Navigation – Plan du site

AccueilNuméros89RecensionsDetlef Jericke, Regionaler Kult u...

Recensions

Detlef Jericke, Regionaler Kult und lokaler Kult. Studien zur Kult- und Religionsgeschichte Israels und Judas im 9. und 8. Jahrhundert v. Chr.

André Lemaire
p. 423-424
Référence(s) :

Detlef Jericke, Regionaler Kult und lokaler Kult. Studien zur Kult- und Religionsgeschichte Israels und Judas im 9. und 8. Jahrhundert v. Chr. (Abhandlungen des deutschen Palästina-Vereins 39), Harrassowitz, Wiesbaden, 2010, ix + 248 p., ISBN : 978-3-447-06253-4.

Texte intégral

1Ce volume est une thèse d’habilitation, légèrement retravaillée, soutenue à la faculté de théologie de l’Université d’Heidelberg. Une longue introduction de 36 p. essaie d’abord de préciser le questionnement et la méthode de cette recherche sur les aspects régionaux et locaux du culte en Israël et Juda au ixe et viiie s. av. n. è. Bien que commençant par une référence à 2 Rois 17,7-23, l’auteur propose une étude presque exclusivement basée sur l’archéologie (p. 6). Après une brève histoire de la recherche, essentiellement en allemand, il présente rapidement les sources archéologiques et épigraphiques qu’il va utiliser et précise les limites géographiques (incluant la Transjordanie) et temporelles (en adoptant l’hypothèse de la « low chronology ») de sa recherche.

2Le cœur de la recherche étudie ensuite successivement les attestations possibles de trois types de culte : les temples urbains, les installations cultuelles urbaines d’une seule pièce ou analogues et les installations cultuelles dans les portes.

3En ce qui concerne les temples urbains, à défaut de restes archéologiques, il date la description du temple de Jérusalem (1 Rois 6-7) de la fin de l’époque royale (viie-vie s.) (p. 45), tandis qu’il ne voit pas trace d’un temple sur l’acropole de Sébastyeh/Samarie mais peut-être dans la ville basse ou dans les environs (p. 57). Selon l’auteur, le sanctuaire d’Arad date de la fin de la forteresse judéenne (strate VII/VI) et sa destruction n’a donc aucun rapport avec la réforme d’Ézéchias tandis qu’il n’y a pas de bamah à Tell el-Qadi/Dan mais les restes d’une résidence ou d’un palais. Au total, il n’y aurait pas de temple urbain en Israël et Juda aux ixe-viiie s. et c’est seulement à la fin du viiie ou dans le viie s. que ce type de temple aurait été construit.

4La recherche d’installations cultuelles urbaines d’une seule pièce ou analogues est plus étendue. L’auteur étudie des cas possibles à Tell el-Qadi/Dan, Khirbet el-‘Asheq/Ein Gev, Tell el-Mutesellim/Megiddo, Tell Abu Qudes, Tell Ta‘annek/Taanak, Tell el-‘Asi/Tel ‘Amal, Tell es-Sarem/Tel Rehov, Sebastyeh/Samarie, Makmish/Tel Mikal, Jérusalem, Tell ed-Duweir/Lakish, ‘Ain el-Husb/‘Ein Hasevah, Horvat Qitmit, Ammon (Tell Jawa) et Moab (Dibân/Dibôn, Khirbet el-Mudeyine, el-Balu‘, WT-13/Rujm er-Rumel) en les comparant au même genre d’installation en Mésopotamie et dans le nord de la Syrie. Au total, certaines pièces cultuelles de 30-35 m2 semblent pouvoir être identifiées sur la base de leurs caractéristiques (banquettes, pierres dressées, petits autels, bases pour offrande cultuelle, modèles de temple, jeux gravés dans la pierre…). Certaines de ces pièces pourraient avoir été des sanctuaires sur une route (‘Ein Hasevah, WT-13). Au total, au ixe-viiie s., ce genre de sanctuaire semble avoir été répandu depuis la Palestine jusqu’au nord de la Syrie et de la Mésopotamie.

5Le troisième type de sanctuaire, celui situé dans la porte de la ville, semble attesté à Tell el-Qadi/Dan, et-Tell/Bethsaïde, Tell el-Far‘a/Tirzah (?) et Khirbet el-Mudeyine (?). Étant donné que l’espace public autour de la porte servait de lieu de rassemblement, ce type de culte paraît avoir été régional, alors que les sanctuaires à l’intérieur de la ville semblent réservés à l’élite locale.

6Après l’interprétation des données archéolo-giques, l’auteur interroge les données épigraphiques : les inscriptions de Tell el-Qadi/Dan, de Mésha, de la citadelle d’Amman, de Deir ‘Alla, de Kuntillet ‘Ajrud, Khirbet el-Qôm et Khirbet Beit-Lei qui révèleraient un couple divin « Yahwéh et son Ashérah », ainsi que diverses manifestations locales de figures divines.

7Une conclusion d’une quinzaine de pages présente les principaux résultats de cette recherche soulignant l’importance du contexte proche-oriental et du régionalisme en mettant en doute l’existence d’un « culte d’État », ce dernier ne semblant que le reflet du culte de la dynastie locale. De manière plus précise, le culte de Yahwéh correspondrait à l’expansion, sous l’influence du commerce, d’un culte nord-arabe ou édomite en Palestine centrale et méridionale mais n’aurait pas atteint la partie septentrionale. À la fin de cette conclusion, l’A. évoque la comparaison avec la tradition de l’Ancien Testament. Le livre se termine par une bibliographie de 30 p., des index et 21 pl. ou dessins.

8Tout en essayant d’être mesuré, nuancé et généralement assez bien informé, ce livre défend donc une thèse s’appuyant essentiellement sur une interprétation des données archéologiques et épigraphiques sans vraiment utiliser les données de la tradition biblique analysées de façon systématique. Il y a là une approche actuellement très répandue mais aussi très discutable du point de vue de la méthode historique, qui ne doit négliger aucune des sources à sa disposition, quitte à les exploiter de façon critique. Cette approche est d’autant plus problématique que les données archéologiques et épigraphiques elles-mêmes peuvent donner lieu à différentes interprétations. L’auteur en a d’ailleurs conscience puisqu’il les mentionne souvent avant d’annoncer sa position. Il souligne ainsi que son interprétation historique de l’archéologie s’appuie sur l’hypothèse de la « low chronology », qui a été et reste très discutée.

9D’autres hypothèses, acceptées ou proposées par l’auteur, paraissent encore plus discutables, ainsi le fait de dater le temple de Jérusalem, d’après la mention des kerubs, des palmettes et des rosettes, du viiie-vie s. (p. 41) puis du viie-vie s., (p. 45), tout en reconnaissant, par exemple, que les kerubs liés à un trône sont déjà attestés sur un ivoire de Megiddo du Bronze récent et sur le sarcophage d’Ahirom (« wahrscheinlich 12. Jh. », p. 41). La datation du temple de Jérusalem dans le viie-vie s., entraînant celle de sa description dans 1 Rois 6-7, apparaît donc purement arbitraire et seulement destinée à ne pas contredire la thèse de l’A. de l’absence de temple urbain au ixe-viiie s. Cette datation, qui contredit les données de la tradition biblique, est assez invraisemblable puisqu’il est probable que le temple de Jérusalem a connu une évolution de sa fonction, durant le viiie s., d’un temple royal à un temple populaire (A. Lemaire, « The Evolution of the 8th cent. bc Jerusalem Temple », I. Finkelstein éd., David Ussishkin Volume, Winona Lake, 2010, p. 215-222). L’argument chronologique tiré de l’identification d’un bît-hilâni paraît tout aussi discutable (cf. G. Lehmann & A. E. Killebrew, « Palace 6000 at Megiddo in Context: Iron Age Central Hall Tetra-Partite Residencies and the Bît-Hilâni Building Tradition in the Levant », BASOR 359, 2010, p. 13-33). Sa datation du sanctuaire d’Arad au viievie s. contredit le rattachement des fouilleurs au viiie s. et ne semble s’appuyer que sur une interprétation discutable de l’ostracon 18. Pour Tel Dan, même si certaines restitutions du sanctuaire par A. Biran méritent une révision, l’interprétation proposée, à savoir la « Substruktion für die Residenz eines lokalen Herrschers », peut difficilement expliquer la découverte d’un « Hörneraltar aus Kalkstein » (p. 72-73). Les fouilles de Tell es-Sarem/Tel Rehov se poursuivent après 2003. Pour Lakish, on est étonné de ne trouver aucune référence à la publication finale des fouilles (D. Ussishkin éd., The Renewed Archaeological Excavations at Lachish [1973-1994], Tel Aviv, 2004, 5 vol. : 2 754 p.). La critique de l’A. contre la classification « édomite » des installations cultuelles de ‘Ein Haseva et Horvat Qitmit (p. 100-101) ne tient aucun compte des données épigraphiques de ces deux sites. Même s’il est indispensable de réviser les fondements des interprétations archéologiques proposées antérieurement, cette révision devrait tenir compte de toutes les données et non d’idées a priori.

10L’analyse des données épigraphiques pose souvent un problème similaire. Pour l’interprétation de l’inscription des fragments de la stèle de Tel Dan, l’auteur suit l’interprétation proposée par Athas en 2003 sans noter qu’elle a été sévèrement critiquée et ne mentionne même pas le livre de H. Hagelia, The Tel Dan Inscription, A Critical Investigation of Recent Research on its Palaeography and Philology, Uppsala, 2006. Pour la stèle de Mésha, il ne tient aucun compte de la lecture HYT à la l. 12 (cf. « New Photographs and ryt or hyt in the Mesha Inscription, Line 12 », IEJ 57, 2007, p. 204-207), tandis que l’identification de ‘Ashtar comme une divinité féminine semble très discutable. Sa présentation de l’inscription de Tell Deir ‘Alla ne mentionne pas les dernières études d’É. Puech (« Bala‘am and Deir ‘Alla », G. H. van Kooten & J. van Ruiten éd., The Prestige of the Pagan Prophet Balaam in Judaism, Early Christianity and Islam, Leyde, 2008, p. 25-47) et d’E. Blum (« Die Kombination I der Wandinschrift vom Tell Deir ‘Alla. Vorschläge zur Rekon-struktion mit historisch-kritischen Anmerkungen », I. Kottsieper et al. éd., Berührungspunkte. Studien zur Sozial- un Religionsgeschichte Israels und seiner Umwelt. Festschrift für Reiner Albertz (AOAT 350), Münster, 2008, p. 573-601 ; « Verstehst du dich nicht auf die Schreibkunst…? », M. Bauks et al. éd., Was ist der Mensch dass du seiner gedenkst? (Psalm 8,5). Festschrift für Bernd Janowski, Neukirchen, 2008, p. 33-53). Pour la formule « Yahwéh et son ashérah » des inscriptions de Kuntillet ‘Ajrud et Khirbet el-Qôm (p.163-172), il ne discute ni même ne mentionne l’interprétation du mot hébreu ashérah comme désignant un arbre ou un bosquet sacré, interprétation de la Septante et de la tradition rabbinique, tandis qu’il n’exploite pas le témoignage de l’onomastique comportant un théonyme.

11Dans ces conditions, même si ce livre rassemble beaucoup de données dispersées, tout en devant souvent se contenter d’une présentation succincte, la thèse qu’il soutient paraît peu convaincante.

Haut de page

Pour citer cet article

Référence papier

André Lemaire, « Detlef Jericke, Regionaler Kult und lokaler Kult. Studien zur Kult- und Religionsgeschichte Israels und Judas im 9. und 8. Jahrhundert v. Chr. »Syria, 89 | 2012, 423-424.

Référence électronique

André Lemaire, « Detlef Jericke, Regionaler Kult und lokaler Kult. Studien zur Kult- und Religionsgeschichte Israels und Judas im 9. und 8. Jahrhundert v. Chr. »Syria [En ligne], 89 | 2012, mis en ligne le 01 juillet 2016, consulté le 15 février 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/syria/1097 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/syria.1097

Haut de page

Droits d’auteur

Le texte et les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés), sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

Haut de page
Rechercher dans OpenEdition Search

Vous allez être redirigé vers OpenEdition Search