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HomeNumeri148 (XLX | I)Rassegna BibliograficaLinguistica storica, teoria e app...Dominique Lagorgette - Pierre Lar...

Rassegna Bibliografica
Linguistica storica, teoria e applicata a cura di Hélène Giaufret Colombani e Paola Paissa

Dominique Lagorgette - Pierre Larrivée (ed.), Les insultes: approches sémantiques et pragmatiques

Elettra Bordino Zorzi
p. 205
Notizia bibliografica:

Dominique Lagorgette - Pierre Larrivée (ed.), Les insultes: approches sémantiques et pragmatiques, « Langue française », n. 144, décembre 2004, pp. 127.

Testo integrale

1L’intention avouée du présent numéro de « Langue française » est d’élever au rang d’objet d’étude scientifique à part entière ce tabou langagier que, par contamination, la linguistique aussi soupçonne d’illégitimité : l’insulte. D’entrée de jeu (voir l’Introduction de Dominique Lagorgette et Pierre Larrivée, pp. 3-12), il paraît incontestable que cette dernière, irréductible à la seule dimension lexicale, doit être décrite comme un acte de langage tributaire aussi de paramètres situationnels et, plus largement, socio-institutionnels. Pour essayer d’embrasser le phénomène dans toute son étendue, les six contributions ici réunies optent pour une mouvance interdisciplinaire en faisant converger sémantique, morpho-syntaxe, pragmatique et même sociologie et anthropologie dans la prise en compte de trois aspects principaux: linguistique (1e, 4e et 5e essai), social (2e), gestuel (3e et 6e).

2L’article Processus de création et valeur d’emploi des insultes en français populaire de Côte d’Ivoire (pp. 13-34), de Jean et Marie-Jo Derive porte sur le «nouchi», variété populaire du français dont se servent les jeunes ivoiriens. Après avoir donné une définition préalable de l’insulte (énoncé dépréciatif prononcé par un locuteur à l’adresse d’un allocutaire qui le reconnaît comme tel), les auteurs se penchent sur les formes insultantes de leur corpus et en examinent les procédés linguistiques et rhétoriques de formation, les mécanismes contextuels de motivation et les sources naturelles et culturelles, en vue d’établir leur portée socio-linguistique, qui consiste essentiellement à déshonorer l’insulté en «gâtant» (abîmant) son nom.

3Dans L’ontotype : une catégorie pertinente pour classer les insultes ? (pp. 35-48), Philippe Eenotte et Laurence Rosier proposent, à côté des ethnotypes (p.e. Blanc) et des sociotypes (p.e. petit-bourgeois), une troisième classe de dénominations injurieuses : les ontotypes (p.e. imbécile). À la différence des deux premiers, ceux-ci entretiennent un lien plus ténu avec la doxa mais gardent toujours leur signifié négatif, que leur visée soit personnelle – quand ils expriment une caractéristique permanente de l’individu – ou situationnelle – quand ils se bornent à stigmatiser un comportement. L’analyse d’exemples collectés en milieu scolaire et notamment au collège vient mettre à l’épreuve la catégorie avancée, dont il faudrait mieux cerner les rapports avec l’idéologie.

4Les successives éditions de la grammaire de Sobrino (fin XVIIIe -XIXe siècle) inspirent à Sophie Fisher (L’insulte : la parole et le geste, pp. 49-58) une réflexion sur les interjections parmi lesquelles l’injure, qui marque une transgression juridique, se distingue de son presque-synonyme insulte qui, dérivé du lat. insultare, littéralement «sauter dessus», réalise l’inscription du physique dans le verbal. La profération de cet acte de parole, en effet, présente des caractéristiques indéniablement corporelles comme l’altération de la voix et s’accompagne souvent de gestes spécifiques comme le doigt ou bras d’honneur.

5Dans une optique strictement interactionnelle, Marty Laforest et Diane Vincent (La qualification péjorative dans tous ses états, pp. 59-81) replacent l’insulte dans le cadre plus vaste des qualifications péjoratives. Sur la base de trois critères (le destinataire, la relation entre le je et le tu, la tonalité euphorique/dysphorique), celles-ci s’inscrivent dans un modèle à trois options – l’auto-dénigrement, l’attaque et le dénigrement – qui a l’avantage de montrer la constellation d’actes, à la fois différents et solidaires, s’accomplissant au moyen d’un axiologique négatif adressé.

6Mais il se peut que, loin de se sentir dévalorisé, le récepteur interprète le syntagme insultant comme un hypocoristique marquant l’affection et la solidarité. Cela arrive, selon Dominique Lagorgette et Pierre Larrivée (Interprétation des insultes et relation de solidarité, pp. 83-103), en présence de certaines conditions : attitude positive du locuteur, appartenance à un groupe, contexte informel, voire intime, glose métalinguistique désamorçant la charge agressive de l’énoncé.

7Le dernier article (Geneviève Le Corre, Les marques morpho-dynamiques de l’insulte en Langue des Signes Française, pp. 105-123) s’intéresse à la langue qu’utilisent les sourds, une communauté restreinte où l’insulte emprunte souvent les voies du détournement. De toute façon, que cette dernière s’associe à l’amplification physique et émotionnelle (modalité directe) ou, au contraire, au resserrement et à l’atténuation (modalité indirecte), elle comporte l’apparition de l’expressivité dans un système sémiotique constitué de mouvements qui ont d’habitude, à l’inverse de la perception des entendants, une fonction purement figurative.

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Notizia bibliografica

Elettra Bordino Zorzi, «Dominique Lagorgette - Pierre Larrivée (ed.), Les insultes: approches sémantiques et pragmatiques»Studi Francesi, 148 (XLX | I) | 2006, 205.

Notizia bibliografica digitale

Elettra Bordino Zorzi, «Dominique Lagorgette - Pierre Larrivée (ed.), Les insultes: approches sémantiques et pragmatiques»Studi Francesi [Online], 148 (XLX | I) | 2006, online dal 30 novembre 2015, consultato il 27 mars 2025. URL: http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/studifrancesi/30937; DOI: https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/studifrancesi.30937

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