Pif Gadget au Québec
Résumés
Pif Gadget est un des journaux de bande dessinée français majeurs des années 1970. Organe de presse communiste, il se diffuse vers l’Europe de l’Est, mais aussi, de manière moins connue (et moins idéologique), vers le Québec. À partir de dépouillements de la presse numérisée québécoise, d’échanges de fans sur des forums et d’entretiens semi-directifs avec d’anciens lecteurs, cet article revient sur les transferts de Pif Gadget et de ses bandes dessinées au Québec. Il revient notamment sur les différentes reprises des séries du journal au Québec, étudie ses stratégies d’implantation médiatique, ses tentatives d’éditions locales et sa réception, notamment sur toute une génération d’auteurs importants de la BD québécoise.
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- 1 Voir Richard Medioni, « Vaillant et les pays de l’Est », dans : Mon Camarade, Vaillant, Pif : L’his (...)
- 2 Steve Requin, « Pif-Gadget au Canada : la distribution » et « Pif-Gadget au Canada : l’influence », (...)
1Comme la plupart des grands journaux de bande dessinée européens francophones, Pif Gadget a connu une exportation au Québec et ce, dès 1972. Le sujet a rarement été étudié, les camaraderies politiques incitant plutôt à se pencher sur les relations entre les éditions Vaillant et l’ex-Bloc de l’Est1, qui ont une aura particulière. Il y a pourtant eu une vraie volonté d’export, soutenue par une véritable action commerciale et publicitaire qui montre qu’il ne s’agit pas d’un simple déstockage aveugle. Jusqu’ici, un seul texte a été publié sur le sujet : un article assez bref rédigé par le dessinateur Steve Requin pour le site amateur Pif collection2. Non daté, il pose déjà quelques bases intéressantes pour explorer le phénomène, et témoigne de l’influence réelle de ce journal dans la Belle Province.
- 3 Grâce soit par ailleurs rendue à l’utilisateur Dicentim qui a eu le premier l’idée d’explorer cet o (...)
- 4 Sur les neuf personnes répondant au questionnaire, au moins cinq sont des auteurs de bande dessinée (...)
2Pour établir cet article, nous avons par ailleurs dépouillé la presse numérisée par la Bibliothèque et les Archives nationales du Québec (BAnQ), formidable outil qui, s’il ne contient pas tous les journaux québécois, permet déjà d’observer un phénomène et de dater plusieurs événements3. Enfin, nous avons utilisé un principe d’entretien dirigé, sous la forme d’un questionnaire fermé, envoyé à plusieurs membres du groupe Facebook « La bande dessinée québécoise ». Si l’échantillon est trop faible pour en tirer des conclusions générales, la forte présence d’auteurs de bande dessinée professionnels au sein du groupe répondant atteste d’une influence certaine4.
- 5 Michel Espagne, « La notion de transfert culturel », Revue Sciences/Lettres [en ligne], n° 1, mai 2 (...)
3Armés de ces outils de recherche, nous n’avons évidemment pas pu réaliser un article absolument complet, mais il permet d’analyser l’existence de Pif Gadget au Québec sous divers aspects : les conditions matérielles de son export, les stratégies d’implantations et, fidèle à l’idée de Michel Espagne voulant que « transférer, ce n’est pas transporter, mais plutôt métamorphoser5 », un embryon d’étude sur la réception et l’influence que ce journal européen a pu avoir sur un lectorat québécois, et notamment certains auteurs importants comme Jacques Lamontagne, Éric Braün ou Jean-Paul Eid.
Avant Pif Gadget : des publications Vaillant au Québec
- 6 Dominique Marquis, dans Un quotidien pour l’Église. L’Action catholique, 1910-1940 (Ottawa, Leméac, (...)
4Créé en 1969, Pif Gadget ne traverse pas tout de suite l’Atlantique de manière régulière, même si le Québec ne constitue pas, à l’époque, un territoire vierge pour les éditions Vaillant. Avant toute traversée de leurs imprimés, plusieurs des séries du journal sont diffusées dans des journaux québécois. De manière étonnante, vu la contradiction idéologique entre les deux journaux, c’est L’Action catholique qui publie, à partir de septembre 1949, Gil Rob, une éphémère série d’auteurs inconnus publiée en 1946 en France6. L’année suivante, le même journal publie Sam Billie Bill, western de Lucien Nortier et divers scénaristes, et Yves le Loup, de René Bastard et Jean Ollivier. Cette série médiévale est très inspirée par le Prince Vaillant d’Hal Foster, également publié dans L’Action catholique. Le quotidien La Patrie publie aussi quelques séries venues de Vaillant, dont La Pension Radicelle d’Eugène Gire, durant trois années (avril 1953 à mars 1956), et l’on croise le Salammbo de Raymond Poïvet et Jean Ollivier dans Photo-Journal en 1954.
- 7 Voir ici par exemple les pages consacrées aux Pionniers de l’Espérance : https://la-bd-de-journal-a (...)
- 8 On peut explorer divers numéros de journaux sur le site de la BAnQ, prenons par exemple celui du 6 (...)
5Cette dernière publication n’est pas surprenante, car Photo-Journal est une émanation du Petit Journal, hebdomadaire montréalais majeur dont le supplément de bande dessinée est particulièrement ouvert aux productions Vaillant. Ils publient notamment Les Pionniers de l’Espérance, space opera mythique de Raymond Poïvet (curieusement orthographié Poirret) et Roger Lécureux. Particulièrement représentative de l’idéal internationaliste de Vaillant, publiée en France de 1945 à 1973, la série paraît au Québec de décembre 1947 à mai 1954, selon l’excellent site Wikia : La BD de journal au Québec, qui est incontournable7. Il relève d’autres séries de Vaillant, et notamment la longévité du Placid et Muzo de J.-C. Arnal et Pierre Olivier, de mars 1953 à mars 1959. Si nous n’avons pas pu retrouver tous les numéros cités et nous assurer que les bornes sont toutes exactes, il existe donc bien de nombreuses séries Vaillant publiées au Québec en parallèle au début des années 1950. Il est par ailleurs amusant de noter que le Québec, terre d’intersections d’influences, publie dans de mêmes journaux des séries franchement opposées en terre française8.
Illustration 1 : Placid et Muzo dans le Supplément au Petit Journal du 2 mars 1958, p. 13. Collections numérisées de la BanQ : https://collections.banq.qc.ca/ark:/52327/4250533.
- 9 Nathalie Ferraris, « Lili Chartrand », Lurelu, vol. 38, n° 1, printemps 2015, p. 105.
6Michel Viau, historien de la bande dessinée québécoise (BDQ), décrit en entretien la présence de recueils du journal Vaillant au Québec avant 1970. Des témoignages un peu plus nombreux attestent de la présence en sol québécois de « Poches », ces périodiques carrés de 200 pages de gags et de jeux reprenant des personnages du journal. Deux de nos interrogés indiquent les avoir achetés en dépanneurs, citant Pif Poche, Pifou Poche, Gai-Luron Poche et Totoche Poche. Si tous ces titres existaient encore après l’arrivée de Pif Gadget au Québec, ils ont tous été créés avant 1970 (les deux derniers s’arrêtant en 1976), ce qui conforte ces souvenirs. Ils sont d’autant plus appuyés qu’ils concordent avec une interview de l’autrice jeunesse Lili Chartrand, née au début des années 1960, et qui, quand la revue de littérature jeunesse Lurelu lui demande quel est le premier livre qu’elle ait acheté, répond « Je crois que c’était Pif Poche9. » Au-delà de ces souvenirs, toujours sujets à caution malgré leur cohérence, les traces les plus visibles des éditions Vaillant dans la presse québécoise avant 1972 se trouvent dans une source relativement inattendue. Il s’agit de publicités, non pour des librairies ou des journaux, mais pour de grandes opérations promotionnelles.
7Ainsi, dans L’Action du 23 janvier 1965, une pleine page annonce une « Grande vente à la librairie de l’Action » avec « de 25 % à 60 % d’escompte » (p. 8) ; parmi les dizaines de titres présentés pour appâter le chaland on retrouve « Albums : aventures de Pif le chien » et « Pipolin ». Ce dernier titre, un peu oublié, est un périodique pour les tout-petits publié par Vaillant de 1957 à 1963 autour d’un personnage créé par Eduardo Teixeira Coelho, dessinateur phare de Vaillant puis Pif Gadget (Davy Crockett, Ragnar le Viking, Robin des bois…). Deux ans plus tard, c’est dans le quotidien Le Soleil, ancien organe du Parti libéral devenu indépendant, qu’une publicité pour le magasin Paquet de St-Roch annonce le 31 octobre 1967 une grande opération de Toussaint « Tout à 0,99 $ » avec différents lots dont des bas nylon, des carrés de têtes, des pendentifs, du chocolat ou « 150 albums pour enfants » comprenant là encore « Pif de luxe » et Pipolin. Plus que le magazine Vaillant ou les poches, on constate qu’il y a en tous cas de manière certaine des titres diffusés par les éditions Vaillant qui sont arrivés dans les centres commerciaux québécois. Il est étonnant de voir qu’un magazine mineur y est plusieurs fois cité : l’hypothèse d’un déstockage de numéros justement mal vendus peut-être formulée, mais l’absence d’archives Vaillant ne permet guère d’en savoir plus pour le moment.
8Face à ces parcours relativement erratiques, Pif Gadget, qui apparaît en France en février 1969, va développer un plan de diffusion pour la Belle Province nettement plus organisé, même s’il lui faudra quelques années pour se lancer effectivement.
Premiers exports au Québec et systèmes de distribution
9L’exportation vers le Canada a lieu assez tôt puisque différentes sources évoquent la présence des sept premiers numéros de Pif Gadget peu après leur sortie dans les « 5-10-15 », une chaîne populaire de magasin à tarifs uniques, les trois nombres correspondants aux tarifs possibles (en centimes de dollars canadiens). Fonctionnant sur le principe des soldeurs, il s’agit là encore de très probables ventes de surplus.
- 10 Regroupées avec les autres activités de M. Péladeau au sein du groupe Quebecor Media en 1965, les m (...)
10C’est le 15 janvier 1972 qu’une publicité pleine-page dans Télé-Radiomonde annonce que « Pif Gadget, l’hebdomadaire des jeunes le plus vendu en France, est maintenant distribué au Canada par LES MESSAGERIES DYNAMIQUES INC. » Cette structure fondée en 1964 par Pierre Péladeau est rapidement devenue le plus important distributeur de presse dans la Province10. Elle peut alors difficilement rester indifférente au succès de Pif Gadget dont deux numéros, devenus mythiques, ont dépassé le million d’exemplaires tirés les années précédentes : le n° 60 et ses Artemia salina (ou « pifises », mars 1970) et le n° 137 et ses « pois sauteurs du Mexique » (ou « pifitos », octobre 1971).
- 11 Cette estimation se fonde sur des publicités indiquant les numéros à paraître la semaine suivante d (...)
11Si le numéro reproduit dans la publicité est le n° 99 (janvier 1971), il n’est en réalité pas diffusé dans le pays. Suite à plusieurs entretiens aux discours concordants, il semble établi que la distribution débute au numéro 87 (octobre 1970), qui ouvre une série de quatre numéros offrant tous des timbres de Mongolie, un gadget à l’aspect éducatif facilement explicable en plus d’être logistiquement très simple à gérer. Mais après le numéro 91 (novembre 1970), un saut est alors fait au numéro 138, paru quasi exactement un an après, sans qu’aucune raison ne semble évidente. Après ce bond temporel, la chronologie se suit sans heurt, hormis un décalage de plusieurs mois, qui oscille de cinq mois au lancement pour aller jusqu’à sept mois dans les années 198011.
- 12 « La série des 1518 blancs », Pif-collection, URL : http://pif-collection.chez-alice.fr/pif_1518_bl (...)
12Cette distorsion dans le temps, bien connue des Québécois avec la presse européenne en général, peut créer des effets un peu déroutants, comme lire un numéro avec des sapins et des pères Noël en mai. Une surprise que le jeune Jacques Lamontagne constate face à la série Les jeudis de Corinne et Jeannot alors que ce jour n’est pas chômé pour les écoliers québécois. Cela reste marginal pour Pif Gadget, modérément marqué par les fêtes religieuses, mais en 1974 la direction du marketing du journal va tout de même chercher à éviter ces problèmes. Dans une note du 23 avril présentée par Pif collection12, une stratégie est mise en place visant à créer des numéros spéciaux, composés de matériel repris des numéros d’anciennes formules et d’un gadget inédit. Afin de combler la déception d’un gadget annoncé la semaine précédente et non fourni, un papillon d’excuse est prévu, une stratégie assez simple à mettre en place pour un journal « Tout en récits complets », qui n’a pas à craindre les ruptures d’histoires. Huit numéros sont recensés, et sont assez rares par leur tirage relativement limité et privilégiant l’export. Sur le tirage de 95 000 exemplaires prévus, 35 000 exemplaires sont réservés au Canada, ce qui en fait la plus grosse destination à l’étranger puisque les « démocraties populaires » suivent, avec seulement 8000 exemplaires (il reste à éclaircir l’usage des 41 900 exemplaires destinés aux N.M.P.P., structure de distribution de presse parisienne). Ce tirage donne une indication précieuse sur l’importance commerciale du Québec dans l’économie globale des exports du journal, une part largement sous-estimée.
Illustration 2 : Publicité dans le Télé-Radiomonde, vol. 33, n° 9, 15 janvier 1972, p. 12. Collections numérisées de la BanQ : https://collections.banq.qc.ca/ark:/52327/3100839.
- 13 Merci à Rosaire Fontaine pour son éclairage sur cette stratégie éditoriale.
13Parallèlement à cette stratégie de distribution officielle, des recueils spécifiques au Québec ont également été produits par les éditions Héritages, qui sont principalement connues pour avoir traduit et diffusé dans la Province un grand nombre de comics, notamment ceux de Marvel et DC. Il est difficile d’en avoir le détail exact et ces rééditions mériteraient une étude spécifique, mais plusieurs exemplaires étudiés et nos sondages auprès de lecteurs indiquent qu’ils paraissaient régulièrement à partir de la deuxième moitié des années 1970, et que des publicités spécifiques existaient dans les comics de la maison d’édition. Derrière le titre de Piforama se trouvaient plusieurs numéros du magazine, sans gadget et pas forcément dans l’ordre. Il est aisé d’imaginer que des stocks déjà exportés au Québec étaient rachetés avant leur destruction. Certaines personnes interrogées évoquent la présence d’autres magazines des éditions Vaillant, ce qui nous semble sujet à caution pour des questions de format, et Steve Requin indique dans son article qu’il a « [lui]-même vu un Piforama contenir deux fois le même numéro de Pif. ». Il existe plusieurs versions de Piforama, qui ont eu une certaine aura de mystère, car se cachant derrière une couverture au dessin inédit et très maladroit, avec une numérotation laissant envisager plus d’une centaine de numéros. Il n’y en a sans doute eu en réalité que quelques-uns, les éditions Héritages ayant l’habitude de débuter ses séries d’albums après le numéro 100 ou 200. Le Piforama n° 104 présenté par Steve Requin est donc plus probablement un quatrième recueil13. Une autre série a ensuite existé, que nous n’avons pas pu compulser, avant de laisser place à Super Pif, que M. Requin date de la deuxième moitié des années 1980 jusqu’à la fin du journal, et dont les recueils contiendraient une dizaine de numéros du journal, mais sans aucune indication éditoriale.
Illustration 3 : Trois exemples de rééditions spécial Québec du contenu de Pif Gadget, entre 1970 et 1975, auteurs inconnus.
14Si Pif Gadget est donc bien distribué au Québec, avec plusieurs circuits, à partir de 1972, l’effort net présenté par les tirages réservés s’accompagne de plusieurs événements médiatiques.
Stratégies d’implantations
15La publicité dans le Télé-Radiomonde du début 1972 n’est pas très étonnante, le journal appartenant au même groupe que les Messageries dynamiques. La semaine suivante, le 22 janvier, un court article accompagné de deux photos présente André Limansky, le responsable commercial du journal, ici désigné comme « président de International Gadget-Office de Paris », en compagnie du directeur des Messageries et de celui du Journal de Montréal pour lancer le nouveau journal. Curieusement, la description parle d’un périodique composé de « nombreuses pages de bandes dessinées et de motifs que les jeunes colorent eux-mêmes », ce qui ne décrit pas vraiment le contenu.
16Le 29 juillet de la même année, le même journal publie un grand article sur deux vedettes québécoises de l’époque, le clown Patof (qui aura un succès monumental, notamment en BD) et l’enfant-star René Simard, la légende de la photo indiquant qu’il « avait même apporté son Pif Gadget que l’on voit sur la table », un placement produit plutôt habile pour la cible, et pouvant instaurer l’idée d’acheter le magazine pour ses enfants, à ceci près qu’aucun magazine ne semble présent sur la photo publiée. Ces deux publications de 1972 mettent en avant cependant deux acteurs forts de la promotion du journal dans les années à venir : Limansky et Patof.
Illustration 4 : « Patof et René Simard remplissent le parc Belmont ! », Télé-Radiomonde, vol. 23, n° 37, 29 juillet 1972, p. 29. Malgré la légende, nous ne voyons pas de Pif Gadget sur la table. Collections numérisées de la BanQ : https://collections.banq.qc.ca/ark:/52327/3100954.
Illustration 5 : « Monsieur Pif-Gadget au Québec », Le Petit journal, vol. 49, n° 32, 15 juin 1975, p. 9. Collections numérisées de la BanQ : https://collections.banq.qc.ca/ark:/52327/4252507.
- 14 En parallèle d’un certain renouveau de la BD québécoise où apparaissent les premières bandes dessin (...)
- 15 S’il a participé à sa fondation, cela reste un gros raccourci.
- 16 Au même moment, les comics Héritage, qui diffusent les héros américains au Québec, quittent aussi l (...)
17On retrouve ainsi régulièrement des interviews du directeur commercial dans la presse québécoise, souvent affublé de titres erronés. Si « Monsieur Pif Gadget » a le mérite de la souplesse (Petit Journal, 15 juin 1975), « grand patron de cet hebdomadaire » (Progrès-Dimanche, 18 mai 1975) est assurément excessif. Quant à le présenter comme « le directeur de cet hebdomadaire » (La Patrie, 10 mars 1974), c’est absolument faux. Cette présence continue durant les premières années d’export montre en tous cas sa place centrale dans ce dispositif, sans doute perçu comme dépendant avant tout de son service. Mai 1975 est l’occasion d’une tournée notable par ses retombées, avec notamment une présence à la foire internationale du livre de Montréal le 11, où Limansky rencontre Patof et l’équipe de « Patofville », occasion de plusieurs photos et articles soulignant les connexions entre la vedette et le journal14. Quelques jours plus tard, Limansky donne une longue interview au Quotidien du Saguenay (17 mai), où il est présenté comme le fondateur du journal15, dans laquelle il explique le projet du journal et se plaint de ne pas trouver de dessinateur qui sache « créer des histoires divertissantes, mais non pas crétines ou banales, qui s’adressent vraiment aux enfants, sans chercher à les embrigader dans une idéologie ». Comme on peut le voir, alors que le journal est en France très connecté au Parti communiste français (dont le partenaire québécois est politiquement anecdotique), le sujet de Limansky est bien loin et cherche plutôt à se raccrocher à de grandes réussites populaires. L’alliance ponctuelle avec Patof ressemble à cet effet aux participations de l’humoriste Maurice Biraud à la promotion des Pif poche à la fin des années 1960 ou aux nombreuses apparitions en couvertures de Jean Richard, des Charlots ou de Carlos à partir, justement, du mitan des années 1970. Après ces années actives, on ne retrouve toutefois plus de trace de Limansky dans la presse québécoise, alors qu’il est toujours employé par le journal et que le magazine est encore diffusé durant presque vingt ans. Notons enfin que tous les articles de 1975 mentionnent un changement pour « les distributions Éclair » et non plus les Messageries dynamiques, sans que ce changement ne soit spécialement expliqué16.
- 17 On peut la consulter à ce lien https://youtu.be/K-Ax6PFHTsM (consulté le 09 mai 2022).
18La présence médiatique de Pif Gadget reste régulière, mais il est notable que, bien que notre panel de gens interrogés soit faible, la plupart de ceux qui ont grandi dans les années 1970 ont souvenir de publicités ou opérations en lien avec le journal, quand les quelques personnes interrogées ayant grandi la décennie suivante n’en ont aucun souvenir. Il en a pourtant existé, comme ces opérations publicitaires où des numéros sont offerts par les commerçants de la Place Fabreville de Laval contre des coupons en septembre 1976, ou ce numéro de Dimanche-Matin de mai 1981 qui propose un numéro de Pif Gadget (« d’une valeur d’1,25 $ ») avec chaque numéro. Le dépouillement de la presse numérisée québécoise montre que ces opérations constituent la majorité des occurrences à partir de 1975, l’autre étant essentiellement des chroniques d’albums ou des biographies d’auteurs citant leur passage dans le périodique. Une publicité télévisuelle présentant le n° 742 de juin 1983, qui a donc probablement été diffusée quelques mois après, se retrouve également en ligne17, montrant bien que la zone n’est pas abandonnée, mais il n’y a plus de visites officielles ou de grands raouts avec l’équipe du journal. Dernière évolution, on aperçoit des auteurs, ou de jeunes lecteurs, évoquer leur lecture du journal, de quoi témoigner d’une implantation et d’une influence qui s’installe peu à peu…
Une réception évidente, mais encore à établir
19Les publications évoquant Pif Gadget en dehors des promotions sont assez rares dans les années 1980, mais ces moments sont assez intéressants pour envisager les effets de l’ancrage d’une revue auprès de son public. Plusieurs articles évoquent parfois simplement Pif Gadget comme des lectures d’enfants, montrant qu’il fait partie du paysage, comme cet amusant courrier des lecteurs du Soleil où une mère se plaint d’avoir dû déplacer de nombreuses revues pornographiques pour le trouver (11 octobre 1983). Plus étonnant, le 14 mai 1982, le même journal présente un courrier de jeunes lecteurs de Pif Gadget qui ont demandé à avoir des correspondants dans leur journal favori, et se sont retrouvés submergés de réponses de France et d’Algérie. Ne pouvant pas tisser de liens avec chacun d’entre eux, ils ont donc écrit à leur journal local pour proposer à d’autres enfants de répondre à ces correspondants en recherche d’amis québécois !
- 18 « La BD permet de me moquer de moi-même », La Patrie, cahier C, 19 février 1986, p. 6.
20Surtout, plusieurs témoignages d’auteurs québécois, qui commencent à s’installer dans un paysage créatif en voie de professionnalisation, évoquent Pif Gadget comme une influence réelle. Benoît Joly, auteur profondément poétique qui occupe une place particulière dans la création contemporaine, semble être le premier auteur de BDQ à témoigner de cette influence, dans La Patrie en février 1986. À l’occasion d’un portrait, il est précisé qu’il a « capoté à la lecture de Pif Gadget et de Pilote18 ». Mais le témoignage le plus important paraît en avril 1993, alors que la revue vient de s’arrêter en France. Jean-Paul Eid, rare auteur québécois de cette génération à avoir pu vivre de ses créations, explique au Devoir l’importance du journal dans sa vision du neuvième art :
- 19 « Quand un Bungalow en cache un autre », Le Devoir Livres, 3 avril 1993, p. 4.
Quand j’étais enfant, je dévorais Pif Gadget avec un plaisir fou. J’adorais cette revue où il fallait découper, plier, monter des jouets, qui souvent d’ailleurs ne fonctionnaient pas ! J’aimais aussi beaucoup les jeux comme les labyrinthes, les sept erreurs. La revue cessait d’être un imprimé pour devenir un véritable objet. C’est ce type de matérialité que j’aime incorporer à mon travail19.
21Comme dans tous nos entretiens et les témoignages trouvés, le gadget occupe une place majeure, presque plus importante que les bandes dessinées. Mais dans le cas d’Eid, dont le travail joue très souvent avec les codes de l’imprimé et peut être qualifié de pré-Oubapien, cet aspect a un impact direct sur sa pratique artistique. Une déclaration qui éclaire ses ouvrages, comme la série expérimentale Jérôme Bigras, dont le tome 4 (« Le Fond du trou », La Pastèque, 2011) est percé en son centre sur toute l’épaisseur du livre : une intervention physique qui contribue au récit de l’album au même titre que les dessins, et ancre le livre et sa fabrication au cœur de la bande dessinée.
- 20 « Fif » est un terme vulgaire et péjoratif désignant les homosexuels.
- 21 Gabriel Morrissette, Fournier, Leblanc et Prud’homme, « Les Bébelles de la B.D. », Croc, n° 108, ju (...)
22L’influence est aussi notable chez certains créateurs. S’il n’y a pas de recensions exactes des clins d’œil multiples au magazine chez d’anciens lecteurs, on peut noter que dès 1986 l’auteur underground Éric Braün publie un fanzine complet parodiant le magazine. Fif gadget contient 20 pages de parodies qui, comme son nom le laisse deviner20, sont globalement trashs et grasses, avec une feuille de papier toilette en guise de gadget. Si Braün est encore très amateur, et loin du style développé dans les années 1990, ses multiples parodies (Hercule, Pif, Placid et Muzo, Rahan, Dicentim, Pifou, Supermatou, Ludo, Léo bête à part et le journal des jeux) montrent une connaissance fine du journal. Dans le rang des hommages acides, en juillet 1988, le magazine Croc, sorte de Mad québécois, publie une page dessinée par Gabriel Morrissette imaginant des produits dérivés de personnages de BD. Il s’y trouve une « poubelle Pif » parfaitement désignée pour « loger ses merveilleux gadgets PIF21 ». Là encore, c’est l’aspect « gadget » qui marque le plus l’imaginaire, chose qui rejoint les déclarations de nombre de nos interviewés.
23Dans son article pour Pif collection, Steve Requin évoque la préparation d’un numéro du fanzine Mensu’Hell entièrement dédié au journal, qui aurait cette fois été publié dans les années 2000. Arnaud Hilmarcher, Kurt Beaulieu, Michel Laframboise ou Christ Oliver avaient créé des pages, dont des extraits sont présentés, mais le numéro n’est jamais paru. Signe de cette persistance d’influence, lorsque Blonk publie 23h72 chez Pow Pow en 2014, ses personnages visitent durant quelques pages une exposition de Jean-Claude Poirier, auteur du culte Supermatou dans Pif Gadget. Certes, Blonk publiait déjà dans les fanzines des années 80 et appartient donc à cette génération d’auteurs-lecteurs, mais cela témoigne que, même plus de vingt ans après l’arrêt du périodique, ses personnages évoquent toujours quelque chose aux Québécois.
24L’influence sur les auteurs québécois qui ont lu Pif Gadget apparaît donc bien notable, ces quelques références directes (il en existe d’autres) comme les entretiens réalisés en témoignent. Pif Gadget était un rendez-vous important, parfois avec d’autres magazines, mais particulièrement populaires – au moins dans les années 1970 (les retours sur les années 1980 sont plus nuancés). Aux auteurs rendant directement hommage au journal dans leurs pages s’ajoutent des témoignages directs de créateurs québécois à grands succès comme Michel Rabagliati (Paul) ou Jacques Lamontagne (Wild West), qui n’ont jamais spécialement parlé de ce sujet, mais se sont avérés de grands lecteurs du journal une fois questionnés.
25Un dernier ricochet outre-Atlantique a une importance particulière, impliquant lui aussi un auteur et illustrateur québécois professionnel. Denis Goulet revendique l’importance de Pif Gadget dans ses lectures préadolescentes, et va activement chercher des informations sur ce journal quand il découvre le web. Mais à la fin des années 1990, il n’existe encore rien à ce sujet sur la toile. Il lance donc en 1999 le premier site sur le magazine, qui restera longtemps une ressource centrale pour les passionnés. Tandis que Pif collection fouillera chaque numéro en détail et fera appel à de nombreux contributeurs pour des actus et dossiers, Goulet créé un site d’emblée assez complet comprenant une présentation de la revue, des fiches sur des albums des auteurs, des fonds d’écrans et un riche livre d’or où de nombreux passionnés du monde entier se manifestent…
26Qu’il s’agisse de témoignages du quotidien de lecteurs quasi anonymes, d’influences directes plus ou moins revendiquées ou de participation concrète à l’élaboration d’une bédéphilie, les liens entre Pif Gadget, le Québec et les Québécois s’avèrent donc particulièrement riches, et sources d’échanges multiples.
Conclusion
27Ces pistes sont en partie explorées et ne demandent qu’à être défrichées plus encore. Le manque d’archives aisément disponibles ne simplifie pas la tâche, mais il pourrait être intéressant de pousser cette première recherche en tentant d’aller retrouver des exportateurs du journal, de creuser la publication de strips et jeux de Pif ou Placid et Muzo dans certains journaux durant la période étudiée, et de tâcher de réunir l’intégralité des Piforama. Un relevé plus exhaustif des publicités et opérations commerciales pourrait sans doute apporter des données intéressantes également, tout comme un élargissement significatif de la base d’interviewés, notamment en creusant dans les années 1980, toujours moins citées.
- 22 « En bref : Le succès, prévisible, de Pif Gadget », Le Devoir, 18 novembre 2004, disponible en lign (...)
- 23 Robert Lavaill, auteur de L’Histoire du Québec illustrée, dont deux volumes sont parus en 1971 et 1 (...)
28Enfin, il apparaît essentiel de citer un élément de l’histoire de Pif Gadget au Québec qui, s’il ne concerne pas directement notre étude, ne peut être oublié. En juillet 2004, le journal est relancé par L’Humanité à grand renfort de publicité. Grand succès de kiosque en France, le titre trouve aussi un bel écho au Québec, où 20 000 exemplaires sont exportés quatre mois plus tard. Pour accompagner ce retour, le rédacteur en chef François Corteggiani et le directeur de publication Patrick Apel-Muller viennent à Montréal le 8 novembre ; dix jours plus tard Le Devoir annonce un « succès prévisible » et une rupture de stock à Montréal, imposant le rapatriement d’exemplaires invendus du reste de la Province22. La presse ne dit pas si le journal s’est bien vendu à Trois-Rivières, grosse ville située entre Montréal et Québec, qui a une particularité notable : Claude Bordeleau, premier auteur québécois du magazine23 (Les Robinsons, avec Olivier Fiquet), en est originaire. Né en 1981, il n’avait lui-même pas connu le journal et incarne une potentielle nouvelle génération de Québécois placés sous l’influence de Pif Gadget et pouvant y apporter leur contribution. Le succès de ce nouveau journal tient cependant beaucoup à la nostalgie et n’arrive pas à s’ancrer dans la durée, et l’expérience prend fin quatre ans plus tard et fait malheureusement de la série, plutôt originale et sympathique, un cas unique.
Notes
1 Voir Richard Medioni, « Vaillant et les pays de l’Est », dans : Mon Camarade, Vaillant, Pif : L’histoire complète. 1901-1994 : les journaux pour enfants de la mouvance communiste et leurs BD exceptionnelles, Pargny-la-Dhuys, Vaillant Collector, 2012, p. 239-244.
2 Steve Requin, « Pif-Gadget au Canada : la distribution » et « Pif-Gadget au Canada : l’influence », Pif collection [en ligne], URL : http://pif-collection.chez-alice.fr/pif_canada1.htm et http://pif-collection.chez-alice.fr/pif_canada2.htm [consultés le 12 janvier 2022]. Bien que les articles soient non datés, une recherche via Internet Archive permet d’attester d’une mise en ligne au plus tard en novembre 2006.
3 Grâce soit par ailleurs rendue à l’utilisateur Dicentim qui a eu le premier l’idée d’explorer cet outil pour y rechercher des occurrences de Pif Gadget et a partagé ses découvertes sur le forum « Pimpf », accompagné par arsen33. L’ensemble est encore disponible sur https://www.forumpimpf.net/viewtopic.php?t=42314 (consulté le 12 janvier 2022).
4 Sur les neuf personnes répondant au questionnaire, au moins cinq sont des auteurs de bande dessinée reconnus : Denis Goulet, Jacques Lamontagne, Richard Suicide, Michel Rabagliati et Michel Viau, par ailleurs historien de la BD Québécoise.
5 Michel Espagne, « La notion de transfert culturel », Revue Sciences/Lettres [en ligne], n° 1, mai 2012, URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/rsl/219.
6 Dominique Marquis, dans Un quotidien pour l’Église. L’Action catholique, 1910-1940 (Ottawa, Leméac, 2004) a déjà soulevé ce paradoxe quant aux comics américains, publiés dans le journal alors qu’ils sont pourfendus pour leurs immoralités dans les éditoriaux.
7 Voir ici par exemple les pages consacrées aux Pionniers de l’Espérance : https://la-bd-de-journal-au-quebec.fandom.com/fr/wiki/Les_Pionniers_de_l'Espérance_-_Le_Petit_Journal?so=search, à Placid et Muzo : https://la-bd-de-journal-au-quebec.fandom.com/fr/wiki/Placid_et_Muzo ou le curieusement double-publié Gil Rob : https://la-bd-de-journal-au-quebec.fandom.com/fr/wiki/Gil_Rob_Le_Preux_des_Forêts?so=search (consultées le 12 janvier 2022).
8 On peut explorer divers numéros de journaux sur le site de la BAnQ, prenons par exemple celui du 6 février 1949 : https://collections.banq.qc.ca/ark:/52327/4249591, et s’amuser de voir côte à côte une série Vaillant, Les Misérables de Niezab, qui était publié dans France-Soir, des biographies historiques de figures de la Nouvelle France par Daniel Lareau et Béatrice Clément, une création locale, et de nombreuses bandes états-uniennes comme Lil’Abner d’Al Capp. L’Action catholique était certes allée plus loin en publiant des séries Vaillant et Disney dans le même ensemble.
9 Nathalie Ferraris, « Lili Chartrand », Lurelu, vol. 38, n° 1, printemps 2015, p. 105.
10 Regroupées avec les autres activités de M. Péladeau au sein du groupe Quebecor Media en 1965, les messageries existent toujours et occupent encore la première place de la distribution de presse au Québec.
11 Cette estimation se fonde sur des publicités indiquant les numéros à paraître la semaine suivante dans certains journaux, permettant d’observer le décalage.
12 « La série des 1518 blancs », Pif-collection, URL : http://pif-collection.chez-alice.fr/pif_1518_blancs.htm (consulté le 12 janvier 2022).
13 Merci à Rosaire Fontaine pour son éclairage sur cette stratégie éditoriale.
14 En parallèle d’un certain renouveau de la BD québécoise où apparaissent les premières bandes dessinées d’auteurs, les années 1970 voient aussi émerger un grand nombre de BD tirées d’émissions de télévision comme Capitaine Bonhomme (série où apparaît pour la première fois le clown Patof), Bobino et Bobinette, M. Tranquille, Nic et Pic… Patof a sa propre série de BD lancée en 1973 et qui est un des gros succès de la BD québécoise malgré une réalisation plutôt indigente.
15 S’il a participé à sa fondation, cela reste un gros raccourci.
16 Au même moment, les comics Héritage, qui diffusent les héros américains au Québec, quittent aussi les Messageries Dynamiques pour les Distributions Éclair. Si la raison est toute aussi méconnue, il semble donc bien y avoir une stratégie des Distributions Éclair sur les périodiques de bande dessinée. Cf. « Éclair s’intéresse à la diffusion du livre », Le Devoir, 20 janvier 1979, p. 13.
17 On peut la consulter à ce lien https://youtu.be/K-Ax6PFHTsM (consulté le 09 mai 2022).
18 « La BD permet de me moquer de moi-même », La Patrie, cahier C, 19 février 1986, p. 6.
19 « Quand un Bungalow en cache un autre », Le Devoir Livres, 3 avril 1993, p. 4.
20 « Fif » est un terme vulgaire et péjoratif désignant les homosexuels.
21 Gabriel Morrissette, Fournier, Leblanc et Prud’homme, « Les Bébelles de la B.D. », Croc, n° 108, juillet 1988, p. 93.
22 « En bref : Le succès, prévisible, de Pif Gadget », Le Devoir, 18 novembre 2004, disponible en ligne : https://www.ledevoir.com/lire/68761/en-bref-le-succes-previsible-de-pif-gadget.
23 Robert Lavaill, auteur de L’Histoire du Québec illustrée, dont deux volumes sont parus en 1971 et 1972 et ont été un des premiers succès de la BD québécoise, publie bien une vingtaine de dessins et gags dans Pif Gadget entre 1973 et 1975. Catalan d’origine, il émigre au Canada vers 1960, mais retourne en Europe en 1972. Lorsqu’il publie dans Pif Gadget, il vit sur ce continent, où il résidera jusqu’à sa mort en 1983, et où il a donc passé le plus clair de sa vie. Voir Michel Viau, BDQ 2 Printemps de la bande dessinée québécoise de 1968 à 1979, Montréal, Station T., 2022, p. 49-53.
Haut de pageTable des illustrations
Légende | Illustration 1 : Placid et Muzo dans le Supplément au Petit Journal du 2 mars 1958, p. 13. Collections numérisées de la BanQ : https://collections.banq.qc.ca/ark:/52327/4250533. |
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URL | http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/strenae/docannexe/image/9439/img-1.jpg |
Fichier | image/jpeg, 521k |
Légende | Illustration 2 : Publicité dans le Télé-Radiomonde, vol. 33, n° 9, 15 janvier 1972, p. 12. Collections numérisées de la BanQ : https://collections.banq.qc.ca/ark:/52327/3100839. |
URL | http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/strenae/docannexe/image/9439/img-2.jpg |
Fichier | image/jpeg, 179k |
Légende | Illustration 3 : Trois exemples de rééditions spécial Québec du contenu de Pif Gadget, entre 1970 et 1975, auteurs inconnus. |
URL | http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/strenae/docannexe/image/9439/img-3.jpg |
Fichier | image/jpeg, 166k |
Légende | Illustration 4 : « Patof et René Simard remplissent le parc Belmont ! », Télé-Radiomonde, vol. 23, n° 37, 29 juillet 1972, p. 29. Malgré la légende, nous ne voyons pas de Pif Gadget sur la table. Collections numérisées de la BanQ : https://collections.banq.qc.ca/ark:/52327/3100954. |
URL | http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/strenae/docannexe/image/9439/img-4.jpg |
Fichier | image/jpeg, 59k |
Légende | Illustration 5 : « Monsieur Pif-Gadget au Québec », Le Petit journal, vol. 49, n° 32, 15 juin 1975, p. 9. Collections numérisées de la BanQ : https://collections.banq.qc.ca/ark:/52327/4252507. |
URL | http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/strenae/docannexe/image/9439/img-5.jpg |
Fichier | image/jpeg, 42k |
Légende | Illustration 6 : Couverture de Fif Gadget 9823, d'Éric Braün, 1986. |
URL | http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/strenae/docannexe/image/9439/img-6.jpg |
Fichier | image/jpeg, 94k |
Pour citer cet article
Référence électronique
Maël Rannou et Sylvain Lemay, « Pif Gadget au Québec », Strenæ [En ligne], 20-21 | 2022, mis en ligne le 01 octobre 2022, consulté le 17 janvier 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/strenae/9439 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/strenae.9439
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