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La cartographie militaire des Pyrénées françaises et la guerre civile espagnole

The Mapping of the Pyrenees by the Geographical Service of the French Army at the time of the Spanish Civil War
La cartografía militar de los Pirineos franceses y la Guerra Civil española
Francesc Nadal
p. 169-182

Résumés

Au début de la décennie 1930-1939, les militaires français envisageaient les Pyrénées comme une frontière secondaire. Cette situation changea en juillet 1936 avec le début de la guerre civile espagnole. La dangereuse tournure que prenait peu à peu le conflit espagnol obligea l’état-major de l’armée de terre française à adopter une série de mesures militaires, dont l’exécution exigeait une bonne cartographie militaire. Mais, les cartes militaires disponibles en 1936 de la zone des Pyrénées françaises et d’une partie du sud de la France souffraient d’un degré élevé d’obsolescence. Lors, le Service géographique de l’armée procéda à la mise à jour, entre 1936 et 1939, d’une partie significative de la cartographie militaire des Pyrénées et du sud de la France.

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Notes de la rédaction

Cette recherche a été réalisée dans le cadre du projet de recherche 2007 EBRE 2, financé par l’Agència de Gestió d’Ajuts Universitaris i de Recerca de la Generalitat de Catalunya.

Texte intégral

1La dernière fois que les Français virent leur territoire national menacé depuis le versant sud des Pyrénées, ce fut en 1814, lorsque les troupes du général Wellington traversèrent la Bidassoa et occupèrent Toulouse après une sanglante bataille engagée avec le maréchal Soult. Cette invasion suscita chez les militaires français une préoccupation considérable concernant la vulnérabilité de la frontière pyrénéenne, de sorte que, une fois les guerres napoléoniennes terminées, ils entreprirent une politique active de reconnaissances géographiques et de travaux cartographiques de la chaîne pyrénéenne.

2Selon le géographe Jean-Yves Puyo, qui a étudié l’évolution durant le XIXe siècle de la pensée militaire française relative à la frontière pyrénéenne, les militaires français agirent de trois manières différentes pour faire face à cette vulnérabilité supposée (Puyo, 2008). En premier lieu, deux grandes opérations géodésiques furent menées à bien et servirent de base à la publication, quelques années plus tard, des feuilles de la carte de l’état-major au 1 : 80 000 correspondant aux Pyrénées (Massie, 1934 ; Rodes, 2001). Ensuite, en 1853, fut créée la Commission mixte des Limites, chargée de délimiter la frontière hispano-française des Pyrénées (Sermet, 1983 ; Puyo, 2007 ; Capdevila, 2009). À la suite de tous ces travaux, la préoccupation des militaires français, qui s’était jusqu’alors centrée sur la défense des extrémités de la chaîne pyrénéenne, se déplaça sur la zone centrale de celle-ci. De plus, à partir de la seconde moitié du XIXe siècle, les stratèges militaires français en vinrent à considérer que la « véritable défense de notre frontière se trouve sur le territoire espagnol et non en France » (Puyo, 2008). En second lieu, ils multiplièrent, à mesure que le siècle avançait, les missions de reconnaissance géographique, parcourant d’une manière incessante et d’un bout à l’autre tout le versant espagnol des Pyrénées (Puyo, 2007 ; Puyo, 2008). Et, en troisième lieu, ils établirent des relations étroites avec les pyrénéistes du Club Alpin Français afin d’obtenir une meilleure connaissance géographique du versant sud des Pyrénées (Felip, 2008 ; Puyo, 2008).

3Ensuite, durant les premières années de la IIIe République, les géographes militaires français continuèrent à s’intéresser à la sécurité de la frontière pyrénéenne (Boulanger, 2007). Celle-ci, selon eux, ne pouvait être menacée que si l’Espagne effectuait une attaque conjointement avec une autre puissance. Afin de faire obstacle à cette éventualité, le capitaine Ville d’Avray assurait, en 1888-1889, dans son cours de géographie militaire de la France, que « le rôle de nos forces de ce côté sera donc tout défensif » (Boulanger, 2007). Les traités de géographie militaire français publiés durant ces années-là continuaient à exposer la thèse traditionnelle apparue à la fin des guerres napoléoniennes selon laquelle « seules les extrémités occidentales et orientales sont susceptibles de constituer des axes d’invasion » (Boulanger, 2007). De ce point de vue, une série de théâtres d’opérations possibles furent envisagés. Le capitaine Ville d’Avray pensait que les opérations de guerre se limiteraient, du côté oriental de la chaîne, « au bassin relativement réduit du Roussillon qu’enveloppent les Corbières », alors que du côté occidental elles se concentreraient dans une zone située « plus précisément entre Pampelune et Bayonne » (Boulanger, 2007).

4Toutefois, l’intérêt des géographes militaires français pour la frontière pyrénéenne s’amoindrit énormément, selon Philippe Boulanger, durant les années qui précédèrent le début de la Première Guerre mondiale. La faiblesse militaire de l’Espagne et l’apparition de la tension militaire croissante avec l’Allemagne firent descendre d’une manière considérable le nombre d’études et de réflexions des géographes militaires français sur la frontière pyrénéenne (Boulanger, 2007). Cette réduction alla de pair, ainsi que nous l’expliquerons plus loin, avec celle des activités cartographiques du Service géographique de l’armée.

5Néanmoins, le déclenchement de la guerre civile espagnole vint changer, brutalement, cette situation. La tournure de plus en plus cruelle du conflit espagnole et son internationalisation progressive forcèrent les gouvernements français et l’état-major de l’armée de terre française à porter leur attention vers la frontière hispano-française des Pyrénées (Alexander, 1992). Et l’une des conséquences immédiates du tournant radical qu’avait subi la situation géopolitique du sud-ouest de la France fut la mise à jour de sa cartographie militaire.

  • 2 Pour son élaboration, nous avons consulté la documentation historique du Service géographique de l’ (...)

6Cet article, qui s’insère dans une ligne de recherche plus vaste sur la cartographie militaire produite par suite de la guerre civile espagnole, analyse les travaux cartographiques réalisés, entre 1936 et 1939, par le Service géographique de l’armée française dans le sud-ouest de la France2. L’article est divisé en quatre parties. La première explique brièvement le changement radical intervenu sur cette frontière, entre le milieu de l’année 1936 et le début de 1939, et qui la mit au bord de la guerre. La deuxième analyse la cartographie militaire disponible au milieu de l’année 1936. La troisième expose le plan des travaux cartographiques réalisés dans cette zone entre 1936 et 1939, par le Service géographique de l’armée. Et la quatrième analyse ses répercussions sur les feuilles de la carte de l’état-major et de la nouvelle carte de France révisées. L’article s’achève sur une conclusion et une bibliographie.

I – Les Pyrénées : une frontière au bord de la guerre (1936-1939)

7La frontière hispano-française des Pyrénées fut tirée de sa léthargie par le déclenchement de la guerre civile espagnole, qui l’éloignait de la situation de calme relatif qui prévalait depuis le début de la décennie 1820-1829 et les guerres carlistes. L’expérience vitale de l’un des chefs et officiers de l’armée française destinés à cette frontière pendant cette longue période de temps aurait pu être pleinement identifiée à celle du héros du roman de Dino Buzzati Le désert des Tartares (1940), qui décrit magistralement la situation d’une frontière militaire où il ne se passait jamais rien.

8Á partir de juillet 1936, cette situation se dissipa et l’état-major de l’armée de terre française vit avec une grande inquiétude comment cette frontière, considérée comme secondaire, se transformait en une source croissante et inattendue de préoccupations (Pike, 1975). La tournure dangereuse que prenait peu à peu le conflit armé existant sur le versant sud des Pyrénées a fait que les « hautes autorités militaires françaises ont ressenti la guerre d’Espagne comme un nouveau et redoutable défi stratégique lancé à la France » (Vivier, 2007). Et, face à la possibilité que les Pyrénées ne deviennent un troisième front, l’état-major de l’armée de terre non seulement destina à cette frontière des officiers du Service de renseignements, mais elle chargea également divers membres du Conseil supérieur de guerre d’élaborer divers rapports relatifs à l’incidence de la guerre civile espagnole sur la frontière (Martínez Parrilla, 1987).

9Les rapports qui furent émis s’orientèrent autour de trois questions : 1) éviter l’installation de forces militaires italiennes et allemandes près de la frontière pyrénéenne ; 2) concevoir une politique nettement défensive face à une éventuelle agression militaire en provenance du versant sud des Pyrénées ; et, 3) procéder à une intervention militaire française dans le conflit espagnol depuis le versant nord de cette chaîne. Tout au long de la guerre, le chef de l’état-major de l’armée de terre française, Maurice Gamelin et ses collaborateurs, envisageant chacune de ces options.

10La deuxième question, l’adoption d’une politique strictement défensive, fit l’objet d’une attention prioritaire de la part de l’état-major de l’armée de terre française (Martínez Parrilla, 1987). Le 1er mars 1937, le général E. Dosse, membre du Conseil supérieur de guerre, présenta un rapport intitulé « La défense des Pyrénées ». Le général Dosse était un expert en activités de guerre en zones montagneuses. En 1926, il avait participé sous les ordres du maréchal Pétain à la guerre du Rif, où il collabora avec les militaires espagnols chargés de réprimer le soulèvement rifain, mené par Abd el-Krim (Balfour, 2002 ; Gershovich, 2005). Dans son rapport, Dosse proposait, entre autres mesures, de déployer tout au long de la frontière française des Pyrénées dix « bataillons des frontières » (Martínez Parrilla, 1987).

11Quant à la troisième question, celle de l’adoption de mesures à caractère nettement offensif, elle fut abordée en diverses occasions par le gouvernement français. Les mesures interventionnistes reprirent corps, en mars 1938, durant le second mandat de Léon Blum aussitôt après l’Anschluss de l’Autriche par l’Allemagne nazie. Léon Blum manifesta alors devant la Commission d’enquête qu’il avait été prévu d’envoyer en Catalogne une expédition rapide composée d’unités mécanisées (Pike, 1975 ; Martínez Parrilla, 1987). Mais, la thèse non-interventionniste, exposée par Gamelin et secondée par d’autres chefs militaires comme le maréchal Pétain, finit par l’emporter (Séguéla, 1992 ; Alpert, 1998 ; Vivier, 2007). Gamelin avait déjà averti le gouvernement français, dans une note datée de la veille de cette réunion, qu’une intervention militaire en Espagne impliquerait l’ouverture de deux fronts militaires différents : le Maroc et les Pyrénées (Lacroix-Riz, 2006). Et que l’armée française n’était pas, selon lui, en mesure d’entreprendre, sans l’appui britannique, une action militaire en Espagne pouvant mettre un terme à la situation de paix fragile existant avec l’Allemagne.

12La mise en œuvre d’une option comme de l’autre, l’option défensive ou l’option interventionniste, impliquait la mobilisation de nombreuses forces par l’armée française ; des forces qui exigeaient une cartographie militaire abondante et actualisée de la frontière hispano-française des Pyrénées afin de pouvoir se déplacer sans difficulté sur toute sa longueur. Mais, au moment où la guerre civile espagnole éclata, l’état-major de l’armée de terre française eut la désagréable surprise de découvrir que la cartographie militaire de cette vaste région frontalière dont il disposait était dépassée, avec des cartes qui n’avaient fait l’objet, pour la plupart, d’aucune mise à jour générale depuis 1902 ou 1903.

II – La cartographie militaire disponible en 1936

13Au milieu de l’année 1936, le Service géographique de l’armée disposait d’une documentation cartographique variée du sud et du sud-ouest de la France, issue de deux cartes différentes : la carte de l’état-major au 1 : 80 000 et la carte de France au 1 : 50 000. La cartographie relative à la première était la plus abondante, puisqu’elle couvrait alors tout le territoire objet d’étude, alors que la cartographie relative à la carte de France offrait une couverture géographique nettement plus limitée.

1. La carte de l’état-major au 1 : 80 000

14La carte de l’état-major avait une valeur essentiellement stratégique et d’elle dérivaient d’autres documents cartographiques de grande importance militaire comme la carte de France au 1 : 200 000, la carte de France au 1 : 500 000 et la carte agrandie à l’échelle du 1 : 50 000. Les feuilles de la carte de l’état-major étaient monochromes, le relief était représenté au moyen de hachures avec quelques indications altimétriques et l’échelle du levé était au 1 : 40 000 (Hurault, 1964 ; Alinhac, 1986). Même s’il s’agissait d’une carte militaire, elle était peu adaptée à la géographie militaire, car les signes conventionnels utilisés s’avéraient parfois imprécis, ne facilitant pas l’étude du terrain (Boulanger, 2003).

15Les premières feuilles de cette carte furent imprimées en 1833, et la première édition fut achevée en 1880. Les feuilles correspondant aux Pyrénées et à la zone proche de Montpellier furent publiées entre 1856 et 1868. À partir de 1841 débutèrent les tâches de révision et de mise à jour de la carte de l’état-major. Dans une première phase, qui prit fin en 1872, plusieurs mises à jour partielles furent effectuées. En 1873 commença une nouvelle phase, au cours de laquelle des révisions plus systématiques et plus générales de toutes les feuilles furent entreprises. Ainsi, depuis cette année-là et jusqu’en 1891, trois mises à jour furent effectuées de tout le territoire objet d’étude et exposé sur la figure 1, excepté les feuilles nº 223 : Montpellier et nº 245 : Marseillan (Berthaut, 1899).

16À partir de 1889, les processus d’édition et de révision subirent de nouvelles modifications. En premier lieu, on fractionna l’impression des feuilles en quatre quarts de feuille (NO, NE, SO et SE). Cette fragmentation qui adoptée permettait d’augmenter le nombre de graveurs employés à la révision de chacune des feuilles, assurant, de la sorte, une plus grande rapidité dans les tâches d’impression (Service géographique de l’armée, 1938 ; Hurault, 1964).

17Pendant la troisième révision, effectuée entre 1889 et 1890, les critères d’édition et de révision adoptés en 1889 furent déjà employés. En 1891, on procéda à la révision de la feuille nº 233 : Montpellier et de la feuille nº 245 : Marseillan et, deux ans plus tard, en 1893, on effectua une nouvelle révision de la feuille nº 242 : Pamiers (Berthaut, 1899). Dix ans plus tard, entre 1900 et 1901, toutes les feuilles de la zone analysée, excepté une fois encore celles de Montpellier, de Marseillan et de Pamiers, firent l’objet d’un nouveau processus de révision (fig. 1). En 1905, on procéda à la révision de la feuille nº 245 : Marseillan et, trois ans plus tard, en 1908, à celle de la feuille nº 242 : Pamiers.

Fig. 1 – Révision des feuilles de la carte de l’état-major au 1: 80 000 (1900-1901)

Fig. 1 – Révision des feuilles de la carte de l’état-major au 1: 80 000 (1900-1901)

Source : Cartothèque de l’Institut Géographique National ; cartothèque de Catalogne (Institut Cartogràfic de Catalunya)

18Grâce à cette intense activité de mise à jour, durant une période de 30 ans (1873-1901) la zone d’étude fit l’objet de quatre révisions. Ce rythme fut cependant interrompu en 1901, et depuis lors jusqu’au déclenchement de la guerre civile espagnole aucune nouvelle révision générale ne fut effectuée. Par conséquent, au milieu de la décennie 1930-1939, il se trouvait quelques feuilles, comme la nº 233 : Montpellier, qui n’avaient fait l’objet d’aucune révision depuis 1891.

2. La carte de France au 1 : 50 000

19À partir de 1890, le Service géographique de l’armée se mit à travailler au levé d’une carte topographique de la France à l’échelle du 1 : 50 000. Les premières feuilles furent imprimées en 1900 selon le modèle dit « type 1900 ». Le rythme d’impression de cette carte fut relativement lent durant les années précédant le début de la Grande Guerre, puisque des plus de mille feuilles qui la composaient seulement une cinquantaine avait été éditée (Hurault, 1964). Et de celles-ci, seules trois couvraient, comme on peut le voir sur la figure 2, une petite partie des Pyrénées : la nº XXV-48 : Perpignan, la nº XXV-49 : Port-Vendres et la nº XXV-50 : Cerbère. Les travaux de levé de ces feuilles furent réalisés entre 1902 et 1903, alors que leur date d’impression fut un peu plus tardive. La feuille nº XXV-48 : Perpignan fut imprimée en 1908, alors que les deux autres feuilles restantes furent éditées l’année suivante.

Fig. 2 – Feuilles de la carte de France au 1: 50 000 du sud de la France et de la région des Pyrénées éditées en 1908-1909 et où des travaux cartographiques partiels furent réalisés

Fig. 2 – Feuilles de la carte de France au 1: 50 000 du sud de la France et de la région des Pyrénées éditées en 1908-1909 et où des travaux cartographiques partiels furent réalisés

Source : Cartothèque de l’Institut Géographique National ; département des Cartes et plans de la Bibliothèque nationale de France ; cartothèque de Catalogne (Institut Cartogràfic de Catalunya) ; cartothèque du Centre Excursionista de Catalunya.

20Mais, tel que cela s’était passé avec les feuilles de la carte de l’état-major, après les travaux topographiques de 1902 et de 1903, il n’y eut pas de travaux de mise à jour de ces feuilles jusqu’au début de la guerre civile espagnole. La longue parenthèse de l’activité d’actualisation de la cartographie militaire française des Pyrénées et d’une partie du sud de la France obéit, essentiellement, à quatre facteurs : la Première Guerre mondiale ; une politique cartographique coloniale très ambitieuse ; la menace militaire allemande croissante ; et de fortes restriction budgétaires (Bacchus, 2002 ; Boulanger, 2002).

21Le Service géographique de l’armée avait réalisé durant la Grande Guerre un effort extraordinaire pour confectionner et éditer des feuilles du plan directeur à l’échelle du 1 : 20 000, du 1 : 10 000 et du 1 : 5 000 d’une grande utilité pour l’artillerie, l’état-major ou l’infanterie placée en première ligne (Bacchus, 2002 ; Boulanger, 2003). Toutefois, les cartes au 1 : 20 000 présentaient quelques limites, car il était nécessaire de réunir plusieurs feuilles pour que les militaires puissent se faire une idée générale de la zone où auraient lieu les combats.

22Par conséquent, une fois le conflit terminé, le Service géographique de l’armée décida de développer la cartographie militaire à l’échelle du 1 : 50 000. Au début il était prévu que son levé serait effectué à l’échelle du 1 : 20 000 et que chacune des feuilles au 1 : 50 000 serait élaborée à partir de la réduction de huit plans au 1 : 20 000 (Hurault, 1964). Les feuilles de cette carte furent dénommées « type 1922 » et se distinguèrent de celles du « type 1900 » grâce à une série d’éléments cartographiques et géographiques. Ainsi, dans son édition on utilisa uniquement cinq couleurs, avec une équidistance des courbes de niveau adaptée à l’altimétrie des régions cartographiées et un quadrillage kilométrique Lambert.

23Les travaux de la nouvelle carte de France commencèrent en 1921 et, entre cette année-là et 1931, ils furent consacrés à cartographier, pour l’essentiel, les frontières du nord-est, celles des Alpes, ainsi que quelques zones littorales. Néanmoins, à partir de la seconde moitié de la décennie 1920-1929, à mesure que les accords signés du traité de Versailles commençaient à ne pas être respectés et face à la perspective d’une nouvelle conflagration avec l’Allemagne, les efforts cartographiques allèrent de pair avec les grands ouvrages défensifs visant à renforcer la protection de la frontière franco-allemande (Alexander, 1992 ; Martín, 2006).

24Par conséquent, au début de la décennie 1930-1939, la frontière hispano-française des Pyrénées occupa une place nettement marginale dans l’agenda des travaux du Service géographique de l’armée. Dans un rapport signé le 27 mars 1931 par le directeur du Service géographique de l’armée, à l’époque le général Bellot, relatif au levé des plans directeurs au 1 : 20 000 des régions frontières de la France, il était indiqué que celles-ci étaient, du nord au sud, la frontière franco-belge, la frontière franco-allemande, la frontière franco-suisse et la frontière franco-italienne (Bellot, 1931). Le document ne fait aucune mention à la frontière hispano-française des Pyrénées, où il n’était pas prévu d’effectuer de travaux cartographiques à cette échelle. La documentation du Service géographique de l’armée conservée au Service historique de la défense montre que, pour la période quadriennale 1934-1937, il n’existait pas non plus de plans pour la réalisation d’un quelconque levé topographique à grande échelle de la zone objet d’étude. De ce fait, lorsque la guerre civile espagnole commença, le Service géographique de l’armée ne disposait d’aucune feuille du « type 1922 » de la région frontalière des Pyrénées.

25Pour leur part, les travaux de révision de la carte de l’état-major au 1 : 80 000 ne reprirent pas avant l’année 1922 et quand ils recommencèrent, ce fut dans les régions dévastées durant la Grande Guerre (Service géographique de l’armée, 1938). Cependant, il fallut attendre, comme ce fut le cas avec les feuilles de la carte de France au 1 : 50 000, le déclenchement de la guerre civile espagnole pour que les travaux de révision des feuilles de la zone des Pyrénées et du sud de la France soient relancés.

III – Le Service géographique de l’armée et les travaux de révision et d’édition de 1936-1939

26En juillet 1936, le Service géographique de l’armée était dirigé par le géodésien et général de brigade Jean-Baptiste-Dominique-Pierre Viviez. L’une des cinq sections du Service, la section de topographie, se chargeait d’effectuer les révisions établies par la direction. Viviez ordonna en 1936 la révision de toutes les feuilles de la carte d’état-major et de la nouvelle carte de France de la moitié sud de la 16e région militaire française, dont le centre de commandement était situé à Montpellier. Il s’agissait, comme on peut l’observer sur la figure 3, d’un vaste territoire contigu, de quelque 22 400 kilomètres carrés, qui comprenait la majeure partie des départements de l’Hérault, de l’Aude et des Pyrénées-Orientales, ainsi que la moitié sud du Tarn. Au total il fallait procéder à la révision de 35 quarts de feuille de la carte de l’état-major au 1 : 80 000 et de trois feuilles de la carte de France au 1 : 50 000.

Fig. 3 – Situation des travaux de révision et des levés stéréotopographiques réalisés par le Service géographique de l’armée dans le sud et le sud-est de la France entre 1936 et 1939

Fig. 3 – Situation des travaux de révision et des levés stéréotopographiques réalisés par le Service géographique de l’armée dans le sud et le sud-est de la France entre 1936 et 1939

Source : Hurault, 1939 (Service historique de la défense, SHD, 9 N 296).

  • 3 Les capitaines Cardineau et Cazenove ; les lieutenants Vidal, Fons, Valot, Jardou, Malis, le Picard (...)

27L’exécution de ces travaux fut confiée à la 38e brigade topographique, à la tête de laquelle se trouvait le capitaine Fribourg-Eynard. Ce dernier disposait d’une solide expérience comme cartographe militaire, acquise en Afrique du Nord, où il avait travaillé, entre 1931 et 1932, au levé de la carte de la Tunisie-Nasr Allah au 1 : 50 000. Les tâches de révision furent menées pendant la seconde moitié de 1936 et durant les premiers mois de l’année 1937. Pour ce, Fribourg-Eynard disposait de deux capitaines, neuf lieutenants, trois sergents d’artillerie, deux adjudants-chefs et un adjudant3. La participation de ces militaires aux tâches de révision ne fut pas simultanée. En réalité, la révision de l’année 1936 fut réalisée par une brigade dirigée par le capitaine Fribourg-Eynard et composée de onze militaires, alors que celle de l’année 1937 fut exécutée par une autre brigade, également dirigée par Fribourg-Eynard, mais formée de dix autres militaires. Seuls trois militaires, le lieutenant Valot, le sergent d’artillerie Raffalli et le capitaine Fribourg-Eynard lui-même, participèrent aux deux révisions.

28Parmi la documentation relative à la révision des feuilles de la carte de l’état-major qui est conservée à la Cartothèque de l’Institut géographique national se trouve une carte, datée du 9 août 1936, où il est indiqué que Fribourg-Eynard avait son centre d’opérations basé à l’école primaire de la commune de Prades (Prada de Conflent). De même, le capitaine Cardineau, chargé à l’époque de réviser la feuille XXV-48 : Perpignan de la carte de France au 1 : 50 000, logeait, ce jour-là, avec son détachement topographique dans la commune de Rivesaltes (Ribesaltes).

29Au milieu de la décennie 1930-1939, les topographes du Service géographique de l’armée chargés des tâches de révision des feuilles qui n’avaient pas fait l’objet de mise à jour depuis 35 ou 40 ans devaient parcourir tout le territoire assigné et s’assurer de l’état du réseau routier existant. Le cartographe chargé de la révision d’un huitième de feuille devait parcourir, durant environ 32 jours, entre 600 et 700 kilomètres. Les corrections étaient tout d’abord notées sur des feuilles agrandies au 1 : 50 000 de la carte de l’état-major au 1 : 80 000. Ensuite, la mise au propre s’effectuait sur les quarts de feuille de cette carte. À la fin de la décennie 1930-1939, la section topographique du Service géographique de l’armée destinait chaque année aux travaux de révision deux brigades, composées chacune de huit ou dix topographes militaires. En moyenne ces brigades mettaient à jour, en trois ou quatre mois de travail, 32 quarts de feuille (Service géographique de l’armée, 1938).

30Afin d’effectuer les travaux de révision, chaque feuille de la carte de l’état-major était divisée en 32 parties égales. De manière générale, chaque militaire se voyait assigner la révision d’une ou de deux parties d’une feuille, par conséquent la révision d’une feuille entière pouvait être l’œuvre d’un grand nombre de militaires. C’est le cas, par exemple, de la feuille nº 254 : Quillan, qui fit l’objet d’une révision en 1937 dans laquelle intervinrent huit militaires : les capitaines Cardineau et Cazenove, les lieutenants Fons, Malis, Valot et Vidal et les sergents d’artillerie le Goff et Raffalli.

31Les travaux de révision des dix feuilles de la carte de l’état-major et des trois feuilles de la carte de France furent réalisés de manière simultanée et coordonnée. Dans les zones où la seule représentation cartographique imprimée disponible était les quarts de feuille de la carte de l’état-major, révisés en 1900 ou en 1901, les travaux de mise à jour étaient effectués, comme nous l’avons indiqué, à partir de feuilles agrandies à l’échelle du 1 : 50 000 de la carte de l’état-major au 1 : 80 000. Ensuite, les modifications étaient mises au propre, au moyen d’une réduction, sur des quarts de feuille au 1 : 80 000 spéciaux. Tandis que dans les endroits qui étaient également représentés au moyen de feuilles de la carte de France au 1 : 50 000, les modifications étaient réalisées directement sur des copies spéciales de ces feuilles. Ensuite, une fois les travaux sur le terrain terminés, on procédait à leur transfert, moyennant réduction à l’échelle du 1 : 80 000, sur les quarts de feuille de la carte de l’état-major.

  • 4 Information obtenue à partir de la consultation des minutes disponibles à la cartothèque de l’Insti (...)
  • 5 L’information exposée dans ces minutes permet de savoir avec exactitude le pourcentage de territoir (...)

32Le fait que seule une partie du territoire soit représentée au moyen des feuilles de la carte de France au 1 : 50 000 créa quelques problèmes de superposition, qui affectèrent un total de cinq quarts de feuille de la carte de l’état-major. Quelques-unes des minutes de la révision de ces quarts de feuille que l’on a conservées signalent avec précision quelle partie avait été révisée en suivant le modèle monochrome et à l’échelle du 1 : 80 000 de la carte de l’état-major et quelle partie avait été révisée à partir du modèle polychrome et à l’échelle du 1 : 50 000 de la nouvelle carte de France4. C’est le cas, par exemple, de la minute correspondant au quart SO de la feuille nº 258 : Céret, révisée en 1936, où il est indiqué que 40 % de la partie occidentale du quart fut « révisée au 80 000 » par le capitaine Cardineau, alors que les 60 % restants furent « révisés au 50 000 couleurs » par le lieutenant Jardou5.

33Les activités cartographiques du Service géographique de l’armée ne se limitèrent pas, durant la guerre civile espagnole, à la zone des Pyrénées-Orientales. En 1938, le nouveau directeur du service, le général Louis Hurault (1886-1973), qui en avait pris la direction en août de l’année précédente, ordonna d’effectuer une révision partielle de la feuille de la carte de l’état-major nº 226 : Bayonne. La zone révisée constitue, comme l’on peut l’apprécier sur la figure 3, la zone la plus occidentale de contact de la frontière française avec la frontière espagnole, où se trouve situé le passage frontalier stratégique d’Hendaye. L’année suivante, en 1939, Louis Hurault fit réaliser des travaux stéréotopographiques dans une zone contigüe, située à l’est de celle qui avait fait l’objet d’une révision en 1938. Près de cette zone contigüe et montagneuse, couverte par la feuille nº 238 : Saint-Jean-Pied-de-Port de la carte de l’état-major, se trouve le col stratégique d’Ibañeta, situé dans les Pyrénées navarraises espagnoles.

34La réalisation de ces travaux est très probablement due à l’inquiétude croissante de l’état-major de l’armée de terre française face à la menaçante concentration de troupes italiennes à proximité des Pyrénées navarraises du côté espagnol, ainsi que le signalait en décembre 1938 le colonel Maurice Gauché, du Service de renseignement. Il porta en effet à la connaissance de ses supérieurs que « les 4 000 soldats italiens d’infanterie arrivés les 20-23 novembre à Pampelune avec leur matériel et une soixantaine de chars s’étaient dirigés […] vers la frontière française, de même que 200 militaires allemands, officiers et troupe, accompagnant de l’artillerie de campagne » (Lacroix-Riz, 2006, 253).

IV – Feuilles de la carte de l’état-major et de la nouvelle carte de France révisées et éditées entre 1936 et 1939

35Dans cette partie sont analysés divers aspects des travaux de révision et d’édition effectués durant la guerre civile espagnole par le Service géographique de l’armée. En premier lieu sont abordés ceux relatifs à la cartographie dérivée de la carte de l’état-major et, en second lieu, ceux concernant la nouvelle carte de France. Les travaux de mise à jour des quarts de feuille de la carte de l’état-major commencèrent en 1936 par le sud, dans le département des Pyrénées-Orientales. Cette année-là, comme on peut l’observer sur la figure 4, cinq feuilles et 17 quarts de feuille furent mis à jour. L’année suivante, les travaux se poursuivirent en direction nord, et cinq autres feuilles et 17 quarts de feuille furent révisés.

Fig. 4 – Révision des feuilles de la carte de l’état-major au 1 : 80 000 (1936-1937)

Fig. 4 – Révision des feuilles de la carte de l’état-major au 1 : 80 000 (1936-1937)

* Les quarts NE et SE de la feuille nº 258 : Céret furent unifiés aussitôt après la révision de 1936 en un double quart NE-SE.

Source : cartothèque de l’Institut géographique national ; cartothèque de Catalogne (Institut Cartogràfic de Catalunya).

36Une fois les travaux de révision conclus, ceux d’édition commencèrent, dont l’exécution fut plus lente. Le directeur du Service géographique de l’armée à l’époque, le colonel Louis Hurault, affirmait à ce propos, dans une lettre signée le 1er juillet 1939 et adressée au commandant de la troisième section de l’état-major de la 18e région militaire siégeant à Bordeaux, que « la publication des travaux [de révision] n’intervient que 18 mois environ après la fin des opérations sur le terrain » (Hurault, 1939).

37L’intervalle entre les tâches de révision et celles d’édition permet d’expliquer comment, jusqu’à une date bien avancée en 1938, les premiers quarts de feuille qui avaient été révisés en 1936 ne furent pas imprimés. C’est le cas des quarts NE-SE et SO de la feuille nº 258 : Céret, imprimés en octobre 1938. Il s’agit de l’une des feuilles où apparaît représentée la ligne frontalière et qui fut l’une des premières à être révisées. Ensuite furent imprimées, jusqu’en septembre 1939, d’autres feuilles qui avaient également fait l’objet d’une révision. Ainsi, entre mars et août 1939, les quatre quarts de la feuille nº 257 : Prades, révisée en 1936 et contigüe à la frontière, furent édités. Et, durant ces mois-là, l’impression des quarts SO et SE de la feuille nº 254 : Quillan, le quart NO de la feuille nº 255 : Perpignan, ainsi que le quart NO de la feuille nº 258 : Céret fut également réalisée. Autant de feuilles toutes révisées en 1936. Les feuilles révisées au début de l’année suivante firent l’objet d’une ou de plusieurs impressions plus tard, entre 1941 et 1943, par l’Institut géographique national.

  • 6 Pour des raisons d’espace nous avons décidé de limiter notre analyse à deux éditions différentes d’ (...)

38L’analyse comparative des éditions de 1901 et de 1936 du quart SO de la feuille nº 255 : Perpignan permet de se faire une idée assez approximative des modifications cartographiques et géographiques réalisées à la suite de la révision effectuée en 19366. Celles à caractère cartographique se limitèrent pour l’essentiel à la superposition d’un carroyage kilométrique « projection Lambert III zone sud » à l’usage de l’artillerie. Toutefois, celles à caractère géographique furent très diverses et atteignirent à certains égards un degré de détail très notable. En premier lieu, le paysage naturel présente sur les deux feuilles de multiples changements comme la modification de l’environnement de l’étang de Salses ; la disparition des marécages littoraux de l’étang de Canet ; la disparition de certains petits lacs comme celui du Gourg Blanc, situés au sud de l’étang de Salses ; l’altération du cours du Têt à son passage par le sud du village de Baho et le changement d’orientation de son embouchure.

39De son côté, le paysage humain présente sur les deux feuilles de nombreuses modifications, qui affectent presque toutes les activités humaines. Étant donné le caractère strictement militaire de cette cartographie, les changements intervenus dans le réseau routier et dans le système de transports sont clairement appréciables. Ainsi, tant les aérodromes de Perpignan-Rivesaltes et de Perpignan-la-Salanque que la base d’hydravions de la Salanque sur l’étang de Salses sont parfaitement représentés. Il en est de même avec le réseau routier dont l’analyse permet de constater l’apparition de nouvelles routes comme celle de Torreilles (Torrelles) à Villelongue-de-la-Salanque (Vilallonga de la Salanca) ou celle de Cabestany à Saleilles (Salelles).

40L’évolution des établissements humains fit également l’objet d’une attention particulière durant la révision de 1936. Ainsi, on peut distinguer divers groupements de baraques de pêcheurs, situées sur les rives de l’étang de Salses ou le long de la côte. Ou l’apparition d’un centre résidentiel, Canet-Plage, dans la zone où se trouvaient des marécages littoraux de l’étang de Canet. De même, on note la croissance des principaux pôles urbains représentés sur ce quart de feuille comme Perpignan, Rivesaltes (Ribesaltes), le Barcarès ou Saint-Laurent-de-la-Salanque (Sant Llorenç de la Salanca). Dans le cas de la ville de Perpignan, on peut voir avec netteté sa forte croissance urbaine, en direction nord, juste de l’autre côté du Têt, ainsi qu’en direction sud-est et sud-ouest. Ce ne furent pas les seuls changements du paysage humain que notèrent les topographes du Service géographique de l’armée en 1936. D’autres altérations, comme celles relatives à la progression ou au recul ponctuels de l’espace agraire et de l’exploitation des marais salants, n’échappèrent pas à leur enregistrement minutieux du paysage. On peut apprécier une partie significative de ces changements à partir de la lecture attentive des figures 5 et 6. La figure 5 est un détail du quart SO de la feuille nº 255 : Perpignan, révisée en 1901 et éditée en mai 1912, alors que la figure 6 correspond au même détail de ce quart de feuille, révisée en 1936 et imprimée en septembre 1939.

Fig. 5 – Détail du quart de feuille SO nº 255 : Perpignan de la carte de l’état-major au 1: 80 000 révisée en 1901

Fig. 5 – Détail du quart de feuille SO nº 255 : Perpignan de la carte de l’état-major au 1: 80 000 révisée en 1901

Source : cartothèque de Catalogne (Institut Cartogràfic de Catalunya)

Fig. 6 – Détail du quart de feuille SO nº 255 : Perpignan de la carte de l’état-major au 1: 80 000 révisée en 1936

Fig. 6 – Détail du quart de feuille SO nº 255 : Perpignan de la carte de l’état-major au 1: 80 000 révisée en 1936

Source : cartothèque de Catalogne (Institut Cartogràfic de Catalunya).

41La révision et l’édition des feuilles de la carte de l’état-major effectuées entre 1936 et 1939 affectèrent également la cartographie dérivée de cette carte. En particulier, les feuilles de la « carte agrandie » au 1 : 50 000 et celles de la carte de France au 1 : 200 000 et au 1 : 500 000. Les premières étaient obtenues par un processus « d’agrandissement », ou augmentation de l’échelle de la carte (Hurault, 1964). Toutefois, les feuilles agrandies, qui incorporaient les modifications de la révision de 1936-1937 et qui ont été retrouvées, furent imprimées par l’Institut géographique national durant la Seconde Guerre mondiale.

42La carte de France au 1 : 200 000, qui était la carte stratégique par excellence, était élaborée, au contraire, à partir de la réduction de la carte de l’état-major. Chacune de ses feuilles comprenait quatre feuilles de la carte au 1 : 80 000. Elles étaient imprimées en six couleurs et le relief était figuré au moyen de courbes de niveau équidistantes de 40 mètres. La première édition de cette carte, dite « type 1880 », fut publiée entre 1880 et 1895. Par la suite, au début du XXe siècle, une nouvelle édition dite « type 1912 » fut entreprise, nettement plus détaillée que celle du type précédent (Hurault, 1964).

43Des huit feuilles de la carte de l’état-major au 1 : 200 000, qui couvraient la zone objet d’étude, seules trois furent affectées par la révision effectuée entre 1936 et 1937 : la feuille nº 72 : Carcassonne, la feuille nº 73 : Montpellier et la feuille nº 78 : Perpignan. Cependant, alors que les feuilles nº72 : Carcassonne et nº 78 : Perpignan firent l’objet d’une révision intégrale, la feuille nº 73 : Montpellier fit l’objet d’une révision partielle, limitée à sa partie la plus occidentale. La feuille nº 78 : Perpignan fit l’objet de deux impressions durant la guerre civile espagnole, l’une en 1937 et l’autre en 1939.

44Les travaux de révision des feuilles de la nouvelle carte de France au 1 : 50 000 ne se limitèrent pas seulement au territoire couvert par les trois feuilles de cette carte imprimées en 1908 et en 1909, mais ils affectèrent également la partie la plus orientale des feuilles nº XXII-49 : Mont-Louis et nº XXII-50 : Saillagouse, qui couvraient la zone défensive de la citadelle de Mont-Louis, construite au début de la décennie 1680-1689 afin de protéger la vallée creusée par le Têt de toute menace possible provenant de la Basse-Cerdagne (Baixa Cerdanya). La partie la plus au sud-ouest de la zone défensive de la citadelle de Mont-Louis avait déjà fait l’objet d’une révision quelques années auparavant, en 1933, tandis que le reste serait révisé en 1936, en même temps qu’étaient révisés les quarts NO et SO de la feuille nº 257 : Prades de la carte de l’état-major. C’était une zone qui avait également fait l’objet de travaux topographiques au début du XXe siècle dans le cadre de la carte de France au 1 : 50 000, et elle était couverte depuis lors avec des feuilles du plan directeur au 1 : 20 000. Les travaux de révision la concernant furent effectués par le capitaine Cazenove.

  • 7 La feuille XXV-49, qui dans l’édition de 1909 s’appelait « Port-Vendres », prit la dénomination « A (...)

45La révision de la feuille nº XXV-48 : Perpignan fut réalisée en août 1936 par le capitaine Cardineau, alors que celle de la feuille nº XXV-50 : Cerbère le fut par le lieutenant Jardou. L’édition et la conversion des feuilles de la carte de France révisées en 1936 au « type 1922 » ne furent pas immédiates. Les trois furent éditées en 1939 et firent l’objet de réimpression durant la Seconde Guerre mondiale. La feuille nº XXV-48 : Perpignan fut éditée en juillet 1939, alors que pour les deux autres, la nº XXV-49 : Argelès-sur-Mer et la nº XXV-50 : Cerbère, il est indiqué sur chacune d’elles « dressé, dessiné et publié par le Service géographique de l’armée en 1939 » à partir de la révision effectuée en 19367.

46La révision effectuée en 1936 des feuilles de la carte de France au 1 : 50 000 n’eut aucun effet sur les plans directeurs de celles-ci, étant donné qu’elle fut réalisée, comme nous l’avons dit, au 1 : 50 000. Toutefois, durant la Seconde Guerre mondiale, on relève de multiples réimpressions tant des feuilles du plan directeur au 1 : 20 000 que de celles au 1 : 10 000 des feuilles nº XXV-48 : Perpignan, nº XXV-49 : Argelès-sur-Mer et nº XXV-50 : Cerbère, qui avaient été confectionnées à partir des travaux topographiques effectués entre 1891 et 1903.

Conclusions

47La cartographie est, au minimum depuis la fin du XVe siècle, une compagne inséparable des activités militaires. Et la guerre civile espagnole, comme toutes les guerres modernes, ne fut pas une exception à ce constat. Pendant les près de trois années qu’elle dura, la quantité de matériel cartographique produit, œuvre pour la plupart d’organismes cartographiques espagnols, fut énorme. Mais, étant donné que ce fut, dans une large mesure, un conflit international, il mobilisa également les services cartographiques d’autres pays. Jusqu’à maintenant, l’on a analysé le cas de l’Istituto Geografico Militare italien, qui depuis la fin décembre 1936 commença à travailler à la confection de la cartographie militaire de l’Espagne. Mais les cartographes militaires italiens ne furent pas les seuls à se mobiliser à cause du conflit espagnol.

48Les services cartographiques militaires français ne réussirent pas non plus à s’y soustraire. De fait, l’intervention du Service géographique de l’armée fut non seulement antérieure à celle de l’Istituto Geografico Militare italien, mais elle se produisit immédiatement après que la guerre ait éclaté en Espagne. Le haut-commandement de l’armée française perçut cette guerre, ainsi que l’a signalé l’historien Thierry Vivier, « comme un nouveau et redoutable défi stratégique lancé à la France » ; un défi qui l’obligea à prêter une attention prioritaire à une frontière, celle des Pyrénées, qui jusqu’au milieu de la décennie 1930-1939 était considérée comme secondaire par les géographes militaires français. Aussi, au moment où éclata la guerre civile espagnole, les autorités militaires françaises ne disposaient que d’une cartographie militaire relativement obsolète, car n’ayant pas l’objet d’une mise à jour générale depuis les premières années du XXe siècle.

49Cette situation provoqua une intervention immédiate du Service géographie de l’armée, afin de pallier les déficiences que présentait la cartographie disponible de la zone des Pyrénées et d’une partie du sud de la France. Les zones couvertes par les travaux cartographiques furent, strictement, celles qui, selon les prévisions des géographes militaires de la IIIe République, pourraient devenir les principaux théâtres d’opérations au cas où une invasion armée se produirait depuis le sud de la chaîne pyrénéenne : la plaine du Roussillon et la zone frontalière entre Bayonne et Saint-Jean-Pied-de-Port. Dans ce sens, les travaux cartographiques furent réalisés selon les directives à caractère nettement défensif que défendait le grand état-major du général Maurice Gamelin.

50Par conséquent, entre le milieu de l’année 1936 et le début de l’année 1937, deux brigades topographiques furent détachées dans la partie la plus orientale de la frontière hispano-française des Pyrénées. Au final, 33 quarts de feuille de la carte de l’état-major et trois feuilles de la nouvelle carte de France au 1 : 50 000 furent révisés, correspondant toutes à la zone la plus orientale des Pyrénées françaises et proche de la ville de Montpellier. Une partie substantielle des feuilles révisées durant les premiers mois de la guerre civile espagnole fut imprimée, entre 1937 et 1939, dans les ateliers du Service géographique de l’armée. Plus tard, entre 1938 et 1939, des travaux de révision cartographique et de stéréotopographie furent effectués à l’autre extrémité de la chaîne pyrénéenne.

51La réalisation de toutes ces opérations cartographiques constitue, selon nous, un chapitre relativement méconnu des activités de l’armée française concernant la guerre civile espagnole. Un chapitre très différent de celui des services cartographiques militaires italiens, puisque pendant que ces derniers effectuèrent une intervention directe sur le territoire espagnol, les Français se limitèrent, pour l’essentiel, à cartographier les zones de leur territoire qu’ils considéraient stratégiquement vitales pour la défense de la frontière pyrénéenne ; des zones qui étaient également fondamentales pour une éventuelle intervention directe de l’armée française dans le conflit espagnol.

52C’est son caractère préventif qui distingue la cartographie militaire des Pyrénées françaises réalisée entre 1936 et 1939 par le Service géographique de l’armée du reste de la cartographie produite à la suite de la Guerre Civile espagnole, car elle n’a pas été empruntée directement dans ce conflit. Néanmoins, pendant la Deuxième Guerre mondiale elle fut usée par l’armée allemande, dont les services cartographiques ont profité d’une bonne partie de la cartographie produite lors de la Guerre Civile espagnole.

53Ainsi, par exemple, entre 1940 et 1944 l’Abteilung für Kriegs-Karten und-Vermessungswesen (Département des Cartes et des Activités Cartographiques en temps de guerre) de l’armée allemande a mis à profit abondamment les cartes élaborées pendant le conflit espagnol aussi bien par les services cartographiques de la République espagnole que par ceux de l’armée franquiste afin d’élaborer sa Deutsche Heereskarte von Spanien 1 :50 000 (Urteaga, Nadal, 2001, 104-111 ; Scharfe, 2004).

54Il en fut de même avec la cartographie des Pyrénées. Les services cartographiques militaires allemands ont réalisé, en avril 1943, une première édition d’une extraordinaire carte militaire itinéraire des Pyrénées, l’Übersicht zur Mil-Geo-Bearbeitung Durchgängigkeit der Pyrenäen 1 : 200 000, formée de huit feuilles et dont ils avaient prévu la réalisation d’une deuxième édition en septembre de cette année-là (Scharfe, 2004, 131-132). Cette carte a été compilée, tel qu’indiqué de manière détaillée sur chacune des feuilles, à partir de la cartographie la plus actualisée des Pyrénées, réalisée jusque-là aussi bien par les services cartographiques français qu’espagnols.

55Cette information permet de savoir, par exemple, que la représentation de la partie espagnole des Pyrénées a été réalisée à partir de la consultation, entre autres documents cartographiques, de plusieurs feuilles de l’édition spéciale de la Mapa Topográfico de España a escala 1 : 50 000, réalisées entre 1936 et 1939 par les services cartographiques républicains espagnols. De même avec la représentation de la partie française. Ainsi, sur la feuille : « K31 NW4 Perpignan » de la carte allemande citée, il est indiqué que sa compilation a été effectuée à partir de l’édition de 1937 de la feuille nº 77 : Foix, ainsi que des éditions de 1937 et de 1939 de la feuille nº 78 : Perpignan de la Carte de France au 1 : 200 000. Des éditions qui, pour le cas spécifique de la feuille de Perpignan, contenaient, tel qu’il a été déjà signalé, l’information géographique actualisée lors de la révision effectuée pendant la Guerre Civile espagnole par le Service géographique de l’Armée.

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Rodes M., « Les officiers géodesiens aux Pyrénées (1825 et 1827 et 1848-1851) », in Puyo J.-Y. (éd.), Vues en Haut, les Pyrénées, éditions du Pin à Crochet, coll. Les feuilles de Pin à Crochets, nº 2, Pau, 2001, p. 4-30.

Scharfe W., « Deutsche Heerskarte von Spanien ». El Mapa d’Espanya a escala 1 : 50 000 de l’Estat Major de l’Exèrcit alemany (1940-1944) », Treballs de la Societat Catalana de Geografia, Barcelona, nº 57, 2004, p. 111-138.

Sermet J., La frontière hispano-française des Pyrénées et les conditions de sa délimitation, Les Amis du livre pyrénéen, Lorda, 1983, 285 p.

Service géographique de l’armée, Le Service géographique de l’armée : son histoire, son organisation, ses travaux, Imprimerie du Service géographique de l’armée, Paris, 1938, 191 p.

Sinoir A., « 1940-1990 : une histoire mouvementée », Les Cahiers Historiques de l’IGN, Paris, nº 1, 1999, p. 1-148.

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Urteaga L., Nadal, F., Muro J. I., « La cartografia del Corpo di Truppe Volontarie, 1937-1939 », Hispania. Revista española de historia, Madrid, nº 210, 2002, p. 283-289.

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Vivier T., L’Armée française et la Guerre d’Espagne, 1936-1939, les Éd. de l’Officine, Paris, 2007, 406 p.

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Notes

2 Pour son élaboration, nous avons consulté la documentation historique du Service géographique de l’armée disponible au Service historique de l’armée de terre (château de Vincennes), ainsi que les cartes militaires des Pyrénées françaises de cet organisme cartographique militaire conservées à la cartothèque de l’Institut géographique national (Paris), au département de Cartes et plans de la Bibliothèque nationale de France, à la cartothèque de Catalogne (Institut Cartogràfic de Catalunya, Barcelone) et à la cartothèque du Centre Excursionista de Catalunya (Barcelone).

3 Les capitaines Cardineau et Cazenove ; les lieutenants Vidal, Fons, Valot, Jardou, Malis, le Picard de Wulf, Isaac et Saint-Sauveur ; les maréchaux-des-logis le Goff, Maître et Raffali ; et les adjudants Aubry, Pasquier et Lacombe (Source : Révision de 1936 et de 1937 des feuilles de la carte de l’état-major au 1 : 80 000 nº : 231, 232, 233, 243, 244, 245, 254, 255, 257 et 258 de la cartothèque de l’Institut Géographique National).

4 Information obtenue à partir de la consultation des minutes disponibles à la cartothèque de l’Institut géographique national relatives à la révision des feuilles de la carte de l’état-major de la zone des Pyrénées, effectuée par le Service géographique de l’armée entre 1936 et 1939.

5 L’information exposée dans ces minutes permet de savoir avec exactitude le pourcentage de territoire d’un quart de feuille de la carte de l’état-major révisé par les différents membres de la brigade topographique.

6 Pour des raisons d’espace nous avons décidé de limiter notre analyse à deux éditions différentes d’une même feuille de la carte de l’état-major, puisque ce fut la principale carte affectée par les travaux de révision de 1936-1939.

7 La feuille XXV-49, qui dans l’édition de 1909 s’appelait « Port-Vendres », prit la dénomination « Argelès-sur-Mer » dans l’édition de 1939.

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Table des illustrations

Titre Fig. 1 – Révision des feuilles de la carte de l’état-major au 1: 80 000 (1900-1901)
Crédits Source : Cartothèque de l’Institut Géographique National ; cartothèque de Catalogne (Institut Cartogràfic de Catalunya)
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/soe/docannexe/image/966/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 240k
Titre Fig. 2 – Feuilles de la carte de France au 1: 50 000 du sud de la France et de la région des Pyrénées éditées en 1908-1909 et où des travaux cartographiques partiels furent réalisés
Crédits Source : Cartothèque de l’Institut Géographique National ; département des Cartes et plans de la Bibliothèque nationale de France ; cartothèque de Catalogne (Institut Cartogràfic de Catalunya) ; cartothèque du Centre Excursionista de Catalunya.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/soe/docannexe/image/966/img-2.jpg
Fichier image/jpeg, 180k
Titre Fig. 3 – Situation des travaux de révision et des levés stéréotopographiques réalisés par le Service géographique de l’armée dans le sud et le sud-est de la France entre 1936 et 1939
Crédits Source : Hurault, 1939 (Service historique de la défense, SHD, 9 N 296).
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/soe/docannexe/image/966/img-3.jpg
Fichier image/jpeg, 232k
Titre Fig. 4 – Révision des feuilles de la carte de l’état-major au 1 : 80 000 (1936-1937)
Légende * Les quarts NE et SE de la feuille nº 258 : Céret furent unifiés aussitôt après la révision de 1936 en un double quart NE-SE.
Crédits Source : cartothèque de l’Institut géographique national ; cartothèque de Catalogne (Institut Cartogràfic de Catalunya).
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/soe/docannexe/image/966/img-4.jpg
Fichier image/jpeg, 204k
Titre Fig. 5 – Détail du quart de feuille SO nº 255 : Perpignan de la carte de l’état-major au 1: 80 000 révisée en 1901
Crédits Source : cartothèque de Catalogne (Institut Cartogràfic de Catalunya)
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/soe/docannexe/image/966/img-5.jpg
Fichier image/jpeg, 536k
Titre Fig. 6 – Détail du quart de feuille SO nº 255 : Perpignan de la carte de l’état-major au 1: 80 000 révisée en 1936
Crédits Source : cartothèque de Catalogne (Institut Cartogràfic de Catalunya).
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/soe/docannexe/image/966/img-6.jpg
Fichier image/jpeg, 613k
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Pour citer cet article

Référence papier

Francesc Nadal, « La cartographie militaire des Pyrénées françaises et la guerre civile espagnole »Sud-Ouest européen, 31 | 2011, 169-182.

Référence électronique

Francesc Nadal, « La cartographie militaire des Pyrénées françaises et la guerre civile espagnole »Sud-Ouest européen [En ligne], 31 | 2011, mis en ligne le 29 avril 2015, consulté le 18 mai 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/soe/966 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/soe.966

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Auteur

Francesc Nadal

Professeur, Faculté de Géographie et Histoire, Département de géographie humaine, Universitat de Barcelona, fnadal@ub.edu.

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Droits d’auteur

CC-BY-NC-ND-4.0

Le texte seul est utilisable sous licence CC BY-NC-ND 4.0. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

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