Kevin M. McGeough & Mark S. McGeough, Ugaritic Economic Tablets. Text, Translation and Notes
Kevin M. McGeough & Mark S. McGeough, Ugaritic Economic Tablets. Text, Translation and Notes (Ancient Near Eastern Studies Supplement Series), David Brown Book Co, Louvain, 2011, 21,6 x 29,8 cm, 625 p., ISBN : 978-9042922716.
Texte intégral
1Dans son ouvrage Exchange Relationships at Ugarit, Louvain, 2007 (cf. Syria 87 [2010] p. 418-420), K. M. McGeough (= MG) annonçait (p. 7) la parution future d’un volume avec des traductions et des commentaires sur les textes économiques ougaritiques. Voici donc le volume promis par l’auteur. Comme son Exchange Relationships, ce nouveau volume trouve son origine dans le travail accompli pour sa thèse doctorale à l’Université de Pennsylvanie (p. xxv).
2L’ouvrage a comme buts premiers (p. 1) de servir de complément à son ouvrage précédent en fournissant des traductions mises à jour des textes économiques alphabétiques d’Ougarit. D’après l’auteur, il ne faut pas entendre ce travail comme une édition critique des textes, mais comme une ressource utile pour accéder à ceux-ci. Les documents sont présentés selon leur lieu de trouvaille dans la fouille. La plupart des transcriptions reproduisent le texte de l’édition de M. Dietrich, O. Loretz & J. Sanmartín, The Cuneiforme Alphabetic Texts From Ugarit, Ras Ibn Hani and Other Places (= CAT), Münster, 1995 (p. 2). Dans ses traductions, MG veut montrer l’ambiguïté des textes eux-mêmes aussi bien que les limites de nos connaissances sur ce genre de documentss (p. 3). L’introduction est complétée pas une étude des prépositions ougaritiques l et b (p. 6-13), de la locution prépositionnelle bd (p. 13-24), de l’expression kbd (p. 25-26), aussi bien que des catégories professionnelles ou militaires : bnš, bnš mlk, nʿr, skn, md, mr’, mryn, ʿšr, et bdl (il étudie la plupart de ces catégories, de manière plus approfondie, dans le troisième chapitre de son Exchange Relationships). L’ouvrage est complété par deux listes insérées au début (« List of texts by KTU number » et « List of texts by excavation [RS] number », p. ix-xxiii) et par un index « to the Introduction, Commentary, and Footnotes » à la fin (p. 623-625).
3MG souligne qu’il ne vient pas fournir une édition critique d’emblée et cet ouvrage doit être jugé en conséquence. Mais il est vrai aussi qu’il a accompli un effort évident pour fournir des lectures corrigées par rapport à celles de CAT, en faisant appel aux collations d’autres auteurs. Souvent, néanmoins, MG n’a pas osé toucher au texte de CAT, confinant les lectures correctes dans les notes en bas de page ; c’est ainsi que (pour en donner seulement deux exemples) il laisse la lecture iršn de CAT à la l. 17 du texte 4.77 (RS 11.774), en remarquant en note (p. 49, n. 30) que Pardee avait déjà fourni la lecture correcte niršn, et qu’on trouve toujours la restitution < l > à la l. 2 du texte 4.143 (RS 15.031), bien qu’il note (p. 107, n. 68) que nous avions déjà prouvé par collation que ce l était bien présent dans le texte. Sur ce point, MG aurait certainement pu mener son effort à terme. Il connaît et il emploie certaines collations publiées dans la revue Ugarit-Forschungen, mais il en oublie d’autres parues dans la même revue ; c’est ainsi que, par exemple, il présente le texte 4.102 (RS 11.857) encore incorrectement dans l’ordre inverse (p. 38‑39 ; le recto de MG devrait être le verso et vice versa ; cf. Ugarit-Forschungen 29 [1997], p. 705-707), et il ne tient pas compte de l’article « Epigraphische Bemerkungen zu ausgewählten ugaritischen Wirtschaftstexten », Ugarit-Forschungen 29 (1997), p. 675-681, où sont présentés les résultats de la collation de onze textes administratifs. On trouvera une réédition des textes 4.192 (RS 15.176) et 4.193 (RS 15.176bis) dans Ugarit-Forschungen 36 (2004), p. 523-531.
4Presque tous les textes sont suivis d’un court commentaire qui essaie d’éclairer le contenu et le but du document. Ces textes sont souvent difficiles à comprendre, voire à traduire, et on pourrait en conséquence avoir de longues discussions à propos de ces commentaires ; il reste, néanmoins, qu’il s’agit d’une aide utile pour le lecteur. Mais l’auteur aurait pu facilement soigner un peu plus certains détails dans ses traductions. Dans son commentaire au terme kd, par exemple, très présent dans ces textes administratifs, MG dit qu’il « reflect[s] not a set amount of weight but a certain class of amphorae that has roughly the same value » (p. 25) ; il aurait pu préciser que la valeur de cette mesure est de 10 ou 11 l, comme l’avait déjà montré J.-Á. Zamora dans son ouvrage La vid y el vino en Ugarit, Madrid, 2000, p. 351-356, ouvrage que MG connaît et emploie (cf. p. 622). À d’autres endroits, on trouve des incohérences entre son commentaire initial d’un mot et sa traduction postérieure. C’est le cas notamment du très important terme kbd, présenté aux p. 25-26. MG mentionne, par exemple, la traduction « total » que M. Liverani avait donnée au terme, en signalant ensuite (p. 26) que J. Tropper, aussi bien que G. Del Olmo et J. Sanmartín, avaient atteint une explication plus satisfaisante en traduisant le mot par « plus » (« to connect different units of measurement within the same clause »), pour en conclure que le mot sera rarement traduit tout au long de l’ouvrage. Néanmoins, quand il est traduit, on trouve la traduction « total », par exemple à la l. 13 du texte 4.137 (RS 15.015+) (p. 101) ou à la l. 11 du texte 4.173 (RS 15.094) (p. 135) ; dans ce cas, kbd aurait la même signification que le mot tgmr « total ». Mais ces deux mots ne sont pas des synonymes et MG doit ainsi se passer de traduire kbd quand tgmr se trouve à proximité (comme c’est le cas, par exemple, aux l. 24-25 du texte 4.141 [RS 15.022+], p. 105 : ḫmšm . ṯmn . kbd / tgmr . bnš . mlk « 58 : Total of the bnš mlk »).
5Pour aider le lecteur, l’ouvrage aurait pu être enrichi d’un plan du tell de Ras Shamra avec indication des principales archives qui ont fourni des textes économiques, aussi bien que de courtes présentations de chacune de ces archives au début de chaque chapitre (par contre, on trouvera des présentations générales des archives dans le chap. vi d’Exchange Relationships). Seul le chap. iv bénéficie d’une note (p. 225 n. 1) pour expliquer l’expression « the so-called ‘oven’ texts » ; il aurait fallu y mentionner aussi l’article de J.-Cl. Margueron, « Feu le four à tablettes de l’ex-‘Cour V’ du Palais d’Ugarit », Syria 72 (1995), p. 55-69, fondamental pour comprendre cette trouvaille de textes (voir désormais aussi les études à ce propos d’Y. Coquinot, A. Bouquillon, A. Leclaire et V. Matoïan, « Le ‘four aux tablettes’ du locus 153 ‘ex-Cour V’ du Palais Royal d’Ougarit : nouvelles données sur le matériel non épigraphique » et celle de R. Hawley, F. Malbran-Labat et C. Roche, « Pour une étude sur les textes de l’ex-four dans ‘l’ex-Cour V’ du Palais Royal d’Ougarit », dans V. Matoïan (éd.), Le mobilier du Palais Royal d’Ougarit, RSO XVII, Lyon, 2008, p. 307-326 et 327-344 respectivement).
6Plus important encore, MG aurait pu soulever aussi la question — d’une importance capitale pour son ouvrage — de ce qu’est un « texte économique ». Résoudre ce problème ferait certainement partie des « Problems with economic texts » que l’auteur mentionne aux p. 2-3. La question devient claire quand MG lui-même hésite à propos du classement de certains textes ; voir par exemple le commentaire au texte 4.615 (RS 19.021) : « This might be an account of field transfers. However, if both of Tropper and Vita’s suggestions are correct, then this tablet has more in common with legal texts than with economic texts ». MG inclut aussi le texte 3.10 (RIH 84/33) avec comme commentaire : « Even though KTU takes this as legal texts […] this may be understood as an economic text and thus is included here » (p. 601, n. 29) ; le texte MO 39 (RS 94.2965) constitue un cas analogue : « This is better understood as a legal text, not an economic text » ; pourquoi alors se trouve-t-il pas inclus dans cet ouvrage ? Les éditeurs mêmes de MO 39 considèrent qu’il s’agit d’un texte juridique, voir à ce propos P. Bordreuil et D. Pardee, Manual of Ugaritic, Winona Lake, 2009, p. 260-261.
7Malgré les objections que nous venons de soulever, nous tenons à remercier K. M. McGeough pour avoir rendu beaucoup plus accessibles les textes administratifs ougaritiques, dans un ouvrage qui sera certainement beaucoup employé et cité.
Pour citer cet article
Référence papier
Juan-Pablo Vita, « Kevin M. McGeough & Mark S. McGeough, Ugaritic Economic Tablets. Text, Translation and Notes », Syria, 89 | 2012, 403-405.
Référence électronique
Juan-Pablo Vita, « Kevin M. McGeough & Mark S. McGeough, Ugaritic Economic Tablets. Text, Translation and Notes », Syria [En ligne], 89 | 2012, mis en ligne le 01 juillet 2016, consulté le 07 février 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/syria/1039 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/syria.1039
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