Intertextualité du langage courtois chez Shakespeare et ses contemporains : d’une tradition parodique à l’émergence d’une nouvelle écriture
Résumé
Il est généralement reconnu que les poètes troubadours du Moyen-Âge ont détourné les Amours d’Ovide et ce, dès le XIIe siècle pour une démarche lyrique célébrant l’amour chaste. Au XVIe siècle en Angleterre tombent dans cette catégorie les poètes de la cour d’Henri VIII comme Sir Thomas Wyatt et plus tard Sir Philip Sidney. Mais déjà au Moyen-Âge, on trouve des exemples d’une parodie de la littérature courtoise glorifiant l’adultère et créant une véritable religion de l’amour fondée sur le désir. Notre étude est consacrée à l’intertextualité et plus généralement à la réécriture des textes amoureux, par le biais desquels nous constatons un certain penchant pour la subversion qui marque l’écriture des auteurs des années 1590-1600 en Angleterre, ces derniers cherchant non seulement à se démarquer du Pétrarquisme, mais amorçant déjà une certaine reconstruction du langage amoureux. C’est en effet par le truchement des mots que, tout en respectant les canons littéraires de la littérature courtoise, la Comtesse de Pembroke, The Tragedie of Antonie (1595) et Spenser, The Faerie Queene (1590) aux chants 10 et 11 du livre III utilisent le genre courtois tantôt pour relancer le débat philosophique sur l’Amour tantôt pour le discréditer en offrant pour effets parodiques la Tragi-comédie. En ce qui concerne Shakespeare dans Romeo and Juliet (1597) et Donne dans son Elegy 19 (1593-96) ils lèvent le voile sur le discours amoureux par l’invective et le changement de registre lexical, travaillant en creux la thématique de l’amour en tressant l’écheveau d’une dialectique qui mêle le sublime à l’émergence d’une écriture nouvelle où se profile les aspirations narcissiques des auteurs. Ainsi au tournant du siècle, lorsque Shakespeare publie Antony and Cleopatra (1607), le langage courtois prend désormais une tout autre direction, il semble se maintenir en filigrane, mais ne faisant plus l’objet d’une réécriture sournoise et subversive, il prend l’ampleur d’un discours fou, condamnant autant qu’il peut le louer les « lois sauvages » de l’amour.
Entrées d’index
Mots-clés :
amour, courtois, intertextualité, subversion, rhétorique, moyen-âge, Antoine et Cléopâtre, Roméo et Juliette, Spenser Edmund, Sidney Philip, Pembroke (Comtesse de)Keywords:
love, courtois, intertextuality, subversion, rhetoric, middle ages, Romeo and Juliet, Spenser Edmund, Sidney Philip, Antony and Cleopatra, Pembroke (Countess of)Pour citer cet article
Référence papier
Raphaëlle Costa de Beauregard et Nathalie Fauré, « Intertextualité du langage courtois chez Shakespeare et ses contemporains : d’une tradition parodique à l’émergence d’une nouvelle écriture », Actes des congrès de la Société française Shakespeare, 20 | 2002, 63-84.
Référence électronique
Raphaëlle Costa de Beauregard et Nathalie Fauré, « Intertextualité du langage courtois chez Shakespeare et ses contemporains : d’une tradition parodique à l’émergence d’une nouvelle écriture », Actes des congrès de la Société française Shakespeare [En ligne], 20 | 2002, mis en ligne le 01 novembre 2007, consulté le 07 décembre 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/shakespeare/772 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/shakespeare.772
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