1Sous une originale jaquette orange et sur beau papier bouffant ivoire, dans un format insolite à souhait (30x10) pour leur bien nommée collection «Haut-de-Forme», les éditions du Chat rouge témoignent du regain d’intérêt que connaît l’œuvre du défenseur du réalisme qui ne fut pas qu’un expert en chats et en faïences car, avant d’être le romancier des Aventures de Mlle Mariette et des Bourgeois de Molinchart, il s’intéressa très tôt à ceux que Lorédan Larchey appellera en 1867 les «gens singuliers», lesquels ne sont pas d’ordinaires hurluberlus. Des dix-sept portraits comiques et satiriques, initialement publiés dans “Le Corsaire-Satan” et “L’Artiste” entre 1845 et 1848, puis partiellement dans les Fantaisies (1847) et enfin rassemblés dans Les Excentriques, recueil dédié à Daumier (1852, rééd. 1856), la présente réédition – une première est parue en 2009 – n’en a retenu que douze, pour des raisons «techniques et financières». On regrettera que l’apôtre fouriériste Journet ait exclu «Une religion au cinquième» consacré à la secte réformiste d’un autre prédicateur, l’abbé Châtel, qui figurait dans la deuxième partie intitulée «Les grands hommes du ruisseau».

2D’une présentation soignée, le volume comporte une plaisante préface où le romancier Gérald Duchemin narre ses rencontres avec quelques grotesques plutôt pâles, ainsi qu’une bibliographie trop sélective qui ne signale pas les éditions déjà anciennes des Fantaisies par B. Leuilliot, ou celle, plus récente et critique, de M. Lo Feudo, où l’on retrouve sous des titres différents trois récits repris en 1852 et 1856. Bien qu’incomplète, cette nouvelle édition est la bienvenue, d’autant plus qu’est épuisée celle parue chez Plein Chant en 1993. L’occasion est belle qui permettra à de nouveaux lecteurs de découvrir des historiettes cocasses entre l’étrange et le réel.