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Territoire et identité en Vallespir. La construction et l’expression de l’identité d’une région frontalière à travers l’analyse des fêtes traditionnelles locales

Territory and identity in Vallespir. Building and expressing the identity of a border region through the analysis of its local traditional feasts
Territorio e identidad en Vallespir. La construcción y la expresión de la identidad de una región fronteriza a través del análisis de las fiestas tradicionales locales
Magali Pagès
p. 45-53

Résumés

Les activités culturelles régionales permettent aux populations locales de territorialiser les espaces de leur vie quotidienne, à savoir celui du village et de la vallée. La répétition périodique de gestes et de discours poétiques conduit les populations régionales à ouvrir un univers anthropopoiétique. Il s’agit d’une réalité symbolique construite par les acteurs à travers leurs pratiques traditionnelles, dans lesquelles ils expriment des valeurs imaginaires fondamentales de leur culture régionale. Généralement, l’origine de ces symboles anthropopoiétiques renvoie au mode de vie des anciennes sociétés agricoles. Le maintien des traditions permet aux groupes de villageois de développer une résistance culturelle et de perpétuer ainsi l’identité communautaire et territoriale.

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Texte intégral

1L’enjeu de cet article sera de montrer comment, à travers l’exercice de pratiques culturelles régionales telles les fêtes traditionnelles, une communauté villageoise parvient à construire une réalité sociale spécifique au sein de laquelle elle exprime son identité culturelle et territoriale. Plus exactement, il s’agit d’une réalité symbolique qui peut être comprise tel un univers anthropopoiétique que Francis Affergan (2003) définit comme étant

une entrée et un fil conducteur à travers les différents modes sociaux et culturels de la fabrication symbolique et pratique de l’humain entre invention et convention. (…) Catégorie intentionnellement floue dans son contenu et son extension, elle recouvre les innombrables processus de fabrication, de représentation et d’effectuation de l’être humain, femmes et hommes, par les moyens symboliques et pratiques les plus variés, de ceux-là même dont la collaboration nous permet d’identifier une culture dans ses limites spatialement indécises et temporellement mouvantes.

2Cet univers anthropopoiétique fondé sur des valeurs symboliques constitutives de l’imaginaire collectif, se structure à partir de cadres spatiaux et temporels particuliers. Quels sont-ils ? Pourquoi les fêtes traditionnelles permettent-elles aux populations régionales de « construire et reconstruire sans cesse ce qui [les] environne, tant de façon matérielle que dans leurs représentations » (Di Méo, 1996) ? Autrement dit, en quoi les traditions festives participent-elles à la création de l’identité de la communauté régionale et de son territoire ?

3Afin de tenter de résoudre ces problématiques, nous allons étudier un exemple concret de fêtes traditionnelles. Il s’agira des pratiques traditionnelles spécifiques aux populations de la région du Haut-Vallespir, à savoir celles des villages d’Arles-sur-Tech, de Prats-de-Mollo et de Saint-Laurent-de-Cerdans.

I – Les traditions régionales : entre tradition populaire et culture ordinaire

4La culture régionale désigne l’ensemble des pratiques traditionnelles propres à une population située sur une zone géographique déterminée. Les traditions populaires régionales sont des savoirs et savoir-faire contenus dans le mode de vie d’un groupe donné, marquant sa spécificité culturelle. Il ne s’agit pas de connaissances théoriques mais d’un savoir pratique transmis oralement et empiriquement (par le corps et les gestuelles) d’une génération à l’autre. Cette passation se déroule notamment à l’occasion des différentes festivités, lorsque les individus plus âgés enseignent aux plus jeunes les gestes à exécuter (comme par exemple les pas des danses traditionnelles) ou bien les textes poétiques des chants populaires régionaux. Ainsi, la tradition concerne l’action empirique mais elle détermine aussi l’imaginaire et l’inconscient collectifs dans la mesure où elle contient des éléments symboliques et religieux conditionnant des idéaux de vie.

5Dans un certain sens, la pratique de traditions régionales permet aussi à une population de construire son propre territoire. L’activité traditionnelle participe donc à la construction de l’identité territoriale telle qu’elle est présentée dans le Dictionnaire des sciences humaines : « (Le) territoire est une portion d’espace que les hommes s’approprient par la force, à travers leurs activités et leur imaginaire. Il acquiert ainsi au fil du temps une “ personnalité ” qui le différencie des autres. » Pour être plus précis, les pratiques populaires régionales permettent la construction de ce que les auteurs du Dictionnaire de la géographie et de l’espace des sociétés nomment l’identité spatiale collective : « Une identité spatiale collective prend la forme d’un ensemble de discours, de représentation et de pratiques normatives du bon usage de son espace par un groupe donné. » Ainsi, une communauté régionale construirait son propre espace à partir de ses activités culturelles reposant sur un univers imaginaire particulier. Dans le cas des groupes de régionalistes, la revendication de leur spécificité culturelle est fondée sur la construction d’un espace spécifique correspondant au territoire régional.

6Pendant très longtemps, les traditions régionales ont été étudiées d’un point de vue passéiste et folkloriste. Les ethnologues et les anthropologues n’expliquaient la signification des pratiques culturelles régionales que par rapport au passé historique des populations locales. Les chercheurs ne procédaient qu’à un simple recueil des traditions sans pour autant analyser leur rôle dans la dynamique communautaire villageoise. Les traditions étaient alors considérées comme appartenant à une autre ère historique différente de la modernité caractérisée par les valeurs culturelles globales diffuses à travers les mass-média. Ce qui conduit Jean Cuisenier (1995) à distinguer la tradition populaire de la « culture ordinaire ». Selon lui, les traditions populaires ne peuvent se penser que par rapport à une « culture ordinaire », c’est-à-dire globale diffuse à travers toutes les sociétés post-modernes, dans lesquelles les médias participent activement à sa production et à sa diffusion dans un espace élargi. Les traditions populaires, constitutives des cultures régionales, sont donc à l’opposé de cette « culture ordinaire », dans la mesure où elles ne jouissent d’aucun moyen de diffusion et que leur pratique reste cantonnée à une zone géographiquement délimitée. Les activités culturelles issues de la « culture ordinaire » revêtent une signification universelle, tandis que les traditions populaires n’ont de sens que pour une population spatialement définie et cherchant à faire valoir son histoire. Par exemple, la portée d’une chanson rap pourra être saisie par plusieurs individus se trouvant à différents endroits sur la planète, tandis qu’une chanson populaire régionale n’aura de sens que pour les individus s’intéressant aux valeurs culturelles de cette région faisant référence à des périodes bien précises de son histoire.

7Nonobstant, Jean Cuisenier (1995) ajoute que la tradition populaire ne peut être pensée que par son rapport antagoniste à la « culture ordinaire ». Ce qui justifie l’existence sur un même territoire de la « culture ordinaire » et de la tradition populaire. Il est vrai qu’aujourd’hui, même si les populations régionales revendiquent à travers leurs pratiques culturelles une spécificité communautaire, elles sont intégrées dans la globalité sociale moderne. Ainsi, les membres de ces communautés traditionnelles régionales sont des individus dont les valeurs culturelles émanent de la « culture ordinaire ». De ce fait, dans le cadre même d’une fête traditionnelle, cette personne pourra tout au long de la journée danser sur des airs populaires régionaux, et le soir venu, lors du grand bal populaire, s’amuser sur des variétés nationales et internationales. De même que les organisateurs des fêtes traditionnelles veillant par exemple au bon déroulement d’un défilé dans les rues du village, communiquent entre eux avec des moyens technologiques modernes : téléphone portable, CB (Citizen’s Band). Les moyens technologiques comme les films vidéo et les appareils photo leur permettent aussi de conserver des images des fêtes.

8Par là même, la tradition ne peut se comprendre que dans une dimension temporelle, elle tend à maintenir dans le présent des éléments passés et à les projeter dans un avenir. Il existe une dynamique traditionnelle inscrite dans la temporalité moderne. De cette manière, une tradition n’est en aucun cas un élément qui reste figé dans le passé. Certes, la tradition possède une origine et une histoire mais elle est également soumise à des changements, comme par exemple les transformations que lui font subir les différentes générations afin de l’adapter aux conjonctures globales contemporaines. Lors de ces transformations, seule la forme de la tradition est altérée et son contenu demeure identique. Comment les acteurs procèdent-ils pour insérer leurs traditions régionales dans leur vie quotidienne moderne, et ouvrir ainsi le contexte spatial et temporel de leur univers anthropopoiétique ? Pour quelles raisons ces particularismes se maintiennent-ils alors que les individus ont un accès direct aux valeurs culturelles globales ?

9Afin de solutionner ces interrogations, nous allons analyser les pratiques culturelles dans la région du Vallespir.

Les pratiques traditionnelles en Vallespir

10Le Vallespir est une micro-région du département des Pyrénées-Orientales. L’ensemble de ce département (à l’exception de la micro-région des Fenouillèdes) constitue une région de culture catalane appartenant à ce que la mouvance catalaniste et une partie de la population désignent sous le terme de Catalogne Nord. Celle-ci fait partie des territoires catalanophones recouvrant un espace régional s’étendant de Valence à Perpignan et de Lérida aux Baléares (fig. 1).

Fig. 1 – Zone linguistique catalane et détail des territoires frontaliers

Fig. 1 – Zone linguistique catalane et détail des territoires frontaliers

Réalisation : Joseph Buosi, atelier de cartographie, département de géographie de l’université Toulouse II-Le Mirail

11Sur la carte des territoires catalans, le Vallespir – en particulier la zone du Haut-Vallespir – est présenté comme étant une région culturelle catalane spécifique (ou comarca). Il s’agit d’un territoire frontalier avec des comarques catalanes situées sur le sol national espagnol : l’Alt Empordà, la Garrotxa et le Ripollès.

12Le caractère frontalier de la zone du Haut-Vallespir peut expliquer l’engouement des populations villageoises à maintenir la spécificité culturelle catalane. Certains Vallespiriens ont conservé l’usage de la langue catalane dans leur vie quotidienne, en particulier dans les villages éloignés tel que Saint-Laurent-de-Cerdans. Tous les Vallespiriens se retrouvent à l’occasion des fêtes traditionnelles pour former les rondes de sardane, danse traditionnelle catalane qui aurait pénétré le Roussillon catalanophone par le Vallespir à la fin du XIXe siècle. C’est pourquoi les villageois attribuent à la sardane une valeur symbolique très forte, les conduisant à pratiquer cette danse très régulièrement. Notons qu’en Haut-Vallespir la sardane ne revêt en aucun cas un caractère folklorique, comme c’est le cas dans la majorité des autres comarques catalanes. Au contraire, elle prend une dimension sociale car elle unit tous les individus dans le cercle fermé de la ronde, en vue de matérialiser l’unité de la communauté villageoise.

13Au fil des siècles et ce malgré la frontière qui les sépare, les populations vallespiriennes ont toujours maintenu des contacts avec les habitants des comarques catalanes frontalières. Ces échanges sont de plusieurs ordres : relationnel, familial, économique et politique. Les habitants de Saint-Laurent-de-Cerdans ont des amis et de la famille dans la région de Maçanet de Cabrenys (région de l’Alt Empordà) ; de même que les Pratéens entretiennent des relations amicales et familiales avec les habitants de la région de Camprodon (Ripollès). Il est également très fréquent que les Vallespiriens passent la frontière pour réaliser leurs achats quotidiens tels l’alimentation et le carburant mais également les produits vestimentaires et esthétiques. Certains entrepreneurs catalans originaires de Maçanet de Cabrenys viennent quelquefois travailler dans le village de Saint-Laurent-de-Cerdans.

14Par ailleurs, cette zone frontalière devint un lieu de passage important au cours de l’histoire du XXe siècle. Tout d’abord, en 1936 durant la Retirada, de nombreux Républicains espagnols fuyaient l’Espagne via la région du Vallespir. Puis, à partir de 1943 les jeunes soldats français empruntèrent les chemins vallespiriens pour sortir de l’État français afin de rejoindre le général de Gaulle en Algérie. Nous pouvons ajouter que, durant les conflits mondiaux ou bien les guerres civiles espagnoles, les populations vallespiriennes et celles de l’Alta Garrotxa, du Ripollès et de l’Alt Empordà, se sont entraidées. À cette même époque, de nombreux mariages entre les habitants de ces régions ont eu lieu.

15Les activités culturelles régionales sont très présentes en Vallespir. Plus précisément, il s’agit de pratiques traditionnelles à travers lesquelles les acteurs expriment des valeurs émanant de la spécificité de leur territoire : une région pyrénéenne de moyenne montagne appartenant à l’aire culturelle catalane. Les festivités traditionnelles se différencient ainsi de celles nationales ou issues de la « culture ordinaire », dans la mesure où elles ne résultent d’aucune influence extérieure et sont spécifiques aux populations locales. Les valeurs catalanes et pyrénéennes fondant la spécificité culturelle vallespirienne, apparaissent dans la réalité sociale à travers les différentes fêtes traditionnelles. Les Vallespiriens ont toujours perpétué ces festivités, sans les interrompre malgré les différents problèmes conjoncturels et historiques (telle la Seconde Guerre mondiale). Il s’agit des activités carnavalesques, de la fête de l’ours, des activités religieuses pascales, de la fête de la Saint-Jean et de la grande fête estivale (ou Festa Major). L’expression périodique des valeurs constitutives de la culture vallespirienne permet aux populations villageoises de conserver le mode de vie traditionnel propre aux anciennes sociétés agricoles. En gardant intacte la mémoire des générations antérieures, les Vallespiriens procèdent à une résistance culturelle. Malgré leur évolution au sein de la société globale du XXIe siècle, la pratique des danses et des chansons populaires régionales leur permet d’exprimer leur particularisme culturel fondant à la fois leur identité communautaire et territoriale. Il s’agit là d’un phénomène de résistance pacifiste, se différenciant des actions entreprises par les militants politiques visant la revendication de l’autonomie régionale.

16Comment les populations vallespiriennes parviennent-elles à concrétiser leur résistance culturelle alors qu’au sein des différents villages, on assiste à un brassage culturel résultant des traditions locales et de la « culture ordinaire » ? Plus exactement, par quels moyens parviennent-elles à maintenir leur identité ancestrale à la fois catalane et pyrénéenne émanant du territoire vallespirien ?

II – Résistance culturelle et maintien de l’univers anthropopoiétique

17La résistance culturelle vallespirienne consiste à conserver ce que les acteurs nomment couramment la « vie » du village, en même temps que leur vision du monde. La transmission intergénérationnelle de l’imaginaire collectif permet aux Vallespiriens de conserver intactes les valeurs constitutives de leur représentation du monde, qu’ils adaptent aux différentes conjonctures historiques et politiques. Ainsi, les individus parviennent à penser le particularisme vallespirien, tout en considérant les différentes aires culturelles auxquelles ils appartiennent. Plus exactement, il s’agit des influences culturelles françaises, catalanes, pyrénéennes. Un Vallespirien se définit-il comme français, catalan ou pyrénéen ?

18Lorsqu’on interroge un individu sur son sentiment d’appartenance, ce dernier répond de la manière suivante : « Je pense qu’à Saint-Laurent on est avant tout de Saint-Laurent ! (…) c’est difficile ! Je ne ressens pas forcément un attachement identitaire à… dire : moi je suis catalan avant d’être français, je suis français avant d’être catalan… On est d’abord de Saint-Laurent » Par conséquent, la culture vallespirienne apparaît comme étant bien spécifique aux populations locales, qui malgré leur appartenance aux aires culturelles française, catalane et pyrénéenne, se revendiquent avant tout comme des villageois. De cette manière, les acteurs ont d’abord une représentation locale de leurs pratiques traditionnelles, avant de les considérer comme catalanes ou bien pyrénéennes.

19Cette appartenance villageoise explique la fonction sociale des fêtes traditionnelles, qui se présentent comme des moments de rassemblement, donc de création de l’unité sociale, visant l’expression des valeurs spécifiques de l’imaginaire collectif et fondamentales à l’identité vallespirienne. Ce particularisme culturel ne peut advenir qu’au sein d’un univers anthropopoiétique vallespirien, ouvert par les acteurs au moment des fêtes traditionnelles et qui repose sur les symboles suivants :

  • L’ours, animal très présent au moment des fêtes carnavalesques, faisant référence à la culture pyrénéenne ;

  • La montagne, plus précisément le mont Canigou, où se rendent les Vallespiriens au moment des fêtes de la Saint-Jean ;

  •  La religion catholique, influençant la représentation cosmogonique des populations vallespiriennes ;

  • La langue catalane, présente lors des différents discours, des chansons et des prières, indique l’appartenance culturelle catalane des communautés villageoises, tout comme la danse de la sardane, dont la musique est exclusivement interprétée par un orchestre traditionnel (ou cobla).

20Par conséquent, lors des fêtes traditionnelles les populations villageoises vallespiriennes évoluent dans une autre réalité sociale, différente de celle de leur vie quotidienne. Certes, il s’agit d’un univers imaginaire et symbolique, mais les individus s’y voient attribuer des fonctions sociales particulières et différentes de celles qu’ils occupent au quotidien (le rôle qu’ils occupent au sein de la fête est déterminé par les critères d’âge et de genre). De la même manière que les espaces de vie au sein même du village revêtent une signification symbolique. Afin de pouvoir évoluer au sein de leur univers anthropopoiétique, les Vallespiriens procèdent à un processus de territorialisation tel qu’il est défini par Bernard Debarbieux (1991) :

Un acte de cognition par lequel un acteur social établit un système de liens avec des lieux investis de valeurs et de fonctions ; c’est une construction sociale de la réalité qui fonctionne sur un mode égocentré, c’est-à-dire qu’il trouve sa cohérence dans la logique de fonctionnement, d’identification de l’acteur social.

21La fonction du lieu ne peut être saisie que par les membres de la communauté villageoise qui ont accès à l’imaginaire collectif. À l’occasion de la fête de l’ours, la place sur laquelle est effectué le rasage de l’animal devient un lieu vital pour la communauté, car c’est là que le danger qui la menaçait est écarté et que ses forces sont régénérées. En rasant les poils de son visage, le trappeur permet à l’ours de sortir de la condition animale pour devenir un homme et ainsi s’insérer dans la vie communautaire. Ce nouvel individu participe à la régénérescence des forces vitales du groupe villageois, le libérant du danger causé par les liens consanguins. Chaque localité vallespirienne possède son propre lieu de régénérescence vitale. Il s’agit de la place de l’Église à Arles-sur-Tech, de la place du Foiral à Prats-de-Mollo et du terre-plein du syndicat à Saint-Laurent-de-Cerdans (fig. 2 et 3).

Fig. 2 – Fête de l’ours à Prats-de-Mollo

Fig. 2 – Fête de l’ours à Prats-de-Mollo

Cliché : Pierre Sales

Fig. 3 – Fête de l’ours à Saint-Laurent-de-Cerdans

Fig. 3 – Fête de l’ours à Saint-Laurent-de-Cerdans

Cliché : Pierre Sales

22Néanmoins, nous pouvons nous interroger sur la transmission intergénérationnelle de l’imaginaire collectif vallespirien permettant le maintien du monde anthropopoiétique à travers le temps. Effectivement, le Haut-Vallespir a été soumis à différents mouvements migratoires tels que l’exode rural qui a débuté au sortir de la Seconde Guerre mondiale, ou bien l’arrivée des néo-ruraux à partir de la fin des années 1970. Comment les communautés villageoises vallespiriennes ont-elles pu conserver leur imaginaire collectif alors que simultanément elles perdaient des membres ayant un mode de vie agricole, et qu’elles subissaient de nouvelles influences culturelles ? De même, nous pouvons nous interroger sur les conséquences du brassage culturel entre villageois traditionalistes et nouveaux arrivants : comment ces derniers sont-ils perçus par les autochtones ?

Maintien du sujet transindividuel et de l’identité vallespirienne

23La répétition cyclique des fêtes traditionnelles permet aux acteurs vallespiriens d’exprimer des valeurs et autres symboles anthropopoiétiques qui, en plus d’ouvrir un univers traditionnel spécifiquement vallespirien, engendrent également la construction d’un sujet idéal, une sorte de norme que tous les individus cherchent à atteindre. Lucien Goldman nomme cet idéal moral, le sujet transindividuel (Goldman, 1971). En Vallespir, les individus tendent à réaliser ce modèle idéal lorsque, pendant les fêtes, ils mettent en œuvre le savoir commun spécifique à leur communauté villageoise, c’est-à-dire l’ensemble des connaissances pratiques et théoriques fondant son particularisme culturel. De fait, en dansant la sardane sur la place du village, en interprétant des chants populaires régionaux, en conversant en catalan, les Vallespiriens visent à concrétiser leur sujet transindividuel, représentation symbolique de l’identité culturelle villageoise. Le maintien dans l’histoire du sujet transindividuel révèle la résistance d’une communauté à conserver son identité culturelle malgré les différentes conjonctures politiques et sociales, et ce par la transmission intergénérationnelle des valeurs traditionnelles. Comment cette identité a-t-elle pu perdurer alors que les populations des différents villages vallespiriens ont subi d’importantes transformations démographiques ?

24La conservation du sujet transindividuel permet aux communautés villageoises vallespiriennes ainsi qu’à chacun de ces membres individuels de construire leur identité suivant le principe de reliance (Maffesoli, 2004), les rattachant à un environnement naturel ainsi qu’à une communauté culturelle. En Vallespir, nous avons vu précédemment que les individus se définissent à partir de leur appartenance villageoise et par rapport au territoire montagnard. De fait, même si des Vallespiriens sont obligés de quitter leur village pour des raisons professionnelles ou autres, ils y retournent périodiquement pour participer aux principales fêtes traditionnelles comme les activités carnavalesques, la fête de l’ours et la grande fête estivale (« Festa Major »). La plupart d’entre eux vivent toute l’année dans des grands centres urbains et éprouvent le besoin de revenir sur le territoire vallespirien. Leur attachement aux traditions locales explique que les individus sont souvent membres d’associations catalanes se trouvant dans les grandes villes françaises (Paris, Montpellier, Toulouse, Tarbes, etc.). Ces groupes associatifs tendent à pratiquer des activités traditionnelles, comme la danse de la sardane ou l’apprentissage de la langue catalane, en dehors de leur région d’origine. De plus, les personnes « expatriées » font découvrir leur culture régionale à leurs amis extérieurs au Vallespir, en leur offrant des produits du terroir (charcuterie, vin, rousquilles, tourons, etc.), ou bien en les invitant à découvrir la région et à participer aux fêtes traditionnelles. Ainsi, même si un Vallespirien passe toute sa vie éloigné de sa vallée, il participera aux activités traditionnelles même en les décontextualisant au niveau de l’espace. Il aura l’impression d’être toujours relié à sa communauté villageoise d’origine et à la montagne vallespirienne. C’est pourquoi de nombreux acteurs parlent de leurs « racines » qu’ils entretiennent à travers leurs pratiques traditionnelles tant sur le territoire vallespirien qu’à l’extérieur.

25À ce phénomène de reliance permettant aux individus ayant quitté les montagnes vallespiriennes de participer à la conservation du sujet transindividuel, s’ajoute un processus d’ouverture de la communauté villageoise à l’altérité. L’ouverture des communautés villageoises ne correspond pas forcément à l’intégration de tous les individus extérieurs. Celle-ci sera réservée aux nouveaux habitants des villages, mais pas aux simples visiteurs qui sont uniquement des spectateurs. Un membre de la communauté villageoise est celui qui vit au village, c’est-à-dire qui est confronté à la réalité quotidienne dans les zones reculées de moyenne et haute montagne. L’individu sera un membre à part entière de la communauté villageoise s’il partage les problèmes sociaux et économiques auxquels sont quotidiennement confrontées les populations locales. De plus, il devra faire preuve de bonne volonté et de dévouement lors des différentes fêtes, en s’occupant par exemple de l’organisation. De manière générale, ce sont des associations (loi 1901) qui se chargent d’organiser les fêtes traditionnelles. Ces groupes associatifs se composent des villageois vallespiriens qui en désignent parmi eux les dirigeants. Le nouveau venu devra alors en devenir membre et mettre ses talents au service de la collectivité. Les associations font les démarches auprès des municipalités pour qu’elles mettent à leur disposition des salles, des estrades, des chaises, et qu’elles s’occupent de fermer à la circulation des lieux de la vie quotidienne comme les places, etc. Au niveau financier, les associations établissent des demandes de subventions aux collectivités locales (mairie, intercommunalité, département) et régionales (voire des fonds européens). Nous pouvons citer quelques exemples d’associations en charge des fêtes traditionnelles. À Arles-sur-Tech, il y a le Comité Arlesenc dels Focs de Sant Joan i de la Flama del Canigó, qui s’occupe chaque année d’organiser la fête de la Saint-Jean. À Saint-Laurent-de-Cerdans, c’est l’Association des danseurs catalans qui s’occupe de la fête du 15 août. À Prats-de-Mollo, Els Amics de la Sardana organisent la fête catalane du mois d’août. Les membres des associations justifient toutes leurs activités par rapport au bien-être collectif de la cité au sens de polis, c’est-à-dire de la communauté villageoise ainsi que de l’environnement naturel, comme le précise un témoin vallespirien :

Y’a tout cet attachement par exemple, au tissu associatif, au monde associatif. « On travaille pour le village » ! Souvent dans les associations, on entend ça ! Quand on va à des réunions d’associations… on entend souvent : « nous, on le fait pas pour nous, on le fait pour le village ! » Et donc, le monde associatif qui est très important…

26Certaines de ces associations sont très anciennes, comme par exemple les groupes de danses traditionnelles d’Arles-sur-Tech et de Saint-Laurent-de-Cerdans, qui furent créés au lendemain de la Seconde Guerre mondiale.

27Les groupes communautaires villageois du Haut-Vallespir ne se composent donc pas nécessairement de vieilles familles mais aussi d’individus habitant le village depuis quelques années et originaires du reste du département des Pyrénées-Orientales. Il s’agit du phénomène de « relocalisation » des individus tel qu’il a été décrit dans les travaux de Bernard Kayser. Celui-ci étudie l’implication d’un nouvel arrivant dans la vie politique, culturelle ou associative du village. En Vallespir, les fêtes traditionnelles constituent un moyen d’intégration d’un individu extérieur au corps communautaire villageois. Il y rencontre toute la population, aussi bien les plus jeunes que les anciens, qui participent conjointement aux activités traditionnelles. Les plus âgés expliquent aux nouvelles générations les savoir-faire traditionnels, qu’ils mettent en pratique sur l’instant même. Par un réseau de connaissances qu’il peut se construire en participant aux fêtes, le nouveau venu peut accéder lui aussi à cette transmission intergénérationnelle des traditions et les mettre en œuvre. Il est très fréquent que de nouveaux résidents profitent des festivités pour participer aux rondes de sardanes formées par les villageois. De même qu’ils tentent de prononcer quelques mots, voire des phrases, en langue catalane pour expliquer leur participation à la fête. Par ailleurs, certaines traditions, comme la fête de la Saint-Jean, sensibilisent les nouveaux Vallespiriens à l’environnement montagnard et plus précisément à la découverte de la faune et de la flore spécifiques au massif du Canigou. Par conséquent, la conservation du sujet transindividuel vallespirien et ainsi le maintien de l’identité territoriale vallespirienne résulte d’un processus d’ouverture sur l’extérieur et à l’altérité que V. Gouëset et O. Hoffmann (2006) expliquent de la manière suivante : « La communauté n’existe que dans les allers-retours entre des logiques endogènes et exogènes, entre les niveaux local et global, entre auto et hétéro-définition, entre assignation et adhésion identitaire. » La résistance culturelle vallespirienne permettant la conservation de l’identité des communautés villageoises et du territoire vallespirien, ne peut se maintenir dans le temps que si les acteurs pensent leurs activités traditionnelles comme intégrées à la globalité conjoncturelle du XXIe siècle. Ils en viennent ainsi à ouvrir leur culture sur l’extérieur en entreprenant des campagnes publicitaires sur les traditions, telle la fête de l’ours. Au niveau des communautés villageoises, il est important pour les acteurs que des individus extérieurs prennent part à leurs activités traditionnelles, afin que l’identité vallespirienne soit globalement reconnue et respectée. Les villageois éprouvent le besoin de se sentir culturellement reconnus même s’ils vivent éloignés des centres urbains. Ils mettent en avant l’environnement montagnard et l’authenticité de leur mode de vie dans lequel s’inscrivent les traditions. Cependant, dans une logique politique et économique globale, les décideurs politiques départementaux et régionaux font la promotion des traditions vallespiriennes. Au début des années 2000, le Comité départemental du tourisme a réalisé une affiche sur laquelle est représentée la tête de l’ours de Saint-Laurent-de-Cerdans, en vue de faire la promotion du département des Pyrénées-Orientales. Cette affiche a été largement diffusée au niveau départemental, régional (en Catalogne, en Languedoc-Roussillon), national et européen. Le territoire vallespirien est ainsi présenté comme un espace montagnard où l’ours est très important, même s’il a disparu depuis plus d’un siècle et demi. Cette affiche est très représentative de l’identité territoriale vallespirienne car elle exprime à la fois le relief géographique et le mode de vie traditionnel de ses habitants.

28L’identité territoriale est très importante en Vallespir et elle repose sur des valeurs symboliques exprimées par les communautés villageoises à travers leurs activités traditionnelles. Les fêtes ainsi que les chants populaires renvoient à la condition de vie spécifique aux populations agricoles. Les valeurs qui s’en dégagent structurent un espace montagnard pyrénéen particulier. Il est vrai que la montagne apparaît comme génératrice de la totalité de la vie vallespirienne et elle est présentée à partir de l’image de Gaïa, c’est-à-dire la terre en tant que mère nourricière et protectrice des hommes. C’est pourquoi ces derniers s’y réfugient lorsque la chaleur est terrible en plaine (cf. chant intitulé Montagnes du Canigou), ou lorsqu’ils ont besoin de se recueillir solitairement loin de l’agitation sociale. La beauté du territoire montagnard est un thème récurrent dans les textes poétiques. Les acteurs vouent des sentiments d’amour très forts à leur terre, et qui sont comparables à ceux qu’on témoigne généralement à l’être aimé. Lorsque les individus doivent s’en éloigner, ils vivent cette séparation comme une profonde déchirure, pouvant quelquefois entraîner leur mort. La terre vallespirienne constitue un véritable refuge pour les acteurs lorsqu’ils vivent des périodes difficiles de leur existence, et ses profondeurs peuvent aussi constituer leur dernière demeure. La montagne permet de présenter l’homme pyrénéen comme étant un véritable montagnard aimant la solitude et les métiers de pleine nature, tels le berger ou le muletier (cf. chants populaires Le chevrier des Cirerols et Habanera des muletiers). À travers les fêtes traditionnelles dédiées à l’ours et à la Saint-Jean, il apparaît comme un chasseur et un randonneur.

Conclusion

29La particularité catalane du territoire émane de la localisation géographique du Vallespir. Il s’agit d’une micro-région catalane localisée sur le sol national français et frontalière avec la Communauté autonome catalane, qui fait elle-même partie de l’État espagnol. C’est en 1659 que la comarca catalane du Vallespir fut annexée par la couronne française. À l’époque, la frontière eut des répercussions dans le mode de vie des populations vallespiriennes, car elles étaient désormais séparées des villages catalans voisins auxquels elles étaient liées économiquement et fraternellement. En revanche, au XXIe siècle, les Vallespiriens, certes très attachés à l’histoire de leur territoire, considèrent le caractère frontalier comme étant un moyen de rapprochement avec la culture catalane et la vie économique de la Communauté autonome de Catalogne. Les jeunes générations élevées avec les valeurs culturelles françaises ressentent le besoin d’exprimer leur particularisme catalan. C’est la raison pour laquelle elles adoptent différentes stratégies pour insister sur le caractère catalan de leur territoire. Comme nous l’avons vu dans cet article, les jeunes générations procèdent à une résistance culturelle, à un processus d’ouverture de leur communauté villageoise ainsi qu’à la promotion touristique de l’environnement naturel et du patrimoine architectural local.

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Table des illustrations

Titre Fig. 1 – Zone linguistique catalane et détail des territoires frontaliers
Crédits Réalisation : Joseph Buosi, atelier de cartographie, département de géographie de l’université Toulouse II-Le Mirail
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/soe/docannexe/image/1747/img-1.png
Fichier image/png, 199k
Titre Fig. 2 – Fête de l’ours à Prats-de-Mollo
Crédits Cliché : Pierre Sales
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/soe/docannexe/image/1747/img-2.png
Fichier image/png, 1,0M
Titre Fig. 3 – Fête de l’ours à Saint-Laurent-de-Cerdans
Crédits Cliché : Pierre Sales
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/soe/docannexe/image/1747/img-3.png
Fichier image/png, 838k
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Pour citer cet article

Référence papier

Magali Pagès, « Territoire et identité en Vallespir. La construction et l’expression de l’identité d’une région frontalière à travers l’analyse des fêtes traditionnelles locales »Sud-Ouest européen, 28 | 2009, 45-53.

Référence électronique

Magali Pagès, « Territoire et identité en Vallespir. La construction et l’expression de l’identité d’une région frontalière à travers l’analyse des fêtes traditionnelles locales »Sud-Ouest européen [En ligne], 28 | 2009, mis en ligne le 20 mai 2016, consulté le 16 mai 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/soe/1747 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/soe.1747

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Auteur

Magali Pagès

Docteur en sociologie, Laboratoire GEPECS ED-180, sciences humaines et sociales, université Paris-Descartes

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Droits d’auteur

CC-BY-NC-ND-4.0

Le texte seul est utilisable sous licence CC BY-NC-ND 4.0. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

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