La Lettre de voyage, textes réunis et présentés par Pierre-Jean Dufief, Actes du Colloque de Brest, 18-20 novembre 2004
Aa. Vv., La Lettre de voyage, textes réunis et présentés par Pierre-Jean Dufief, Actes du Colloque de Brest, 18-20 novembre 2004, «Interférences», Presses Universitaires de Rennes, 2007, pp. 285.
Testo integrale
1Ce volume de vingt et une participations consacrées à la lettre de voyage se divise en cinq parties, présentées par Pierre-Jean Dufief (pp. 1-12): il souligne l’importance du déplacement spatial qui «transforme le message» et s’inscrit néanmoins dans la tradition épistolaire de la réflexion morale ou philosophique, même si celle-ci tend à devenir marginale par rapport à la notion de «choses vues» ou d’ «impressions personnelles». La lettre de voyage se veut essentiellement écriture mimétique et forme un «lien affectif, amical, mondain» essentiel entre l’épistolier et son destinataire. Il s’agit d’une «forme souple» qui peut prendre des allures les plus diverses, mais qui fournissent toutes des informations sur la pratique elle-même du voyage.
2La première partie du volume, «La lettre de voyage et le livre du monde: les choses vues et les impressions de voyage», (pp. 13-63) s’ouvre sur la réalité des circonstances de l’écriture épistolaire. Louis Le Guillou, dans sa brève étude sur Montalembert et Michelet en voyage dans les années 1830 (pp. 35-42) présente, parallèlement, deux lettres de voyage, pour mieux cerner la personnalité des deux écrivains. Agnès Kettler, dans George Sand et la lettre de voyage (pp. 43-51), nous apprend que le voyage sandien s’articule autour de l’expérience vécue et de l’imaginaire. Mais nous cernons mal la spécificité de cette conclusion!
3La deuxième partie s’interroge sur «Correspondance et idéologie: voyage et engagement» (pp. 67-100). On retient la présentation originale et érudite de Laurence Richer sur Les lettres allemandes de Quinet (pp. 83-94) qui montre que la correspondance de Heidelberg écrite par Quinet en 1827-1828 s’ouvre sur une conception utopique de la ville perçue sous l’angle d’une cité idéale: il s’agit à la fois d’un voyage romantique, immobile et universitaire.
4Dans la troisième partie, «La lettre de voyage et le monde des livres» (pp. 103-180), nous retenons quatre communications fort enrichissantes. Celle de Jacques-Rémi Dahan sur la Présence de la Belgique dans la correspondance de Charles Nodier (pp. 103-116) attire notre attention sur un voyage entrepris par Nodier en Belgique en 1835 et sur ses différents correspondants. Il ne s’agit en aucun cas d’exotisme: la thématique du voyage appartient davantage au monde des livres! Dans Ernest Renan. Lettres d’Italie (pp. 117-132), Maurice Gasnier nous présente la correspondance entre Renan, son ami Berthelot, sa mère et sa sœur Henriette au cours d’un séjour à Rome d’octobre 1849 à juin 1850. Il s’agit à la fois d’un document sur la recherche intellectuelle menée par Renan, d’un goût prononcé pour l’érudition littéraire et d’une écriture autobiographique. André Guyaux, dans une fine analyse de “Cette rapide ébauche déchirée que j’emporte de l’Italie”. Sainte-Beuve à Rome et à Naples (pp. 133-149) nous propose un portrait de Sainte-Beuve en épistolier ambigu, s’adaptant à son interlocuteur. L’Italie se transforme en lieu imaginaire propice aux contradictions intimes, comme un rendez-vous manqué! Jean-Marc Hovasse, pour sa part, prouve avec finesse et rigueur, dans son étude De la mer au «Rhin», les premières lettres de voyage de Victor Hugo (pp. 151-167), que les frontières «entre lettre de voyage, peinture et poésie, ont toujours été pour le moins perméables» (p. 167).
5La quatrième partie du volume, consacrée à «La lettre miroir de l’âme: le voyage intérieur» (pp. 183-234), s’intéresse à Huysmans, Léon Bloy ou Gustave Moreau et ne relève pas de notre mission ici. Dans la cinquième et dernière partie, «Les écritures du voyage: la lettre, la chronique, le journal de bord» (pp. 237-285), nous retenons deux interventions. Celle de Corinne Bayle, consacrée à Gérard de Nerval en Allemagne, l’été 1838: de la lettre privée à la lettre ouverte, la production du récit de voyage (pp. 237-246), s’interroge sur les liens ambigus entre Nerval et Dumas dont le poète devient l’un des «nègres». La production de lettres intimes ou destinées à être publiées dans les journaux et réécrites en volume souligne la vivacité de la concurrence entre écrivains. Quant à Catherine Thomas, elle s’intéresse plus particulièrement à Théophile Gautier: la lettre de voyage ou le refus de raconter (pp. 247-264). Le poète semble décrire objectivement les voyages qu’il entreprend, conscient qu’il était d’intégrer son récit dans un véritable genre littéraire à la mode.
6Finalement, ce volume attire l’attention sur un phénomène social lié à la transformation des conditions de déplacement dans l’espace au xixe siècle: de la malle-poste au chemin de fer! De la découverte objective de mondes nouveaux – ou à la mode – à la confidence voilée ou réelle du Moi, le récit de voyage se révèle une formidable fabrique à révéler un imaginaire en action!
Per citare questo articolo
Notizia bibliografica
Philippe Andrès, «La Lettre de voyage, textes réunis et présentés par Pierre-Jean Dufief, Actes du Colloque de Brest, 18-20 novembre 2004», Studi Francesi, 156 (LII | III) | 2008, 675.
Notizia bibliografica digitale
Philippe Andrès, «La Lettre de voyage, textes réunis et présentés par Pierre-Jean Dufief, Actes du Colloque de Brest, 18-20 novembre 2004», Studi Francesi [Online], 156 (LII | III) | 2008, online dal 30 novembre 2015, consultato il 12 novembre 2024. URL: http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/studifrancesi/8635; DOI: https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/studifrancesi.8635
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