L’orgue et la société : identité et changements de rôles en Angleterre au dix-huitième siècle
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Haut de pageNotes de la rédaction
Présentée au Groupe Interdisciplinaire des dix-huitiémistes de l’Université Blaise Pascal, la contribution suivante a par ailleurs fait l’objet d’une publication dans la revue L’Homme et la Société, n° 126, 1997/4, p.19-35 [En ligne] DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.3406/homso.1997.2913. Nous en proposons ci-après un condensé et renvoyons, pour le texte intégral (avec notes et références bibliographiques) à la publication mentionnée.
Texte intégral
Introduction
1On ne peut abstraire un instrument de musique de l’environnement dans lequel il se développe. La musique reflète la société qui la produit parce qu’étant tributaire de conditions objectives qui en dessinent l’usage, elle ne peut échapper à un certain déterminisme sociologique. L’orgue anglais du xviiie siècle n’échappe pas à diverses pressions idéologiques liées à ses fonctions, aux lieux et aux contextes sociaux dans lesquels il est utilisé.
2L’orgue anglais du xviiie siècle est caractérisé par la remarquable longévité du modèle établi dès la Restauration (1660), et la permanence de constantes stylistiques qui affectent tant la facture instrumentale que les formes de compositions musicales jusque vers 1830. Ceci indique assurément que cet instrument standardisé correspondait parfaitement aux rôles qui lui étaient impartis, ainsi qu’aux canons du goût de l’époque dans ce pays.
3Le caractère idiosyncratique de l’orgue anglais du xviiie siècle suscite la question de la connaissance que facteurs d’orgues et organistes pouvaient avoir des instruments et des usages en vigueur sur le continent. Cette absence d’évolution est-elle un signe d’ignorance insulaire ? Sinon, pourquoi les pratiques continentales n’eurent-elles pratiquement aucune influence sur l’évolution de l’orgue en Angleterre ?
4Bien que généralement considéré de nos jours comme négligeable dans l’histoire européenne de l’instrument, l’orgue britannique du xviiie siècle s’avère avoir été investi de sens et de valeurs marqués par ses contemporains. Loin d’être négligé, il était l’objet d’un enjeu social et idéologique. Instrument d’abord liturgique, il a la particularité de trouver de nouvelles fonctions en dehors de l’église – au théâtre pour l’interprétation des oratorios, dans les salles de concert, et dans les jardins d’agrément. Si, formellement parlant, la conception générale de cet instrument (de taille modeste, dépourvu de pédales, d’une harmonie douce mais pleine qui évite toute manière d’excès) s’accorde très efficacement au répertoire interprété dans chacun de ces lieux, l’image qu’il acquiert en changeant ainsi de cadre et d’usage est amenée à se modifier progressivement au cours du siècle. Sous le costume d’une même identité au cours du xviiie siècle, l’orgue ne subissait-il pas, au gré de ses changements de rôles, une altération sensible de sa signification dans la société anglaise contemporaine ?
L’orgue anglais du xviiie siècle dans la conscience collective
Cosmopolitisme culturel et valeurs nationales
5Les artistes (facteurs, musiciens) étrangers installés en Angleterre n’ont pas souhaité ou pu importer en Angleterre les usages en vigueur dans leur pays d’origine. L’isolement de la facture d’orgue anglaise au xviiie siècle ne signifie pas cependant que musiciens ou facteurs fussent ignorants des pratiques continentales. Les échanges artistiques étaient nombreux, grâce au rayonnement qu’exerçait Londres et au Grand Tour qui permettait aux membres de la bonne société de connaître les modèles culturels des pays étrangers et, entre autres choses, de voir les grands instruments qui ornaient les églises européennes. Or un Dr Burney – lui-même organiste – exprime une incompréhension caractéristique des pratiques étrangères et un sentiment de la supériorité de l’art national anglais.
6Dans la Cyclopedia de Rees, Burney établit clairement un lien entre la qualité du travail des organiers en Angleterre et en Allemagne, et les vertus sociales respectives des deux pays : si la facture prospère en Grande-Bretagne, c’est parce que c’est un pays où le travail est mieux payé, où il fait bon vivre, et où les arts peuvent pleinement s’épanouir. Ainsi l’orgue est-il porteur à ses yeux d’une signification extramusicale : les qualités intrinsèques de la facture britannique sont le reflet des vertus nationales.
7Les raisons des idiosyncrasies durables de l’école d’orgue anglaise du xviiie siècle ne semblent donc pas être l’ignorance d’autres pratiques, mais bien un choix délibéré d’une esthétique particulière, qui correspondait à une forte idéologie nationaliste.
L’orgue et l’oratorio : valeurs morales et sentiment patriotique
8En Grande-Bretagne au xviiie siècle, l’orgue est intimement associé à l’oratorio qui se développe en réaction contre l’opéra italien, et s’adresse en partie à un nouveau public constitué des membres des classes moyennes ascendantes. Art étranger, l’opéra italien était fréquemment attaqué parce qu’il était synonyme de la dégénérescence de l’aristocratie, qu’il s’opposait aussi bien à la raison qu’à la nature et qu’il était l’ennemi de la liberté, puisqu’il prêchait la parole de l’Église de Rome. L’art national, en revanche était seul capable de toucher sans tomber dans les travers dénoncés. Quant à Haendel, on essayait de le récupérer. Sa présence sur le sol anglais était la preuve de l’excellence du goût national.
9Le genre épique de l’oratorio apparaissait alors comme un vecteur de l’idéologie dominante et l’un des meilleurs moyens de défendre les valeurs de la religion nationale. Les livrets « israélites » étaient une expression avouée de patriotisme. Ils présentaient un monde dans lequel c’était l’Église qui créait l’État, comme, formellement parlant, l’anthem anglican avait généré l’oratorio.
10L’association de l’orgue avec l’oratorio haendelien n’est donc pas fortuite : instrument par excellence de l’Église, l’orgue reste porteur, au théâtre, des significations emblématiques qu’il a acquises à l’église, tandis qu’en retour il se trouve investi de nouvelles valeurs, celles – précisément – qui informent l’oratorio qu’il a désormais pour mission d’accompagner. La décision de Haendel d’utiliser l’orgue au théâtre, pour interpréter des concerti entre les diverses parties de l’oratorio, procédait d’un désir d’instruire et d’édifier, en même temps qu’elle permettait de satisfaire la demande de virtuosité du public, en lieu et place de la virtuosité des chanteurs de l’opéra italien. L’orgue se trouvait investi des valeurs patriotiques qui appartenaient à l’oratorio, c’est-à-dire celles de la défense, non seulement de la religion anglicane, mais de la nation elle-même face à ses ennemis.
11Les implications patriotiques de l’orgue étaient étroitement liées à la façon dont il était devenu un symbole de l’union de l’assemblée anglicane, comme le montre la gravure The Industrious Prentice performing the Duty of a Christian, de la série Industry and Idleness (1747), de Hogarth, où l’orgue constitue le point de focalisation autour duquel s’organise le chant de l’assemblée. L’orgue était perçu comme cet élément majeur allégorique de la force unitaire de l’assemblée. Cette religion étant établie, l’union était celle de toute une nation dans sa religion d’État.
Les commémorations à la mémoire de Haendel
12Tel est le sens des Handel Commemorations organisées à Westminster Abbey à partir de 1784 : il s’agissait de célébrer la fin d’une crise majeure (la perte des colonies américaines) et d’affirmer l’espoir en la restauration d’un ordre harmonieux. Cela prenait le sens d’un acte politique d’allégeance où s’affirmait le rôle du roi comme guide moral de la nation. Les commémorations affirmaient la suprématie de l’État sur les partis et l’existence d’une effective harmonie civique.
13Le rôle de l’orgue y était central. Situé en position éminente au centre du dispositif orchestral et choral, l’orgue avait été monté spécialement dans l’abbaye pour la commémoration, avec une console à distance permettant au chef (Joah Bates) de diriger depuis les claviers.
14Les œuvres exécutées de festival en festival étaient généralement les mêmes : ces pièces clés de l’œuvre de Haendel fonctionnaient comme un rituel à mi-chemin entre la célébration sacrée et celle d’un élan patriotique. Les chœurs commencèrent à être interprétés, après 1784, dans les jardins d’agrément avec une connotation patriotique et royaliste. De son rôle majeur pour l’accompagnement des chœurs handeliens bâtis sur des livrets patriotiques, l’orgue avait retiré un nouveau sens, exactement superposé à ses fonctions sacrées, pour devenir, allégoriquement, la voix instrumentale du sentiment national.
Modulation enharmonique : de l’église au Town-Hall
Le concerto pour orgue haendelien, genre national anglais
15Comme l’avait bien compris Léopold Mozart lorsqu’il décida en 1764 de faire exécuter à son fils Wolfgang, alors âgé de huit ans, un concerto pour orgue à Ranelagh, « afin de montrer par là qu’il est un bon compatriote des Anglais », le concerto pour orgue avait acquis une signification patriotique très explicite.
16Les seules qualités des concertos de Haendel n’auraient pas suffi à assurer la permanence de ce genre si le public n’y avait pas adhéré avec force, et si nombre d’autres organistes ne s’étaient engouffrés dans la voie ainsi ouverte. Or, stylistiquement parlant, le concerto pour orgue était un genre conservateur qui gardait des éléments polyphoniques et baroques démodés (liés au tempérament inégal exigé par l’Église). Il était considéré comme un genre national anglais, contrairement au concerto pour clavecin ou piano-forte considéré comme un genre importé. L’attachement – propre à l’Angleterre – au genre du concerto pour orgue ne peut donc guère s’expliquer selon des critères purement esthétiques. En effet, bien que Londres ne fut nullement fermée aux innovations stylistiques, l’orgue était apprécié pour les raisons inverses, parce que c’était un instrument qui perpétuait une tradition nationale fortement établie, qui passait par Haendel et l’image de la permanence de l’Église anglicane.
La sécularisation de l’orgue, prélude à sa transformation
17Le glissement de l’orgue vers le concert, lié à sa signification patriotique dans les oratorios, apportait aussi, superficiellement, une certaine aura de respectabilité. Les jardins favorisaient un certain brassage social. L’orgue était un moyen de réaffirmer les exigences morales de l’Église et de la bonne société. Le recours à des mouvements graves sur les Diapasons et à la sérieuse fugue y contribuait assurément, tandis que les allegros plus enjoués participaient de l’atmosphère de divertissement qui devait rester prépondérante. Il y avait donc superposition de deux orientations esthétiques, correspondant à deux sortes différentes de destinataires.
18L’orgue ne devait pas ressortir intact de son passage dans cette nouvelle sphère. Progressivement, son image se modifia au gré des nouveaux rôles, contextes et publics vers lesquels il se tournait. Nous osons donc parler de modulation enharmonique : derrière une précaire impression d’identité, une mutation s’opère, au terme de laquelle on se retrouve dans une nouvelle tonalité – un nouveau contexte. Le passage s’effectue pratiquement à notre insu, sous le couvert d’une impression de permanence. Seulement il n’en est rien, et l’on se trouve déjà ailleurs, le semblable est devenu autre. Cette modification n’est bien sûr pas qu’esthétique : elle est l’expression d’un profond changement dans l’ordre social.
19En introduisant l’orgue dans l’univers de l’oratorio sacré, Haendel avait opéré une double manœuvre, aux effets contradictoires : d’une part, il avait « sacralisé » le théâtre ; d’autre part, il avait favorisé la sécularisation de l’orgue.
20L’orgue avait bien contribué à rendre l’oratorio plus acceptable que l’opéra et à souligner son caractère sacré. Cependant, en devenant indépendant par rapport à l’oratorio, le concerto pour orgue changeait progressivement de signification, et c’est sa valeur allégorique comme véhicule d’un sentiment national qui prédominait.
21C’est dans la période suivante qu’on peut trouver la preuve de cette transfiguration de l’orgue en Grande-Bretagne, car l’instrument, les pratiques et le goût du xixe siècle sont comme l’image inversée des usages du xviiie siècle dont, pourtant, ils découlent.
22L’orgue victorien était la réponse à de nouvelles réalités sociales : il s’adressait à un public plus vaste et plus varié, et affirmait les valeurs d’une nation dont la puissance impériale se développait. La monumentale « machine-orgue » correspondait à l’essor d’une puissante société industrielle fascinée par le progrès technologique.
23Une telle évolution traduit une profonde modification idéologique. On assiste au déplacement de la fonction des lieux : le nouvel espace par excellence de la célébration collective est le town hall, substitut des jardins de naguère, mais aussi sorte de temple d’un nouveau genre. Confirmant une évolution commencée au xviiie siècle, l’orgue victorien est essentiellement au service du culte d’un sentiment de célébration nationale, qui va au-delà de la dimension religieuse. C’est l’ombre portée d’un instrument auquel la commémoration de Westminster en 1784 avait donné une fonction allégorique pour exprimer la ferveur patriotique, et qui s’était progressivement sécularisé dans la seconde moitié du xviiie siècle.
Nouvelle époque et nouveau public
24Jusqu’au début du xixe siècle, on continue de prononcer des sermons pour justifier l’emploi de l’orgue à l’église et le circonscrire dans les limites de la décence et de la modération. Ceci est révélateur de la pression que faisait peser sur lui son association avec la scène profane. L’Église avait assurément joué un rôle majeur dans la modération des qualités de l’orgue anglais du xviiie siècle. L’orgue se mit à perdre ladite modération à partir du moment où l’influence de l’Église anglicane établie dans la société anglaise se trouva affectée.
25Divers facteurs devaient en effet menacer les liens étroits entre l’Église et l’État et le sens même de la notion d’Église établie au tournant du siècle (la révolution américaine, la question de l’esclavage, la menace posée par la Révolution française, l’abolition du TestAct en 1828, l’Acte d’Émancipation catholique en 1829). Il était désormais évident que l’Église établie ne pouvait pas prétendre, à supposer qu’elle l’eût jamais fait, qu’elle était celle de toute la nation.
26On ne peut qu’être frappé par le parallélisme entre ce processus de délitescence de la fusion de l’Église et de l’État d’une part, et la modification esthétique qui affecte l’orgue à l’époque victorienne d’autre part. La modération caractéristique de l’orgue anglais du xviiie siècle définit l’instrument de façon constante aussi longtemps que l’Église anglicane établie peut continuer d’imposer ses normes éthiques et esthétiques. Libéré de la tutelle que n’avait cessé d’exercer sur lui l’idéologie de la religion établie, l’orgue pouvait emprunter d’autres voies et assumer d’autres fonctions.
27Au-delà du problème religieux, c’est une nouvelle réalité sociale qui se profile derrière la modification qui affecte l’orgue et son usage. L’orgue anglais classique du xviiie siècle constituait l’expression formalisée d’une allégeance à l’orthodoxie Whig et low church qui prônait l’harmonie sociale, le consensus politique et religieux, une réserve de bon aloi, un sens aigu de la liberté et de l’énergie sociale.
28Cependant, cet orgue s’émancipe peu à peu de cette tutelle en même temps qu’il échappe de plus en plus au contrôle normatif de l’Église. La simplification du langage musical utilisé pour cet instrument dans les concertos galants est un intéressant révélateur de la transformation de la destination socioculturelle de la musique d’orgue. Alors qu’une écriture formellement plus complexe permettait d’établir une distinction sociale en raison de son élitisme, la musique interprétée dans les jardins d’agrément ne jouait plus le même rôle de séparation entre auditeurs cultivés et non cultivés. Dans son insistance sur la nécessité de préserver un caractère grave, solennel et modéré à la musique d’orgue destinée au culte, l’Église se plaçait du côté des élites cultivées et cherchait à faire de l’orgue un outil de reconnaissance aussi bien culturelle que sociale. Ce pouvoir lui échappa en partie lorsque l’orgue devint porteur d’une autre signification – celle, plus collective, et moins savante, du sentiment patriotique.
Conclusion
29L’histoire de l’orgue en Angleterre au xviiie siècle épouse fidèlement l’évolution de la place de l’Église anglicane dans la société anglaise contemporaine, et traduit l’importance des rapports entre l’Église et l’État. Alors que c’est précisément en raison de la fusion étroite de l’Église et de l’État que l’orgue put quitter l’Église et devenir un symbole patriotique prégnant dans la conscience collective, son émancipation du contexte religieux finit par exprimer la tension latente entre l’institution religieuse et la société civile. Bien qu’il restât, assurément, étroitement lié au culte, son image profane se superposait à son image liturgique, comme l’expriment les tensions stylistiques dans un répertoire partagé entre solennité et frivolité.
30Cette évolution se fit graduellement et il faut attendre les années 1840 pour qu’un instrument radicalement divergent puisse émerger. Auparavant, l’orgue peut pourvoir à ses diverses fonctions – liturgiques et concertantes – sans heurt, parce que c’est la même norme éthique et esthétique modérée qui informe aussi bien les aspirations de la société polie que les exigences de l’Église, et c’est la raison pour laquelle cet instrument demeure si distinct de ses homologues continentaux : il est l’expression formelle, en termes esthétiques, du sentiment national dominant.
31Au cours du xviiie siècle, cet orgue modéré ne cessait de se voir reprocher ses débordements. Il était donc l’objet d’un enjeu : s’il exprimait bien les valeurs d’une strate dominante de la société, il était également soumis à des pressions qui contraignaient sans cesse cette dernière à redéfinir les limites à l’intérieur desquelles son usage devait se cantonner. La définition d’un impératif de modération, via l’orgue, était le moyen pour une élite sociale d’affirmer la supériorité de ses normes culturelles. En art, les éléments de style ne sont jamais totalement indépendants des intentions politiques des classes auxquelles l’œuvre s’adresse. Réciproquement, une mutation stylistique profonde – telle celle qui affectera l’orgue en Angleterre après 1840 – doit être perçue comme l’indication d’une modification signifiante de la donne sociale et politique.
Pour citer cet article
Référence papier
Pierre Dubois, « L’orgue et la société : identité et changements de rôles en Angleterre au dix-huitième siècle », Siècles, 9 | 1999, 79-88.
Référence électronique
Pierre Dubois, « L’orgue et la société : identité et changements de rôles en Angleterre au dix-huitième siècle », Siècles [En ligne], 9 | 1999, mis en ligne le 22 juillet 2024, consulté le 15 février 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/siecles/12143 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/123kp
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