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La façade lettrée comme dimension constitutive de l’écriture architecturale

The Literate Façade as a Constitutive Dimension of Architectural Writing
Laurent Viala

Résumés

Ce texte cherche à apprécier le champ des possibles existant entre deux positions extrêmes. La première fait le constat d’une mobilisation de l’architecte en un jeu strictement graphique qui n’engage pas une production de sens clairement affirmée ; les lettres, mots, textes serviraient au mieux une visée esthétisante. La seconde pose comme cadre d’intervention l’enrichissement de l’écriture architecturale par la recherche de sens au travers de l’inscription de tout ou partie d’une ou plusieurs langues. L’hypothèse défendue est celle de la façade lettrée comme dimension constitutive de l’écriture architecturale de la façade elle-même, mais également de l’édifice.

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Texte intégral

  • 1 Edmund Thomas, « The monumentality of text », dans James F. Osborne (dir.), Approaching Monumentali (...)

1L’écriture serait capable d’introduire du monumental dans une architecture parfois ordinaire en produisant, par l’inscription, de la valeur, un intérêt, un contenu vecteur de sens partageable et en capacité de rassembler. L’héritage antique l’a montré1. Selon un principe d’équivalence, écrire sur les monuments aux xxe et xxie siècles permettrait de rendre plus ordinaire, donc possiblement plus accessible, ce qui s’inscrit, avec plus ou moins d’efficience, dans l’ordre monumental nécessairement impressionnant et mobilisant des référentiels ne pouvant garantir en permanence l’adhésion de toutes et tous.

2Le recours à l’écriture par l’architecte, non pour consigner ses idées, visions, pensées ou positions et enrichir un corpus de textes de référence en architecture, sur la pensée, les doctrines, la conception ou la nature des évolutions observables, mais afin de nourrir, de prime abord sur le plan graphique, la traduction formelle et sensée de sa proposition architecturale : telle est, en l’occurrence, la perspective offerte.

3L’objectif est d’apprécier le champ des possibles existant entre deux positions extrêmes. La première fait le constat d’une mobilisation de l’architecte en un jeu strictement graphique qui n’engage pas une production de sens clairement affirmée, mais se complait dans un jeu de signes ; lettres, mots et textes serviraient au mieux une visée esthétisante. La seconde pose comme cadre d’intervention l’enrichissement de l’écriture architecturale par la recherche de sens au travers de l’inscription de tout ou partie d’une ou plusieurs langues.

  • 2  Béatrice Fraenkel, « Écriture, architecture et ornement : les déplacements d’une problématique tra (...)

4Entre ces deux positions, le champ des possibles évoqué formule l’hypothèse de la « façade lettrée » comme dimension constitutive de l’écriture architecturale de la façade elle-même, mais également de l’édifice dans son entièreté. Le recours à l’idée de la « façade lettrée » bénéficie de l’appui de Béatrice Fraenkel pour laquelle « fabriquer une ville lettrée, qu’elle soit de néons ou de pierres gravées, c’est donner une consistance à un espace public, rendre visible un champ de forces contraires, instables, ouvertes à de multiples usages citadins2 ».

5En effet, cette expression autorise une double approche encadrant la gradation recherchée : d’un côté, une façade/un édifice dont l’écriture architecturale emprunte au signe graphique valant langue donc écriture ; de l’autre, une façade/un édifice dont l’écriture architecturale s’ancre dans une ou des langues exposées par l’écrit. Le rapport entre signe et sens est ainsi interrogé puisqu’il s’agit d’apprécier les conditions et la nature de l’interaction entre deux mondes : celui des idées, de la pensée (de l’architecture et du projet) et celui du langage dans toutes ses composantes. À un bout, l’exploration des registres de la conception, à l’autre la richesse de la production architecturale.

6Le corpus d’étude rassemble les façades de cinq bâtiments : le musée Champollion - Les Écritures du monde de Figeac (Lot, France) ; la Fondation du doute de Blois (Loir-et-Cher, France) ; le théâtre Saint-Gervais de Genève (Suisse) ; la résidence Bieblova à Prague (République tchèque) et l’Alphabet Building à Amsterdam (Pays-Bas).

7Son analyse renseigne la part que peut prendre l’écriture dans le projet architectural et urbain, ainsi que dans sa capacité à faire sens : depuis une place presque anecdotique, relevant du jeu et de la liberté de création de l’architecte, associé ou pas à un designer ou un typographe, par exemple, jusqu’au recours éclairé se jouant des sens et des lieux, et renforçant le faire architecture. L’intérêt porté à ce dernier aspect permet d’envisager les rapports entre écriture et édifice tour à tour à partir des thématiques de la pérennité, de l’éphémère et de la patrimonialisation.

  • 3 Sandrine Amy, « Les nouvelles façades de l’architecture », Appareil, numéro spécial, 2008 [En ligne (...)
  • 4 Stéphane Vial « Habiter les interfaces : usages de la façade et pratiques de la fenêtre en architec (...)

8L’approche proposée ne réduit pas la façade à une surface matérialisée dans la verticalité de notre monde, actant l’existence d’un dedans et d’un dehors (possiblement l’espace public), ni n’en livre une seule lecture technique. Elle est bien davantage3. Elle est épaisseur, lieu où se niche et se joue une part de l’habiter et de l’habitabilité de notre monde. « De la façade à la fenêtre, avance Stéphane Vial, il semble ainsi que la culture occidentale ait installé le primat du visuel dans l’expérience architecturale, faisant des architectures des tableaux qu’on admire ou qu’on déteste de l’extérieur, et qui donnent à voir et à contempler de l’intérieur. Mais peut-être faut-il méditer la manière dont nous pouvons et dont nous souhaitons vivre l’espace aujourd’hui et se demander comment réinventer le rapport entre intérieur et extérieur4 ? »

9Ceci étant dit, l’expérience de l’habitant, dans ses usages, pratiques et représentations, bien qu’essentielle à une approche pleinement aboutie, n’a pas constitué le point d’entrée problématique. Elle est toutefois restée une préoccupation qui de facto oriente la réflexion.

10En cinq parties, l’exposé pose les contours d’une situation architecturale qui cherche à faire sens ; situation dont on pourra ultérieurement tester le niveau de réception sociale et politique.

11La première partie brosse une vue générale de la question de l’écriture sur les monuments. À quels enjeux, les motivations renvoient-elles ? Qu’est-ce qui se joue dans cette action d’écriture ? Quelles sont les formes observées ? Se jouant des mots, la deuxième partie pose l’écriture architecturale comme point d’entrée d’une meilleure compréhension de l’importance des actes d’inscription. Le rapprochement de l’architecture et du langage offre un cadre théorique ouvrant à l’idée de narration de l’expérience spatiale. Le troisième développement détaille le corpus et en livre une première analyse. Ce n’est qu’avec le quatrième temps que la référence à la façade lettrée est introduite pour dire les possibles d’une recherche esthétique, mais également marquer une volonté de la dépasser pour faire sens. Enfin, les derniers mots poussent le raisonnement jusqu’au bout en essayant de montrer la part prise par la façade lettrée dans l’écriture architecturale et le rôle qu’elle peut jouer dans la convocation d’un régime d’historicité. Ces deux dernières parties bénéficient directement de l’étude des cinq façades.

Rehausser le monument par l’inscription

Du monument au monumental : la place de l’architecture

  • 5 Gérard Monnier, « L’architecture monumentale contemporaine, une question d’histoire ? », Histoire d (...)
  • 6 CNRTL [Centre national de ressources textuelles et lexicales], s.v. « monument ».
  • 7 Henri Lefebvre, La production de l’espace, Paris, Economica, 1974.
  • 8 Charles A. Jencks, The language of post-modern architecture, Londres, Academy edition, 1978.

12Écrire sur les monuments réclame un premier positionnement : qu’évoque la référence au monument5 ? De quoi parle-t-il ? À qui parle-t-il ? En l’occurrence, quel sens donner au monument, à l’ordre monumental, à la monumentalité ? Qu’est-ce qui dans l’architecture contribue ou relève de ce registre ? Un retour sur de premiers éléments de définition suffit6. Ils évoquent d’abord un « ouvrage d’architecture ou de sculpture édifié pour transmettre à la postérité le souvenir d’une personne ou d’un événement ». Par extension, le terme désigne un « objet qui atteste l’existence, la réalité de quelque chose et qui peut servir de témoignage ». La notion emprunte ensuite une voie plus générale renvoyant à un « édifice imposant par sa taille et remarquable par son intérêt historique ou esthétique, par sa valeur religieuse ou symbolique ». Ce caractère imposant, grandiose, en termes de dimensionnement et/ou de qualités, dispose de nombreux terrains d’application : depuis les formes prises par la nature jusqu’à celles données à des œuvres artistiques ou scientifiques par exemple. Le monument parle donc d’architecture, mais plus fondamentalement de la capacité de celle-ci à signifier, en mêlant mémoire collective et histoire sociale, politique et culturelle. L’édifice, quant à lui, en tant qu’ouvrage architectural, se définit par ses « proportions importantes » d’une part, et l’idée d’assemblage d’éléments organisés entre eux, d’autre part. Une forme d’intelligence préside à cet agencement qui devient signifiant parce que peu ordinaire et absolument pas quelconque. Sur ces bases, le monument affiche deux qualités importantes que l’architecture contribue à prendre en charge : d’une part, il témoigne et convoque le souvenir voire la mémoire, et d’autre part, il impose sa présence à l’espace le recevant et contribue ainsi à sa production, au sens de Lefebvre7. Écrire sur les monuments suppose donc de voir une inscription soit accompagner, renforcer, rendre explicite le témoignage évoqué, soit venir le contrarier en le rejetant, le contredisant, etc. Cette écriture se conforme bien souvent au caractère grandiose, hautement dimensionné de l’édifice. Du monument au monumental, la place de l’architecture dépend donc de l’annonce de l’édifice a minima en lien avec le dimensionnement (grandiose) des valeurs et intérêts qui y sont attachés, et de façon plus expressive avec l’assemblage architectural qui caractérise sa composition. Au-delà, la vocation mémorielle du monument ne peut être évacuée. Ainsi, essayer de cerner les enjeux liés à l’écriture sur les monuments réclame d’abord de s’entendre sur ce qui relève de l’écriture (sur les monuments) pour ensuite juger de la part prise par cette ou ces écritures tout à la fois dans le dimensionnement réel et symbolique du monument, la nature de sa composition, mais également sa teneur mémorielle. C’est ainsi que la référence au langage de l’architecture8 sera mobilisée en gardant à l’esprit que le monument peut devenir un objet de consommation par la spectacularisation de son caractère imposant.

Écriture (lettres, mots, textes et langues) et architecture : des signes pour quel sens ?

13Tout bâtiment, même celui dont on ne saurait dire avec évidence ce qu’il a de pleinement architectural, est un possible support d’écriture, relativement facile d’accès pour celui qui entend consigner sur une façade, par exemple, un message doté de sens ou pas, compréhensible de tous ou plus confidentiel, une simple signature, comme pour marquer un territoire, pour signifier son autorité sur celui-ci. Outre ces inscriptions bien contemporaines, ces murs, la verticalité qu’ils offrent, ont constitué et constituent encore parfois de véritables supports d’information et de communication très officielles, voire solennelles. Depuis les inscriptions commémoratives jusqu’aux publicités peintes, en passant par les panneaux d’annonces affichant leurs quatre mètres par trois, un autre type d’écriture est investi.

  • 9 Robert Venturi, Denise Scott Brown, Steven Izenour, L’Enseignement de Las Vegas ou le symbolisme ou (...)

14L’idée d’un monde, plutôt urbain, de l’hypersollicitation du passant l’emporte. Souvenons-nous de Invasion Los Angeles de John Carpenter (1988) et des messages subliminaux s’affichant outrageusement sur les façades et toits des buildings, invitant à la consommation et dictant finalement un nouvel ordre social, moral et politique. Dans un genre qui n’a rien de fictionnel, L’Enseignement de Las Vegas, de Robert Venturi [et al.]9, montre combien l’ordinaire de la ville en vient à s’approprier l’ordre monumental en le dégageant du classicisme qui l’a façonné. La publicité, ses images et inscriptions, les enseignes prennent le relais d’une architecture parlant d’elle-même, offrant ainsi un paysage dans lequel les édifices affichent une monumentalité populaire qui vient structurer et dynamiser le quotidien : des signes pour faire sens et développer à distance un regard critique sur la façon sans reliefs de rendre l’architecture présente au monde. Dans ce cas, une écriture dans l’espace public, sur les murs de la ville, s’expose avec pour ambition de surligner l’intensité et la diversité de la vie et la complexité du spectacle qu’elle offre, mêlant histoire, héritage, modernités successives, au bénéfice d’un actuel qui ne peut que projeter l’architecture et la ville vers les temps à venir.

De l’inscription à l’écriture architecturale : une affaire de langage

  • 10 Stéphane Dawans, « Le minimum : une nouvelle utopie de l’écriture architecturale contemporaine » da (...)

15L’inscription sur les monuments n’est donc pas une affaire récente. A posteriori, les formes adoptées restent somme toute assez convenues en renvoyant principalement à des mots, phrases, textes à vocation mémorielle : se souvenir, rendre hommage, exalter les passions, faire corps. Ce registre reste encore insuffisamment exploré car principalement centré sur ces expressions-là, alors que la réalité contemporaine, celle du xxe siècle et du xxie siècle débutant, affiche une plus grande variété de situations. Le nombre et la diversité de ces inscriptions, de leur motivation, de leur nature, de leurs auteurs, et les types d’édifices concernés, mais également l’absence d’enjeu de connaissance fort, autre que celui du recensement, de l’inventaire, sont autant de motifs qui encouragent à aller plus en avant. En effet, problématiser ces inscriptions sur les monuments s’impose et leur assigner un intérêt de connaissance qui leur est en partie ou en totalité étranger s’avère une nécessité. En l’occurrence, l’écriture architecturale peut-elle tirer bénéfice de l’inscription lorsqu’elle la convoque ? Comment peut-elle s’en nourrir ? Sous quelle forme et avec quel type d’apport ? Dans le déploiement de sa pensée comme dans son acte de conception, l’architecte peut revendiquer par exemple le minimum10 comme déterminant d’une écriture architecturale. Peut-il en aller ainsi avec ce qui relèvera de l’inscription, de l’écriture, que celle-ci se réduise à la production de lettres, de mots, ou qu’elle affiche des phrases voire des textes entiers, productifs ou pas sur le plan de la sémantique ?

16À quel dispositif théorique, l’association entre langage et architecture conduit-elle ?

  • 11 CNRTL, s.v. « langage ».

17Le langage correspond à la « faculté que les hommes possèdent d’exprimer leur pensée et de communiquer entre eux au moyen d’un système de signes conventionnels vocaux et/ou graphiques constituant une langue11 ». En acceptant d’humaniser un instant l’architecture – c’est-à-dire d’accepter qu’elle puisse, elle aussi, par les choix de l’architecte, exprimer quelque chose, diffuser du sens, afficher une capacité à communiquer –, un parallèle est envisageable autour du langage au bénéfice de l’architecture.

18Ce langage architectural aura donc la faculté de porter un message en mobilisant une langue (le moyen) dont l’écriture architecturale rend compte. Cette écriture architecturale en appelle à de multiples paramètres et à leur agencement : la proportion, la forme, le rythme, le dimensionnement, le détail, la limite, l’épaisseur, l’ouverture, les matériaux et leur mise en œuvre, l’apport technologique, le défi technique, l’aménagement d’une fonctionnalité, etc. Parmi ces paramètres, il y a précisément ce qui relève de l’inscription (de l’écriture) c’est-à-dire, littéralement, de « la représentation graphique d’une langue ».

19Un second rapprochement entre langage et architecture paraît possible au service de la théorie architecturale et pour traiter la question placée au cœur de ce texte. La linguistique ouvre à trois approches solidaires : syntaxique, sémantique et pragmatique. La syntaxe parle de la structure grammaticale d’une expression ; il y aurait donc de bonnes et de mauvaises syntaxes selon que les règles en la matière sont observées ou non. La sémantique s’occupe du caractère signifiant d’un énoncé dans l’articulation des significations : du mot à la phrase, de la phrase au texte. Une phrase peut donc ne pas avoir de sens. La pragmatique ouvre l’horizon à l’interprétation propre aux acteurs, ceux qui énoncent, comme ceux qui reçoivent. Il y a contextualisation du sens pris par l’énoncé, soit une forme de dynamisation. À nouveau, la transposition à l’architecture complète le dispositif.

20Par analogie, la syntaxe en architecture suppose une grammaire architecturale, soit des principes à respecter. L’écriture architecturale, telle que définie, agence diverses composantes selon des règles plus ou moins contraignantes fixant l’ordre des choses pour la conception d’un édifice, de sorte à pouvoir afficher une forme de cohérence d’ensemble, et affirmer sans détours les qualités architecturales de l’élément bâti. La sémantique architecturale prend corps de la cohérence tirée d’une bonne syntaxe, du sens dont est porteur chacun de ses éléments constitutifs comme du sens global qu’ils livrent une fois assemblés. La pragmatique architecturale conduit à considérer un niveau de signification supérieur intégrant ce que peut rapporter l’expérience (à tout point de vue) des acteurs au contact de l’élément bâti, et cela bien entendu en fonction de son environnement d’accueil (contexte). Cette analogie entre langage et architecture trouve son utilité notamment dans la possibilité de renseigner les conditions d’une narration de l’expérience spatiale et en l’occurrence au regard du rôle confié à l’inscription, que l’effet soit ponctuel, que l’inscription serve un objectif s’inscrivant dans la durée ou que le processus de patrimonialisation soit considéré.

21En termes de définition, la proposition de Béatrice Fraenkel – la « ville lettrée », sur laquelle son texte de 2010 se conclut – non seulement convient à l’environnement heuristique donné à la présente proposition, mais invite à soutenir l’hypothèse de la « façade lettrée » comme possible dimension constitutive de l’écriture architecturale.

  • 12 Howard S. Becker, La bonne focale. De l’utilité des cas particuliers en sciences sociales (Christin (...)

22Sur le plan méthodologique, l’effort ayant une prétention plutôt théorique, le corpus mobilisé sert à montrer par l’exemple, avec la « bonne focale », comme le suggère Howard Saul Becker12. En effet, le sociologue mise sur la capitalisation de la singularité des cas observés pour construire un intérêt de connaissance autour d’un seul et même phénomène qui d’une certaine façon, traverse l’ensemble des cas (eux-mêmes pouvant relever de thématiques, d’échelles, d’enjeux, etc. très différents).

Un type d’inscription pour apprécier les possibles de la façade lettrée

23Particulièrement ouvert, le premier recensement de situations observant un rapport entre architecture et écriture a permis de juger la grande diversité des inscriptions. L’appel lancé autour de « Écrire sur les monuments » a conduit à isoler une situation reconnaissant à ces inscriptions a minima une capacité de participer de l’œuvre architecturale (inscription servante), et dans le meilleur des cas sa consubstantialité à celle-ci (inscription valant architecture). La seconde exploration, ainsi orientée, a permis de répertorier plusieurs cas répondant à cette situation et se révélant au travers de la façade. Le corpus était ainsi formé.

  • 13 Le descriptif revient à Alain Moatti et Henri Rivière, architectes, qui livrent l’équipement en 200 (...)

24Parmi ces cas, le musée Champollion - Les Écritures du monde, à Figeac (Figure 1). Le parti adopté pour le traitement de la double façade du bâtiment repose d’une part sur la désolidarisation de la façade en pierre, d’origine, conservant ses « huit baies régulières et les quatre portes en ogives13 », et d’autre part sur l’aménagement en seconde ligne d’une façade de verre intégrant un « film de cuivre percé de caractères d’écriture du monde entier » tel un « moucharabieh typographique ». Ce premier cas associe patrimoine, permanence, mémoire et transmission, et dit l’utilité sociale de l’architecture qui, par la façade et ses inscriptions exposées, recherche d’évidence l’adhésion du plus grand nombre.

Fig. 1. : musée Champollion - Les Écritures du monde. Figeac.

Fig. 1. : musée Champollion - Les Écritures du monde. Figeac.

Photographie de l’auteur.

  • 14 Giovanni Lista, « L’Esprit Fluxus à la Fondation du doute », Ligeia, vol. 157-160, n2, 2017, p. 2 (...)

25La deuxième façade est offerte par la Fondation du doute à Blois (Figure 2). « Le visiteur est accueilli dès son arrivée par une véritable mosaïque conceptuelle, ce qu’on appelle “le mur des mots”. La façade qui se dresse dans la cour de la fondation est en effet recouverte de 313 plaques émaillées qui portent les fameux tableaux-écritures de l’artiste [Ben] contenant des maximes, des proverbes inversés, des mots d’esprit, mais surtout la mise en doute des prétendues certitudes sur l’art, la culture, la création. L’effet est conceptuel, mais également plastique puisqu’il s’agit d’un rangement en forme de cases bien ordonnées alors que chacune d’elles joue un rôle d’insubordination face au sens commun14. » Ici, Giovanni Lista signale la portée critique de l’inscription. La place de l’usager, celui qui se trouve interpellé par ce que la façade affiche, est dans ce cas déterminante. Le visiteur n’est pas destinataire d’une simple information, mais d’une véritable sommation à ne pas se laisser abuser par les signes d’un monde particulièrement trompeur. Par l’écriture, elle-même mobilisée par l’artiste au travers de son œuvre, l’architecture performe par la façade, c’est-à-dire remplit sa mission politique, pas toujours intégrée, rarement assumée.

Fig. 2. : Fondation du doute. Ben & Fluxus collection. Blois.

Fig. 2. : Fondation du doute. Ben & Fluxus collection. Blois.

Photographie de l’auteur.

26Le théâtre Saint-Gervais de Genève est le troisième cas pris en compte. Il est retenu pour le caractère éphémère de la surfaçade et la portée performative de l’acte de langage qui lui donne corps. Imaginée par le designer franco-suisse Ruedi Baur en 2015, cette façade est fixée à l’échafaudage utilisé pour une rénovation des stores. L’artiste a déroulé sa phrase de haut en bas :

« S’il fallait écrire sur cette façade pour informer les non avertis, qu’en ce lieu le mot se trouve en usage à d’autres fins que celles de vous faire consommer, de vous avertir ou de vous interdire. Ici, le mot est crié, proclamé, chanté, murmuré, déclamé, répété. Il est dialogue, dispute, mémoire, rime, inutile, essentiel, art. S’il fallait écrire autant de mots pour informer que malgré les apparences, ce bâtiment n’est autre que le théâtre St Gervais. »

  • 15 Conçue par P6PA+Architects en 2017 ; le projet honore la mémoire de Konstantin Biebl (1898-1951), p (...)

La résidence Bieblova à Prague, quant à elle, propose un quatrième exemple de façade15 qui, a contrario, mise plus sur la force évocatrice des mots situés qu’elle ne pousse à agir celui qui s’en saisit.

  • 16 Proposé par l’agence MVRDV en 2011 dans le quartier Minerahaven en restructuration, le bâtiment fin (...)

27Enfin, l’Alphabet Building à Amsterdam16 livre une façade qui, sur l’ensemble de sa surface, affiche vingt-quatre lettres de l’alphabet, les deux manquantes étant reportées à l’intérieur.

Esthétique formelle de la façade lettrée : fournir un socle à la production de sens

28Trois configurations rendent compte d’une première analyse du corpus qui se saisit de la réalité formelle de la façade lettrée et de sa contribution sur ce plan à l’écriture architecturale.

29La première permet d’évoquer la simplicité de la traduction qui peut être donnée à la façade lettrée. Une approche finalement littérale joue la partition de la pureté esthétique. La lettre pour la lettre, l’architecture à la lettre, l’architecture de la lettre, y compris si tout l’alphabet est présenté de façon ordonnée : c’est ce que porte la proposition de l’agence MVRDV avec son Alphabet building (Figure 3). L’écriture architecturale trouve ainsi un appui intéressant avec cette inscription qui finalement se perd dans un jeu strictement formel au service d’un effet esthétique qui peut présenter bien entendu des qualités et de l’intérêt en façade, mais n’annonce en fait rien de plus qu’une syntaxe assez pauvre.

Fig. 3 : Alphabet Building. Amsterdam. MVRDV (non réalisé dans cette version).

Fig. 3 : Alphabet Building. Amsterdam. MVRDV (non réalisé dans cette version).

Avec l’aimable autorisation de © MVRDV.

  • 17 G. Lista, « L’Esprit Fluxus […] ».

30Avec la deuxième configuration, écrire sur l’édifice conduit à exploiter la capacité d’exposition de la façade et à contribuer par ce truchement à donner sens à l’espace public. Ici, de façon assez exemplaire, cette efficacité de l’affichage prend la forme du slogan, du manifeste, en lien direct avec le bâtiment et sa destination, soit en privilégiant l’ordre de l’éphémère, soit en misant sur une inscription plus longue dans le temps, sans pour autant revendiquer un ancrage définitif. La Fondation du doute, à Blois (Figure 2), permet de comprendre que l’œuvre d’art exposée au mur même du bâtiment ne l’est que pour un temps (l’artiste a signé une première convention de huit ans avec la ville de Blois ; le renouvellement pour cinq ans a été acté). Les œuvres sont mises à disposition. Ben lance des propositions qui interrogent celui qui est en train de s’en saisir. Le renoncement à la fixité, à la permanence, à un quelconque ordre, s’organise en façade avec un collage au cordeau, validant ainsi sa portée critique17.

31À Genève, l’opportunité d’un échafaudage dressé sur la façade du théâtre Saint-Gervais (Figure 4) inspire au designer Ruedi Baur une action artistique misant sur l’inscription d’un texte court sur la façade. Sa vocation est contenue dans l’énoncé même. À Blois et à Genève, une même volonté s’exprime : projeter le passant, l’usager, dans l’œuvre, dans le bâtiment, dans ce qui s’y tient. L’invitation est, dans un cas, suggérée (Blois), et dans l’autre, clairement énoncée (Genève). Suggérée car l’œuvre est livrée de façon massive, sans précaution. Clairement énoncée, car l’artiste explique que ce bâtiment est un théâtre, que l’on pourrait ne pas le savoir car très peu de choses dans l’architecture l’indiquent réellement (l’enseigne affichant le nom du théâtre se fond dans l’ordinaire du bâtiment), et que précisément les mots (et bien plus, la phrase) mis en façade sont un rappel qui ne devrait pas nécessairement être formulé. L’écriture architecturale, en renfort momentané dans un cas, inscrite dans la durée dans l’autre, se trouve enrichie par un effet de surlignage.

Fig. 4 : Théâtre Saint-Gervais. Genève.

Fig. 4 : Théâtre Saint-Gervais. Genève.

Avec l’aimable autorisation de © Tribune de Genève. Photographie : Lucien Fortunati.

32Enfin, troisième configuration, la mémoire des lieux croise l’ancrage territorial pour des formes attentives au caractère patrimonial de l’environnement d’implantation des bâtiments. Ici, la première configuration rejoint la deuxième, mais avec une différence de taille : les formes affichées, les lettres, mots et phrases inscrits sont ancrés pour durer ; du moins est-ce l’esprit du projet. En façade du musée Champollion à Figeac, géographie et histoire livrent les écritures du monde dans la diversité de leurs formes (quarante-deux types d’écriture fournissant près de mille signes travaillés par le graphiste et typographe Pierre di Sciullo) et s’offrent ainsi en un écrin enserrant les collections. La visite commence et/ou se termine en parcourant la façade du regard, qui annonce, synthétise et finalement consacre les écritures du monde. La façade lettrée nourrit un enjeu de connaissance de premier plan et en rend possible l’accès au plus grand nombre.

33À Prague, les architectes de l’immeuble d’habitation Bieblova (Figure 5) se saisissent, eux, d’un enjeu de mémoire. Afin de relever le défi patrimonial que semble imposer le site d’implantation de l’édifice, ils aménagent une façade proposant sur plusieurs panneaux assemblés des titres de textes emblématiques de l’œuvre du poète né et mort tchécoslovaque, dont la rue porte le nom. Les lettres inscrites en (minuscules et) majuscules dévoilent les titres, une fois adopté le code de lecture oblique. Les architectes expliquent que ce choix a réussi à convaincre les autorités d’accorder l’ensemble des autorisations nécessaires pour bâtir dans ce secteur ; les attendus étant habituellement motivés par des réponses architecturales plus directement et concrètement ancrées dans le respect des codes patrimoniaux. L’architecture contemporaine montre là sa capacité à œuvrer dans ce type de contexte historique.

Fig. 5. : Bieblova Apartments. Prague.

Fig. 5. : Bieblova Apartments. Prague.

Avec l’aimable autorisation de © P6PA+Architects. Photographie : Miguel Alonso.

34En fin de compte, la façade lettrée se construit d’abord formellement. Sur ce plan, globalement, elle affichera, sans grand risque de se tromper, une base sur laquelle construire, approfondir. Si la recherche d’un effet esthétique reste la seule motivation, alors la façade n’aura de lettrée que le nom car un deuxième effort, engageant une recherche emmenée par l’esprit d’une sémantique – voire d’une pragmatique – architecturale, paraît indispensable à la pleine expression de la façade lettrée.

Le récit architectural, entre historicité et narrativité

  • 18 François Hartog, Régimes d’historicité. Présentisme et expériences du temps, Paris, Seuil, « La lib (...)

35Pour exister en tant que dimension constitutive de l’écriture architecturale, la façade lettrée – réduite à la formalisation de lettres en surface, bien ordonnées comme à Amsterdam avec la proposition de MVRDV, ou répondant à d’autres types d’agencements d’inscriptions plus complexes comme les autres exemples l’ont montré – doit pouvoir relever d’un régime d’historicité18 et/ou prendre sa place dans une perspective narrative.

36L’hypothèse défendue réclame une attention approfondie portée au sens dispensé par les inscriptions et à l’effet produit dans l’environnement immédiat de l’édifice dans le cadre de l’expérience du « passant » ou de l’« usager ». Du corpus travaillé, se dégage le cas du musée Champollion à Figeac qui, tout à la fois, par son contenu thématique (les langues et les écritures du monde), la réalité de ses collections et les choix scénographiques, en appelle à la réalité historique. En façade, les signes ou caractères habillent le bâtiment, ils sont ainsi exposés comme ne peuvent l’être les pièces, fragiles et rares, préservées dans les salles du musée. La façade lettrée se saisit donc d’un héritage précieux qui, bien qu’universel, donne lieu à des expressions très variées. À elle seule, la façade ainsi aménagée raconte cette histoire de l’écriture à travers le temps et l’espace, qui plus est en recourant à une forme de mise en abîme. En effet, le musée occupe en partie l’ancienne maison de Jean-François Champollion, natif de la commune, celui qui précisément est connu du plus grand nombre pour son décryptage des hiéroglyphes, soit l’une des figures de ce champ de connaissance. Le parti retenu pour la façade traduit assez bien cette idée puisque le mur de pierre de la maison et ses ouvertures enserrent l’autre mur, de verre, contenant les caractères exposés. Par un effet de réduction/amplification, la maison de Champollion se présente donc comme le lieu idéal, en capacité de recevoir les écritures du monde. Le projet développé dans cette petite ville correspond à un équipement culturel structurant de premier plan, prenant place dans la ville historique ; il devait disposer d’une visibilité que lui offre cette façade lettrée. Plus que d’un enjeu strictement esthétique, d’intégration urbaine ou de valorisation patrimoniale, les choix qui ont été faits pour la réhabilitation du bâti et l’avènement d’un musée moderne relèvent d’une écriture architecturale de la façade, intégrant dans sa syntaxe l’image des inscriptions caractéristiques des collections, la bonne compréhension des enjeux historiques de connaissance et de transmission. C’est l’histoire que raconte le bâtiment au travers du traitement de sa façade qui s’attache à introduire ce que le musée développe au travers de ses collections. Le message est désormais plus explicite et n’a plus à miser sur la seule naissance d’un personnage emblématique ayant œuvré pour la connaissance des écritures du monde. D’une certaine façon, telle qu’elle est composée, la double façade lettrée rend accessible au plus grand nombre un contenu de premier plan (pouvant se revendiquer d’un héritage monumental, parce qu’à la fois universel et pluri-civilisationnel), sans doute impressionnant, générant par son envergure une possible distance au public car susceptible d’effrayer les moins bien préparés. Il y a en façade un appel à la connaissance, à la découverte, qui se joue sur le mode non perverti de la publicité (au sens de rendre public, accessible).

37Le cas rapporté de Prague ne présente pas une structure aussi complète affichant une efficace équivalente. La façade lettrée présente pourtant un intérêt en participant d’un jeu mémoriel tourné vers le poète Biebl, sans toutefois porter l’ambition sur un plan proche du cas observé à Figeac, permettant une pragmatique architecturale achevée. Il est toutefois important de relever que le procédé d’inscription permet, en l’espèce, d’introduire du monumental dans un immeuble qui n’affiche pas dans sa conception de telles prétentions. L’ambition mémorielle de l’agencement en façade de titres de poèmes remplit cette mission.

  • 19 Signalons « La Phrase » que déroule Ruedi Baur à Mons (Belgique) en 2015. L’initiative est développ (...)

38Dans l’ordre de l’éphémère, et sur des enjeux (les lieux de la représentation théâtrale) qui peuvent engager une trame historique, l’inscription à laquelle procède Ruedi Baur à Genève participe tout à la fois d’un propos sur ce type de lieu et sur un lieu en particulier – un type de lieu et un lieu, et ce qu’ils accueillent par nature, à savoir les mots, les textes, les œuvres qui seront dites, jouées, représentées devant un public19. La façade devient une scène avant la scène, une scène peut-être hors-la-scène, où un décor se dresse sans en être tout à fait un, car ce qui s’affiche sur la façade, c’est la vie et non sa représentation ; à moins que l’œuvre, son message explicite, n’intercèdent qu’au strict bénéfice de l’édifice architectural n’ayant jamais eu la totale capacité d’assumer sa mission et de la faire connaître. La phrase, bien qu’affirmative, interroge. Elle est œuvre, et contribue – du moins c’est l’injonction qu’elle porte – à la pérennité du lieu architecturé pour être théâtre, malgré les apparences.

Conclusion

39Si le rapprochement entre langage et architecture est particulièrement productif, si écrire sur les monuments constitue une voie possible vers le renforcement du sens des formes bâties, si les enjeux de mémoire restent vifs, force est tout de même de ne pas oublier que le rapport à l’écrit n’est pas toujours une chose aisée, facilement mobilisable par le plus grand nombre. Lorsque les messages présentent une densité de sens réclamant des capacités avérées d’interprétation et donc des connaissances précises, comment garantir qu’ils seront bien reçus, qu’ils produiront leur effet ?

40L’architecture ne se donne pas non plus facilement à la bonne compréhension de tous, et le monument, au-delà de son architecture, s’impose toujours avec grande conviction du fait de sa charge mémorielle, mais ne convainc pas nécessairement facilement et rapidement. La simplicité de l’écriture architecturale, qui peut afficher dans le même temps une belle complexité, est gage d’ouverture, de transmission, d’adhésion. Telle qu’introduite, la façade lettrée se verra confortée en tant que dimension constitutive de cette écriture architecturale tant que la réduction ne l’emportera pas et que le recours aux lettres, mots, phrases et textes (ar)raisonnera toute tentative de bavardage architectural.

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Notes

1 Edmund Thomas, « The monumentality of text », dans James F. Osborne (dir.), Approaching Monumentality in Archaeology, Albany, State university of New York, 2014, p. 57-82.

2  Béatrice Fraenkel, « Écriture, architecture et ornement : les déplacements d’une problématique traditionnelle », Perspective, no 1, 2010, p. 165-170 [En ligne] DOI : doi.org/10.4000/perspective.1236.

3 Sandrine Amy, « Les nouvelles façades de l’architecture », Appareil, numéro spécial, 2008 [En ligne] DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/appareil.287.

4 Stéphane Vial « Habiter les interfaces : usages de la façade et pratiques de la fenêtre en architecture », Les Annales de la recherche urbaine, no 106, 2010, p. 160-165 [En ligne] DOI : doi.org/10.3406/aru.2010.2792.

5 Gérard Monnier, « L’architecture monumentale contemporaine, une question d’histoire ? », Histoire de l’art, no 27, 1994, « Monuments », p. 7-17 [En ligne] DOI : doi.org/10.3406/hista.1994.2614.

6 CNRTL [Centre national de ressources textuelles et lexicales], s.v. « monument ».

7 Henri Lefebvre, La production de l’espace, Paris, Economica, 1974.

8 Charles A. Jencks, The language of post-modern architecture, Londres, Academy edition, 1978.

9 Robert Venturi, Denise Scott Brown, Steven Izenour, L’Enseignement de Las Vegas ou le symbolisme oublié de la forme architecturale, Bruxelles, Pierre Mardaga, 1977.

10 Stéphane Dawans, « Le minimum : une nouvelle utopie de l’écriture architecturale contemporaine » dans Pierre Hyppolite (dir.), Architecture et littératures contemporaines, Limoges, Presses universitaires de Limoges, « Espaces humains », 2012, p. 391-406.

11 CNRTL, s.v. « langage ».

12 Howard S. Becker, La bonne focale. De l’utilité des cas particuliers en sciences sociales (Christine Merllié-Young, trad.), Paris, La Découverte, 2016.

13 Le descriptif revient à Alain Moatti et Henri Rivière, architectes, qui livrent l’équipement en 2007 avec l’intervention déterminante de Pierre di Sciullo, graphiste et typographe. Le projet a consisté en la réhabilitation de deux bâtiments, dont l’ancienne maison de Jean-François Champollion, rachetée par la commune en 1977 pour en faire un premier musée, inauguré en 1986. Le nouveau musée déploie de nouveaux espaces pour une collection enrichie.

14 Giovanni Lista, « L’Esprit Fluxus à la Fondation du doute », Ligeia, vol. 157-160, n2, 2017, p. 20-24 [En ligne] DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.3917/lige.157.0020. Annoncé dès 1995 par Ben, artiste plasticien, performer et théoricien de l’art, l’esprit Fluxus investit en 2013 le couvent des Minimes.

15 Conçue par P6PA+Architects en 2017 ; le projet honore la mémoire de Konstantin Biebl (1898-1951), poète tchèque, qui donne son nom à la rue. En une succession de blocs, la façade affiche des lettres. Leur lecture en diagonale renvoie à la production du poète.

16 Proposé par l’agence MVRDV en 2011 dans le quartier Minerahaven en restructuration, le bâtiment finalement nommé Salt n’a pas été réalisé sur ces bases.

17 G. Lista, « L’Esprit Fluxus […] ».

18 François Hartog, Régimes d’historicité. Présentisme et expériences du temps, Paris, Seuil, « La librairie du xxie siècle », 2003.

19 Signalons « La Phrase » que déroule Ruedi Baur à Mons (Belgique) en 2015. L’initiative est développée lorsque la ville est désignée capitale européenne de la culture. Le patrimoine littéraire local devient ressource afin de faire projet au contact des habitants, à une échelle d’intervention qui devient urbaine, voire territoriale, certes, mais où la verticalité des façades et autres murs continue à être mobilisée. Karelle Ménine, « La Phrase, rupture poétique urbaine (Mons-Belgique) », Territoire en mouvement. Revue de géographie et aménagement, n31, 2016 [En ligne] DOI : doi.org/10.4000/tem.3735.

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Table des illustrations

Titre Fig. 1. : musée Champollion - Les Écritures du monde. Figeac.
Crédits Photographie de l’auteur.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/siecles/docannexe/image/12502/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 272k
Titre Fig. 2. : Fondation du doute. Ben & Fluxus collection. Blois.
Crédits Photographie de l’auteur.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/siecles/docannexe/image/12502/img-2.jpg
Fichier image/jpeg, 1010k
Titre Fig. 3 : Alphabet Building. Amsterdam. MVRDV (non réalisé dans cette version).
Crédits Avec l’aimable autorisation de © MVRDV.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/siecles/docannexe/image/12502/img-3.jpg
Fichier image/jpeg, 386k
Titre Fig. 4 : Théâtre Saint-Gervais. Genève.
Crédits Avec l’aimable autorisation de © Tribune de Genève. Photographie : Lucien Fortunati.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/siecles/docannexe/image/12502/img-4.jpg
Fichier image/jpeg, 650k
Titre Fig. 5. : Bieblova Apartments. Prague.
Crédits Avec l’aimable autorisation de © P6PA+Architects. Photographie : Miguel Alonso.
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Pour citer cet article

Référence électronique

Laurent Viala, « La façade lettrée comme dimension constitutive de l’écriture architecturale »Siècles [En ligne], 56 | 2024, mis en ligne le 22 janvier 2025, consulté le 17 février 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/siecles/12502 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/1389m

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Auteur

Laurent Viala

Maître de conférences en aménagement et urbanisme, LIFAM, Laboratoire innovation formes architecture milieux, ENSAM, École nationale supérieure d’architecture de Montpellier

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Droits d’auteur

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