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Dossier thématique

Trois albums emblématiques

Three Emblematic Picture Books
Michel Defourny

Zusammenfassungen

Cet article revient sur trois albums français des éditions Delpire : Les Larmes de Crocodile d’André François, et ses multiples ré-éditions plus ou moins fidèles au concept original ; C'est le bouquet, de Claude Roy et Alain Le Foll ; et, dans la collection Actibom, À bon chat bon rat, avec des textes de Bernard Noël librement inspirés des Fables de La Fontaine et des gravures de Jean-Ignace-Isidore Grandville.

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Volltext

1Sans faire de bruit, sans théorie, sans fanfaronnade, sans polémique pour appuyer sa démarche, Robert Delpire a publié en France, dès le milieu des années cinquante, quelques albums qui ont ouvert la voie au renouveau de l’édition jeunesse. Il en a importé quelques-uns d’ailleurs, il en publié quelques autres conçus par ses collaborateurs et amis. Comme Robert Delpire a renoncé à l’édition jeunesse à l’aube des années soixante-dix, et que plusieurs de ses titres ont été réédités par différentes maisons, son nom, dans le secteur, a été quelque peu oublié. Robert Delpire est davantage associé aujourd’hui à l’édition photographique où il s’est imposé comme l’éditeur d’Henri Cartier- Bresson, Werner Bischof, Robert Frank, Sarah Moon, Joseph Koudelka, André Martin, Michael Ackerman... On ignore donc trop souvent que le fondateur de la collection « Photopoche » fut l’un des créateurs de l’édition moderne du livre pour enfants.

  • 1 « L’enfant et les images d’album, de 1950 à nos jours », dans Regards sur le livre et la lecture de (...)
  • 2 Sophie Van Der Linden, Annick Lorant-Jolly (dir.), Images des livres pour la jeunesse : lire et ana (...)

2Dans plusieurs de mes interventions, j’ai rappelé le rôle de moteur qu’avait joué Robert Delpire. Lors du colloque de la BnF organisé à l’occasion du quarantième anniversaire de la Joie par les livres1, j’ai évoqué la version du Chat botté de Hans Fischer dont les images montrent « ce que le texte ne dit pas ». J’ai proposé ma vision de Max et les Maximonstres de Maurice Sendak, lors des Journées d’Arole consacrées à la lecture de l’image, en 2005. Dans mon introduction à Images des livres pour la jeunesse paru au CRDP et chez Thierry Magnier2, j’ai encore insisté sur l’importance historique de l’éditeur des Larmes de crocodile, de C’est le Bouquet, et de Max et les maximonstres.

3J’évoquerai dans cette communication trois albums emblématiques publiés par Robert Delpire : Les Larmes de crocodile d’André François, C’est le Bouquet de Claude Roy et Alain Le Foll, et très très brièvement À bon chat, bon rat de Bernard Noël et Jean-Ignace-Isidore Grandville.

Les larmes de crocodiles

4C’est une belle aventure que celle des Larmes de crocodile : un livre placé sous le signe de l’amitié. Et par-delà… de la fidélité, puisque Robert Delpire a réédité cet album en 2004, alors que, depuis bien longtemps, il avait abandonné le secteur jeunesse.

5Sans l’amitié, nourrie par une étroite connivence, l’ouvrage ne serait jamais paru. Trop novateur ! Trop dérangeant pour l’époque ! Trop difficile et trop cher à réaliser ! Un livre hors normes, un de ceux que les libraires ou les bibliothécaires ont du mal à ranger en raison de leur format. Et puis, il y a cette fameuse boîte que les manipulations abîmeront, et qui finira par se perdre…

6François Vié a rapporté l’échange de vue qui avait eu lieu, à propos de ce livre, entre Robert Delpire et Achille Weber qui appréciait ses initiatives et connaissait parfaitement le milieu de la distribution.

7Achille Weber distribuait, entre autres, les éditions d’art Albert Skira, un des fleurons de l’édition suisse d’alors. Son admiration pour la qualité des travaux de son ami Robert Delpire était grande, mais cette fois, devant l’objet « anachronique » (pour reprendre une expression de Robert Delpire lui-même) que lui présentait son complice, Achille Weber renonça à lui apporter son soutien.

8« Un jour Delpire vint présenter à Weber le fruit de sa deuxième collaboration avec André François. Il pose devant ses yeux étonnés une petite boîte en carton, plate, tout en longueur, avec une ouverture rectangulaire. « Voilà, dit Delpire, ça s’appelle Les Larmes de Crocodile. » L’objet est très coûteux à fabriquer, impossible à placer dans les rayonnages des librairies. « Mais, insiste Delpire, l’emboîtage fait partie de l’histoire. Le crocodile est dans sa boîte. »

  • 3 François Vié, « Les années 1950-1980, ou quand les images refusent d’être sages », dans Schau genau (...)

9Et François Vié poursuit : « Cette fois Weber renonce. Delpire décide de l’éditer lui-même. Très prudemment à 3000 exemplaires, puis à 5000, puis à 10 000 exemplaires, l’album fut un succès international3. » On répète qu’il fut traduit en 14 langues.

Des éditions qui se suivent

En revue

10Depuis sa prépublication jusqu’aujourd’hui, Les Larmes de Crocodile n’ont cessé de connaître des métamorphoses. Une prépublication paraît en avril 1953, dans le numéro 9 de la Revue Neuf, fondée par Robert Delpire et réservée au corps médical. C’est en jouant de la dérision que la rédaction justifie ce qui pourrait paraître un écart par rapport à la ligne éditoriale de la revue.

Neuf a trois ans et, puisque ce n’est pas un âge respectable, nous nous permettons, pour fêter cet anniversaire, d’offrir à nos lecteurs un livre d’enfants. ANDRE FRANCOIS s’est chargé de la tâche, aisée pour lui de raconter les aventures d’un père intrépide, d’un crocodile et d’une longue caisse en bois. Si nos lecteurs n’y trouvent pas leur compte qu’ils se jettent alors sur les montages astucieux de TREZ et DEJOUX et qu’ils confondent avec eux fiction et réalité.

  • 4 Voir illustration infra.

11Etait-ce pour fêter l’anniversaire (trois bougies) que le crocodile a été découpé en trois morceaux, ou est-ce par qu’il était trop long pour être dessiné en totalité sur la couverture ? Toujours est-il que le découpage de l’animal se retrouvera à travers les avatars éditoriaux de l’album. Dans le grand format « Actibom » si la couverture montre le héros de l’histoire se prélassant dans la baignoire, le mot CRO-CO-DILE a, quant à lui, été segmenté en trois syllabes superposées4.

12 Le numéro de la revue s’inscrit dans une collection de format classique, ce qui a amené l’artiste à « verticaliser » son image pour y placer son crocodile. Mais le titre de la revue, parallèle à l’animal, remet les choses en place. Cécile Boulaire note que : « Deux pages après le sommaire, le livre passe en lecture à l’italienne, c’est-à-dire qu’il faut le retourner à 90° dans le sens des aiguilles d’une montre et lire en feuilletant les images vers le haut, comme un calendrier. »

Sous emboîtage

13Une première édition paraît sous emboîtage. On lit partout qu’elle date de 1956, alors que le dépôt légal est daté du 4 mars 1955. « L’emboîtage est en carton brun, plus précisément de couleur moutarde, me communique Cécile Boulaire, sur lequel sont collées deux bandes. La première, blanche, transversale, porte la mention « ATTENTION CROCODILE FRAGILE. Les larmes de crocodile. texte et dessins d’André François ». La seconde, blanche et rose vif, est collée en travers de l’ouverture, comme pour la sceller, et porte la mention « Crocodile. A préserver du froid. » La boîte n’est pas fermée aux deux bouts, elle coulisse. »

14Intégrée à la collection « Dix sur dix », une seconde édition, de même format oblong, et de mêmes dimensions, paraît en 1967, mais cette fois le coffret imite une caisse en planches, cerclée par deux fils de fer destinés à assurer sa solidité. C’est un colis postal, expédié par avion. Un emplacement est prévu pour l’adresse du destinataire et une découpe laisse voir la tête de l’animal. Lorsqu’on retourne l’envoi, entre les planches légèrement disjointes du fond de la LONGUE CAISSE, (de l’autre côté donc), de la couleur verte rappelle son contenu. Au lieu d’être imprimé sur une face, le mot « crocodile » a été segmenté : on lit d’un côté « 1 CROC » et de l’autre « CODILE ». Le colis porte le numéro 584, et est surchargé d’étiquettes : « Par avion », « Exprès », « A.O. », « Valeur déclarée », et « Krokodile » avec 2 « K ».

Les Larmes de Crocodile, édition de 1967, recto

Les Larmes de Crocodile, édition de 1967, recto

Les Larmes de Crocodile, édition de 1967, verso

Les Larmes de Crocodile, édition de 1967, verso

Avec l’aimable autorisation de Robert Delpire.

En format géant

15Parallèlement à la réédition « en caisse », Robert Delpire intègre Les Larmes de crocodile à sa collection « Actibom ». Pour rappel, la collection invite l’enfant à s’approprier du livre. On renoue presque avec les premiers albums d’activité du Père Castor : découpages, coloriages, collages, montages…On retrouve même dans l’introduction à la collection quelques-uns des mots qu’aimait employer Paul Faucher pour encourager et stimuler le dynamisme de ses lecteurs.

Couverture des Larmes de crocodile dans la collection « Actibom », 1967

Couverture des Larmes de crocodile dans la collection « Actibom », 1967

Avec l’aimable autorisation de Robert Delpire. 

16Dans l’introduction aux « Actibom » le lecteur est interpellé directement sur un ton familier et dans une langue parlée. « Actibom (acti comme actif et bom comme album) est un livre dont il ne suffit pas de tourner les pages. Regarde-le bien : il peut faire ce que tu veux. Une histoire ? Voilà. Il la raconte. Une image ? A toutes les pages. Il en a plein de pages. Des images très belles en noir, mais que tu peux aussi colorier, enluminer, découper, détacher, accrocher, offrir. Ainsi, chaque image, tu la refais à ta façon, et quand elle te satisfait, tu la détaches, tu l’encadres, et c’est un tableau pour toi. Maintenant, à toi de jouer. »

Page de titre de l’édition Actibom

Page de titre de l’édition Actibom

Avec l’aimable autorisation de Robert Delpire.

17Il faut coucher le livre horizontalement et relever les pages pour parcourir l’histoire. La page de droite devient page du dessous, le texte est placé au-dessus des dessins en noir et blanc. Des commentaires imprimés en vert et en plus petits caractères figurent sur la page du dessus ; à la fois interprétation de l’image et indications techniques pour le coloriage, ils se distinguent de l’histoire proprement dite. L’humour, la poésie, la dérision caractérisent ces propos rythmés et parfois rimés que l’on doit à la plume de Bernard Noël.

Le Nil, les hérons et les papyrus,
c’est jaune et c’est bleu et c’est le boulevard
des verts crocodiles. Monsieur à lunettes
et visage pâle, entre son chapeau
et son beau complet, à l’air bleu, blanc, rouge.
Monsieur dromadaire est toujours pareil
et petit oiseau est un peu vermeil.

« Le Nil, les hérons et les papyrus… »

« Le Nil, les hérons et les papyrus… »

Avec l’aimable autorisation de Robert Delpire.

18Autre exemple : l’artiste ici donne des indications qui doivent transformer le coloriage en création.

La salle de bain est dallée de briques
et les murs sont peints comme à la maison.
Monsieur crocodile a déteint dans l’eau
et ça fait partout des gouttes de vert.
On a assorti la serviette à fleurs
à la longue langue de ce gros dormeur.

« La salle de bains… »

« La salle de bains… »

Avec l’aimable autorisation de Robert Delpire.

19Troisième et dernier exemple : une amplification du récit, dans un style emphatique qui personnalise les différents auditeurs. Quelques suggestions discrètes pour que la couleur traduise l’atmosphère.

Il a le nez long, il a voyagé,
il leur peint le Nil et les pyramides
et ça fait au mur du rouge orangé,
du soleil au cœur et des yeux humides.
Les dames sont roses sous leurs cheveux paille,
et l’ambassadeur bombe le plastron
et l’explorateur a l’œil en bataille.

« Il a le nez long… »

« Il a le nez long… »

Avec l’aimable autorisation de Robert Delpire.

Une édition massacrée chez Gallimard

20Rappelons enfin que Gallimard a banalisé le titre en « verticalisant » et en réduisant le format dans la collection de poche « folio benjamin » (11 x 17,5) en 1980. Un gâchis, à mon avis, contre lequel je m’étais insurgé dans la presse, à l’époque. Une nouvelle édition est sortie en 2007, dans l’actuel format agrandi de la collection. C’est un peu moins moche, mais à mes yeux, c’est tout aussi regrettable.

Édition 2007 des Larmes de crocodile en collection Folio Benjamin (Gallimard)

Édition 2007 des Larmes de crocodile en collection Folio Benjamin (Gallimard)

Réédition en 2004

21Par bonheur, Robert Delpire a pris l’initiative, en 2004, de rééditer dans son format original Les larmes de crocodile. L’emboîtage n’est ni celui de l’édition 1955, ni celui de l’édition 1967. Il a pris la forme d’une lettre par avion. Côté face, un espace est réservé à l’adresse du destinataire et une fenêtre permet de voir la tête du croco. Côté dos, on peut lire « Contient : 1 crocodile ». Une étiquette d’avertissement de couleur rouge a été apposée : « Attention fragile ». Enfin le titre du livre est donné, de même que le nom de son auteur. On est proche ici de la couverture de Lettre des Îles Baladar, un récit de Jacques Prévert, illustré avec férocité et humour par André François en 1952.

Boitage (face et dos) de l’édition Delpire de 2004

Boitage (face et dos) de l’édition Delpire de 2004

Avec l’aimable autorisation de Robert Delpire.

Couverture de l’édition de 1952 des Lettres des îles Baladar (Gallimard)

Couverture de l’édition de 1952 des Lettres des îles Baladar (Gallimard)

Une oeuvre accomplie

22L’édition de 1956 a marqué nombre d’imaginations ; elle constitue l’une des grandes réussites de l’édition jeunesse du vingtième siècle. Un vrai chef d’œuvre.

23Lorsque le lecteur a retiré l’album de sa boîte, il a dans les mains un objet rigide, qui a du volume. La couverture et la quatrième de couverture sont constituées par un carton épais. Elles forment un tout puisque y figure, en deux parties, un long crocodile bien vert, souriant et à l’œil malicieux. Les écailles bien marquées par un trait noir donnent de l’épaisseur à la peau du reptile. La queue est manquante, comme s’il avait fallu replier l’animal trop long pour sa caisse. Il est si long que, pour voir la queue, il faut ouvrir le livre. Une queue à ne pas oublier ; elle sera à l’origine du rebondissement clé de la narration.

24Ouvrons l’album, la queue fait face à la page de titre. Légèrement relevée, elle est surmontée du fameux pluvian fluviatile ou pluvian du Nil dont la couleur rouge entre en contraste avec le vert. Il y a comme une correspondance entre les dimensions de la queue et la longueur du titre en lettres capitales, correspondance également dans l’emplacement sur la double page.

Page de titre intérieur

Page de titre intérieur

Avec l’aimable autorisation de Robert Delpire.

25La composition de cette double page qui forme une unité impressionne par son équilibre : choix des caractères et de leur taille, utilisation des capitales pour le titre, utilisation de l’italique pour le titre de la collection « Dix sur Dix » et le nom de l’éditeur, « Robert Delpire, Editeur ». Tout ça, sur la page de gauche. Sur la page de droite, l’italique est à nouveau utilisé, pour le nom du créateur de l’album : « Texte et dessins d’André François ».

26A l’expressivité du trait presque sauvage d’André François répond la rigueur du titre dans une police « policée », du Bodoni aux superbes pleins et déliés. Un caractère qui joue subtilement avec les droites, les obliques et les courbes. Un caractère à la fois élégant et rigoureux. Avec le Didot, il est à l’origine de la famille typographique des « didones ». Faut-il rappeler que les « didones » ont été largement utilisés en France jusque dans les années 50, tant dans les manuels scolaires que dans un grand nombre d’ouvrages scientifiques ?.

27En choisissant ce type de caractères, on pourrait penser qu’il s‘agit de donner une crédibilité presque scientifique au récit complètement farfelu qui va nous être raconté.

28Ce récit vise à expliquer l’origine et le sens d’une expression courante, à savoir « larmes de crocodile ». Les dictionnaires se contentent d’affirmer qu’il s’agit de larmes hypocrites. On aurait observé, depuis l’Antiquité, que lorsque les crocodiles du Nil dévorent leurs proies, leurs yeux sécrètent des larmes. Si la physiologie contemporaine a pu expliquer le phénomène, la morale a considéré que ces fameuses larmes ne témoignaient pas d’un repentir ou d’un regret sincère, manifesté à la suite d’une mauvaise action, mais qu’elles relevaient de la simulation. Non seulement, les mâchoires des crocodiles sont féroces, mais leurs yeux larmoyants attestent leur hypocrisie.

29Le récit d’André François, complètement invraisemblable et loufoque, est raconté dans une langue familière, sur le ton de l’évidence. L’auteur utilise le présent. L’emploi du pronom indéfini « on » généralise le propos. Les phrases s’enchaînent rapidement comme les actions, avec quelques répétitions, imprimées en capitales, qui donnent du rythme. On fait ceci, puis on fait ça, les crocodiles font ci, puis ça. Puis, on fait ça et encore ça. Le résultat est garanti, parce que les choses ne peuvent pas fonctionner autrement. Lisons le texte :

C’est très facile d’attraper un crocodile, tout ce qu’il faut c’est une longue caisse en bois et on va en Egypte en bateau. Là on achète un Fez et un dromadaire. On monte sur une pyramide et on voit les crocodiles se baigner dans le Nil et aussi de beaux oiseaux.
On reste assis tranquillement. On fait semblant de ne pas regarder et tous les crocodiles essaient la LONGUE CAISSE A CROCODILE. Il faut bien sûr trouver la bonne taille. Pas trop long, pas trop court, sinon le crocodile va ballotter dans la LONGUE CAISSE à CROCODILE.

30Expédié par avion dans sa caisse, le crocodile arrive en France, avec son pluvian en cage. Un facteur à vélo porte le tout sur la tête, sans le moindre problème d’équilibre. L’animal est immédiatement et parfaitement adapté à la société humaine. Ou presque, il suffira de lui apprendre que l’hygiène dentaire se pratique dans l’intimité de la salle de bain et que, conséquence logique, son pluvian doit prendre place dans un verre rangé tout à côté des brosses à dents.

31Le crocodile se montre conciliant, il véhicule le jeune garçon de la famille et sacrifie au rituel de la bonne société qui se délecte de « jolies histoires », en buvant du champagne, exactement comme l’avait fait avant lui un éléphant distingué qu’une vieille dame avait recueilli et qui s’appelait Babar. A noter que chez la vieille dame, l’on se montrait plus sobre... Mais qu’on lui marche sur la queue, la réponse « crocodilesque » ne se fait pas attendre. De colère…il mord. Et lorsqu’on le réprimande, il verse des larmes de crocodile.

32L’histoire nous est racontée dans le texte, mais peut-être davantage dans les images. L’image précise le texte, elle en amplifie l’humour en le concrétisant jusqu’à l’absurde. L’invraisemblance textuelle se mue souvent en nonsense, teinté parfois de poésie. Dans le récit que je viens de raconter, j’ai affirmé que le crocodile avait été expédié par avion, c’est sur l’étiquette « par avion » collée sur la caisse que je l’ai vu, non dans le texte… que je l’ai lu.

33J’ai évoqué la caisse à crocodile en équilibre sur la tête du facteur à vélo. C’est dans l’image que j’ai puisé cette information absurde. Le texte correspondant (à cette image) se contentait de dire à propos du pluvian, puis de la caisse : « Alors on le met dans une cage et on expédie le tout par la poste. »

Information visuelle et information textuelle

Information visuelle et information textuelle

Avec l’aimable autorisation de Robert Delpire.

  • 5 Michel Defourny, « The contribution of Jeanne Cappe to the Revue Littérature de jeunesse (1949-1955 (...)

34Le trait d’André François, son humour proche de Mose ou de Chaval n’appartiennent pas à la littérature de jeunesse des années cinquante en France. Ils se situent par-delà. Faut-il rappeler qu’après la guerre, la critique pédagogique recommandait des images rassurantes, « bien choisies », « délicatement exécutées », à tendance réaliste. Elle préconisait l’emploi de couleurs douces. Il fallait, répétait-on que les images s’adaptent à « l’âme enfantine5 ».

35Or, pas de beaux dessins dans cet album d’André François, qui est « mal » colorié, et qui se satisfait de l’orange et du vert, avec quelques touches de rouge ! Mais du dessin expressif et caricatural qui n’hésite pas à ridiculiser la société bourgeoise d’alors, celle qui ne craint pas de s’affubler d’un fez ou de rouler en calèche.

36Ce trait et cet humour d’André François, cet audacieux rapport texte/images, ce choix du format, la dimension sculpturale du livre qui appelle une manipulation ludique, sa conception qui fait du support un élément significatif à part entière… Tous ces éléments bousculent les idées reçues. Livre d’artiste à part entière, Les larmes de crocodile bouscule les frontières : la distinction des publics est abolie. Lecteurs adultes et enfants partagent un même plaisir.

C’est le Bouquet 

37C’est le Bouquet, texte de Claude Roy, illustrations d’Alain Le Foll, paraît en 1963. Selon François Vié, ce serait une publicité pour les tricots Rodier qui serait à l’origine de cet album. Nous l’avons recherchée vainement. S’il est vrai que les superbes fleurs de C’est le Bouquet, roses, mauves et oranges, d’allure psychédélique, peuvent être apparentées aux publicités novatrices que dessine alors Alain Le Foll, l’inspiration est plus profonde, ensemencée sans doute par l’imaginaire fantasque de Claude Roy et par l’émerveillement devant la nature ressenti par l’auteur des illustrations tout au long de sa vie.

Publicité dessinée par Alain Le Foll pour le vernis à ongles Cutex

Publicité dessinée par Alain Le Foll pour le vernis à ongles Cutex

Cette publicité nous a été communiquée par Madame Joséphine Le Foll, fille d’Alain Le Foll. Nous l’en remercions chaleureusement.

38Dans Images à la page, Madame Duvillaret a rendu un vibrant hommage à Alain Le Foll. Elle y souligne le rapport étroit qu’Alain Le Foll entretenait depuis l’enfance avec la nature.

  • 6 Annick Duvillaret, « Alain Le Foll », dans Images à la page, Une histoire de l’image dans les livre (...)

Il était une fois, écrit-elle, un petit garçon qui aimait se coucher à plat ventre dans la mousse et la fixer longuement jusqu’à ce que chaque brin devienne un arbre, chaque touffe forêt, forêt sans limite dans laquelle il se perdrait6.

39Dans le texte de Claude Roy comme dans les images d’Alain Le Foll, Claudelun et Claudelune et leurs amis, jouent à cache-cache, comme s’ils se perdaient entre le calice, la corolle, les étamines et le pistil de la fraxilumèle de Java.

40Comme Jacques Prévert, dans Petit Lion illustré par les photographies de Ylla, dans C’est le bouquet, Claude Roy prend le parti des enfants, turbulents par nature. Il conteste l’autorité des adultes, celle des parents d’abord, à l’allure tellement conventionnelle, « qui ne sont jamais contents », qui n’ont jamais un mot aimable pour leurs enfants, et qui, dans ce récit, s’en débarrassent par le « vide enfants automatique ». Parents autoritaires qui enferment leurs enfants sous prétexte qu’ils ne peuvent parler aux gens qu’ils ne connaissent pas, sous prétexte qu’ils doivent faire leurs devoirs.

41Et par-delà les parents, c’est le monde adulte dans son ensemble qui est pris à partie. D’abord, un monsieur anonyme, puis c’est le concierge, puis le syndic, puis le commissaire de police, puis le préfet, puis le Ministre des Rues, puis le Ministre de l’Agriculture, enfin le Président de la République.

Un hymne à la nature et à l’imagination

42C’est le bouquet de Claude Roy et Alain Le Foll est un hymne à l’exubérance de la nature et de l’imagination. Pour lutter contre la morosité engendrée par la grise et triste fonctionnalité des grands ensembles construits dans les années soixante, deux enfants qui s’ennuyaient ont planté la graine rapportée de l’île de Java par l’oiseau moqueur. Une surprise qui tombe du ciel, remarque Jean Perrot. Une fleur, la fraxilumèle au nom énigmatique, pousse en ce milieu hostile où sont relégués les enfants privés de liberté : « un tas de sable spécial, entouré de clôtures électriques et d’un mur insonore en superplastique transparent, air conditionné, et relié par télévision spéciale à l’appartement des parents ».

43Cette plante magique, les Javanais, en leur langage fleuri, « la nomment la Demoiselle Fleur Très Obligeante ». Et Claude Roy d’énumérer ses surprenants pouvoirs. Tantôt précieux, tantôt farfelus, souvent apaisants, ils donnent à rêver.

44Comme l’imagination, la fraxilumèle ne cesse de grandir… et ses grandes fleurs de s’épanouir, au point de devenir pour les enfants qui ont grimpé dans sa corolle un immense terrain de jeu.

Une étonnante mise en page 

Couverture, dépliée, de C’est le bouquet

Couverture, dépliée, de C’est le bouquet

Avec l’aimable autorisation de Robert Delpire et de Joséphine Le Foll.

45Pour rendre perceptible la poussée ascensionnelle de la fraxilumèle qui finira par dépasser les 15 étages des tours HLM, on aurait pu s’attendre à ce que les créateurs de l’album optent pour un format vertical, comme l’avaient fait Janice May Udry et Marc Simont pour A tree is nice, paru chez HarperColins, aux Etats-Unis, en 1956. Ou comme le feront, en 1967, Thelma Volkman Delabesse et Sylvie Selig pour Le petit arbre, paru chez Pierre Tisné. Sylvie Selig qui adore aussi les fleurs très roses…

Janice May Udry, Marc Simont, A tree is nice, HarperColins, 1956.

Janice May Udry, Marc Simont, A tree is nice, HarperColins, 1956.

Thelma Volkman Delabesse, Sylvie Selig pour Le petit arbre, Tisné, 1967.

Thelma Volkman Delabesse, Sylvie Selig pour Le petit arbre, Tisné, 1967.

46Paradoxalement, le format de C’est le bouquet est oblong. C’est par le cadrage, l’alternance des plans et des angles de prise de vue, par le découpage, les jeux d’échelle et la mise en page qu’Alain Lefoll fait ressentir le vertige qui saisit le spectateur lorsqu’il se penche par la fenêtre du neuvième étage, qu’il lui fait assister presque en direct à la croissance rapide de la fraxilumèle dont la tige monte, monte, et dont les fleurs en s’épanouissant s’étendent largement à l’entour.

47Dès la double page de titre, le lecteur est averti que l’un des axes de la narration se situe entre l’en bas et l’en haut. Quelque chose que nous ne voyons pas est en train de se passer, tout là haut. Suivez le regard des personnages avec lesquels l’action démarre, les parents, les deux enfants et l’architecte.

Double-page de titre

Double-page de titre

Avec l’aimable autorisation de Robert Delpire et de Joséphine Le Foll.

48Le titre de l’album, calligraphie fleurie, se déploie quant à lui, avec l’ampleur que permet le format à l’italienne. Volutes, courbes, arabesques, d’allure végétale, emplissent l’espace de la double page, anticipation graphique de l’épanouissement de la fraxilumèle.

49Dans la double page centrale, Alain Lefoll a opté pour une illustration à bord perdu, qui joue sur le hors champ. On a compris que les pétales et la corolle de la fraxilumèle débordent, et de beaucoup, les limites de la page. J’ai vu dans une classe maternelle, des enfants partenaires de Claudelun et Claudelune, prolonger l’image d’Alain Lefoll jusqu’à créer un gigantesque tapis floral. Pour peu qu’on les eût laissé poursuivre, les dessins des enfants auraient fait grimper les fraxilumèles le long des murs de la classe.

Double-page centrale

Double-page centrale

Avec l’aimable autorisation de Robert Delpire et de Joséphine Le Foll.

50Mais avant de s’étendre en largeur, la plante a grandi. Ainsi que le montrent les pages 12 et 13. Et 14 et 15. En page 12 et 13, l’illustrateur a choisi trois instants, dans une continuité. Trois arrêts, trois bandes verticales étroites grâce auxquelles il est possible de mesurer de combien la plante a grandi. En un, en présence d’un badaud ahuri dont la taille sert d’échelle, elle est sous les fenêtres. En deux, en présence de deux badauds, la fleur atteint les fenêtres tout en se rapprochant du bord droit de l’image. Et en trois, en présence de trois badauds, elle dépasse les vitres du bas de l’immeuble tout en prenant appui contre le bord droit de cette troisième image. Le temps qui passe est marqué par l’espacement qui sépare chacun des bandeaux. Et le texte de commentaire, entre l’image 1 et l’image 2, a presque pris un caractère iconique. La contre plongée accentue l’effet de poussée vers le haut qui va culminer lorsque la page sera tournée. Cette fois, le bandeau s’est élargi, au lieu des 8 centimètres précédents, il est passé à 10,5 centimètres et demi. Et la fraximulèle frôle le haut de la page, tandis que le nombre de badauds a sensiblement augmenté.

Double-page 12-13

Double-page 12-13

Avec l’aimable autorisation de Robert Delpire et de Joséphine Le Foll.

51En page 15, la perspective est inversée, à l’orientation verticale fait suite une image horizontale et la plongée crée une impression de vertige tant les spectateurs, là en bas, sont devenus minuscules.

Double-page 14-15

Double-page 14-15

Avec l’aimable autorisation de Robert Delpire et de Joséphine Le Foll.

Aussi beau sur le plan graphique que littéraire

52La composition de l’album est complexe et rythmée, tant dans l’utilisation de la couleur que du noir et blanc, dans la variation du format des images, en bandeau, en pleine page, en double page, en page et demi. Complexe dans les cadrages et les points de vue comme on vient de le voir.

53Les qualités littéraires de l’album sont servies par une typo sobre et structurante qui lie le textuel et le visuel. La narration relativement longue est mise en valeur par une police de caractère classique qui tranche avec la calligraphie à l’anglaise des initiales de chapitre. Celles-ci rappellent la page de titre. Par leurs courbes et leur élégance, elles forment comme une transition entre le texte et les illustrations. La progression du récit est ponctuée par de brefs résumés, en tête ou en cours de chapitres, écrits en italiques de taille légèrement plus importante et plus grasse qui commencent de la même façon :

Où l’on voit que vivre
dans une trop Maligne Maison
n’est pas toujours amusant

Où l’on découvre ce
Qu’il advient
lorsqu’une fraxilumèle
se met à pousser
en hauteur devant un
immeuble moderne

Où l’on voit de quelle utilité
peuvent être dans la vie (moderne)
des fleurs (serviables)

Exemple de mise en page des différents niveaux de texte

Exemple de mise en page des différents niveaux de texte

Avec l’aimable autorisation de Robert Delpire et de Joséphine Le Foll.

54Jeux de mots, mots en cascade, langue parlée notée phonétiquement, style de rapport administratif, remarques acerbes, images fantasques, envols poétiques. Claude Roy ne recule devant aucune audace pour faire rêver, palpiter ou rire ses lecteurs.

55Avant Mai 68, l’imagination sous la forme d’une fleur, a pris le pouvoir, avant qu’Allen Ginzberg n’invente son slogan « Flower Power", avant que la fameuse photo de Bernie Boston symbolisant l’opposition à la guerre du Vietnam ne fasse le tour du monde… Claude Roy, Alain Le Foll et Robert Delpire ont fait du livre pour enfant un outil poétique de contestation, en rêvant d’un monde où la nature et surtout les fleurs, l’imagination et le rire auraient la première place, « un rire qui chatouille le ciel et fait rire à son tour le soleil. Ça, c’est le bouquet ».

A bon chat, bon rat

56Troisième titre que je voudrais évoquer, très brièvement comme je l’avais annoncé : A bon chat bon rat qui a connu deux éditions, une première comme cinquième titre de la collection Actibom, une seconde parue en supplément « spécial enfants » dans Le Nouvel Observateur de décembre 1977.

Ce journal-là, il est pour toi et pas pour tes parents. C’est le premier « Petit Observateur ». Comme tu peux le voir, il est grand…

Ce numéro spécial [est-il précisé] a été réalisé par Robert Delpire avec la collaboration d’Alain Le Foll et Robert Sadoux. Les textes librement inspirés des Fables de La Fontaine sont de Bernard Noël. Les illustrations sont de Jean-Ignace-Isidore Grandville.

La couverture et la page de titre de l’édition Nouvel Observateur

La couverture et la page de titre de l’édition Nouvel Observateur

Avec l’aimable autorisation de Robert Delpire.

57Ici encore, Robert Delpire apparaît comme un créateur à part entière.

58Il y a d’abord ce très très grand format, celui de la collection Actibom.

59Il y a la mise à portée de l’enfant du patrimoine graphique. Les enfants découvrent ici les extraordinaires gravures de Grandville. L’agrandissement aide à voir l’intelligence de la mise en scène, et la façon dont l’artiste traite l’animal en l’« hybridant ». Je me tairai à son sujet, pour en parler, il faut le talent et l’érudition d’Annie Renonciat.

60Et troisième point, l’album à colorier. Fin des années soixante, début des années soixante-dix, l’album à colorier a mauvaise réputation. On préfère à l’époque l’anticoloriage qui permettrait davantage de liberté et de spontanéité. La démarche de Robert Delpire n’annonce-t-elle pas celle d’artistes contemporains qui proposeront aux jeunes de colorier à partir de leurs dessins, je pense ici à Andy Warhol, à Jean-Pierre Raynaud, à Gilbert et Georges, à Claude Vialat, à Combas…

61Enfin, il y a l’écrivain qui détourne à sa façon les fables de La Fontaine. L’écriture de Bernard Noël rivalise avec le Maître qui l’inspira. Même sens du dialogue. Ironie dans la mise en place de la situation et du déroulement de l’action. Jeu sur la référence et perturbation dans la prévisibilté. Préciosité dans la recherche du vocabulaire et dans certaines tournures de phrase quelquefois archaïsantes. Bref du grand art… de la Littérature.

62Pour clôturer mon exposé qui se passe de conclusions, tant elles sont évidentes, je vous invite à lire Le Lièvre et la Tortue :

Du cent mètres au marathon,
monsieur du Lièvre était si grand champion
qu’une charrette aurait suffi à peine à porter ses décorations.
Un jour, après avoir donné maints autographes et maints discours,
Il se reposait à l’ombre d’une tour
Quand vint à passer sur la route
Une tortue de grande taille.
Elle l’accosta l’air balourd :

Monsieur du Lièvre, je vous cherchais pour un pari
pour une bataille, une course enfin pour tout dire.

Avec qui ? demanda du Lièvre.

Avec moi, grinça la mégère.
On dit que vous êtes champion
et moi, j’ai parié que non.

Bien, où courrons-nous ?

D’ici à là, dit-elle en désignant deux bornes hectométriques.
Nous partirons à votre volonté.

Monsieur du Lièvre fit Ouf, et la tortue démarra aussitôt,
Trottinant le long de la banquette
Et faisant craquer brindilles et branchettes
Sous le lourd poids de sa maison.

Le lièvre la regardait
se dandiner et soulever de la poussière
Tout en songeant à la très vieille histoire :
« Rien ne sert de courir, il faut partir à point. »
Soudain, il fit trois pas de loup
Et rattrapa, tout doux, tout doux,
la si trottinante commère
qui, toute à son travail,
ne l’entendit ni venir ni grimper sur son dos.

Ainsi monté, du Lièvre attendit très patiemment la fin,
et quand dame Tortue, sûre d’avoir gagné selon la tradition,
posa son nez sur l’arrivée,
lui-même, juste à la perpendiculaire,
Avait déjà bien avancé le sien, cependant qu’il criait :

Nez à nez , nous sommes à égalité.

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Anmerkungen

1 « L’enfant et les images d’album, de 1950 à nos jours », dans Regards sur le livre et la lecture des jeunes. La Joie par les Livres a 40 ans !, Actes du colloque organisé les 29 et 30 septembre 2005, La Joie par les Livres, 2006, p. 31-46.

2 Sophie Van Der Linden, Annick Lorant-Jolly (dir.), Images des livres pour la jeunesse : lire et analyser, Thierry Magnier / CRDP de Créteil, 2006.

3 François Vié, « Les années 1950-1980, ou quand les images refusent d’être sages », dans Schau genau ! Variationen im Bilderbuch, 1950-2000, Regarde ! Variations autour de l’image 1950-2000, Look twice ! Variations in picture books 1950-2000, Katalog zur Ausstellung des Schweizerischen Institüts für Kinder- und Jugendmedien, Zürich, 2002.

4 Voir illustration infra.

5 Michel Defourny, « The contribution of Jeanne Cappe to the Revue Littérature de jeunesse (1949-1955 /1976 ) », dans Religion Children’s Literature and Modernity in Western Europe 1750-2000, Leuven University Press, Leuven, 2005.

6 Annick Duvillaret, « Alain Le Foll », dans Images à la page, Une histoire de l’image dans les livres pour enfants, Paris, 1984.

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Abbildungsverzeichnis

Titel Les Larmes de Crocodile, édition de 1967, recto
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Titel Les Larmes de Crocodile, édition de 1967, verso
Abbildungsnachweis Avec l’aimable autorisation de Robert Delpire.
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Titel Couverture des Larmes de crocodile dans la collection « Actibom », 1967
Abbildungsnachweis Avec l’aimable autorisation de Robert Delpire. 
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Titel Page de titre de l’édition Actibom
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Titel « Le Nil, les hérons et les papyrus… »
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Titel « La salle de bains… »
Abbildungsnachweis Avec l’aimable autorisation de Robert Delpire.
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Titel « Il a le nez long… »
Abbildungsnachweis Avec l’aimable autorisation de Robert Delpire.
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Datei image/jpeg, 72k
Titel Édition 2007 des Larmes de crocodile en collection Folio Benjamin (Gallimard)
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Titel Boitage (face et dos) de l’édition Delpire de 2004
Abbildungsnachweis Avec l’aimable autorisation de Robert Delpire.
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Titel Couverture de l’édition de 1952 des Lettres des îles Baladar (Gallimard)
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Titel Page de titre intérieur
Abbildungsnachweis Avec l’aimable autorisation de Robert Delpire.
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Titel Information visuelle et information textuelle
Abbildungsnachweis Avec l’aimable autorisation de Robert Delpire.
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Titel Publicité dessinée par Alain Le Foll pour le vernis à ongles Cutex
Abbildungsnachweis Cette publicité nous a été communiquée par Madame Joséphine Le Foll, fille d’Alain Le Foll. Nous l’en remercions chaleureusement.
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Titel Couverture, dépliée, de C’est le bouquet
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Titel Janice May Udry, Marc Simont, A tree is nice, HarperColins, 1956.
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Titel Thelma Volkman Delabesse, Sylvie Selig pour Le petit arbre, Tisné, 1967.
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Titel Double-page de titre
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Titel Double-page centrale
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Titel Double-page 12-13
Abbildungsnachweis Avec l’aimable autorisation de Robert Delpire et de Joséphine Le Foll.
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Titel Double-page 14-15
Abbildungsnachweis Avec l’aimable autorisation de Robert Delpire et de Joséphine Le Foll.
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Titel Exemple de mise en page des différents niveaux de texte
Abbildungsnachweis Avec l’aimable autorisation de Robert Delpire et de Joséphine Le Foll.
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Titel La couverture et la page de titre de l’édition Nouvel Observateur
Abbildungsnachweis Avec l’aimable autorisation de Robert Delpire.
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Zitierempfehlung

Online-Version

Michel Defourny, „Trois albums emblématiques“Strenæ [Online], 1 | 2010, Online erschienen am: 14 Juni 2010, abgerufen am 12 Dezember 2024. URL: http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/strenae/77; DOI: https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/strenae.77

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Autor

Michel Defourny

Maître de conférences à l’université de Liège

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