Barbara Jändl, Altsüdarabische Inschriften auf Metall (Epigraphische Forschungen auf der Arabischen Halbinsel 4)
Barbara Jändl, Altsüdarabische Inschriften auf Metall (Epigraphische Forschungen auf der Arabischen Halbinsel 4), Ernst Wasmuth Verlag, Tübingen/Berlin, 2009, 219 p. et XXVII pl., ISBN : 978-3-8030-2201-1.
Texte intégral
1Comme l’indique N. Nebes dans l’introduction, le métal est, après la pierre et le bois, le support sur lequel on trouve aujourd’hui au Yémen le plus d’inscriptions remontant à l’époque pré-islamique. Barbara Jändl a pensé qu’il était intéressant de dresser un inventaire de ces inscriptions sudarabiques sur métal. Le choix d’un tel sujet résultait de la double qualification de l’auteur, en philologie et en restauration archéologique.
2Les six premiers chapitres (p. 13-70) de l’ouvrage très soigné que B. Jändl tire de sa thèse (soutenue en 2006) traitent des questions techniques : « Les métaux » ; « Les matériaux métalliques » ; « Les techniques de travail du métal » ; « Les recherches physico-chimiques sur les objets archéologiques » ; « Les résultats obtenus sur un choix d’objets provenant de l’Arabie du Sud antique ».
3Très logiquement, B. Jändl pratique une archéologie expérimentale, en essayant de retrouver les procédés de fabrication antique. Elle illustre son propos avec de nombreuses photographies en couleurs.
4Cette première partie est un travail pionnier dans le champ des études sudarabiques, qu’il s’agisse de la description minutieuse des objets, de l’analyse du métal ou des techniques de fabrication et de gravure. Jusqu’à ce jour, un seul chercheur, le Belge J. Ryckmans (1924-2005), avait donné quelques contributions sur ce thème. À terme, les données factuelles rassemblées pourront contribuer à déterminer l’origine du métal et à préciser la circulation des techniques. Pour l’heure, il est encore difficile de savoir si l’Arabie du Sud a développé ses propres techniques ou fait appel à des artisans étrangers.
5Le septième chapitre (p. 71-196), qui occupe approximativement les deux tiers du volume, est le répertoire des inscriptions sur métal, en nombre légèrement supérieur à 200. Il ne s’agit pas d’une nouvelle édition de ces textes, mais plutôt de l’élaboration d’un instrument de travail pour de nouvelles recherches. Les inscriptions sont classées en fonction de leur support : Tablettes de métal ; Autels ; Ferrures et revêtements ; Statues ; Statuettes et reliefs ; Récipients ; Récipients et autels brûle-parfums ; Lampes ; Mesures de volume et de poids ; Armes ; Pendentifs ; Autres sortes d’objets.
6Pour chaque pièce, B. Jändl donne toutes les informations muséographiques et une bibliographie minutieusement analysée (indiquant notamment où le lecteur pourra trouver une illustration, une transcription, une traduction etc.). Elle reproduit elle-même une transcription et une traduction, accompagnées d’un bref commentaire, qui tiennent compte des dernières améliorations de lecture et d’interprétation.
7La copie des inscriptions est faite avec une acribie admirable. Ma seule remarque est que certains choix typographiques auraient mérité un bref commentaire. Par exemple, le nom de lignage de l’auteur de l’inscription ZM 999 est Ẓrbn à la l. 1, mais Ẓ|rbm aux l. 12-13 (p. 120). Or B. Jändl transcrit le second Ẓ|rb?n?m, supposant sans doute que la graphie originale est *Ẓrbnm. Malheureusement sans photographie et sans commentaire, il est impossible de savoir que, sur la tablette, on lit bien Ẓrbm aux l. 12-13. Dans le même texte, restituer [ḥy]wm à la l. 11.
8La bibliographie des objets et des textes, très complète, rendra indubitablement de grands services.
9On regrettera que très peu de pièces soient illustrées par une photographie. Il y en a trois dans le texte des six premiers chapitres : les tablettes de bronze Höfner AF 1 (Abb. 1 et 29, p. 22 et 61) et Höfner AF 3 (Abb. 5 et 23, pp. 26 et 56) ; CIH 30 (Abb. 6, p. 32).
10En fin de volume, ce sont uniquement les 27 tablettes de bronze provenant de ʿAmrān et offertes par le colonel Coghlan au British Museum de Londres en 1862 (pl. I-XXVII, p. 222-246). Donner des photographies de cette collection, qui est sans doute remarquable, n’était certainement pas la priorité : les tablettes de ʿAmrān peuvent être facilement consultées puisqu’elles sont republiées dans un grand recueil (le Corpus inscriptionum semiticarum, Inscriptiones sabaeas et ḥimyariticas continens, no 70-96) avec de bons clichés. En revanche, quantité d’objets sont édités dans des ouvrages et des revues peu accessibles : c’est ceux-là qu’il aurait fallu illustrer en priorité.
11L’ouvrage s’achève avec la liste des inscriptions traitées (dans l’ordre alphabétique des sigles, p. 201-203, puis classées par site, p. 204-206), la bibliographie (p. 208-219) et les planches I-XXVII (p. 222-246).
12Malgré toutes ses qualités, le volume déçoit quelque peu parce qu’il n’illustre pas les pièces discutées et n’aborde pas une question majeure : celle de la paléographie et de son usage éventuel pour la datation.
13Ce qui singularise tout particulièrement les inscriptions sur métal, c’est qu’elles ne sont pas écrites de la même manière que celles sur pierre ou sur bois. Selon le support, les techniques et les outils diffèrent de sorte que, dans un même lieu à une même date, le modelé des lettres peut varier, parfois de façon notable. Il existe même un style graphique ornementé dit « à double trait » qui, sauf rarissime exception (comme Répertoire d’épigraphie sémitique 4935), est propre aux inscriptions sur métal. L’intérêt le plus manifeste du corpus, homogène et relativement limité, réuni par B. Jändl, était d’offrir une base solide pour vérifier la validité des thèses paléographiques de J. Pirenne, H. von Wissmann, S. Frantsouzoff ou A. Avanzini.
14Barbara Jändl ne traite pas davantage des inscriptions sur métal qui utilisent deux modes de réalisation : un texte coulé dans le rectangle creux et un texte complémentaire gravé sur les marges, en général parce que la place a manqué dans le rectangle creux (voir par exemple Höfner AF 1 ou RES 2693). Or, les lettres coulées n’ont pas exactement la même forme que les lettres gravées. On disposait donc là d’un bon moyen pour mieux cerner ce qui, dans la variation de la forme des lettres, est dû à la technique utilisée — et non à une différence de date. Ces recherches restent à faire.
Pour citer cet article
Référence papier
Christian-Julien Robin, « Barbara Jändl, Altsüdarabische Inschriften auf Metall (Epigraphische Forschungen auf der Arabischen Halbinsel 4) », Syria, 89 | 2012, 461-462.
Référence électronique
Christian-Julien Robin, « Barbara Jändl, Altsüdarabische Inschriften auf Metall (Epigraphische Forschungen auf der Arabischen Halbinsel 4) », Syria [En ligne], 89 | 2012, mis en ligne le 01 juin 2016, consulté le 10 février 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/syria/2855 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/syria.2855
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