Gilles Bertrand, Le Grand Tour revisité. Pour une archéologie du tourisme: le voyage des Français en Italie, milieu xviiie siècle-début xixe siècle
Gilles Bertrand, Le Grand Tour revisité. Pour une archéologie du tourisme: le voyage des Français en Italie, milieu xviiie siècle-début xixe siècle, École française de Rome, 2008, pp. 791.
Testo integrale
1En étudiant les débuts de la genèse du touriste contemporain, Gilles Bertrand évoque aussi les filiations intellectuelles entre les voyageurs du grand Tour et ceux du xixe et du xxe siècle, repérant les évolutions au cours des années 1750-1815, au moment où s’invente le voyage romantique, donc bien avant la mise en place d’une civilisation des loisirs, bien avant 1850, quand le «touriste» devint un objet d’opprobre (depuis, «l’idiot du voyage» a été réhabilité!). On comprend d’ailleurs comment le touriste moderne a reçu et cultivé le double héritage des Lumières et de l’époque romantique. Au début du xixe siècle commence une nouvelle période dans l’histoire du sentiment des Français vis-à-vis de l’Italie, même si tous ces voyageurs n’eurent pas l’originalité de Stendhal, attentif à une Italie non stéréotypée (voir, par exemple, les récits de Creuzé de Lesser si décriés par Stendhal), et même si le nombre des récits de voyages publiés en français entre 1810 et 1840 est nettement inférieur à celui des années 1800-1810. G. Bertrand recense divers types de voyages: d’abord ceux qui ont une finalité ciblée (érudits, artistes, antiquaires, amateurs d’art, philosophes), puis les voyages moins spécialisés (nobles, gens de loi, marchands), enfin les voyageurs dont l’intérêt pour les aspects culturels viennent après des préoccupations diplomatiques, militaires, commerciales, religieuses, scientifiques ou familiales. Les gens de lettres et les écrivains (Courier, Millin, Custine, Chateaubriand, Stendhal, Mme de Staël, Lamartine) constitueront une nouvelle catégorie. À chacun sa pratique, mais tous partagent le souci d’observation. Les stendhaliens liront avec profit les pages consacrées aux prédécesseurs du Milanese et à leur vision de l’altérité, particulièrement les deuxième et troisième parties («L’Italie réinventée – L’invention d’une culture de l’émoi – L’image nouvelle de la Lombardie»; «À la rencontre de l’événement – Les métamorphoses du regard sur les capitales – L’impossible capitale milanaise – L’impact des campagnes de Bonaparte»).
2Cette thèse d’habilitation, véritable anthropologie du voyageur, de 1750 à la naissance du touriste, comporte une monumentale bibliographie (pp. 557-734) où l’on retrouve bien des récits lus par Stendhal, aussi bien ceux des voyages accomplis entre 1750 et 1789 qu’entre la Révolution et l’Empire, ou entre 1815 et 1866, sans parler des instructions, des guides réédités d’innombrables fois, que Stendhal a pratiqués et dont il s’est parfois moqué – ce fut le cas du célèbre guide de Mariana Starke! –), ou des arts de voyager. Une somme.
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Notizia bibliografica
Michel Arrous, «Gilles Bertrand, Le Grand Tour revisité. Pour une archéologie du tourisme: le voyage des Français en Italie, milieu xviiie siècle-début xixe siècle», Studi Francesi, 159 (LIII | III) | 2009, 637-638.
Notizia bibliografica digitale
Michel Arrous, «Gilles Bertrand, Le Grand Tour revisité. Pour une archéologie du tourisme: le voyage des Français en Italie, milieu xviiie siècle-début xixe siècle», Studi Francesi [Online], 159 (LIII | III) | 2009, online dal 30 novembre 2015, consultato il 08 novembre 2024. URL: http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/studifrancesi/7597; DOI: https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/studifrancesi.7597
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