La représentation des grands espaces nord-américains dans Capitaine Apache (Lécureux – Norma, 1975-1986)
Résumés
Cette recherche se propose d’étudier la série Capitaine Apache, publiée dans les colonnes de l’hebdomadaire Pif Gadget entre 1975 et 1988. Série western dans la veine « réaliste », telles Jerry Spring (Jijé, 1954) ou encore Blueberry (Giraud et Charlier, 1963), elle conte les aventures trépidantes d’un jeune métis, apache du côté de sa mère et de « racines » écossaises pour le père, Okada, présenté dès la toute première aventure par ses auteurs (Norma au dessin, Roger Lécureux au scénario) comme appelé à commander, arrivé à l’âge adulte, la résistance indienne à l’épisode de la conquête de l’Ouest. Par les chiffres de publication considérables de Pif Gadget, nous posons pour hypothèse que cette série a joué un rôle non négligeable sur la représentation portée par ses multiples jeunes lecteurs (nés dans les années 1960 à 1970) sur l’histoire de cet épisode historique et ses grands espaces nord-américains. Dans une recherche récente, consacrée aux séries BD western Blueberry et Mac Coy, nous avons montré que les paysages reproduits par leurs dessinateurs s’avèrent les mêmes que ceux véhiculés par les films de l’âge d’or hollywoodien. Or, selon le géographe Michel Foucher, ces paysages filmographiques n’ont que peu de rapports avec ceux des espaces au sein desquels se sont déroulés les plus importants affrontements des guerres indiennes. En serait-il de même avec la série Capitaine Apache ?
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- 1 Futur Vaillant le Journal de Pif (1965) puis Pif Gadget (1969).
- 2 Patrick Gaumer, Dictionnaire mondial de la BD, Paris, Larousse, 2010, p. 748.
1Apparu en France relativement tard par rapport aux films de cowboys, à savoir au début des années 1930, la « BD western » connaît un succès remarquable aux lendemains de la Seconde Guerre mondiale, portée par l’apparition dans les kiosques d’un grand nombre de nouvelles revues illustrées. Pour sa part, Vaillant, hebdomadaire fondé par un groupe de presse proche du Parti communiste français1, faisait en 1949 le pari d’un contenu « sérieux » avec les aventures de Sam Billie Bill, un « ami des indiens [luttant] contre les crapules en tout genre2 ». Dessinée par Lucien Nortier et scénarisée par Roger Lécureux, cette série parut jusqu’en 1962, avant que Capitaine Apache ne reprenne la même veine à partir de 1975, avec le même scénariste et un dessin assuré par Norma. Publiée dans les colonnes de l’hebdomadaire Pif Gadget jusqu’en 1986, elle n’a que fort peu été étudiée à ce jour. Or, par les chiffres de publication considérables du magazine, nous posons pour hypothèse que Capitaine Apache a joué un rôle non négligeable dans la représentation de la conquête de « l’Ouest sauvage » et des grands espaces nord-américains de ses multiples jeunes lecteurs nés durant les années 1960 et 1970.
- 3 Jean-Yves Puyo, « BD et représentation des grands espaces nord-américains – l’exemple des séries Bl (...)
- 4 Michel Foucher, « Du désert, paysage du western », Hérodote, n° 7, 1977, p. 130-147.
2Par cette recherche, il s’agira pour nous de prolonger des travaux passés, consacrés aux séries BD western Blueberry et Mac Coy3. Nous avons déjà eu l’occasion de montrer que les paysages reproduits par leurs dessinateurs sont analogues à ceux véhiculés par les films de l’âge d’or hollywoodien. Or, selon le géographe Michel Foucher, ces paysages filmographiques n’ont que peu de rapports avec ceux des espaces au sein desquels se sont déroulés les plus importants épisodes des guerres indiennes4. Un décalage similaire est-il observable dans la série Capitaine Apache ?
3Nous nous appuierons principalement sur l’analyse d’un corpus de 102 aventures – sur les 107 publiées au total entre 1975 et 1986 – développées principalement sur un format de dix pages, représentant un total de près de 1 220 pages.
Quelques (très) rapides considérations sur le genre « western » dans la BD francophone, des lendemains de la Seconde Guerre mondiale à 1970
- 5 Dessinateur et scénariste pour des dizaines de séries mais aussi éditeur de bandes dessinées, Jacqu (...)
- 6 Claude Moliterni, Philippe Mellot, Chronologie de la bande dessinée, Paris, Flammarion, 1996, p. 10 (...)
4En France, la bande dessinée « western » apparut relativement tard par rapport aux films de cowboys, au tout début des années 1930 avec les aventures de Jim Boum, « le scout des frontières », que l’on doit à Jacques Dumas dit Marijac5. Par la suite, les lendemains de la Seconde Guerre mondiale virent un net développement du genre, porté par la montée en puissance de l’école franco-belge de bande dessinée. On peut observer en effet un grand nombre de nouvelles revues apparues dans la lignée du Journal de Spirou créé par les éditions Dupuis en 1938 et appelées à connaître un important succès auprès d’un jeune public : Coq Hardi (novembre 1944), Vaillant (juin 1945), Fripounet et Marisette (novembre 1945), Âmes vaillantes (1946), Fillette (mai 1946), O.K. (mai 1946), Cœurs vaillants (mai 1946), La Semaine de Suzette (mai 1946), Mon Journal (août 1946), Tarzan (septembre 1946), Tintin (septembre 1946), Bayard (décembre 1946), Donald (mars 1947), et enfin, L’Astucieux (mai 1947)6. Tous ces périodiques proposaient alors dans leurs pages des aventures dessinées de cowboys et d’Indiens.
- 7 Créé en 1946 par Morris pour le Journal de Spirou, son association entre 1957 et 1977 avec René Gos (...)
- 8 H. Filippini, Dictionnaire encyclopédique, op. cit., p. 37.
- 9 Texte de Raoul Cauvin, dessin de Louis Salvérius puis, après la disparition de ce dernier en 1972, (...)
- 10 Patrick Gaumer, La BD – guide totem, Paris, Larousse, 2002, p. 58.
5Classiquement, les BD western se répartissent en deux grandes catégories : humoristiques et « réalistes ». Lucky Luke constitue en quelque sorte un modèle pour les séries à veine humoristique, tant pour sa longévité (édition toujours en cours) que pour son ton général, clairement parodique par rapport au western hollywoodien7. Dans la même veine humoristique, Junior, le supplément jeunesse de l’hebdomadaire belge Chez Nous, accueillait en 1953 Chick Bill, personnage inventé par Tibet ; proposant « une image joyeuse de l’Ouest8 » grâce à des scénarios faisant la part belle aux jeux de mots (dont certains écrits par René Goscinny), cette série détint longtemps un record de longévité avec pas moins de 71 albums publiés jusqu’en 2001, preuve de son indéniable succès. Par la suite, afin de pallier le départ pour Pilote de Morris et de son héros Lucky Luke, le Journal de Spirou lançait en 1968 les Tuniques bleues9. Cette série, qui véhicule depuis ses débuts « quelques valeurs gentiment contestatrices10 », dont le très net antimilitarisme de l’un des deux héros, le caporal Bluch, constitue l’un des grands succès de la bande dessinée franco-belge du dernier demi-siècle.
- 11 Joseph Gillain dit Jijé (1914-1980). Pygmalion de plusieurs dessinateurs appelés par la suite à « b (...)
- 12 Paul Gravett (dir.), Les 1001 BD qu’il faut avoir lu dans sa vie, Paris, Flammarion, p. 178.
6Autre création véhiculant une vision quelque peu différente du héros de western « classique », Jerry Spring, US marshal itinérant imaginé en 1954 par Jijé11 pour le Journal de Spirou, tournait le dos aux clichés de l’Indien sauvage et de l’Homme blanc obligatoirement bon. Cette série « plus réaliste que Lucky Luke12 » se distinguait aussi par des qualités graphiques qui fascinaient ses lecteurs, tels la représentation des chevaux ou encore le détail graphique des décors et paysages :
- 13 Vincent Baudoux, « Jijé », dans : Gilles Ciment et Thierry Groensteen, 100 cases de maîtres – un ar (...)
Autant que ses personnages, les vrais héros de Jijé et de Jerry Spring sont les occasions de dessiner les décors, les grands espaces à chevaucher comme le papier à dessin, l’encre noire qui coule comme une rivière, l’infini des tracés figurant les herbes, les cailloux, les poussières, les nuages, les lumières, les ombres13.
- 14 Les 28 albums de la série originelle de Blueberry, à savoir de Fort Navajo (1965) à Dust (2005), se (...)
- 15 H. Filippini, Dictionnaire encyclopédique, op. cit., p. 41.
- 16 P. Gravett (dir.), Les 1001 BD, op. cit., p. 361.
7Autre série réaliste, toujours en cours et au succès remarquable14, Blueberry, avec le personnage du lieutenant éponyme (scénario de Charlier et dessin de Giraud) apparaît en 1963, suivi un an plus tard par la première héroïne féminine avec la cowgirl Comanche, secondée de son fidèle Red Dust. Ce western « à la fois tendre et violent » que l’on doit à Greg et Hermann15 s’avérait en fait très différent de tout ce qui avait été édité jusque-là dans l’aire franco-belge : « Servis par un trait d’une âpreté rare qui tord le cou à l’esthétisme, les cadrages d’Hermann sont quant à eux d’une force visuelle incroyable, qui ajoute une violence certaine aux récits16 ».
- 17 H. Filippini, Dictionnaire encyclopédique, op. cit., p. 265.
- 18 « La famille doit affronter de multiples dangers : indiens belliqueux, soldats déserteurs, hors la (...)
8Par la suite, la publicité donnée en Europe à la montée en puissance de l’activisme politique revendicatif amérindien à la fin des années soixante, dans la lignée de la fondation de l’American Indian Movement, couplée à l’émergence des préoccupations de nature environnementaliste, ne furent pas sans impact sur le contenu des bandes dessinées dédiées au western durant ces mêmes années. Ainsi, le dessinateur et scénariste suisse Derib, passionné de culture indienne, proposa-t-il en 1972 dans l’hebdomadaire Tintin un western « pas comme les autres […] une œuvre belle et humaniste17 », à savoir une saga à tonalité écologiste avant l’heure : Buddy Longway, du nom d’un trappeur d’origine irlandaise fondant une famille avec Chinook, une squaw du peuple sioux18.
- 19 P. Gaumer, La BD, op. cit., p. 297.
9Enfin, en 1974, à savoir un an avant les débuts de la série Capitaine Apache, Laurence Harlé au texte et Michel Blanc-Dumont au dessin s’inscrivaient dans cette même filiation humaniste en créant le personnage de Jonathan Cartland, trappeur vivant paisiblement auprès de sa femme Petite Neige, une Sioux Oglala. Cherchant à venger sa femme massacrée par des outlaws, il se lançait dans une quête épique et désespérée. Le grand critique de bandes dessinées Patrick Gaumer a comparé la série de Harlé et Blanc-Dumont au superbe western signé en 1972 par Sydney Polack, Jeremiah Johnson : « Même profondeur psychologique, même précision quasi ethnologique, même propos humaniste… […] une grande œuvre, hymne magnifique à la tolérance, à la liberté19. »
10Durant les trois décennies qui suivirent la fin de la Seconde Guerre mondiale, on ne relève donc pas moins de dix séries majeures abordant l’épopée du Far West dues à l’école franco-belge de BD. Par la suite, le déclin du mythe du Wild West et de l’héroïsme manichéen véhiculé par les westerns hollywoodiens, supplanté par l’apparition des personnages désormais plus complexes et ambivalents chers aux réalisateurs italiens des westerns dits « spaghettis », ne mit pas fin à l’intérêt porté par les lecteurs français au genre western :
- 20 « Héros de Western », dans : Thierry Groensteen (dir.), Maîtres de la bande dessinée européenne, ex (...)
[…] le héros s’émancipe et trouve au sein de l’école franco-belge un terrain de prédilection. Les années qui voient naître Blueberry, Mac Coy et Buddy Longway [et Capitaine Apache] sont celles de la contestation et de la guerre du Viêtnam. Dorénavant, le héros se débat dans un Far West sauvage et corrompu, peuplé d’arrivistes et de bandits en tous genres. Ses ennemis ne sont plus les bêtes sauvages, le désert ou les Indiens mais les hommes de l’Ouest eux-mêmes20.
Les auteurs de Capitaine Apache, Roger Lécureux (1925-1999) et Norma (1946-2021)
- 21 P. Gaumer, Dictionnaire mondial de la BD, op. cit., p. 513.
- 22 Roger Lécureux : « Je crois être le plus prolifique des auteurs de bandes dessinées de la planète a (...)
11La figure du Capitaine Apache apparaît pour la première fois dans le numéro 346 de Pif Gadget (octobre 1975), avec une annonce avertissant les lecteurs de la prochaine parution de cette nouvelle série. Au scénario, nous retrouvons « l’un des scénaristes les plus prolifiques de l’après-guerre21 », Roger Lécureux. Entré au journal Vaillant en 1945 pour assurer une fonction de responsable des abonnements, il passe dès la fin de l’année à des fonctions de scénariste en co-créant avec le dessinateur Raymond Poïvet une des bandes dessinées les plus marquantes de l’après-guerre, Les pionniers de l’espérance, qui dura jusqu’en 1973. Par la suite, Roger Lécureux, qui officia comme rédacteur en chef de Vaillant de 1958 à 1963, signa un grand nombre d’histoires courtes et de séries22, dont le « cultissime » Rahan créé en 1969 avec le dessinateur André Chéret.
- 23 Durant son « âge d’or », à savoir les décennies 1960 et 1970, cet éditeur se spécialisa dans l’adap (...)
- 24 Non sans malice, Norma précise que c’est suite à la présentation d’une œuvre de jeunesse, en fait u (...)
- 25 On y retrouve évoquées les figures d’Arthur, Gauvain, Merlin, la fée Viviane, etc. Norma, « Le chev (...)
- 26 Philippe Lacœuille, Faiseurs de bulles - Norma, op. cit.
- 27 Ibid.
- 28 Ibid.
12Les dessins de Capitaine Apache sont l’œuvre de Norma. Après des premières planches publiées en 1971 dans le fanzine Falatouff, il travaille comme « semi professionnel » selon ses propres dires jusqu’au milieu de l’année 1974, notamment pour le prolifique éditeur lyonnais de BD de type « petits formats souples » (13 x 18), Mon Journal23, mais aussi pour la maison d’édition catholique Fleurus presse24. En décembre de cette même année, Pif Gadget lui ouvre ses pages pour une aventure « complète » à thématique médiévale, Le chevalier ensorcelé25. Cet essai ayant semblé convainquant, le journal le recrute ensuite dans la foulée pour mettre en dessin un scénario western de Lécureux, Capitaine Apache. Comme le souligne Norma, « C’est la première fois [que Vaillant] confiait une série réaliste à quelqu’un qui n’avait rien fait jusque-là26 ». Son style, dans la veine réaliste, est très proche de celui de Jijé, dessinateur envers lequel Norma éprouvait une réelle fascination « […] à cause du noir et de son dynamisme, et de ses chevaux aussi qui étaient assez extraordinaires27 ». Sa rencontre durant l’année 1972 avec Giraud, lui même formé au contact de Jijé et dont il connaissait l’œuvre « vaguement » mais pas au point d’en faire sa bande dessinée préférée, fut de même très importante pour sa carrière de dessinateur : « Quand il a corrigé mes dessins, qu’il a commencé à m’expliquer le montage d’une page, le cadrage, j’étais vraiment subjugué et je suis devenu un fan du personnage28 ».
Illustration n° 1 : un cavalier mescalero « à la Giraud ». « L’amnésie de Johnny O’Wilburd », Pif Gadget, n° 527, avril 1979, p. 19-28.
- 29 Maël Rannou, Le communisme par la bande : transmission de l’idéologie communiste dans les bandes de (...)
13Le genre « western » était déjà bien présent au sein de Pif Gadget avec notamment les aventures du cowboy Teddy Ted et de son fidèle compagnon indien « mutique », l’Apache. Créé en 1963 pour Vaillant par Francisco Hidalgo (dit Yves Roy) et Jacques Kamb, cette série est reprise par Roger Lécureux et Gérald Forton avec une première aventure dans le numéro 120 de Pif Gadget (juin 1971) : « Teddy Ted a beau être un cow-boy, il veut avant tout la paix entre les peuples et n'agit pas en colon mais lutte contre les injustices de toutes sortes : procès expéditifs, mépris des Indiens, spoliations...29 ».
- 30 H. Filippini, Dictionnaire encyclopédique, op. cit.
- 31 Gilles Plas, « Pif Gadget », Le collectionneur de Bandes Dessinées, n° 62, 1989, p. 33-39 (p. 39).
14Mais dans la série qui nous intéresse, le héros est un indien, ce qui était alors plutôt rare dans le genre « BD western », tant au sein des albums que des hebdomadaires et autres petits formats vendus en kiosque. Sur les près de 400 titres de BD western, publiés des années 1930 à 1999 et listés par Henri Filippini, nous ne relevons que 34 héros « indiens », soit environ 8,5 % du total30. Toutefois, il faut noter que Pif Gadget proposait déjà un western de type réaliste – se déroulant dans les années 1830 – ayant pour figure un héros indien, Loup-Noir (de Jean Ollivier et Kline, février 1969), « métis apache-sioux » présenté comme ayant pour seul ami un loup répondant au nom de Toppee. Cette série se différenciait nettement des autres westerns pro-indiens en se passant de « l’éternel “Blanc-ami-des-Indiens”31» :
- 32 M. Rannou, Le communisme par la bande, op. cit., p. 59.
[… ] ne se considérant ainsi comme d’aucune patrie, [Loup Noir] va de tribu en tribu en aidant son prochain et en prenant toujours la défense du plus faible. On retrouve là l’internationalisme et la lutte contre les puissants propres à l’idéologie communiste [… ]32.
- 33 Créée en décembre 1969 par Derib et André Jobin, elle se situait « [dans] ce paradis du Far-West d’ (...)
15Par la suite, beaucoup plus tardivement, Pif Gadget publia la série « jeunesse » Yakari, consacrée à un enfant sioux accompagné de son fidèle mustang Petit Tonnerre33.
- 34 Les couples « mixtes » trappeurs-indiennes constituent un grand classique de la BD « franco-belge » (...)
- 35 « Roger Lécureux leur avait fait remarquer que, aussi juste que soit la cause de Geronimo, ce n’éta (...)
- 36 Ibid.
- 37 Ibid.
16Le héros de Capitaine Apache, Okada, est en fait un métis élevé au sein d’une tribu apache, fils d’un chasseur blanc – un Irlandais « rugueux » nommé Johnny O’Wilburd – et de Iowa-la-douce34. Selon le témoignage de Norma, Vaillant souhaitait une série autour de la figure de Geronimo, ce que refusa Roger Lécureux, préférant raconter les aventures d’un personnage fictif35. Alors que le personnage était âgé de huit ans au début de la série, le scénariste désirait le faire vieillir au fil de ses aventures et « [se] dégrader physiquement en même temps que la nation indienne se dégradait par l’alcool et la maladie36 ». Et cette fois-ci, le refus vint de l’éditeur « [qui désirait] le laisser enfant le plus tard possible37 », ce qui engendra par la suite des problèmes « temporels » multiples.
Illustration n° 2 : Okada et ses parents. « Capitaine Apache », Pif Gadget, n° 347, octobre 1975, p. 45-56 (p. 56).
17En effet, le scénariste se retrouva progressivement en difficulté suite au parti pris initial de la série. Celui-ci consistait à convaincre les lecteurs qu’Okada, appelé à mener par la suite la révolte indienne sous le nom de Capitaine Apache, avait réellement existé :
- 38 Pif Gadget, n° 346, septembre 1975, p. 57-58.
À l’âge de huit ans, il sauvait sa mère qui faillit être massacrée par des bandits mexicains au cours d’un raid d’extermination. À 20 ans, il sera un des héros de l’histoire de l’Ouest et toute sa vie sera marquée par les souvenirs de son enfance. Au cœur de la résistance indienne les aventures de Capitaine Apache sont une merveilleuse page d’histoire vécue, et en même temps la plus passionnante des aventures d’indiens38.
- 39 « Capitaine Apache », Pif Gadget, n° 347, op. cit., p. 54.
- 40 Edwin R. Sweeney, Mangas Coloradas chef apache, Paris, éditions du Rocher, coll. « Nuage rouge », 2 (...)
- 41 Ibid.
18Aussi la série débute-t-elle par un épisode présenté comme authentique, à savoir l’attaque meurtrière en 1858 d’un village apache relevant de la tribu des Bedonkohe par des troupes régulières mexicaines : « Il est historiquement reconnu qu’aucun motif ne justifia cette tuerie39. » Sauf que cet épisode est absent des livres d’histoire… Certes, en tout début de cette même année, des soldats avaient bien surpris « une bande de pillards chiricahuas40 », tuant deux des fils du chef apache Mangas Coloradas. En représailles, au début du mois, un raid de près 500 Apaches, commandé conjointement par Mangas Coloradas et Cochise, pillait l’État mexicain de la Sonora, laissé « pratiquement sans défense41 », avant de se replier le mois suivant en territoire américain.
- 42 Ainsi le lecteur croisera-t-il les figures de Cynthia Ann Parker, Samuel Colt, Buffalo Bill, Mark T (...)
19En fait, les scénarios proposés par Lécureux pour la série se répartissent en deux ensembles distincts : pour les 80 premières aventures (sur un total de 107), nous relevons un réel souci d’inscrire les aventures d’Okada et de ses parents au cœur de l’histoire américaine, des épisodes de la conquête de l’Ouest42 à ceux de la guerre de Sécession, abondamment traités, tel qu'on peut le voir dans l’illustration ci-dessous.
Illustration n° 3 : la reddition du général Lee à Appomatox. « Le grand tournant : …Et les canons se turent », Pif Gadget, n° 868, novembre 1985, p. 21-30 (p. 24).
20Ce fil conducteur historique engendra au gré des aventures des chevauchements de date problématiques. Ainsi, par exemple, « Le train de Centralia », aventure publiée dans le numéro 470, est censée se dérouler au printemps 1864 ; or, « La haine et la folie » (numéro 540) est datée du 21 août 1863, et « Le village hanté » (numéro 667), de juin 1862… Entre autres.
- 43 « Des fables et des Remingtons », Pif Gadget, n° 724, février 1983, p. 46-59.
21De même, l’année 1864 apparaît « interminable », s’égrenant sur pas moins de 45 aventures avant qu’Okada ne connaisse une soudaine crise de croissance. Celle-ci correspondait en fait à une réorientation significative du scénariste : prenant congé du « prétexte » du contexte historique, Lécureux se tourna alors vers la fiction, avec toujours la guerre de Sécession comme arrière-plan historique. Ainsi, dans sa soixante-dix-neuvième aventure43, Okada présente toujours des traits enfantins, avec de belles joues. Deux aventures plus tard, après avoir pris pour le moins 30 centimètres, il exhibe désormais, à l’âge théorique de quinze ans, des pectoraux de gladiateur !
Illustration n° 4 : une croissance spectaculaire ! « Et on l’appela Capitaine Apache », Pif Gadget, n° 732, avril 1983, p. 24-39.
- 44 Celui-ci essayera à plusieurs reprises d’éliminer Okada, en vain, ce dernier finissant même par avo (...)
- 45 Pif Gadget, n° 871, décembre 1985, p. 21-30.
22Cette même aventure coïncide en fait avec un changement fondamental dans le fil conducteur des scénarios : Okada s’engage comme éclaireur indien (scout) dans les troupes fédérées (Nordistes) pour venger ses parents présumés assassinés par les « dos gris » (Confédérés)… Ce changement, incarné notamment par l’introduction de nouveaux personnages récurrents – tels son nouvel ami le caporal Big-Beer ainsi que son ennemi intime, le scout sioux Oreille-Cassée44 – ne sauva toutefois pas la qualité des intrigues. Ainsi, dans « Le grand tournant : pour l’amour d’une squaw45 », Iowa, la mère d’Okada, devient folle après voir appris l’engagement de son fils dans la cavalerie US. Mais heureusement, sa raison reviendra dès l’épisode suivant…
- 46 Tel « L’homme qui ne voulait pas voir mourir les diligences » : un conducteur de diligence « cintré (...)
- 47 Pif Gadget, n° 459, décembre 1977, p. 15-24.
- 48 Pif Gadget, n° 569, février 1980, p. 21-30.
- 49 Pif Gadget, n° 593, août 1980, p. 35-44.
23Si Lécureux est considéré par maints historiens de la BD comme un très grand scénariste, il n’en reste pas moins que nous avons été par moments surpris par le coté abracadabrantesque de certaines aventures46, de même que par quelques plagiats indéniables. Ainsi, par exemple, dans l’aventure « Un papoose de ton âge47 », Okada est confronté au détournement d’un trésor sudiste de 250 000 dollars dans un récit qui rappelle fortement Le Bon, la brute et le truand (film de Sergio Leone, 1966) ou encore Chihuahua Pearl (cycle en trois albums de la série Blueberry, 1973-1974). On peut également citer « La légende du lac d’or48 », à savoir une quête de l’Eldorado ô combien médiocre par rapport au cycle « l’or de la Sierra » des aventures de Blueberry (La Mine de l’Allemand perdu, 1971 – Le spectre aux balles d’or, 1972) ; ou encore « Le relais du vieux Ephraïm49 », une version « maison » de L’Auberge Rouge – le célèbre film de Claude Autant-Lara, sorti en 1951 – avec des jumeaux tueurs et un grizzly mangeur de cadavres… Entre autres.
Le traitement des paysages emblématiques du western dans Capitaine Apache
- 50 Michel Foucher, « Du désert, paysage du western », Hérodote, n° 7, 1977, p. 130-147.
- 51 Cette technique d’exploitation, encore appelée « batterie hydraulique », consiste à saper les versa (...)
24En 1977, dans un passionnant article consacré au paysage du western, Michel Foucher compare la carte des affrontements entre colons et Indiens (la gun belt) durant ce que l’auteur appelle « le cycle western 1830-1890 », avec celle des sites géographiques choisis par l’industrie cinématographique US pour le tournage de ses films50. Il établit le constat suivant : les affrontements les plus majeurs se sont concentrés dans les espaces présentant d’importants enjeux économiques. On peut ainsi citer les vallées californiennes, certes au climat semi-aride mais dont néanmoins les ressources en eau permettaient d’exploiter par le sluice51 les ressources aurifères ; la région des grandes plaines situées à l’est des Rocheuses, traversée par le corridor du chemin de fer transcontinental Mississippi-Pacifique mais aussi par les deux grandes pistes reliant le Missouri à la côte Pacifique (l’Oregon Trail, à travers le Nebraska, le Wyoming et l’Idaho – et la Mormon Trail, passant dans le nord de l’Utah) ; ou encore le Kansas, l’Oklahoma et le Texas pour leurs vastes étendues favorables à l’élevage extensif. Or Michel Foucher met en évidence ce qu’il nomme une « contradiction géographique », soit le fait que la plupart des pellicules a été tournée dans un angle mort correspondant au Nevada, au nord de l’Arizona et au sud de l’Utah, vaste zone dans les faits peu touchée par les guerres amérindiennes.
- 52 La capture de Cochise dans « Pour innocenter Cochise » (Pif Gadget, n° 363, février 1976), la batai (...)
- 53 La déportation et sédentarisation forcée des Navajos au Nouveau-Mexique dans « Le projet Kit Carson (...)
- 54 Un massacre de prisonniers sudistes (« Le train de Centralia », Pif Gadget, n° 470, mars 1978) ou e (...)
- 55 Des Sudistes piégés dans « Le canon aux buzzards » (Pif Gadget, n° 421, mars 1977).
- 56 Le long de la Wind River (« Le chasseur solitaire », Pif Gadget, n° 616, janvier 1981), dans les Bl (...)
- 57 Sur la Snake River (« La piste des Appalooses », Pif Gadget, n° 596, août 1980).
- 58 « Comme un grand petit homme » (Pif Gadget, n° 632, mai 1981).
- 59 « Les leçons de Cheval–Fou » (Pif Gadget, n° 608, novembre 1980).
- 60 « Terreur au Colorado » (Pif Gadget, n° 429, juin 1977).
- 61 Au cours de l’été 1862, le Minnesota vit la répression d’un important soulèvement d’indiens du peup (...)
- 62 Jean-Michel Gourmelen, le scénariste de Mac Coy, revendique un million d’exemplaires pour les 21 al (...)
25Ce constat spatial, nous ne le retrouvons que partiellement lorsque nous analysons les espaces du Grand Ouest représentés dans Capitaine Apache. D’une part, la région comprise entre l’Arizona et le Nouveau-Mexique est certes bien présente dans les aventures d’Okada, ce qui ne surprend guère sachant que ce dernier est un métis apache… Ces deux États servent de cadre géographique à de nombreuses intrigues, à l’occasion des toutes premières aventures52 mais aussi, « épisodiquement », tout au long de la série53. Mais d’autre part, l’évocation des combats de la guerre de Sécession transporte les protagonistes de la série dans les États du Missouri54 et du Kansas55, et ceux des guerres amérindiennes, dans le Wyoming56, l’Idaho57, chez les Sioux Santee de l’Oklahoma58 et les Oglala du Nebraska59, chez les Kiowa du Sud du Colorado60 ou encore dans le Minnesota pour les tristement célèbres pendaisons de Mankato (26 décembre 186261). Aussi, une certaine diversité géographique est-elle bien présente au gré des aventures, contrairement par exemple à la série western « album » Mac Coy62.
- 63 La Chevauchée fantastique, 1939 ; Cheyenne, 1948 ; Le Massacre de Fort Apache, 1948 ; La Prisonnièr (...)
- 64 M. Foucher, « Du désert, paysage du western », op. cit., p. 140.
26Néanmoins, le lecteur féru de géographie demeure un peu déçu par la question du traitement graphique des paysages de « l’Ouest sauvage » par Norma qui, dans ce domaine, n’égale pas son grand maître, Giraud. Michel Foucher explique en quoi l'important succès international que connurent les films de John Ford63 finit dans les faits par imposer un grand type de paysage associé au western, à savoir un désert caillouteux et rocheux et, plus particulièrement, le site de Monument Valley « […] situé à la frontière de l’Utah et de l’Arizona, accessible depuis la cité du cinéma installée par la Columbia à Kanab, en Utah64 ». Comme il était tout proche de plusieurs réserves indiennes situées dans le nord de l’Arizona (réserves Paiute, Hopi et Navajo), les réalisateurs pouvaient y recruter aisément des figurants.
- 65 Winchester 73 (1950), Bend of the River (1952), The Far Country (1954), The Man from Laramie (1955) (...)
27En parallèle s’installait de même un second type de paysage « classique », qualifié de plus mineur par l’auteur, à savoir les salt flats, de vastes dépressions recouvertes de sel gemme, et les déserts de dunes. En 1967, le grand réalisateur Anthony Mann65 regrettait ce que nous pourrions nommer un « travers paysager », et qu’il s’était justement attaché à éviter à l’occasion du tournage de L’Appât (The Naked Spur, 1952) :
- 66 Anthony Mann, Cahiers du cinéma, n° 190, mai 1967, cité par M. Foucher, « Du désert, paysage du wes (...)
Je n’ai jamais compris pourquoi on tournait la quasi-totalité des westerns dans des paysages désertiques. John Ford, par exemple, adore Monument Valley : mais Monument Valley que je connais très bien n’est pas tout l’Ouest américain […] J’ai voulu montrer la montagne et les torrents, les sous-bois et les cimes neigeuses, bref, retrouver tout un climat Daniel Boone : les personnages en sortent grandis66.
28Indépendamment des réalités géographiques s’imposent alors dans la représentation des amateurs de westerns, filmés ou dessinés, un paysage type ainsi défini par Yves Lacoste :
- 67 Yves Lacoste, « Westerns et géopolitique », dans : Jean Mottey (dir.), Les paysages du cinéma, Pari (...)
[…] de grandes étendues plates presque dépourvues de végétation (avec quelques buissons) et qui sont dominées par des reliefs isolés, aux versants très escarpés. Dans ces quelques éléments de description, on reconnaît évidemment le fameux paysage de Monument Valley, celui que John Ford déploie dès le début comme il se doit, notamment dans Les Cheyennes, qui m’impressionne beaucoup67.
29Et, évidemment, ce paysage « à la Monument Valley » se voit abondamment reproduit dans Capitaine Apache, tel qu'on le voit dans l’illustration ci-dessous, choisie parmi tant d’autres.
Illustration n° 6 : « La captive aux yeux verts » (Pif Gadget, n° 358, janvier 1976, p. 43 vs La prisonnière du désert (John Ford, 1956).
30Quant aux grandes dépressions salées et autres cordons de dunes sableuses, soit le second type plus mineur de paysage western classique identifié par Michel Foucher, ils sont quasiment absents de la série, relevés à une seule occasion :
31Toutefois, les paysages représentés dans Capitaine Apache sont très loin de se limiter à ces seuls espaces désertiques. Aussi, comme déjà souligné, Okada chemine-t-il à de multiples occasions dans les Grandes Plaines nord-américaines de même que dans les montagnes Rocheuses, du Wyoming au Nouveau-Mexique.
Conclusion : Géographie du réel vs géographie imaginaire
- 68 P. Lacoueille, « Faiseurs de bulles - Norma », op. cit.
- 69 À noter qu’André Chéret, le dessinateur de Rahan, en avait fait de même quelques années auparavant (...)
32Après avoir connu une année faste en 1982 avec 13 aventures publiées contre une moyenne de 11 jusque-là, le rythme ralentissait considérablement dès 1983 avec huit aventures, signe d’une lassitude des auteurs, reconnue par Norma : « Mettre fin toutes les 10 pages, c’était frustrant […] Si on avait pu développer les histoires, la lassitude serait arrivée moins vite68. » Toujours selon le témoignage du dessinateur, c’est à cause d’importants problèmes financiers rencontrés au début des années 1980 que l’éditeur fit le pari de recourir à des auteurs espagnols qui lui coûtaient moins cher. « Viré comme un malpropre » en 1986, Norma attaqua les Éditions Vaillant en justice69. Ainsi les lecteurs ne virent-ils jamais Okada devenir le grand chef de guerre indien annoncé lors de la première aventure !
- 70 Une recherche « basique » par l’intermédiaire de « Google recherche avancée » (réalisée le 1er févr (...)
- 71 Norma, interview réalisée par Philippe Guerrieri, « Mots d’auteur – Norma », mis en ligne le 3 sept (...)
- 72 Ibid.
33La série Capitaine Apache n’a jamais acquis la célébrité (et le succès) des séries concurrentes western en format album70. Certes, son format d’origine typique des récits publiés dans Pif Gadget – des histoires courtes paraissant dans un hebdomadaire – explique en très grande partie ce désamour. Norma ne méritait pas cet anonymat, qui ne le chagrinait guère : « On ne fait pas cela pour de l’argent. On espère toujours au départ […] L’essentiel, c’est de travailler71. » À notre sens, la série a sûrement très fortement pâti de la piètre qualité de sa mise en couleur, comme l’ont bien montré certaines illustrations précédentes. Norma s’en désolait ouvertement par ailleurs : « Les coloristes ne savent pas dessiner ; ils mettent des ombres n’importe où72 »… Les quelques rares aventures publiées en noir et blanc permettent de constater que son trait de pinceau pouvait rivaliser avec celui de ses maîtres, Jijé et Giraud.
- 73 Daniel Pizzoli, Il était une fois Blueberry, Paris, Dargaud, 1995, p. 70.
34À l’exemple de tant de séries « BD western » contemporaines de Capitaine Apache, on relève l’influence exercée par l’industrie cinématographique hollywoodienne quant à la représentation des paysages, des décors (villes, corrals, forts, etc.) et même des personnages. Mais ceci est beaucoup moins évident pour ce qui relèverait des apports des « westerns spaghettis » dont Daniel Pizzoli définit ainsi les caractéristiques : une grande sophistication des cadrages et découpages, un rythme de l’histoire qui se ralentit, un cadre historique qui n’est pas précisé, et « [une mort] réaliste et sale [avec] une mise en spectacle présentée comme un acte banal ou un instant clé73 ». Si les affrontements de type duel face à face sont certes bien présents dans la série, leur représentation manque quelque peu de « profondeur de champ », tel l’exemple ci-dessous :
35Quant aux gros plans sur les regards « à la Sergio Leone », il faut attendre l’avant-dernière aventure d’Okada pour en relever un exemple.
- 74 Jean-François Douvry, Grand atlas des pays imaginaires de la Bande Dessinée, Grenoble, Phoenix, 199 (...)
36Enfin, nous défendons l’idée selon laquelle, sur le plan « spatial », la BD western représente un cas à part. En effet, notre recherche recoupe les conclusions des travaux de Jean-François Douvry dédiés à l’étude des pays imaginaires abordés par la bande dessinée74 : bien que le continent nord-américain soit des plus vastes, le lecteur européen – jeune ou moins jeune – est censé connaître ses grands traits géographiques, croisés tant à l’occasion de sa scolarité qu’à travers les westerns. Aussi, à défaut de constituer des pays fictifs, ces mêmes grands ensembles territoriaux contiennent-ils « de la fiction », combinant une géographie du réel à une géographie imaginaire.
- 75 « [le merveilleux exotique rapporte] des événements surnaturels sans les présenter comme tels ; le (...)
- 76 « Sept siècles environ avant Jésus-Christ, quand le mythe informait la connaissance scientifique, l (...)
- 77 Lionel Dupuy, Jean-Yves Puyo, L’imaginaire géographique. Entre géographie, langue et littérature, P (...)
- 78 Meyer-Dorisson, Dargaud, série créée en 2015, 11 tomes édités à ce jour.
- 79 Macan-Dorkey, Delcourt éditeur, sept tomes depuis 2017.
37Le passage de l’une à l’autre se fait par l’intermédiaire de ce que Lionel Dupuy nomme le « merveilleux géographique » : il s’agit de la combinaison du « merveilleux exotique » cher à Tzvetan Todorov75 avec un récit poético-mythique, vecteur de connaissances scientifiques76. Ce « merveilleux géographique » permet d’expliquer, par exemple, le succès toujours actuel des romans de Jules Verne77 ou encore le net regain d’intérêt – en France, de nos jours – pour le genre « BD western », avec l’édition de nouvelles séries dans la veine « réaliste ». Ainsi en retrouve-t-on signées tant par de vieux briscards du genre – telles Lonesome (2018) d’Yves Swolfs, le créateur de Durango, ou encore Duke (2017) d’Hermann, le dessinateur de Comanche –, que par de nouveaux auteurs s’y essayant, telles Undertaker78 ou Marschall Bass79 (entre autres).
Notes
1 Futur Vaillant le Journal de Pif (1965) puis Pif Gadget (1969).
2 Patrick Gaumer, Dictionnaire mondial de la BD, Paris, Larousse, 2010, p. 748.
3 Jean-Yves Puyo, « BD et représentation des grands espaces nord-américains – l’exemple des séries Blueberry (Giraud-Charlier) et Mac Coy (Palacios-Gourmelen) », dans : E. Martínez de Pisón et N. Ortega Cantero (dir.), Paisajes y Cultura, Madrid, UAM ediciones, p. 353-385.
4 Michel Foucher, « Du désert, paysage du western », Hérodote, n° 7, 1977, p. 130-147.
5 Dessinateur et scénariste pour des dizaines de séries mais aussi éditeur de bandes dessinées, Jacques Dumas représente l’un des très grands noms de la BD française, quelque peu oublié de nos jours. Dans cette série, débutée dans une veine humoristique pour évoluer ensuite vers un style réaliste avec des aventures aux scénarios à tonalité dramatique, le héros Jim Boum prend la défense des Indiens contre tous ceux cherchant à les exterminer. Henri Filippini, Dictionnaire encyclopédique des héros et auteurs de BD, Grenoble, éditions Glenat, coll. « Opera Mundi », 1999, p. 79.
6 Claude Moliterni, Philippe Mellot, Chronologie de la bande dessinée, Paris, Flammarion, 1996, p. 105.
7 Créé en 1946 par Morris pour le Journal de Spirou, son association entre 1957 et 1977 avec René Goscinny au scénario valut à son personnage un important succès international, dont de nombreuses adaptations en séries animées pour la télévision, en films et autres supports de type « merchandising » (jeux de société, jouets, gadgets, etc.). Avec 80 albums, dont le dernier publié en octobre 2020, la publication totale s’élève à plus de 300 millions d’exemplaires, traduits dans une vingtaine de langues (dont le vietnamien).
8 H. Filippini, Dictionnaire encyclopédique, op. cit., p. 37.
9 Texte de Raoul Cauvin, dessin de Louis Salvérius puis, après la disparition de ce dernier en 1972, de Willy Lambil.
10 Patrick Gaumer, La BD – guide totem, Paris, Larousse, 2002, p. 58.
11 Joseph Gillain dit Jijé (1914-1980). Pygmalion de plusieurs dessinateurs appelés par la suite à « briller » – les Franquin, Morris, Hubinon, Peyo, Giraud, etc. –, il est aussi le créateur de Jean Valhardi, Tanguy et Laverdure ou encore Barbe Rouge.
12 Paul Gravett (dir.), Les 1001 BD qu’il faut avoir lu dans sa vie, Paris, Flammarion, p. 178.
13 Vincent Baudoux, « Jijé », dans : Gilles Ciment et Thierry Groensteen, 100 cases de maîtres – un art graphique, la bande dessinée, Paris, Éditions de La Martinière, 2010, p. 48.
14 Les 28 albums de la série originelle de Blueberry, à savoir de Fort Navajo (1965) à Dust (2005), se sont vendus à 12 millions d’exemplaires ; chiffres cités par Christophe Carrière, « L’aventure Blueberry », L’Express, 28 mars 2005.
15 H. Filippini, Dictionnaire encyclopédique, op. cit., p. 41.
16 P. Gravett (dir.), Les 1001 BD, op. cit., p. 361.
17 H. Filippini, Dictionnaire encyclopédique, op. cit., p. 265.
18 « La famille doit affronter de multiples dangers : indiens belliqueux, soldats déserteurs, hors la loi, nature hostile… Au fil des épisodes, les personnages vieillissent, se perdent, se retrouvent. » Ibid., p. 28.
19 P. Gaumer, La BD, op. cit., p. 297.
20 « Héros de Western », dans : Thierry Groensteen (dir.), Maîtres de la bande dessinée européenne, exposition à la Bibliothèque François Mitterrand (octobre 2000-janvier 2001) [en ligne], URL : http://expositions.bnf.fr/bd/arret/index_he.htm [consulté le 10 septembre 2019].
21 P. Gaumer, Dictionnaire mondial de la BD, op. cit., p. 513.
22 Roger Lécureux : « Je crois être le plus prolifique des auteurs de bandes dessinées de la planète avec maintenant plus de 40 000 planches soit 1 000 albums à moi tout seul ». Marc Rioux, « L’interview de Roger Lécureux (hiver 1999) », Blog Rahan.org [en ligne], URL : https://www.rahan.org/interview/interviewlecureux.html [consulté le 25 janvier 2022].
23 Durant son « âge d’or », à savoir les décennies 1960 et 1970, cet éditeur se spécialisa dans l’adaptation puis la création de ce genre plutôt « déprécié » par les puristes, encore appelé « BD de gares » ou fumetti en italien, pays grand fournisseur de ce type de BD auquel collaborèrent à leurs débuts des auteurs tels qu’Hugo Pratt, Manara ou Paolo Serpieri. Certains titres de Mon Journal connurent alors des succès remarquables, tels Akim, Mister No, Capt’ain Swing, Ivanhoé, La piste de l’Ouest ou encore Long Rifle.
24 Non sans malice, Norma précise que c’est suite à la présentation d’une œuvre de jeunesse, en fait une BD érotique dans une veine « Barbarella », que cet éditeur « très catholique » (Cœurs Vaillants, Fripounet et Marisette, Perlin et Pinpin, etc.) le recruta ! Philippe Lacœuille (réal.), Faiseurs de bulles - Norma [vidéo en ligne], Angoulême, À vue d’œil production, février 1998, URL : https://www.youtube.com/watch?v=ebwVmfN3ncs&t=197s [consulté le 25 janvier 2022].
25 On y retrouve évoquées les figures d’Arthur, Gauvain, Merlin, la fée Viviane, etc. Norma, « Le chevalier ensorcelé », Pif Gadget, n° 305, décembre 1974, p. 19-28.
26 Philippe Lacœuille, Faiseurs de bulles - Norma, op. cit.
27 Ibid.
28 Ibid.
29 Maël Rannou, Le communisme par la bande : transmission de l’idéologie communiste dans les bandes dessinées de Vaillant à Pif Gadget (1942-1969), mémoire de Master 1 de Lettres Modernes sous la direction de Sylvie Servoise, Laval, Université du Maine, 2014, p. 55, disponible en ligne : http://neuviemeart.citebd.org/spip.php?memoire1445.
30 H. Filippini, Dictionnaire encyclopédique, op. cit.
31 Gilles Plas, « Pif Gadget », Le collectionneur de Bandes Dessinées, n° 62, 1989, p. 33-39 (p. 39).
32 M. Rannou, Le communisme par la bande, op. cit., p. 59.
33 Créée en décembre 1969 par Derib et André Jobin, elle se situait « [dans] ce paradis du Far-West d’avant l’intrusion des visages pâles et de leurs fusils ». Présentation de première aventure publiée par Pif Gadget, « Les prisonniers de l’île », n° 763, novembre 1983, p. 26-37 (p. 26).
34 Les couples « mixtes » trappeurs-indiennes constituent un grand classique de la BD « franco-belge », telles les séries déjà citées Buddy Longway (Éditions du Lombard, 1974) et Jonathan Cartland (Dargaud, 1974).
35 « Roger Lécureux leur avait fait remarquer que, aussi juste que soit la cause de Geronimo, ce n’était peut-être pas un modèle pour les enfants car c’était quand-même quelqu’un d’une certaine violence ». P. Lacoueille, « Faiseurs de bulles - Norma », op. cit. On retrouvera toutefois la figure de Geronimo dans certaines aventures, mais aussi Cochise ou encore Mangas Coloradas.
36 Ibid.
37 Ibid.
38 Pif Gadget, n° 346, septembre 1975, p. 57-58.
39 « Capitaine Apache », Pif Gadget, n° 347, op. cit., p. 54.
40 Edwin R. Sweeney, Mangas Coloradas chef apache, Paris, éditions du Rocher, coll. « Nuage rouge », 2008, p. 571.
41 Ibid.
42 Ainsi le lecteur croisera-t-il les figures de Cynthia Ann Parker, Samuel Colt, Buffalo Bill, Mark Twain, Levi Strauss (!), William C. Quantrill, etc.
43 « Des fables et des Remingtons », Pif Gadget, n° 724, février 1983, p. 46-59.
44 Celui-ci essayera à plusieurs reprises d’éliminer Okada, en vain, ce dernier finissant même par avoir sa peau dans la 106e aventure intitulée « La Trahison d’Okada – Ier épisode » (Pif Gadget, n° 879, janvier 1986, p. 16-26 et 59-68).
45 Pif Gadget, n° 871, décembre 1985, p. 21-30.
46 Tel « L’homme qui ne voulait pas voir mourir les diligences » : un conducteur de diligence « cintré » faisant la course avec un train à vapeur (Pif Gadget, n° 447, octobre 1977, p. 19-28).
47 Pif Gadget, n° 459, décembre 1977, p. 15-24.
48 Pif Gadget, n° 569, février 1980, p. 21-30.
49 Pif Gadget, n° 593, août 1980, p. 35-44.
50 Michel Foucher, « Du désert, paysage du western », Hérodote, n° 7, 1977, p. 130-147.
51 Cette technique d’exploitation, encore appelée « batterie hydraulique », consiste à saper les versants formés de dépôts sédimentaires en projetant de l’eau sous pression, provoquant ainsi la formation de vastes torrents de boue. L’eau, chargée de sédiments en suspension et canalisée par un coffrage en bois, emporte sables, limons, argiles et cailloux, l’or plus léger se déposant sur le fond du coffrage final, fixé dans le maillage d’un treillis métallique.
52 La capture de Cochise dans « Pour innocenter Cochise » (Pif Gadget, n° 363, février 1976), la bataille d’Apache Pass (Arizona, 15-16 juillet 1862) dans « Mangas Coloradas » (Pif Gadget, n° 383, juin 1976) ou encore la résistance des Apaches commandés par Geronimo (Nouveau-Mexique, 1863) dans « Pour sauver la paix » (Pif Gadget, n° 401, novembre 1976).
53 La déportation et sédentarisation forcée des Navajos au Nouveau-Mexique dans « Le projet Kit Carson » (Pif Gadget, n° 474, avril 1978), les Monts Sacramento (Nouveau-Mexique, « La légende du lac d’or », Pif Gadget, n° 569, février 1980), la ville de Tucson et Fort Lowell (Arizona) dans « La charge sans espoir » (Pif Gadget, n° 586, juin 1980) puis dans « La folie de Johnny O’Wilburd » (Pif Gadget, n° 677, avril 1982), ou encore le peuple Hopi (Arizona) dans « Le grand tournant : pour l’amour d’une squaw » (op. cit.).
54 Un massacre de prisonniers sudistes (« Le train de Centralia », Pif Gadget, n° 470, mars 1978) ou encore les raids sanguinaires du « fameux » de William C. Quantrill (« La haine et la folie », Pif Gadget, n° 540, juillet 1979)
55 Des Sudistes piégés dans « Le canon aux buzzards » (Pif Gadget, n° 421, mars 1977).
56 Le long de la Wind River (« Le chasseur solitaire », Pif Gadget, n° 616, janvier 1981), dans les Blacks Hills, aux confins du Dakota du Sud et de l’extrémité orientale du Wyoming (« Le village fantôme », Pif Gadget, n° 628, avril 1981), ou encore dans « La marche héroïque » (Pif Gadget, n° 642, juillet 1981)
57 Sur la Snake River (« La piste des Appalooses », Pif Gadget, n° 596, août 1980).
58 « Comme un grand petit homme » (Pif Gadget, n° 632, mai 1981).
59 « Les leçons de Cheval–Fou » (Pif Gadget, n° 608, novembre 1980).
60 « Terreur au Colorado » (Pif Gadget, n° 429, juin 1977).
61 Au cours de l’été 1862, le Minnesota vit la répression d’un important soulèvement d’indiens du peuple Santee. Sur les 333 dossiers soumis à sa signature, le président Abraham Lincoln autorisa 38 pendaisons, faisant de cet épisode « la plus grande exécution de masse de l’histoire américaine ». Bob Drury, Tom Clavin, Sur la terre des Sioux : Red Cloud une légende américaine, Paris, Albin Michel, 2015, p. 54. « Révolte au Minnesota », Pif Gadget, n° 418, février 1977.
62 Jean-Michel Gourmelen, le scénariste de Mac Coy, revendique un million d’exemplaires pour les 21 albums de la série. « Interview Jean-Pierre Gourmelen », Bdzoom, 8 février 2001, URL : http://bdzoom.com/1261/interviews/interview-de-jean-pierre-gourmelen-scenariste-de-mac-coy/ [consulté le 21 avril 2022]. Cf. Jean-Yves Puyo, « Des “tierras calientes” mexicaines aux montagnes enneigées du Wyoming : Palacios et la représentation des paysages de western dans Mac Coy », La Géographie, n° 1581, 2021, p. 18-25.
63 La Chevauchée fantastique, 1939 ; Cheyenne, 1948 ; Le Massacre de Fort Apache, 1948 ; La Prisonnière du désert, 1956.
64 M. Foucher, « Du désert, paysage du western », op. cit., p. 140.
65 Winchester 73 (1950), Bend of the River (1952), The Far Country (1954), The Man from Laramie (1955), The Last Frontier (1955), The Tin Star (1957), Man of the West (1958), etc.
66 Anthony Mann, Cahiers du cinéma, n° 190, mai 1967, cité par M. Foucher, « Du désert, paysage du western », op. cit., p. 134.
67 Yves Lacoste, « Westerns et géopolitique », dans : Jean Mottey (dir.), Les paysages du cinéma, Paris, Champ Vallon, coll. « Pays/Paysage », 1999, p. 158.
68 P. Lacoueille, « Faiseurs de bulles - Norma », op. cit.
69 À noter qu’André Chéret, le dessinateur de Rahan, en avait fait de même quelques années auparavant et pour des raisons semblables : sa série confiée contre sa volonté à un dessinateur espagnol. Henri Filippini, Jean Léturgie, « Entretien avec André Chéret », Schtroumpf – les cahiers de la bande-dessinée, n° 46, 1980, p. 7-16.
70 Une recherche « basique » par l’intermédiaire de « Google recherche avancée » (réalisée le 1er février 2022), en entrant le nom du dessinateur et le titre de la série, corrobore aisément notre affirmation : 1 980 occurrences pour Capitaine Apache, contre 40 900 pour Jerry Spring, 53 400 pour Mac Coy, 72 400 pour Buddy Longway, 442 000 pour Blueberry et enfin, 491 000 pour Comanche.
71 Norma, interview réalisée par Philippe Guerrieri, « Mots d’auteur – Norma », mis en ligne le 3 septembre 2019, URL : https://www.youtube.com/watch?v=dC4jp-LPfWk [consulté le 25 janvier 2022].
72 Ibid.
73 Daniel Pizzoli, Il était une fois Blueberry, Paris, Dargaud, 1995, p. 70.
74 Jean-François Douvry, Grand atlas des pays imaginaires de la Bande Dessinée, Grenoble, Phoenix, 1992, 94 p.
75 « [le merveilleux exotique rapporte] des événements surnaturels sans les présenter comme tels ; le récepteur implicite de ces contes est censé ne pas connaître les régions où se développent les événements […] ». Tzvetan Todorov, Introduction à la littérature fantastique, Paris, Éditions du Seuil, 1970, p. 60.
76 « Sept siècles environ avant Jésus-Christ, quand le mythe informait la connaissance scientifique, l’œuvre d’Homère relevait d’un genre où le discours géographique prenait une facture poétique. Comme il avait une valeur pédagogique reconnue, ce genre s’est perpétué pour cette raison jusqu’au xviiie siècle ». Vincent Berdoulay, Des mots et des lieux. La dynamique du discours géographique, Paris, Éditions du CNRS, 1988, p. 18.
77 Lionel Dupuy, Jean-Yves Puyo, L’imaginaire géographique. Entre géographie, langue et littérature, Pau, PUPPA, coll. « Spatialités–1 », 2014, 427 p.
78 Meyer-Dorisson, Dargaud, série créée en 2015, 11 tomes édités à ce jour.
79 Macan-Dorkey, Delcourt éditeur, sept tomes depuis 2017.
Haut de pageTable des illustrations
Légende | Illustration n° 1 : un cavalier mescalero « à la Giraud ». « L’amnésie de Johnny O’Wilburd », Pif Gadget, n° 527, avril 1979, p. 19-28. |
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Légende | Illustration n° 2 : Okada et ses parents. « Capitaine Apache », Pif Gadget, n° 347, octobre 1975, p. 45-56 (p. 56). |
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Légende | Illustration n° 3 : la reddition du général Lee à Appomatox. « Le grand tournant : …Et les canons se turent », Pif Gadget, n° 868, novembre 1985, p. 21-30 (p. 24). |
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Légende | Illustration n° 4 : une croissance spectaculaire ! « Et on l’appela Capitaine Apache », Pif Gadget, n° 732, avril 1983, p. 24-39. |
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Légende | Illustration n° 5 : Monument Valley (Stagecoach, John Ford, 1939) |
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Légende | Illustration n° 6 : « La captive aux yeux verts » (Pif Gadget, n° 358, janvier 1976, p. 43 vs La prisonnière du désert (John Ford, 1956). |
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Légende | Illustration n° 7 : « Le chasseur de primes », Pif Gadget, n° 534, juin 1979, p. 27. |
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Légende | Illustration n° 8 : la grande prairie nord-américaine. « Révolte au Minnesota », op. cit., p. 27. |
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Légende | Illustration n° 9 : « à la Jijé ». « Le mensonge d’Okada », op. cit, p. 76. |
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Fichier | image/jpeg, 104k |
Légende | Illustration n° 10 : « La trahison d’Okada – épisode 2 », Pif Gadget, n° 880, juin 1979, p. 62. |
URL | http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/strenae/docannexe/image/9075/img-10.png |
Fichier | image/png, 543k |
Légende | Illustration n° 11 : « La trahison d’Okada – épisode 1 », Pif Gadget, n° 879, janvier 1986, p. 25. |
URL | http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/strenae/docannexe/image/9075/img-11.png |
Fichier | image/png, 470k |
Pour citer cet article
Référence électronique
Jean-Yves Puyo, « La représentation des grands espaces nord-américains dans Capitaine Apache (Lécureux – Norma, 1975-1986) », Strenæ [En ligne], 20-21 | 2022, mis en ligne le 01 octobre 2022, consulté le 23 janvier 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/strenae/9075 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/strenae.9075
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