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Dossier thématique

La série Caroline de Pierre Probst. Une « série-géographe »

The Caroline series by Pierre Probst. A « geographer-series »
Christophe Meunier

Zusammenfassungen

Caroline de Pierre Probst est une série qui a marqué les Trente Glorieuses. La petite héroïne, créée en 1953 pour la collection des « Grands albums Hachette », a accompagné au moins trois générations de lecteurs en leur proposant 44 aventures en 54 ans. Plus de la moitié de ces albums ont pour thème de fond la mobilité et le tourisme. Pierre Probst semble utiliser la série comme une « métaphore » du voyage, conformément à une proposition marquante de Michel de Certeau. Il est un géographe au sens étymologique du terme : il raconte et dessine (graphêin) la Terre (). Dans cet article, il sera question d’analyser les 26 albums à thématique spatiale évoqués précédemment afin de montrer que Probst est un « faiseur d’espaces » et qu’il utilise les espaces sériel, diégétique et pictural (aux échelles respectives de la série, des histoires et des images) pour faire de la série ce que nous avons décidé de nommer une « série-géographe ».

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Volltext

  • 1 Michel Lussault, « Spatialité », dans : M. Lévy et M. Lussault (dir.), Dictionnaire de la géographi (...)
  • 2 Pierre Probst, Le voyage de Caroline, Hachette, 1954.
  • 3 Pierre Probst, Caroline et le fantôme du Loch Ness, Hachette, 2004.

1Caroline, la série créée par Pierre Probst, est une série qui a marqué les Trente Glorieuses. La petite héroïne, née en 1953 pour la collection des « Grands Albums Hachette », a accompagné au moins trois générations de lecteurs en leur proposant 44 aventures en 54 ans d’existence. 26 albums sur les 44 ont pour thème le déplacement, la mobilité, le déménagement, l’emménagement ou encore le voyage : plus de la moitié de la série est ainsi consacrée au rapport du personnage à l’espace, ce que les géographes nomment la spatialité1. Lorsque Caroline est à la maison, c’est pour l’aménager, emménager ou déménager ; lorsqu’elle déménage, elle doit faire face à un déracinement physique et psychologique. Dès sa deuxième aventure, Caroline part en voyage2 et n’interrompt ses pérégrinations à travers le monde qu’au bout d’une cinquantaine d’années3. Caroline est foncièrement « gyrovague », comme on pouvait le dire de ces moines itinérants qui voyageaient (vagari, errer) d’un monastère à l’autre.

  • 4 Michel de Certeau, L’invention du quotidien, Paris, Gallimard, 1990, p. 170.

2Pierre Probst utilise la série des Caroline comme une « métaphore » du voyage. J’utilise ici le terme « métaphore » dans le sens où Michel de Certeau l’utilise dans L’invention du quotidien4, c’est-à-dire dans son sens grec contemporain renvoyant aux transports en communs. Le philosophe ajoute :

  • 5 Ibid., p. 170.

Les récits pourraient également porter ce beau nom : chaque jour, ils traversent et ils organisent des lieux ; ils les sélectionnent et les relient ensemble ; ils en font des phrases et des itinéraires5.

  • 6 Ibid., p. 170.
  • 7 Ibid., p. 171.

3Il est un géographe dans le plus pur sens du terme, c’est-à-dire dans son sens étymologique : il raconte et dessine (grapheîn) la Terre () à travers des personnages aventuriers et voyageurs. Il est un observateur du monde, des transformations de la France de l’après-guerre, du baby-boom. Voyageur lui-même, touriste infatigable, il a su donner à son personnage fétiche le même appétit de s’émerveiller face au monde et de partir sur les routes. Illustrateur et scénariste, il utilise l’iconotexte pour faire voyager également ses lecteurs. En effet, le récit, en textes et en images, « traverse et organise des lieux […] il en fait des phrases et des itinéraires », d’après Certeau6. Les 26 albums de Caroline auxquels nous nous référerons dans cet article sont des « aventures narrées, qui […] produisent des géographies d’actions7 ». Ce sont de véritables « récits d’espace ».

  • 8 Edward Soja, Postmodern Geographies. The Reassertion of Space in Critical Social Theory, New York, (...)
  • 9 Edward Soja, Thirdspace. Journeys to Los Angeles and Other Real-and-Imagined Places, Cambridge, Bla (...)
  • 10 Henri Lefebvre, La production de l’espace, Paris, Anthropos, 1974.
  • 11 Kenneth White, Le plateau de l’albatros. Introduction à la géopoétique, Paris, Grasset, 1994.
  • 12 Bertrand Westphal, La géocritique. Réel, fiction, espace, Paris, Les Éditions de Minuit, 2007.
  • 13 Michel Collot, Pour une géographie littéraire, Paris, Corti, 2014.
  • 14 Ibid., p. 10.

4Cet article de « géographie littéraire » s’inscrit dans une démarche qui témoigne d’un réel « tournant spatial » tel qu’il a pu être identifié, en sciences sociales comme en histoire des sciences, par le géographe américain Edward Soja en 19898. Ce dernier met en place le concept de « trialectique spatiale9 » se composant, en premier lieu, des pratiques spatiales, en deuxième lieu, des représentations de l’espace et, en troisième lieu, des espaces de représentation. Son travail s’appuie sur les travaux du philosophe Henri Lefebvre10 et sur la production d’espaces à l’infini, qu’ils soient réels ou fictionnels. L’intérêt pour la dimension spatiale de la littérature s’intensifie avec les travaux de Kenneth White sur la géopoétique11 et ceux de Bertrand Westphal sur la géocritique12. Comme le faisait remarquer Michel Collot13 en 2014, « les géographes [ont trouvé] dans la littérature la meilleure expression de la relation concrète, affective et symbolique qui unit l’homme aux lieux […]14 ». Cet article se propose donc de livrer à la fois une analyse géographique (s’intéressant au contexte spatial des albums) et géocritique (analysant les représentations de l’espace) de l’œuvre de Pierre Probst.

  • 15 André Gardies, L’espace au cinéma, Paris, Klincksieck, 1993.
  • 16 Même si la dernière partie de la thèse d’Antoine S. Bailly, soutenue en 1977, s’intéressait à la re (...)
  • 17 E. Soja, 1989, Postmodern Geographies, op. cit., p. 76-79.
  • 18 Christophe Meunier, L’espace dans les livres pour enfants, Rennes, PUR, 2016.

5André Gardies15, en 1993, peut passer pour l’un des premiers à s’interroger sur l’espace dans les récits fictionnels16 et plus particulièrement au cinéma, engageant un tournant spatial17 décisif dans sa discipline, l’analyse filmique. Son travail décrit la genèse des espaces dans le cinéma et les processus qui rendent possibles une construction mentale de ces espaces. Dans mes propres travaux, en 2006, j’ai adopté une approche relativement similaire pour analyser la construction des espaces à travers la lecture d’albums pour enfants18. Dans cet article, je me propose de montrer que Pierre Probst est un « faiseur d’espaces », à partir de l’analyse des 26 albums dans lesquels l’espace et la spatialité sont en question. Je m’appuierai pour cette analyse sur la mise en avant de trois types d’espace que je définirai et que je développerai en prenant quelques exemples dans la série. J’envisage ainsi un premier espace qui englobe tous les espaces traités par la série à toutes les échelles. C’est ce que j’appellerai l’espace sériel, qui donne une certaine forme d’identité globale à la série des Caroline. Ensuite, j’étudierai l’espace diégétique, celui qui est construit par la narration de chaque album. Enfin, je terminerai par l’espace traité graphiquement par l’illustrateur à l’intérieur de chaque double page et qui construit ce que je nommerai l’espace pictural.

L’espace sériel

6Je propose de définir l’espace sériel comme étant l’espace raconté et défini par l’ensemble des albums de la série et, dans le cas présent, plus particulièrement dans les 26 albums sélectionnés et qui constituent en eux-mêmes des « récits d’espace ». Ce corpus se compose, pour leur format d’origine, de 18 grands albums et huit moyens (fig. 1).

Figure 1 : Couvertures originales des 26 albums du corpus.

  • 19 Ségolène Le Men, « Hetzel ou la science récréative », Romantisme, n° 65, 1989, p. 69-80.

7Dès sa deuxième aventure, en 1954, Caroline part en voyage. Le lecteur a à peine le temps de connaître l’environnement de ce nouveau personnage qu’il prend le premier train pour l’Inde. Entre 1954 et 1967, sans interruption ou presque, au fil des 12 albums produits en 13 ans, Caroline a la bougeotte. Que ce soit à la campagne, à la montagne, à la mer, en Amérique, au pôle Nord ou en Europe, Caroline ne tient pas en place, à tel point que le voyage et la mobilité en général semblent faire partie de l’ADN du personnage que Pierre Probst est en train de construire. Comme l’auteur le confiait à Guy Lehideux dans une interview en janvier 2005 : « J’essaie […] de faire en sorte que les enfants apprennent toujours quelque chose ». Il apparaît donc clairement qu’à travers la série, Pierre Probst a l’intention de faire découvrir le monde dans sa diversité réelle aux enfants. Notre illustrateur emboîte le pas à une longue tradition d’auteurs qui avaient fait le choix des voyages et des images comme « science récréative », pour reprendre une expression de Ségolène Le Men19 à propos de l’éditeur Hetzel. Nous voulons parler de la collection des « Voyages extraordinaires » de Jules Verne lancée à partir de 1866, voire du Tour de France par deux enfants d’Augustine Fouillée (alias G. Bruno), en 1877, dont le projet était, par le voyage, de faire aimer la patrie :

  • 20 G. Bruno, « Préface », dans : Le Tour de France par deux enfants, Paris, Armand Colin, 1877.

La patrie ne représente pour l’écolier qu’une chose abstraite à laquelle, plus souvent qu’on ne croit, il peut rester étranger une assez longue période de la vie. Pour frapper son esprit, il faut lui rendre la patrie visible et vivante. Dans ce but, nous avons essayé de mettre à profit l’intérêt que les enfants portent aux récits de voyage20.

8Le monde recréé autour des pérégrinations de notre héroïne est un monde à plusieurs échelles emboîtées. Globalement, six récits évoquent un déplacement à l’échelle locale correspondant à la région parisienne (nombreuses sont les références iconiques à La Garenne-Colombes, lieu de résidence de l’artiste) et à la campagne avoisinante, notamment l’Eure-et-Loir où l’artiste possède une résidence secondaire (nombreuses sont les références à Pontgouin). À cette échelle, la pratique spatiale de Caroline se confond avec celle de Probst. Il s’agit d’un espace proche pratiqué régulièrement durant la semaine et les week-ends par l’auteur. Caroline y construit également ses habitudes : sa maison est la ferme de Pontgouin (La maison de Caroline) mais aussi le pavillon en meulières de La Garenne-Colombes (Caroline déménage). Que ce soit en auto (L’automobile de Caroline) ou à vélo (Caroline en randonnée), Caroline relie La Garenne à Pontgouin, symboliquement LA ville et LA campagne, dans un équilibre recherché semble-t-il par notre auteur.

9Six récits se déroulent à l’échelle de la France tout entière (échelle nationale). On y retrouve les représentations des Pyrénées (Les vacances de Caroline), de la Normandie (Caroline à la mer), de la Bretagne (Caroline et le robot, L’île mystérieuse), des Alpes (Caroline fait du cheval). Ces destinations semblent moins fréquentes et moins régulières que celles sises à l’échelle infra. Cinq autres récits se passent à l’échelle continentale, c’est-à-dire en Europe : l’Autriche pour Caroline aux sports d’hiver et Caroline dans les alpages, l’Italie et la Turquie pour La croisière de Caroline, l’Écosse pour Caroline et le fantôme du Loch Ness et l’Europe du Traité de Rome dans Caroline en Europe. Huit récits, les plus nombreux, font découvrir aux jeunes lecteurs des pays extra-européens tels que les États-Unis, l’Inde, l’Égypte ou le Canada.

Echelles

Entre 1953 et 1967

Entre 1979 et 1982

Entre 1984 et 2007

Locale

2

2

3

Nationale

2

3

Continentale

2

3

Mondiale

5

3

Interplanétaire

1

Figure 2 : Échelles et temporalité dans la série des Caroline de Pierre Probst.

  • 21 Précisons que Caroline ne s’est jamais rendue en URSS. En revanche, elle fait un voyage imaginaire (...)

10Si l’on regarde de plus près le recours à ces différentes échelles au prisme de la temporalité de la série, on peut observer des changements manifestes dans les intentions de Probst. En effet, trois temps se distinguent assez clairement dans la production des Caroline (fig. 2). De 1953 à 1967, Probst installe la série au rythme d’au moins un album par an. Lors de cette première phase, correspondant peu ou prou aux Trente Glorieuses, l’essentiel des destinations de Caroline est à l’échelle mondiale (cinq aventures contre deux locales, deux nationales et deux continentales). 12 albums sur les 15 produits pendant cette période évoquent un voyage : la série est lancée avec comme identité l’intention de faire découvrir le monde aux enfants. Comme on peut le constater sur la carte des destinations de Caroline (fig. 3), tous les pays visités par la fillette sont des pays situés dans l’hémisphère nord. Probst évite soigneusement de faire traverser à son héroïne tout pays placé sous un régime dictatorial : ainsi n’y a-t-il jamais de référence à l’Espagne ou au Portugal, pas plus qu’aux pays d’Amérique du Sud ou à l’URSS21.

Figure 3 : Carte des voyages de Caroline.

11De 1968 à 1984, la série est quasiment mise en sommeil. Probst se consacre au lancement d’une nouvelle série, Fanfan, et participe à de nouvelles expériences en illustrant La Vie privée des hommes ou une histoire de France. Pendant cette période, trois albums sont réalisés, dont deux évoquent des déplacements locaux : Paris et la région parisienne.

12De 1986 à 2007, la série reprend au rythme d’un album par an. Elle est installée et attendue par le jeune public. Sur les 27 albums produits pendant cette période, seulement 12 évoquent des voyages sans qu’aucune échelle ne soit privilégiée.

13Les moyens de transport utilisés par Caroline dans ses aventures relient les lieux les uns avec les autres et souvent les doubles-pages les unes avec les autres. Ils servent le récit, ils le structurent, l’organisent. Ils sont parfois multiples dans une même aventure, comme dans Le voyage de Caroline où l’héroïne utilise tour à tour le train, le dromadaire et le bateau. Ils sont parfois le personnage principal comme dans L’automobile de Caroline. Les moyens de locomotion empruntés par Caroline sont d’ailleurs très souvent les éléments placés en avant sur la couverture en guise d’horizons d’attente pour le départ et le voyage : le bateau dans Le voyage de Caroline, l’éléphant dans Caroline aux Indes, l’automobile dans L’automobile de Caroline, le dromadaire dans Caroline en Égypte… Dans les 26 albums de notre corpus restreint, Caroline utilise neuf modes de locomotion différents : le bateau (huit occurrences), l’automobile et le train (sept occurrences), le cheval et l’avion (cinq occurrences).

L’espace diégétique

  • 22 M. de Certeau, L’invention du quotidien, op. cit., p. 173.
  • 23 Ibid., p. 174.
  • 24 C. Meunier, L’espace, op. cit.

14L’espace diégétique est l’espace créé par le récit. Michel de Certeau distingue « lieux » et « espaces ». Les premiers sont des objets spatiaux « chacun situé en un endroit propre et distinct qu’il définit22 ». L’espace est, quant à lui, « un lieu pratiqué » et c’est par les récits que les lieux se transforment en espaces : « Ils organisent aussi les jeux des rapports changeants que les uns entretiennent avec les autres23 ». Dans ma thèse24, je défendais l’idée qu’il existait dans les albums pour enfants un « processus représentatif » qui conduisait le lecteur à construire des représentations de l’espace, à projeter des pratiques spatiales, grâce à l’interprétation qu’il pouvait faire des récits verbo-iconiques. Je proposais de nommer spatiogenèse ce processus littéraire et iconotextuel qui conduit à la construction d’espace. Ainsi, les récits considérés ici sont superlativement spatiogènes : ils mettent en relation différents lieux, produisant ainsi de l’espace.

  • 25 M. de Certeau, L’invention du quotidien, op. cit., p. 58-59.

15La spatiogenèse s’effectue en deux temps dans le récit : à la phase d’extraction suit une phase de trajectoire, associant au déplacement une temporalité25. La phase d’extraction qui conduit le héros à quitter sa situation initiale et à se mettre en mouvement est causée par une motivation qui, chez Caroline, peut prendre deux formes : la découverte ou la tâche. La découverte regroupe tous les déplacements motivés par la curiosité, l’envie de faire découvrir un espace au lecteur. Elle est présente dans 14 récits sur 26. La tâche, qui représente 12 occurrences, est légèrement moins représentée. On peut classer parmi les tâches toutes les missions que prend en charge le héros et qui lui sont confiées par un personnage très souvent extérieur au récit : retrouver le fils du maharadjah dans Les Indes, déménager avant l’arrivée des bulldozers, prendre soin d’une ferme, participer à une course de vélo, raccompagner un animal dans son milieu naturel, etc.

16Encore une fois, si l’on observe la répartition de ces motivations en fonction de la temporalité de la série, on constate que la découverte est la motivation la plus utilisée par Probst dans le début de la série (sept albums sur 12 entre 1953 et 1967 et les deux albums entre 1967 et 1984). L’intentionnalité clairement affichée par Probst est de faire de son héroïne un « personnage transitionnel », permettant aux lecteurs de voyager à une époque où les voyages se démocratisent. À partir du renouveau de la série, dans les années 1980, la tendance s’inverse : la découverte d’espaces inconnus et nouveaux n’est plus uniquement gratuite, la tâche à accomplir devient un prétexte. L’exemple de L’automobile de Caroline est ainsi à souligner. Dans sa première version de 1957, Caroline découvre les joies de la balade en auto en partant sur les routes dans le but d’aller respirer l’air pur des campagnes. Le but n’est pas atteint à la dernière planche mais tout au long de la balade. Dans la nouvelle version de l’album, en 1987, Caroline s’inscrit dans un rallye d’automobiles anciennes. L’itinéraire n’est plus laissé au hasard et la motivation est de franchir la ligne d’arrivée qui se situe en dernière page de l’album.

Échelles

Entre 1953 et 1967

Entre 1979 et 1982

Entre 1984 et 2007

Translation

8

2

9

Boucle

4

3

Découverte

7

2

5

Tâche

5

7

Figure 4 : Tableau comparatifs des trajectoires en fonction de la temporalité de la série Caroline.

  • 26 C. Meunier, L’espace, op. cit., p. 133-135.

17Les trajectoires pratiquées par Caroline sont également significatives quant à la manière de découvrir des espaces nouveaux partagés avec les lecteurs. Dans la série, on en trouve de deux types : la translation (l’arrivée et le départ sont distincts) et la boucle (l’arrivée et le départ sont les mêmes). Majoritairement, Probst a recours à la translation dans l’intentionnalité pédagogique que nous avons énoncée précédemment : 19 occurrences sur 26. Ce recours a tendance à s’accentuer dans la troisième phase ou époque de la série (fig. 4). Ces divers paramètres (trajectoire, motivation) des conduites spatiales de Caroline dans les 26 albums sélectionnés nous permettent de dessiner des « schémas spatiogénétiques26 » rendant compte de la manière dont le récit construit l’espace dans lequel le personnage est projeté. Je prendrai ici deux exemples pour illustrer mes propos : le schéma de Caroline à la mer (fig. 5) et celui de L’automobile de Caroline (fig. 6).

Figure 5 : Schéma spatiogénétique de Caroline à la mer.

Figure 6 : Schéma spatiogénétique de L’automobile de Caroline.

18Dans mon premier exemple, la trajectoire réalisée par Caroline est une boucle. L’histoire commence et se termine sur la plage et sous la pluie. Entre ces deux moments, Caroline fait découvrir différents « lieux » du littoral : la ville côtière (Cabourg), la plage, l’estran, le large, la jetée… Le lecteur participe à un véritable « tour » d’horizon des pôles du tourisme balnéaire. Dans Caroline à la mer, l’héroïne n’a pas de tâche à accomplir. L’incipit ne donne aucune indication à ce sujet : « Caroline et ses amis viennent de s’installer dans une jolie villa, au bord de la mer » (p. 4). C’est depuis cette villa, où Caroline et ses amis viennent passer quelques jours de vacances, que l’héroïne va déambuler pour découvrir la côte normande et les loisirs inhérents à des vacances balnéaires. La boucle semble être alors l’itinéraire le plus approprié pour la découverte de cet espace inconnu pour les neuf amis.

19Dans le second exemple, Caroline veut se rendre avec ses amis dans la campagne. Parti de La Garenne-Colombes, dont on reconnaît la rue de la République dès la deuxième double page, Noiraud, au volant, sillonne les routes, tombe en panne, se perd et finit par s’embourber dans un champ. La dernière double page se termine par une scène d’auto-stop pour suggérer le retour au point de départ, sans la voiture. Dans L’automobile de Caroline, l’héroïne s’est donné un but à accomplir : partir pour la campagne. Cette dernière est annoncée clairement dans l’incipit de la 3e page : « Nous partirons pour la campagne et nous jouerons et nous courrons à travers les prés fleuris. Vite, vite, quittons la ville pour aller respirer l’air pur ». Ici, le choix de la translation semble s’expliquer par l’objectif à atteindre.

  • 27 Jean-Didier Urbain, L’envie du monde, Paris, Bréal, 2018, p. 88-89.
  • 28 J’utilise ici le terme viatique en tant qu’adjectif s’appuyant sur l’étymologie latine du mot : via (...)

20Ces deux exemples de trajectoires sont assez significatifs du travail de Probst pendant les années 1950-1960 : vanter les joies de l’essor du tourisme pour tous. Les deux trajectoires représentent deux pratiques qui se développent alors : celle du « tourisme de séjour » et du « tourisme de découverte ». À ce propos, Jean-Didier Urbain parle de « voyage de transplantation » et de « voyage de circulation27 ». Les schémas spatiogénétiques de nos deux albums rendent compte de ces deux types de voyages : le premier est stationnaire et raconte la découverte d’un nouveau lieu où Caroline se trouve « transplantée » ; le second est viatique28 et raconte l’itinéraire semé d’embûches que nos héros ont emprunté. On peut alors considérer que la série des Caroline est une accumulation de récits d’espace qui dessinent chez l’enfant-lecteur un horizon d’espaces à visiter soit de manière stationnaire soit de manière itinérante.

L’espace pictural

21L’espace pictural est celui représenté par l’image – dans le cas de la série des Caroline, par la double page – à partir de laquelle l’illustrateur invite le lecteur à agir. Pour le cinéma, André Gardies parle de « savoir spectatoriel » que proposerait l’image :

  • 29 André Gardies, L’espace au cinéma, op. cit., p. 189.

[…] ce que me propose le film, et surtout le film narratif, c’est d’entrer dans un espace fondamentalement ludique : voir un film, c’est accepter de participer à une sorte de vaste rébus au cours duquel seront évaluées, mises à l’épreuve, ma sagacité et ma compétence à trouver les réponses les mieux adaptées aux situations et questions toujours renouvelées29.

  • 30 Cécile Boulaire, Lire et choisir ses albums : Petit manuel à l’usage des grandes personnes, Paris, (...)
  • 31 Ibid., p. 118.

22Une des grandes particularités du travail de Probst dans la série est de jouer avec l’espace pictural pour en faire une aire de jeu, « sorte de vaste rébus », dans lequel les jeunes lecteurs doivent se perdre, se retrouver, rechercher tel ou tel personnage. Les huit petits amis – animaux fétiches – de Caroline sont présents dans toutes les double pages des albums. Répartis dans l’illustration dans une série d’actions, ils participent du dynamisme donné à chaque image. Probst enrôle les huit personnages dans une « cacophonie30 » visuelle. Le grand format va permettre justement à notre illustrateur de composer l’espace et de jouer avec lui, de rendre le lecteur actif dans sa lecture de l’image. Cécile Boulaire fait de Pierre Probst un « artiste de la page31 » et du « vacarme visuel » un caractère idiosyncrasique de l’œuvre de Pierre Probst.

23Par exemple, dans la planche 3 des Vacances de Caroline de 1958 (fig. 7), les neuf personnages sont disposés sur quatre plans différents suggérant une action séquentialisée qui impose au lecteur de promener son regard à l’intérieur de l’image. Ainsi, une spirale se met en place reliant les trois plans : Bobi se réveille au quatrième plan, Kid se lève au troisième plan, Boum et Pipo se douchent au deuxième plan, Youpi s’essuie, Pitou vient chercher son petit déjeuner au premier plan, Pouf et Noiraud déjeunent au troisième plan. Un cinquième plan suggère les activités futures qui se dérouleront à la tourne de page. La lecture de la planche est donc dynamique. Les situations dans lesquelles sont dessinés chacun des personnages sont également anthropomorphiques et doivent toucher l’affect des jeunes lecteurs : la gourmandise sur les visages de Kid et de Pitou, l’amusement sur ceux de Boum et de Pipo, la fatigue sur celui de Bobi… Par cette promenade dans l’espace pictural, l’enfant est invité à profiter du décor, à découvrir l’environnement (le lac d’altitude), les installations (la tente, la douche). En recherchant chacun des huit petits animaux, il appréhende l’organisation de l’espace. La scène est stationnaire, pour reprendre un terme vu précédemment, pourtant tous les personnages sont en mouvement : Caroline ne connaît pas le farniente, même en vacances.

Figure 7 : Analyse de la planche 3 des Vacances de Caroline.

24Dans la planche huit de Caroline à la mer (fig. 8), la scène est viatique : Caroline rentre d’une pêche sous-marine et emmène dans son sillage ses huit petits amis. Les personnages ne sont pas disposés, comme dans la planche précédente, le long d’une boucle, mais le long d’un axe transversal et oblique qui traverse toute l’image et qui est matérialisé par la jetée en bois. Pris dans cette dynamique générale, encore une fois, les huit personnages s’activent dans une suite séquentielle : Pipo vient de sortir de l’eau et escalade la jetée ; Noiraud a enjambé la rambarde ; Bobi retire ses palmes et Kid recrache l’eau qu’il a avalée lors de sa plongée ; Pouf et Youpi ont déjà retiré leur masque et leurs palmes.

Figure 8 : Analyse de la planche 8 de Caroline à la mer.

  • 32 Roger Brunet, « La composition des modèles dans l’analyse spatiale », L’espace géographique [en lig (...)

25J’aimerais mettre en évidence une sorte de jeu de mise en scène que Probst semble vouloir développer au sein des différentes planches d’un même album. Ce que j’appelle « jeu » tient davantage d’un système qui fait graviter les autres personnages autour du positionnement de Caroline dans la planche. Pour ce faire, je voudrais me focaliser sur les neuf personnages des planches et analyser leur positionnement dans la double page : existe-t-il des permanences dans un même album ? dans la série ? Mon approche structurelle et spatiale s’inspire des travaux de Robert Feras et Roger Brunet sur la chorématique32. Je choisis de représenter chacune des planches d’un album donné en m’affranchissant totalement des éléments de décor et d’attribuer un point de couleur pour chacun des huit amis. Caroline, quant à elle, est figurée par un triangle rouge. La taille du point ou du triangle varie en fonction de l’éloignement du personnage par rapport au premier plan. Je livre ici le résultat obtenu pour les douze planches qui composent l’album Caroline aux sports d’hiver (fig. 9).

Figure 9 : Schémas structurels des planches de Caroline aux sports d’hiver.

26La première observation qui peut être faite en regardant ces différents schémas structurels concerne la place qu’occupe Caroline dans la constellation formée avec les huit autres personnages : elle est assez régulièrement à l’écart (fig. 10). Caroline ne prend jamais part aux bêtises qu’imaginent ses huit petits amis. Elle observe avec bienveillance, elle apporte réconfort, elle accompagne. Caroline agit comme une grande sœur. En se concentrant sur les divers positionnements de Caroline au fil des pages de l’album, on s’aperçoit que la fillette occupe très régulièrement le quart supérieur droit et la partie droite de l’image, partie traditionnellement réservée à la « belle page », celle que le lecteur va regarder en premier à la tourne de page. C’est également le cas dans Les vacances de Caroline (fig. 11). Si, à présent, on observe les douze schémas à la manière d’une lanterne magique, force est de constater une extrême mobilité des points qui se déplacent au fil des pages de haut en bas, de gauche à droite et d’avant en arrière.

Figure 10 : Superposition du positionnement de Caroline à travers l’album Caroline aux sports d’hiver.

Figure 11 : Superposition du positionnement de Caroline à travers l’album Les vacances de Caroline.

27L’étude a été étendue aux autres personnages de la série et comparée avec d’autres albums. Là encore, quelques permanences semblent se dégager. Pipo est souvent un personnage placé à l’arrière-plan, imposant au lecteur d’aller toujours plus au fond de l’image pour y découvrir de nouvelles actions ou des éléments du décor inattendus. Il en va de même pour Pitou, qui a pourtant occupé le premier plan dans les premiers albums de Caroline. Pitou fut le premier animal dessiné par Probst pour les « Albums Roses ». On peut imaginer qu’un autre jeu est instauré avec le lecteur : trouver Pitou. Youpi, Kid et Boum occupent régulièrement la partie inférieure de l’image et souvent le premier ou le second plan.

28Ces petites permanences à travers les albums comme à travers la série, que les schémas structurels révèlent, montrent les jeux mis en place par Probst avec ses lecteurs. Ils instaurent une dynamique sérielle qui fait que le lecteur assidu saura où il peut trouver Caroline, Youpi, Kid et Boum et qu’il lui restera à chercher Pitou ou Pipo. Ce que révèlent également les schémas c’est que cette « cacophonie visuelle » suggère des espaces qui sont toujours pratiqués par des personnages en mouvement, que la scène soit stationnaire ou non.

  • 33 Marc Brosseau, Des romans-géographes : le roman et la connaissance géographique des lieux, thèse de (...)
  • 34 Marc Brosseau, « Acquis et ouvertures de la géographie littéraire », dans : L. Dupuy et J.-Y. Puyo (...)
  • 35 Jacques Lévy, « Capital spatial », dans : M. Lévy et M. Lussault (dir.), Dictionnaire de géographie(...)

29En 1992, le géographe Marc Brosseau33 soutenait une thèse sur les « romans-géographes » qu’il définissait de la manière suivante : des romans comportant « un discours qui génère une représentation du monde34 ». Les albums de Caroline que nous avons sélectionnés sont des « albums-géographes ». Composant la grande majorité des albums de la série, ils font de cette série une « série-géographe » qui a participé à la construction d’un capital culturel spatial35 chez les jeunes lecteurs et lectrices d’au moins trois générations.

30En passant la série au crible d’une analyse multiscalaire, nous avons montré qu’il existe bien une intentionnalité spatiale chez Probst, celle qui invite les enfants à découvrir le monde qui les entoure, à devenir des touristes éclairés et vigilants. Il y a chez notre auteur une obsession du mouvement qui pourrait être considérée comme un élément de l’ethos du vacancier populaire ou plus exactement petit bourgeois, cible essentielle des « Grands Albums Hachette » dans les années 1960-1965. La série naît dans un contexte d’élargissement des congés payés (une troisième semaine est accordée aux salariés à partir de 1956) qui va permettre une certaine forme de « démocratisation » des loisirs et du tourisme. Les vacances sont ainsi une période où l’on est libre de faire ou de ne rien faire : « oisiveté ».

31Probst fournit ainsi une sorte de vadémécum, destiné à la classe moyenne, pour promouvoir le bon usage des vacances. Caroline ne connaît pas le farniente, autour d’elle tout s’agite. Qu’elle soit en vacances stationnaires ou sur les routes, tout est mouvement dans ce qui l’entoure. Que suggère-t-elle ? L’un des effets de sens que conduit à formuler l’analyse est que les vacances, ce n’est pas l’oisiveté, c’est le temps des loisirs que l’on peut et que l’on doit payer, c’est le temps d’une consommation active qui donne l’illusion d’accéder aux plaisirs de la classe dirigeante et aisée. Les vacances, c’est le rêve tarifé.

  • 36 Matthieu Letourneux, Fictions à la chaîne : Littératures sérielles et culture médiatique, Paris, Le (...)
  • 37 Michel Lussault, « Ce que la géographie fait au(x) monde(s) », Tracés. Revue de sciences humaines [ (...)
  • 38 George Perec, Espèces d’espaces, Paris, Galilée, 1974, p. 16.

32Cette intentionnalité forte chez Probst établit un véritable pacte sériel36 avec les lecteurs qui peuvent venir chercher en lisant Caroline le voyage, l’évasion, la découverte. Elle semble pouvoir contribuer à former la spatialité des jeunes lecteurs et lectrices, la série devenant un « actant spatial37 ». La série des Caroline, en tant que série-géographe, doit apprendre à vivre. Et vivre, pour Georges Perec, dans Espèces d’espaces, « c’est passer d’un espace à un autre, en essayant le plus possible de ne pas se cogner38 ». Si cette intentionnalité est non avouée chez notre auteur à la lecture de ses rares interviews, elle est d’une grande clarté sous la plume de Maurice Fleurent, éditeur de Pierre Probst dans les débuts de la série :

  • 39 Manuscrit de Maurice Fleurent, 1958, IMEC, HAC 6829, « Divers collections ».

L’album doit être un compagnon « actif ». L’enfant, intéressé au déroulement de l’histoire, lui apportera des prolongements personnels. J’ai parlé de Caroline où la nature des questions que l’enfant se pose est si l’on veut d’un ordre « facile ». L’illustrateur et l’éditeur établissent donc un plan, un découpage, une mise en pages, en « scènes », où sont ici et là ménagés des éléments de suspense, et cela va de soi, une ou plusieurs appréciations de morale appliquée et de circonstance39.

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Anmerkungen

1 Michel Lussault, « Spatialité », dans : M. Lévy et M. Lussault (dir.), Dictionnaire de la géographie et de l’espace des sociétés, Paris, Belin, 2013, p. 947-950.

2 Pierre Probst, Le voyage de Caroline, Hachette, 1954.

3 Pierre Probst, Caroline et le fantôme du Loch Ness, Hachette, 2004.

4 Michel de Certeau, L’invention du quotidien, Paris, Gallimard, 1990, p. 170.

5 Ibid., p. 170.

6 Ibid., p. 170.

7 Ibid., p. 171.

8 Edward Soja, Postmodern Geographies. The Reassertion of Space in Critical Social Theory, New York, Verso, 1989.

9 Edward Soja, Thirdspace. Journeys to Los Angeles and Other Real-and-Imagined Places, Cambridge, Blackwell, 1996.

10 Henri Lefebvre, La production de l’espace, Paris, Anthropos, 1974.

11 Kenneth White, Le plateau de l’albatros. Introduction à la géopoétique, Paris, Grasset, 1994.

12 Bertrand Westphal, La géocritique. Réel, fiction, espace, Paris, Les Éditions de Minuit, 2007.

13 Michel Collot, Pour une géographie littéraire, Paris, Corti, 2014.

14 Ibid., p. 10.

15 André Gardies, L’espace au cinéma, Paris, Klincksieck, 1993.

16 Même si la dernière partie de la thèse d’Antoine S. Bailly, soutenue en 1977, s’intéressait à la représentation de la ville dans certains romans du xixsiècle.

17 E. Soja, 1989, Postmodern Geographies, op. cit., p. 76-79.

18 Christophe Meunier, L’espace dans les livres pour enfants, Rennes, PUR, 2016.

19 Ségolène Le Men, « Hetzel ou la science récréative », Romantisme, n° 65, 1989, p. 69-80.

20 G. Bruno, « Préface », dans : Le Tour de France par deux enfants, Paris, Armand Colin, 1877.

21 Précisons que Caroline ne s’est jamais rendue en URSS. En revanche, elle fait un voyage imaginaire en Russie, en 1993, après la chute du mur.

22 M. de Certeau, L’invention du quotidien, op. cit., p. 173.

23 Ibid., p. 174.

24 C. Meunier, L’espace, op. cit.

25 M. de Certeau, L’invention du quotidien, op. cit., p. 58-59.

26 C. Meunier, L’espace, op. cit., p. 133-135.

27 Jean-Didier Urbain, L’envie du monde, Paris, Bréal, 2018, p. 88-89.

28 J’utilise ici le terme viatique en tant qu’adjectif s’appuyant sur l’étymologie latine du mot : viaticum, par la route.

29 André Gardies, L’espace au cinéma, op. cit., p. 189.

30 Cécile Boulaire, Lire et choisir ses albums : Petit manuel à l’usage des grandes personnes, Paris, Didier jeunesse, 2018, p. 118.

31 Ibid., p. 118.

32 Roger Brunet, « La composition des modèles dans l’analyse spatiale », L’espace géographique [en ligne], n° 4, 1980, p. 253-265, URL : https://www.persee.fr/doc/spgeo_0046-2497_1980_num_9_4_3572.

33 Marc Brosseau, Des romans-géographes : le roman et la connaissance géographique des lieux, thèse de doctorat en Géographie sous la direction de Paul Claval, Université Paris 4, 1992.

34 Marc Brosseau, « Acquis et ouvertures de la géographie littéraire », dans : L. Dupuy et J.-Y. Puyo (dir.), De l’imaginaire géographique aux géographies de l’imaginaire, Pau, PUPPA, 2015.

35 Jacques Lévy, « Capital spatial », dans : M. Lévy et M. Lussault (dir.), Dictionnaire de géographie, op. cit., p. 147-149.

36 Matthieu Letourneux, Fictions à la chaîne : Littératures sérielles et culture médiatique, Paris, Le Seuil, 2017, p. 54.

37 Michel Lussault, « Ce que la géographie fait au(x) monde(s) », Tracés. Revue de sciences humaines [en ligne], n° 10, 2010, DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/traces.4854.

38 George Perec, Espèces d’espaces, Paris, Galilée, 1974, p. 16.

39 Manuscrit de Maurice Fleurent, 1958, IMEC, HAC 6829, « Divers collections ».

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Abbildungsverzeichnis

Beschriftung Figure 1 : Couvertures originales des 26 albums du corpus.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/strenae/docannexe/image/9674/img-1.jpg
Datei image/jpeg, 264k
Beschriftung Figure 3 : Carte des voyages de Caroline.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/strenae/docannexe/image/9674/img-2.jpg
Datei image/jpeg, 148k
Beschriftung Figure 5 : Schéma spatiogénétique de Caroline à la mer.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/strenae/docannexe/image/9674/img-3.jpg
Datei image/jpeg, 64k
Beschriftung Figure 6 : Schéma spatiogénétique de L’automobile de Caroline.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/strenae/docannexe/image/9674/img-4.jpg
Datei image/jpeg, 48k
Beschriftung Figure 7 : Analyse de la planche 3 des Vacances de Caroline.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/strenae/docannexe/image/9674/img-5.jpg
Datei image/jpeg, 140k
Beschriftung Figure 8 : Analyse de la planche 8 de Caroline à la mer.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/strenae/docannexe/image/9674/img-6.jpg
Datei image/jpeg, 264k
Beschriftung Figure 9 : Schémas structurels des planches de Caroline aux sports d’hiver.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/strenae/docannexe/image/9674/img-7.png
Datei image/png, 114k
Beschriftung Figure 10 : Superposition du positionnement de Caroline à travers l’album Caroline aux sports d’hiver.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/strenae/docannexe/image/9674/img-8.jpg
Datei image/jpeg, 60k
Beschriftung Figure 11 : Superposition du positionnement de Caroline à travers l’album Les vacances de Caroline.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/strenae/docannexe/image/9674/img-9.jpg
Datei image/jpeg, 61k
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Zitierempfehlung

Online-Version

Christophe Meunier, „La série Caroline de Pierre Probst. Une « série-géographe »“Strenæ [Online], 22 | 2023, Online erschienen am: 01 Mai 2023, abgerufen am 15 September 2024. URL: http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/strenae/9674; DOI: https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/strenae.9674

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Autor

Christophe Meunier

Docteur en Géographie. INSPE Centre Val de Loire | Université d’Orléans

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