpg
Fichier image/jpeg, 832k
Titre Figure 25.
Légende Tell Largi, vue éloignée, vers l’est, montrant bien l’étendue de ce site et sa morphologie
Crédits © M. Fortin
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/syria/docannexe/image/5214/img-26.jpg
Fichier image/jpeg, 2,1M
Titre Figure 26.
Légende Carte de distribution des (22) sites de la vallée du Ghab durant l’âge du Fer
Crédits © E. Carrera
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/syria/docannexe/image/5214/img-27.jpg
Fichier image/jpeg, 1,7M
Titre Figure 27.
Légende Tell Aamourine, carte topographique (extrait de la carte au 1/5 000, Ghab Region, sheet 0431, 1963)
Crédits © United Arab Republic, Province of Syria, Major Projects Administration
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/syria/docannexe/image/5214/img-28.jpg
Fichier image/jpeg, 256k
Titre Figure 28.
Légende Tell Taouil, vue de la terrasse à l’est de la colline principale en partie emportée par des travaux de terrassement
Crédits © M. Fortin
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/syria/docannexe/image/5214/img-29.jpg
Fichier image/jpeg, 2,0M
Titre Figure 29.
Légende Tell Taouil, céramique de l’âge du Fer ramassée en surface
Crédits © M. Fortin
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/syria/docannexe/image/5214/img-30.jpg
Fichier image/jpeg, 1,0M
Titre Figure 30.
Légende Tell Dourou, carte topographique (extrait de  la carte au 1/5 000, Ghab Region [Asharneh], sheet 0222, 1961)
Crédits © United Arab Republic, Province of Syria, Major Projects Administration
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/syria/docannexe/image/5214/img-31.jpg
Fichier image/jpeg, 160k
Titre Figure 31.
Légende Tell Dourou, vue générale du site, vers l’ouest
Crédits © M. Fortin
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/syria/docannexe/image/5214/img-32.jpg
Fichier image/jpeg, 1,5M
Titre Figure 32.
Légende Tell Dourou, tessons de céramique de l’âge du Fer ramassés en surface
Crédits © M. Fortin
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/syria/docannexe/image/5214/img-33.jpg
Fichier image/jpeg, 2,2M
Titre Figure 33.
Légende Tell Bagallou, vue du versant méridional recouvert d’arbres ; le flanc oriental a été tronqué par des travaux de terrassement agricole récents et le passage d’une route.
Crédits © M. Fortin
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/syria/docannexe/image/5214/img-34.jpg
Fichier image/jpeg, 2,0M
Titre Figure 34.
Légende Tell Bagallou, carte topographique (extrait de la carte au 1/5 000, Ghab Region, sheet 0431, 1963)
Crédits © United Arab Republic, Province of Syria, Major Projects Administration
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/syria/docannexe/image/5214/img-35.jpg
Fichier image/jpeg, 270k
Titre Figure 35.
Légende Carte de distribution des (13) sites de la vallée du Ghab durant les périodes hellénistique et romaine
Crédits © E. Carrera
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/syria/docannexe/image/5214/img-36.jpg
Fichier image/jpeg, 1,6M
Titre Figure 36.
Légende Tell Sakr, versant méridional avec la carrière au premier plan et le lit d’une ancienne rivière partiellement remblayé
Crédits © M. Fortin
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/syria/docannexe/image/5214/img-37.jpg
Fichier image/jpeg, 2,3M
Titre Figure 37.
Légende Tell Jiifar, qui se dressait sur une berge du Wadi Far, maintenant asséché à la suite de la construction d'un barrage (à droite sur la photo). Ce wadi passait à proximité d’Apamée qui se trouve à un peu moins de 3 km de là.
Crédits © M. Fortin
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/syria/docannexe/image/5214/img-38.jpg
Fichier image/jpeg, 2,3M
Titre Figure 38.
Légende Tell Houach, la pente du versant oriental a été aplanie par des travaux agricoles.
Crédits © M. Fortin
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/syria/docannexe/image/5214/img-39.jpg
Fichier image/jpeg, 2,1M
Titre Figure 39.
Légende Tell Jarjarra, vestige d’une citadelle romaine (?) circulaire
Crédits © M. Fortin
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/syria/docannexe/image/5214/img-40.jpg
Fichier image/jpeg, 1,8M
Titre Figure 40.
Légende Carte de distribution des (12) sites de la vallée du Ghab à l’époque byzantine
Crédits © E. Carrera
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/syria/docannexe/image/5214/img-41.jpg
Fichier image/jpeg, 1,6M
Titre Figure 41.
Légende Khirbet abou Nagaya, vue générale des blocs amoncelés en bordure de piste, seuls vestiges d’une occupation byzantine dans le champ à proximité où de rares tessons ont été observés au sol
Crédits © M. Fortin
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/syria/docannexe/image/5214/img-42.jpg
Fichier image/jpeg, 2,5M
Titre Figure 42.
Légende Khirbet abou Mirti, quelques blocs d’architrave provenant vraisemblablement d’un bâtiment d’époque byzantine qui devait se dresser à proximité ; ils ont été déplacés en bordure de champs pour faciliter les labours.
Crédits © M. Fortin
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/syria/docannexe/image/5214/img-43.jpg
Fichier image/jpeg, 2,3M
Titre Figure 43.
Légende Carte de distribution des (13) sites de la vallée du Ghab pendant la période islamique
Crédits © E. Carrera
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/syria/docannexe/image/5214/img-44.jpg
Fichier image/jpeg, 1,6M
Titre Figure 44.
Légende Vue des marais de la vallée du Ghab en 1936
Crédits © Archives Ifpo
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/syria/docannexe/image/5214/img-45.jpg
Fichier image/jpeg, 199k
Titre Figure 45.
Légende Tell Qasile 2, Céramique islamique peinte et à glaçure
Crédits © M. Fortin
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/syria/docannexe/image/5214/img-46.jpg
Fichier image/jpeg, 1,7M
Titre Figure 46.
Légende Tell ʿAcharneh, vestiges d’une hutte ottomane mise au jour en 2010
Crédits © M. Fortin
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/syria/docannexe/image/5214/img-47.jpg
Fichier image/jpeg, 413k
Titre Figure 47.
Légende Tell ʿAcharneh, vestiges d’une ancienne noria sur l’Oronte, à l’ouest du tell principal. Elle fut restaurée pour la dernière fois dans les années 1920.
Crédits © M. Fortin
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/syria/docannexe/image/5214/img-48.jpg
Fichier image/jpeg, 1,5M
Haut de page

Pour citer cet article

Référence papier

Michel Fortin, « La vallée du Ghab du Bronze ancien à l’époque ottomane : résultats sommaires de la prospection syro-canadienne (2004-2006) »Syria, HS IV | 2016, 281-301.

Référence électronique

Michel Fortin, « La vallée du Ghab du Bronze ancien à l’époque ottomane : résultats sommaires de la prospection syro-canadienne (2004-2006) »Syria [En ligne], HS IV | 2016, mis en ligne le 01 décembre 2018, consulté le 18 février 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/syria/5214

Haut de page

Droits d’auteur

Le texte et les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés), sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

Haut de page
Rechercher dans OpenEdition Search

Vous allez être redirigé vers OpenEdition Search