Les terrains d’aventures
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Entretien réalisé à distance en juillet 2023 par Christophe Meunier.
Texte intégral
1Q1 : Comment pourriez-vous définir ce qu’est un « terrain d’aventures » ?
2Un terrain d’aventures est une sorte de grand terrain de jeu, où l’on peut se déplacer librement. Contrairement aux accueils de loisirs ou séjours de vacances, les terrains d’aventures ne sont donc pas des espaces de garde, ce qui signifie que les enfants peuvent entrer et sortir de l’espace à leur guise. L’accueil est gratuit et inconditionnel, et les règles d’utilisation du terrain sont les mêmes pour les enfants et pour les adultes. Sur le terrain, le jeu et l’activité sont libres, ce qui implique que la prise de risque dans les jeux (comme grimper, sauter, être en équilibre...) ou dans les activités (comme scier, clouer, manipuler des objets lourds ou coupant...) est permise. Il est du rôle des adultes en animation du terrain d’aventures (mais également des parents) de ne pas l’interrompre. Le bois est omniprésent, et on note d’ailleurs qu’une des premières activités à laquelle s’adonnent les enfants en arrivant est la construction de cabanes. Pour soutenir ces activités, toutes sortes d’outils et de matériaux sont mis à disposition des enfants.
3Chaque terrain d’aventures est nécessairement différent, ce n’est pas un dispositif qu’on pourrait importer tel quel d’un endroit à un autre. Le terrain prendra ainsi des directions différentes en fonction de la sociologie des habitants, de leurs envies, habitudes, vulnérabilités, mais également de l’influence des structures porteuses (centres socioculturels, espaces de vie sociale, associations d’habitant·es...), de la composition de l’équipe (pluridisciplinarité, compétences...), ou encore du lieu d’implantation (urbain, péri-urbain, rural, parc public...).
- 1 Extrait traduit de la vidéo « Adventure Playgrounds - A hundred years or so of thoughts and observa (...)
4Ce sont les enfants qui donneront au terrain son identité propre. Ils y laissent leur empreinte, et lorsque les terrains s’inscrivent dans le temps long, ces derniers s’imprègnent d’une mémoire individuelle et collective capable de structurer une vie de quartier. Pour Eddie Nuttall, coordinateur de Felix Road Adventure Playground à Bristol en Angleterre, « toute définition d’un terrain d’aventures est incomplète sans ces expériences relationnelles et émotionnelles inscrites dans le temps. La combinaison de ces expériences devient la culture et la communauté du terrain d’aventures1. »
5Q2 : Quelle est l’histoire des terrains d’aventures ?
6Les terrains d’aventures prennent leurs racines au Danemark, sous l’impulsion de l’architecte paysagiste Carl Theodor Sørensen, ainsi que du premier pédagogue des terrains d’aventures, John Bertelsen. En observant les enfants jouer dans la ville, Sørensen est marqué par le fait qu’ils jouent assez peu dans les espaces de jeux dédiés, tandis que les terrains vagues, détruits ou en construction, suscitent davantage d’intérêt pour ces derniers. Le concept de junk playground, (littéralement, terrain de détritus) est créé à partir de ces observations, et le premier terrain de ce genre naît en 1943 dans une banlieue de Copenhague, à Emdrup, sous l’occupation nazie.
- 2 Roy Kozlovsky, « Adventure Playgrounds and Postwar Reconstruction », dans : Martha Gutman et Ning d (...)
7Ces espaces rompent radicalement avec les aires de jeux normées : l’idée est de proposer un lieu riche en objets abandonnés, comme une sorte d’immense bric-à-brac, permettant aux enfants de construire eux-mêmes leur terrain de jeu rêvé. Dès le départ, une intention démocratique et anti-âgiste est assumée, en souhaitant créer un espace tendant à l’autogestion et dans lequel les enfants ont un pouvoir de décision important. L’historien Roy Kozlovsky explique à ce sujet que « l’atmosphère permissive de l’aire de jeux offrait un espace de fiction créative et d’anarchie, où les enfants pouvaient regagner confiance en la société par leur interaction avec un animateur qui faisait figure d’avocat et de défenseur2 ».
8Rapidement, le concept se développe et se répand en Europe. Marjory Allen of Hurtwood, une architecte paysagiste anglaise, défenseuse des droits des enfants, visite en 1946 le junk playground d’Emdrup, puis œuvre sans tarder pour la mise en place de ce type d’espace au Royaume-Uni. Soutenue par des organisations pour la protection de l’enfance, Lady Allen initie des terrains à Londres, qui rencontrent immédiatement un véritable succès.
- 3 Gilles Raveneau, « Les terrains d’aventure en France dans les années 1970-80, une aventure sans len (...)
9Dans l’optique de rendre le concept plus acceptable aux pouvoirs publics, et pour se détacher du contexte de destruction lié à la guerre, l’appellation évolue et devient adventure playgrounds (terrains d’aventure) au Royaume-Uni. Propulsés par le succès des premiers terrains, d’autres fleurissent partout dans les années 1950 et 1960 : yards (cour, chantier) aux États-Unis, Skrammellegeplads (terrains bric-à-brac) au Danemark, plaine Robinson en Suisse, Abenteuerspielplatz (espace de jeu d’aventure) ou Bauspielplatz (espace de construction) en Allemagne3.
- 4 Tony Chilton, « Adventure Playgrounds. A Brief History » [PDF], Fairplay for Children, 2013. Dispon (...)
10Pour le contexte français, ils arrivent sous l’appellation de « terrain d’aventure » ou de « terrain pour l’aventure » surtout au début des années 1970, profitant d’une part des mouvements anti-autoritaires des années 1960, favorables à l’éducation populaire ou aux luttes écologistes, et d’autre part de la multiplication des espaces de friches causées par la rénovation des quartiers populaires. Les terrains d’aventures se multiplient, comme à Nantes (terrain de Bellevue) ou à Strasbourg (terrain de la Meinau), et on en compte une trentaine en France dans les années 1980, dont de nombreux se situent en Île-de-France (Villiers-le-Bel, Montreuil, Chanteloup-les-Vignes, Paris – Ménilmontant, Square Saint-Bernard…). Malgré cet élan, ils ne connaîtront jamais le succès en France qu’ils ont pu rencontrer ailleurs en Europe (par exemple, le Royaume-Uni en comptait à la fin des années 1980 plus de 5004).
- 5 Ibid.
11À l’orée des années 1990, le nombre de terrains décline en France pour tout un ensemble de raisons. Par exemple, la marchandisation des loisirs s’accompagne de pressions sécuritaires plus importantes, et oriente le grand public vers d’autres pratiques de divertissement. Les pouvoirs publics et les acteurs socio-éducatifs privilégient également des équipements sportifs plus conventionnels, qui répondent à des fonctions prédéterminées. L’aménagement des espaces urbains laisse moins de place aux friches et terrains vagues, et de nombreux terrains d’aventures finissent par péricliter sous la pression immobilière. À noter que ce phénomène de déclin a également touché d’autres pays, mais avec une moindre ampleur. Au Royaume-Uni, l’association Fair Play for Children l’analyse par exemple comme le résultat d’une société où la vie dans l’espace public a changé, passant de la coopération, du partage des ressources et des solidarités interindividuelles à des logiques de concurrence, de souhait d’indépendance sociale, ou de préjugés5.
- 6 Adventure Playground Association (https://eveshamadventureplayground.org/), 2006.
12Tandis que les terrains d’aventures français peuvent se compter sur les doigts d’une main entre les années 1990 et 2019, on en compte environ 1 000 dans le monde en 2006, dont 400 en Allemagne6.
13Q3 : Pourquoi les terrains d’aventures sont-ils réapparus ces dernières années ?
- 7 Diplôme d’État de la jeunesse, de l’éducation populaire et du sport.
- 8 Eric Le Grand, L’« aller-vers » : une forme d’intervention sociale qui réinterroge l’action publiqu (...)
14Lors de recherches dans le cadre de mon DEJEPS7, j’ai pu faire le lien avec les dynamiques des pratiques d’« aller-vers » en général, et particulièrement de cette dernière décennie. Les terrains d’aventures s’inscrivent effectivement dans une forme d’« aller-vers », qui tire ses origines des fondamentaux du travail social, avec des formes d’action depuis longtemps connectées aux questions d’émancipation (passant par la solidarité, la santé, l’autonomisation, etc.). Le sociologue Eric Le Grand montre, par exemple, la manière dont des équipes pluriprofessionnelles se sont emparées avant les années 2000 de la rue pour agir auprès des publics en situation de fragilité, dans des formes diverses (maraudes de rue, programme d’éducation par des pairs, médiation, pairs, bus de repos…)8. Ces formes d’actions ont persisté, mais elles sont accompagnées d’actions nouvelles qui ont émergé plus récemment, notamment parce que les besoins sociaux ont évolué (dématérialisation des démarches administratives, chômage de masse et augmentation du non-recours aux aides sociales…).
15Très récemment, ces difficultés se sont accentuées avec la crise sanitaire qui a lourdement impacté le champ du travail social et du soin, et notamment les pratiques de l’accompagnement. Les démarches d’« aller-vers » se sont donc renouvelées et adaptées au fil des années, avec la nécessité de garder au centre de l’action la relation à l’autre et la recherche des publics invisibles. Dans la continuité de cette idée, Jérôme Guillet, spécialiste de l’« aller-vers » et des actions en direction des publics non captifs, défend une conception de l’accueil qui commence à l’extérieur à travers des lieux tiers, avec le centre social qui n’est plus un point de départ ou le lieu d’animation principal, mais un potentiel point d’arrivée. Par leur souci d’accessibilité, les terrains d’aventures incarnent ce type de lieux tiers, capables de s’adresser aussi bien aux personnes en capacité d’exister dans l’espace public ou de s’emparer des services de proximité, qu’aux personnes manquant de soutien, vulnérables, invisibles, exclues... et particulièrement aux enfants.
- 9 Damien Lulé et Stéphane Bertrand, « Dossier Libres enfants des terrains d’aventures », Vers l’éduca (...)
- 10 Klo Artières, Baptiste Besse-Patin, Rémi Cadier, Thomas Charlot, Simon Guillon, Damien Lulé et Gill (...)
16Mais on ne trouve dans l’« aller-vers » qu’une partie de la réponse, et cerner pleinement les raisons de cette résurgence est une tâche difficile. Certains se demandent si ça n’est pas « révélateur d’une aspiration à exister et à éduquer comme sujet et non plus comme consommateur », avec des éducateurs et éducatrices en quête d’« espace de choix pour éduquer par l’expérience, opter pour une éducation qui émancipe plutôt que de soumettre9 ». En évoquant l’expérience du terrain d’aventures de Belle-Beille, des chercheurs et militants CEMÉA pensent effectivement que cela « peut être associé à d’autres actualités qui indiquent un mouvement de fond conséquent concernant les opportunités de jouer offertes aux enfants ». Ils évoquent par exemple « le renouvellement des « rues aux enfants », réservant ponctuellement (ou de façon récurrente) une rue dans l’espace public pour les pratiques ludiques enfantines et familiales, ou encore « les réfections et le réaménagement des cours de récréation » pouvant impliquer « la présence de matériaux ludiques [...] comme peut le proposer le dispositif des “boîtes à jouer”10 ».
17Les confinements ont également soutenu ce mouvement de fond évoqué plus tôt, et donc la propulsion des terrains d’aventures, avec une production théorique intense concernant l’importance du dehors et la nécessité d’y aller, dans la continuité des travaux existant déjà sur le sujet.
18Q4 : Les CEMÉA sont très présents dans les projets récents de terrains d’aventures. D’où vient cet engagement ?
- 11 Jean-Claude Richez, « L’éducation populaire à l’épreuve du service social : les rendez-vous manqués (...)
- 12 Gisèle de Failly, « Un terrain de jeu bien particulier : “l’adventure playground” », Vers l’éducati (...)
- 13 Marjory Allen of Hurtwood, « De l’espace pour nos enfants », Vers l’éducation nouvelle, n° 132, 195 (...)
19Connus pour s’être développés dans les années 1930 dans le but de répondre aux besoins de formation des animateurs et animatrices des colonies de vacances, les CEMÉA sont également dès leur création un mouvement d’éducation populaire très préoccupé par le milieu. Avant de s’investir dans les mouvements de l’hygiène, par l’exemple, et de donner naissance aux CEMÉA en 1937, la pédagogue Gisèle de Failly a été marquée par son expérience de coordinatrice du service social de Suresnes, où elle a été rattrapée par les réalités de terrain11. La question du milieu devient alors primordiale, ce qui l’amènera bien sûr à s’intéresser aux adventure playgrounds. En 1958, Gisèle de Failly évoque le sujet dans la revue des CEMÉA Vers l’éducation nouvelle12, suivie plus tard par Lady Allen of Hurtwood13, ainsi que par plusieurs autres articles dans les années 1960 et 1970.
20Malgré cet intérêt marqué des CEMÉA, le mouvement s’assume avant tout en tant qu’organisme de formation, et ne va pas vers l’organisation d’espaces de loisirs tels que les terrains d’aventures. Ce sont des groupes de travailleurs sociaux ou des comités de quartiers qui en étaient la plupart du temps à l’initiative, ainsi que d’autres mouvements d’éducation populaire comme l’UFCV ou les Francas (anciennement Francs et Franches camarades). Cependant, les CEMÉA participent à la structuration du réseau d’acteurs autour des terrains d’aventures, notamment par le biais d’une association qui avait la volonté de favoriser des équipements : le CoDEJ (Comité de développement d’espaces pour le jeu), dont Gisèle de Failly avait participé à la création en 1971. Dans la décennie qui a suivi, le CoDEJ a été une sorte de tête pensante des terrains d’aventures, organisant des voyages d’études pour en visiter en Europe.
- 14 TAPLA (Des terrains d’aventure du passé pour l’avenir), est un programme de recherche mené dans le (...)
21Après les années 1980, tout devient plus nébuleux : les terrains d’aventures périclitent et l’activité des CEMÉA pour les soutenir est difficile à identifier – un travail d’archives est en cours, notamment dans le cadre du programme de recherche TAPLA14. Toutefois, aux environs de 2008-2009, des délégations des CEMÉA Pays de la Loire sont envoyées à Hambourg, pour visiter, voire participer, à l’encadrement de Bauspielplatz. À partir de 2010 naîtront ensuite différentes expérimentations en France, très précaires, qui prennent place généralement sur des festivals.
- 15 Collectif - CEMÉA Pays de la Loire, Terrains d’aventure, enfants bâtisseurs, enfants bâtisseuses, N (...)
22Toujours en Pays de la Loire, différentes tentatives pour mettre en place des terrains d’aventures suivent entre 2013 et 2014, et un groupe de recherche-action se met en place pour se retrouver, se questionner pédagogiquement, ou tenter de trouver des solutions aux freins institutionnels sur la question. En 2016, les futurs acteurs et actrices du terrain d’aventures de Belle-Beille, à Angers, se rencontrent : une première expérimentation d’une semaine naîtra à l’été 2018, qui passera à un mois en 2019. Les CEMÉA documentent alors de plus en plus les actions, comme par l’édition d’un livre dédié15.
23Q5 : Et aujourd’hui, comment les CEMÉA accompagnent-ils les projets de terrains d’aventures ?
- 16 Par exemple, lors des Rencontres internationales de la classe dehors à Poitiers, en mai 2023, nous (...)
24Les CEMÉA s’investissent de manière très variée sur les projets actuels de terrains d’aventures. Le spectre d’implication s’étend d’une prise en charge totale de la coordination et de l’animation, au simple accès à des espaces pour réfléchir sur ses pratiques et rencontrer d’autres acteurs et actrices des terrains. Dans l’entre-deux et sans exhaustivité, une situation qui survient régulièrement se caractérise par le fait qu’une structure intéressée par les terrains d’aventures (association, centre social, etc.) contacte les CEMÉA, et de là démarre alors un travail d’identification des besoins. Une démarche d’accompagnement à l’autonomie s’engage souvent, et passe par exemple par la mise en place d’un comité pédagogique, d’un accompagnement sur les dossiers de financement, etc. Celle-ci peut durer de quelques mois à plusieurs années. Parfois, des structures sont déjà autonomes mais désirent être accompagnées pédagogiquement (formation des acteurs et actrices, conseils divers concernant le fonctionnement du terrain et la posture adulte...). D’autres souhaitent la même chose, mais demandent aux CEMÉA de participer à la coordination ou l’animation. Ou encore, on retrouve des collectifs qui se créent pour mettre en œuvre des terrains d’aventures, et qui sollicitent les CEMÉA pour accéder aux pratiques d’autres organisateurs. Régulièrement, nous découvrons aussi des terrains portés par des structures qui ne savent même pas qu’elles s’inscrivent dans ce type d’expérimentation16. Agissant en dehors du réseau CEMÉA, elles rejoignent généralement l’archipel des organisateurs porteurs ou soutenant les terrains d’aventures, que structurent les CEMÉA (accès à une liste de diffusion mail, à un nuage numérique de ressources, aux regroupements nationaux des terrains d’aventures...).
25Des modalités spécifiques se mettent également en place lorsque les accompagnements concernent des terrains d’aventures de régions insulaires telles que celui de Chirongui à Mayotte, ou de Saint-Denis à La Réunion. Dans ces cas-là, la distance géographique ne facilite pas les échanges directs, et la question de l’adaptation culturelle est primordiale. Certaines initiatives, comme la facilitation de l’accès à des formations longues (BPJEPS, DEJEPS), peuvent par exemple être mises en place pour les actrices et acteurs locaux.
26Actuellement, la philosophie des CEMÉA est globalement similaire à celle des années CoDEJ. Ils se positionnent avant tout comme un organisme de formation, qui n’a pas vocation à être gestionnaire des terrains d’aventures. Bien qu’ils organisent aujourd’hui des terrains d’aventures, l’idée de ce travail n’est pas de mettre la main sur les terrains d’aventures mais d’accompagner la dissémination de ce type d’aires de jeux. Cette démarche a pour conséquence de rassembler un nombre important d’acteurs autour de la table, qui sont encouragés à prendre le relai. Dans cette perspective, les CEMÉA ont structuré l’écriture et la mise en œuvre d’une charte des terrains d’aventures. Elle est le
- 17 « Une charte, un réseau », Vers l’éducation nouvelle, n° 590, 2023.
fruit d’un travail conjoint entre associations et collectivités locales, partenaires institutionnels, les CEMÉA et les universitaires du programme de recherche TAPLA. Ce travail en réseau s’inscrit dans un double enjeu : asseoir la pratique des terrains d’aventures et leurs contours sans normaliser les pratiques et limiter dérives et réappropriations abusives. Il s’agit enfin d’inscrire le concept dans les politiques publiques locales et nationales afin de garantir la pérennisation de l’approche17.
27La structuration passe aussi par des temps de rencontres annuels ouverts aux différentes têtes de réseau, un travail de conventionnement, de plaidoyers auprès des ministères ou institutions (comme le ministère de la Ville, la DRAJES, la CNAF), ou encore de formations de différents niveaux (découverte, animation, coordination) avec des référentiels de compétences précis.
28La perspective de plus long terme est la création d’une Fédération des terrains d’aventures, qui serait en mesure d’organiser le réseau d’acteurs et actrices agissant pour ce type d’espaces, et qui se constituerait en véritable outil politique agissant en faveur de leur pérennisation dans nos villes.
29Q6 : Quelle est l’importance actuelle, à la fois quantitativement et spatialement, des terrains d’aventures ?
30Suite à la mise en place du terrain d’aventures de Belle-Beille en 2019, leur nombre a considérablement augmenté d’année en année : on estime que 60 terrains ouvriront dans l’année 2023. En se limitant aux terrains d’aventures connus par les CEMÉA, nous en comptons actuellement 4 en Auvergne-Rhône-Alpes, 2 en Bourgogne-Franche-Comté, 4 en Bretagne, 2 en Centre-Val de Loire, 3 en Grand-Est, 5 en Haut-de-France, 5 en Île-de-France, 1 à Mayotte, 2 en Nouvelle-Aquitaine, 6 en Normandie, 2 en Occitanie, 14 en Pays de la Loire, 1 en Provence-Alpes-Côte d’Azur, et 1 à la Réunion. Mais, comme évoqué précédemment, il est difficile d’avoir une lecture exhaustive des propositions de terrains d’aventures, car nous apprenons régulièrement l’existence d’initiatives autonomes.
31À noter qu’il est important d’ajouter la dimension temporelle. Aujourd’hui, seulement quatre terrains sont permanents avec des cadres d’ouverture différents. Certains ne sont pas démontés mais ne proposent pas de temps d’animation en période scolaire, et d’autres déploient une équipe toute l’année, y compris hors période de vacances. Parallèlement à ces terrains permanents, la grande majorité des autres terrains sont périodiques, allant d’une première expérimentation de quelques jours (permettant aux structures de vérifier la pertinence de la proposition) à des ouvertures de quelques mois, majoritairement sur la période estivale. Dans l’accompagnement proposé par les CEMÉA, cette notion de temporalité est centrale, et a par ailleurs été précisée au sein de la Charte.
32Q7 : Pouvez-vous nous présenter le fonctionnement d’un terrain d’aventures ?
33Pour faire simple, la plupart des terrains d’aventures actuels présentent une charte d’accueil et de fonctionnement, avec des règles simples (principes de libre accès et de circulation, gratuité, libre activité). À cela s’ajoute des modalités différentes selon les terrains, notamment sur les aspects d’autogestion et de démocratie interne. Certains organisent des conseils d’enfants ou des commissions décisionnaires d’enfants, tandis que d’autres, souvent trop brefs, ne peuvent aller vers ce type d’organisations et se limitent à des évaluations par l’équipe des participants et participantes.
34Concernant l’aménagement du lieu, les terrains d’aventures sont très majoritairement clôturés (ganivelles, palettes, canisses, murs, etc.) et, dans certains cas, délimités symboliquement par des éléments naturels, de la corde, des banderoles ou panneaux. On y trouve aux entrées les règles de fonctionnement du lieu, ainsi que les horaires de présence de l’équipe permettant l’accès aux outils. À ce propos et pour compenser l’absence de locaux, un ou plusieurs containers permettent de stocker en sécurité et à l’abri du matériel ou des outils. Sur le terrain, des structures peuvent être fournies par les adultes, mais ces dernières doivent rester au maximum rudimentaires et indéterminées, car elles sont faites pour être augmentées par l’action des enfants.
- 18 Dans le fonctionnement du terrain d’aventures « Le trou », à Nantes, en 1977, l’UFCV fait état de 2 (...)
35En ce qui concerne l’accès aux outils, des logiques différentes s’opèrent sur les terrains, dont les trois tendances suivantes. D’une part, de nombreux terrains font le choix de s’inscrire dans un fonctionnement inspiré de la pédagogie institutionnelle, et mettent en place des permis, c’est-à-dire l’obligation de passer par un espace d’apprentissage formel pour pouvoir ensuite accéder librement aux outils. Un des avantages majeur de ce fonctionnement est qu’il est rassurant pour les adultes et institutions, car il permet de répondre à l’obligation de moyens d’un point de vue sécuritaire (mise en place d’un espace d’apprentissage). Si un tel dispositif interroge évidemment dans le cadre des terrains d’aventures, ses bénéfices sont quand mêmes importants s’il est une condition de l’émergence d’un terrain – d’autant plus qu’il tendra à disparaître si le terrain s’inscrit dans le temps. D’autre part, des terrains proposent un temps d’initiation moins formel, qui permet aux adultes d’indiquer les bases de manipulation d’outils aux enfants. L’accompagnement pour progresser se fait ensuite au gré des situations vécues sur le terrain d’aventures, et en fonction des sollicitations des enfants. Enfin, certaines équipes collent davantage aux fonctionnements passés, en permettant l’accès libre aux outils dès l’arrivée des enfants, ce qui conduit, bien sûr, à des utilisations plus variées et plus risquées, et qui demandent aux adultes une capacité de décentrement plus importante. Cela pose aussi la question de l’usure et du remplacement des outils18.
36Q8 : Quels sont les rôles des encadrants et encadrantes auprès des enfants, des parents et, éventuellement, des collectivités locales ?
37Après une visite d’un adventure playground à Londres, Gisèle de Failly avait immédiatement noté l’importance de la formation d’un ou d’une encadrante.
- 19 G. de Failly, « Un terrain de jeu bien particulier », op. cit.
38Sa tâche est extrêmement délicate et difficile. Il (ou elle) doit être présent, à la disposition des enfants, savoir les laisser libres, n’intervenir ni pour blâmer, ni pour encourager, car c’est là le principe pédagogique fondamental qui règle la vie des adventure playgrounds. Ceux-ci, en effet, se défendent d’avoir un but « d’instruction ». Ce sont des lieux de loisir où les enfants doivent pouvoir se détendre entièrement. Cependant, l’éducateur doit faire connaître et faire respecter les règles d’utilisation. Ce sont elles qui garantissent la sécurité et elles sont d’autant plus importantes que les enfants sont plus libres19.
39Elle énumérait également un ensemble de fonctions à tenir, telles qu’approvisionner en matériaux et garantir leur répartition, éviter les bagarres entre groupes d’enfants, accueillir les confidences, savoir écouter et répondre, protéger et éviter les tyrannies d’enfants, faire face à des situations imprévues, recevoir les parents, être habile manuellement, etc. Tout ceci est encore d’actualité, avec toutefois une action plus forte d’accueil et d’accompagnement des très jeunes enfants et des parents, car les terrains d’aventures d’aujourd’hui sont davantage ouverts à ce type de publics qu’ils ne l’étaient par le passé.
- 20 « Les États parties reconnaissent à l’enfant le droit au repos et aux loisirs, de se livrer au jeu (...)
- 21 Baptiste Besse-Patin, « Sortir du “face-à-face pédagogique” : la relation de contiguïté dans l’anim (...)
40Ainsi, une originalité des terrains d’aventures tient dans ce pas de côté que doivent faire les adultes. Ils et elles ne sont là ni pour exercer une forme de contrôle social de l’enfance, ni pour faire de l’espace un lieu d’apprentissage du travail et de la citoyenneté. Ils et elles doivent être présents pour leur permettre d’exercer leur droit de jouer, au service de l’article 31 de la Convention internationale des droits de l’enfant20, rédigé en 1989. Pour s’inscrire dans le propos de Baptiste Besse-Patin, docteur en sciences de l’éducation, il s’agit de s’éloigner des pratiques relationnelles basées sur du face-à-face pédagogique, et de privilégier une forme de « côte-à-côte où l’on s’ajuste aux lignes d’actions déjà entamées par les enfants et où on se met au service des engagements enfantins21 » plutôt que d’organiser des situations dans lesquelles les enfants s’aligneraient sur les initiatives des adultes.
- 22 Charlotte Nordmann, « Liberté surveillée », dans : Vincent Romagny (dir.), Anthologie, aires de jeu (...)
41Concernant les parents, nous n’avons encore que peu de recul actuellement sur les enjeux et les effets de leur présence. D’après ce que nous avons pu observer et échanger, leur présence semble déterminante lorsque leurs enfants ont moins de cinq ou six ans. En effet, sans systématiser, les très jeunes enfants peuvent générer des situations chaotiques rendant presque impossible une posture de côté-à-côte pour l’équipe encadrante. Cette dernière peut alors se retrouver contrainte de rentrer dans une logique de proposition active d’activité pour réguler des comportements dangereux ou fréquemment dommageables pour les enfants plus grands (obligation de garde pour les grandes sœurs ou grands frères, non compréhension des enjeux sociaux et liés aux espaces, conflits liés à la propriété d’usage...), ce qui ne manque pas d’enlever au terrain d’aventures une partie de ce qui le caractérise. Aussi, et à condition qu’ils et elles s’inscrivent dans les principes du terrain d’aventures, les parents ou les autres adultes qui y participent peuvent s’impliquer dans le réseau de la communauté du terrain, en incarnant des ressources précieuses lorsque des enfants ont besoin d’écoute, de soutien, de connaissances, ou de protection22.
42À propos des collectivités locales, elles sont de plus en plus nombreuses à porter ces nouveaux projets, et y voient un lieu d’investissement fertile pour les habitants et habitantes. Actuellement, elles ont un rôle politique essentiel dans la dissémination, notamment à travers la parole des personnes élues. C’est parce que certaines collectivités viennent à parler des enjeux, contraintes et bénéfices qu’elles rencontrent avec les terrains d’aventures, que d’autres osent parfois franchir le pas. Les collectivités ont également un rôle de soutien important. Dans un premier lieu, au niveau financier, en soutenant par exemple les charges liées à la mise en œuvre concrète, mais qui peuvent aussi concerner la formation, la valorisation, etc. En deuxième lieu, leur capacité de facilitation matérielle peut être cruciale, que ce soit avec la mise à disposition d’un terrain, de containers, de mobiliers ou d’outils. En dernier lieu, les collectivités locales peuvent soutenir la recherche aux côtés des mouvements d’éducation populaire ou des chercheurs : accès aux loisirs et aux vacances, gratuité des espaces, accès aux jeux risqués, accompagnement au changement des pratiques concernant le droit à la ville et les aires de jeux... Ces investissements des collectivités locales ne sont pas sans retours : les terrains d’aventures offrent un regard sur l’espace vécu inaccessible aux autres services socio-éducatifs, et la matière générée peut les aider à comprendre les dynamiques propres à leurs territoires et populations.
43Q9 : D’après-vous, comment les terrains d’aventures permettent-ils de redonner à l’enfant une place dans sa ville ?
44On l’a vu, un terrain d’aventures consiste à occuper dans une ville un espace physique dédié aux enfants. Il ne s’agit pas de créer une espace supplémentaire (à côté ou isolé) au sein de la ville, mais pour les adultes de céder une partie de la ville au profit des enfants.
- 23 Voir la vidéo Adventure Playgrounds - A hundred years or so of thoughts and observations, produite (...)
- 24 Marie-José Chombart de Lauwe, Philippe Bonnin, Marie Mayeur, Martyne Perrot, Martin de La Sourdière (...)
45Les praticiens de l’enfance signalent depuis des décennies un « mal-ajustement » entre l’enfant et la ville, dans laquelle le jeu ne trouve aucune place en raison de la circulation importante, de la bétonisation et de la normalisation des espaces à grand renfort de bulldozer, de l’absence de matériaux malléables évoluant avec les saisons, etc. Simon Rix parle d’une ville fixe et directive, conçue à l’image de l’adulte, avec des objectifs inflexibles23. Quant aux aires de jeux dédiées aux enfants, celles-ci montrent des limites fortes. Une étude de terrain à la Grande Borne, au sud de Paris, dans les années 1970, conclut que les enfants « ont réalisé l’aspect figé de ce décor et les plus grands se détournent des aires de jeux où ils sont constamment sous les yeux des adultes et qu’ils ne peuvent adapter à leurs jeux ; ils recherchent les espaces libres où ils peuvent se cacher, construire des cabanes, s’appropriant parfois les lieux interdits tels que les garages à vélos24 ».
46Dans une vive critique, Charlotte Nordmann pointe l’ambiguïté des aires de jeux – et qui peut concerner les terrains d’aventures –, espaces qui doivent être à la fois libres, et qui sont en même temps un isolat dans une ville ne leur laissant aucune autre place. Elle poursuit plus loin :
- 25 Charlotte Nordmann, « Liberté surveillée », op. cit.
Le problème est que l’isolement de ces lieux, le fait qu’ils soient conçus exclusivement pour les enfants, et qu’ils séparent l’espace du jeu du reste de la société ne sont pas sans conséquences : le plus souvent, les aires de jeux reflètent l’idée que l’enfance est d’abord ce qui doit être protégé. Les plus intéressantes des aires de jeux sont celles qui affrontent ces contradictions et ces difficultés25.
47Elle invite alors les adultes à un renversement :
[...] il ne s’agit plus de construire de façon délibérée et minutieuse un espace dont les caractéristiques seraient propres à favoriser l’épanouissement, la jouissance et le développement des enfants, mais de se rendre attentif aux trajectoires et aux constructions des enfants eux-mêmes, aussi dénuées de sens ou contraires à notre logique puissent-elles paraître, non pas pour les anticiper ou les organiser, mais au contraire pour s’arrêter devant elles, pour en admirer l’inventivité, et nous attacher à permettre leur déploiement spontané, c’est-à-dire à résister à notre tendance à constamment empêcher ce mouvement par nos inquiétudes et notre souci d’éducation.
48Cette condition paraît essentielle pour qu’un espace puisse se constituer en levier afin que les enfants puissent jouir du droit à la ville, et qu’ils et elles puissent s’approprier et modifier l’espace public. Parce qu’ils cherchent à autoriser ces élans de l’enfance, les terrains d’aventures semblent pouvoir répondre à cette condition.
Notes
1 Extrait traduit de la vidéo « Adventure Playgrounds - A hundred years or so of thoughts and observations », produite par Edwards, Siôn.
2 Roy Kozlovsky, « Adventure Playgrounds and Postwar Reconstruction », dans : Martha Gutman et Ning de Coninck-Smith (dir.), Designing Modern Childhoods: History, Space, and the Material Culture of Children, New Brunswick, Rutgers University Press, 2008.
3 Gilles Raveneau, « Les terrains d’aventure en France dans les années 1970-80, une aventure sans lendemain ? », Des lieux pour l’éducation populaire : conceptions, architecture et usage des équipes depuis les années 1930, Paris, Archives nationales, École nationale supérieure d’architecture, PAJEP, décembre 2014.
4 Tony Chilton, « Adventure Playgrounds. A Brief History » [PDF], Fairplay for Children, 2013. Disponible sur : fairplay31.online/publications.html [consulté le 13 janvier 2024].
5 Ibid.
6 Adventure Playground Association (https://eveshamadventureplayground.org/), 2006.
7 Diplôme d’État de la jeunesse, de l’éducation populaire et du sport.
8 Eric Le Grand, L’« aller-vers » : une forme d’intervention sociale qui réinterroge l’action publique, conférence-débat organisée par l’Institut national de la jeunesse et de l’éducation populaire (INJEP), 17 janvier 2023, Rennes, Antipode, visible à l’adresse suivante : https://www.youtube.com/watch?v=lVMyB6ZbjC4.
9 Damien Lulé et Stéphane Bertrand, « Dossier Libres enfants des terrains d’aventures », Vers l’éducation nouvelle, n° 590, 2023.
10 Klo Artières, Baptiste Besse-Patin, Rémi Cadier, Thomas Charlot, Simon Guillon, Damien Lulé et Gilles Raveneau, « L’aventure de Belle-Beille », SUD volumes critiques [en ligne], n° 4, 2020, URL : https://revue.marseille.archi.fr/laventure-de-belle-beille/.
11 Jean-Claude Richez, « L’éducation populaire à l’épreuve du service social : les rendez-vous manqués (1930-1950). Gisèle de Failly et Nicole Lefort des Ylouses », Agora débats/jeunesses [en ligne], vol. 2, n° 58, 2011, p. 55-72, DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.3917/agora.058.0055.
12 Gisèle de Failly, « Un terrain de jeu bien particulier : “l’adventure playground” », Vers l’éducation nouvelle, n° 128, 1958.
13 Marjory Allen of Hurtwood, « De l’espace pour nos enfants », Vers l’éducation nouvelle, n° 132, 1959.
14 TAPLA (Des terrains d’aventure du passé pour l’avenir), est un programme de recherche mené dans le cadre du Labex « Les passés dans le présent » (https://tapla.hypotheses.org/).
15 Collectif - CEMÉA Pays de la Loire, Terrains d’aventure, enfants bâtisseurs, enfants bâtisseuses, Nantes, Éditions Cafard, 2020.
16 Par exemple, lors des Rencontres internationales de la classe dehors à Poitiers, en mai 2023, nous découvrions que le Moulin Nature à Lutterbach, à Mulhouse, organisait sans même le savoir des expérimentations s’inscrivant dans les principes des terrains d’aventures.
17 « Une charte, un réseau », Vers l’éducation nouvelle, n° 590, 2023.
18 Dans le fonctionnement du terrain d’aventures « Le trou », à Nantes, en 1977, l’UFCV fait état de 200 marteaux nécessaire en une année.
19 G. de Failly, « Un terrain de jeu bien particulier », op. cit.
20 « Les États parties reconnaissent à l’enfant le droit au repos et aux loisirs, de se livrer au jeu et à des activités récréatives propres à son âge et de participer librement à la vie culturelle et artistique [...]. » (article 31 de la CIDE).
21 Baptiste Besse-Patin, « Sortir du “face-à-face pédagogique” : la relation de contiguïté dans l’animation socioculturelle », Revue Phronesis, Hors-série, 2023, p. 144-159.
22 Charlotte Nordmann, « Liberté surveillée », dans : Vincent Romagny (dir.), Anthologie, aires de jeux d’artistes, Golion, Infolio, 2010, p. 145-154.
23 Voir la vidéo Adventure Playgrounds - A hundred years or so of thoughts and observations, produite par Siôn Edwards. Disponible sur : https://yakamedia.cemea.asso.fr/univers/echanger/professionnels-de-lanimation/adventure-playgrounds-hundred-years-or-so-thoughts-and-observations.
24 Marie-José Chombart de Lauwe, Philippe Bonnin, Marie Mayeur, Martyne Perrot, Martin de La Sourdière, Enfant en jeu. Les pratiques des enfants durant leur temps libre en fonction des types d’environnement et des idéologies, Paris, CNRS, 1976.
25 Charlotte Nordmann, « Liberté surveillée », op. cit.
Haut de pagePour citer cet article
Référence électronique
Thomas Champion, « Les terrains d’aventures », Strenæ [En ligne], 23 | 2023, mis en ligne le 02 février 2024, consulté le 12 octobre 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/strenae/10746 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/strenae.10746
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