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Dossier thématique
Partie 4 : Entretiens et expérimentations

« On veut changer les choses. Vous voulez nous aider ? »

Quand les enfants participent aux transformations urbaines : le cas de « La ville aux enfants » à Encagnane
“We want to change things. Do you want to help us?” When children participate in urban transformations: the example of “La ville aux enfants” in Encagnane.
Annalisa Lollo

Résumés

Pendant trois ans, une centaine d’enfants ont travaillé, accompagnés par l’association Hors Gabarit, pour concevoir des aménagements pour le parvis de l’école élémentaire Giono, dans le quartier d’Encagnane, à Aix-en-Provence. Un comité technique composé par les différents services de la ville et par les bailleurs sociaux a étudié leurs propositions dans les différentes étapes du projet puis a validé un projet définitif réalisé grâce à la collaboration entre services techniques et associations. Ici, nous allons analyser ce processus participatif à partir des apports des enfants qui ont participé au projet. Cela permettra de mettre en lumière les tensions et les difficultés du processus mais aussi la richesse des propositions, la reflexivité et la concience des enfants sur les enjeux les concernant et les brèches que ce type de travail ouvre.

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Entrées d’index

Géographique :

France
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Notes de la rédaction

Entretien réalisé à distance en juillet 2023 par Christophe Meunier.

Texte intégral

  • 1 Hors Gabarit est une association basée à Marseille qui propose de faire découvrir leur environnemen (...)

1Pendant trois ans, une centaine d’enfants ont travaillé, accompagnés par l’association Hors Gabarit1, sur la conception d’aménagements pour le parvis de l’école élémentaire Giono, dans le quartier d’Encagnane, à Aix-en-Provence. Un comité technique composé par les différents services de la ville et par les bailleurs sociaux a étudié leurs propositions dans les différentes étapes du projet puis a validé un projet définitif réalisé grâce à la collaboration entre services techniques et associations.

  • 2 « La ville aux enfants » est un projet porté par Hors Gabarit, lauréat du Fonds d’innovation social (...)

2Coordinatrice du projet « La ville aux enfants2 », je vais analyser ce processus participatif en m’appuyant sur les apports des enfants participants. Partir de leurs paroles et réactions permet de mettre en lumière la pertinence de leurs propositions et les tensions rencontrées durant le processus d’élaboration du projet. Je vais montrer sa singularité dans la panoplie des projets participatifs et les apports de celui-ci aux politiques publiques urbaines.

« La ville aux enfants » à Encagnane

  • 3 « La ville aux enfants » s’est poursuivi en 2023 avec un deuxième site réaménagé : le Jardisquare, (...)

3Hors Gabarit a rencontré le bailleur Famille & Provence en 2018, lors de la présentation du projet « Place aux enfants : rêve d’un quartier des minots », finaliste du concours d’architecture Urbain 2040 organisé par l’association Devenir. L’intérêt du bailleur pour cette méthodologie nous a conduit à rencontrer les services de la Politique de la ville, les écoles et les associations du quartier. « La ville aux enfants » est écrit en 2019 à partir d’un diagnostic des besoins et des ressources du territoire. Le projet commence en mars 2020 avec une cartographie qui identifie les sites à réaménager ; il est interrompu par le confinement et son calendrier modifié à cause de la crise sanitaire mais il se poursuit jusqu’à l’inauguration de l’aménagement du parvis de l’école élémentaire Giono, le 1er juillet 20223.

  • 4 L’ACM, accueil collectif de mineurs, est la nomination réglementaire depuis 2006 pour les colonies (...)
  • 5 L’ADDAP 13 est l’Association départementale pour le développement des actions de prévention des Bou (...)
  • 6 L’AFEV, Association de la Fondation étudiante pour la ville, développe des programmes de solidarité (...)

4Les ateliers de « La ville aux enfants » se sont déroulés dans les temps extrascolaires, dans l’ACM4 du centre socio-culturel La Provence, avec les enfants entre 6 et 10 ans, et dans les temps scolaires avec les élèves de deux classes de CE2 de l’école élémentaire Giono. Ont participé aussi des jeunes de l’ADDAP 135, des étudiants bénévoles de l’AFEV6, des habitants du quartier, des jardinières des jardins partagés et des membres d’autres associations. Le projet a réuni quelques centaines de personnes, enfants et adultes confondus, sur trois ans. Le travail comprenait une soixantaine d’ateliers d’environ trois heures avec un binôme d’intervenants, quatre temps forts de restitution publique, quatre comités techniques et plusieurs dizaines de réunions inter-partenariales.

5Le projet se nourrit des idées de Francesco Tonucci, psycho-pédagogue italien, fondateur du réseau international « La città dei bambini e delle bambine7 ». Tonucci est convaincu que pour créer une ville à hauteur d’enfant, plus adaptée à tout le monde, le changement doit être radical. Les politiques doivent ôter aux voitures la place démesurée qu’elles ont acquise au nom du consumérisme et du profit pour la rendre aux personnes les plus fragiles8. En adhérant à ce réseau, les villes expriment une volonté politique forte de faire valoir les droits des enfants au sein de leur territoire et développent des actions à partir d’un engagement du maire auprès des enfants. Cela se traduit par un travail transversal entre tous les secteurs de la municipalité, les écoles, les associations, les commerçants, etc. Une référence en matière de participation des enfants à la construction de la ville est l’AICE9, Association internationale villes éducatrices, fondée comme celle de Tonucci dans les années 1990, mais à Barcelone. Elle compte aussi des centaines de villes adhérentes dans le monde. Parmi elles, Turin qui, avec le Laboratoire ville durable, a été pionnière et a réaménagé 45 espaces entre cours d’école et parcs urbains à travers un processus de co-design avec les enfants10. La différence principale entre ces modèles participatifs et notre projet est importante : à Encagnane, on assiste à un mouvement vertueux qui part d’en bas pour ensuite interpeller les politiques et réussir à faire bouger les lignes.

Illustration 1 : Affiche n° 1. Le quartier vu par les enfants aujourd’hui et demain.

  • 11 Les Zones à urbaniser par priorité (ZUP), ou parfois Zones à urbaniser en priorité, créées par un d (...)
  • 12 Le Programme national pour la rénovation urbaine (PNRU), institué par la loi du 1er août 2003 pour (...)

6Le quartier d’Encagnane est un cœur battant, à commencer par sa forme sur la carte ! Cerné par des axes routiers importants, Encagnane est à la fois proche et loin du centre-ville d’Aix-en-Provence. Cet enfermement n’est pas que géographique mais aussi socio-économique. Connu encore aujourd’hui comme « la ZUP11 », le quartier a du mal à se défaire de cette étiquette qui lui reste collée au dos comme un sac lourd de préjugés et de stéréotypes. Le quartier comptait en 2015 8 400 habitants, et une grande partie en a été retenue comme nouveau quartier prioritaire de la politique de la ville. Un Plan national de réaménagement urbain (le NPNRU, signé en 2021)12 est en cours et il aura pour effet de transformer dans les dix prochaines années sa physionomie urbaine et sociale, par des opérations de démolition et reconstruction de logements, la requalification de cinq placettes de proximité et de la grande place du marché. Les habitants sont très éloignés et peu informés de ce programme très complexe, aux enjeux financiers et politiques majeurs, malgré les différentes campagnes d’information et de concertation.

7Encagnane est riche d’un terreau associatif fertile et d’un centre social qui, malgré les carences de personnel, est un acteur incontournable. Par ailleurs, des projets dans le domaine de l’innovation sociale sont aussi développés par un bailleur qui joue pleinement un rôle d’accompagnement et de soutien aux habitants.

  • 13 Gérés par le Centre permanent d’initiatives pour l’environnement, Pays d’Aix.

8J’ai pu observer une riche synergie : le fonctionnement des jardins familiaux13, La cabane des voisins, association d’habitants qui répond aux besoins de rencontre et convivialité, un groupe coopératif qui se réunit régulièrement pour faciliter l’information sur le territoire et l’interconnaissance des associations et le 20 000 lieux, un tiers-lieu situé à côté du parvis de l’école Giono. Il est indispensable de situer « La ville aux enfants » dans ce dynamisme car il s’agit, nous le croyons, d’une des clés de réussite du projet.

Illustration 2 : Séance de préparation de l’affiche n° 1 : « La place du Super U ».

Les espaces à imaginer pour tous les êtres vivants

  • 14 Extrait d’une discussion entre les enfants lors de la balade pour établir le diagnostic du quartier

Il faut faire attention aux personnes, à ne pas les bousculer.

On ne peut pas jouer ici parce qu’il peut y avoir un accident et on peut se faire un gros bobo. Il y a des voitures qui passent alors on ne peut pas. On peut se faire écraser, on peut jouer mais il faut faire attention.

Les voitures ont besoin de se garer aussi.

On pourrait mettre un trait rouge au sol pour que les voitures ne passent pas. On peut mettre un plot. Une barrière !

On pourrait mettre un parcours pour les aveugles aussi.

Si on fait une cour et un parcours pour les aveugles c’est bien, mais le problème c’est que si on fait une cour, il y a les oiseaux qui habitent ici, si on fait trop du bruit, ils vont tous s’en aller et ici c’est l’habitat naturel des oiseaux14.

9Nous sommes sur la place principale d’Encagnane, où se trouve la mairie de secteur, connue par les enfants comme la Place du Super U, car ce supermarché y est situé et que c’est un lieu fréquenté par les enfants. Aujourd’hui, cette place a la fonction de parking tous les jours de la semaine sauf pour les jours du marché, où la vie et les êtres humains reprennent le dessus sur les voitures. La place de la voiture est le premier sujet abordé par les enfants, qui expriment leur besoin de se sentir protégés, puis ils se penchent sur la question de l’accessibilité du lieu pour les personnes malvoyantes et le respect de l’habitat des animaux.

10Les défis socio-économiques et écologiques auxquels nous sommes confrontés nous imposent des projets politiques radicaux qui bousculent nos manières de faire, et les enfants sont les premiers à nous le rappeler. Cette attention pour tous les êtres vivants est une constante que nous retrouvons tout au long du processus.

11Le regard des enfants est transversal, bienveillant, désintéressé, très ouvert, autant – ou encore plus – dans l’observation de l’existant que dans un imaginaire dépourvu des limites que nous avons intériorisées en tant qu’adultes. Promouvoir la participation des enfants aux projets de réaménagement de l’espace public, à notre sens, favorise l’inclusivité, la soutenabilité et la pérennité des lieux ainsi améliorés.

Illustration 3 : Séance d’enquête.

12Lors de l’enquête sur le parvis de l’école Giono, les enfants ont écrit un questionnaire puis ont établi une liste minutieuse du public ciblé :

les parents et grands-parents des élèves de l’école Giono
les enseignantes de Giono
les élèves de Giono
les cantiniers
le livreur de nourriture pour l’école
les voisins
les propriétaires d’animaux (chats et chiens)
les passants
les personnes à mobilité réduite
les personnes malvoyantes
les personnes qui font les travaux dans les alentours
nos parents
les animateurs
le personnel de la mairie du service des espaces verts
le personnel de la mairie qui s’occupe des panneaux signalétiques
la police municipale
les pompiers
les fabricants de parcs et d’aires de jeux
la maire

13Dans des territoires complexes, où les usages des espaces se juxtaposent et peuvent créer des conflits, les enfants ont su inclure dans la réflexion sur un espace qui les concerne une grande quantité de personnes. Ils ont reçu plus de 200 réponses au questionnaire ; les catégories de la liste visée ont toutes été touchées.

Illustration 4 : Séance d’enquête.

14Des entretiens menés par les enfants sur le parvis avec une personne malvoyante et une personne à mobilité réduite ont permis d’aborder le thème de l’accessibilité des espaces publics in situ. Les enfants ont expérimenté ce que veut dire de parcourir ce lieu sans voir et avec une canne : E. leur prête sa canne et les accompagne ; K. leur fait découvrir les commandes de son fauteuil roulant et leur fait expérimenter les lieux en fonction de la possibilité pour elle d’y accéder ou pas. L’étroit trottoir en face du parvis est inaccessible pour elle, ce qui la contraint à aller sur la route avec les voitures.

15Dans la phase projet, les enfants prêtent attention à concevoir des aménagements qui soient les plus accessibles à tout le monde et qui ne créent pas des comportements qui pourraient déranger les habitants du quartier. En observant le plan définitif du parvis, leurs remarques : « si on étale les formes-jeu il faut faire attention à ne pas bloquer le passage, il faut laisser la place pour les poussettes, pour les parents qui attendent », « vers minuit, il peut y avoir des jeunes qui viennent », « attention à la hauteur pour éviter que les petits tombent ! ». Les enfants nous font plusieurs commentaires sur les glissades et leur potentiel danger, posent des questions sur les hauteurs, tout comme l’avaient fait, lors du comité technique, les responsables des services techniques de la ville.

Illustration 5 : Séance Projet.

Ce qu’on veut dans la ville :
Moins de béton - plus d’arbres pour avoir plus d’oxygène
- plus d’espaces pour les animaux en voie de disparition
Moins de pollution - plus d’eau
Moins de circulation - plus d’espace où manger, jouer et être ensemble
Plus de couleurs - moins de gris
Plus de rires - moins de harcèlement
Plus d’énergie gratuite, de nourriture et de logements pour les pauvres – moins de morts

16Dans leurs discussions, les enfants abordent des thèmes plus généraux comme le droit au logement et à la nourriture ainsi que la pauvreté et la solidarité. Les enfants formulent des propositions qui amènent des solutions concrètes à des problèmes majeurs : gratuité du coût des énergies, création des jardins potagers et plantation d’arbres fruitiers pour permettre à tout le monde un accès libre et gratuit aux fruits et aux légumes, construction de logements pour les personnes sans-abris. Certes, nous n’avons pas abordé dans nos séances la répartition du budget nécessaire pour faire cela mais il serait intéressant de se pencher sur cet enjeu. À travers le budget participatif, la Mairie de Paris ainsi que d’autres municipalités permettent l’émergence et le financement des projets citoyens choisis par les habitants.

17Les problèmes environnementaux (pollution de l’air, réchauffement climatique causant de fortes sécheresses et vagues de chaleur l’été, diminution des ressources et particulièrement de l’eau) sont souvent nommés et identifiés par les enfants qui y trouvent des solutions concrètes et à une échelle sur laquelle on peut agir au niveau du réaménagement urbain : « installer des citernes de récupération de pluie, des panneaux solaires, planter des arbres pour avoir de l’ombre et de la fraîcheur, installer des fontaines ».

  • 15 Raymond Millot, L’éducation, un bien commun, Paris, Massot Éditions, 2021.

18Le réalisme des enfants et leur capacité de faire avec ce dont on dispose, sans vouloir imaginer forcément quelque chose qui n’existe pas, est encourageant. Il nous parle de leur capacité d’adaptation constante, qualité qui leur est demandée dans cette époque de crises environnementale et sociale. Nous croyons que leur capacité de résilience se construit aussi à travers cette pédagogie du projet, qui leur donne une possibilité d’agir et questionner. En tout cas, c’est ce que l’on a essayé de faire, en suivant les pas de Raymond Millot15, instituteur pionnier de la Villeneuve Nouvelle à Grenoble et inspirateur de nos actions.

  • 16 Voir le film de Valérie Simonet, Citizen Kids, Marseille, Comic Strip Productions, 52 min, présenté (...)

19En parlant de mobilité et en cherchant un moyen de transport non polluant qui pourrait être inventé, l’un d’eux a dit : « ça existe déjà, ça s’appelle le vélo16 ». Le plan fait collectivement par les enfants pour transformer la voirie montre des priorités claires : moins de place à la voiture, qui occupe une seule voie, pas de places de parking adjacentes aux trottoirs, création de parkings-relais aux portes de la ville. Cet espace ainsi gagné permet de créer une voie pour les transports en commun, une pour les vélos (très large dans le plan) et l’élargissement des trottoirs avec l’installation de mobilier (bancs et poubelles).

20Comme nous le montre l’exemple de Pontevedra, enlever les voitures de nos villes rend l’espace aux citoyens, aux possibilités de jeu des enfants, de sociabilité, de rencontre entre générations, et améliore la santé de tous ! Pontevedra a fêté en 2021 ses dix ans sans aucune mort des suites d’un accident de voiture.

Illustration 6 : Séance Rêve.

Les temporalités à accorder

  • 17 Propos recueillis auprès des enfants qui ont participé au projet.

On a travaillé à ce projet depuis 2020 et enfin c’est fini. On remercie tous les élèves et les enseignantes qui nous ont donné cette chance incroyable et nous remercions aussi les travailleurs. On va vous présenter tout ce qui a été construit pendant deux mois : on a les bancs pour goûter, pour se reposer, on a les jeux pour les enfants et puis les plantes : la lavande, la sauge ananas, etc. On aime ce parvis car tout le monde y a participé17.

21Le temps est un facteur essentiel dans ce processus. Une perspective à long terme, avec des actions qui s’inscrivent dans la durée et ancrées dans le territoire est indispensable pour réaliser des changements. La confiance et les liens se construisent avec le temps. Le temps accorde de l’importance à la parole. Une présence constante montre l’engagement de qui agit. La continuité est indispensable aux adultes comme aux enfants.

22Le temps permet une réelle participation. Malheureusement le mot « participation » est – à notre sens – galvaudé car il est utilisé pour parler d’un ensemble de pratiques qui vont de l’information à la concertation en passant par la consultation, sans une réelle implication des enfants dans le processus.

  • 18 Angela Million, Anna Juliane Heinrich, « Linking Participation and Built Environment. Education in (...)

23Angela Million, née Uttke, urbaniste et chercheuse allemande, visualise les différents « niveaux de participation » sur une échelle18, qui va de la simple information à l’initiative des jeunes et des enfants et à la prise de décision partagée avec les adultes. Nous situons cette action dans le haut de cette échelle, car dans ce projet les enfants sont impliqués dans toutes les phases du projet, du diagnostic aux réalisations.

Illustration 7 : Angela Million, Anna Juliane Heinrich, illustration extraite de « Linking Participation and Built Environment Education in Urban Planning Processes », Current Urban Studies, vol. 2, n° 4, p. 346.

  • 19 Angela Million, communication présentée au colloque Ludantia: I Bienal Internacional de Educación e (...)

24Des recherches présentées par Angela Million et Anna Juliane Heinrich sur la participation des jeunes aux projets de réaménagement urbain et l’éducation à l’environnement, il résulte que les jeunes qui ont participé à des projets de réaménagement urbain à l’échelle de leur quartier sont plus aptes à lire les plans urbanistiques de la ville et sont mieux outillés pour porter une réflexion sur l’urbain à une échelle plus large19.

25Le fait que les enfants voient les résultats du projet qu’ils ont conçu est essentiel. Le 1er juillet 2022, lors de l’inauguration du parvis, plusieurs enfants évoquent la longueur de deux années passées à travailler sur le projet et des deux mois pour le chantier. La perception du temps chez les enfants et chez les adultes n’est pas du tout la même. En terme d’âge, sans considérer d’autres facteurs, pour un enfant de 8 ans, une année représente un huitième de sa vie ; cela est différent pour les adultes que nous sommes, chacun peut faire sa proportion. Les enfants ont besoin de voir des résultats immédiats. Ceux qui ont travaillé sur le projet en CE2 sont déjà au collège aujourd’hui mais ils ont pu faire l’expérience de leur parvis réaménagé. Plusieurs enfants nous ont fait part de leurs inquiétudes à ce sujet : « Nous on ne verra peut-être pas les résultats mais on a travaillé pour les autres enfants ! ».

26Dans le cas du NPRU, il s’agit d’une opération de réaménagement du quartier qui s’étend sur des années, avec des montages financiers complexes entre État et collectivités. Cela provoque déjà une certaine confusion et une méconnaissance des opérations en cours parmi les habitants. Pour les enfants, ces temps sont décidément très longs.

27Pour nous il était important de co-concevoir et co-construire des réaménagements dans le site ciblé dans le temps de deux années scolaires. Ce défi a été relevé par tous les participants au projet et malgré la longueur imposée par les protocoles et les exigences des administrations. La mobilisation exceptionnelle des personnes qui travaillent à la Politique de la ville a permis que les services techniques de la ville soient opérationnels pendant la durée de l’action des enfants. La réactivité des services et le basculement de leur manière de travailler pour s’accorder aux temps des enfants a permis d’arriver à réaliser ce pari risqué.

Illustrations 8 et 9 : Le parvis de Giono avant et après le réaménagement.

28Les temps forts de restitution des étapes sont des moments clés dans lesquels les adultes observent les enfants agir, expliquer, parler, détailler le projet. Les adultes prennent conscience pendant ces moments de l’implication des enfants et du sérieux de leur travail.

29Les enfants ont la fonction d’abeilles éclaireuses qui explorent un territoire et appellent les autres s’il y a des fleurs intéressantes. Ainsi, les parents ont dit « être venu[s] voir parce que leur enfant est à fond, et c’est rare ». Si les enfants sont partie prenante du projet, si on crée un espace de confiance qui permet de s’exprimer librement, s’ils se sentent pris au sérieux, ils mobilisent. Ce sont leurs agissements et leurs paroles dans leur entourage qui ont fait l’essaimage, qui ont permis que les temps forts de restitution soient un succès. Les enfants ont interrogé, ont écrit les réponses dans les questionnaires quand les parents ne parlaient pas français, ils ont interviewé des personnes au marché, ont passé les mots aux autres classes. Comme ils le disent : « le projet était bien car tout le monde a participé ». La mobilisation a été très large mais le moteur était les enfants, qui ont pu l’être grâce à toutes les adultes accompagnatrices – ce sont presque toutes des femmes – qui étaient à leur coté : l’enseignante, la directrice de l’ACM, les animatrices et les intervenantes de Hors Gabarit.

Illustration 10 : Séance de restitution du projet sur le parvis de l’école Giono.

Les brèches que « La ville aux enfants » ouvre

30Quand les enfants sont accompagnés par des professionnels dans la durée et quand un réseau d’acteurs est mobilisé, le réaménagement de l’espace public peut être fait à travers un processus qui ré-adapte les pratiques et crée du commun. Cela permet de fournir des réponses aux besoins des différentes personnes qui fréquentent ces espaces, de créer des nouveaux possibles ouverts à tous. L’implication de centaines de personnes dans la co-conception et dans les réalisations assure une communauté qui prend soin de ces lieux. Ainsi, à travers le partage, les lieux reviennent aux habitants petits comme grands.

31Je considère Encagnane comme un lieu d’expérimentation où des nouvelles manières de faire voient le jour et ouvrent des espaces interstitiels fertiles. Il ne s’agit toutefois pas de rentrer dans une case existante mais au contraire de voir les espaces « politiques » qui s’ouvrent à travers des actions hors du commun. L’espace public est très normé et sa transformation encadrée. Nombreuses sont les actions spontanées des habitants de réappropriation de l’espace public (végétalisation, organisation de repas, fêtes, vide-grenier) qui réagissent à cette rigidité et reprennent le droit à la ville.

  • 20 Voir la partie intitulée « La malléabilité de la mallette » dans : « Comment se frayer des chemins (...)

32Ces actions sont indispensables pour rendre le pouvoir aux habitants sur les espaces publics. Cela dit, dans le cas d’Encagnane, le projet est l’initiative d’un bailleur social avec le partenariat de la ville. Le réaménagement de l’espace public advient d’habitude en suivant un protocole très normé : un marché public, un budget dédié, du mobilier urbain à choisir dans un catalogue. Ce type de processus participatif implique de ne pas savoir au début ce que l’on fera, et de se laisser surprendre, de suivre les pistes que les enfants ouvrent, de lâcher prise, faire confiance, préparer un espace qui puisse être approprié par les enfants et ne pas imposer une structure rigide20. Partir des enfants et réaliser ce qu’ils souhaitent signifie changer les formes et les couleurs de ce qui va être installé, laisser la place à l’imaginaire et sortir du standard. Perdre ses repères et aller vers l’inconnu.

33Benjamin Roche, chef du service Renouvellement urbain, gestion urbaine et sociale de proximité, Direction politique de la ville, pour la ville d’Aix-en-Provence, avait résumé ainsi ce que nous étions en train de faire ensemble : « une action de brise-glaces, une opération pilote auprès de nos services pour qu’ils puissent voir que d’autres manières de produire de l’espace public sont réalisables, en les intégrant dans les réalisations. Pour nous c’était une première et cela leur a demandé de faire un pas de côté de leur culture professionnelle ». On ouvre un espace qui est très figé. Inscrire cette action dans le long terme et la détermination avec laquelle elle a été portée démontre que les choses peuvent changer dans la manière d’agir. Si les normes qui régulent l’espace public demeurent, ce projet a montré qu’à travers un processus participatif d’ampleur, on peut ouvrir des espaces de transformation.

34Cette première brèche surgit dans chacun des participants. Elle est intime à l’origine ; il s’agit de l’espace de liberté que l’on s’octroie quand on accepte de ne pas savoir, et on poursuit en faisant confiance au processus, aux autres et à soi, et en faisant ensemble. Elle grandit et se fait une place dans la culture du travail des services techniques et dans les pratiques associatives au fur et à mesure que le projet avance, avec les échanges dans les comités techniques ou les réunions de travail. Pendant la phase chantier, les deux parties se retrouvent en terrain inconnu. Cela a demandé de changer les habitudes, ce qui ne se fait pas sans efforts. Les codes et les manières de s’organiser des services ont été bouleversés. Les incompréhensions, les tensions, les étincelles qui se sont produites nous semblent révélatrices d’un inconfort qui, certes, n’est pas agréable à vivre, mais nous fait évoluer. Ces frictions nous parlent des manières différentes de travailler qui se sont côtoyées sur un chantier hors du commun dans l’espace public.

35Les employés de la ville, qui n’étaient pas habitués à de telles actions, nous ont avoué en avoir tiré une grande fierté. Simon Melling, paysagiste concepteur, Direction des espaces verts, paysages et biodiversité pour la ville d’Aix-en-Provence dit : « le fait d’impliquer les jeunes dans un chantier éducatif avec les services des espaces verts en sachant que c’était les enfants de l’école primaire qui étaient allées aux serres communales choisir les plantes pour leur parvis, c’était la partie la meilleure du projet pour moi ». C’était ce qui faisait sens. Relier les personnes faisant partie de couches différentes de la société et qui ne se rencontreraient pas dans leur quotidien, faire ensemble un chantier qui transforme la ville, sans passer par un marché classique et une entreprise extérieure, installer l’enseigne à l’aide d’une échelle amenée par un voisin, avec l’aide d’un parent, peindre à l’aube parce qu’il fait chaud avec l’habitante la plus active du quartier, faire commun. Les enfants et les adultes qui ont participé au projet sont d’accord sur le fait que c’est sa valeur ajoutée. Le trésor égaré de notre société, la base qui nous permettrait d’affronter les défis contemporains, la brèche plus importante qu’il faut continuer à percer.

36Claire Fonquernie, du Service renouvellement urbain, gestion urbaine et sociale de proximité, Direction politique de la ville pour la Ville d’Aix-en-Provence, dit :

« La ville aux enfants » a bousculé les habitudes, a montré un autre regard, il a été un projet plutôt bien perçu et cela a permis de mettre en place d’autres manières de faire, donc dans ce cas-là c’était ouvrir une brèche. Pour les services sur le parvis ça les a bien bousculés car avec le chantier c’était dur, mais c’était assez valorisant pour eux. C’est une histoire de gens qui sont sensibles au droit à l’erreur, au processus pas à pas et donc on essaie, pour d’autres, c’est plus compliqué mais on a ouvert une petite porte, et ça se poursuit petit à petit le travail de sensibilisation à de nouvelles politiques de travail. Par exemple, les services remarquent qu’en général ça fonctionne mieux parce que c’est approprié, les enfants et les adultes en les ayant construit en prennent soin. Même sur l’entretien les services ont bougé, dans un autre site où il y avait eu des dégradations, les services ont réagi vite et se sont occupés de faire les réparations et de réinstaller. Maintenant on aimerait que ça soit repris par le droit commun, cela est en chemin, les écoles par exemple ne sont pas prêtes à reprendre la démarche en interne mais elles ont été sensibilisées par le projet et pour les cours d’écoles, c’était pas le bon timing, mais elles avaient demandé à faire participer les enfants aux choix de réaménagement de la cour. Grâce au succès de ce projet on peut en faire d’autres.

Illustration 11 : Carte affiche n° 4. Charte urbaine et paysagère des enfants d’Encagnane.

Illustration 12 : Carte affiche n°5. Enquête.

Illustration 13 : Fiche Totem qui accompagne la convention entre la ville d’Aix-en-Provence et Hors Gabarit.

37La deuxième brèche est celle qui ouvre d’autres possibles, un essaimage au-delà du projet, via la création d’outils qui rendent possibles de nouvelles pratiques. Les conventions et les fiches techniques qui ont été établies entre Hors Gabarit et la ville sont parmi les premières que la mairie d’Aix-en-Provence expérimente, et qui réglementent la propriété et la gestion de ce mobilier urbain hors normes que l’association a cédé à la ville. La ville avait déjà mis en place cet outil une fois pour le retravailler et l’affiner dans cette expérience, il sera réutilisable par la suite et garantit un cadre légal aux structures qui veulent innover en la matière.

38Un autre outil qui a été créé de A à Z au cours de « La ville aux enfants », et dont nous ne connaissons pas de précédents, est la charte urbaine et paysagère des enfants d’Encagnane. Cet outil restitue les propositions urbaines et paysagères plus générales formulées par les enfants au-delà du cas concret du parvis de l’école Giono.

39De plus, à chaque étape du processus, les enfants ont travaillé sur une affiche qui raconte l’étape. Cet outil a permis de communiquer efficacement et de voir mûrir leurs propositions. Le personnel des services techniques de la ville, les salariés des bailleurs sociaux, les urbanistes qui ont rédigé la charte d’Encagnane, ont pu ainsi se confronter à un matériel visuel et textuel.

Illustration 14 : Inauguration du parvis de l’école Giono.

  • 21 Extrait repris dans le film Citizen Kids de Valérie Simonet, qui retrace le projet de la ville aux (...)

40L’implication des enfants nous semble un levier indispensable pour modifier profondément nos politiques. Nous supposons, comme il est très bien explicité dans le film de François Truffaut L’argent de poche (1976), que la parole des enfants n’est souvent pas entendue car ils ne votent pas21. La Convention des droits des enfants, ratifiée par la France en 1989, établit que les enfants sont des citoyens à part entière et qu’ils ont le droit de s’exprimer sur tous les sujets les concernant. Cela n’est pas encore mis en pratique ni rendu possible par des politiques d’envergures qui devraient s’occuper de traduire en action la législation internationale.

41Les enfants qui ont participé à ce processus nous disent que, depuis, ils vont plus volontiers à l’école, ils ont de meilleures notes, c’est plus gai, ça donne plus envie. La directrice de l’école, Christine Vallette, dit qu’après le réaménagement du parvis les classes ont pu faire différentes activités sur celui-ci : les classes de CP se sont servi des modules pour faire des activités motrices, et ils ont créé un atelier sur ces mêmes modules lors de la matinée géométrie pour celles de cycle 2. L’école a réutilisé les photos des plantes pour des observations dans la nature. Le parvis a été respecté par les élèves, ils aiment y jouer avant de rentrer en classe. Il fait maintenant partie de l’environnement de l’école. Depuis la rentrée 2022, l’AFEV organise une fois par mois des sorties d’école lecture, et enfants et animateurs s’installent sur les formes-jeu pour lire et écouter.

42On nous a dit que « La ville aux enfants » était un projet utopique : nous avons prouvé qu’il s’agissait là d’une utopie bien réelle. Les enfants sont les gardiens de l’utopie et nous, les adultes, avons le devoir de les suivre sans peur. Ainsi, nous pouvons aller vers des nouveaux jours désirables, engendrer des mouvements peu probables mais possibles ! Croire que l’impossible est possible se propage et contamine, bouleverse et remplit, nous avons tous envie d’y croire, c’est comme gagner un match dans les dernières secondes…

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Notes

1 Hors Gabarit est une association basée à Marseille qui propose de faire découvrir leur environnement aux enfants et adolescents afin qu’ils contribuent à l’améliorer à travers des parcours alternatifs de requalification d’espaces. L’auto-construction avec des matériaux davantage issus de la récupération ou bio-sourcés, l’expérimentation et la recherche des nouvelles solutions, sont au cœur des actions qui visent à encourager dès l’enfance une posture d’acteurs vis-à-vis des transformations sociales et urbaines contemporaines (https://horsgabarit.org/).

2 « La ville aux enfants » est un projet porté par Hors Gabarit, lauréat du Fonds d’innovation sociale, Fédération des entreprises sociales pour l’habitat, soutenu par Famille & Provence, la ville d’Aix-en-Provence, les Fonds pour le développement de la vie associative, Pays d’Aix Métropole, la Banque des territoires, MAP, et mené en partenariat avec le CSC la Provence, l’école élémentaire Giono, les ArchiMinots, l’AFEV, les Compagnons Bâtisseurs, la Cabane des voisins, l’ADDAP 13, le CPIE Pays d’Aix, Dunes.

3 « La ville aux enfants » s’est poursuivi en 2023 avec un deuxième site réaménagé : le Jardisquare, un lieu partagé et intergénérationnel, où se déroulent des activités ouvertes à tous proposées par les associations œuvrant sur le quartier, avec le soutien de Famille & Provence.

4 L’ACM, accueil collectif de mineurs, est la nomination réglementaire depuis 2006 pour les colonies de vacances, centres de loisirs, centres aérés, etc.

5 L’ADDAP 13 est l’Association départementale pour le développement des actions de prévention des Bouches-du-Rhônes.

6 L’AFEV, Association de la Fondation étudiante pour la ville, développe des programmes de solidarité dans lesquels des milliers d’étudiant·es s’engagent auprès des enfants, des jeunes, des habitant·es des quartiers populaires.

7 https://www.lacittadeibambini.org/en/.

8 Francesco Tonucci, La ville des enfants ; Pour une [r]évolution urbaine, Marseille, Parenthèses, 2019.

9 Asociación Internacional Ciudades Educadoras : https://www.edcities.org/.

10 http://www.comune.torino.it/iter/progetti/laboratorio-citta-sostenibile/.

11 Les Zones à urbaniser par priorité (ZUP), ou parfois Zones à urbaniser en priorité, créées par un décret de 1958, étaient des quartiers identifiés par les pouvoirs publics comme devant faire l’objet de constructions massives d’équipements et de logements, en particulier pour accueillir les classes populaires en habitat collectif. Voir : http://geoconfluences.ens-lyon.fr/glossaire/zone-a-urbaniser-par-priorite-zup.

12 Le Programme national pour la rénovation urbaine (PNRU), institué par la loi du 1er août 2003 pour la ville et la rénovation urbaine, prévoit un effort national sans précédent de transformation des quartiers les plus fragiles classés en Zones urbaines sensibles (ZUS), effort qui porte sur les logements, équipements publics et aménagements urbains. Sa mise en œuvre a été confiée à l’Agence nationale pour la rénovation urbaine (ANRU) : https://www.anru.fr/le-programme-national-de-renovation-urbaine-pnru.

13 Gérés par le Centre permanent d’initiatives pour l’environnement, Pays d’Aix.

14 Extrait d’une discussion entre les enfants lors de la balade pour établir le diagnostic du quartier.

15 Raymond Millot, L’éducation, un bien commun, Paris, Massot Éditions, 2021.

16 Voir le film de Valérie Simonet, Citizen Kids, Marseille, Comic Strip Productions, 52 min, présenté ici : https://www.comicstripproduction.fr/citizen-kids.

17 Propos recueillis auprès des enfants qui ont participé au projet.

18 Angela Million, Anna Juliane Heinrich, « Linking Participation and Built Environment. Education in Urban Planning Processes », Current Urban Studies [en ligne], 2014, vol. 2, n° 4, p. 335-349, DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4236/cus.2014.24032.

19 Angela Million, communication présentée au colloque Ludantia: I Bienal Internacional de Educación en Arquitectura para la Infancia y la Juventud, Pontevedra, mai-juin 2018 : https://www.youtube.com/watch?v=VMm-0bL4A5c.

20 Voir la partie intitulée « La malléabilité de la mallette » dans : « Comment se frayer des chemins possibles, Trois associations marseillaises s’interrogent sur leurs pratiques : 321, Hors Gabarit, Les Archiminots », Ecorev', n° 51, Expérimentations écosophiques, 2021/2.

21 Extrait repris dans le film Citizen Kids de Valérie Simonet, qui retrace le projet de la ville aux enfants à Encagnane ainsi que d’autres expériences participatives en France et en Espagne.

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Table des illustrations

Légende Illustration 1 : Affiche n° 1. Le quartier vu par les enfants aujourd’hui et demain.
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Légende Illustration 2 : Séance de préparation de l’affiche n° 1 : « La place du Super U ».
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Légende Illustration 3 : Séance d’enquête.
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Légende Illustration 4 : Séance d’enquête.
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Légende Illustration 5 : Séance Projet.
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Légende Illustration 6 : Séance Rêve.
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Légende Illustration 7 : Angela Million, Anna Juliane Heinrich, illustration extraite de « Linking Participation and Built Environment Education in Urban Planning Processes », Current Urban Studies, vol. 2, n° 4, p. 346.
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Légende Illustrations 8 et 9 : Le parvis de Giono avant et après le réaménagement.
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Légende Illustration 10 : Séance de restitution du projet sur le parvis de l’école Giono.
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Légende Illustration 11 : Carte affiche n° 4. Charte urbaine et paysagère des enfants d’Encagnane.
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Légende Illustration 12 : Carte affiche n°5. Enquête.
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Légende Illustration 13 : Fiche Totem qui accompagne la convention entre la ville d’Aix-en-Provence et Hors Gabarit.
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Légende Illustration 14 : Inauguration du parvis de l’école Giono.
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Pour citer cet article

Référence électronique

Annalisa Lollo, « « On veut changer les choses. Vous voulez nous aider ? » »Strenæ [En ligne], 23 | 2023, mis en ligne le 03 février 2024, consulté le 15 janvier 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/strenae/10706 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/strenae.10706

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Auteur

Annalisa Lollo

Anthropologue de l’enfance et de l’éducation. Fondatrice de l’atelier Hors Gabarit.

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Droits d’auteur

CC-BY-NC-ND-4.0

Le texte seul est utilisable sous licence CC BY-NC-ND 4.0. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

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