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Rassegna Bibliografica
Quattrocento

Philippe de Mézières, Oratio tragedica

Paola Cifarelli
p. 383-384
Notizia bibliografica:

Philippe de Mézières, Oratio tragedica. Édition critique, traduction, notes et index par J. Blanchard et A. Calvet, Genève, Droz, 2019, xli + 560 pp.

Testo integrale

1L’Oratio tragedica, composée vers la fine de l’année 1389, nous a été conservée par un manuscrit unique (Paris, Mazarine, 1651). Dans l’Introduction, les éditeurs affirment que le texte a été dicté par son auteur, puis révisé par celui-ci avec des corrections autographes en interligne et dans les marges; restée inédite jusqu’ici, cette «prière au genre particulier» (p. xxxi) poursuit la réflexion contenue dans le Songe du Vieil Pelerin, mais elle annonce également les ouvrages postérieurs de Philippe de Mézières.

2Après l’exposition du contenu de l’œuvre, qui se présente comme une longue méditation sur la passion du Christ destinée à promouvoir la délivrance des Lieux Saints par une Nouvelle Chevalerie, l’analyse des sources met en évidence l’ampleur des connaissances littéraires de l’auteur, mais aussi de sa culture biblique; les éditeurs montrent que celui-ci attribue une importance particulière à Bernard de Clairvaux, auteur d’un Éloge de la chevalerie, et à Guillaume d’Auvergne, dont la Rhetorica divina est considérée comme l’axe principal autour duquel le texte est construit. Philippe de Mézières emprunte à cet ouvrage surtout la structuration suivant les six catégories du discours cicéronien, qui sont largement utilisées dans toutes les parties dont l’œuvre se compose, mais particulièrement dans la quatrième, modelée autour de la catégorie de la narratio. À propos de cette section du texte, les éditeurs mettent en relief l’importance des allusions à l’actualité et à certains épisodes marquants de la vie de l’auteur, utilisés pour appuyer l’intention apologétique de l’œuvre en tant que materiam tragedicam.

3La signification complexe du terme oratio figurant dans le titre est analysée dans ses différentes facettes, afin de montrer que, chez Philippe de Mézières, ce mot est utilisé surtout dans son acception religieuse, sans pourtant négliger la connotation rhétorique, car l’Oratio tragedica est aussi bien une prière qu’une prise de parole pour soutenir une cause. L’unicité de ce texte apparaît de la comparaison avec d’autres œuvres contemporaines comportant ce mot dans le titre, et particulièrement avec le Sermo de oratione de Jean Gerson.

4Cette unicité caractérisant l’Oratio se manifeste également par l’ambition littéraire du texte; l’utilisation originale du motif traditionnel du dialogue entre une entité et un disciple élu, transformé en un monologue de la Voix de l’Église, la construction complexe de l’ethos du narrateur, ainsi que les moyens herméneutiques et poétiques utilisés pour cet ouvrage mêlant militantisme spirituel et politique constituent les éléments principaux de son originalité.

5Pour ce qui est de l’exégèse, plusieurs métaphores font l’objet d’une analyse particulièrement pertinente (le tableau, le diamant, la lyre, les oiselets de Chypre, l’alchimie); la pierre philosophale, en particulier, et plus en général les éléments propres au savoir alchimique, sont interprétés comme autant de symboles de la poétique de Philippe de Mézières, défini «alchimiste du verbe» (p. xxvi) pour la technique de compilation des sources, ainsi que pour les procédés d’écriture utilisés; en particulier, l’emploi d’une sorte de prose poétique, qui fait émettre l’hypothèse de l’existence d’un modèle en vers perdu, est surtout vu comme un creuset d’expérimentation littéraire. Pareillement, l’originalité se manifeste à travers la signification attribuée au terme tragedia, qui fusionne ici aussi bien le sens de ‘lamentation’ que celui de ‘cruauté’, ‘crise’, ‘inquiétude’ causée par la contemplation des souffrances du Christ et par une réalité contemporaine profondément troublée. Les auteurs concluent en remarquant que Philippe de Mézières conçoit la tragédie comme «musique des sentiments» (p. xxxi): la forme littéraire de la prière doit faire résonner cette mélodie jusqu’aux oreilles des puissants pour les sensibiliser envers la nécessité d’une nouvelle croisade.

6Cette introduction dense est suivie du texte latin, accompagné en regard de la traduction française. Les notes en bas de page contiennent des remarques philologiques au-dessous du texte latin et des remarques sur les sources, au pied de la traduction française.

7Une série d’index (des citations scripturaires, des auteurs cités, des noms) achève cette édition, qui rend accessible un texte important pour reconstruire la personnalité littéraire de Philippe de Mézières.

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Per citare questo articolo

Notizia bibliografica

Paola Cifarelli, «Philippe de Mézières, Oratio tragedica»Studi Francesi, 191 (LXIV | II) | 2020, 383-384.

Notizia bibliografica digitale

Paola Cifarelli, «Philippe de Mézières, Oratio tragedica»Studi Francesi [Online], 191 (LXIV | II) | 2020, online dal 01 septembre 2020, consultato il 17 mars 2025. URL: http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/studifrancesi/31418; DOI: https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/studifrancesi.31418

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