Perceforest. Un roman arthurien et sa réception, textes réunis par Christine Ferlampin-Acher
Perceforest. Un roman arthurien et sa réception, textes réunis par Christine Ferlampin-Acher, Rennes, PUR, 2012, pp. 463.
Testo integrale
1Un roman monumental, complexe, composite comme Perceforest, en six livres et diverses versions, ne pouvait que donner lieu à une critique vaste et variée. Et pourtant, ce n’est qu’à partir des années 1990 que ce roman arthurien, retraçant les origines du Graal rattachées aux gestes d’Alexandre le Conquérant, a suscité un intérêt de plus en plus vif auprès des chercheurs. Le colloque organisé par le CELLAM de Rennes 2 en octobre 2010 rentre dans cet élan de redécouverte de Perceforest et reflète parfaitement dans ses Actes le foisonnement des études autour de ce sujet, voire le débat sur certaines questions non encore résolues.
2Ne pouvant pas entrer dans les détails de toutes les contributions – 24 sans compter l’Introduction de l’éditrice (pp. 7-25), très utile pour faire le point sur une situation textuelle difficile à maîtriser et sur la réception parfois confuse de ce roman –, nous signalons qu’elles ont été regroupées autour de trois axes. La section intitulée «Aux sources du roman fleuve» (introduction de Ch. Ferlampin-Acher, articles de G. Veysseyre, N. Chardonnens, E. Egedi-Kovács, C. Lucken, C. Le Cornec Rochelois, pp. 27-146) cherche à remonter aux origines de cette «véritable somme encyclopédique» (p. 29). Le plus long roman en langue française pratique plusieurs formes de réécriture, non seulement de la matière arthurienne; on y trouve, côte à côte: une traduction de l’Historia regum Britannie, un emprunt à l’Évangile de Nicomède, la reprise de certains thèmes du folklore comme la «vivante ensevelie» et la «belle endormie», la transposition du scénario de Narcisse dans le Roman de la Rose et de Pygmalion chez Ovide, le renvoi à des traditions littéraires et scientifiques comme celles relatives aux poissons. Malgré l’hétérogénéité des matériaux et des sources, tous ces articles mettent en relief l’habileté d’un auteur de vaste culture, capable de créer un récit homogène et unitaire, régi par un véritable entrelacement entre les épisodes.
3Dans la section «Amour et chevalerie: l’art de la ‘conjointure’» (Ch. Ferlampin-Acher, M. Szkilnik, C. Girbea, A. Delamaire, C. Denoyelle, B.H. Findley, S. Hériché, D. De Carné, A. Berthelot, pp. 147-247) cet aspect devient encore plus évident grâce à une approche thématique et en même temps structurelle. Le «fil conducteur dans ce labyrinthe narratif» (p. 163) est constitué à la fois par l’emblématique, l’aventure amoureuse, qui en fait un véritable traité sur l’amour, où la réflexion alterne avec différents cas de figure concrets, et une géographie mythique prenant des formes de paysages variés. De nombreuses inscriptions en prose ou en vers – S. Hériché en a comptées 59 dans les cinq premiers livres – ponctuent aussi la narration. Reflet d’une société, aussi bien que récit historique, Perceforest peint un monde qui sait se réjouir lors d’événements publics, politiques ou religieux, comme dans des divertissements privés ou dans des assemblées et veillées joyeuses autour de longues conversations. Enfin, l’analyse menée par D. De Carné révèle comment le texte de Perceforest «respecte globalement les caractéristiques formelles du procédé [de l’entrelacement]» (p. 236).
4C’est à propos de la datation, de l’auteur et de la genèse du roman que la discussion est le plus animée. Dans «Manuscrits et imprimés, du xve au xviie siècle: ‘Perceforest’ et sa réception» (Ch. Ferlampin-Acher, G. Roussineau, Ch. Ferlampin-Acher, S. Albert, D. Hüe, A. Hoernel, H.-C. Li, J. Taylor, M.-D. Leclerc, F. Montorsi, F. Maillet, S. Marcotte, pp. 249-438) un débat commencé il y a plusieurs années se ravive sans pourtant aboutir à une solution définitive et univoque. La critique s’accorde désormais sur le fait que la rédaction originale de Perceforest est à attribuer, malgré ses dimensions, à un seul auteur et que les versions dont on conserve des manuscrits se situent en milieu bourguignon à l’époque de Philippe Le Bon. Cependant, deux hypothèses opposent Ch. Ferlampin-Acher à G. Roussineau: ce dernier confirme ici, sur la base de ses investigations sur la datation des manuscrits, de l’examen de la langue des copies conservées et d’autres indices encore, ce qu’il avait déjà avancé depuis longtemps, soit que le Perceforest que nous pouvons lire aujourd’hui constitue le remaniement d’une version du xive siècle. Il conteste ainsi à Ch. Ferlampin-Acher deux des conclusions qu’elle avait proposées en 2010 dans son Perceforest et Zéphir: propositions autour d’un récit arthurien bourguignon et qu’elle renouvelle dans ce volume en analysant la variance textuelle du nom de la jument Liene: à ses yeux, Perceforest a été conçu au xve siècle et la version de David Aubert est la plus proche de l’originale, voire la version originale elle-même. Moins controversée, l’histoire de la réception de Perceforest est reparcourue dans les autres contributions jusqu’à sa publication dans la Bibliothèque universelle des Romans au xviiie siècle, en passant par les éditions du xvie siècle et les éditions partielles – limitées aux amours du Chevalier Doré – du xviie.
5Si ce volume fait le point des recherches actuelles sur Perceforest, 14 pages de bibliographie critique (pp. 444-457) fournissent aux chercheurs un cadre complet pour une étude approfondie du roman.
Per citare questo articolo
Notizia bibliografica
Irene Finotti, «Perceforest. Un roman arthurien et sa réception, textes réunis par Christine Ferlampin-Acher», Studi Francesi, 172 (LVIII | I) | 2014, 124-125.
Notizia bibliografica digitale
Irene Finotti, «Perceforest. Un roman arthurien et sa réception, textes réunis par Christine Ferlampin-Acher», Studi Francesi [Online], 172 (LVIII | I) | 2014, online dal 01 avril 2014, consultato il 23 mars 2025. URL: http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/studifrancesi/2095; DOI: https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/studifrancesi.2095
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