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La Loudness War, une évolution collective sans chef d’orchestre

Annexes électroniques de l’article « La Loudness War, une évolution collective sans chef d'orchestre. Concurrence généralisée et transformation de la coordination dans le monde du disque »

Joël Girès

Texte intégral

1Je profite des annexes électroniques de la revue Sociologie pour mettre à disposition des lecteurs la base de données qui a servi de support à mes analyses quantitatives. Je présente d’abord les principes de construction de cette base de données ; je rentre ensuite dans le détail des analyses de régression que j’ai pratiquées grâce à ces données.

Liste des documents

Annexe 1 : Présentation de la base de données de disques de rap

2Cette base de données a été construite à partir de la collection de disques de rap anglo-saxon de PointCulture Bruxelles. Cette population de référence comptabilise 1459 disques uniques en janvier 2011. Si l'on observe la distribution de ma population par année de production (graphique 1), on constate que celle-ci est loin d’être uniforme.

Graphique 1 : Distribution par année de la population de PointCulture Bruxelles

Graphique 1 : Distribution par année de la population de PointCulture Bruxelles

3Constituer un échantillon simplement aléatoire conduirait à y observer une distribution semblable, ce qui créerait deux problèmes : certaines années auraient plus de poids dans les analyses statistiques, faussant la modélisation de la tendance à l'augmentation du volume au cours du temps ; il y aurait également un grand risque de voir les années avec très peu de disques ne pas être représentées du tout. La solution pour éviter ces désagréments est de constituer un échantillon aléatoire stratifié par année. Cela signifie que l'on constitue une strate pour chaque année de production, et que l'on procède à un tirage aléatoire à l'intérieur de chacune d'elle, au lieu de faire un tirage aléatoire directement dans la population entière. On contrôle ainsi la distribution des disques selon l'année de production. J’ai fixé le nombre de disques à 18 par strate.

4La distribution dans l’échantillon n'est pas totalement uniforme non plus, puisqu'il n'y a pas, pour certaines années, assez de disques dans la collection de la médiathèque pour atteindre l'objectif de 18 disques par strate. C'est surtout le cas pour les disques produits dans les années 1980 et au début des années 1990. Par conséquent, les mesures seront probablement moins représentatives pour ces années-là, puisque je considère ma population d'étude elle-même comme un échantillon de la production mondiale de disques.

5Chacun des disques qui constituent mon échantillon a été analysé informatiquement afin de produire toutes les informations nécessaires à mon étude. Le signal audionumérique de chaque disque a d'abord été extrait en un seul fichier par le logiciel Exact Audio Copy. Ce fichier a ensuite été analysé par le programme TT Dynamic Range Meter, produisant trois informations :

6Le niveau équivalent (la variable RMS_Square_FS) : s'étendant de -96 à 0 décibel, il désigne le volume sonore moyen d'un album (le 0 désignant par convention le volume le plus élevé). La mesure est calibrée afin que le 0 décibel équivale à une onde carrée à pleine amplitude.

7Le niveau de crête (Peak) : il désigne le niveau le plus haut du codage numérique atteint par l'album. Cette variable n’a pas été utilisée dans l’article ; elle est néanmoins mise à disposition des lecteurs.

8Le niveau de dynamique (TT_Dynamic) : il indique le niveau de compression d'un album. Cet indicateur donne une idée du degré de compression d'un signal audio : il est la différence entre le niveau de crête et le niveau équivalent des 20 % des passages du disque dont le volume moyen est le plus élevé. Cette variable n’a pas été utilisée dans l’article non plus.

  • 1 Il existe cependant quelques exceptions notables, comme l'indépendant P.I.A.S., qui possède son pro (...)

9En plus de ces indicateurs techniques, il a été vérifié si le disque avait été produit par une major ou un label indépendant (la variable Label : 0 pour indépendant, 1 pour major). Comme je l’explique dans l’article, les disques produits par les labels indépendants sont bien souvent distribués par les majors, les premiers n'ayant pas accès à un système de distribution aussi important que les secondes1. Dans le cadre de cette recherche, il importe peu de savoir qui distribue le disque. En effet, on peut penser que c'est le producteur, et pas le distributeur, qui a une influence sur le processus de fabrication du son que l'on peut entendre sur le disque, et donc le volume sonore de celui-ci. Ainsi, la bicatégorisation major/indépendant renvoie uniquement au type de producteur, et pas de distributeur. Un disque produit par un indépendant et distribué par une major sera codé « indépendant » dans mes données.

  • 2 L'année de production n'était pas une information disponible dans la liste que m'a fournie PointCul (...)

10On trouve également dans ma base de données l'année de production (Annee_production). C’est une donnée disponible dans la base de données générale2, et c'est cette information qui a été utilisée pour la construction de mon échantillon stratifié. Elle a néanmoins été systématiquement vérifiée a posteriori pour chaque média de l'échantillon, en regardant la date inscrite sur la pochette du disque. Des incohérences ont été trouvées, et ont été corrigées. Cela implique que la distribution effective des disques selon l'année de production est légèrement différente que celle de l’échantillon attendu. Mon échantillon est constitué de 326 disques, dont la distribution par année est visible dans le graphique 2. Les disques de cet échantillon sont décomposés en 139 disques produits par des indépendants et 187 produits par une des majors.

Graphique 2 : Distribution par année de l’échantillon

Graphique 2 : Distribution par année de l’échantillon

Annexe 2 : Analyses de régression multivariée

11Je mets en lumière dans mon article trois tendances sur base de mes analyses quantitatives : l'augmentation du volume avec le temps, la tendance à la réduction de cette augmentation ainsi que le volume plus élevé des productions des majors par rapport à celles des indépendants. Cependant, travaillant sur un échantillon, ce que nous observons n'est peut-être qu'un produit du hasard. Il n’est donc pas inutile de vérifier à quel point il est probable que nos observations soient dues à l'erreur d'échantillonnage.

12Pour ce faire, les analyses de régression sont un outil idéal. Dans le cas de cette recherche, voici le modèle qui va être testé

13Niveau équivalent = a + b1Année de production + b2Année de production² + b3Major/Indépendant

14À partir de nos données, on modélise donc la variation du niveau équivalent en fonction de la variation de trois variables indépendantes :

  • La première est l'année de production, puisque l'on soupçonne fortement que le volume sonore augmente significativement avec les années.

  • La deuxième est la dichotomie major/indépendant. Cette variable prend la valeur 0 lorsqu'un disque est produit par un indépendant, et 1 lorsqu'il est produit par une major. Cette variable permet d'introduire dans l'équation le fait que les productions des majors sont peut-être plus fortes que celles des indépendants.

    • 3 Les variables indépendantes ne peuvent pas être corrélées entre elles. Ici se pose un problème, pui (...)

    La troisième est l'année de production au carré. Cette variable permet d'incurver le plan créé par les trois autres variables, et ainsi de rendre compte de la diminution potentielle de l'augmentation du volume avec les années3.

15Examinons les coefficients trouvés par la procédure de régression :

16Voici notre modèle si on le réécrit en y introduisant ces coefficients.

17Niveau équivalent = -10,388 + 0,343Année de production – 0,017Année de production² + 0,684Major/Indépendant

18Premièrement, le modèle montre que, si toutes les autres variables restent constantes, le niveau équivalent s’accroît en moyenne de 0,343 décibel par an. Cet accroissement est significatif au seuil de 0.001, ce qui signifie qu'il y a moins d'une chance sur mille qu'il ait été trouvé à cause de l'erreur d'échantillonnage.

19Deuxièmement, les analyses appuient l'idée que la tendance à l'augmentation du volume diminue avec le temps. En effet, le régresseur X² est significatif au seuil de 0.001, ce qui révèle qu'un modèle parabolique s'imposait effectivement. Le signe du terme X² est négatif, et signale que la tendance à l'augmentation du volume diminue plus le temps passe.

20Troisièmement, l'équation indique que les productions des majors sont en moyenne supérieures de 0,684 décibel. Cette différence est significative au seuil de 0.002, montrant qu’il y a peu de doute à avoir sur la dominance des majors en termes de volume.

21Le coefficient de détermination (R²) de ce modèle informe que celui-ci permet de prédire près de 60 % de la variation du niveau équivalent, ce qui est un bon résultat. On remarque également que chaque variable augmente de manière statistiquement significative la performance de la régression d'un point de vue du R².

Annexe 3 : Base de données de disques de rap (.csv)

22https://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/​sociologie/​5070

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Notes

1 Il existe cependant quelques exceptions notables, comme l'indépendant P.I.A.S., qui possède son propre réseau de distribution à travers plusieurs pays.

2 L'année de production n'était pas une information disponible dans la liste que m'a fournie PointCulture Bruxelles. J'ai donc fusionné celle-ci avec la base de données générale de PointCulture, celle-ci m’ayant gracieusement été fournie, pour bénéficier de toutes les informations disponibles par média.

3 Les variables indépendantes ne peuvent pas être corrélées entre elles. Ici se pose un problème, puisque l'année de production et l'année de production au carré présentent une corrélation parfaite. La solution est de centrer la variable que l'on veut mettre au carré. Ainsi, l'année de production centrée ne présente pratiquement plus de corrélation avec l'année de production centrée au carré.

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Table des illustrations

Titre Graphique 1 : Distribution par année de la population de PointCulture Bruxelles
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/sociologie/docannexe/image/3659/img-1.png
Fichier image/png, 10k
Titre Graphique 2 : Distribution par année de l’échantillon
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/sociologie/docannexe/image/3659/img-2.png
Fichier image/png, 9,5k
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/sociologie/docannexe/image/3659/img-3.png
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Pour citer cet article

Référence électronique

Joël Girès, « Annexes électroniques de l’article « La Loudness War, une évolution collective sans chef d'orchestre. Concurrence généralisée et transformation de la coordination dans le monde du disque » », Sociologie [En ligne], N° 4, vol. 9 |  2018, mis en ligne le 14 décembre 2018, consulté le 15 janvier 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/sociologie/3659

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Auteur

Joël Girès

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