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Rassegna bibliografica
Letterature francofone extraeuropee a cura di Elena Pessini

Lire et donner à lire les littératures francophones. Outils critiques et stratégies éditoriales, dir. Véronique Corinus et Mireille Hilsum

Emanuela Cacchioli
p. 487-488
Notizia bibliografica:

Lire et donner à lire les littératures francophones. Outils critiques et stratégies éditoriales, dir. Véronique Corinus et Mireille Hilsum, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2022, «Plurial», 244 pp.

Testo integrale

1Ce volume fait partie d’une collection d’ouvrages édités par un groupe de chercheurs de l’université de Lyon qui poursuit des recherches depuis quelques années. L’équipe a déjà publié deux volumes qui portaient sur les nouveaux concepts, les espaces et les stratégies que les écrivains emploient pour sortir les littératures francophones de leur confinement. Les configurations inédites des lieux, du temps et de l’histoire sont les points forts des ouvrages précédents. Le dernier volume s’insère dans ce sillage et propose des approfondissements sur les nouveaux échos qui prennent en considération également l’intérêt des milieux académiques qui ne cessent d’organiser des séminaires et des prix littéraires, mais aussi la passion du public pour les littératures francophones, et, par conséquent, le développement des maisons d’éditions. Les contributions réunies dans le volume dirigé par Véronique Corinus et Mireille Hilsum enquêtent sur les possibilités des littératures francophones, de ses poétiques et des formes d’engagement, mais aussi sur la prise en compte de ces aspects par le marché éditorial. Le résultat est un ouvrage qui met en relief le renouvellement des rapports entre la francophonie et le reste du monde au cours de la première partie du xxie siècle. Le lecteur retrouve un outil qui propose des lectures proches des textes à même de fuir l’uniformisation et les stéréotypes, mais aussi des analyses concernant le lien entre les lectures et les modalités de publication qui ont évolué au cours du temps. On envisage également une révolution pour l’avenir car le numérique est en train de transformer le travail des maisons d’édition.

2Le volume se compose de trois volets. La première partie («Nouvelles poétiques: écrire en conscience du monde») dialogue avec les ouvrages précédents et se veut un approfondissement de l’approche géographique des études déjà publiées. Dans cette section, les chercheurs adoptent des postures particulières pour donner une nouvelle impulsion à la critique des œuvres francophones et analysent des textes avec lesquels les intellectuels «s’engagent dans des causes contemporaines qui résonnent fortement avec l’actualité sociale et politique» (p. 9). À titre d’exemple, Anny-Dominique Curtius se réfère à la démarche écopoétique afin d’analyser les essais de Suzanne Césaire, publiés dans la revue “Tropiques”. L’article se penche sur des motifs récurrents tels que les mornes, l’homme-plante, le cannibalisme et le camouflage pour mettre en évidence que l’auteure déconstruit les paradigmes du mimétisme pour aboutir à une esthétique émancipatrice. La contribution d’Évelyne Lloze est également consacrée à la relation entre homme et environnement, mais à partir de Les Neuf consciences du Malfini de Patrick Chamoiseau. La démarche critique est toujours l’écopoétique qui met en relief le refus de l’uniformisation de la part de l’écrivain martiniquais. Dans l’article qui suit, Miriam Lay Brander aborde la question des genres littéraires, c’est-à-dire une organisation discursive et artistique qui naît dans le contexte européen et qui est porteuse d'une façon bien précise de concevoir le monde. Les intellectuels francophones, dont notamment Édouard Glissant, refusent la notion de genre comme catégorisation rigide et ils préfèrent adopter une approche archipélique qui permet un mélange de ces formes discursives sortant de toute classification. Il en dérive une volonté de modifier les genres et une continuité avec la tradition qui oblige pourtant le lecteur à supprimer les limites des catégorisations. La première section se clôt sur la transcription de deux entretiens. Le premier texte remonte à 2016: Aurore Desgranges et Moussa Traoré ont interviewé l’écrivain sénégalais Mohamed Mbougar Sarr qui réfléchit sur le rapport entre littérature et réel et sur le roman comme genre à même de s’ouvrir à d’autres formes discursives et de les englober pour mieux rendre compte de la complexité du monde. Dans le deuxième entretien, réalisé par Mélikah Abdelmoumen et Raphaël Nakache, Lyonel Trouillot revient sur le rôle central du roman, mais aussi sur le devoir de plier la littérature à une représentation sociale qui met en scène les contradictions du réel, telles que nous les voyons dans la réalité. Dans cette optique, l’écrivain considère la littérature comme une science humaine.

3La deuxième section du volume a pour titre «Nouvelles écritures: composer sous influence(s)» car les contributions réunies ont l’objectif de se pencher sur les dialogues que les écrivains francophones entretiennent avec d’autres textes, leurs esthétiques et leurs visions du monde. Les auteurs ont deux attitudes par rapport à leurs filiations: ils peuvent choisir de revendiquer ces postures ou bien de s’en détourner. Les écrivains francophones révèlent souvent leurs influences de façon plus ou moins évidente. Le lecteur retrouve ainsi des références aux textes français ou francophones, mais appartenant à d’autres traditions littéraires. L’article d’Alain Ricard analyse les ouvrages du dramaturge togolais Nestor Zinsou qui a renouvelé le théâtre grâce à sa vision ouverte aux influences multiples, populaires et savantes, et à son travail sur la langue qui fuit le monolinguisme francophone. La contribution d’Anthony Mangeon analyse la fiction du crime, mais à partir d’une perspective différente. Au lieu d’adopter la dimension asymétrique de l’intertextualité proposant une supériorité du modèle français, le chercheur réfléchit sur la possibilité de se répondre de façon non unilatérale jusqu’à suggérer un retour des problématiques et des configurations explorées dans les littératures francophones à l’intérieur des textes issus de l’Hexagone. Françoise Delorme offre au lecteur le poème Trois adresses à Suzanne Césaire comme hommage pour le centenaire de sa naissance. Dans son introduction, le poète explique sa relation intime avec l’écrivaine martiniquaise et l’envie de lui répondre car ses textes sont proches de ses réflexions critiques et de sa vision écopoétique. Les contributions qui suivent se concentrent sur l’écrivain québécois Éric Plamondon. Mireille Hilsum retrouve le lien entre la nouvelle Ristigouche et le roman Moby Dick d’Herman Melville. L’histoire de la baleine blanche est reprise et revisitée car l’animal aide le protagoniste à retrouver sa filiation. La même thématique est présente dans l’article de Véronique Corinus. Cependant cette fois les points de référence sont les textes de Richard Brautigan qui permettent à Plamondon de trouver une unité formelle et une structure dans l’écriture lui permettant d’aboutir à une esthétique bien définie. En 2016 Yohan Viale a réalisé un entretien avec l’écrivain québécois et le lecteur en trouve un extrait dans ce volume. L’auteur approfondit son rapport avec l’esthétique de la discontinuité et de l’hétérogénéité. L’interview réalisée par Liouba Bischoff en 2014 à l’écrivaine suisse Aude Seigne constitue le sujet de la contribution suivante. L’auteure revient sur l’importance du dialogue avec les influences qui enrichissent son écriture et ses ouvrages. Elle réfléchit aussi sur son statut d’intellectuelle issue de la Suisse romande se retrouvant dans un état doublement minoritaire: au niveau linguistique (par rapport à la Suisse allemande) et politique (par rapport à la France). La deuxième section se conclut avec un recueil de quelques textes de Flora Devatine, choisis et introduits par Véronique Corinus. L’auteure tahitienne revendique le rôle des femmes polynésiennes dans la société, mais aussi «leur importance dans la renaissance, le développement et le renouvellement de sa littérature» (p. 150).

4La troisième partie, dont le titre est «L’édition, hier et aujourd’hui: publier en francophonie» se focalise sur le marché éditorial. Claire Ducournau considère la place marginale que les maisons d’édition de l’Hexagone ont réservée aux textes francophones jusqu’aux années quatre-vingt-dix. Cependant le critique analyse le cas particulier du récit Le Débrouillard de N. G. M. Faye. Il s’agit d’un ouvrage particulier parce que l’auteur a été boxeur et acteur avant de publier son récit de vie en 1964. L’article questionne les enjeux linguistiques du texte, mais aussi le contexte de publication et la réception de l’époque. La contribution de Guy Dugas analyse deux revues éditées dans deux contextes géographiques très différents: il s’agit de “Souffles” (publié à Rabat) et de “Parti pris” (au Québec). L’article de Dugas porte sur la présentation générale des revues, sur leurs façons d’aborder la notion de colonial et de postcolonial, sur leurs rapports avec les traditions et la langue nationale. En 2015, Daniel Maggetti a animé une table ronde sur la question de l’édition pour les littératures francophones et nous en lisons une transcription dans ce volume. Au cours de cet événement, les éditrices Caroline Coutau et Jutta Hepke dialoguent avec deux auteurs de leurs maisons d’édition: Max Lobe et Raharimanana. La discussion porte sur le caractère contradictoire qui voit, d’un côté, la marginalisation et la hiérarchisation et, de l’autre, le rapport à l’altérité. Marcello Vitali-Rosati considère l’avenir du marché éditorial et notamment de l’impact du numérique sur les pratiques littéraires. La réflexion se penche sur la création d’un corpus, sur les canaux qui rendent ces ouvrages accessibles et sur les modalités de leur circulation et de leur réception, sur le critère esthétique qui permet d’insérer une œuvre dans un répertoire. Le dernier article est consacré au programme scientifique lifranum (financé par l’Agence nationale de la recherche) qui a le défi d’identifier un corpus littéraire francophone nativement numérique et de le rendre accessible à diverses communautés. Ce projet fournit un outil scientifique pour suivre les modifications des supports du point de vue de l’écriture et de la lecture.

5Ce dernier article ouvre la voie vers d’autres investigations qui ont une approche résolument transdisciplinaire et en pleine évolution. De nouvelles méthodes d’écriture et de lecture s’imposent, ce qui génère des pratiques différentes et aussi le renversement des perspectives et des hiérarchies. La littérature numérique oblige à repenser toute notion, y compris la catégorie du littéraire.

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Notizia bibliografica

Emanuela Cacchioli, «Lire et donner à lire les littératures francophones. Outils critiques et stratégies éditoriales, dir. Véronique Corinus et Mireille Hilsum»Studi Francesi, 200 (LXVII | II) | 2023, 487-488.

Notizia bibliografica digitale

Emanuela Cacchioli, «Lire et donner à lire les littératures francophones. Outils critiques et stratégies éditoriales, dir. Véronique Corinus et Mireille Hilsum»Studi Francesi [Online], 200 (LXVII | II) | 2023, online dal 01 août 2023, consultato il 09 février 2025. URL: http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/studifrancesi/54604; DOI: https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/studifrancesi.54604

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Emanuela Cacchioli

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