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Rassegna bibliografica
Letterature francofone extraeuropee a cura di Elena Pessini

Beyrouth, le Liban et ses écrivains, Anna Paola Soncini Fratta

Simonetta Valenti
p. 499-500
Notizia bibliografica:

Beyrouth, le Liban et ses écrivains, dir. A.P. Soncini Fratta, “Interfrancophonies” 12, 197 pp.

Testo integrale

1La revue “Interfrancophonies” consacre le présent numéro à la littérature du Liban contemporain, afin de mieux la faire connaître – comme le souligne Anna Paola Soncini Fratta dans son introduction –, surtout après la terrible explosion du 4 août 2020 qui a ravagé le port et la ville de Beyrouth.

2Dans sa contribution, Karl Akiki aborde la question de la réception du roman libanais contemporain en langue française, montrant que le lectorat éprouve un plaisir ambigu face à la production libanaise, rassurante en ce qu’elle affiche, à côté de son aura exotique, la connaissance des auteurs principaux du panthéon occidental et la maîtrise des principales structures narratives employées par les romanciers français. Néanmoins, le roman libanais contemporain s’avère aussi quelque peu inquiétant, en raison de la représentation des blessures profondes causées par la guerre civile qui ravagea le pays des cèdres de 1975 à 1990. C’est pourquoi, la tâche principale que se donnent aujourd’hui écrivains et écrivaines est de «réactiver le travail de la mémoire» (p. 25), afin de permettre au peuple libanais de prendre conscience des divers mobiles économiques, politiques et sociaux, ayant conduit à ce moment tragique de leur histoire.

3Felicia Cucuta affronte le thème de l’hospitalité qui serait au centre du théâtre de Wajdi Mouawad. Dans Littoral, par exemple, cette problématique s’articule au sein d’une même famille, montrant l’étrangeté du protagoniste, non seulement par rapport aux membres de son clan, mais aussi et plus profondément par rapport à la langue et à la culture dont il provient, qui se révèlent foncièrement inhospitalières. Comme le montre bien le final de Littoral, où Wilfrid se lie d’amitié avec un groupe de jeunes de provenances disparates, le théâtre mouawadien se veut en revanche le lieu de l’hospitalité par excellence, car il s’offre comme un carrefour où le dialogue et l’échange entre cultures et langues différentes devient enfin possible.

4Batiyk Wellnitz se penche sur les BD et les romans graphiques de deux auteures francophones libanaises: Zeina Abirached et Lamia Ziadé, qui explorent à travers leurs œuvres la richesse de la culture orientale. Si Zeina Abirached l’évoque à travers les saveurs culinaires, la musique et les différentes langues employées au Liban dans la vie quotidienne – telles l’arabe dialectal, le français et l’anglais, souvent entremêlées –, la bédéiste montre clairement que la guerre civile libanaise a emporté pour toujours le temps heureux de l’innocence. De son côté, Lamia Ziadé manifeste dans ses albums la volonté de raconter l’histoire de son pays, afin de se la réapproprier. Ses images, hautes en couleurs, visent en effet à illustrer l’histoire du Liban dans le plus vaste cadre du Moyen-Orient.

5Maha Badr se consacre à son tour à l’analyse des œuvres de Zeina Abirached, en montrant que l’art de cette artiste consiste essentiellement en une écriture de l’intensité. Dans Le Jeu des hirondelles (2007), Je me souviens Beyrouth (2009) et Le grand Livre des petits bruits (2020), Abirached exploite en particulier les ressources du son, mais elle utilise également la répétition des scènes et des mots, privilégiant le choix du noir et blanc qui aurait pour but une mise à distance du conflit, dont les atrocités se révèlent indicibles.

6La guerre civile et les blessures profondes qu’elle a laissées dans l’âme des Libanais constituent les thèmes privilégiés de L’Âge d’Or (2018) et Beyrouth la nuit (2014) de Diane Mazloum, qui – suivant Nadéra Touhari et Michel May – y peint la capitale du Liban comme une ville hantée par les fantasmes de la pureté, de la mort et de la perte. Tout en refusant le cliché de la résilience, Mazloum évoque pourtant dans ses romans la capacité du peuple libanais à se renouveler par une créativité et une volonté de vivre sans pareilles.

7Abla Farhoud est considérée comme l’une des voix les plus importantes des littératures migrantes au Québec. En étudiant les pièces Les Filles du 5-10-15c (1993), Jeux de patience (1997) et le roman Le Bonheur à la queue glissante (1998), Veronica Cappellari démontre que la langue figure dans ces œuvres, comme le premier élément à même de sauver le sujet migrant du malaise, dû à sa condition d’exil. Ce trouble apparaît d’autant plus grave lorsqu’il est ressenti par des femmes, à cause du rôle subalterne qui leur est assigné dans la culture arabe originaire, qui tend à les confiner dans les murs domestiques, rendant difficile et parfois même impossible leur intégration dans le pays d’accueil.

8Mayssam Yaghi El Zein aborde à son tour l’étude de Le Bonheur à la queue glissante de Farhoud, le confrontant avec Le dérisoire tremblement des femmes de Salma Kojok. Dans ce dernier, le thème de l’exil se décline, en conjuguant l’étrangeté géographique et culturelle de la protagoniste à une forme d’exclusion bien plus douloureuse, liée à l’insignifiance du rôle social qui lui est imposé. Et si Dounia, l’héroïne de Farhoud, a une expérience bouleversante de l’exil proche de celle vécue par la protagoniste de Kojok, elle s’en détache grâce à la maternité, mais surtout grâce à l’écriture, qui devient le seul moyen pour sauvegarder la mémoire sans succomber à la douleur.

9Dans sa contribution, Marie-Claude Hubert présente le parcours créatif de Darina al Joundi, en se focalisant sur l’analyse des pièces: Le Jour où Nina Simone a cessé de chanter (2007) et de Ma Marseillaise (2012). Si le premier drame met en scène les ravages de la guerre civile et les massacres qui l’ont constellée, dans le deuxième la dramaturge met l’accent sur l’apport que la figure de May Ziadé a pu donner au féminisme arabe, incarnant aux yeux de Darina Al Joundi l’emblème de l’émancipation de la femme au Liban. Mais pour Darina, Mayn Ziadé représente surtout un important modèle à suivre, puisqu’elle a su transformer les phases les plus difficiles de son existence en une œuvre d’art.

10Dans Wajdi Mouawad, un théâtre en relation entre Liban et monde, Aurélie Chatton confronte l’esthétique dramaturgique de l’écrivain libano-québécois avec la philosophie de la Relation d’Édouard Glissant, en montrant que chacune des pièces mouawadiennes vise à «ébranler les certitudes et la raison qui les fonde» (p. 170), en vue d’une réconciliation possible entre langues, cultures et traditions différentes. Ce faisant, Mouawad confie au domaine poétique toute la prégnance d’une posture politique.

11Kalliopi Ploumistaki consacre son étude au rapport que la production théâtrale mouawadienne entretient avec le mythe antique, en montrant que le dramaturge opère dans ses œuvres une revisitation et une réélaboration constantes de ce dernier, dont il exploite la fonction fabulatrice, afin de décrire des pages noires de l’Histoire contemporaine, non seulement libanaise. Tant dans la quadrilogie Le Sang des promesses que dans Les Larmes d’Œdipe, le tragique ancien s’investit alors de significations nouvelles.

12Nicole Salia-Chalhoub nous offre enfin une intéressante analyse de Villa des femmes (2015) de Charif Majdalani, à travers le prisme des personnages qui peuplent le roman. Divisé en deux parties, dont chacune est caractérisée par un rythme différent, le roman majdalanien présente l’apothéose et la décadence du clan Hayek, sur toile de fond de l’histoire libanaise. Alors que les figures féminines apparaissent dans la première partie, comme frappées d’interdits et totalement soumises au pouvoir de Skandar Hayek, le chef du clan auquel elles appartiennent, au moment où la guerre éclate, chacune d’elles montre une capacité et une volonté pugnace de résister, sauvegardant son existence et celles des autres, afin de rendre possible la reconstruction. Dans cette perspective, suivant Nicole Salia-Chalhoub, Villa des femmes constituerait alors, de la part de Majdalani, «un hommage apporté, par la fiction romanesque, à toutes les femmes du Liban et, plus particulièrement encore, à celles-là qui ont eu à vivre les atrocités de la guerre civile» (p. 163).

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Notizia bibliografica

Simonetta Valenti, «Beyrouth, le Liban et ses écrivains, Anna Paola Soncini Fratta»Studi Francesi, 200 (LXVII | II) | 2023, 499-500.

Notizia bibliografica digitale

Simonetta Valenti, «Beyrouth, le Liban et ses écrivains, Anna Paola Soncini Fratta»Studi Francesi [Online], 200 (LXVII | II) | 2023, online dal 01 août 2023, consultato il 14 janvier 2025. URL: http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/studifrancesi/54684; DOI: https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/studifrancesi.54684

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