Présentation des archives du Père Castor — Maison du Père Castor à Meuzac
Plan
Notes de la rédaction
Au lancement de l’appel à contributions pour ce numéro, Anaïs Charles, chargée de la conservation et de la mise en valeur des Archives du Père Castor, a rédigé ce texte précis détaillant la composition de ces fonds, et mettant en valeur leur intérêt pour la recherche. Le texte a été publié en même temps que l’appel, sur le Magasin des Enfants (https://magasindesenfants.hypotheses.org/12304). La rédaction de Strenæ a souhaité le republier ici, afin qu’il soit réuni avec les articles du dossier thématique. Son intérêt est en effet loin d’avoir été épuisé.
Texte intégral
La Maison du Père Castor
- 1 Fonds Paul Faucher 1 J 1 à 1 J 1165, pour un total de 205 boîtes. Fonds François Faucher 2 J A à 2 (...)
1Les archives éditoriales des « Albums du Père Castor » sont conservées à Meuzac (87), en pleine campagne limousine. Niché dans un vaste parc arboré bordant un étang, ce fonds est composé de plus 77 mètres linéaires d’archives1 comportant des correspondances, des dossiers de fabrication, des maquettes mais également des éléments comptables et administratifs, auxquels s’ajoutent de très nombreux albums, jeux et dessins originaux.
- 2 Voir annexe sur la collection « Roman des bêtes » en fin d’article.
2La présence de ces archives en milieu rural, dans un environnement en prise avec la nature, résonne avec la production de ces albums pour l’enfance et la jeunesse dont la série emblématique le « Roman des bêtes2 » donne à voir les animaux sauvages dans leur milieu naturel.
3Issu d’un don de François Faucher en 2005, ce fonds est à l’origine d’un équipement intercommunal pluriel, à la fois archives, médiathèque, et parcours nature. Inaugurée en 2006, la Maison du Père Castor est implantée à une centaine de mètres de la maison où Paul Faucher, sa famille et une partie de ses collaborateurs se sont réfugiés un temps durant la Seconde Guerre mondiale.
- 3 Un lien évident pour François Faucher, mais qui est également présent pour Paul Faucher. Lettre de (...)
4Paul Faucher, le créateur des « Albums du Père Castor », est originaire de la Nièvre, mais il se rendait régulièrement dans cette propriété en Limousin qui appartenait à son père, comportant un moulin et un ancien logis de forge qui donne son nom à ce lieu-dit bordant Meuzac. Forgeneuve, c’est ainsi que Paul Faucher appelle également l’atelier d’outillage pédagogique qu’il ouvre en 1946 alors qu’il a renoué avec la vie parisienne. La localisation des archives matérialise donc le lien d’affection qui unissait Paul et François Faucher à ce territoire3 dont les paysages ont notamment inspiré les illustrations de Plouf le canard sauvage (1935).
Une collection qui s’étend au-delà des archives éditoriales des « Albums du Père Castor »
Un fonds d’archives inscrit au registre Mémoire du monde de l’UNESCO
5Quelques années après le don des archives, François Faucher, aidé de plusieurs spécialistes du Père Castor dont Michel Defourny, entreprend des démarches pour que les Archives du Père Castor puissent être inscrites au registre Mémoire du Monde de l’UNESCO (un programme de protection du patrimoine documentaire et archivistique international qui dénombre près de 500 inscriptions depuis 1992). Cette demande est accueillie favorablement en 2017 en raison de la provenance directe de ce fonds, de son exhaustivité remarquable et surtout de son caractère représentatif de l’évolution de la littérature pour l’enfance et la jeunesse dans le contexte de l’Éducation nouvelle.
Une porte ouverte sur le caractère collégial de l’activité éditoriale des « Albums du Père Castor »
- 4 Triées, classées, conditionnées et inventoriées pour l’essentiel.
6Cette démarche de labellisation a entériné le choix d’un classement distinguant le fonds Paul Faucher et le fonds François Faucher, bien qu’ils soient tous deux issus d’un même don. La mise en ordre des archives4 rend possible l’appréhension de l’ensemble de l’activité éditoriale du Père Castor entre 1931 et 1996, notamment grâce au classement chronologique par dossier de fabrication et aux correspondances par auteur. Si ce plan de classement ne permet pas toujours de mettre en lumière le rôle de certain·e·s collaborateur·rice·s du Père Castor, la réalité des archives offre de nombreux matériaux aux chercheur·euse·s s’intéressant au caractère collégial de la fabrication des albums.
7Outre cette focalisation sur la fabrique éditoriale, le fonds Paul Faucher est également une ressource dans les domaines de l’Éducation nouvelle et de la pédagogie.
Un fonds qui rassemble l’ensemble des activités pédagogiques, littéraires et éditoriales de Paul Faucher
8Dès les années 1920, soit plus de dix ans avant la naissance des « Albums du Père Castor », Paul Faucher commence à consigner ses archives car il est conscient du travail qu’il est en train d’accomplir. Le fonds d’archive qui porte son nom n’est donc pas uniquement centré sur son activité dans le domaine de l’édition jeunesse. Il comprend également des documents relatifs à sa fréquentation des milieux internationalistes, à son appétence pour les recherches de pédagogues venus d’horizons culturels divers et à ses activités littéraires.
- 5 Les Décades de Pontigny étaient des réunions intellectuelles animées par Paul Desjardins, professeu (...)
- 6 Paul Faucher est rédacteur en chef de la page « Enfance » dans les Nouvelles littéraires. Dossiers (...)
- 7 Paul Faucher est l’un des cofondateurs du Bureau français d’éducation (BFE). Créé le 23 septembre 1 (...)
- 8 La collection « Éducation », publiée de 1928 à 1938 par les éditions Flammarion, Paris, était dirig (...)
- 9 Collaboration avec le Syndicat national des institutrices et instituteurs publics de France et des (...)
- 10 Le graphiste Pierre Faucheux commence sa vie professionnelle en 1942 auprès de Paul Faucher pour le (...)
- 11 Mireille Nelly Roussel, dite Mireille Godet (1900-1987) est une autrice française. Fille de la pens (...)
9Ces dossiers sont en lien avec la participation de Paul Faucher aux Décades de Pontigny5, à ses publications pour la page « Enfance » des Nouvelles littéraires6, à ses activités au sein du Bureau français d’éducation (BFE7) puis du Groupe français d’Éducation nouvelle (GFEN), mais également à la collection « Éducation8 » dont il dirige la publication aux éditions Flammarion, ainsi qu’à un catalogue anticipé d’une librairie pour la jeunesse9. Ce dernier retrace le parcours intellectuel et matériel qui a rendu possible la création des « Albums du Père Castor ». Les proximités et surtout les écarts entre les attendus de ce catalogue anticipé et la réalité de la ligne éditoriale concrètement mise en place par Paul Faucher au sein des éditions Flammarion reste encore à étudier. Cette comparaison constitue un point d’ancrage possible pour des réflexions sur le rôle joué par les rencontres, les talents et les envies de celles et ceux (auteur·rice·s, illustrateur·rice·s, pédagogues, graphistes10, archivistes, secrétaires11, collaborateur·rice·s, libraires, etc.) qui ont contribué à façonner non seulement l’image, mais aussi le contenu des « Albums du Père Castor » et ont permis leur diffusion.
- 12 Voir annexe sur Ludmila Durdiková en fin d’article.
10Le fonds Paul Faucher englobe également les archives de son épouse, Ludmila Durdiková (dite Lida) et le complément Ladislav Havránek. Les archives de Ludmila Durdiková12 retracent son parcours littéraire des années 1920 à sa mort en 1955, elles contiennent de nombreux textes publiés et inédits en français ou en tchèque.
- 13 Alice Knoppova, Les illustrateurs tchèques aux éditions du Père Castor, mémoire de master sous la d (...)
- 14 Voir annexe sur František Bakulé en fin d’article.
- 15 Voir annexe sur Ladislav Havránek en fin d’article.
11Lida a joué un rôle de premier plan13 dans les collaborations entre les « Albums du Père Castor » et les pédagogues tchèques František Bakule de l’institut Bakule14, Ferdinand Krch et Ladislav Havránek de l’école Vselisy15, raison pour laquelle les archives du pédagogue Ladislav Havránek remises par Honza Kasik à François Faucher en 2015 ont été ajoutées en complément du fonds Paul Faucher.
Des publications qui n’ont jamais cessé de dire le monde et de le représenter
12Si les « Albums du Père Castor » et leurs archives sont le plus souvent étudiés sous l’angle de la pédagogie, de l’Éducation nouvelle et de la littérature pour l’enfance et la jeunesse, leurs contenus ont des porosités avec de nombreux champs de recherche.
- 16 Christophe Meunier, « Et si le Père Castor avait voulu sauver le monde ? Du discours sur la diversi (...)
13Les albums publiés sous la direction de Paul Faucher entre 1931 et 1967 sont marqués par un ancrage dans le réel où l’ambition de répondre au besoin de vérité des enfants se conjugue à une exigence pédagogique. Ainsi, les albums n’ont jamais cessé de représenter le monde passé et contemporain. En mots et en images ils disent quelque chose des métiers, des pratiques sociales, de l’enfance, de la vie de famille, de la géographie ou de l’histoire. Ils sont nourris par une mise en scène du rapport aux objets, aux animaux, à la nature, au progrès, aux folklores ou différences culturelles. Une diversité des sujets et des façons de les traiter qui trouvent un point d’orgue dans la collaboration des illustrateur·rice·s et des auteur·rice·s venus des quatre coins du monde (russes, allemands, polonais, tchèques, hollandais, indiens, suédois, belges et français)16. Pourtant, en dépit de la multiplication des contributeur·rice·s, la pluralité des horizons culturels tend à disparaitre ou à être lissée derrière la bannière « Père Castor ». Un phénomène qui a peut-être été amplifié par une stratégie publicitaire s’amusant à dépeindre les « Albums du Père Castor » dans les illustrations, soulignant ainsi la capacité à faire monde de cette œuvre éditoriale. Une pratique qui reste à mettre en perspective au sein des politiques éditoriales et de l’évolution de l’activité du Père Castor.
Une production éditoriale au carrefour des cultures
- 17 Pierre Belvès (1909-1994) est un auteur et illustrateur français. Il rencontre Paul Faucher en 1928 (...)
- 18 Voir annexe sur la collection « Enfants de la terre » en fin d’article.
14Au sein de cet appareil intellectuel et commercial, les frontières entre discours hégémoniques et représentations des différentes cultures se brouillent. L’abondance des figurations de « l’autre », de « l’ailleurs » et des identités régionales interroge et se décline en différentes approches. Des jeux tout d’abord, avec des albums tels que Je fais mes Masque (Nathalie Parain, 1931) et Chacun sa maison (Alexandre Chemetov dit Chem, Marguerite-Marie Deffontaines dite Guite Deffontaines, Paul Faucher, 1933), des coloriages conçus par Pierre Belvès17 ensuite, et enfin des contes, des fictions, des récits à caractère documentaire notamment avec la collection « Enfants de la terre18 ».
- 19 Dossier de fabrication Mangazou, le petit pygmée, 1 J 685, archives, Maison du Père Castor, Meuzac. (...)
15Ces parutions sont l’occasion de faire contribuer aux albums des personnalités a priori extérieures à l’univers de la littérature pour l’enfance et la jeunesse tels que l’explorateur et ethnologue Paul-Émile Victor ou le spécialiste des danses traditionnelles Jean-Michel Guilcher. Cette collection centrée sur le quotidien d’un enfant – sa maison, sa famille, les paysages qui l’entourent, ce qu’il mange et ce qu’il vit – pose son regard tant sur des populations extra-occidentales qu’européennes. Comme l’a souligné l’exposition Le magasin des petits explorateurs19, cette ethnologie à hauteur d’enfant renouvelle l’approche de l’« autre » et du récit des confins, mais elle est façonnée par les collectes des missions ethnographiques qui portent parfois l’empreinte des politiques coloniales.
- 20 La Joie par les livres a organisé le 16 mai 2002 une journée d’étude dédiée à Pierre Belvès. Les in (...)
- 21 Correspondance Jean-Michel Guilcher, 1 J 381, archives, Maison du Père Castor, Meuzac.
- 22 Correspondance Édouard Bourdelle (professeur au Muséum d'histoire naturelle de Paris, 1936-1940), C (...)
- 23 Voir annexe sur la collection « Le montreur d’images » en fin d’article.
- 24 J. Bondaz (dir.), Le Magasin des petits explorateurs, op. cit., p. 312-327.
16Le folklore et la valorisation de ce qui pourrait constituer une identité régionale sont également portés par plusieurs types de publications. L’esthétique des illustrations de Pierre Belvès20, puisant aux sources de l’art populaire et des arts décoratifs traditionnels, constitue dans ce domaine un apport peu étudié. De même, Jean-Michel Guilcher21 peut apparaître comme le collaborateur qui a le plus participé à la diffusion du folklore et du regard ethnographique au sein des « Albums du Père Castor ». Ce dernier, membre de l’atelier d’outillage pédagogique et de l’équipe de l’école du Père Castor est un contributeur essentiel des albums après la Seconde Guerre mondiale. Certains de ses ouvrages parus quelques années avant son entrée au CNRS (1955), tels que Dix danses et Jeux dansés seront particulièrement appréciés des Centres d’entraînement aux méthodes d’éducation active (CEMéA). Il s’agit d’une œuvre de vulgarisation qui s’appuie sur des échanges avec la communauté des chercheurs et des institutions telles que le Muséum d’histoire naturelle22 pour la documentation de la collection « Montreur d’images23 » et le Musée de l’Homme24 pour « Enfants de la terre ».
- 25 C. Meunier, « Et si le Père Castor avait voulu sauver le monde ? », op. cit. Michèle Piquard, « Les (...)
17Outre son regard sur les peuples et les coutumes, la collection « Enfants de la terre » propose une iconographie des territoires qui s’accompagne parfois de cartes dont l’analyse a donné lieu à plusieurs études25 et qui pourraient bénéficier d’une approche géocritique.
- 26 Avec des albums comme Joselito (Albertine Deletaille, 1970), Fleur de béton (Mireille Gansel, M. To (...)
18Sous la direction de François Faucher, la dimension ethnographique cède la place à un regard sociologique ou social26. Le rapport au folklore, bien que présent, se fait plus discret. Dans les années 1970, il innove en proposant des traductions en langues régionales de plusieurs contes et albums qui ont fait le succès du Père Castor.
Des albums à l’écoute de la nature, du réel et du progrès
- 27 Paul Faucher, La mission éducative des Albums du Père Castor, conférence de Girenbad de 1957, Meuza (...)
- 28 Michel Defourny, « Le merveilleux de la nature, la poésie du réel », La Revue des livres pour les e (...)
19« Le merveilleux de la nature, la poésie du réel27 », voici ce que serait le projet des « Albums du Père Castor » d’après Paul Faucher. Une citation qui a déjà fait couler beaucoup d’encre28, mais dont la référence au réel reste pour partie à caractériser. Du début des années 1930 à la seconde moitié des années 1950, le réalisme littéraire et pictural constitue un courant dominant, préempté par différentes tendances idéologiques. L’approche du réel et du réalisme dans les Albums peut être précisée dans ce contexte polyphonique.
20En pratique « le merveilleux de la nature » est tout particulièrement incarné par la collection « Roman des bêtes ». Dans ces livres, la parole poétique de Lida Durdiková ondule çà et là sur la page tandis que le bruissement gestuel des illustrations de Rojan (Feodor Rojankovsky) renforce l’appréhension sensorielle de l’album. La façon dont il figure les animaux et la nature allie un naturalisme des postures ou des attitudes à une radicalité esthétique qui s’exprime notamment par son éloignement de la couleur locale ou par la façon dont il signifie l’eau ou les rayons du soleil.
21Dans le « Roman des bêtes » les aventures des animaux ouvrent sur le monde sauvage, une façon d’intéresser les enfants à la vie des animaux non domestiqués qui les invite à sortir et à observer ou à nourrir leur soif de connaissance. Cette production pourrait aujourd’hui faire l’objet d’une relecture écocritique ou d’une analyse à l’aune des nouvelles sensibilités au vivant développées en philosophie comme en esthétique. Des approches qui pourraient notamment être nourries par les nombreuses rédactions d’enfants qui enrichissent le dossier de fabrication de l’album Vigie la marmotte conservé aux archives de la Maison du Père Castor.
- 29 Voir annexe sur Alexandra Exter en fin d’article.
22Au-delà de la représentation de la nature, les paysages sont très présents dans les albums. S’ils semblent n’être parfois qu’une toile de fond, ils dépeignent bien souvent les villes et les campagnes, les forêts, les montagnes et littoraux, les villes et villages avec beaucoup de précision. Les majestueux Panoramas d’Alexandra Exter29, initialement vendus sous forme leporello, se déplient. Sortes de mondes en raccourci, ils mettent en image un continuum de la vie de la nature et des activités humaines. Les progrès techniques des paquebots, des lignes à haute tension, des viaducs et des barrages cohabitent avec les activités traditionnelles de l’élevage et du marais salant, ils appartiennent au même espace que les vagues indociles et les landes ensauvagées.
23La représentation de ces progrès, de cette actualité du monde dans lequel vivent les lecteurs du Père Castor, constitue un enjeu pour les albums comme pour l’Imagier dont les images et les mots n’ont cessé d’être réactualisés.
Une collection qui contribue à l’élaboration moderne de la forme album et explore de nouveaux genres
24Les couvertures souples manipulables par les enfants, l’approche esthétique du livre, mais aussi le choix de typographies aisément lisibles, font partie des éléments qui ont contribué à faire des « Albums du Père Castor » un acteur prépondérant de la diffusion de la forme « album » en France.
25Au-delà de cet apport, plusieurs publications et collections du Père Castor ont également cherché à innover par leur contenu, leur approche de la forme ou du support, ainsi qu’en donnant naissance à des productions empruntant à des genres littéraires multiples. L’approche documentaire se décline à travers plusieurs collections destinées à différents publics dont les sujets, l’iconographie et les textes ne répondent pas à la même ligne éditoriale. Cette démarche documentaire traverse le projet éditorial de Paul Faucher dont le catalogue anticipé d’une librairie pour la jeunesse témoignait déjà d’une visée encyclopédiste. Une forme documentaire largement réinterprétée et déclinée au gré des différentes politiques éditoriales. Elle se poursuit également sous la direction de François Faucher, en particulier à travers la publication de la « Bibliothèque de l’univers » qui contribue à la diffusion française de l’œuvre d’Isaac Asimov.
- 30 Par exemple Christian Broutin, illustration originale pour Les comètes ont-elles tué les dinosaures (...)
26Par ailleurs, l’exploration des supports et des forme-sens contemporaines s’est manifestée en de multiples publications, que ce soit à travers la représentation des moyens de communication dans les albums, la création de l’Imagier électronique pour ordinateurs, l’intégration de formes graphiques issues de la bande dessinée dans l’album jeunesse, la production d’albums-disque ou encore le rapport au photographique suggéré par le maxi réalisme des illustrations de Christian Broutin30.
Un contexte de création et de diffusion des « Albums du Père Castor » au carrefour des problématiques de circulation, de transferts culturels et de traduction
- 31 Sur les liens avec les militants de la méthode Montessori, voir annexe en fin d’article.
- 32 Par exemple, correspondance Jean Dupertuis (directeur d’une école de plein air à Villars en Suisse) (...)
- 33 Paul Faucher entretient notamment une correspondance avec Henri Lefèvre, commissaire national des É (...)
- 34 Mouvement des Auberges de jeunesse dont fait notamment partie l’autrice Marie Colmont.
27La densité des correspondances conservées aux archives de la Maison du Père Castor atteste des ramifications sociales et intellectuelles qu’avait su tisser Paul Faucher dès les années 1920. Les acteurs de l’Éducation nouvelle et des mouvements de jeunesse avec lesquels il échange tout au long de sa vie viennent de différents horizons géographiques et conceptuels. Des montessorien·ne·s31, des partisan·es d’une approche psychologique, des libertaires, des acteur·rice·s de l’école de plein-air32, des scouts33, des ajistes34, des directeur·rice·s de jardins d’enfants, de foyers, d’écoles, de colonies de vacances, etc. font partie de ses correspondants.
28Paul Faucher continue à porter le message d’une éducation nouvelle internationaliste et pacifiste, pendant et après la Seconde Guerre mondiale. Durant les années de belligérance, les « Albums du Père Castor » sont publiés à un rythme ralenti alors que Paul Faucher met à profit sa retraite forcée en Limousin pour affuter ses objectifs.
- 35 Sur les « Maisons des jeunes et atelier d’outillage pédagogique », voir annexe en fin d’article.
- 36 Par exemple Vera Braun (Victorine Leblond) qui vient à Meuzac pendant la guerre pour la réalisation (...)
- 37 Pierre Boutan, « Vichy et l’éducation nouvelle : Jean Baucomont et le bulletin national de l’enseig (...)
- 38 Catherine Milkovitch-Rioux, Catherine Songoulashvili, Claudine Hervouet, Jacques Vidal-Naquet (dir. (...)
29En janvier 1941, il crée à Meuzac une Maison des jeunes35 à l’existence éphémère. Parmi ses proches et ses collaborateur·rice·s se trouvent aussi bien des Juifs qui mènent une vie retranchée36 que des personnes qui prendront part au projet pédagogique de Vichy, tel que Jean Baucomont37. Des destinées qui restent pour beaucoup à retracer et à mettre en perspective avec une histoire de l’édition jeunesse sous l’Occupation qui n’a pour l’instant été qu’esquissée38.
- 39 Voir annexe « Maisons des jeunes et atelier d’outillage pédagogique » en fin d’article.
30Après la Seconde Guerre mondiale, Paul Faucher et ses proches collaborateurs se concentrent sur la création de l’atelier d’outillage pédagogique39 puis de l’école du Père Castor. Les albums qui sont publiés en 1946 et 1947 sont pour l’essentiel des créations de Pierre Belvès conçues pendant la guerre, qui font la part belle aux arts et traditions populaires. Ce réservoir de publications permet à l’atelier du Père Castor, qui voit le jour en 1946, de travailler aux futures collections et publications.
- 40 Correspondance May (Institutrice à Fourg, Doubs), 1955, 1 J 259. Madame May demande des spécimens p (...)
- 41 Une tendance observable dans les dossiers de correspondances généraux, 1 J 175 à 1 J 306, archives, (...)
- 42 Correspondance Y. Martin (maîtresse de classe d’application, École maternelle Poutrin, Saint-Brieuc (...)
- 43 Correspondance Mery (Directrice d'école maternelle d'application à Nantes, 1955-1960, 11 p.), 1 J 2 (...)
31Peu à peu, certaines revendications portées par l’Éducation nouvelle se fraient un chemin. En France, la loi Barangé40, promulguée en 1951, contribue à améliorer l’équipement des écoles publiques et à les doter de moyens. Des subsides qui seront notamment mis à profit par nombre d’équipes enseignantes pour l’acquisition de livres, un phénomène qui a probablement contribué à la diffusion des « Albums du Père Castor » dans les écoles maternelles et les classes de primaire. Si dès les années 1930 Paul Faucher reçoit des retours des inspecteurs généraux des écoles maternelles et du primaire à propos des Albums, le nombre de courriers qu’il reçoit de la part des enseignant·e·s s’intensifie après la Seconde Guerre mondiale41. Dans ces lettres se trouvent des retours d’expérience, des appréciations des albums, mais aussi des commandes, des demandes de spécimens et des appels à la générosité du Père Castor pour le don de livres de prix ou de lots pour les kermesses. S’ajoutent également des demandes de prêt de livres pour des exposition temporaires42 de presse enfantine ainsi que des demandes de dons pour les expositions permanentes de matériel et de documentation destinée aux normalien·ne·s43.
- 44 Atelier du Père Castor – Dépôt de marque « Père Castor », 1 J 120, archives, Maison du Père Castor, (...)
32C’est dans ce contexte que l’atelier entreprend des démarches pour déposer la marque Père Castor44 (1954) et breveter certaines de leurs créations telles que l’Imagier.
- 45 Correspondance Paul Hazard (1929-1935), 1 J 385 ; Correspondance Paul Hazard (1938-1951), 1 J 850, (...)
33Outre cette réception française, les Albums ont été traduits dans plus de 25 pays, un phénomène qui en décuple l’audience et les possibilités de réception. Parce qu’ils ont été produits par des contributeur·rice·s issus de pays, de cultures et d’obédiences différents, qu’ils ont été nourris par une émulation internationale et des projets pédagogique étrangers – notamment tchèques avec František Bakule, Ferdinand Krch et Ladislav Havránek – les « Albums du Père Castor » ouvrent aux problématiques de circulations culturelles et artistiques, aux transferts et à une approche comparatiste que n’aurait pas boudé Paul Hazard45, un des derniers auteurs avoir été publié par Paul Faucher dans la collection « Éducation ».
Annexes descriptives des fonds
34Tous les documents cités ci-dessous avec des numéros de cote sont localisés aux archives du Père Castor, à la maison du Père Castor, à Meuzac.
Collection « Roman des bêtes »
35La collection « Roman des bêtes » a été principalement pensée pour les enfants de 6 à 9 ans.
36Sous la direction de Paul Faucher (1931-1967), Lida et Rojan publient aux éditions Flammarion, Paris, huit ouvrages dans la série « Roman des bêtes » :
-
Panache l’écureuil, 1934
-
Froux le lièvre, 1935
-
Plouf le canard sauvage, 1935
-
Bourru l’ours brun, 1936
-
Scaf le phoque, 1936
-
Quipic le hérisson, 1937
-
Martin Pêcheur, 1938.
-
Coucou, 1939.
37François Faucher enrichit la collection de sept autres albums du « Roman des bêtes » :
-
Lida et Hélène Fatou, May Angeli, Vigie la marmotte, 1969
-
Hélène Fatou, Christian Broutin, Tapoum éléphant d’Afrique, 1971
-
Marie Tenaille, Roger Turc, Yap le fennec, 1973
-
Andrée-Paule Fournier, Romain Simon, Skir le renard, 1976
-
Telier, Roger Turc, Cig la cigogne, 1978
-
Vassalissa, Romain Simon, Kiou la chouette, 1980
-
Laurence Delaby, Romain Simon, Toum Toum le manchot empereur, 1983.
Collection « Enfants de la terre »
38Vingt albums ont été publiés dans la collection « Enfants de la terre » :
-
Paul-Émile Victor, Apoutsiak le petit flocon de neige, 1948
-
Jean-Michel Guilcher, André Pec, Amo le peau rouge, 1951
-
Jean-Michel Guilcher, Cana, Mangazou le petit pygmée, 1952
-
Paul François [pseudonyme de Paul Faucher], Jean-Michel Guilcher, Gerda, Jan de Hollande, 1954
-
Paul François [pseudonyme de Paul Faucher], Bénédicte de La Roncière, Grégoire petit paysan du moyen âge, 1959
-
Paul François [pseudonyme de Paul Faucher], Bénédicte de La Roncière, Antonio un petit italien, 1961
-
Paul François [pseudonyme de Paul Faucher], Lucile Butel, Féfé des Antilles, 1962
-
Bénédicte de La Roncière, Assoua le petit Sénégalais, 1969
-
Françoise Bagot, May Angéli, Aquino un petit indien du Mexique, 1971
-
Myriam Pasotti-Houri, Roger Turc, Habib le petit tunisien, 1971
-
Gaby Cozian, May Angéli, Sarah petite fille du voyage, 1972
-
Andrée-Paule Fournier, May Angéli, Louis du Limousin, 1972
-
C. Ljubanovic, Mandy américaine du New-Jersey, 1973
-
Annikki Willig, Gerda, Sinikka de Finlande, 1974
-
Colette Burgé, Christian Broutin, Makoto le japonais, 1975
-
Pascale Marchetti, May Angeli, Santu de Corse, 1976
-
Monique Davot, Taliko indien de Guyane, 1978
-
Christine Ljubanovic, Nikolaus et Thomas du Tyrol, 1979
-
Monique Davot, François Davot, Claire et Pascal enfants de mariniers, 1981
-
Cécile Gagnon, François Davot, Johanne du Québec, 1983.
Collection « Le montreur d’images »
39Dix titres paraissent dans la collection « Le montreur d’images » publiée par les éditions Flammarion, Paris :
-
Jean-Michel Guilcher, Robert-Henri Noailles, Découvertes, 1947
-
Jean-Michel Guilcher, Robert-Henri Noailles, La vie cachée des fleurs, 1950
-
Jean-Michel Guilcher, Robert-Henri Noailles, De la fleur à la graine, 1951
-
Jean-Michel Guilcher, Robert-Henri Noailles, Les bourgeons s’ouvrent, 1952
-
Jean-Michel Guilcher, Robert-Henri Noailles, Ramures, 1953
-
Jean-Pierre Van den Eechoudt, Rencontres, 1954
-
Jean-Michel Guilcher, Robert-Henri Noailles, Un oiseau est né, 1955
-
Jean-Pierre Van den Eechoudt, De la chenille au papillon, 1955
-
Jean-Michel Guilcher, Robert-Henri Noailles, Fougères, 1957
-
Ernest Bösiger, E. Hosking, Les oiseaux de la nuit, 1958.
40Documents autour de la collection :
-
Dossier de fabrication Découvertes, 1 J 639.
-
Dossier de fabrication De la fleur à la graine, 1 J 680.
-
Dossier de fabrication Ramures, 1 J 703.
-
Dossier de fabrication Rencontres, 1 J 712.
-
Dossier de fabrication Un oiseau est né, 1 J 724.
-
Dossier de fabrication De la chenille au papillon, 1 J 723.
-
Dossier de fabrication Fougères, 1 J 742.
-
Dossier de fabrication Oiseaux de la nuit, 1 J 748.
-
Correspondance Robert-Henri Noailles, 1 J 426.
-
Correspondance Ernest Bösinger, 1 J 328.
-
Correspondance Hosking, 1 J 238.
-
Correspondance Jean-Pierre Van de Eechoudt, 1 J 299.
-
Administration, répartition des droits « Le montreur d’images », 1 J 479.
-
Michel Defourny, Elisabeth Lortic, Jean-Michel Guilcher, « Le montreur d’images, rencontre avec Jean-Michel Guilcher », La Revue des livres pour enfants, n° 175-176, 1997, p. 103-110.
Ludmila Durdiková, dite Lida
41Ludmila Durdiková, dite Lida (1899-1955), est une éducatrice et autrice tchèque. Assistante de Bakule, elle travaille auprès des enfants handicapés. Elle rencontre Paul Faucher en 1930 et l’épouse l’année suivante, avant de le rejoindre en France.
-
Archives Lida Durdiková, 1 J 3 à 1 J 27.
-
Dossier de fabrication Les enfants aux yeux éteints, 2 J 1424.
-
Dossier de fabrication Les enfants baladins, 2 J 1858.
-
Dorena Caroli, « Ludmila Durdíková, teacher and writer for children from Prague to Paris (1899–1955) », dans : Antonella Cagnolati (dir.), Women and Children’s Literature. A Love Affair?, Bern, Peter Lang, 2021, p 25-43.
-
Michel Defourny, Hommage à Lida, Meuzac, Les amis du Père Castor, 2000.
-
Lenka Krajickova, La correspondance de Ludmila Durdíková-Faucher et Ladislav Havránek entre les années 1922 et 1939, thèse sous la direction de Marcela Poučová, Masarykova univerzita, Pedagogická fakulta, 2016, URL : https://is.muni.cz/th/q3gz3/La_correspondance_de_Ludmila_Durdikova-Faucher_et_Ladislav_Havranek_entre_les_annees_1922_et_1939.pdf [consulté le 20 juin 2023].
František Bakule
42František Bakule (1877-1957) est un pédagogue tchèque novateur. Il crée notamment une chorale d’enfants qui fait connaître son œuvre dans le monde entier. Ses anciens élèves deviennent ses collaborateurs. On leur doit quelques-uns des premiers « Albums du Père Castor ». Admirateur de l’œuvre pédagogique de František Bakule, Paul Faucher participe aux côtés du Syndicat national des instituteurs à l’organisation des 200 concerts donnés en France par la chorale de Bakule.
-
Archives Les enfants de Bakule, 1 J 28 à 1 J 69.
-
František Bakule, L’éducation par l’art, texte de la conférence prononcée à Paris, 2 juillet 1947, Meuzac, Les amis du Père Castor, 1998.
-
František Bakule, L’éducation par la vie pour la vie, conférence prononcée lors du IIIe Congrès international de l’Éducation nouvelle, 14 août 1925, Heidelberg, Meuzac, Les amis du Père Castor, 2005.
-
François Faucher, František Bakule, l’enfant terrible de la pédagogie tchèque, Paris, Presses universitaires de France, 1998.
-
František Bakule, Brigitte Perdreau, La chorale des grenouilles, Paris, Flammarion, coll. « Castor Poche Cadet », 1995.
-
Collectif, Une éducation par la vie pour la vie : la vie et l’oeuvre de Frantisek Bakule, documents rassemblés par François Faucher avec la collaboration de Lida Zaruba et de Martine Lang, Paris, Fleurus, 1975.
Ladislav Havránek
43Ladislav Havránek (1884-1961) est un pédagogue tchèque. Il est considéré comme un précurseur dans les méthodes d’éducation par le mouvement. Une dizaine de livres, jeux et manuels dédiés à l’apprentissage de l’écriture et du calcul s’appuyant sur son œuvre sont publiés au Père Castor.
-
Le complément Ladislav Havránek, 1 J 1139 à 1 J 1165.
-
Dossier de fabrication Les cinq doigts de la main, 1 J 701.
-
Dossier de fabrication Matériel pédagogique Boîte à compter, 1953, 1 J 702.
-
Dossier de fabrication La clé de l’écriture et du dessin, volumes 1 et 2, 1 J 707.
-
Dossier de fabrication Boîte à compter, maquettes pour les jeux de calcul de la méthode Havránek, 1 J 708.
-
Ladislav Havránek, Ferdinand Krch, Les cinq doigts de la main, jeux, contes et formulettes pour apprendre à compter, 1953, 1 AL 551.
-
Ladislav Havránek, Ferdinand Krch, Les cinq doigts de la main, jeux, guide de l’éducateur, 1953, 1 AL 552 ; Ladislav Havránek, Boîte à compter, 1953, 1 AL 553.
-
Ladislav Havránek, Ferdinand Krch, Planches de jeux pour apprendre à compter, 1954, 1 AL 555.
-
Ladislav Havránek, Gerda Muller, Grandes images pour l’enseignement collectif, 1954, 1 AL 556.
-
Ladislav Havránek, La clé de l’écriture et du dessin, I, II et III, 1954, 1 AL 559 à 1 Al 563.
-
Ladislav Havránek, La clé d’or du calcul (éducateur / jeux / exercices), 1955, 1 AL 583 à 1 AL 592.
-
Jean-Michel Guilcher, Une nouveauté pédagogique, l’initiation mathématique des enfants de 4 à 6 ans par la méthode Havranek, conférence, 30 juin 1955 (1955-1956, 45 p.), 1 J 100.
-
Hana Grymová, Ladislav Havránek dans le cadre de la pédagogie nouvelle, mémoire sous la direction de Mgr. Marcela Poučová, Masarykova univerzita, Pedagogická fakulta, 2012, URL : https://is.muni.cz/th/e1d4p/ [Consulté le 20 juin 2023].
-
Hana Grymová et Marc Moyon, Ladislav Havránek (1884-1961) : un pionnier de l’éducation nouvelle, Meuzac, Les amis du Père Castor, 2014.
-
Marc Moyon, « L’enseignement des mathématiques élémentaires “à l’enseigne du Père Castor” », Journal Internacional de Estudos em Educação Matemática, vol. 8, n° 1, 2015, p. 177-198.
-
Marc Moyon, « Initiation au calcul et Éducation nouvelle : la “Méthode Havránek” au catalogue du Père Castor », HISTEMAT – Revista de História da Educação Matemática [en ligne], vol. 2, n° 3, 2016, p. 73-95, URL : https://histemat.com.br/index.php/HISTEMAT/article/view/105 [consulté le 20 juin 2023].
Alexandra Exter
-
Correspondance Alexandra Exter, 1 J 367.
-
Dossiers de fabrications Panorama de la côte, 1 J 571 ; Panorama de la montagne, 1 J 572 ; Panorama du fleuve, 1 J 556.
44Albums illustrés par Alexandra Exter :
-
Mon jardin, 1936, 1 AL 162.
-
Panorama du fleuve, 1937,1 AL 186.
-
Panorama de la côte, 1938, 1 AL 219.
-
Panorama de la montagne, 1938, 1 AL 220.
-
Petits panoramas, 1953, 1 AL 550.
-
Panorama de la plaine, 1956, 1 AL 713.
45Dessins originaux conservées aux archives :
-
Essais de couverture pour Panorama du fleuve, 1 Fi 1065 à 1 Fi 1070.
-
Essais de couverture pour Panorama de la côte, 1 Fi 1071 à 1 Fi 1075.
-
Essai de couverture pour Panorama de la montagne, 1 Fi 1076.
-
Essais de couverture pour Panorama de la côte, 1 Fi 1071 à 1 Fi 1075.
-
Projet Histoire des outils, 1 Fi 1077 à 1 Fi 1083.
Liens de Paul Faucher avec les militants de la méthode Montessori
46Outre Madeleine Guérite, dont il finira par s’éloigner, Paul Faucher restera en contact avec plusieurs acteurs de l’école Montessori. Lorsqu’il ouvre l’école du Père Castor, Marie-Aimée Niox-Chateau, une enseignante initiée à la pédagogie de Maria Montessori qui était responsable de l’école de jardinières d’enfants créée par Émilie Brandt, fait partie de son équipe pédagogique. La doctoresse figure dans plusieurs listes non datées du service presse des « Albums du Père Castor », cependant il n’y a pas pour l’instant de preuve de correspondance directe entre Paul Faucher et Maria Montessori.
-
Relations avec le service de presse (1931-1946), listes de diffusion du service de presse […], 1 J 167.
-
Page de l’enfance dans les Nouvelles Littéraires, 1 J 72.
-
Relations professionnelles de l’école du Père Castor, 1 J 140.
-
Dossier Anna Maccheroni, 1 J 856.
-
Correspondance Anna Maccheroni, 1 J 255.
-
Correspondance Marie-Aimée Niox-Chateau, 1 J 267.
-
Correspondance Odon Niox-Chateau, 1 J 425.
-
Fabienne Serina-Karsky, « L’Éducation nouvelle incarnée dans les classes – Marie-Aimée Niox-Chateau, une montessorienne à l’école nouvelle », spirale, n° 68, 2021, p. 95-106, URL : https://0-www-cairn-info.catalogue.libraries.london.ac.uk/revue-spirale-revue-de-recherches-en-education-2021-2-page-95.htm?ref=doi [consulté le 20 juin 2023].
Les « Maisons des jeunes » et l’atelier d’outillage pédagogique
47Les Maisons des jeunes ou de la jeunesse sont initiées par le maréchal Pétain et son secrétaire d’État à la Jeunesse Georges Lamirand. Elles sont coordonnées par l’association Jeune France, crée le 22 novembre 1940 par le gouvernement de Vichy dans le but d’inclure les jeunes dans la « Révolution nationale » à travers une politique culturelle décentralisée, et font partie de la nébuleuse d’organisations souhaitée par le maréchal pour l’encadrement de la jeunesse. La Maison des jeunes de Meuzac n’est pas officielle, Paul Faucher n’a pas été en formation à Uriage et son projet s’approche de cette tendance sans épouser parfaitement les attendus des maisons créées par le gouvernement de Vichy. La Maison des jeunes de Meuzac propose des veillées, des spectacles de danse et de musique, des activités créatives et sportives aux adolescents ainsi qu’aux jeunes adultes des environs de Meuzac. En mars 1942, l’association Jeune France est dissoute et il est mis fin au développement provincial des Maisons des jeunes. Durant l’été 1943, Paul Faucher, sa famille et les collaborateurs qu’il héberge quittent Meuzac pour Brinon-sur-Beuvron dans la Nièvre. Paul Faucher poursuit son objectif de création d’un atelier d’outillage pédagogique de son côté, soutenu par Flammarion.
-
Paul Faucher, lettre à Jean Baucomont, 4 février 1941, Meuzac, correspondance Jean Baucomont, 1 J 317 : « Un deuxième et chaleureux merci pour vos précieuses listes. De toutes les pièces de théâtre que vous me signalez, je n’ai pu en trouver qu’une, et, depuis que je m’occupe du groupe de jeunesse que vous savez (il est passé en trois semaines de 20 à 90), je me rends compte à quel point il serait nécessaire de créer un atelier d’outillage, non seulement pour les enfants, mais pour les jeunes gens, et un petit manuel d’organisation pour les groupes de jeunesse qui ne sont pas directement rattachés à un mouvement constitué. Nous manquons de livres, de chansons, de saynètes courtes pour débutants, de ballons, de jeux, de matériel de sport. »
-
Paul Faucher, lettre à Alfred Carlier, octobre 1942, correspondance Alfred Carlier, 1 J 339 : « L’expérience des dix dernière années m’a amené à conclure que le programme d’outillage pédagogique (imagerie, album, livres, matériel) auquel je n’ai cessé de penser, ne peut s’exécuter avec toute l’ampleur désirable qu’au moyen d’une équipe de collaborateurs fixes, imprégnés des mêmes idées, pour ne pas dire de la même foi, et travaillant en commun à améliorer, renouveler, élargir, rendre plus directs, plus efficaces, plus sensibles, les moyens de transmission des connaissance par le livre et l’image. // Il s’agirait d’une sorte d’atelier “d’outillage culturel” où se formeraient des outilleurs et des apprentis outilleurs spécialisés “pédagogues, rédacteurs, dessinateurs”. J’en ai déjà réuni quelques-uns et les résultats de cette nouvelle forme de travail sont satisfaisants. »
-
Marie-France Payraud-Barat, Paul Faucher, « Le Père Castor », réflexion pédagogique et albums pour enfants, thèse de doctorat en Littérature générale et comparée sous la direction d’Isabelle Nières-Chevrel, Université de Rennes 2 Haute Bretagne, 2001.
-
Jérôme Cotillon, « Jeunesses maréchaliste et collaborationniste dans la France de Vichy », Matériaux pour l’histoire de notre temps, n° 74, 2004, p. 29-36, DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.3406/mat.2004.978.
Notes
1 Fonds Paul Faucher 1 J 1 à 1 J 1165, pour un total de 205 boîtes. Fonds François Faucher 2 J A à 2 J 2659, pour un total de 530 boîtes.
2 Voir annexe sur la collection « Roman des bêtes » en fin d’article.
3 Un lien évident pour François Faucher, mais qui est également présent pour Paul Faucher. Lettre de Paul Faucher à Paule Lavergne (1950-1953, Mézières sur Issoire, Haute-Vienne, 18 p.), correspondance L (Lauvenec à Leaud), 1 J 249, archives, Maison du Père Castor, Meuzac : Paul Faucher, qui avait connaissance de son travail par l’intermédiaire d’Henri Pourrat, dit au sujet d’un manuscrit que Madame Lavergne lui soumet « J’ai été d’autant plus sensible à la poésie de votre ouvrage que je suis moi-même Limousin. »
4 Triées, classées, conditionnées et inventoriées pour l’essentiel.
5 Les Décades de Pontigny étaient des réunions intellectuelles animées par Paul Desjardins, professeur, pédagogue et journaliste. Temps fort de l’internationalisme en France, les Décades se sont tenues annuellement de 1910 à 1914, puis de 1922 à 1939 dans l'abbaye cistercienne de Pontigny. Paul Faucher fut le secrétaire des Décades de Pontigny de 1925 à 1933, il a également contribué à l’organisation de la bibliothèque de Paul Desjardins. Dossier Décades de Pontigny, 1 J 70, 1929-1946, archives, Maison du Père Castor, Meuzac. La bibliothèque Paul Desjardins est désormais séparée, une partie du fonds est restée à l’abbaye de Pontigny, mais l’autre moitié figure au catalogue général des bibliothèques de Royaumont (BHIG).
6 Paul Faucher est rédacteur en chef de la page « Enfance » dans les Nouvelles littéraires. Dossiers Page de l’Enfance dans les Nouvelles Littéraires, 1 J 71 à 1 J 73, archives, Maison du Père Castor, Meuzac. Amis du Père Castor (dir.), L’Éducation, l’homme et l’enfant : Réponses parues dans la page « Enfance » des Nouvelles littéraires au questionnaire de Paul Faucher en 1931-1932, Meuzac, Amis du Père Castor, 2009.
7 Paul Faucher est l’un des cofondateurs du Bureau français d’éducation (BFE). Créé le 23 septembre 1927, ce bureau tend à devenir un office central d’éducation ayant pour but d’être un interlocuteur et un coordinateur national de premier plan pour le Bureau international d’éducation (BIE) fondé à Genève en 1925 avec l’aide de l’Institut Jean-Jacques-Rousseau. Voir à ce sujet Michèle Piquard, « Paul Faucher, concepteur des albums du Père Castor, sergent recruteur de la Nouvelle Éducation dans l’entre-deux-guerres », Recherches & éducations [en ligne], DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/rechercheseducations.782.
8 La collection « Éducation », publiée de 1928 à 1938 par les éditions Flammarion, Paris, était dirigée par Paul Faucher. Voir à ce sujet Cécile Boulaire, « Des livres pour “entraîner dans la voie de l’éducation nouvelle” : la collection “Éducation” des éditions Flammarion (1928-1938) », Les Études Sociales, 2016, vol. 1, n° 163, p. 173-197, DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.3917/etsoc.163.0173 [consulté le 20 juin 2023].
9 Collaboration avec le Syndicat national des institutrices et instituteurs publics de France et des Colonies (SNI) sur des projets éditoriaux, 1 J 144, 1929-1932, archives, Maison du Père Castor. Catalogue anticipé d’une librairie pour la jeunesse, 1 J 145 à 1 J 149, 1927-1932, archives, Maison du Père Castor, Meuzac.
10 Le graphiste Pierre Faucheux commence sa vie professionnelle en 1942 auprès de Paul Faucher pour les « Albums du Père Castor », éditions Flammarion, Paris. Il y exerce en tant que typographie-maquettiste. Voir Pierre Faucheux, Jean-François Revel [préface], Écrire l'espace, éd. Robert Lafont, Paris, 1978, p 56-57.
11 Mireille Nelly Roussel, dite Mireille Godet (1900-1987) est une autrice française. Fille de la penseuse féministe Nelly Roussel et du sculpteur Henri Godet, elle est la fidèle secrétaire de Paul Faucher qu’elle rencontre en 1930. Jusqu’à la mort de Paul Faucher en 1967 elle est une actrice essentielle des « Albums du Père Castor » ; outre la traduction de courrier et la dactylographie, elle participe aux relectures, crée des jeux et réalise des notes de synthèse de ses lectures. Dossier Mireille Godet, 1 J 376, archives, Maison du Père Castor, Meuzac.
12 Voir annexe sur Ludmila Durdiková en fin d’article.
13 Alice Knoppova, Les illustrateurs tchèques aux éditions du Père Castor, mémoire de master sous la direction de Mgr. Marcela Poučová, Brno, Masarykova univerzita, Pedagogická fakulta, 2014, URL : https://is.muni.cz/th/m61ln/ [consulté le 20 juin 2023].
14 Voir annexe sur František Bakulé en fin d’article.
15 Voir annexe sur Ladislav Havránek en fin d’article.
16 Christophe Meunier, « Et si le Père Castor avait voulu sauver le monde ? Du discours sur la diversité dans la collection “Les Enfants de la Terre” », Strenæ [en ligne], n° 14, 2019, DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/strenae.2706 ; voir aussi Jean-Michel Guilcher, « Trois collections du Père Castor », Bulletin d’analyses de livres pour enfants, n° 11, mars 1968, p. 7-10.
17 Pierre Belvès (1909-1994) est un auteur et illustrateur français. Il rencontre Paul Faucher en 1928 à la bibliothèque de l’Heure Joyeuse et une amitié naît entre les deux hommes. Collaborateur prolifique des « Albums du Père Castor », il signe les illustrations de Roule galette en 1950 et est membre de l’atelier du Père Castor puis de l’école du Père Castor. En 1952, il fonde « L’atelier des moins de quinze ans » au Musée des arts décoratifs. Voir Pierre Belvès, Bayard ; Jacques Cartier ; Jean Bart ; Robinson Crusoé, Paris, Flammarion, 1947. Correspondance Pierre Belvès (21 novembre 1930 – 31 août 1999, 243 p.), 1 J 318, archives, Maison du Père Castor, Meuzac.
18 Voir annexe sur la collection « Enfants de la terre » en fin d’article.
19 Dossier de fabrication Mangazou, le petit pygmée, 1 J 685, archives, Maison du Père Castor, Meuzac. Voir aussi Julien Bondaz (dir.), Le Magasin des petits explorateurs [catalogue d'exposition], Paris, Actes Sud, 2018, p. 312-351.
20 La Joie par les livres a organisé le 16 mai 2002 une journée d’étude dédiée à Pierre Belvès. Les interventions de Caroline Belvès, Catherine Thouvenin, Christine Soupault-Chemetov, Juliette Lecoq et Anita Rudman sont revenues sur la carrière de Pierre Belvès et plus particulièrement sur son action au sein des Ateliers du Carrousel au musée des Arts décoratifs de Paris. Elisabeth Lortic, François Coulon-Lafosse, « Autour de Pierre Belvès », La Revue des livres pour enfants, n° 206, 2002, p. 119-121, URL : https://cnlj.bnf.fr/fr/detail_revue/Le_litteraire_en_question/206 [consulté le 20 juin 2023]
21 Correspondance Jean-Michel Guilcher, 1 J 381, archives, Maison du Père Castor, Meuzac.
22 Correspondance Édouard Bourdelle (professeur au Muséum d'histoire naturelle de Paris, 1936-1940), Correspondance B (Boulineau à Bozon), 1 J 189, archives, Maison du Père Castor, Meuzac. Correspondance Jean Heim (directeur du Muséum d'histoire naturelle de Paris, 1952, 1 p.), Correspondance H (Hasle à Heritier), 1 J 236, archives, Maison du Père Castor, Meuzac. Correspondance Suzanne Jovet (laboratoire de cryptogamie, Muséum d'histoire naturelle, Paris, 1952, 1 p.), Correspondance J (Josselin à Juve), 1 J 243, archives, Maison du Père Castor, Meuzac. Correspondance Muséum d’histoire naturelle de Paris, Correspondance M (Muguet à Muzet), 1 J 265, archives, Maison du Père Castor, Meuzac.
23 Voir annexe sur la collection « Le montreur d’images » en fin d’article.
24 J. Bondaz (dir.), Le Magasin des petits explorateurs, op. cit., p. 312-327.
25 C. Meunier, « Et si le Père Castor avait voulu sauver le monde ? », op. cit. Michèle Piquard, « Les cartes dans les albums du Père Castor, 1948-1983 », Cahiers Robinson, n° 29, 2010.
26 Avec des albums comme Joselito (Albertine Deletaille, 1970), Fleur de béton (Mireille Gansel, M. Touvay, 1979) ou encore Vieux frère de petit balai (Laurence Delaby, Michelle Daufresne; 1972).
27 Paul Faucher, La mission éducative des Albums du Père Castor, conférence de Girenbad de 1957, Meuzac, Les Amis du Père Castor, 2005.
28 Michel Defourny, « Le merveilleux de la nature, la poésie du réel », La Revue des livres pour les enfants, n° 186, 1999, p. 88-96.
29 Voir annexe sur Alexandra Exter en fin d’article.
30 Par exemple Christian Broutin, illustration originale pour Les comètes ont-elles tué les dinosaures ?, Bibliothèque de l'univers, 1 Fi 321, archives, Maison du Père Castor, Meuzac.
31 Sur les liens avec les militants de la méthode Montessori, voir annexe en fin d’article.
32 Par exemple, correspondance Jean Dupertuis (directeur d’une école de plein air à Villars en Suisse), 1 J 361.
33 Paul Faucher entretient notamment une correspondance avec Henri Lefèvre, commissaire national des Éclaireurs de France, 1932-1946 et collabore avec la cheffe de meute Louv'a Grandjouan (Renée Nora Krüger).
34 Mouvement des Auberges de jeunesse dont fait notamment partie l’autrice Marie Colmont.
35 Sur les « Maisons des jeunes et atelier d’outillage pédagogique », voir annexe en fin d’article.
36 Par exemple Vera Braun (Victorine Leblond) qui vient à Meuzac pendant la guerre pour la réalisation des illustrations de La Vache orange.
37 Pierre Boutan, « Vichy et l’éducation nouvelle : Jean Baucomont et le bulletin national de l’enseignement primaire », dans : Laurent Guttierez, Laurent Besse, Antoine Prost (dir.), Réformer l’école. L’apport de l’Éducation nouvelle (1930-1970), Fontaine, Presses universitaires de Grenoble, 2012, p. 139-149.
38 Catherine Milkovitch-Rioux, Catherine Songoulashvili, Claudine Hervouet, Jacques Vidal-Naquet (dir.), Enfants en temps de guerre et littératures de jeunesse (xxe-xxie siècles), Paris, Bibliothèque nationale de France, 2013.
39 Voir annexe « Maisons des jeunes et atelier d’outillage pédagogique » en fin d’article.
40 Correspondance May (Institutrice à Fourg, Doubs), 1955, 1 J 259. Madame May demande des spécimens pour enrichir la bibliothèque scolaire grâce aux attributions de la loi Barangé.
41 Une tendance observable dans les dossiers de correspondances généraux, 1 J 175 à 1 J 306, archives, Maison du Père Castor, Meuzac.
42 Correspondance Y. Martin (maîtresse de classe d’application, École maternelle Poutrin, Saint-Brieuc), 1956, 1 J 257 ; correspondance J. Manintaboret (inspecteur primaire à Vitry-le-François, Marne), 1955 ; 1 J 256.
43 Correspondance Mery (Directrice d'école maternelle d'application à Nantes, 1955-1960, 11 p.), 1 J 261, archives, Maison du Père Castor, Meuzac.
44 Atelier du Père Castor – Dépôt de marque « Père Castor », 1 J 120, archives, Maison du Père Castor, Meuzac.
45 Correspondance Paul Hazard (1929-1935), 1 J 385 ; Correspondance Paul Hazard (1938-1951), 1 J 850, archives, Maison du Père Castor, Meuzac. Voir aussi Paul Hazard, Les livres, les enfants et les hommes, Flammarion, Paris, 1932.
Haut de pagePour citer cet article
Référence électronique
Anaïs Charles, « Présentation des archives du Père Castor — Maison du Père Castor à Meuzac », Strenæ [En ligne], 24 | 2024, mis en ligne le 01 septembre 2024, consulté le 07 décembre 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/strenae/10975 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/12evd
Haut de pageDroits d’auteur
Le texte seul est utilisable sous licence CC BY-NC-ND 4.0. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Haut de page