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Rassegna bibliografica
Ottocento a) dal 1800 al 1850

Poétique de Vigny, L. Sabourin et S. Ledda (dir.)

Pierre Dupuy
p. 374-375
Notizia bibliografica:

Poétique de Vigny, sous la direction de Lise Sabourin et Sylvain Ledda, Paris, Honoré Champion, 2016, 435 pp.

Testo integrale

1L’ouvrage Poétique de Vigny constitue les actes d’un colloque tenu à Cerisy, du 28 juin au 5 juillet 2013, à l’occasion du 150e anniversaire de la mort de l’écrivain. Dans cet ouvrage, l’œuvre d’Alfred de Vigny fait l’objet d’un nombre non négligeable d’études et de commentaires, visant, pour la plupart, à renouveler la perception commune, et parfois stéréotypée, de cet auteur. L’introduction rédigée par Lise Sabourin et Sylvain Ledda part d’ailleurs d’un constat, afin de démonter une idée reçue: «Alfred de Vigny, comte d’Aquitaine à la prétendue tour d’ivoire, offre une image trop belle de la solitude romantique pour qu’elle ne soit pas suspecte aux yeux de la critique actuelle». De fait, cette introduction nous rappelle, à rebours du vers fameux de Sainte-Beuve, à quel point Vigny s’est montré proche des interrogations de son époque et de quelle façon il a utilisé tous les genres littéraires, «toutes les tribunes de son temps» pour s’exprimer. Les articles du présent ouvrage sont donc classés dans un ordre générique, selon qu’ils s’intéressent à la pratique poétique, théâtrale, historique ou critique de Vigny: «Revenir aujourd’hui sur la poétique de Vigny, c’est donc interroger la manière dont son œuvre crée une matière réflexive sur la création, objet d’une attention constante du poète».

2Vigny, à ses yeux et à ceux de la postérité, est tout d’abord un poète. Si Aurélie Foglia-Loiseleur analyse sa poésie selon le prisme d’un «cristal d’abstraction» et voit, dans ses poèmes philosophiques notamment, une philosophie – ou «anti-philosophie» – où l’image s’est substituée à l’abstraction (Le système de Vigny, un cristal d’abstraction, pp. 16-35), Étienne Kern, quant à lui, lit la poésie de Vigny à l’aune du modèle épique, et cherche à comprendre comment le poète a transformé sa désillusion de l’épopée en «poème épique de la désillusion» (Vigny et l’épopée, pp. 35-50). Par ailleurs, le questionnement religieux est permanent dans la poésie de Vigny, comme le montrent Esther Pinon, lorsqu’elle s’interroge sur le statut du blasphème dans cette poésie («Votre dernier soupir sera-t-il un blasphème?»: forces et faiblesses du blasphème dans la poésie de Vigny, pp. 50-66), et Bérangère Chaumont, lorsqu’elle s’interroge sur la prégnance de la nuit dans bien des poèmes (Effets de nuit dans la poésie de Vigny, pp. 66-84). Enfin, Isabelle Hautbout s’attache à montrer en quoi la poésie de Vigny est une poésie «sans facilité ni illusion», qui permet à l’auteur d’explorer différents genres mais aussi, dans le même temps, de les remettre en cause (La poétique à l’épreuve de la poésie, pp. 85-100).

3La pratique théâtrale de Vigny occupe également un pan important de son œuvre. Lise Sabourin nous rappelle à quel point il est important de garder en mémoire les liens entretenus par Vigny avec la pensée classique pour comprendre ce théâtre (Vigny, le théâtre et la pensée classique, pp. 103-119). Odile Krakovitch nous rappelle, quant à elle, les déboires que Vigny a connus plusieurs fois avec la censure, à l’occasion des représentations de plusieurs de ses pièces (Alfred de Vigny, ou l’académicien censuré pour ses œuvres de jeunesse, pp. 119-144). La présence d’un proverbe, Quitte pour la peur, peut surprendre au sein de l’œuvre de Vigny: Valentina Ponzetto s’emploie à rendre à cette pièce la place centrale qu’elle a eue dans l’évolution du genre au cours du siècle (Vigny et le genre du proverbe, pp. 144-159), tandis qu’Amélie Calderone s’attache à montrer en quoi sa publication dans la Revue des deux mondes illustre les rapports complexes de Vigny avec la presse (La publication de “Quitte pour la peur” dans la «Revue des deux mondes»: théâtre-chaire ou théâtre d’élite?, pp. 159-182). Enfin, deux autres interventions s’intéressent aux drames écrits par Vigny. Stéphane Arthur s’interroge sur la réception de “Chatterton”, de 1835, date de sa création, à 1935 (“Chatterton”, «enthousiasme de poète» ou drame véritable? La presse et le drame du poète, pp. 182-197). Quant à Barbara T. Cooper, elle s’interroge sur la représentation de l’espace dans La Maréchale d’Ancre, en particulier à partir des fonctions multiples des portes (C’est par là que se passe l’intrigue: essai sur le rôle des portes dans “La Maréchale d’Ancre” de Vigny, pp. 197-209).

4L’Histoire constitue le cœur des œuvres en prose de Vigny. Isabelle Durand s’attache à démontrer que son premier roman, Cinq-Mars, tient peut-être moins, à plusieurs égards, du roman historique, tel que Walter Scott le pratique, que du roman gothique anglais (Vigny et le roman historique, pp. 213-227). Par ailleurs, Sophie Vanden Abeele-Marchal montre en quoi le statut variable du document, de la preuve, du témoignage dans ce roman, est d’une certaine façon représentatif de la pensée vignyenne de l’Histoire («La minute est aux enfers, dans le cabinet de Lucifer». Le document à l’épreuve du roman historique dansCinq-Mars”, pp. 227-241). Au roman historique qu’est Cinq-Mars, succèdent ainsi les romans philosophiques. Si Stello et Daphné sont évoqués rapidement sans faire l’objet de contributions à part entière, Servitude et grandeur militaires est au cœur, dans cet ouvrage, de deux questionnements distincts. D’une part, Anne-Sophie Morel cherche à comprendre comment s’exprime la violence de l’Histoire dans ce texte (Figures de la violence dansServitude et grandeur militaires” de Vigny, pp. 241-255); d’autre part, Marie-Hélène Girard cherche à y distinguer les différentes représentations artistiques du soldat qui ont sous-tendu la réflexion de Vigny sur le sujet (Images de soldats. Vigny et la culture visuelle de son temps, pp. 255-276). Enfin, en s’interrogeant plus largement, sur la notion d’empire dans l’œuvre de Vigny, et en particulier sur les figures de Julien et de Napoléon Ier, Anne Kern-Bocquel s’attache à montrer la difficile conciliation des pouvoirs temporel et spirituel dans cette œuvre (Vigny et la notion d’empire, pp. 276-289).

5Enfin, la dernière partie du livre s’intéresse à la relation de Vigny avec la critique. Le poète s’est-il adonné à cet exercice particulier? L’analyse de sa correspondance entre 1839 et 1845 par Philippe Antoine confirme, à qui pouvait encore en douter, l’attention constante portée par Vigny à son époque (La “Correspondance” de Vigny à l’écoute de la vie moderne, pp. 293-305). De la même façon, Patrick Berthier nous montre quels usages occasionnels Vigny a pu faire de la presse, pour encenser des amis auteurs, pour promouvoir le talent dramatique de Marie Dorval, mais aussi pour faire entendre sa voix dans le débat sur la propriété littéraire en 1841 (Y., 1831 ou Vigny journaliste, pp. 305-321). De plus, Sidonie Lemeux-Fraitot nous montre que si la critique d’art n’a jamais été pratiquée stricto sensu par Vigny, élève et ami de Girodet, elle transparaît néanmoins de façon flagrante dans plusieurs de ses œuvres (Alfred de Vigny critique d’art, pp. 321-336). Vigny a également fait l’objet d’une fortune critique contrastée. Luc Fraisse nous montre que «Le Figaro», au cours de ses premières années (1826-1838), a généralement été plutôt favorable à l’auteur (L’émergence de la renommée de Vigny à travers les premières années du «Figaro», pp. 336-349). En outre, comme nous l’indique Janette McLeman-Carnie, les cercles littéraires britanniques ont eux aussi reservé un accueil relativement enthousiaste au poète durant les années 1830 (Vigny et le milieu littéraire anglais, pp. 349-366). Michel Brix, quant à lui, montre comment la fortune critique de Vigny a varié en France, selon que son œuvre était lue par les théoriciens du romantisme libéral et progressiste, ou par les théoriciens de l’Art pour l’Art et de la modernité critique (De Sainte-Beuve à Leconte de Lisle: Vigny, du romantisme à la modernité, pp. 366-376). Par ailleurs, Fabienne Bercegol explique comment Barbey d’Aurevilly, dans les nombreux articles qu’il a consacrés à l’œuvre de Vigny, a contribué à forger la réputation du poète angélique («L’aîné de nous tous»: l’éloge de Vigny par Barbey d’Aurevilly, pp. 377-392). Enfin, la fortune critique de Vigny est également internationale, comme le montre la comparaison, réalisée par Mariana Perisanu, entre le poète français et le plus éminent des poètes roumains, Mihai Eminescu (Eminescu et Vigny: orfèvres de la pensée poétique, pp. 393-407).

6Cet important ouvrage relance donc incontestablement les recherches vignyennes. Dans leur conclusion, Lise Sabourin et Sylvain Ledda espèrent enfin avoir fait choir le poète de la tour d’ivoire qui lui avait été abusivement attribuée. Nul doute que cet ouvrage permettra enfin, à ceux qui le liront, de (mieux) connaître Alfred de Vigny et son œuvre.

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Notizia bibliografica

Pierre Dupuy, «Poétique de Vigny, L. Sabourin et S. Ledda (dir.)»Studi Francesi, 182 (LXI | II) | 2017, 374-375.

Notizia bibliografica digitale

Pierre Dupuy, «Poétique de Vigny, L. Sabourin et S. Ledda (dir.)»Studi Francesi [Online], 182 (LXI | II) | 2017, online dal 01 août 2017, consultato il 14 janvier 2025. URL: http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/studifrancesi/9993; DOI: https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/studifrancesi.9993

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