Navigation – Plan du site

AccueilNuméros89RecensionsJohn F. Healey, Aramaic Inscripti...

Recensions

John F. Healey, Aramaic Inscriptions and Documents of the Roman Period

Jean-Baptiste Yon
p. 439-441
Référence(s) :

John F. Healey, Aramaic Inscriptions and Documents of the Roman Period (Textbook of Syrian Semitic Inscription, IV), Oxford University Press, Oxford, 2009, xvii + 367p., 21ill. n/b, 1carte, ISBN: 978-0-19-925256-5.

Texte intégral

1Ce volume fort bien venu prend la suite des trois ouvrages de J. C. L. Gibson, parus entre 1971 et 1982 (I, Hebrew and Moabite Inscriptions ; II, Aramaic Inscriptions ; III, Phoenician Inscriptions) chez le même éditeur. Il présente un choix d’inscriptions et de documents (parchemins et papyri) écrits dans divers dialectes de l’araméen, nabatéen, judéo-araméen (Jewish [Palestinian] Aramaic), palmyrénien, syriaque (édessénien), hatréen. Ce qui le distingue des précédents volumes, en particulier du vol. II (qui regroupait lui aussi des textes araméens), est aussi bien la période choisie (d’où le titre) que l’inclusion de documents qui complètent utilement les inscriptions.

  • 1 . Dans le commentaire, l’absence de référence à la ligne concernée n’en facilite pas l’utilisation, (...)

2Dès le xixes., le projet explicite du CIS prévoyait d’intégrer les mieux connus de ces dialectes (palmyrénien et nabatéen, mais pas syriaque!), et on en trouve des exemples dans les manuels et recueils parus depuis cette époque (en particulier, G.A.Cooke, A Text-book of North-Semitic Inscriptions, au début du xxes., ou encore l’ouvrage édité par Fr.Rosenthal, An Aramaic Handbook, paru en1967). Certes, la primauté des études bibliques laissait en marge ces textes d’époque «tardive» (d’où l’usage systématique des transcriptions en alphabet «hébreu carré», principe rejeté avec force par l’A.), dont certains n’ont été bien connus et compris (hatréen en particulier, mais aussi beaucoup des textes en syriaque édessénien) qu’à partir des années1950. La présentation globale, combinée et comparée de ces documents dans un même livre est donc assez nouvelle, avec des transcriptions (en caractères latins diacrités, facilitant la lecture par les non-spécialistes, auxquels s’ajoutent des transcriptions en alphabet hébreu pour les inscriptions juives et en estranghelo pour le syriaque), des traductions et un commentaire —surtout linguistique— détaillé 1. S’y ajoutent quelques illustrations, qui permettent de donner une idée des graphies respectives.

  • 2 . On peut citer également pour le judéo-araméen J.A.Fitzmyer & D.J.Harrington, A Manual of Pale (...)

3Aucun de ces dialectes n’a été négligé par les études sémitiques récentes et on peut nommer pour chacun d’entre eux des publications importantes depuis les années1990 (Palmyrene Aramaic Texts de D.R.Hillers et E.Cussini, publications de Healey lui-même sur le syriaque et le nabatéen, de L.Y.Rahmani sur les ossuaires juifs, de B.Aggoula et Kl.Beyer sur les inscriptions hatréennes 2 et du même Beyer sur ce qu’il nomme «textes araméens de la mer Morte»), mais l’insistance de Healey sur l’existence d’une koiné linguistique et culturelle est à souligner. Certes, le point de vue est principalement linguistique, mais une grande attention est aussi prêtée au vocabulaire comme, par exemple, l’existence d’un langage religieux commun (formules mémorielles), y compris au judéo-araméen. L’A. attire également l’attention sur un héritage partagé dans le domaine légal, une common law qui serait de tradition araméenne, héritière du droit néo-assyrien. Ce point est vraisemblablement à discuter, en tout cas à préciser (voir par exemple l’article de H.M.Cotton dans From Hellenism to Islam. Cultural and Linguistic Change in the Roman Near East, éd. par H.M.Cotton et al., Cambridge, 2009), mais explique sans nul doute l’accent mis dans le choix sur les textes de caractère légal ou paralégal (voir infra).

4L’ouvrage débute par une introduction historique et culturelle qui retrace dans ses grandes lignes l’histoire du Proche-Orient et de chacune des régions représentées, avant de s’intéresser de manière assez générale aux grandes questions à la mode que sont « Literacy and Bilingualism », « Ethnicity », « Law », « Religious Syncretism » : la place allouée à ces problèmes (une à deux pages) ne permet d’en donner qu’un aperçu sommaire, suivi d’une bibliographie d’orientation. Vient ensuite une assez substantielle introduction épigraphique et linguistique qui, sans entrer dans tous les détails techniques, offre une présentation claire de l’histoire de l’araméen (et de son écriture) et présente les différents dialectes dans leurs différences et leurs ressemblances des points de vue grammatical, lexical et phonétique (avec là encore, présentation bibliographique d’orientation). L’ouvrage est présenté explicitement comme une introduction aux dialectes de l’araméen, ce qui fait que Healey ne réédite pas à proprement parler les textes, mais en donne une version relativement sûre, en signalant les problèmes (parfois nombreux et épineux).

  • 3 . Publiée par J.F.Healey lui-même (JSS 51, 2006). Certains textes hatréens publiés récemment aura (...)
  • 4 . On regrettera le petit nombre de documents judéoaraméen, et bien qu’elles soient plus tardives, (...)

5Chaque dialecte a ensuite droit à un chapitre particulier, regroupant entre 9documents (judéo-araméens) et 17 à18 (18nabatéens, 18palmyréniens, 18syriaques, 17hatréens), qui oscillent entre le très court (un ossuaire de Jérusalem) et le très long (tarif de Palmyre). Les textes choisis ne sont pas tout à fait représentatifs de la structure de la documentation en général, formée en grande majorité d’épitaphes (ossuaires juifs, bustes palmyréniens) ou de graffiti (nabatéens), mais il était sans doute inutile de multiplier à l’excès ce type de texte. On peut regretter toutefois qu’il n’y ait qu’un seul ossuaire juif et aucune épitaphe palmyrénienne, ni aucun graffito nabatéen. De même, en palmyrénien, l’absence de dédicaces au dieu anonyme est regrettable, même si leur caractère extrêmement court et répétitif en est une explication. Le choix était plus facile pour le hatréen ou le syriaque édessénien dont les corpus sont plus réduits et dans lesquels on pouvait aisément sélectionner des textes représentatifs. Il n’y a pas d’inédits et seule une inscription sur mosaïque d’Édesse est une découverte récente 3. On fera une place à part aux différents documents (P.Euphr. pour le syriaque et P.Yadin pour le nabatéen et le judéo-araméen) publiés depuis1990 et dont l’importance justifiait la présence ici. Comme pour les autres dialectes, ont été privilégiés les textes exceptionnels (inscriptions les plus anciennes ou les plus récentes, papyri nabatéens, lettres de Simon bar Kosibah ou parchemins syriaques de Doura et de l’Euphrate, tarif de Palmyre) ou à juste titre célèbres (inscription de la tombe Turkmāniyyah, inscriptions d’Odainat et Zénobie, textes légaux hatréens), avec évidemment les diverses catégories habituelles, inscriptions honorifiques, dédicaces de statues ou de bâtiments (principalement des tombes), inscriptions funéraires sur mosaïque d’Édesse et des environs 4.

  • 5 . Signalons toutefois qu’une partie du tarif de Palmyre en grec (panneauxiii et iv) n’est pas trad (...)

6Les quelques textes bilingues (de Nabatène et de Palmyre) sont donnés avec leur partie grecque (ou thamudéenne) traduite, mais sans commentaire spécifique 5. L’ouvrage s’achève par un nombre limité de figures (11dessins au trait et 10photos), par un «index lexical» (sans traduction), regroupant par dialecte tout le vocabulaire, noms propres compris, et enfin par une bibliographie complète (une liste d’abréviations est fournie au début du volume).

  • 6 . Ainsi le centurion de légion (qryn’ dy lgywn’) Iulius Maximus peut difficilement être autre chos (...)
  • 7 . Un tableau de concordance épigraphique aurait rendu des services aux lecteurs.

7Même si l’on peut parfois regretter l’aspect un peu sommaire, à l’occasion discutable, des interprétations historiques 6, ce choix d’inscriptions est donc une utile introduction aux différents dialectes, qui s’adresse de manière très pédagogique à ceux qui connaissent l’un d’entre eux et veulent pouvoir se servir des autres. Il ne dispense pas du recours aux éditions savantes pour l’utilisation « historique » des divers textes rassemblés 7, mais permettra à de plus nombreux chercheurs et étudiants de profiter des richesses parfois difficilement accessibles de l’épigraphie et de la papyrologie sémitiques d’époque romaine.

Haut de page

Notes

1 . Dans le commentaire, l’absence de référence à la ligne concernée n’en facilite pas l’utilisation, en particulier dans le cas des textes un peu longs (comme le tarif de Palmyre ou les différents papyri et parchemins).

2 . On peut citer également pour le judéo-araméen J.A.Fitzmyer & D.J.Harrington, A Manual of Palestinian Aramaic Texts, paru en1978, mais augmenté en1994. À la différence de l’ouvrage de Healey, les auteurs ont inclus dans leur choix les textes littéraires.

3 . Publiée par J.F.Healey lui-même (JSS 51, 2006). Certains textes hatréens publiés récemment auraient ainsi pu être pris en compte (voir par ex., Kl.Beyer, Festschrift Jastrow, Wiesbaden, 2002).

4 . On regrettera le petit nombre de documents judéoaraméen, et bien qu’elles soient plus tardives, un aperçu des inscriptions de l’époque protobyzantine aurait pu être fait avec, par ex., le très riche dossier de Ghor es-Safi, sur lequel on peut consulter, de manière préliminaire, Y.E.Meimaris & K.I.Kritikakou-Nikolaropoulou, Inscriptions from Palaestina Tertia, 1b, The Greek Inscriptions from Ghor es-Safi, Byzantine Zoora (Meletemata 57), 2008.

5 . Signalons toutefois qu’une partie du tarif de Palmyre en grec (panneauxiii et iv) n’est pas traduite, bien que le texte soit donné p.168-173. Le panneauiv n’apparaît d’ailleurs même pas dans le tableau synoptique de la structure du tarif p.165.

6 . Ainsi le centurion de légion (qryn’ dy lgywn’) Iulius Maximus peut difficilement être autre chose qu’un membre de l’armée romaine en 135apr. J.-C. (texte 31, p.150-151 [= PAT 1397]). Sur la lecture du texte, voir maintenant IGLS XVII/1, 209. De même, l’indépendance de Palmyre («a sort of independence under a local constitution», p.12) à partir du passage d’Hadrien en (vers) 129apr. J.-C. n’est qu’un mythe. Comme l’ont montré entre autres F.Millar et M.Sartre, Palmyre appartenait à l’empire et ses institutions ressemblaient à celles d’une cité normale. Cela n’empêche évidemment pas que Palmyre et ses habitants aient eu un fort particularisme.

7 . Un tableau de concordance épigraphique aurait rendu des services aux lecteurs.

Haut de page

Pour citer cet article

Référence papier

Jean-Baptiste Yon, « John F. Healey, Aramaic Inscriptions and Documents of the Roman Period »Syria, 89 | 2012, 439-441.

Référence électronique

Jean-Baptiste Yon, « John F. Healey, Aramaic Inscriptions and Documents of the Roman Period »Syria [En ligne], 89 | 2012, mis en ligne le 01 juillet 2016, consulté le 12 février 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/syria/1095 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/syria.1095

Haut de page

Droits d’auteur

Le texte et les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés), sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

Haut de page
Rechercher dans OpenEdition Search

Vous allez être redirigé vers OpenEdition Search