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Dossier
1. La vie des paradigmes

Créativité lexicale en discours liée à l’existence de paradigmes

Jean-François Sablayrolles
p. 37-50

Résumés

Sauf cas particuliers, les créations et innovations lexicales apparaissent en discours et la notion de paradigme (dans les sens traditionnels du mot, car elle s’est diver­si­fiée et élargie) joue un rôle dans celles-ci. C’est net dans les divers types de néo­logismes flexionnels, qui ne sont pas de nouvelles lexies mais de nouvelles formes de lexies conventionnelles, qui relèvent donc de la néologie sans être des néo­logismes prototypiques, comme le sont des néologismes par dérivation ou com­position. Dans ceux-ci aussi, la notion de paradigme joue parfois un rôle (adapta­tion catégorielle d’une lexie au contexte d’une phrase en cours d’émission, inclu­sion dans des séries…). Par ailleurs, le jugement de l’oreille et les rapports entre l’analogie et la règle à propos de créations lexicales mettent aussi en jeu la notion de paradigme.
L’auteur met en avant les termes suivants : néologie en contexte, paradigme, ana­logie, règle, flexion, dérivation.

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Texte intégral

1. Introduction

  • 1 « Rien n’est dans la langue qui n’ait d’abord été dans le discours. »
  • 2 L’idée revient à plusieurs reprises : « historiquement le fait de parole précède toujours » (p. 37) (...)

1Sauf cas particuliers (comme ceux de commissions de terminologie et de néologie), les créations et innovations lexicales apparaissent en discours. C’est ce que rappelle Benveniste en conclusion d’un de ses articles : « calquant une formule classique : nihil est in lingua quod non prius fuerit in oratione », (1966, p. 131)1, reprenant des affirmations du Cours de linguistique générale de Saussure (éd. de 1969)2. Les circonstances énonciatives sont donc à prendre en compte pour essayer de comprendre l’émergence de néologismes, au sens large. Mais inversement le système de la langue intégré par le locuteur joue un rôle fondamental dans la forme prise par ces innovations. Et l’existence de paradigmes joue en l’espèce un rôle de premier plan.

2Le mot paradigme est polysémique, au sein des sciences du langage et il est même utilisé en dehors de celles-ci (« on change de paradigme », « des modèles (de voiture par exemple) se déclinent… »). Nous ne prendrons pas en compte ces dernières acceptions.

3Nous nous en tiendrons dans cette réflexion sur les rapports entre paradigme et créativité lexicale essentiellement au premier sens, étymologique, d’un élément pris comme modèle, puis de l’ensemble des formes qu’il présente, comme les déclinaisons et conjugaisons latines et grecques que nous avons apprises et longtemps enseignées. Nous nous intéresserons à des créations flexionnelles que l’on voit parfois émerger en discours. Mais nous aborderons aussi le deuxième sens, de ce que Saussure (1969, p. 170 et ss.) nommait « rapports associatifs », in absentia, en particulier le paradigme dérivationnel (ensemble des lexies formées sur un même radical). Nous regarderons comment des trous du lexique sont comblés et quelles réactions suscitent ces créations chez les locuteurs natifs, qu’elles soient fabriquées par analogie ou par application de règles.

2. Néologismes flexionnels de discours

4Des formes fléchies non conventionnelles apparaissent parfois dans des énoncés, de manière spontanée ou au contraire de manière délibérée. Il s’agit alors de productions discursives de formes inattendues qui comblent des lacunes dans des paradigmes défectifs (surtout des conjugaisons mais pas seulement) ou qui sont le fruit de la régularisation de formes irrégulières, anomales, par application de règles ou par analogie… les deux étant fondées sur le système de la langue intégré par le locuteur. On peut distinguer plusieurs situations.

2.1. Des créations accidentelles et inconscientes

5On peut identifier, en premier lieu, des créations considérées d’un point de vue normatif comme purement fautives, qui apparaissent de manière accidentelle, à l’insu du locuteur. C’est le cas des deux formes de futur simple de l’indicatif proférées, la première par une serveuse de restaurant au moment de desservir et de retirer une bouteille de vin encore bien remplie, et la seconde par une candidate au CAPES (certificat d’aptitude professionnelle à l’enseignement secondaire) que l’on voulait inviter à revenir sur une erreur d’analyse d’une forme de conditionnel présent :

vous en buverez encore ? (par application de la 4e proportionnelle) vous mangez / vous mangerez // vous buvez / X

je tremblera (extension de [a] de 2de et 3e pers. du sing. à la 1re, de la même manière que l’on a la même forme phonique aux trois personnes du singulier du présent, de l’imparfait, etc.)…

2.2. Des créations accidentelles mais conscientes

6Des créations accidentelles, mais qui apparaissent comme telles pour le locuteur au moment même de leur profération ou peu après, pourraient être reprises, voire assumées par le locuteur qui revendiquerait, même in petto, son droit à régulariser la langue. Nous n’avons pas trouvé de cas clairs de cette situation, mais on pourrait imaginer sans difficulté qu’un locuteur auquel échapperait un vous disez, suscitant des railleries, choisisse de justifier sa faute en arguant : « pourquoi ne dirait-on pas vous disez, c’est moi qui suis plus logique que la langue ». Ce faisant, il s’exonèrerait en partie de la faute, la rejetant sur la langue, irrégulière et comportant de (trop) nombreuses exceptions aux règles.

2.3. Des créations délibérées (donc conscientes)

7Il arrive en revanche que la création « fautive » au regard de la norme soit délibérée, donc consciente. C’est sans doute plus fréquent qu’on ne le croit ou qu’on ne le dit (on en parle peu, nous semble-t-il). Plusieurs types de causes peuvent être reconnus par les interprétants que sont les récepteurs (cf. Grunig 1985). Certaines sont des fautes pour ainsi dire mimées, pour rire, comme celles d’une ancienne chanson de Renaud (Dès que le vent soufflera). Il crée ainsi une connivence avec son public par la conscience partagée d’une transgression mimant des fautes pouvant être faites par des enfants ou des personnes qui maîtrisent mal la langue. Ce mélange de connivence et de jeu avec la langue a été qualifié de colludique par Camille Vorger (2011). En l’occurrence, on s’amuse, à plusieurs, au détriment d’une tierce personne, réelle ou imaginaire, du fait d’une de ses faiblesses :

je repartira (fabriqué selon le même mécanisme que celui vu ci-dessus),

nous nous en allerons (futur formé régulièrement sur l’infinitif aller et pas avec la forme supplétive i- présente dans irons).

8Il arrive aussi qu’on ne prête pas la faute à autrui, mais qu’on l’assume soi-même comme locuteur, reprenant néanmoins une faute quasi lexicalisée. Ainsi, un éminent collègue n’hésite pas à dire dans une réunion de laboratoire

j’m’a gouré au lieu de je me suis trompé.

9La comparaison de ces deux formulations, fautive et canonique respectivement, montre les trois transgressions auxquelles se livreraient des locuteurs incultes : emploi du terme familier gourer au lieu de tromper ; erreur dans le choix de l’auxiliaire (avoir au lieu de être, obligatoire dans une forme pronominale, alors que l’emploi de avoir pour les temps composés est de mise quasiment partout ailleurs, sauf pour quelques rares verbes) ; enfin même type d’erreur flexionnelle que celle indiquée plus haut : a au lieu du ai attendu. Il est remarquable que cette erreur linguistique volontaire soit motivée par le fait qu’on avoue avoir commis une erreur (extralinguistique), comme si l’expression épousait le signifié, donnant ainsi l’impression de faire diminuer l’arbitraire du signe : une forme fautive pour dire une faute.

10Un mécanisme analogue est reconnaissable dans

Si j’aurais su, j’aurais pas venu

à la différence près que nous connaissons l’auteur de cette faute, le personnage de Petit Gibus dans La Guerre des boutons de Louis Pergaud. Les emplois de cette formule relèvent donc de la citation, mais c’est un choix d’y recourir plutôt que d’employer la forme « correcte ».

2.4. Des créations créatrices de sens

11La motivation de la faute volontaire peut aller encore plus loin en lui assignant une modification précise dans le signifié. C’est ce que fait Alphonse Allais déclarant à un ami qu’il doit quitter pour aller à sa banque percevoir

[s]on émoluement

et qui répond à son ami qui le reprend sur le fait que ce mot est un pluralis tantum : « je ne vais pas déranger le pluriel pour si peu », faisant comme s’il y avait un parallélisme entre l’expression linguistique de la catégorie du nombre et l’ampleur de la somme réelle dont il est question. Le singulier serait associé à la petitesse et le pluriel à la grandeur, assimilant la quantité à une qualité (la dimension, l’importance).

12Une rupture introduite dans le paradigme du verbe travailler avec le recours à un autre verbe, comme si c’était un cas de supplétisme, est à l’origine de plusieurs slogans dont un, déjà ancien, diffusé par le PCF (Parti communiste français) ou plus probablement la CGT (Confédération générale du travail, le plus important des syndicats français), faisait conjuguer sur des affiches :

Je travaille, tu travailles, il travaille, nous travaillons, vous travaillez, ils profitent.

2.5. Des créations d’illustration et défense de la langue

13Mais les motivations assignables à ces créations flexionnelles « fautives » ne sont pas toujours liées à la situation concrète de l’énonciation ni à des raisons sémantiques. Il peut s’agir pour le locuteur de rendre service à la langue en l’enrichissant de potentialités qui lui étaient déniées. Dans un roman de Richard Jorif (Le Burelain), le narrateur écrit à propos des personnages de la fiction :

ils closirent leur repas par des profiteroles au chocolat

et une note infrapaginale (donnée comme due à l’éditeur alors qu’elle provient plus probablement de l’auteur) indique que l’absence de cette forme défective était expressément regrettée par Littré dans son dictionnaire où il écrivait à la fin de l’article clore :

Des grammairiens se sont plaints qu’on laissât sans raison tomber en désuétude plusieurs formes du verbe clore. Pourquoi en effet ne dirait-on pas nous closons, je closais, je closis, que je closisse ? Ces formes n’ont rien de rude ni d’étrange, et il serait bon que l’usage ne les abandonnât pas. (Remarque de Littré à la fin de l’article clore).

14L’auteur du roman (et son personnage à qui il prête sa pratique) est un grand lecteur du Littré dans lequel il puise un grand nombre de mots ou expressions rares et peu connus qu’il introduit dans le roman où ils apparaissent parfois, indûment, comme des néologismes. Cette admiration pour Littré le conduit à le prendre au mot et à mettre en circulation la forme dont il regrettait l’absence, espérant peut-être par là être suivi par d’autres utilisateurs et inscrire en langue des formes présentées comme inusitées. Ce n’est pas impensable comme le montre l’émergence de deux formes de masculin pluriel de l’adjectif causal

causals et causaux

dans les dictionnaires contemporains alors que le masculin pluriel était donné comme inusité par Littré. On y reviendra dans la partie 4.

2.6. Des créations à interprétation indécise

15L’interprétation des créations flexionnelles est le fruit du travail des récepteurs, influencés par de nombreux facteurs, d’où le concept de « fuite du sens à droite » de B.-N. et R. Grunig (1985). Mais, sans parvenir jamais à une certitude absolue, on peut émettre des hypothèses plausibles, comme, du moins nous l’espérons, celles émises ci-dessus. Cependant il arrive aussi que l’interprétant soit dans l’embarras et ne puisse pas décider. C’est ce qui se passe pour

la représaille n’a pas tardé

prononcé par une journaliste après une opération militaire israélienne contre le territoire palestinien d’où avaient été lancés des missiles. Ignorait-elle que c’est un pluralis tantum, comme émoluments vu ci-dessus, et commet-elle une faute purement et simplement ? Ou bien voulait-elle insister sur la modération de ces réactions des Israéliens qui étaient restées très mesurées, même si elles avaient été immédiates. Là aussi il y aurait une assimilation de la quantité à la qualité.

3. Néologismes dérivationnels de discours

16Il est bien connu que la dérivation lexicale est moins régulière que la flexion pour laquelle les formes sont prévisibles dès que l’on connaît le modèle de référence, le paradigme. Plusieurs suffixes sont parfois en concurrence et toutes les formes suffixées a priori possibles ne sont pas attestées conventionnellement, dans une synchronie donnée. Le lexique comprend ainsi des « trous », avec des formes possibles non attestées, souvent plus nombreuses que celles qui le sont conventionnellement.

17Or il arrive fréquemment que des locuteurs soient amenés à créer des dérivés non attestés dans le lexique conventionnel tel que les dictionnaires le reproduisent, même un peu imparfaitement, dans l’urgence de la situation d’énonciation où ils se trouvent. Ils doivent adapter au contexte syntaxique de la phrase en train de se faire un mot présent dans leur projet préverbal (encore un concept emprunté à Grunig & Grunig 1985) dans une catégorie grammaticale autre que celle qui convient. Cette cause de l’apparition des néologismes semble méconnue ou pour le moins minimisée dans les travaux qui portent sur la néologie, alors même qu’elle est responsable de nombreux néologismes parmi ceux que nous avons relevés depuis plusieurs décennies. Si, dans les cas les plus clairs, l’urgence de la phrase en train de se faire joue un rôle crucial, un phénomène identique se passe parfois dans des situations où le locuteur aurait le temps de se reprendre ou de formuler autrement, mais choisit de ne pas le faire et de néologiser.

18Mis à part un cas de dérivation inverse portant sur la suppression d’un préfixe, et quelques cas de dérivation inverse par suppression d’un suffixe, ce sont surtout des cas de suffixation ou de conversion que nous avons rencontrés.

3.1. Par dérivation inverse

19La dérivation inverse est un procédé rarement actionné si on ne prend en compte, comme on doit le faire, que la suppression d’un affixe dérivationnel, en excluant les cas de conversion qui mettent en jeu des marques flexionnelles.

20Une élève composant une dissertation en temps limité, et donc prise par une certaine urgence, a besoin de dénommer les personnes un peu instruites qui ont appris à lire et à écrire, bref celles qui ne sont pas analphabètes, ne trouve pas de mot adéquat et forge

les alphabètes

par suppression du préfixe négatif an- de analphabète qu’elle avait en tête ; c’est un exemple un peu ancien qui date d’avant l’avènement de la littératie. Ce mot existe dans des variantes non hexagonales du français, ce que l’élève devait ignorer.

21C’est par colludisme que Philippe Meyer disait parfois dans ses chroniques sur France Inter : « un auditeur sachant auditer » créant ainsi un verbe auditer « entendre » par suppression du -eur de auditeur par analogie avec la formule chère aux apprentis comédiens « un chasseur sachant chasser sans son chien… », et homonyme de auditer « faire passer un audit ». Il aurait eu tout le loisir en préparant sa chronique de trouver une autre formulation et tout simplement de dire : « un auditeur sachant écouter », mais cela aurait été bien plat. Le clin d’œil fait à ses auditeurs avec la création du verbe auditer sur le principe de la quatrième proportionnelle déjà évoquée retient leur attention, et les amuse par allusion à un savoir lexical partagé, ce qui ne peut que bien disposer les auditeurs envers le chroniqueur.

3.2. Par suffixation

22Les cas de suffixation ou de conversion pour opérer ce que nous nommons transcatégorisation « changement de partie du discours entre la base et le néologisme formé sur elle, quelle que soit la matrice qui opère ce changement » (Sablayrolles 2006), sont de divers types. Il s’agit parfois de pallier le manque d’un mot, parfois de substituer un suffixe à un autre, pour diverses raisons.

3.2.1. Le mot qui manque

23Josette Rey-Debove (1989) a montré que le lexique comportait des trous et donne comme exemple l’absence de dénomination pour l’ensemble des chapeaux à plume. Il n’existe pas toujours un archilexème correspondant à un archisémème. Un manque dans le lexique apparaît souvent par comparaison avec d’autres langues : c’est l’existence de l’anglo-américain whistleblower qui a suscité la création de l’équivalent français lanceur d’alerte. On remarque aussi que des mots possibles selon les règles du système ne sont pas conventionnellement attestés. Or les circonstances du discours peuvent conduire au besoin d’utiliser ce mot virtuel, à moins d’utiliser, comme c’est enseigné dans le cadre scolaire, une périphrase pour contourner ce manque. Un chef de choeur présentant une œuvre qu’il s’apprête à diriger explique que c’est

une chanson polyphonisée, euh, c’est pas comme ça qu’on dit, une chanson polyphonée, enfin mise à plusieurs voix.…

24C’est la nécessité — dans l’urgence et peut-être l’émotion de parler devant un micro — de transformer en verbe (participe passé passif) le nom polyphonie ou plus probablement l’adjectif polyphonique pour une chanson « rendue polyphonique » que le locuteur a produit polyphonisé, dont il a immédiatement conscience que ce n’est pas une forme conventionnelle, qu’il corrige et finit pas gloser en recourant à des mots de la langue courante et évitant de prendre comme base le mot savant qu’il avait en tête. La forme polyphonisé est fabriquée par suffixation en -is(er) avec la troncation de -ique par -is(er), régulière, comme Danielle Corbin (1990 entre autres) l’a établi.

25Mais il n’y a pas que l’urgence qui pousse à la transcatégorisation par suffixation. Des soucis stylistiques peuvent y conduire aussi, comme le désir de garder dans une traduction en français le parallélisme de quatre constructions latines consécutives nom + adjectif dans un autoportrait ironique et humoristique de Cicéron, où des constructions françaises nom + complément de nom fonctionne bien pour les trois premiers, qui sont attestés (du type longueur, minceur, maigreur pour long, mince et maigre) mais le quatrième adjectif frêle (pour qualifier les jambes) se prête mal à une transformation en nom abstrait de qualité, malgré l’existence de couples d’adjectifs monosyllabiques et de noms de qualité suffixés apparentés qui fournissent autant de modèles d’une quatrième proportionnelle. On constate un lexique à trou et aucun substantif n’est fabriqué sur frêle (ni ne passe bien, comme on y reviendra en 4). Le temps qui presse ne fait donc pas tout :

frêle / *frêleur // raide / raideur ou pâle / pâleur
frêle / *frêleté ou *frêlité // tendre / tendreté ou grave / gravité 
frêle / *frêlesse // rude / rudesse ou faible / faiblesse 
frêle / *frêlure // froid / froidure…

3.2.2. Des substitutions de suffixes

26On observe des substitutions de suffixes assez synonymiques. La langue dispose en effet parfois d’un ensemble de suffixes ayant la même fonction de transcatégorisation et la même valeur sémantique abstraite (comme nom de qualité pour les suffixes -eur, -(i), -esse, etc.) et le hasard fait que c’est l’un et pas un autre qui est utilisé.

27Cette substitution se comprend facilement quand le locuteur n’est pas francophone de naissance, même s’il maîtrise par ailleurs bien la langue française. C’est ainsi que le musicien catalan Jordi Savall, pour parler de l’esclavage, a dit, à plusieurs reprises,

esclavitude

et cette répétition montrait bien que ce n’était pas un raté ponctuel de production, mais une erreur d’enregistrement ou plus probablement la création d’un mot dont il avait besoin par application des règles de dérivation qu’il a intégrées, sur la base du mot esclave qu’il connaît. Mais celles-ci sont parfois capricieuses ou du moins en partie imprévisibles. Notons qu’aucun de ses interlocuteurs n’a relevé cette substitution de suffixe : le sens est clair et l’origine étrangère du locuteur explique cette confusion. Il n’en va pas (toujours) de même avec des locuteurs natifs.

28C’est du moins la mésaventure, bien connue, qui est arrivée à Ségolène Royal avec son

bravitude

qui a fait couler beaucoup d’encre et dont certains se sont servis pour la décrédibiliser, en jouant sur la surenchère par accumulation de « barbarismes » :

La féminitude, le beautisme et le charmage en plus de la culturation. C’est possible avec votre votage pour Ségolène.

29Michel Arrivé (2009) a étudié la genèse de cette forme et l’exploitation politique qui en a été faite.

3.3. Par conversion

30La conversion, qui consiste dans le changement de partie du discours sans ajout ni suppression d’un affixe dérivationnel, mais avec l’adoption d’éventuelles marques flexionnelles de la nouvelle catégorie, est un procédé qui a connu un grand développement dans le français branché contemporain comme l’illustre ce slogan publicitaire forgé par Claire Brétécher et mis dans la bouche d’Agrippine, son personnage fétiche :

Les yaourts X, ça m’esclave sévère

dans lequel le verbe est issu d’un nom ou adjectif et l’adverbe d’un adjectif.

31Il est à noter que beaucoup de ces cas se sont lexicalisés et n’entrent donc pas dans le cadre de cet exposé, comme la glisse, la gagne, etc. dont nous ne parlons que par prétérition. Mais le même personnage d’Agrippine dit à une de ses amies dans une BD :

ne t’inquiète pas, je t’apporte la mange

forme qui — à la différence de l’ancien infinitif substantivé le manger (par un phénomène appelé par certains déflexivation) — ne nous semble pas s’être installée dans la langue. Alors que la déflexivation est un processus mort (sauf pour Lacan qui crée le pleurer par analogie avec le rire, voir Aquien 2016), le processus de conversion est bien vivant et permet de créer de nouveaux emplois, dont beaucoup relèvent de la néologie en discours.

32La réception de ce type de création comme des autres n’est pas homogène et la doxa qui veut qu’un néologisme formel soit plus facilement repérable qu’un néologisme sémantique est souvent prise en défaut. Mais cette réflexion sur la créativité lexicale et le paradigme conduit à ne prendre en compte que les premiers.

4. Des familles de mots

33Il arrive aussi qu’apparaissent progressivement tout un ensemble de mots construits sur une base. Un mot, ou un radical (sous la même forme ou sous une forme allomorphique), fournit la base de plusieurs mots nouveaux affixés (préfixés ou suffixés), ou entrent dans de nouveaux composés. Tous ces mots sont apparentés du fait de la présence de la même base et forment une famille de mots.

4.1. La famille de tweet

34C’est ce qui est arrivé pour le néologisme par emprunt, relativement récent, tweet ou twitt (la différence de graphie étant sans importance en l’occurrence). Et nous souscrivons à une des conclusions de Sandrine Reboul-Touré (2016) :

[…] Je souhaiterais montrer que les paradigmes dérivationnel ou compositionnel restent totalement ouverts avec des constructions sur tweet ou twitt, d’où la proposition de considérer cette variation comme un seul élément. La créativité lexicale relevée est importante et non stabilisée […].

35Ceci va dans le même sens que le mémoire de master 2 de Julie Viaux (Paris 13, 2015), qui a exposé une partie de son travail dans l’article écrit en collaboration avec Andrzej Napieralski (2016) dans une comparaison du français et du polonais au sujet des mots créés sur cette base.

36Dans son annexe, Sandrine Reboul-Touré cite précisément la liste établie par Julie Viaux, avec la date probable d’apparition dans la presse (par consultation d’Europresse) :

tweeter N (2006), tweeter V (2009), live tweeter V (2009), retweeter V (2011), tweet N (2008), live tweet N (2011), retweet N (2009), twitto / twittos N d’agent (année?), twitosphère N (2010).

37Sandrine Reboul-Touré a également relevé, apparus récemment : tweetisme, tweetérature, twitclasse, twoutil, perpétweeter… Et la liste peut encore s’allonger, pour peu que Twitter continue de fonctionner.

4.2. Des séries lacaniennes

38Dans les mêmes actes du colloque de Cerisy (2016), Michèle Aquien évoque les paradigmes à propos des néologismes de Lacan. Nous nous contentons de la citer en sélectionnant un fragment de ce qui a trait à ce sujet :

Au crédit de l’esprit, on peut compter aussi le plaisir des séries. Lacan forge des paradigmes dérivatifs aussi bien à partir de noms communs ou de verbes qu’à partir de noms propres, et ils peuvent aussi s’envoler vers des directions inattendues.

Il y a au moins une dizaine de paradigmes à partir de noms communs. Les premiers restent sages, tels, dans les années 50, endoctrination, doctrination et doctriner, ou encore plagiatisme, plagiariste et plagiarisme ; en 1966, il rassemble en une phrase plusieurs dérivés fantaisistes du mot savant : « Le savant savante […] et on ne va pas regarder de si près si son savantement […] se répète, se rouille, ou même devient pur semblant de savanterie. » C’est à partir de cette période que la fantaisie se fait plus créative. Bien souvent, ces paradigmes voisinent dans un même séminaire, telle la jolie série sur âme dans Encore, en 1973 : le verbe âmer (« vous voyez là que nous ne pouvons nous servir que de l’écriture, même à jamais : j’âmais »), l’adjectif âmoureux (« les femmes aussi sont âmoureuses […] elles âment l’âme »), l’âmoralité de la conduite amoureuse, ainsi que l’âmusement. S’y ajoute le verbe diffâmer avec accent :

Pour que l’âme trouve à être, on l’en différencie, elle, la femme, et ça s’origine. On la dit-femme, on la diffâme. Ce qui de plus fameux dans l’histoire est resté des femmes, c’est à proprement parler ce qu’on peut en dire d’infamant.

Il y en a ainsi quantité d’autres. On a vu la fécondité de la série sur poubellication.

5. Jugement de l’oreille (et de l’œil)

39La réalisation de certaines formes nouvelles passe parfois tellement bien qu’elles ne se font pas remarquer, mais parfois, au contraire, elles heurtent le jugement de l’oreille (et de l’œil). Cela pose le problème du sentiment néologique et des jugements épilinguistiques portant sur l’esthétique, la régularité (ou pas : barbarisme), l’opportunité, etc. des néologismes perçus comme tels.

5.1. Innovations flexionnelles

40La créativité liée à l’existence de paradigmes semble poser souvent des problèmes de jugement de l’oreille (et de l’œil) pour des formes flexionnelles inusitées. C’est le cas pour des formes dont l’apparition est stigmatisée comme *vous disez évoqué ci-dessus. C’est une forme (re)connue comme fautive par la quasi-totalité de la communauté linguistique française et son emploi, par un locuteur distrait, suscite des réactions, amusées, moqueuses, ironiques, etc. C’est sans doute moins le cas pour la forme défective mise en circulation par Jorif :

ils closirent.

41Remarquons néanmoins que des tentatives de donner un passé simple (qui serait bien utile dans un récit d’une journée à la ferme) au verbe traire se heurtent à des échecs puisque aucune forme, même faite sur la quatrième proportionnelle, ne semble possible, heurtant les oreilles et les yeux. Des formes comme

*je tris… *ils trirent sur le modèle de je fis, etc. du verbe faire
*je trus… *ils trurent sur le modèle de je plus, etc. du verbe plaire

passent mal. Il en va de même de formes alignées sur les désinences des verbes réguliers du premier groupe ajoutées au radical tray- allomorphe de trai- comme à l’imparfait je trayais, etc.

*je trayai, *tu trayas, *il traya…

42Mais ces jugements sont délicats à manier (outre qu’ils sont en partie individuels) parce qu’ils touchent aussi des formes régulières et attestées mais en voie de désuétude dans les échanges courants comme les 1re et 2e pers. du passé simple et du subjonctif imparfait

nous mangeâmes, vous mangeâtes, que nous mangeassions, que vous mangeassiez…

réputées être lourdes. Mais les mêmes séquences phoniques ne sont pas jugées telles dans

blâme, pâte, patate, passion ou nous passions et vous passiez…

43Notons encore que le sentiment linguistique peut être pris en défaut comme c’est arrivé récemment aux auteurs d’un manuel scolaire de collège qui indique je vus, tu vus, etc. comme passé simple de voir, verbe dont on ne peut pas dire qu’il soit rare ! : « La conjugaison du verbe voir au passé simple dans Mon cahier de français 4e édition 2015 page 127 est erronée », reconnaît l’éditeur Magnard, filiale d’Albin Michel, sur son site. (15 octobre 2015).

44C’est aussi un sentiment d’étrangeté qui nous a conduit à vérifier dans toute une série de dictionnaires la forme de masculin pluriel de causal, évoqué supra, pour passer faisceau causal du singulier au pluriel. De fait, c’est une forme donnée comme manquante par Littré, mais existante sous deux formes dans des dictionnaires de la fin du 20e siècle. Il n’empêche que ces formes, morphologiquement régulières, ne paraissent pas naturelles, et nous avions tourné la phrase autrement pour éviter ce problème.

5.2. Innovations dérivationnelles

45Des problèmes identiques se posent pour les paradigmes dérivationnels à ceci près qu’ils sont moins réguliers et moins prédictibles (nous avons vu que le lexique a des trous) et que se posent le problème de l’existence de variantes chronolectales avec des mots dérivés qui ont existé et qui ont disparu (braveté), et dont la résurgence passe parfois bien (gouvernance) parfois mal, et celui de variantes topolectales essencerie, taxieur… utilisées en français d’Afrique mais pas dans l’hexagone. La bizarrerie ressentie devant les dérivés par suffixation sur l’adjectif frêle, aussi bien par nous que par la plupart des personnes auprès desquelles nous les avons testés, n’a pas encore reçu d’explication très satisfaisante. Et l’existence du doublet fragile (sur lequel est fabriqué fragilité) qui empêcherait la création de la série de suffixés sur frêle est d’autant moins recevable que la quasi-totalité des locuteurs non versés dans l’histoire de la langue ignorent cette parenté étymologique… Il en va de même pour d’autres adjectifs comme grêle, fluet… sur lesquels on ne peut forger naturellement de suffixés. Mais gracile sert de base à gracilité.

46Il arrive même qu’une réaction de rejet se manifeste devant un paléologisme (sur ce concept, cf. Sablayrolles 2006), un mot qui a existé dans la langue, a disparu et y est réintroduit (par emprunt ou par recréation indépendante). Ainsi de braveté qui aurait sans doute été reproché aussi violemment à Ségolène Royal que bravitude (v. supra), si elle l’avait utilisé. En revanche gouvernance s’est vite acclimaté. Il est très difficile de comprendre les raisons qui font qu’un néologisme se fait remarquer ou non (comme fienteux et feuilleteur que nous n’avions pas reconnus comme des néologismes de Laforgue dans ses Complaintes). On peut s’interroger sur une éventuelle différence liée à des créations par des règles ou par des analogies.

6. Créativité lexicale : règle et/ou analogie

47L’analogie, comme nous avons eu l’occasion de le voir à plusieurs reprises, s’appuie sur l’application de la 4e proportionnelle ; une forme est créée pour combler un vide parallèlement à un couple attesté comme

vous mangez / vous mangerez // vous buvez / X et X = vous buverez

alors que la règle s’émancipe de cas concrets et devient une formule du type : sur une base nominale d’objet (ou de matière) on peut fabriquer des noms de profession, par l’ajout du suffixe -ier : argentier, plombier, portier, serrurier, voiturier

48On pourrait peut-être dire qu’une règle est une analogie qui a réussi. Ce doit être vrai au moins dans la manière dont les locuteurs d’une langue apprennent la langue. Les enfants fabriquent souvent des mots par analogie d’un couple de mots qu’ils connaissent, puis petit à petit, au fur et à mesure que leur connaissance de la langue s’accroît, ils tirent des généralisations d’analogies répétitives et il n’est dès lors plus besoin de recourir à un modèle concret.

49Une hypothèse qui peut être émise est qu’il est sans doute plus facile de créer des formes qui passent bien (voire qui passent inaperçues) si elles sont produites par l’application de règles du type des RCM (Règles de Construction des Mots) de Danielle Corbin que si elles sont créées par analogie. Mais ce n’est pas si sûr et il faudrait voir s’il existe des tendances à grande échelle dans ce sens et voir aussi ce que les psycholinguistes pourraient dire sur le sujet.

7. Conclusion

50Voici quelques éléments de conclusion de cette réflexion sur les rapports entre la créativité lexicale et le concept de paradigme.

51Le premier est qu’il y a intérêt à adopter une conception large et scalaire de la néologie : les créations de formes flexionnelles sont périphériques et pas prototypiques (elles ne créent pas une nouvelle lexie), mais il y a bien du nouveau à propos d’une forme lexicale (et ces informations flexionnelles sont indiquées dans les dictionnaires), et elles doivent être prises en compte.

52Outre la recherche des mécanismes à l’œuvre dans la création des néologismes, il est nécessaire de s’interroger et de faire des hypothèses sur les raisons de l’émergence des néologismes, quels qu’ils soient. C’est ce que ne manquent pas de faire les récepteurs-interprétants, même fugacement et quasi inconsciemment. Les linguistes doivent se livrer à cet examen volontairement, sciemment et avec plus de recul, sachant qu’on ne peut pas épuiser les raisons d’un dire, quel qu’il soit.

53Et il faut aussi prendre en compte, autant que faire se peut, les jugements épilinguistiques des locuteurs natifs (pas nécessairement homogènes) : il y a une représentation de la langue qui fait partie de ce que les linguistes ont à décrire (sinon qui le fera ?). Les néologismes suscitent, plus que les lexies conventionnelles, des réactions des locuteurs et/ou des récepteurs, avec des gloses explicatives, des jugements de valeur, etc. Les propositions de féminisation des noms de métiers ont ainsi suscité des réactions très diversifiées qu’étudie Christine Jacquet-Pfau (2016).

54Il est enfin souhaitable de distinguer les innovations ponctuelles et généralement remarquables et créatrices d’effets d’avec les évolutions lentes et insensibles dont on ne se rend compte que rétrospectivement. Ainsi de la normalisation / régularisation de paradigmes irréguliers de verbes peu fréquents.

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Bibliographie

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Vorger, Camille (2011), « Le slam est-il néologène ? », Neologica, 5, p. 77-95.

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Notes

1 « Rien n’est dans la langue qui n’ait d’abord été dans le discours. »

2 L’idée revient à plusieurs reprises : « historiquement le fait de parole précède toujours » (p. 37) ; « Tout ce qui est diachronique dans la langue ne l’est que par la parole » (p. 138) ; « Rien n’entre dans la langue sans avoir été essayé dans la parole » (p. 231).

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Pour citer cet article

Référence papier

Jean-François Sablayrolles, « Créativité lexicale en discours liée à l’existence de paradigmes »Signata, 8 | 2017, 37-50.

Référence électronique

Jean-François Sablayrolles, « Créativité lexicale en discours liée à l’existence de paradigmes »Signata [En ligne], 8 | 2017, mis en ligne le 01 janvier 2018, consulté le 16 mars 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/signata/1345 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/signata.1345

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Auteur

Jean-François Sablayrolles

Ancien agrégé de grammaire (1986), Jean-François Sablayrolles a consacré sa thèse à la néologie du français contemporain (Paris 8, 1996). Maître de conférences à Limoges (1997-2002) puis à Paris 7 (2002-2005), il a soutenu l’HDR en 2004 et exerce les fonctions de Professeur des Universités à Paris 13 Sorbonne-Paris-Cité depuis 2006. Il est membre, depuis 2005, du LDI UMR 7187. Ses recherches portent principalement sur la néologie du français contemporain, dont les emprunts et leurs équivalents autochtones. Il a fait paraître en 2000, La Néologie en français contemporain (Champion), Les Néologismes (avec Jean Pruvost, Que sais-je ?, PUF, 2003, 3e éd. 2016), L’Innovation lexicale (Champion, 2003, actes du colloque de Limoges, 2001), La Fabrique des mots français (Lambert Lucas 2016, actes colloque de Cerisy 2015 avec Ch. Jacquet-Pfau) et a fondé, en 2006, et dirige, avec John Humbley, la revue de néologie Neologica (Classiques Garnier).

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