Henning Marquardt, Hethitische Logogramme. Funktion und Verwendung
Henning Marquardt, Hethitische Logogramme. Funktion und Verwendung (Dresdner Beiträge zur Hethitologie 34), Harrassowitz Verlag, Wiesbaden, 2011, 1 vol. xi + 147 p., ISBN : 3447064188.
Texte intégral
1Il s’agit de la publication de la thèse de doctorat de l’auteur, soutenue à l’Université de Dresde en 2010 sous la direction de J. Tischler. Après avoir défini les objectifs qu’il s’est fixés (« Einleitung », p. 1-10), l’auteur présente les difficultés inhérentes au système cunéiforme hittite (« Das hethitische Keilschriftsystem », p. 11-19), se penche sur une sélection de logogrammes (« Material », p. 20-109) puis sur la répartition en diverses catégories du vocabulaire hittite représenté par les logogrammes (« Auswertung », p. 110-122). L’introduction de l’auteur est particulièrement éclairante sur la démarche intellectuelle de cet ouvrage et montre qu’un des points centraux de cette enquête est constitué par la ou les lectures hittites des logogrammes. L’auteur appelle ce phénomène « Logogrammmaskierung ». Dans cette introduction, il revient sur la distinction entre logogramme, sumérogramme et akkadogramme. Il rappelle ensuite les grands principes du cunéiforme hittite : 1) la façon de rendre les successions de deux consonnes (ex : /sp/ de *spant- rendu par išpant- et šipant-) ; 2) les différents types de syllabes du cunéiforme (CV, VC, V, CVC) ; 3) l’ajout possible d’un complément phonétique hittite à la suite d’un logogramme.
2Le corpus des 93 logogrammes sélectionnés par l’auteur est ensuite examiné. Pour chaque logogramme, l’auteur indique sous forme de tableau les compléments phonétiques attestés et, si possible, les lectures phonétiques de chaque forme déclinée. Une seule référence textuelle est donnée pour chaque forme. Le principal problème de ces tableaux réside dans la simplification de certains cas. Il n’est, en effet, pas précisé que certains logogrammes ont vraisemblablement plusieurs lectures phonétiques dans les textes hittites. Le logogramme ALAM « effigie, image » en est un exemple (p. 27). Il est bien regrettable que si peu de compléments phonétiques soient attestés en association avec ce logogramme : l’auteur n’a trouvé que deux formes, à savoir ALAM-i et ALAM-ri toutes deux liées au hittite ēšri-. Or il y a de grandes chances pour que d’autres termes hittites puissent être rendus par le logogramme ALAM. Tel est le cas du hittite šena- / šina- « figurine » qui doit, lui aussi, se cacher ici et là derrière ce logogramme. Le logogramme LÚ « homme » est un second exemple (p. 69-70). À côté de la lecture pešna- attendue, les textes hittites montrent clairement une équivalence LÚ = antuhša-, comme le signe M. Weeden dans son ouvrage (voir la recension ci-après). Ainsi, on atteint ici les limites de l’étude d’H. Marquardt : se basant visiblement sur les fiches de l’Académie de Mayence (voir « Vorwort »), l’auteur n’a pas réalisé l’analyse contextuelle qui s’impose. Il en ressort une vision parcellaire des logogrammes hittites dont les acceptions sont plus riches que ne le montre son ouvrage. Une seule exception peut être observée : le logogramme SIG5 (p. 87).
3Les conclusions de l’auteur sont quelque peu attendues : le scribe peut choisir d’utiliser un logogramme pour gagner de la place sur la tablette, même si cela n’est pas sa seule motivation, comme le souligne à juste titre H. Marquardt (p. 118). Notons que la motivation indiquée par l’auteur à la p. 119 est, quant à elle, beaucoup moins convaincante. L’auteur écrit en effet : « Die hethitischen Schreiber hätten demnach die Verwendung eines Sumerogramms bevorzugt, weil sie sich vielleicht der syllabischen Schreibung unsicher waren. » Cette position paraît peu tenable si l’on considère ce que l’auteur a lui-même brièvement montré au sujet de l’écriture syllabique cunéiforme, à savoir la grande souplesse de celle-ci. En outre, comment envisager qu’un scribe hittite ne sache pas rendre en syllabes un terme relevant de son vocabulaire ? Le choix d’utiliser un logogramme plutôt qu’une série de signes syllabiques doit principalement refléter le conditionnement du scribe qui est tributaire d’une école en particulier. Pour cette raison, il serait probablement pertinent de comparer le choix des logogrammes dans les textes hittites à ceux des textes syriens et mitanniens, comme cela a déjà été fait ici et là dans la littérature hittitologique. Malgré ces remarques, cet ouvrage constitue une synthèse utile pour l’étude des logogrammes hittites.
Pour citer cet article
Référence papier
Alice Mouton, « Henning Marquardt, Hethitische Logogramme. Funktion und Verwendung », Syria, 89 | 2012, 401-402.
Référence électronique
Alice Mouton, « Henning Marquardt, Hethitische Logogramme. Funktion und Verwendung », Syria [En ligne], 89 | 2012, mis en ligne le 01 juillet 2016, consulté le 07 février 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/syria/1035 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/syria.1035
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