Philippe Berthier, Stendhal et «le grand art de voyager»
Philippe Berthier, Stendhal et «le grand art de voyager», Paris, Honoré Champion, 2021, 201 pp.
Testo integrale
1Gobineau pensait-il à Stendhal quand il écrivait que «Savoir voyager n’est pas plus l’affaire de tout le monde que de savoir aimer, savoir comprendre et savoir sentir»? On peut le croire à la lecture des substantiels chapitres par lesquels Philippe Berthier saisit l’expérience stendhalienne dans ce qu’elle a d’éminemment personnel, voire d’unique. Rien de plus divertissant ni de plus enrichissant que de voyager en France ou en Italie en compagnie de cet «observateur né» que fut Stendhal, ethnologue à la recherche de «choses nouvelles», attentif aux «habitudes sociales» et sensible aux paysages qu’il découvre (voir le chapitre «Le chant du monde»). Une seule règle: obéir au principe de plaisir.
2Curieux, mais pas intrépide ‒– il n’a rien d’un explorateur! –, Stendhal n’est pas à vrai dire possédé du démon des voyages, tel ce bibliothécaire vénitien connu de Mérimée qui, à peine arrivé en Norvège, se mettait en route pour l’Andalousie. Bien au contraire, en vrai voyageur, il prend son temps pour découvrir et aimer. Soucieux de son confort, il se préoccupe des conditions matérielles du voyage: en France, il goûte fort le transport sur l’eau, au risque du naufrage, mais use plus souvent de la diligence, au risque d’avoir à supporter la compagnie de quelque bourgeois enrichi; quant à la marche, il ne cesse de se plaindre des rues mal pavées des villes françaises. Il importe d’abord d’assurer sa liberté pour préserver le bonheur de la solitude: l’ego voyageur, sauf exception d’une heureuse rencontre, «éprouve beaucoup plus de plaisir quand il est seul». Si Stendhal, ou plutôt son touriste en France ou ses promeneurs dans Rome – cas singulier d’un voyage en groupe –‒ veillent à s’encombrer le moins possible de domestiques et moins encore de compagnons dont les savants commentaires nuisent au plaisir, il se résigne à la promiscuité des tables d’hôtes. Au nombre des plaisirs du voyage, n’oublions pas la rencontre de belles inconnues qui le font rêver, comme «l’adorable carliste» au chapeau vert admirée sur le bateau qui le conduit à Nantes. Ces moments privilégiés scandent le parcours d’un nomade toujours attentif aux hommes (le Touriste projette «d’étudier les diverses peuplades de France») et aux choses de la nature. À Rome comme à Bordeaux ou à Marseille, on suit Stendhal «en badaud heureux d’exister», tout entier livré à la flânerie, qui «part nez au vent, n’attendant rien et espérant tout».
Per citare questo articolo
Notizia bibliografica
Michel Arrous, «Philippe Berthier, Stendhal et «le grand art de voyager»», Studi Francesi, 201 (LXVII | III) | 2023, 707-708.
Notizia bibliografica digitale
Michel Arrous, «Philippe Berthier, Stendhal et «le grand art de voyager»», Studi Francesi [Online], 201 (LXVII | III) | 2023, online dal 01 mars 2024, consultato il 05 décembre 2024. URL: http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/studifrancesi/55750; DOI: https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/studifrancesi.55750
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