Philippe Berthier, Stendhal en archipel
Philippe Berthier, Stendhal en archipel, Le Raincy, La Thébaïde, 2023, 189 pp.
Testo integrale
1Comme une relecture n’est jamais inutile, on retrouve avec plaisir ces propos pour la plupart publiés dans des bulletins confidentiels et dans les deux revues qu’a dirigées Philippe Berthier. Bien des instants jubilatoires sont réservés à ceux qui les découvriront, même si pointe la nostalgie d’un adieu à Stendhal qu’on feindra de croire ultime.
2Qu’il navigue d’île en île dans l’archipel Stendhal ou le parcoure «à sauts et à gambades», le lecteur éprouvera des surprises, entre l’inattendu ou le singulier, le saugrenu ou le succulent. Les scènes plaisantes abondent, au hasard des rencontres avec de vrais amis de Stendhal ou avec ceux qui croient apporter du neuf, avec ces galonnés ignorants qui célèbrent Waterloo sans mentionner la Chartreuse ni Les Misérables (les universitaires ont corrigé le tir), avec un fou littéraire qui ressuscite Stendhal dans une uchronie où l’on apprend que l’Histoire de la peinture en Italie a été enfin achevée, en 12 volumes in-8, et qu’en 1827 notre auteur a publié une Théorie de l’esprit sur laquelle à ce jour aucun bibliophile n’a mis la main.
3Recommandons deux pages bien senties sur «Julien Macron» dont le Rouge serait le roman favori, si l’on en croit un portrait officiel; mais ce que le président aurait de plus stendhalien, «c’est sa maternelle épouse Brigitte de Rênal…». D’autres traits n’épargnent ni le stendhalissime D. Fernandez dont l’érudition flageole sous l’emprise de Corydon, ni les impostures de Jeff Koons à mille lieues du Corrège. Il y a plus fort: F. Fillon offre à Benoît XVI les Voyages en Italie alors que les opera omnia de Stendhal ont figuré à l’Index; toujours plus fort car on peut allumer le feu en murmurant «Derrière l’amour» avec notre Johnny national qui aurait lu De l’Amour; enfin Ch. Dantzig n’est pas à une bourde près qui découvre une nièce de Stendhal, ni E. de Waresquiel qui se perd dans la famille Gagnon, etc. Et, c’est loin d’être futile, on rencontre un stendhalien amoureux ou un amoureux stendhalien, le président Mitterrand, dont les lettres à Anne Pingeot seraient un autre Journal de Salviati. Le tout assaisonné de quelques pincées de fétichisme, dans le registre de la blague pour une collection où l’on trouverait, au choix, la croix d’Armance, les ciseaux ayant coupé les cheveux de Mathilde et, il fallait y penser, «une boîte (non entamée) de préservatifs trouvée après sa mort sur Octave de Malivert»; sur le mode du regret quand disparaît lors d’une vente l’exemplaire «Tavernier» des Promenades dans Rome, ou dans un accès du syndrome d’identification: si Vialatte a dormi dans le lit de Mme de Rênal (à Brangues, en face de chez Claudel), Philippe Berthier a eu le privilège de dormir dans celui de Stendhal à Claix.
4Bref, pour le «lecteur bénévole» ‒ il ne s’agit que de lui, cet opiskile allègre est un régal.
Per citare questo articolo
Notizia bibliografica
Michel Arrous, «Philippe Berthier, Stendhal en archipel», Studi Francesi, 201 (LXVII | III) | 2023, 707.
Notizia bibliografica digitale
Michel Arrous, «Philippe Berthier, Stendhal en archipel», Studi Francesi [Online], 201 (LXVII | III) | 2023, online dal 01 mars 2024, consultato il 05 décembre 2024. URL: http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/studifrancesi/55755; DOI: https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/studifrancesi.55755
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