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Comptes rendus

Marie-Emmanuelle Plagnol-Diéval, Nicolas Brucker, Patricia Ehl, Valentina Ponzetto et Charlotte Simonin (dir.), L’enfant rêvé. Anthologie des théâtres d’éducation du xviiie siècle

Isabelle Nières-Chevrel
Référence(s) :

Marie-Emmanuelle Plagnol-Diéval, Nicolas Brucker, Patricia Ehl, Valentina Ponzetto et Charlotte Simonin (dir.), L’enfant rêvé. Anthologie des théâtres d’éducation du xviiie siècle, vols I et II, Paris, Classiques Garnier, 2022, 1856 p.

Texte intégral

1S’il paraît exclu de rendre compte, pièce après pièce, d’une entreprise éditoriale collective d’une telle ampleur, il peut être utile, en partant de la table des matières de ces deux gros volumes, de souligner l’importance de ce « théâtre d’éducation » qui fut écrit pour la jeunesse et joué par elle au xviiie siècle : éducation de la mémoire des jeunes acteurs, maintien de leur corps et de leur gestuelle, éducation de leur élocution, voire pratique de la parole chantée.

2On trouve dans le premier volume, Grégoire, une comédie de P. de Cerceau de la Compagnie de Jésus, Crésus, une « tragédie, jouée lors des fêtes en l’an 1705 », Benjamin ou Reconnaissance de Joseph, « tragédie chrétienne en trois actes et en vers, qui peut se représenter par tous les collèges, communautés et maisons bourgeoises », mais aussi une comédie, Pézophile ou Le joueur, dont voici l’argument : « Un jeune homme privé de ses parents, devenu avec l’âge maître de ses droits, adonné au jeu sans qu’aucun remède ait pu le guérir, après avoir dilapidé les biens de son père, est déshérité par son oncle, il est pour la jeunesse un exemple qui montre combien est dommageable la passion du jeu ». Il serait évidemment intéressant de confronter ce texte avec celui du Joueur, la comédie de Jean-François Regnard qui fut représentée pour la première fois à Paris le 19 décembre 1696. Suit une comédie en un acte, L’ignorant présomptueux de Mme de Graffigny ; une fois encore, le titre est là pour faire sens. Suit Le dissipateur de Nicolas Papillon du Rivet, qui est précédé d’une présentation d’une vingtaine de pages, puis trois « Proverbes » d’Alexandre-Guillaume de Moissy, La poupée, Les revenants, La petite vérole et Le sacrifice d’Abraham, « Poème dramatique » (1699) de Villemain d’Abancourt, ferme ce premier volume.

3Le second volume s’ouvre sur La bonne mère de Mme de Laisse, « Proverbe, mêlé d’ariettes ». Suivent Le fils reconnaissant (1783), comédie en un acte de Mme Marie-Élisabeth Boué de La Fite, puis La vanité corrigée, « demi-drame en un acte » de Jean-Paul-André de Razins de Saint-Marc, et trois pièces de la comtesse de Genlis, Agar dans le désert (comédie en prose et en un acte, 1776) et deux comédies en un acte, La colombe et La marchande de modes (1779). Les trois pièces suivantes sont traduites par Arnaud Berquin : Le petit joueur de violon, drame en un acte, emprunté à Christian Felix Weisse, que Berquin traduisit et publia en janvier 1782 dans L’ami des enfants ; puis Le congé, drame en un acte, traduit de « Der Abschied » de Weisse que celui-ci avait initialement publié en 1778 dans son périodique Der Kinderfreund, enfin Charles Second, un drame en cinq actes, imité de M. Stéphanie, que Berquin publia dans L’ami de l’adolescence, ce périodique qu’il lança en septembre 1784... mais qui cessa de paraître dès le mois d’août 1785.

4On est plus nettement dans le domaine du théâtre avec une présentation étoffée de Charles-Georges-Thomas Garnier – dont le nom est resté connu pour désigner l’Opéra de Paris – et l’édition d’un de ses drames en un acte, sous le titre La bourse de Louis. Un « malentendu » sur une bourse (donnée ou dérobée ?) permet de mettre en scène – et en mots – le parler prêté à un jardinier et à son fils, en l’opposant à celui du marquis et du gouverneur de son fils. Tout rentrera en ordre : « Paix, Rustaut. Votre fils n’a point fait de bassesse. » Le marquis garde néanmoins le mot de la fin : « Qu’il est doux d’être père d’un fils heureusement né. » (p. 1499)

5La pièce suivante, que signe Pierre Jean-Baptiste Nougaret, est une pièce en trois actes, écrite en alexandrins et titrée Simphorien, tragédie chrétienne. Il semble qu’elle fut jouée en 1763 dans un collège près de Besançon et « représentée en province » en 1764... à moins qu’il ne s’agisse de la seule et unique représentation de cette pièce. Les traces semblent en être minces.

6Nous nous retrouvons en terrain plus familier avec la pièce suivante, titrée Gulliver chez les Liliputiens, comédie, en un acte, en prose, qui fut publiée en 1789. Quelle belle idée d’avoir introduit dans ce volume « la production théâtrale de Nougaret qui consistait en petites comédies écrites pour les théâtres de marionnettes ou pour des théâtres d’enfants-acteurs, tels que L’Ambigu-Comique de Nicolas Audinot » (p. 1579).

7Éditrice de ce gros volume, Marie-Emmanuel Plagnol-Diéval fait une petite place à un professeur lettré, Jean Roger d’Orléans, qui « cultivait la littérature et la poésie » et qui fut l’éditeur de trois pièces de théâtre pour l’enfance, « Le mauvais fils, Les trois bossus ou le mauvais frère, La bourse magique ou Bon cœur mieux vaut que richesse, drame féérique en 1 acte » (p. 1613) et qui participa à de nombreux recueils d’Étrennes dont il remanie chaque année le titre. Après avoir dressé sa bibliographie, Marie-Emmanuelle Plagnol-Diéval publie une de ses pièces, Le mauvais fils (p. 1629-1649) qu’elle qualifie de drame « gothico-bourgeois » (p. 1622). Andréane Audy-Trottier présente et édite Cécilia, ou La pension de Londres (p. 1651-1713). Pour clore cette entreprise collective, le volume se fait anthologie et il donne à lire deux pièces de l’époque, Le jeune héros du Champ-de-Mars ou le triomphe de l’amour filial (p. 1717-1755) et L’école de L’humanité de Louis-François Jauffret (p. 1757-1801).

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Pour citer cet article

Référence électronique

Isabelle Nières-Chevrel, « Marie-Emmanuelle Plagnol-Diéval, Nicolas Brucker, Patricia Ehl, Valentina Ponzetto et Charlotte Simonin (dir.), L’enfant rêvé. Anthologie des théâtres d’éducation du xviiie siècle »Strenæ [En ligne], 24 | 2024, mis en ligne le 01 septembre 2024, consulté le 06 décembre 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/strenae/11079 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/12evl

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Auteur

Isabelle Nières-Chevrel

Université Rennes 2

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