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2024
Épreuves, morale, émotions : une nouvelle cartographie pour l’analyse des relations professionnelles ?

Les syndicats dans les entreprises coopératives

Conflits de loyauté, dilemmes moraux et nouvelles pratiques syndicales
Unions in Cooperative Enterprises: Loyalty conflicts, moral dilemmas and new union practices
Sindicatos en empresas cooperativas: conflictos de lealtad, dilemas morales y nuevas prácticas sindicales
Anne Catherine Wagner

Résumés

Les entreprises coopératives mettent en avant leur dimension « morale » au sens durkheimien du terme, parce qu’elles ont pour vocation première de servir l’intérêt collectif de leurs sociétaires. Prenant appui sur une enquête menée auprès de plusieurs Scop, l’article montre les difficultés que rencontrent les syndicalistes dans ces entreprises où chaque membre est censé occuper simultanément la position de salarié, de décideur et d’actionnaire. Il s’agit d’éclairer les dilemmes moraux auxquels font face les syndicalistes sociétaires, et de montrer comment ceux-ci conduisent à une redéfinition des fonctions syndicales.

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Texte intégral

Introduction

1Les entreprises coopératives connaissent actuellement un regain d’intérêt et un net essor : leur nombre est passé, en France, de 522 en 1970 à 4 495 en 2023 et elles emploient aujourd’hui plus de 80 000 personnes. Ces entreprises se caractérisent par un mode original de relation entre le travail et le capital. Dans les Scop (Sociétés coopératives et participatives ou sociétés coopératives de production), les salarié·es détiennent au moins 51 % du capital social et 65 % des droits de vote. Selon le principe « une personne, une voix », tous les membres ont le même poids en assemblée générale, quelle que soit leur contribution financière.

2Les Scop n’ont pas pour seul objectif la réalisation de bénéfices, leur vocation première est de servir l’intérêt collectif des coopérateurs et coopératrices. En cela, on peut les caractériser par leur projet « moral » au sens où Émile Durkheim définit le terme : « Est moral, peut-on dire, tout ce qui est source de solidarité, tout ce qui force l’homme à compter avec autrui, à régler ses mouvements sur autre chose que les impulsions de son égoïsme », et la moralité est d’autant plus solide que les « liens (entre les membres du groupe) sont plus nombreux et plus forts. » (Durkheim, 1978, p. 394)

3Cette vocation rapproche à plusieurs titres le coopérativisme du projet porté par le syndicalisme, qui défend lui aussi une vision de l’entreprise au service de l’intérêt collectif des salarié·es (Béroud, 2013). Pourtant, les relations entre les deux mouvements sont ambivalentes. Souvent empreintes de tensions, elles fluctuent tout au long de l’histoire entre des périodes d’alliance, d’indifférence et d’hostilité. Nous formons ici l’hypothèse que les relations entre Scop et syndicats peuvent se lire en termes d’agencements moraux et de conflits de loyauté. Leur attachement commun à une définition « morale » de l’entreprise, qui n’est pas réduite à sa fonction de centre de profit, n’exclut pas les désaccords sur le contenu de cette morale. Ce sont ces désaccords et ces ajustements moraux que cet article se propose d’explorer.

4L’analyse s’appuie sur une enquête de terrain menée dans trois coopératives. La première, Scop-Ti, une usine de thés et d’infusions qui compte une quarantaine de salarié·es, incarne le modèle de la coopérative engagée, porteuse d’un projet de transformation sociale. Située aux environs de Marseille, elle a été fondée en 2014, après une lutte syndicale de près de quatre ans contre le groupe Unilever qui voulait fermer l’usine Fralib. La seconde usine, composée d’une cinquantaine de salarié·es, produit des isolateurs pour la distribution électrique dans la Drôme. Elle est aussi issue d’une lutte syndicale, mais les syndicats y ont aujourd’hui disparu. La troisième entreprise, située dans l’Ouest rural, fabrique des câbles, fils et tubes. C’est l’une des plus anciennes et des plus grosses coopératives industrielles, avec plus de 1 000 salarié·es en France et plusieurs filiales à l’étranger.

  • 1 Pour plus de plus de précisions sur cette enquête, qui prend place dans une recherche plus large, (...)

5Entre janvier 2017 et décembre 2021, à l’occasion d’une quinzaine de séjours d’une durée de deux à cinq jours, plus de 80 entretiens individuels et collectifs ont été conduits auprès de salarié·es, responsables syndicaux, responsables des ressources humaines, anciens salarié·es et autres protagonistes (bénévoles, membres du mouvement des Scop). Ces données ont été complétées par le dépouillement de documentations internes (archives syndicales, rapports sociaux, données sur les parts sociales). L’enquête a pris un tour différent dans chacune des entreprises. La surexposition médiatique des « Fralib », nom donné aux salarié·es militant contre la fermeture de l’usine  de même nom, m’a rapidement conduite à abandonner l’idée d’un travail de terrain approfondi dans cette entreprise ; elle a en revanche permis d’accumuler d’autres matériaux sur l’expérience de ces salarié·es. Dans la seconde entreprise, le syndicaliste qui avait été le premier dirigeant de la Scop m’a laissé totale latitude pour évoluer au sein de l’usine, où j’ai pu conduire des entretiens et des observations ; j’ai également rencontré d’anciens témoins de la reprise. Dans la troisième coopérative, la plus importante en termes de masse salariale, les entretiens, plus formels, se sont déroulés dans les bureaux des cadres ou les locaux syndicaux et, dans quelques cas, au domicile d’anciens salariés. S’il était exclu que je déambule dans les ateliers, comme je le faisais dans les autres petites coopératives, j’ai pu assister en décembre 2018 à une session de deux jours de formation des nouveaux associés1.

6Ces Scop illustrent trois positionnements différents des syndicats au sein de l’entreprise : dans la première, ils sont aux commandes et doivent s’ajuster au rôle de chef d’entreprise ; dans la seconde, ils ont progressivement disparu ; dans la troisième, ils sont dans une position ambivalente par rapport à la direction. Ce continuum de configurations révèle les questions essentielles que pose le cadre coopératif au syndicalisme : malgré un compagnonnage ancien entre monde coopératif et monde syndical, la place des organisations de salariés dans la vie coopérative est source de dilemmes moraux, qui conduisent à une redéfinition des fonctions syndicales.

Le syndicalisme au cœur du projet coopératif : entre valeurs communes et tensions

7Il faut tout d’abord rappeler la proximité ancienne du coopérativisme et du syndicalisme au sein du mouvement ouvrier. Les deux mouvements ont en commun certains de leurs fondateurs : Robert Owen, un des penseurs ayant édicté les principes de base en matière de coopération, tels que le partage équitable des excédents et la place essentielle accordée à l’éducation, a aussi pris une part active au mouvement syndical britannique à ses débuts. En France, le mouvement coopératif est né dans les foyers urbains traditionnels du syndicalisme du monde ouvrier. Le modèle de l’association ouvrière s’est développé à partir des idées de Philippe Buchez, disciple de Saint-Simon, qui en a élaboré les trois principes : la gestion de l’entreprise par les ouvriers eux-mêmes, la constitution de réserves collectives et impartageables, la redistribution des excédents aux travailleur·ses. Les premières coopératives ont d’ailleurs été créées par des Bourses du travail et des syndicats.

  • 2 Le lock-out est la fermeture provisoire d’une entreprise décidée par l’employeur pour répondre à u (...)

8La coopérative apparaît alors comme l’un des instruments de l’émancipation ouvrière, aux côtés des syndicats. Elle incarne une forme de résistance ouvrière, à l’image de la Verrerie d’Albi, soutenue par Jean Jaurès : les verriers de Carmaux construisirent, en 1896, leur propre usine autogérée, près de celle du patron qui les avait lock-outés2. La proximité entre le mouvement coopératif et les syndicats se traduit par l’interpénétration des acteurs de ces deux mouvements durant l’entre-deux-guerres : le syndicalisme fournit en effet l’essentiel des cadres du mouvement coopératif pendant toute la première partie du xxe siècle (Quijoux, 2020). Cette proximité forte définit toujours un petit nombre d’entreprises, comme Scop Ti ; elle n’exclut pas des tensions entre projet syndical et projet coopératif.

Scop Ti : une Scop syndicale

9Scop Ti est emblématique des coopératives les plus proches du pôle syndical, qui inscrivent leur vocation dans la continuité du projet émancipateur des syndicats. Cette entreprise résulte d’une longue lutte des ouvrier·ères de Fralib contre la fermeture de leur usine. Conduits par des militants de la CGT (la Confédération générale du travail), ces derniers se mettent en grève, occupent le site et parviennent à faire annuler trois plans de licenciements. Finalement, l’accord de fin de conflit est signé le 26 mai 2014 et le groupe Unilever cède l’usine et l’outillage aux salarié·es ; 58 d’entre eux décident de s’unir pour fonder leur coopérative.

10Dès l’annonce de la fermeture, c’est au nom de leur droit moral sur l’entreprise que les syndicalistes justifient leur résistance. Tout un travail militant vient en effet remettre en cause la légitimité des anciens propriétaires et dirigeants, pour faire reconnaître une autre conception de la propriété. Ce qui est en jeu, comme dans d’autres luttes sociales, c’est le « sens de l’honneur » en pratique, c’est la défense d’une économie morale ouvrière (Darras, Rouger & Selponi, 2018). La dénonciation de la spoliation dont les travailleurs et travailleuses sont victimes est une constante de la rhétorique militante. Unilever est alors rebaptisée « Univoleur », un mot de ralliement repris sur des tee-shirts, des tracts et dans les chansons composées pour la lutte. La dénonciation du vol prend appui sur l’expertise fiscale du comité d’entreprise qui montre comment la multinationale échappe à l’impôt en France. Aux logiques immorales de rentabilité financière maximale, les militant·es opposent leurs propres critères de légitimité. C’est dans une logique de lutte des classes, opposant le travail et le capital, que s’inscrit ce droit moral des ouvriers et ouvrières sur leurs moyens de production.

11Les conditions bien particulières de la naissance de cette Scop définissent un rapport original à la propriété et à la gestion de l’entreprise. Les parts de leur entreprise que les sociétaires détiennent incarnent une victoire ouvrière, et leur possession est dotée d’une valeur morale. Les syndicalistes tiennent à se démarquer des entreprises capitalistes qu’ils ont toujours combattues. Contre les logiques gestionnaires, ils font valoir leurs propres priorités : ainsi, tous les grévistes ont été réembauchés au sein de la Scop naissante, indépendamment du niveau d’activité de l’usine.

12La continuité entre le projet syndical et le projet coopératif autour de la défense des droits et de la dignité des travailleur·ses se traduit par un soutien entier des différentes structures locales, régionales et professionnelles de la CGT, qui donne régulièrement à la Scop une place d’honneur dans les discours d’ouverture de ses congrès ou comités.

Des visions syndicales concurrentes

13Cette vision morale de l’entreprise comme propriété légitime de celles et ceux qui y travaillent traduit une forme spécifique de politisation de la gestion d’entreprise, qui peut entrer en conflit avec d’autres conceptions concurrentes. Karel Yon (2022) en fait la démonstration lorsqu’il analyse les débats autour de l’expérience de relance et de démocratisation d’une petite entreprise industrielle du Nord de la France à la fin des années 1970. Il dégage trois registres de « citoyenneté industrielle » : le registre classiste, qui fait valoir le droit de la classe ouvrière sur ses outils de production ; le registre gestionnaire, qui s’inscrit dans le respect des principes d’équilibre des comptes ; et le registre salarial, qui met l’autogestion au service de la défense des salaires. C’est clairement dans le registre classiste que s’inscrit le projet des dirigeants de Scop Ti. Or celui-ci n’est pas toujours compatible avec le registre gestionnaire, comme en attestent les difficultés de la Scop à trouver son équilibre financier. Il peut aussi être difficile à concilier avec le registre salarial, qui est pourtant le registre le plus immédiat du syndicalisme en entreprise. Ainsi, les anciens élus syndicaux et farouches défenseurs des salaires chez Fralib, devenus dirigeants de la Scop, doivent désormais convaincre leurs collègues de renoncer à un treizième mois pour rétablir l’équilibre financier de l’entreprise, et les enjoindre de consacrer leur temps de loisir et leurs week-ends à la cause de la Scop. « Se rendre à des initiatives pour parler de nous, ce ne sont pas des heures sup pour moi, c’est du militantisme », explique, lors d’une assemblée générale, l’un des dirigeants de Scop-Ti qui consacre lui-même la quasi-totalité de son temps à l’entreprise. Ce modèle, qui repose sur l’éthos du dévouement, n’est pas exempt de contradictions avec le registre salarial – notamment lorsque les notions de « sacrifice » et de « cause coopérative » sont invoquées pour justifier le travail non rémunéré et les faibles salaires.

  • 3 Alexia Blin (2020) fait le même constat dans son étude sur les coopératives de consommation qui se (...)

14On retrouve ces tensions au sein d’autres Scop syndicales. Ainsi, à Hélio Corbeil, une imprimerie étudiée par Maxime Quijoux où l’ancien délégué syndical CGT, par ailleurs militant communiste, est devenu patron, deux visions de la coopérative s’opposent au sein du groupe des syndicalistes. Une fraction des rotativistes considère les principes coopératifs comme le support d’une amélioration salariale, tandis que, de son côté, la nouvelle direction donne priorité à la consolidation des comptes de l’entreprise. Les premiers sont réticents à faire passer le projet politique de l’entreprise avant la défense de leurs salaires3 (Quijoux, 2018).

15Ces tensions mettent en évidence certaines apories du mouvement coopératif. L’absence de décideur extérieur n’est pas toujours signe d’émancipation. La participation aux instances démocratiques est aussi une charge de travail supplémentaire, qui se double souvent d’une charge émotionnelle et mentale. Quand les sociétaires décident d’eux-mêmes d’intensifier leurs efforts, de renoncer à des augmentations de salaires ou à des primes, de donner de leur temps libre à leur Scop, où est la frontière entre l’autonomie et l’auto-exploitation ? Si l’on considère que « la liberté de jeu laissée aux agents est la condition de leur contribution à leur propre exploitation », comme l’écrit Pierre Bourdieu (1996), les Scop obtiennent indéniablement de leurs membres des formes de surtravail. Ces ambivalences expliquent les difficultés rencontrées par les syndicalistes au sein des Scop.

Conflits d’appartenance et dilemmes moraux des syndicalistes en Scop

16Malgré des liens anciens au sein du mouvement ouvrier et la persistance de quelques Scop syndicales, les organisations syndicales peinent quelquefois à trouver leur place dans la vie coopérative. Cela tient à la fois à un phénomène d’éloignement entre les deux mouvements et aux difficultés rencontrées sur le terrain.

L’éloignement entre monde syndical et monde coopératif

17Plusieurs facteurs expliquent l’éloignement progressif des deux mouvements. Les coopératives suscitent très tôt la méfiance du monde syndical. Dès le congrès de la CGT de 1898, des voix s’insurgent contre « l’esprit de lucre qui domine beaucoup de coopératives ». Au cinquième congrès de la CGT, en 1900, les coopératives sont accusées d’exploiter les ouvrier·ères en les obligeant à souscrire une action pour pouvoir travailler, mais aussi de faire preuve d’ostracisme à l’égard des syndicats (Toucas, 2014, p. 82). Un délégué s’alarme de ce que « dans certaines coopératives de production, les ouvriers sont plus exploités que chez les patrons » et en déduit que « les coopératives sont les ennemies des syndicats. » Un autre d’ajouter que « dans les coopératives de production, on regarde les syndicalistes comme des malfaisants » (Le Tréhondat, 2014).

18Les relations entre les centrales syndicales et le mouvement des Scop sont fluctuantes. Après près d’un demi-siècle d’éloignement, la Confédération des Scop et la CGT se rapprochent au début des années 1980, mais la centrale syndicale qui voudrait faire des Scop le laboratoire de « nouveaux critères de gestion » s’oppose à la conception gestionnaire défendue par la Confédération générale des Scop, et l’entente tourne court (Quijoux, 2022). À la méfiance syndicale fait écho la réticence croissante des représentants des Scop à l’égard de l’image « ouvriériste » des entreprises coopératives. Depuis 2012, les sociétés coopératives ouvrières de production sont renommées sociétés coopératives et participatives. Dans ses communications, la Confédération générale des Scop met désormais l’accent sur la réussite économique des coopératives, leur pérennité, leur dynamisme et la manière dont elles permettent à de jeunes diplômés de donner sens à leur travail, plutôt que sur leurs racines ouvrières. Pour reprendre la typologie proposée par Karel Yon, le registre gestionnaire défendu par le mouvement des Scop s’oppose au registre classiste de la CGT, qui peut lui-même être mis en difficulté par le registre salarial des militant·es de terrain.

Une présence syndicale contestée

19L’enquête auprès d’une entreprise ayant connu une évolution différente de celle de Scop Ti fournit quelques clés de compréhension des difficultés que rencontrent les syndicalistes des coopératives. Cette entreprise d’isolateurs électriques, basée dans la Drôme, faisait partie d’une multinationale qui l’a mise en liquidation en 2004. Comme Scop Ti, elle a été reprise en Scop par un collectif regroupé autour du secrétaire du comité d’entreprise, syndiqué à la CGT. La coopérative, qui emploie une cinquantaine de personnes, a longtemps été dirigée par ce syndicaliste. Très vite cependant, le syndicat a disparu de cette structure. Selon les témoins rencontrés, cette institution était superflue, puisque les salarié·es disposent d’autres instances pour s’exprimer, s’informer et défendre leurs intérêts.

Ancien délégué syndical — Il y a plus de syndicat maintenant, on a préféré mieux !

Ancien agent de maîtrise— C’est où l’intérêt d’avoir un syndicat maintenant ? On travaille pour nous […].

Ancien délégué syndical — La Scop, c’est un peu la mort des syndicats. Parce que les revendications, elles servent à quoi ? Le problème que j’ai, je le traite le jour même avec mon directeur, qui est mon délégué syndical.

Ancienne employée — Et puis en face, ce n’est plus la même mentalité, puisqu’on travaille pour soi. Il n’y a pas d’histoire de patrons et d’ouvriers. S’il y a du bénéfice, c’est pour tout le monde. Donc ça ne sert à rien de se battre.

Ancien agent de maîtrise — Même si les gens sont mécontents de certaines choses, ils ne sont pas fous. Ils ne vont pas se foutre en grève. C’est qui qu’ils léseraient en premier ? Eux-mêmes, parce que l’argent va dans leur poche. C’est vrai que syndicalement pour vous [à l’ancien délégué syndical], c’est pas une bonne chose.

Enquêtrice — Vous avez l’impression qu’ici les gens n’ont pas besoin de syndicat, ils peuvent directement s’exprimer ?

Ancien opérateur non syndiqué — Oui, on se connaît tous.

Ancien agent de maîtrise — De toute façon, dans le conseil d’administration, il y a toujours deux représentants du collège ouvrier. Donc au pire, s’il y a quelque chose à dire, ils ne se gênent pas. Je trouve que le système est bien comme ça.

Ancien délégué syndical — Ça n’empêche qu’il y a besoin d’un syndicat au niveau national.

(Entretien collectif, 22 mars 2017)

  • 4 Pour un autre exemple de passage en Scop s’étant traduit par une disparition des syndicats à l’int (...)

20Cet entretien collectif énonce toutes les raisons pour lesquelles les syndicats seraient superflus dans une Scop : la proximité sociale (« on se connaît tous »), la possibilité de dialoguer avec le dirigeant, lui-même ancien ouvrier, l’existence d’autres lieux de concertation comme le conseil d’administration, et enfin les intérêts communs des coopérateurs et coopératrices. La convergence des intérêts du travail et du capital neutraliserait les risques de conflit opposant deux groupes antagonistes (« S’il y a du bénéfice, c’est pour tout le monde4 »).

21Si, pour reprendre l’analyse d’Émile Durkheim, la « caractéristique des règles morales est qu’elles énoncent les conditions fondamentales de la solidarité sociale », la tension entre les deux groupes d’appartenance peut se lire comme la discordance entre deux formes de solidarité sociale et de moralité qui ne se recoupent pas toujours : le lien entre les travailleurs et travailleuses en tant que salarié·es d’une part, celui qui relie les sociétaires d’autre part. Cette tension est exacerbée pour celles et ceux qui doivent, en outre, endosser la posture de syndicalistes. Comment protester collectivement contre soi-même ?

22Ces contradictions expliquent sans doute la nature spécifique des conflits du travail dans ces entreprises. Ces derniers prennent rarement la forme de confrontations entre des groupes aux intérêts divergents, et sont plus souvent rapportés comme des différends interpersonnels, attribués à des traits de caractère, voire à la nature humaine : « C’est l’humain » est une expression récurrente pour expliquer les conflits. Paradoxalement, la collectivisation du capital produit une individualisation et une fragmentation des mécontentements.

23Les difficultés à concilier la défense des intérêts, notamment salariaux, des travailleurs avec « l’intérêt collectif » des coopérateurs ne se lisent que dans certaines épreuves, qui correspondent aux situations de difficultés économiques. Le registre gestionnaire n’est pas toujours incompatible avec le registre salarial, loin de là. De manière générale, les salaires moyens ne sont pas moins élevés dans les Scop que dans les autres entreprises. Les salaires des employé·es et des ouvrier·ères qualifiés y sont même plus élevés (Magne, 2014, p. 40). Les conditions d’emplois sont aussi plus favorables en Scop qu’ailleurs : les licenciements liés à la conjoncture économique sont moins fréquents que dans les entreprises capitalistes. La défense des conditions de travail semble ainsi en partie assurée par les structures démocratiques de ces entreprises possédées et gérées par leurs salarié·es, et ce même en l’absence de syndicat. Faut-il en conclure que les syndicats sont inutiles dans une coopérative ?

Morale du travail oblige : la réinvention des fonctions syndicales

24Si les syndicats peuvent difficilement fonctionner dans une Scop de la même manière que dans une autre entreprise, ils restent présents et actifs dans de nombreuses coopératives. L’enquête montre en effet comment la structure coopérative les conduit à repenser leur mission ; leur rôle dans la préservation des racines et valeurs du mouvement coopératif apparaît dès lors central.

Entretenir la solidarité

25Dans les Scop où ils sont présents, les syndicats n’ont pas le même fonctionnement qu’au sein des entreprises capitalistes. Ils se donnent souvent pour mission de prolonger le travail d’intégration des salarié·es autour du projet coopératif. C’est ainsi que se présentent certains des syndicalistes rencontrés dans la troisième entreprise enquêtée, une grosse entreprise de câbles employant plusieurs milliers de salarié·es en France et à l’étranger. Dans cette coopérative, créée dans les années 1930, les syndicats sont apparus tardivement : c’est la direction qui a mis en place le premier syndicat au début des années 2000 afin d’avoir un interlocuteur au moment des accords sur les 35 heures.

26L’UNSA (Union nationale des syndicats autonomes), aujourd’hui majoritaire, se définit comme un syndicat maison qui a été créé, selon son fondateur, pour défendre les intérêts de l’entreprise, dans l’esprit de la coopérative.

Pendant longtemps, on n’avait pas besoin de syndicat. Un homme, une voix, pas besoin de syndicat. Et quand il a fallu un syndicat, on a choisi l’UNSA parce que c’est le plus autonome. Ils nous laissent faire à notre manière. Car ici, c’est très particulier, c’est dans le bon sens de la marche de la société. (Représentant UNSA, agent de maîtrise, 40 ans d’ancienneté, 18 avril 2018)

Avant de commencer l’entretien, ce représentant syndical tient à feuilleter avec moi un livre de photographies qui exalte le bonheur de travailler en Scop. Durant tout l’échange, il met en avant son attachement pour son entreprise en multipliant les anecdotes qui attestent de l’exceptionnalité des relations sociales qui s’y nouent :

S’il y a un problème, comme l’autre jour avec une salariée qui avait des problèmes avec son supérieur […], on discute avec le DRH et le P.-D.G. directement. Dans une autre boîte de cette taille, je ne vois pas qu’on aille directement voir le P.-D.G. Là, le DRH a appelé [le P.-D.G.] quand j’étais dans son bureau : « Je suis avec G. ; on a un problème, vous pouvez passer ? » et on a trouvé un accord. On s’appelle par nos prénoms. Il y a un climat de confiance depuis le début. On ne s’est jamais trompé l’un l’autre.

Le comité d’entreprise se donne pour première mission d’entretenir la cohésion interne et le sentiment d’appartenance à la coopérative via l’organisation de voyages, week-ends ou activités collectives.

Quand les gens ont passé du temps ensemble en dehors du travail, on n’a pas les mêmes rapports. Il y a des liens qui se créent, ça influe forcément sur les relations au travail. Pour moi, le comité d’entreprise, il a toute son importance au niveau social : maintenir la cohésion entre les salariés en dehors de leur temps de travail. (Cariste, trésorier du comité d’entreprise, 36 ans d’ancienneté, 18 avril 2018)

Un rempart contre le risque de « dégénérescence coopérative »

  • 5 Implanté dans le Pays basque espagnol, Mondragón est le plus grand groupe coopératif industriel au (...)

27L’utilité du syndicat ne se limite pas à l’animation de la vie collective au sein de la Scop. Il prévient aussi le risque de « dégénérescence coopérative », phénomène analysé dès la fin des années 1960 (Blumberg, 1974) qui désigne l’échec des coopératives à maintenir un projet politique alternatif. C’est ce que suggèrent certaines analyses des évolutions du groupe international coopératif Mondragón, au pays basque5. Dans la vision Mondragón, les organisations syndicales n’ont aucune utilité, puisque leur finalité (défendre les intérêts des salarié·es face à l’employeur·euse) ne s’applique pas. Des limites sont ainsi posées à l’action des syndicats dans les coopératives du groupe, ce qui expliquerait l’oubli progressif du projet social de départ (Durance, 2011).

28L’enquête menée en France suggère que même les syndicats les moins critiques jouent un rôle dans la préservation des valeurs coopératives contre la pression du marché : le syndicat majoritaire de la troisième entreprise enquêtée, qui se définit pourtant comme un syndicat allant « dans le bon sens de la marche » de l’entreprise, a ainsi traversé l’épreuve, il y a quelques années, de la filialisation d’une des unités du groupe. Une trentaine de membres du personnel devaient être transférés dans la nouvelle unité, perdant ainsi leur statut d’associé. Dans une entreprise qui a toujours mis en avant son attachement au maintien des emplois sur place, cela a été un choc, comme s’en souvient ce syndicaliste de l’UNSA :

Quand ils ont présenté le projet, ça a été le choc. Une très vive réaction dans l’entreprise, parce que les gens se sont aperçus qu’ils pouvaient perdre leur statut d’associé. Ils pensaient être protégés, et non. Tout le monde pensait qu’une fois qu’on avait pris notre part sociale et qu’on était devenu associé, on était invirable. Que ça ne pouvait pas être remis en cause. Découvrir qu’on pouvait perdre son statut d’associé comme ça, ça a été le choc. (Responsable qualité, 40 ans d’ancienneté, 18 avril 2018)

29Les syndicalistes se mettent alors à inventer une forme de mobilisation originale : le comité d’entreprise commande pour tous les salarié∙es des badges sur lesquels sont reproduits le logo de la Scop et le slogan « Coopérateur un jour, coopérateur toujours ». Une grande partie du personnel arbore le badge dans les ateliers, et ce rappel des principes coopératifs, qui met en scène l’ampleur du mécontentement, est suffisant pour que la direction accepte l’aménagement proposé par les syndicats. Les personnes rattachées à la filiale ne perdront pas leur statut d’associé, elles seront détachées pendant deux ans, puis pourront choisir d’être réintégrées dans la coopérative.

« Coopérateur un jour, coopérateur toujours. » Il n’y a pas d’agressivité dans le message. On a repris le discours de la direction, on a repris les valeurs coopératives qui étaient affichées partout, on les a mis dans nos communications. Et notre secrétaire, côté syndical, a fait pression de son côté, en agitant un peu plus le chiffon rouge, pour faire sentir à la direction que le mécontentement était très fort dans les ateliers, et qu’on était à deux doigts de voir des manifestations. Il n’a pas menacé, il a dit : « La situation peut devenir incontrôlable, on pourrait se trouver avec des choses plus visibles. » Ça les a fait bouger. Il est hors de question, pour la direction, de casser dix ans de communication sur le bonheur de la coopérative avec un piquet de grève. Cette communication, il faut arriver à la retourner, là, on a réussi. (Technicien, 22 ans d’ancienneté, 17 avril 2018)

  • 6 Dans les entreprises concernées par notre enquête, la CGT était particulièrement présente. Cela ne (...)

30De notre enquête, il ressort que le syndicalisme conserve toute sa pertinence dans les coopératives6. Il reste central pour défendre les intérêts, en termes de salaires et de conditions de travail, des salarié·es – qui ne jouissent pas tous du statut d’associé. Ce sont les syndicats qui sont les mieux armés pour faire valoir la légitimité des revendications salariales. Contrairement aux idées reçues, les coopératives où les syndicats sont les plus puissants peuvent aussi faire partie des plus prospères. On peut mentionner le cas du groupe Up, anciennement Chèque Déjeuner, créé en 1964 par des militants syndicaux, et toujours structuré par le syndicalisme (plus de la moitié du personnel est syndiquée et les trois principales confédérations sont représentées dans le conseil d’administration) : implantée dans 23 pays en 2024, c’est la plus grosse entreprise coopérative française, elle est d’ailleurs à l’origine du premier comité d’entreprise européen dont l’entreprise mère est une coopérative.

31Surtout, le rôle des syndicats ne se limite pas à la stricte défense des salaires et des conditions de travail. Ces derniers viennent aussi, dans les argumentations qu’ils mobilisent pour défendre ces intérêts collectifs, rappeler les valeurs morales fondatrices de la forme coopérative. Leur présence apparaît ainsi, même dans les périodes plus conflictuelles, comme une contribution au fonctionnement de la vie coopérative et au maintien du projet coopératif.

Conclusions

32La lecture en termes d’agencements et de conflits moraux éclaire ainsi d’un jour nouveau la question de la place des syndicats au sein des entreprises coopératives. C’est un même projet moral qui rapproche les deux mouvements, si l’on définit la morale comme ce qui relie les membres d’un groupe. Le monde syndical et le monde coopératif sont réunis autour d’un même attachement à défendre la dignité du travail et l’intérêt collectif des travailleurs contre les logiques financières.

33Ce sont néanmoins deux manières de revaloriser le travail qui ne se rejoignent pas toujours, et qui peuvent entrer en contradiction lors de certaines épreuves, liées notamment à la conjoncture économique. Les registres classique, gestionnaire et salarial, s’ils ne s’excluent pas forcément, ne renvoient pas à la même conception de l’intérêt collectif, et expliquent en partie les tensions palpables au sein des entreprises coopératives. Ce sont les contours du groupe dont il s’agit de défendre les intérêts qui sont en jeu dans les dilemmes rencontrés par les syndicalistes : le groupe des salarié·es contre les détenteurs du pouvoir d’une part ; le collectif des coopérateurs et des coopératrices, qui sont aussi propriétaires de l’entreprise, d’autre part. Cette double appartenance ne va pas sans heurts et explique les difficultés rencontrées par les syndicalistes en Scop.

34Cependant, ce sont aussi précisément ces ajustements et désajustements qui permettent de comprendre le fonctionnement très spécifique des syndicats dans les Scop où ils sont présents. Ceux-ci doivent réinventer leur place en endossant les différents rôles évoqués. L’enquête montre qu’ils ne remplissent pas seulement leur mission traditionnelle de défense des intérêts des salarié·es, mais qu’ils intègrent aussi un registre moral, évoquant volontiers la vocation coopérative de l’entreprise. La vie syndicale constitue ainsi l’un des vecteurs de la vie coopérative, contribuant à garder vivace les échanges et débats au sein de la Scop. Les périodes de tensions et de conflits ne remettent pas en cause cette participation syndicale au projet coopératif. Au contraire, c’est au nom des principes coopératifs et des valeurs fondatrices que les militants justifient leurs revendications. Ainsi, à l’encontre de certains stéréotypes, le syndicalisme constitue un moyen de défendre les intérêts du collectif, non seulement sur ses terrains traditionnels que sont le salaire et les conditions de travail, mais aussi en ravivant l’esprit coopératif, faisant ainsi écho à la proximité lointaine et oubliée entre monde syndical et monde coopératif.

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Bibliographie

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Notes

1 Pour plus de plus de précisions sur cette enquête, qui prend place dans une recherche plus large, voir l’ouvrage Coopérer. Les Scop et la fabrique de l’intérêt collectif (Wagner, 2022).

2 Le lock-out est la fermeture provisoire d’une entreprise décidée par l’employeur pour répondre à un conflit collectif

3 Alexia Blin (2020) fait le même constat dans son étude sur les coopératives de consommation qui se sont développées dans le Wisconsin au cours des années 1930. Proches du mouvement syndical et socialiste, elles imposaient pourtant des conditions salariales plus défavorables que celles pratiquées dans les magasins privés, et reprochaient aux organisations syndicales de méconnaître les spécificités des coopératives.

4 Pour un autre exemple de passage en Scop s’étant traduit par une disparition des syndicats à l’intérieur de l’entreprise (« Lorsqu’on monte une Scop en tant que syndicaliste, on scie un peu la branche sur laquelle on est assis »), voir Bargues, Hollandts & Valiorgue, 2017.

5 Implanté dans le Pays basque espagnol, Mondragón est le plus grand groupe coopératif industriel au monde appartenant à ses travailleur·ses. Créé en 1956 par un jeune prêtre, il emploie en 2019 plus de 80 000 personnes dans 20 pays. Cependant, certains observateurs jugent que son expansion s’est accompagnée d’un alignement sur les modes de gestion des entreprises capitalistes, les coopérateurs de Mondragón appliquant aux filiales étrangères le principe qu’ils refusent pour eux-mêmes, à savoir la seule recherche de rentabilité financière (Heras-Saizarbitoria & Basterretxea, 2016).

6 Dans les entreprises concernées par notre enquête, la CGT était particulièrement présente. Cela ne doit pas faire oublier la place des autres syndicats, notamment la CFDT (Confédération française démocratique du travail), qui a joué un rôle majeur dans les expériences autogestionnaires des années 1970 et 1980 comme celle de Lip (Reid, 2020).

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Pour citer cet article

Référence électronique

Anne Catherine Wagner, « Les syndicats dans les entreprises coopératives »SociologieS [En ligne], Dossiers, mis en ligne le 28 octobre 2024, consulté le 18 février 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/sociologies/23817 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/12q6w

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Auteur

Anne Catherine Wagner

Professeure de sociologie, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, chercheuse au CESSP, Paris, France. Email : anne-catherine.wagner@univ-paris1.fr

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