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Rassegna Bibliografica
Ottocento a) dal 1800 al 1850

André Vanoncini, Balzac, roman, histoire, philosophie

Patrick Berthier
p. 419-420
Notizia bibliografica:

André Vanoncini, Balzac, roman, histoire, philosophie, Paris, Honoré Champion, 2019, 372 pp.

Testo integrale

1Composer un volume à partir d’articles antérieurement publiés relève d’un art très particulier, et le résultat dit beaucoup sur l’auteur. Il arrive que l’hétérogénéité des sujets traités soit tant bien que mal masquée par une préface, mais ce n’est pas le cas ici: tout juste deux pages d’une «Introduction» précisant presque sèchement le plan contenu dans les mots du titre du volume.

2Car ce livre est organisé: c’est ce qui frappe immédiatement lorsqu’on le feuillette une première fois, et qui se confirme à la lecture. Pourtant, l’auteur l’indique à la fin, le matériau qui a servi à bâtir l’ensemble est bien constitué d’articles séparés, publiés entre 1981 et 2018, le dernier étant une communication de colloque encore inédite : trente-huit textes, couvrant toute une carrière; un peu moins de la moitié d’entre eux proviennent de «L’Année balzacienne», dont André Vanoncini est un contributeur particulièrement fidèle. Ceux-là, les lecteurs balzaciens français les connaissent, mais ce n’est pas toujours le cas pour les autres, parfois repris de volumes de mélanges ou de périodiques peu diffusés. Il y a donc déjà une première et excellente raison d’avoir réuni cette matière, c’est qu’elle ne se perde pas. Mais ce livre, en outre, est vraiment un livre, et si j’ouvrais ce billet par le verbe «composer» c’était bien parce qu’en effet on peut parler d’une composition, au sens que ce mot a en musique: plusieurs mouvements (ici trois), des thèmes principaux, des variations.

3Les mouvements sont ceux qu’annoncent les trois mots du titre: roman, histoire, philosophie. Au début l’évidence (Balzac est un romancier), ensuite la réalité profonde: il s’est voulu historien, il s’est voulu philosophe. Au sein de chaque mouvement, trois idées directrices, toutes désignées volontairement par un mot unique, souvent abstrait: structure, thème, dramatisation pour le Roman; archéologie, mémoire, historiographie pour l’Histoire; mysticisme, alchimie, idéalité pour la Philosophie. Ce n’est pas le plan de La Comédie humaine, mais c’en est bien l’idée. Vanoncini remonte des effets que Balzac a énumérés dans les Études de mœurs vers les causes qu’il a tenté d’atteindre dans les Études philosophiques et dans ce qu’il a pu écrire des Études analytiques.

4Le but de ce début de recension quelque peu austère est de faire sentir avec quelle maîtrise l’auteur de ce livre en a disposé chaque élément. Les articles, devenus fragments de chapitre, s’organisent d’eux-mêmes et se lisent à la fois comme les étapes d’une lecture d’ensemble et pour ce qu’ils étaient à l’origine, des enquêtes ponctuelles: «L’Auberge rouge: personne ne sort!» (on sait qu’André Vanoncini est un des maîtres de l’étude du roman policier) ou «Pouvoir et séduction dans La Cousine Bette» pour la section «Roman», «Temps et mémoire dans Béatrix» ou «L’historien des mœurs face à la critique de son temps» pour l’«Histoire», «Balzac penseur de Dante» ou «Passages d’anges chez Goethe et Balzac» pour la «Philosophie» – ces deux derniers exemples permettant en outre de rappeler qu’une des raisons de la richesse d’un tel volume est la culture personnelle de son auteur, à l’aise dans de multiples domaines européens et leurs langues.

5Lecture facile? Non. Mais Balzac non plus. Un homme qui cherche à expliquer la totalité du monde ne peut pas être facile à lire, et ses exégètes non plus, s’ils travaillent bien. Ce qui compte, c’est que Vanoncini se soucie d’être clair: son plan abstrait mène au concret de l’œuvre, resitue les intrigues, les personnages, les péripéties même minimes dans un système. Il est à cet égard instructif de consulter l’index final des noms propres: le critique balzacien le plus souvent cité par Vanoncini, et de loin, c’est Max Andréoli, dont le maître livre, Le Système balzacien (1984), lui sert de guide, ou si l’on préfère de référence intellectuelle. On le comprend très bien à les lire tous les deux: ils cherchent en Balzac l’organisation mentale d’un univers cohérent. Cette organisation existe, elle était même la seule raison d’écrire de l’auteur de La Comédie humaine et de ces ouvrages «improprement appelés Romans» [post-scriptum des Scènes de la vie privée, 1830] qui la composent; mais elle est enfouie dans le récit, et le génie propre de lecteurs comme Andréoli ou Vanoncini, c’est de la rendre lisible.

6N’y a-t-il donc aucun reproche à faire à ce beau volume? La perfection n’existe pas, surtout dans l’édition moderne, et assurément on n’aurait pas dû laisser subsister autant de scories typographiques, voire grammaticales: plus la pensée est passionnante, plus on sursaute à voir confondus «et» et «est» (p. 67), pour ne prendre qu’un exemple. Certains traits de style déroutent – l’emploi de l’adverbe «respectivement» portant sur un seul mot, notamment; c’est peut-être un helvétisme!

7Sur le fond et non plus sur la forme, il est par ailleurs frappant d’observer que l’auteur se préoccupe rarement du caractère évolutif du texte balzacien: presque toujours, seul le dernier état de ce texte, celui qu’on lit dans la «Pléiade», édition de référence à laquelle renvoie légitimement Vanoncini, seul ce texte est pris en compte, alors que les variantes antérieures, on le sait depuis les grands pionniers (Castex, Chollet…), revêtent souvent une grande importance. Il semble que, sans le dire, on ait préféré ici considérer l’œuvre en son dernier état, voulu par Balzac et donc expressif de l’aboutissment de sa pensée: cette attitude, aussi, a sa justification, surtout, peut-être, lorsqu’on veut parvenir soi-même à une vision critique de la globalité de l’œuvre. Disons que la discussion reste ouverte.

8André Vanoncini a choisi de placer en dernier dans son volume un texte de 2010 qui se clôt sur un aveu du jeune Dostoïevski: «Balzac est un géant!»; c’est une fine manière de ne pas le dire lui-même, mais certainement il le pense, et cette conviction le pousse à fouiller toujours plus profond pour mieux comprendre. Lire ou relire ses articles ainsi (re)composés rend évidentes leur cohérence comme leur convergence; tous, même s’ils ne parlent que d’un seul personnage d’un seul roman, visent à montrer un monde, un Balzac-monde. C’est vraiment du beau travail.

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Notizia bibliografica

Patrick Berthier, «André Vanoncini, Balzac, roman, histoire, philosophie»Studi Francesi, 191 (LXIV | II) | 2020, 419-420.

Notizia bibliografica digitale

Patrick Berthier, «André Vanoncini, Balzac, roman, histoire, philosophie»Studi Francesi [Online], 191 (LXIV | II) | 2020, online dal 01 septembre 2020, consultato il 18 janvier 2025. URL: http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/studifrancesi/31913; DOI: https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/studifrancesi.31913

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