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AccueilNuméros1Carnet des spectacles et des prof...Histoire des revuesCoulisses, 1990-2004

Carnet des spectacles et des professionnels
Histoire des revues

Coulisses, 1990-2004

De la revue du Théâtre Universitaire de Franche-Comté (TUFC) à la revue de Théâtre
Lucile Garbagnati
p. 191-206

Texte intégral

La banquette arrière, la banquette avant

  • 1 Paul Claudel, « La Banquette avant et la banquette arrière », dans Œuvres en prose, Paris, Gallimar (...)

Il y a deux attitudes dans la vie que l’on peut comparer à la position des occu­pants d’un compartiment de chemin de fer. Les uns ont choisi la banquette arrière qui les met à l’abri du vent et des escarbilles et qui leur permet de jouir plus longtemps d’un paysage attachant comparable à ces approvisionnements de la mémoire que le mouvement qui nous emporte vient continuellement accroî­tre et enrichir. Cet avenir à qui nous tournons le dos ne fait pour nous qu’élargir le passé. Quant aux occupants de la banquette avant, courageusement exposés aux courants d’air, ce qui les intéresse, ce n’est pas ce qu’ils laissent derrière eux c’est ce qui va arriver de nouveau et d’inépuisable.1

1Ainsi, les rédacteurs en chef de la nouvelle revue qui succède à Coulisses, Skén&Graphie, Coulisses des arts du spectacle et des scènes émergentes prenant place sur la banquette avant de l’avenir, m’ont demandé d’occuper la banquette arrière pour « approvisionner la mémoire » de la revue.

  • 2 Ce groupe de recherches interuniversitaire et interdisciplinaires sur les revues de théâtre, dirigé (...)

2Je les remercie très sincèrement de me donner l’occasion de dresser cette rétrospective qui se limitera à la période durant laquelle j’étais moi-même rédactrice en chef, du numéro 1 au n° 30, de 1990 à 2004, avec le concours de Gisèle Gschwind-Holtzer pour les premiers numéros. Trop impliquée dans l’aventure, il m’est difficile de dresser un bilan objectif d’une expérience de quinze ans. En revanche, il n’est sans doute pas tout à fait vain de brosser à grands traits l’histoire de la revue et de son évolution alors même qu’en 2011, il s’est créé un groupe de recherche universitaire sur les revues de théâtre2. À cette occasion je tiens à rendre grâce à toutes celles et à tous ceux qui ont permis à la revue de durer et de se transformer.

Création et évolution de Coulisses

  • 3 Aspects de la critique, Colloque des universités de Birmingham et de Besançon, Annales littéraires (...)

3La création et l’évolution de Coulisses ont été évoquées à différents moments de son parcours : dans une communication au colloque de Birmingham3, sept ans après sa création, dans Coulisses n° 15 qui présentait Les 10 ans du T.U, puis dans Coulisses n° 20, à l’occasion des dix ans de la revue, enfin dans le n° 30 Les Quinze ans de Coulisses, lors du changement de direction éditoriale. Chaque article rappelle l’évolution de Coulisses en fonction de son contexte.

4En vingt-trois ans (1990-2012) Coulisses aura connu trois directions et un changement d’orientation avant de changer de nom pour muter en revue transversale des arts du spectacle Skén&Graphie, Coulisses des arts du spectacle et des scènes émergentes.

Octobre 1990 n° 1 – Mai 2004 n° 30, Direction : Lucile Garbagnati. Coulisses est la revue du Théâtre universitaire de Franche-Comté ;
   
Octobre 2004 n° 31 – Printemps 2008 n° 37, Direction : Frédérique Toudoire Surlapierre – David Ball. Coulisses devient « Revue de théâtre » ;
   
Automne 2008 n° 38 – Printemps 2011 n° 42, Direction : David Ball – Karine Bénac ;
   
Automne 2011 n° 43 – Printemps 2012 n° 44, Direction : David Ball – Julia Peslier ;
   
Automne 2013, Coulisses disparaît et est remplacée par Skén&Graphie, Coulisses des arts du spectacle et des scènes émergentes, n° 1 Direction : Julia Peslier – Pascal Lécroart.

La création de Coulisses : une aventure liée à la réforme de l’université, la loi Savary, l’université pour tous

5Bien que cette création ait déjà été évoquée, il ne nous apparaît pas inutile de la rappeler pour bien montrer que Coulisses est la résultante de la convergence de désirs plus ou moins exprimés : d’une part, celui de l’asso­ciation du Théâtre universitaire de Franche-Comté (TUFC) de répondre aux suggestions d’institutions telles que l’Université de Franche-Comté, la DRAC, le Centre Régional du Livre, la Ville de Besançon et de conserver une mémoire de ses tribulations ; d’autre part, celui des étudiants et des enseignants-chercheurs d’élargir, d’approfondir leurs connaissances et de présenter une réflexion sur le théâtre.

  • 4 Voir Coulisses n° 16, Dossier : « Les Dix ans du TU », p. 11sq.

6Coulisses est née en 1990 comme activité intrinsèque du Théâtre univer­sitaire de Franche-Comté. Ce dernier4 a été créé en 1986 par Lucile Garbagnati pour combler la demande de pratique théâtrale des étudiants. En effet, répondant aux propositions de la loi Savary en 1984, qui ajoutait aux missions traditionnelles de l’université, enseignement et recherche, celle de diffusion culturelle, l’université de Franche-Comté a créé deux modules de DEUG d’approche des arts ouverts aux étudiants de toute l’université, l’un sur le cinéma, l’autre sur le théâtre. Ce dernier, sous la responsabilité de Lucile Garbagnati, avait été conçu pour moitié en cours théorique, pour moitié en pratique théâtrale, ce qui pour l’époque était extrêmement novateur. Seules les universités de Nanterre et d’Aix-en-Provence offraient ce type de répartition. Mais de nombreux étudiants, à cause d’emplois du temps incompatibles, ne pouvaient s’y inscrire, d’autres, encore plus nom­breux, souhaitaient « faire du théâtre ». L’idée est alors venue de créer une association, loi 1901, dirigée par des bénévoles, le Théâtre Universitaire de Franche-Comté, pour satisfaire cette demande et permettre aux étudiants d’accéder à une activité culturelle. Deux ans plus tard, pour compléter cette expérience de pratique théâtrale et répondre à la demande de la DRAC d’une « École du spectateur », le TUFC a mis en place, en partenariat avec l’Université ouverte, un cycle « Littérature et représentation ». Les « audi­teurs » étudiaient les pièces choisies dans la programmation bisontine, assis­taient à leur représentation, en faisaient la critique. Ainsi se sont créés des liens durables avec les différentes structures théâtrales. Simultanément, le TUFC diffusait ses productions en France et à l’étranger, et organisait ses premières rencontres internationales de théâtre universitaire. Le Centre de recherches de littérature française Jacques Petit, centre de référence pour toute l’œuvre de Paul Claudel, était intéressé par une diffusion de ses activi­tés auprès du grand public. De tout ce bouillonnement naissait une envie diffuse d’en garder une trace durable ; après quelques essais de bulletin infructueux, la forme de la revue a été retenue.

7Elle serait donc, à la confluence de la mémoire du Théâtre universitaire de Franche Comté, du théâtre en région, d’une certaine forme de recherche universitaire, un lieu d’information, de diffusion et de réflexion sur les relations entre théâtre amateur et professionnel, entre théâtre et université. Elle serait animée par tous les amateurs de théâtre, tout particulièrement les usagers de l’université, enseignants, étudiants, PATOS, auditeurs de l’uni­versité ouverte. Elle deviendrait le dépositaire de leurs expériences, de leurs connaissances, de leurs aspirations.

Le titre : Coulisses, le dedans et le dehors, le lien social

8L’idée s’est concrétisée sous l’impulsion de deux enseignantes, Gisèle Gschwind-Holtzer et Lucile Garbagnati, de trois étudiantes, de deux PATOS, personnel administratif technique et de service, Bernard Chettouh, imprimeur à l’imprimerie de l’université et Madeleine Lafaurie, journaliste, créatrice des journaux de l’université : Tout l’U et En direct. Il était indis­pen­sable d’avoir le concours de deux professionnels de l’édition pour guider cette nouvelle publication. Ainsi la revue réalisait une des ambitions du TUFC, le théâtre par tous pour tous, au moins en milieu universitaire. Le titre Coulisses s’est imposé. Il était simple, et exprimait bien ce que nous voulions dire : à la fois l’envers du spectacle donné à voir et le coulissage entre deux univers, l’université et le théâtre, la scène et la salle, l’intériorité du texte et sa représentation. De plus il évoquait les coulisses de Coulisses, le nombre de personnes que sa conception et sa réalisation mettaient en branle et en relation.

9L’éditorial résumait l’intention : « une revue bi-annuelle, qui, reposant sur le double éphémère de l’actualité et du théâtre, en prolonge les délices et en approfondit la démarche ». Le projet de Coulisses sera repris, jusqu’au changement de présentation au n° 20, en deuxième de couverture en vis-à-vis du sommaire comme pour inciter le lecteur à en vérifier la réalisation.

Coulisses, revue théâtrale, bi-annuelle, créée sous l’impulsion du Théâtre Universitaire de Franche-Comté a pour ambition de :
• devenir un témoin et un lieu d’expression pour tous les amoureux du théâtre ;
• rendre compte de la vie théâtrale à Besançon et en Franche-Comté, par les annonces et les critiques de spectacles amateurs ou professionnels donnés ou créés dans la région ;
• affiner la réception d’une pièce de théâtre par des études spécifiques sur l’auteur ou la pièce ou une problématique d’ensemble ;
• donner des informations pratiques ;
• publier des inédits ;
• développer la recherche sur le théâtre ;
Elle est conçue et réalisée par des bénévoles, qui souhaitent faire partager leur amour du théâtre et ne demande qu’à étoffer l’équipe rédactionnelle.

La forme : Coulisses une revue originale pour tous

10Sans hésiter nous avons opté pour le format A4, jugé plus élégant et plus distinctif des formats courants. Il perdurera jusqu’au n° 20, où il se trans­forme en A5 à l’occasion des 10 ans de Coulisses.

11D’entrée, s’est posée la question des illustrations. Il ne faut pas oublier que l’informatique pour le grand public en était à ses balbu­tie­ments. Les textes étaient dactylographiés sur des machines mécaniques ou au mieux électriques, les photos étaient prises en argentique et l’im­pres­sion passait obligatoirement par l’imprimeur. Pour communiquer, il n’y avait pas d’internet, encore moins de SMS, juste le téléphone et l’envoi postal. C’est dire que chaque nouvel élé­ment risquait d’allonger les délais de conception et de fabrication. Nonobstant cette difficulté, nous avons choisi d’illustrer la revue à la fois par des photos, pour laisser une trace documentaire du spectacle, et par des dessins, pour interpréter la réalité ; cela laissait place aux étudiants et aux artistes pour s’exprimer. L’idée d’interroger le rapport entre peinture et théâtre, que ce soit dans les décors comme ceux de Valère Novarina ou dans la revue même avait été abandonnée pour des raisons économiques. La reproduction en couleurs aurait fait éclater le budget. Ainsi toutes les premières de couverture seront majoritairement illustrées d’une vignet­te, œuvre originale ou reproduction, qui donne l’idée, la tonalité de la livraison, plutôt que par une photo.

12La proposition de deux étudiants de l’École des Beaux Arts de prendre la maquette de Coulisses pour sujet de travail personnel de leur diplôme va concrétiser l’envie de certains membres du comité de lecture ; en effet, ils trouvaient le format « incommode à lire », « difficile à ranger dans une bibliothèque ». Ainsi, le n° 20 marquant les 10 ans de Coulisse sera marqué par un changement radical de présentation sans qu’en soit touchée la ligne éditoriale. La revue va donc passer du format 21/29,7 au 14/21, la mise en page intérieure sera elle aussi complè­te­ment refondue, plus aérée et plus illustrée. Cette présentation, avec une casse jugée plus dynamique, perdurera jusqu’au n° 30.

13La nouvelle équipe, bien que changeant l’orientation de Coulisses, a con­servé le format mais en a modifié le dispositif visuel. Elle a transformé la cou­verture en une page blanche barrée horizontalement par le titre, dont la typographie a été modifiée avec la mention « Revue de théâtre ». À l’intérieur, la pleine page au lieu des colonnes, la disparition des illustrations à quelques rares photos près, relève d’une lecture attentive, telle qu’annoncée dans l’éditorial du n° 31 :

Il nous importe que la revue garde sinon renforce une orientation résolument méthodique et scientifique. Il ne s’agira pas simplement de faire appel à des pra­ticiens mais également à des collaborateurs ayant une démarche théorique qu’elle soit littéraire, anthropologique, esthétique ou sémiotique afin de pro­po­ser des positions et des réflexions sur des points précis de la scène et/ou du théâtre.

  • 5 « L’image dans les revues de théâtre : formes, statut, fonctions » journée d’études or­ga­nisée le (...)

14À partir de cet exemple local, on comprend la pertinence d’une journée d’études sur « l’image dans les revues de théâtre... » comme celle organisée par l’université Paris-Diderot5.

Les articles : contenu et réalisation

15Le contenu de Coulisses va être fidèle à ses intentions. Le sommaire du n° 1 donne le ton avec des impressions de spectateurs, un compte-rendu de l’exposition du Centre Jacques Petit, des extraits d’une pièce inédite de Philippe Vialeles. Ce sera une constante. Les œuvres seront publiées dans le corps de la revue ou dans une série à part « Les Cahiers de Coulisses ». L’étude sur l’auteur allemand Heiner Müller donne d’emblée à la revue une orientation contemporaine et internationale. Au fil du temps, les articles vont se multiplier et s’approfondir, les rubriques se préciser. Le titre « Mon­danités » sera abandonné, ce clin d’œil à la vie sociale, ayant suscité quelques remarques acidulées. L’annonce des spectacles disparaîtra également du fait de la multiplication des canaux d’information. Mais, à l’époque, il n’y avait pas de présentation d’ensemble de la programmation des salles de spectacles et il n’était pas superfétatoire de les rassembler en un seul document.

16Le ton en est extrêmement varié, mais seuls les dossiers sont signés ; les articles de critique, eux, ne le sont pas. En effet, l’idée était de présenter un travail de groupe pour permettre à tous de s’exprimer, une sorte de critique élaborée et écrite collectivement, mais à partir du n° 5, tous seront signés. En effet, il était bien trop complexe d’obtenir d’un groupe une critique cohérente et bien plus simple de présenter une critique individuelle, quitte à l’accompagner d’un « micro-trottoir » des spectateurs. Dans le même esprit de communauté, ce n’est qu’au numéro 15, et à la demande du Centre régional du livre que sera officialisé le comité de lecture.

  • 6 Le texte augmenté a été publié aux éditions Verdier 2006 sous le titre Le Couteau toast d’Évariste (...)

17Le n° 2 ouvre la série des numéros spéciaux. Dans les premières années, ils sont inclus dans la numérotation suivie de la revue. « Besançon ville ouverte aux jeunes » (novembre 1990), résulte d’une commande du service culturel de la ville pour couvrir cette manifestation disparue depuis. Cette expérience de dossier pour un événement poly-artistique, d’une semaine, ne sera pas renouvelée. Il s’est avéré trop difficile de mobiliser une équipe compétente capable de couvrir la totalité des événements de toutes les dis­ci­plines. Pourtant, il aura permis à Coulisses d’être prise en considération par le service culturel de la mairie et au TUFC de rencontrer en continu ses ho­mo­logues, les troupes amateurs. Le n° 8 (juin 1993) est le programme de Cymbeline, drame éponyme de Shakespeare, co-production en cinq langues de huit théâtres universitaires avec une tournée en car de 12 000 km en trois semaines. Le « numéro spécial » s’insèrera ensuite dans le cadre des « Hors série de Coulisses » (2002). Ainsi, Gatti à Besançon (Hors série n° 3, mai 2005) rend compte de la résidence-création d’Armand Gatti pendant deux mois à Besançon avec trente trois étudiants venus du monde entier pour créer la pièce Le Couteau d’Évariste Galois avec lequel Dedekind fait exister la droite en Ma­thématiques, ce soir, traits d’hexagrammes à la recherche du Livre des mutations6. Il en publie aussi le texte inédit accompagné d’un dossier de présentation.

18Consacré aux Premières Rencontres internationales du Théâtre univer­si­taire de Franche-Comté, le n° 3, confirme l’ouverture du TU à l’interna­tional et ouvre une nouvelle rubrique, celle du rapport avec le théâtre étran­ger. Outre la présentation d’un auteur et/ou l’analyse de son œuvre déjà expérimentée, elle prendra deux formes : le compte-rendu des RITU, à Besançon ou ailleurs, sera inclus dans « la vie du TUFC » ; le dossier introduisant un théâtre spécifique (chilien, brésilien, calédonien etc.) avec, souvent, la publication d’une pièce inédite, sera présenté sous la rubrique « Théâtre international » puis « Théâtre d’ailleurs ».

Coulisses et la recherche : un espace intermédiaire

  • 7 Coulisses n° 16 et 17. Le TUFC a fait une adaptation libre de la pièce Le Radeau de la Méduse sous (...)
  • 8 Théâtre et sciences, actes du colloque de Besançon 14-16 mai 1998, dir. L. Garbagnati, F. Montaclai (...)
  • 9 Actes du colloque Littérature et médecine, textes réunis par Marie Miguet-Ollagnier et Philippe Bar (...)

19Coulisses ne s’est jamais positionnée comme une revue de recherche théo­rique mais comme un appui pour la vulgarisation des travaux des chercheurs du laboratoire de langues vivantes, devenu depuis Centre de Recherches In­terdisciplinaires et Transculturelles, et tout particulièrement ceux du Centre Jacques Petit, maintenant intégré dans ÉLLIADD (EA 4661). Ainsi, elle a publié Au théâtre aujourd’hui, Pourquoi Claudel ? sous la direction de Jacques Houriez (Hors série n° 2). Elle a aussi régulièrement annoncé les colloques sur le théâtre dont elle a souvent rendu compte. Elle s’est aussi employée à valoriser la recherche étudiante comme celle de Carole Michel sur Egon Wolff7. Mais la recherche proprement dite relevait du partenariat du TUFC avec le Centre Jacques Petit, que ce soit pour un programme quadriennal (Théâtre et Sciences avec colloques, représentations et publication des Actes8) ou pour une création théâtrale spécifique, par exemple L’Épidémie d’Octave Mirbeau pour Littérature et médecine9. Coulisses est donc un espace inter­médiaire entre chercheurs et grand public.

Coulisses et les PUFC

20Au fur et à mesure de son développement, Coulisses a été reconnue par les PUFC et a dû répondre à leurs exigences : passer d’un comité de lecture national à un comité international ce qui a simplement officialisé la pratique habituelle de travail préparatoire commun car, presque depuis l’origine, Coulisses a fait appel à des universitaires étrangers. Elle a dû porter sur sa cou­verture les mentions propres à l’ensemble des publications de l’université, ce qui ne l’a d’ailleurs pas modifiée notablement. C’est pour ainsi dire naturellement que Coulisses est passée du statut d’éditeur particulier à celui d’ouvrage édité par une maison d’édition.

La diffusion

21Faire du théâtre un moteur de la formation personnelle, de l’éducation permanente pour tous, est une noble ambition ; encore faut-il la faire par­tager en dehors du petit cercle des familiers. Malgré de nombreux démar­chages par courrier et téléphone, les abonnements des bibliothèques ont été décevants. C’est pourquoi Coulisses s’est inscrite à Paris, au Salon de la revue et à celui du théâtre et de la poésie place Saint Sulpice. Même si l’opération n’a pas été très lucrative, ce fut une riche expérience de la variété des revues en général et de celles du théâtre en particulier ainsi que des rencontres avec leurs responsables. Le dépôt-vente dans les librairies bisontines s’est révélé une aide précieuse contrairement à celui dans les salles de théâtre pour les­quelles il aurait fallu un vendeur à chaque représentation, puisqu’à l’époque, il n’y avait pas encore de stand du libraire. Tel quel, le bilan n’est pas trop négatif vu le petit nombre d’exemplaires restant de chaque livraison à l’exception de ceux pour lesquels le tirage exceptionnel avait été trop ambi­tieux. Mais en fait, la diffusion s’est faite essentiellement par le TUFC lors de ses représentations et par le bouche-à-oreille dans le réseau des étudiants que nous n’avons pas pris la peine de fidéliser tant il nous semblait aller de soi. Notre effort a été essentiellement tourné vers l’extérieur au lieu de nous concentrer sur notre lectorat potentiel de proximité.

Les contributeurs prestigieux

22Malgré tout, ses publications se sont honorées de participations émi­nen­tes, françaises et étrangères : Jean Lambert Wild, Valère Novarina, Claude Louis-Combet, Philippe Minyana, Eugenio Barba, Jean-Pierre Faye sans parler de ce partenariat détonnant avec Armand Gatti. Coulisses a pu publier sans droit d’auteur des pièces de dramaturges aussi prestigieux dans leur pays qu’Egon Wolff au Chili et Alejandro Finzi en Argentine. Sans doute, ces contributeurs y reconnaissent cet effort tendu et constant pour partager le théâtre, cette inscription volontaire dans une dynamique de culture par tous et pour tous, défiant l’enjeu contemporain majeur de la standardisation internationale de la culture et sa marchandisation.

Coulisses dans le paysage des revues de théâtre

23Dans le n° 30, le dossier « Coulisses a quinze ans » était accompagné d’« un tour d’horizon non exhaustif des revues théâtrales en France ». Aujourd’hui, le paysage a peu changé hormis l’arrivée des revues en ligne qui sont surtout des revues d’actualité à l’exception de Théâtre(s) Politique(s). Mais il faut souligner l’arrivée de deux revues universitaires : Registres de l’Institut d’Études Théâtrales de Paris 3, sans date d’origine, et non réfé­ren­cée dans l’article de Léonor Delaunay, et dont « chaque numéro s’organise autour d’une grande question » et la toute nouvelle Agon, revue numérique de l’ENS à Lyon qui se définit comme « un espace de dialogue et de ren­con­tre entre différentes pratiques et théories des arts de la scène »10. En regard de ces deux revues, Coulisses garde toute son originalité.

Coulisses : une aventure éditoriale et une aventure humaine

  • 11 Coulisses n° 16, p. 24

24Dans ce contexte universitaire, Coulisses (1990-2004) reste une aventure éditoriale singulière qui s’est développée au fur et à mesure de rencontres imprévues avec des anonymes ou des personnalités connues. Avec ses criti­ques d’humeur, ses analyses fouillées, ses dossiers approfondis, ses témoi­gnages de spectateurs ou de professionnels du spectacle, ses études d’univer­sitaires, Coulisses se trouve au carrefour de l’actualité, de l’histoire du théâtre et de son avenir dans un souci de culture avec tous et pour tous. Considérée d’abord comme revue d’association étudiante, elle a été reconnue petit à petit par le monde universitaire qui accréditait l’engagement constant de tous ceux qui partageaient la création de chaque numéro, l’équipe stable du comité de lecture et celle plus mouvante des contributeurs occasionnels, proches ou lointains. Il s’est créé une culture du lien autour de la réalisation de la revue, quelles que soient les tâches, de la prévision des numéros à la mise sous enveloppe en passant par l’impression. Il suffit de se reporter au témoignage du personnel de l’imprimerie de l’université qui se proclament « les imprimeurs officiels du Théâtre Universitaire » et déclament toutes les tâches de l’impression11. La sortie de chaque numéro est une véritable fête, joie d’avoir mené à bien une création commune et volontaire, qui élargit l’horizon de chacun et de tous, un plaisir sustentateur d’avoir participé ensemble à une conscience nouvelle de la réalité.

Coulisses : une aventure universitaire

25Coulisses est une aventure universitaire témoin de l’évolution de l’Uni­ver­sité depuis la Loi Edgar Faure (12 novembre 1968), avec sa volonté de démo­cratiser l’enseignement supérieur et de favoriser l’interdisciplinarité, et la loi Savary (26 janvier 1984) « qui fixe quatre missions à l’enseignement supé­rieur : la formation initiale et continue, la recherche scientifique et techno­logique ainsi que la valorisation de ses résultats, la diffusion de la culture et l’information scientifique et technique et la coopération internationale ».

26Comme activité du TUFC, association universitaire ouverte à « tous les usagers de l’université, étudiants, auditeurs de l’université, personnels de l’université », elle assume les fonctions de l’Université de façon adaptée à ses objectifs de diffusion de la culture théâtrale. Elle s’inscrit résolument dans le projet de démocratisation, de lutte contre l’échec à l’Université, d’inter­dis­ci­plinarité, de valorisation des savoirs, de la diffusion culturelle et scientifique et de la coopération internationale.

27Si elle n’est pas un lieu d’enseignement, elle est un lieu de transmission, de diffusion des connaissances et des expériences. Elle est un lieu d’expé­ri­mentation pour tous en offrant la possibilité de s’engager dans une produc­tion culturelle par l’écriture, l’illustration, la gestion. Elle participe d’une formation globale de l’individu.

28Elle a partie liée avec deux structures universitaires, le Centre Jacques Petit, centre de recherches en littérature française dont elle diffuse les recherches en théâtre, et l’Université Ouverte par l’investissement de ses audi­teurs.

29Diffuseur des RITU, éditrice d’auteurs étrangers peu connus en France, coordonnatrice de dossiers sur le théâtre d’ailleurs, elle participe de cette coopération internationale voulue par le ministère dans un esprit de découverte et de partage.

Coulisses : une aventure d’éducation populaire

30Dans ce contexte particulier, Coulisses, revue généraliste sur le théâtre fondée sur l’expérience d’une association universitaire, est quand même une aventure d’éducation populaire avec pour clé d’entrée le théâtre, art dont on dit qu’il est élitiste. Or, les étudiants, quelle que soit leur origine sociale, ne sont pas forcément ceux qui ont une appétence spontanée pour la culture en général et le théâtre en particulier. En suscitant leur curiosité, en les enga­geant dans un processus de restitution libre mais encadrée d’une expérience inattendue, Coulisses combat l’ennui que certains ressentent dans leurs études et leur ouvre les portes de la découverte d’un art qui donne sens et intérêt à l’existence.

Coulisses, une aventure sociétale

31Un travail de groupe qui s’est étendu sur quinze ans crée une équipe et permet des rencontres. L’équipe, c’est le noyau dur composé du personnel de l’université, enseignants, imprimeur, secrétaires et de quelques univer­si­taires étrangers. Mais elle est dynamisée par la présence des nouveaux, en­seignants et étudiants qui sont une force de proposition, ce qui est le propre de toute association. Mais ce qui est spécifique à Coulisses et au TUFC, ce sont ces rencontres avec les spectacles, les auteurs, les acteurs, les metteurs en scène ainsi que des personnalités d’exception comme Valère Novarina ou Armand Gatti, ces créateurs heureux de partager ce qui les anime. Coulisses est alors le lieu d’une utopie réalisée et renouvelée à chaque numéro de recherches et de découvertes du sens.

L’œil de Claude-Nicolas Ledoux : la mise en abyme du théâtre

  • 12 Texte reproduit dans Coulisses, Hors-série n° 1, Armand Gatti La Traversée des langages, p. 8.

32Au moment où Coulisses, revue éclectique de médiation théâtrale, sort de scène, l’œil de Claude Nicolas Ledoux, qui a été l’emblème du TUFC et de Coulisses nous fait de l’œil (!!!). Il reflète une salle de théâtre vide, celle de Besançon. Elle est éclairée partiellement par un faisceau lumineux qui part du haut de la salle, traverse l’iris et la pupille et vient tomber plus bas que l’œil en s’élargissant. Elle convoque la Didascalie se promenant seule dans un théâtre vide12 d’Armand Gatti. Elle donne à rêver sur le théâtre, ce rapport entre le visible et l’invisible que la revue de théâtre tente d’expliciter, et ce en quoi il peut illuminer nos vies et nous permettre de mieux voir le monde.

Regards croisés

Frédérique Toudoire-Surlapierre

33« J’ai dirigé la revue Coulisses entre janvier 2005 et octobre 2007, en co-direction avec David Ball. Nous avons ainsi mené à bien sept numéros de la revue ainsi que deux numéros hors-série. C’est d’abord l’aide précieuse de Sébastien Jacquot qui me vient à l’esprit, aide sans laquelle aucun de ces numéros n’aurait pu être mené à bien, avec cette qualité et cette finition qui ont fait de Coulisses une revue théâtrale de référence. C’est aussi avec lui que nous avons conféré à la revue une nouvelle forme, concernant aussi bien la typographie, les encadrés, la mise en page que dans le contenu lui-même.

34Sans doute donne-t-on aux livres la forme qu’on souhaite lire et décou­vrir ; j’ai souhaité pour ma part que soit conférée, ou plus exactement assu­mée et affirmée la dimension scientifique et théorique de celle-ci. Il ne s’agissait pas seulement de se faire simplement (ce qui est déjà beaucoup) l’écho des différents spectacles de théâtres de Besançon, mais d’ajouter à ceux-ci un dossier thématique (avec des sujets aussi variés que « Le person­nage de théâtre », « Le théâtre anglophone contemporain », « Les nouvelles tendances du théâtre latino-américain », « Le théâtre amateur » ou encore « Quand le théâtre fait son cinéma »). Nous voulions que les dossiers soient résolument avant-gardistes ; ainsi deux d’entre eux furent intitulés : « Post-drama », s’attachant à faire le point sur la critique théâtrale aujourd’hui. Ces dossiers, qui constituaient l’armature centrale de chaque numéro, étaient pris en charge par des chercheurs spécialistes des théma­ti­ques proposées, que ce soit Claudel, Marivaux ou Maeterlinck par exemple, leur conférant un sérieux scientifique et une valeur qui ont fait la renommée de Coulisses.

35Et ce n’est pas tout. Cette revue a pu à l’occasion accueillir des « iné­dits », de petits textes dramatiques, je pense à celui de Daniel Othily ou encore à celui de Nicolas Laurent, qui donnaient aussi à la revue une di­men­sion actuelle et vivante, puisqu’elle se faisait le relais de la création dra­ma­tique de son temps. La revue Coulisses a fonctionné comme un espace de liberté au sens large et fort de l’expression, en tant qu’espace textuel per­mettant à tout chercheur mais aussi tout passionné de théâtre de proposer un article, un compte rendu, un dossier ou un texte. Espace de liberté, car rien n’était ni fixe ni déterminé. Si bien sûr, il était nécessaire de prévoir et d’anticiper les numéros – la publication semestrielle laisse peu de répit (repos) entre les numéros –, il était toujours possible de faire de la place à une intervention, une réaction de dernière minute. Espace libre donc, espace ouvert, espace des arts vivants, cette revue comportait en son principe rien moins qu’un art théâtral programmatique ».

David Ball

36« J’ai participé à la rédaction de Coulisses, suivant la retraite de la fondatrice de la revue, Lucile Garbagnati, de 2005 à 2012, d’abord avec Frédérique Toudoire-Surlapierre jusqu’en 2008 et ensuite avec Karine Bénac. C’est à Frédérique qu’est dû le changement d’orientation nécessaire de la revue vers la publication d’articles plus scientifiques et théoriques groupés en dossiers thématiques. Mais l’ancrage des entretiens et des comptes rendus dans une pratique théâtrale locale était maintenu. Et avec la collaboration de Karine, ces orientations théoriques et pratiques étaient continuées et développées. J’ai développé pour ma part le comité de lecture en augmentant le nombre des membres et en sollicitant leurs avis à propos des articles soumis. Mais à mon regret je n’ai pas réussi à faire marcher les rubriques que j’espérais être interactives : Courrier de lecteurs et Polémique. En revanche, j’ai eu beaucoup de plaisir à écrire des articles et des comptes rendus consacrés au théâtre de Shaw, de Shakespeare, de Molière, entre autres. Et je suis content aussi d’avoir contribué à la publication de plusieurs inédits dramatiques de grande qualité ».

Karine Bénac-Giroux

37« J’ai assuré la co-direction de la revue Coulisses avec David Ball, à la suite de Frédérique Toudoire-Surlapierre, de 2008 à 2011. Ensemble, nous avons décidé de faire graviter un des deux numéros annuels autour du programme d’agrégation, ce qui nous a conduit notamment à la parution d’un numéro sur Marivaux et d’un autre sur Racine. Les autres numéros abordent des thématiques variées et ouvertes à la dramaturgie de l’ailleurs (le théâtre asiatique notamment). En outre, nous avons entamé un dialogue avec les Antilles, en proposant de faire paraître dans chaque numéro un inédit d’un dramaturge antillais ».

Julia Peslier

38« Présente à la fin de l’aventure, j’ai veillé à maintenir en équilibre tra­di­tions et plasticités de la revue Coulisses, à travers l’impulsion donnée par ses différents directeurs, en préparant la transition vers Skén&Graphie avec Pascal Lécroart. Coulisses a pour moi été un atelier, pour comprendre le rythme particulier, les exigences et la prodigieuse capacité d’accueil et d’exploration des formes contemporaines que peut avoir une revue, au-delà de publi­ca­tions de facture plus universitaire. J’espère que cette dernière gagnera son pari de faire une synthèse entre théâtre vivant et littératures comparée et francophone, critique et création, écrits académiques et regards de prati­ciens, de metteurs en scène, mais aussi entre spectateurs et spécialistes, entre théâtre universitaire et scènes émergentes ».

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Notes

1 Paul Claudel, « La Banquette avant et la banquette arrière », dans Œuvres en prose, Paris, Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », 1965, p. 1311.

2 Ce groupe de recherches interuniversitaire et interdisciplinaires sur les revues de théâtre, dirigé par Marco Consolini (Sorbonne Nouvelle – Paris 3), Sophie Lucet (Paris Diderot – Paris 7) et Romain Piana (Sorbonne Nouvelle – Paris 3), est actif depuis janvier 2011. Voir http://www.sofeth.com/article-groupe-de-recherche-interuniversitaire-sur-les-revues-de-theatre-112180323.html, page consultée le 20/9/2013.

3 Aspects de la critique, Colloque des universités de Birmingham et de Besançon, Annales littéraires de l’université de Franche-Comté, n° 638, 1998.

4 Voir Coulisses n° 16, Dossier : « Les Dix ans du TU », p. 11sq.

5 « L’image dans les revues de théâtre : formes, statut, fonctions » journée d’études or­ga­nisée le samedi 22 juin 2013 à l’Université Paris-Diderot par Marco Consolini (Paris 3), Sophie Lucet (Paris 7) et Romain Piana (Paris 3), avec l’appui de l’équipe « Littérature et civilisation du xixe siècle » (CERILAC, Paris 7), et de l’Institut de Recherche en Études Théâtrales (IRET, Paris 3).

6 Le texte augmenté a été publié aux éditions Verdier 2006 sous le titre Le Couteau toast d’Évariste Galois.

7 Coulisses n° 16 et 17. Le TUFC a fait une adaptation libre de la pièce Le Radeau de la Méduse sous le titre Naufrage.

8 Théâtre et sciences, actes du colloque de Besançon 14-16 mai 1998, dir. L. Garbagnati, F. Montaclair, D. Vingler, Besançon, Presses du Centre UNESCO de Besançon, 1998 ; Quel répertoire théâtral traitant de la science ?, dir. L. Garbagnati, L'Harmattan, 2000 ; Temps scientifique, temps théâtral, actes du colloque international transdisciplinaire organisé par le théâtre universitaire de Franche-Comté et le Centre de recherches Jacques Petit les 8-10 juin 2000, dir. L. Garbagnati, CRDP Franche Comté, 2001 ; Théâtre et nouvelles techno­lo­gies, Actes du colloque transdisciplinaire des 15, 16 et 17 novembre 2001 de Besançon, organisé par le Centre de recherches Jacques Petit et le Théâtre universitaire de Franche-Comté, Éditions Universitaires de Dijon, 2006.

9 Actes du colloque Littérature et médecine, textes réunis par Marie Miguet-Ollagnier et Philippe Baron, PUFC, Collection Annales Littéraires, n° 685, 1999.

10 Voir http://agon.ens-lyon.fr/index.php?id=143 ; page consultée le 20/9/2013.

11 Coulisses n° 16, p. 24

12 Texte reproduit dans Coulisses, Hors-série n° 1, Armand Gatti La Traversée des langages, p. 8.

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Pour citer cet article

Référence papier

Lucile Garbagnati, « Coulisses, 1990-2004 »Skén&graphie, 1 | 2013, 191-206.

Référence électronique

Lucile Garbagnati, « Coulisses, 1990-2004 »Skén&graphie [En ligne], 1 | Automne 2013, mis en ligne le 30 novembre 2016, consulté le 16 février 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/skenegraphie/1117 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/skenegraphie.1117

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Auteur

Lucile Garbagnati

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