Stendhal, Historiettes romaines
Stendhal, Historiettes romaines, Paris, Éditions Points, 2022, «Points classiques», 307 pp.
Testo integrale
1Après De l’Amour présenté en 2021 par Geneviève Fraisse, «Points classiques» ajoute à son catalogue les Historiettes romaines de Stendhal, préfacées par Patrick Boucheron. Sous ce titre auquel Stendhal avait songé en 1833 quand il envisageait de publier des «Historiettes romaines fidèlement traduites des récits contemporains par Bourriquet» – «mais peut-on dire historiettes d’un récit tragique?» se demandera-t-il en 1834 – sont réunis Vittoria Accoramboni, Les Cenci, La Duchesse de Palliano et L’Abbesse de Castro, quatre récits publiés dans la “Revue des Deux Mondes” entre 1837 et 1839.
2Dans sa présentation (pp. 9-36), P. Boucheron mentionne les tentatives de Stendhal pour devenir historien: il applique une méthode faite d’emprunts entrelardés de considérations personnelles, compilation à laquelle il restera fidèle quand il voudra écrire l’épopée de Napoléon. Dès le premier essai, l’Histoire de la guerre de succession (1808), c’est «Raté: la cible est dissimulée, l’intrigue incompréhensible». C’est un historien désinvolte, parfois sans scrupules, et dont le souci d’exactitude n’est pas la préoccupation première, d’où le choix de «raconter des histoires et non pas l’Histoire», a dit Louis Marin, opportunément cité. Ce choix, il le fait au moment où l’histoire est, comme il l’écrit en 1825 dans le “London Magazine”, «la partie la plus brillante de la littérature d’aujourd’hui», avec, d’une part, Guizot, Mignet et Thiers (l’école philosophique) et, d’autre part, Augustin Thierry, Barante et le comte de Ségur (l’école narrative). Dans cette lettre (cf. «Suppléments», pp. 287-307), se profile le narrateur qui opérera dans les marges de l’histoire et de la littérature en pratiquant la peinture des mœurs, particulièrement celles de la Renaissance italienne déjà évoquée dans le livre de 1817. Pour se distinguer des historiens français qui privilégiaient l’histoire nationale dont ils recherchaient les origines gauloises et franques, Stendhal s’apprête à «peindre le Moyen Âge de cette admirable Italie» (lettre à W. Scott), c’est-à-dire à puiser dans le passé italien au moment où, P. Boucheron le rappelle, histoire et roman «se constituent solidairement comme deux formes littéraires modernes de la vérité» (p. 19). Est évoqué le débat positiviste entre vérité et exactitude: «les écrivains ne gagneraient-ils pas en vérité ce qu’ils perdraient en exactitude?» (p. 21). On pense alors à cette note de Stendhal en marge de Vittoria Accoramboni: «Ici l’intérêt historique ne peut pas marcher avec l’intérêt du roman. Le roman se prétend instruit de tout ce qui se passe dans le cœur du héros».
3Plutôt que de suivre la tradition éditoriale des Chroniques italiennes, P. Boucheron a regroupé ces quatre récits tirés et adaptés de textes de la fin du xvie siècle et réécrits postérieurement, dans lesquels, on le sait, la part de fiction n’a cessé de croître. Dans ces «récits impurs», le travail de l’imagination (la rêverie sur le portrait de Béatrice Cenci ou la méditation sur le Don Juan italien) vise «l’intransigeante grandeur de la vérité».
Per citare questo articolo
Notizia bibliografica
Michel Arrous, «Stendhal, Historiettes romaines», Studi Francesi, 201 (LXVII | III) | 2023, 706-707.
Notizia bibliografica digitale
Michel Arrous, «Stendhal, Historiettes romaines», Studi Francesi [Online], 201 (LXVII | III) | 2023, online dal 01 mars 2024, consultato il 07 décembre 2024. URL: http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/studifrancesi/55745; DOI: https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/studifrancesi.55745
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