J. Ducos, O. Soutet, J.-R. Valette, Le français médiéval par les textes. Anthologie commentée
Joëlle Ducos, Olivier Soutet, Jean-René Valette, Le français médiéval par les textes. Anthologie commentée, Paris, Honoré Champion, 2016, «Champion Classiques - Références et Dictionnaires», 463 pp.
Testo integrale
1Les anthologies de textes médiévaux ne manquent pas sur le marché, français, belge ou italien: parmi les plus récentes on rappellera celles de G. Matteo Roccati (Il Medioevo – Florilège. Antologia della letteratura francese, Alessandria, 2000), Claude Thiry (Anthologie de la littérature française du Moyen Âge, Louvain-la-Neuve, 2002), Frédéric Duval (Le français médiéval, Turnhout, 2009). Nouvelle venue, celle dont nous rendons compte ici, fruit de la collaboration de deux linguistes et d’un critique littéraire, se signale par sa triple approche – linguistique, philologique, littéraire –, qui se reflète tant dans l’introduction que dans l’apparat qui accompagne chaque texte.
2Sans prétendre ne fût-ce que résumer en quelques pages l’histoire du français du ixe au xve siècle, l’Introduction linguistique (pp. 11-44 + complément bibliographique pp. 44-48) en synthétise les traits essentiels, de la situation de diglossie latin-français à la variété dialectale, pour s’arrêter plus longuement sur l’évolution phonétique, morphologique et syntaxique à l’œuvre entre ancien et moyen français. Plus théorique, l’introduction littéraire (La littérature française du Moyen Âge: éléments d’introduction, pp. 49-99 + bibliographie pp. 93-103) s’articule autour de trois concepts: l’historicisation, à savoir l’idée que la littérature demeure un fait historique, la périodisation, ou plutôt les périodisations proposées pour scander la production des siècles en question, et la classification, soit les taxinomies médiévales, fondées sur les matières sinon sur les «genres» au sens moderne du mot.
3La chrestomathie est organisée en trois parties: «L’émergence du français face au latin (ixe-xie siècle)», comprenant quatre textes; «Expression et autonomie du français comme langue écrite (xiie-xiiie siècle)», avec 31 textes au total, dont 12 pour le xiie, 19 pour le xiiie siècle; «Normalisation du français comme langue écrite (xive-xve siècle)», avec 16 textes. L’effort est remarquable pour proposer une variété aussi vaste que possible, tant pour les genres concernés que pour les formes, en vers et en prose: outre les «incontournables» (Serments de Strasbourg, Chanson de Roland, Cligés, Roman de Renart, Roman de la Rose, Povretei Rutebeuf, Charles d’Orléans et François Villon), on découvrira avec plaisir des extraits moins attendus: à côté des historiens (Villehardouin, Joinville, Froissart, Chastelain, Commynes), on rappellera La Bataille des sept arts d’Henri d’Andeli, Le Tresor de Brunet Latin, le Bestiaire de Pierre de Beauvais, Placides et Timeo, ou encore Le Songe du Vergier et Le Miroir des simples âmes; la poésie lyrique n’est pas négligée (Thibaut de Champagne, Eustache Deschamps), ni le théâtre (Jeu de saint Nicolas, Jeu de la Feuillée, Maistre Pathelin). Chaque fragment est rapidement introduit dans son contexte historique, éventuellement situé à l’intérieur du récit, et suivi de la traduction, puis de nombreuses notes linguistiques et quelques renvois bibliographiques essentiels («Pour en savoir plus»); la traduction (parfois inédite, elle est due alors à Zinaïda Geylikman) n’est pas fournie pour les textes en moyen français. On nous permettra une remarque à ce sujet: l’absence de renvois aux vers au sein des traductions en prose ne facilitera pas la comparaison pour les lecteurs les moins expérimentés; de même, la numérotation des lignes pour les textes en prose (originaux et traductions) aurait certainement rendu service. Signalons aussi la présence d’un Glossaire essentiel (pp. 435-454) et d’un Index grammatical (pp. 455-459), celui-ci renvoyant aux textes où les différentes notions font l’objet d’un commentaire.
4Loin de s’adresser exclusivement aux étudiants préparant des concours en France, cette anthologie trouvera certainement un public en dehors de l’Hexagone, tant chez les étudiants universitaires se spécialisant en ancien et en moyen français, que chez les lecteurs curieux voulant approcher les textes médiévaux avec tous les instruments susceptibles de leur faciliter la tâche.
Per citare questo articolo
Notizia bibliografica
Maria Colombo Timelli, «J. Ducos, O. Soutet, J.-R. Valette, Le français médiéval par les textes. Anthologie commentée», Studi Francesi, 182 (LXI | II) | 2017, 327.
Notizia bibliografica digitale
Maria Colombo Timelli, «J. Ducos, O. Soutet, J.-R. Valette, Le français médiéval par les textes. Anthologie commentée», Studi Francesi [Online], 182 (LXI | II) | 2017, online dal 18 octobre 2017, consultato il 17 janvier 2025. URL: http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/studifrancesi/9864; DOI: https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/studifrancesi.9864
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