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Un héritage sans testament

Françoise Collin et la pensée de l’écriture

Audrey Lasserre
p. 77-86

Texte intégral

  • 1 F. Collin, « Note de l’auteur », « Textualité de la libération. Liberté du texte », Les Cahiers du (...)

Chaque jour me conforte davantage dans la pensée selon laquelle aucun « mouvement » ne peut sans danger faire l’économie du rapport constitutif à l’art. Mais aussi aucune vie vraiment humaine1.

  • 2 F. Collin, « S’écrire : Identités narratives », entretien avec Carmen Boustani, Je partirais d’un m (...)
  • 3 Voir ce qu’elle en dit dans « Blanchot, l’écriture et les femmes : entretien avec Suzanne Lamy », i (...)
  • 4 Conférence de Françoise Collin (19 mars 2011, 77 mn), donnée dans le cadre du cycle « Quarante ans (...)

1Maurice Blanchot et la question de l’écriture (1971) est le premier essai de Françoise Collin. Comme l’écrivaine, critique et philosophe, l’explique elle-même dans un entretien avec Carmen Boustani, « les quelques années (...) consacrées à l’œuvre de Blanchot ont constitué un point de structuration fondamental en même temps qu’un point d’appui pour tout [s]on itinéraire »2. Françoise Collin a en effet trouvé dans l’œuvre blanchotienne l’expression la plus adéquate du rapport de tout sujet à toute écriture3, notamment de son propre rapport à l’écriture romanesque4.

  • 5 Equivalence qui ne va pas nécessairement de soi dans les mouvements de femmes.

2L’écriture selon Blanchot défait, plus qu’elle ne fait, le livre. Ce mouvement perpétuel et infini, tout comme la détotalisation qui l’accompagne, rend cohérent l’intérêt de Françoise Collin pour la pensée blanchotienne, dans une période qu’elle qualifie explicitement de préféministe, au regard de son investissement ultérieur dans le féminisme, qui pour elle équivaut au mouvement des femmes5. Car le point de structuration et d’appui fondamental que Françoise Collin évoque ne concerne pas uniquement son parcours littéraire, mais bien tout son itinéraire.

  • 6 Cette anecdote est consignée dans l’article que Diane Lamoureux a consacré à Françoise Collin et so (...)
  • 7 A. Lasserre, Histoire d’une littérature en mouvement : textes, écrivaines et collectifs éditoriaux (...)
  • 8 Voir notamment la première thèse consacrée à son œuvre en philosophie par Mara Montanaro : François (...)

3Diane Lamoureux a rencontré Françoise Collin en lisant Les Cahiers du grif6. C’est également à partir de la lecture de cette revue – dont j’ai écrit l’histoire littéraire dans ma thèse de doctorat consacrée au lien entre littérature et Mouvement de libération des femmes en France7 – que j’en suis arrivée à fréquenter avec assiduité l’ensemble des textes de Françoise Collin. M’est précieux dans son œuvre philosophique, politique et critique, son refus du dogmatisme, voire de la théorie, au profit d’une pensée en mouvement, d’un cheminement qui implique une redéfinition constante. Me semblent essentielles à relayer dans ses textes de critique littéraire, souvent peu connus ou délaissés au profit de son œuvre philosophique8, sa pensée de la place des femmes dans la création littéraire, son analyse de l’écriture féminine, sa poétique de la critique (littéraire) féministe tout comme sa réflexion autour de l’écrire et de l’agir qui permet de retisser de façon nouvelle le motif de la littérature et de l’engagement.

  • 9 D. Lamoureux, « Françoise Collin et le féminisme de l’insurrection », op. cit., p. 187 pour les deu (...)
  • 10 Cahiers du grif, Le langage des femmes, 15, 1992, p. 12.
  • 11 F. Collin, « Le champ symbolique : écriture et critique littéraire », Je partirais d’un mot, op. ci (...)
  • 12 F. Collin, « Un héritage sans testament », Les Cahiers du grif, 34, 1986, « Les jeunes la transmiss (...)

4Le champ symbolique, titre de son premier recueil de textes critiques publié en 1999, n’est pas, en effet, un à-côté du politique. Il me paraît pour Françoise Collin être plus qu’une « bouffée d’air frais » ou un « appel d’air »9, il me semble le souffle même du politique comme du philosophique, l’élan qui permet le cheminement d’une vie. C’est en ce sens qu’elle affirme en introduction du collectif Le langage des femmes que « prendre la parole, (...) constituer un espace symbolique, être sujets de culture est donc pour [les femmes] un enjeu capital, seul susceptible de modifier profondément le système de rapport entre les sexes »10, insistant dans son article « Le champ symbolique : écriture et critique littéraire » sur le fait qu’il « ne peut y avoir de transformation des rapports sociaux sans une transformation du champ symbolique »11. Négliger cette condition impérative, reviendrait – pour moi qui suis celle qui suit – à manquer le projet de Françoise Collin et plus largement celui des écrivaines de sa génération qui nous laisse, par « un héritage sans testament »12, la croyance en une capacité radicale du langage, de la littérature et de l’art.

La place des femmes dans la création littéraire ou les femmes sont-elles capables de littérature ?

5Dans son essai sur Blanchot, Françoise Collin reprend une des questions posées par lui, la commente tout en la faisant sienne : savoir ce qu’est la littérature, dont l’universalité est un critère définitoire, amène à interroger les conditions à partir desquelles la littérature est possible. Déplaçant les mots de Blanchot, « l’homme est-il capable de littérature ? », que Françoise Collin avait choisis de faire figurer en exergue de son essai, je me propose de formaliser ce premier héritage qu’elle lègue à la critique littéraire et en particulier à l’histoire littéraire, en me laissant guider par cette formule qui semble le résumer : les femmes sont-elles capables de littérature ?

  • 13 Voir notamment C. Planté, La Petite sœur de Balzac : essai sur la femme auteur, Paris, Editions du (...)
  • 14 S. Horer et J. Socquet, La Création étouffée, Paris, P. Horay, 1973.
  • 15 M. Wittig, « Virginia Woolf, précurseur du mouvement de libération des femmes », in V. Forrester, V (...)

6La transformation de la formule semble ironique. Elle rappelle que pendant longtemps la critique littéraire a ouvertement affirmé que les femmes n’étaient pas capables de faire œuvre littéraire13. C’est dans ce contexte intellectuel que les écrits de Françoise Collin se sont éprouvés et que les premières critiques du Mouvement des femmes sur la création étouffée14 ont trouvé à se formuler. Or, dépassant l’approche matérielle des entraves à la création qui s’affirme au début des années soixante-dix, au moment même où Virginia Woolf est considérée comme « précurseur du Mouvement des femmes »15 par Monique Wittig (Une chambre à soi devenant le livre d’une génération), Françoise Collin défend rapidement l’idée que l’approche matérialiste est insuffisante et qu’il faut travailler sur la médiatisation et la réception des œuvres de femmes.

  • 16 Voir sur ce sujet précis A. Lasserre, « La place de nos contemporaines dans les histoires de la lit (...)

7A l’heure actuelle, en France du moins, alors que la parité de production est obtenue dans la plupart des pratiques littéraires (on compte par exemple autant d’hommes que de femmes parmi les auteurs/autrices de la mel – Maison des écrivains et de la littérature), la part des œuvres de femmes enseignées, mises au programme, citées et analysées dans les manuels reste extrêmement faible, y compris celle des contemporaines16. Françoise Collin avait donc vu juste sur ce point : l’égalité de production (littéraire) ne garantit pas l’égalité de traitement (symbolique).

8De façon tout à fait neuve, Françoise Collin déplace le questionnement de la pratique de l’écriture à celle de la lecture critique pour mieux comprendre le phénomène d’exclusion ou de minoration des femmes en littérature. Elle y insiste dans Parcours féministe, la création des femmes a été entravée par le passé tant par le fait que les femmes n’étaient pas en situation de créer que par l’absence de reconnaissance de leurs œuvres par l’institution.

  • 17 F. Collin et I. Kaufer, Parcours féministe, nouvelle éd. revue et augmentée, Donnemarie-Dontilly, E (...)
  • 18 Cahiers du grif, Le langage des femmes, op. cit., p. 12.

9Cette absence de reconnaissance, Françoise Collin l’explique par un monopole masculin – « l’espace symbolique, le façonnement des formes et des représentations qui structurent notre imaginaire, est presque exclusivement le fait des hommes »17, affirme-t-elle. Mais l’explication me semble ici manquer l’enjeu systémique du phénomène d’exclusion ou de minoration. Si le monopole génère bien une « police insidieuse des esprits »18, l’entrée des femmes dans l’institution semble confirmer qu’elles aussi peuvent être génératrices d’exclusion et de minoration de leurs consœurs. Le problème n’est donc pas le fait que les hommes seuls aient produit ou produisent l’espace symbolique, mais que nous (des deux sexes et autres) produisions un espace symbolique au sein duquel ce qui est apparenté aux femmes et au féminin est minoré, stigmatisé, infériorisé.

  • 19 F. Collin, « La lecture de l’illisible », Cahiers de Recherches std, 34/44, 1984, p. 7.

10Dans « La lecture de l’illisible » où je rejoins Françoise Collin, elle se demandait déjà si « les transgressions imputables aux femmes ne sont pas ignorées ou refoulées par le fonctionnement de l’institution [littéraire] : perçues comme une inaptitude à la loi plutôt que comme son surmontement »19. De ce point de vue, l’innovation littéraire garantit aux hommes l’accès à la reconnaissance critique, alors qu’elle promet aux femmes la sanction de leurs œuvres.

  • 20 Voir B. Denis et J.-M. Klinkenberg, La littérature belge : précis d’histoire sociale, Bruxelles, Es (...)
  • 21 F. Collin, « La lecture de l’illisible », loc. cit., p. 7-8.
  • 22 Ibid., p. 7.

11Anticipant le modèle gravitationnel20 de Benoît Denis et Jean-Marie Klinkenberg, Françoise Collin estime que les productions symboliques des femmes sont dans une situation analogue à celle des régions de France et des territoires francophones face aux productions symboliques de la capitale (masculine) parisienne. L’analogie lui permet ainsi de traduire une relation de pouvoir et de hiérarchie : d’un côté, la capitale dicte ses modes et ses lois, de l’autre, « ses » provinces – anciennes colonies ou régions actuelles dépendant de la centralisation – éprouvent leur absence d’autonomie par leur nécessité de s’assujettir aux règles dominantes. Ce que Françoise Collin met ainsi au programme dans « La lecture de l’illisible », c’est tout autant le peu de femmes dont les œuvres acquièrent droit de cité dans l’institution littéraire que les « critères, explicites ou implicites, conscients ou inconscients »21 qui permettent à certaines œuvres de « franchi[r] le barrage »22 pour être lues avant même d’être reconnues.

  • 23 F. Collin, « Histoire et mémoire ou la marque et la trace », in Françoise Collin : anthologie québé (...)

12La réflexion qu’elle mène sur le capital symbolique, déjà présente dans l’introduction du Langage des femmes, se retrouve dans ce qu’elle écrit de l’histoire et qui vaut pour l’histoire littéraire : « l’absence des femmes dans l’histoire signifie leur éviction du pouvoir [symbolique] plutôt que leur manque d’activité [littéraire] : ce qu’elles produisent et agissent, dans le cadre général de la domination, n’est pas porté à leur crédit »23. Si les femmes se montrent capables de littérature, les dire incapables fait croire à celles qui suivent qu’elles le sont. L’absence d’exemples alimente un cercle vicieux : pour Françoise Collin, c’est la difficulté des femmes à s’autoriser qui est la plus cruciale à anticiper. Elle lui fait écrire qu’il faut être déjà libre pour parvenir à se libérer véritablement.

13A ce point de la réflexion, je suis sensible à la culture mixte qu’elle défend alors qu’une culture féminine a trouvé ses défenseuses. Françoise Collin insiste tout autant sur la culture mixte dont on hérite, avec une disparité évidente entre les productions d’hommes et de femmes, que sur une culture mixte à faire advenir afin que les hommes ne soient pas les seuls à être autorisés dans et par leur création. Par leurs œuvres, les femmes deviennent constitutives d’un ensemble. Françoise Collin rappelle d’ailleurs que le féminisme des années soixante-dix, résolument non mixte, n’a jamais pour autant « déserté le monde commun » : l’objectif était bien au contraire de rendre visible une homosocialité masculine jugée légitime et de rendre chaque espace réel ou symbolique aux femmes pour qu’elles puissent y être non seulement présentes mais encore en devenir les actrices à part entière.

  • 24 F. Collin, « Il n’y a pas de cogito-femme », in Je partirais d’un mot, op. cit., p. 44. Cette analo (...)
  • 25 « Il n’y a pas de cogito-femme », loc. cit., p. 49.

14La culture dont on hérite n’est certes pas neutre ; elle est tout autant nourriture que poison24. Mais la culture des femmes (c’est-à-dire de chaque femme) se construisant au contact de la culture des hommes (c’est-à-dire de chaque homme), elle ne peut « s’en arracher sans s’amputer d’elle-même »25. Le patriarcat ou le phallocentrisme, que le féminisme combat, ne résument pas l’ensemble d’une culture. Dire cela n’empêche pas au sein d’une culture commune et dominante de constater que les éléments culturels produits par les femmes n’y ont pas la même place que ceux produits par les hommes.

  • 26 Ibid., p. 52.

15Défendre l’hétérogénéité de la culture de chaque individu, comme le fait Françoise Collin, c’est aussi refuser le mythe de la pureté du féminin notamment, c’est-à-dire d’une culture féminine définie par des caractéristiques excluant ce que certaines femmes jugées dissidentes produisent. « Une culture qui rabote ou réduit les singularités est une dictature »26, écrivait-elle en 1983, au moment même où l’écriture féminine, mouvement esthétique des années 1970, venait d’être promue au rang de projet pour l’écriture des femmes et pour la critique universitaire féministe en particulier.

Penser l’écriture féminine

16Au milieu des années soixante-dix, l’écriture féminine s’affirme en effet comme mouvement et projet esthétique sur le terrain du Mouvement de libération des femmes. Elle en est d’ailleurs une manifestation et une expression. Françoise Collin est contemporaine de cette émergence dont Les Cahiers du grif témoignent à l’époque. L’écriture féminine connaît alors une fortune critique internationale qui la place en position dominante du point de vue académique et critique.

17Par l’ensemble de ses écrits, Françoise Collin encourage une approche critique de l’écriture féminine : elle offre les arguments à la fois littéraires et politiques pour considérer cette expérimentation littéraire propre aux années 1970 en lui donnant place dans l’histoire de la littérature mais elle permet également de discuter cette proposition esthético-politique dans ses excès différentialistes.

  • 27 F. Collin, « La lecture de l’illisible », loc. cit., p. 8.

18Dans le prolongement de sa réflexion sur la lisibilité et la réception, il lui paraît peu intéressant de se demander s’il existe une écriture féminine spécifique et bien plus de s’interroger sur « ce que l’institution tolère ou demande des femmes comme écriture, et ce qu’elle désigne et constitue comme féminin »27. De son point de vue comme du mien, l’écriture féminine, appelée aussi « écriture femme », a renforcé tout en l’assouplissant une catégorie littéraire et critique préexistante : la « littérature féminine ».

  • 28 F. Collin, « Ecrire en tant que femme », in Je partirais d’un mot, op. cit., p. 40.

19Françoise Collin s’oppose donc à l’écriture féminine, non comme « option d’école ou effet de mode »28 mais comme projet « féministe » en ce que ce mouvement esthétique reconduit, de façon paradoxale, l’appréciation misogyne qui l’a précédée, celle d’une féminité dite spécifique. L’apport de l’écriture féminine est d’avoir inversé les polarités mais son effet est de prolonger une discrimination critique et de contraindre une fois de plus les femmes qui écrivent à écrire « en tant que femme(s) ». C’est lorsque l’écriture féminine s’érige comme norme pour les femmes qu’elle devient problématique.

  • 29 H. Cixous, « Le rire de la Méduse », L’Arc, 61, 1975, repris avec modifications dans H. Cixous, Le (...)
  • 30 H. Cixous, F. Collin, « Quelques questions à Hélène Cixous », in « Elles consonnent. Femmes et lang (...)

20De façon inédite et fine, Françoise Collin fait sortir l’œuvre d’Hélène Cixous de l’écriture féminine pour considérer son écriture comme représentante d’une troisième voix qui est aussi la sienne (et celle de Derrida), celle dite déconstructionniste ou post-moderne. La réévaluation critique est fondamentale car Hélène Cixous, par Le rire de la Méduse29, est considérée en France et ailleurs comme l’écrivaine la plus exemplaire de l’écriture féminine. Il me semble ici que Françoise Collin restitue quelque chose d’essentiel de l’œuvre de Cixous – ce travail du et vers le neutre – comme elle ne se résout pas (en témoigne déjà leur entretien30 publié en 1976 dans Les Cahiers du grif) à y voir l’expression d’un féminisme de la différence, qui est pourtant bien à l’œuvre dans les textes cixousiens.

  • 31 Ibid., p. 35.
  • 32 Ibid.

21Ce que manque ce féminisme de la différence, selon Françoise Collin, c’est « la question des rapports de la spécificité à l’universalité, ou plus précisément de la valeur pour tous de ce que le féminin génère »31. Si hommes et femmes peuvent se comprendre et se lire, « c’est que quelque chose transcende la spécificité »32. Elle défend donc une conception universelle du texte sur laquelle je reviendrai.

  • 33 F. Collin, « Il n’y a pas de cogito-femme », loc. cit., p. 47.

22A l’écriture féminine, Françoise Collin reproche aussi de concevoir le corps comme un donné, au mépris de toute la pensée phénoménologique du xxe siècle. Si elle reconnaît sans la contester la différence des sexes, elle refuse la superposition stricte entre espace morphologique et symbolique. « Le corps est un fondement : il n’est pas un déterminant »33, écrit-elle dans « Il n’y a pas de cogito-femme ».

23Françoise Collin pense les œuvres dans leur diversité, et leur irréductibilité à une catégorie. De façon générale, sa conception de l’écriture des femmes se dissocie de l’écriture féminine dans une logique plurielle du texte littéraire. Et de même que l’écriture féminine ne saurait être le projet de toute écriture de femme(s), l’écriture féminine ne saurait oblitérer le projet d’une critique (littéraire) féministe.

Qu’est-ce que la critique (littéraire) féministe ?

  • 34 Cahiers du grif, Le langage des femmes, op. cit., p. 26.

24Née des mouvements de femmes des années 1970, la critique littéraire féministe s’affirme notamment en France avec Marcelle Marini, aux Pays-Bas avec Françoise van Rossum-Guyon et en Belgique avec Françoise Collin (à travers l’expérience des Cahiers du grif). Alors que les études de genre venues d’Amérique du Nord semblent acquérir une reconnaissance académique progressive à partir des années 1990, l’histoire de la critique littéraire féministe n’est pas transmise institutionnellement dans l’Europe d’expression française. On trouve pourtant dans les textes de Françoise Collin une trace de cette histoire, comme une poétique (ou une théorie-pratique34 selon ses propres mots) de la critique littéraire féministe.

25Au-delà de l’exigence de véracité historique, l’occultation de l’existence d’une critique féministe interdit de penser une évolution historique, interprétable selon Françoise Collin à l’aune d’une volonté de désamorcer l’effet politique du féminisme dans une configuration où le savoir se prétend de nouveau neutre. Il s’agirait ainsi de redonner du scientifique là où les détracteurs voient de la propagande. Outre le caractère politique de la démarche critique, le procédé efface du même coup la dette intellectuelle d’une nouvelle génération à l’égard du féminisme comme à l’égard des femmes qui ont contribué à faire advenir ce nouveau savoir.

26On l’a vu, Françoise Collin insiste également sur la difficulté des femmes à s’autoriser créatrices et définit en conséquence la critique féministe comme un appui pour une possible reconnaissance des œuvres de femmes. Voici la tâche qu’elle lui assigne :

  • 35 F. Collin et I. Kaufer, Parcours féministe, op. cit., p. 140.

le travail essentiel de ce qu’on appelle la critique féministe : relayer et donner corps à l’œuvre d’une femme. Et le faire sans la retenir pour autant dans le seul cercle des femmes, ce qui serait la reconditionner : lui donner corps sans l’approprier, la révéler comme œuvre à signification universalisable35.

  • 36 F. Collin, Je partirais d’un mot, op. cit., p. 41.

27Françoise Collin déplie ce qui est souvent, à tort, superposé : la critique littéraire féministe n’est pas la critique des œuvres féminines, ni celle des œuvres féministes, ni d’ailleurs celle des seules œuvres de femmes. Il lui semble aussi intéressant de travailler sur les œuvres d’hommes au regard de la question de la sexuation. Comparable à la critique littéraire marxiste (Lukács, Goldman), « elle est opératoire et même indispensable à condition de reconnaître ses propres limites, c’est-à-dire de ne pas transformer une méthode en ontologie »36. Cette méthode est un révélateur, un levier de compréhension, étymologiquement un chemin à suivre sans qu’il soit question de logiques identitaires.

28Il s’agit de lire en tenant compte de la sexuation sans réduire les textes à la question de la sexuation, sans verser dans la catégorie de l’étude de la littérature féminine ou de femmes, car on y efface l’œuvre c’est-à-dire la valeur attachée au texte. Françoise Collin laisse dans l’implicite le précédent qui la guide alors, comme me guide aujourd’hui cette histoire, celle d’une tradition sexiste des études sur les œuvres de femmes. Ceux qui pratiquaient cet exercice cherchaient en effet, pour certains à disqualifier les œuvres de femmes, pour les autres à les qualifier comme œuvres de femmes ce qui revenait à les disqualifier comme œuvre.

  • 37 F. Collin, « Ecrire en tant que femme », loc. cit., p. 42.

29La position de Françoise Collin est ici extrêmement proche de celle de Monique Wittig qui défend l’universalisation d’un point de vue particulier. Pour Françoise Collin, l’œuvre n’est pas a priori universelle, elle le devient en ce qu’elle est d’une « unicité irréductible »37. « Car une œuvre ne vient pas seulement conforter mais ébranler », poursuit-elle, alors que Wittig voit en toute œuvre réussie un véritable cheval de Troie. Si les deux écrivaines se rejoignent dans leur opposition à l’écriture féminine, elles diffèrent en revanche clairement concernant leur conception de la différence des sexes.

  • 38 Cahiers du grif, Le langage des femmes, op. cit., p. 21.
  • 39 M. Wittig, La Pensée straight, Paris, Amsterdam, 2007, p. 105 ; Id., Le Chantier littéraire, Lyon, (...)
  • 40 F. Collin et al., « Au revoir », in Où en sont les féministes ?, Les Cahiers du grif, 23-24, 1978, (...)

30Tout en considérant le langage comme un lieu de constitution du réel, Françoise Collin ne pense pas que la différence des sexes puisse être dépassée ou déposée. Elle affirme même dès 1976 dans « Polyglo(u)ssons », à partir d’un exemple de pragmatique du langage justement, que l’« on peut passer d’une classe à l’autre, jamais tout à fait d’un sexe à l’autre »38. Là où il y a « plastie »39 du langage sur le réel chez Wittig, façonnage de la différence des sexes par le langage, il y a inscription des langages, car l’être est pluriel chez Françoise Collin, dans un réel où préexiste la différence des sexes. Plus encore, en 1978, la même année où Wittig prononce « La pensée straight », Françoise Collin écrit en marge de « Où en sont les féministes ? » qu’elle ne souhaite pas avec l’abolition de la différence des sexes la disparition du féminin, car « c’est ce féminin que nous cherchons à rendre à lui-même, et faire vivre, à réinventer »40.

  • 41 F. Collin, « Le champ symbolique : écriture et critique littéraire », loc. cit., p. 21.
  • 42 F. Collin, « Une aventure à hauts risques », in Françoise Collin : anthologie québécoise, op. cit., (...)

31Si la critique féministe consiste à rendre aux œuvres de femmes leur possible, y compris féminin, Françoise Collin précise que ce travail « consiste donc à lire ce qui n’a pas été lu, à lire ce qui n’a pas été lu dans ce qui a été lu, à relire autrement, à lire d’un autre œil, à écouter d’une autre oreille, à réhabiliter non seulement des auteures, des œuvres, mais aussi des formes et des accents »41. Là encore, l’écho s’amplifie dans l’histoire littéraire que je pratique. Si le féminisme porte en lui un autre projet de société, la critique féministe porte en elle une autre histoire littéraire qui ne se contente pas d’y intégrer les femmes. Il existe de son point de vue comme du mien, un lien intrinsèque entre la critique et le féminisme au sens où le féminisme est, sous sa plume, « un travail de réinterprétation interminable »42 : « C’est une pensée vivante et un poiein, un faire », terme bien connu des spécialistes de littérature puisqu’il désigne la fabrication de l’œuvre littéraire, sa poétique.

32Confrontée à côté de ma pratique critique à la possibilité d’agir dans l’espace littéraire contemporain, j’ai également trouvé chez Françoise Collin des réponses précieuses sur les moyens à ma disposition pour devenir cet appui pour des œuvres lues par le public mais « illisibles » pour l’institution. Travaillant sur des œuvres de femmes, sans vouloir les réduire au seul dénominateur féminin, il m’arrive d’être amenée à promouvoir leur présentation dans des manifestations culturelles mixtes mais également dans des manifestations culturelles spécifiques. Lorsque l’on ne souscrit pas à une critique différentialiste, la défense de ce type d’événements exclusivement dédiés aux œuvres de femmes pose problème à moins de voir, comme y insiste Françoise Collin, que ce type d’action permet tout simplement d’équilibrer une pratique de discrimination déjà effective dont les œuvres d’hommes ont bénéficié et bénéficient encore.

  • 43 F. Collin, « Le champ symbolique : écriture et critique littéraire », loc. cit., p. 22.

33Le travail critique de Françoise Collin s’est ainsi distinctement accompagné d’une attention nécessaire et pourtant institutionnellement audacieuse au contemporain. « La critique féministe ne peut se condamner à courir derrière l’histoire pour rattraper ses restes (...). Elle ne peut laisser enterrer les vivantes pendant qu’elle s’occupe à ressusciter les mortes43 », affirmait-elle à Saragosse en 1996. La mise en garde assigne aussi une mission à la critique littéraire féministe, mission que j’ai personnellement acceptée, tout en constatant qu’elle faisait déjà partie du travail critique, en particulier de celui de l’historien.ne de la littérature.

34Pour finir sur la critique féministe, je soulignerai un dernier apport du texte « En tant que femme ». Françoise Collin y dessine une cartographie des courants (de critiques) féministes littéraires : de la critique littéraire universaliste dans le sillage de Simone de Beauvoir à celle qui relève d’un féminisme de la spécificité mis en œuvre par la plupart des écrivaines et critiques littéraires de France liées dans les années soixante-dix au Mouvement des femmes. Et ce faisant, elle dessine aussi (ce que je défends pour ma part) une cartographie des courants de pensée du Mouvement des femmes en général.

Une influence réciproque : l’écrire et l’agir (politique)

35En manière de conclusion, je voudrais aborder ici l’influence réciproque entre l’écrire et l’agir (politique) dans la pensée de Françoise Collin. Cette question ouvre des perspectives, qu’il s’agit simplement d’évoquer dans les lignes qui suivent, pour un article en soi – comme pourrait le devenir l’examen de son œuvre littéraire à l’aune des questionnements soulevés ici.

  • 44 F. Collin, « Visibilité et Représentation », Vraiment : féminisme et art, Centre national d’art con (...)
  • 45 H. Cixous, « Poésie e(s)t Politique », Des femmes en Mouvement Hebdo, 4, 30 novembre‑7 décembre 197 (...)
  • 46 H. Meschonnic, Modernité, modernité, Paris, Gallimard, [1988] 1993, p. 87.

36On le sait, Blanchot et Arendt sont « ses deux phares » : de Blanchot elle hérite l’écrire et d’Arendt l’agir. L’écrire et l’agir politique ne se superposent pas chez Françoise Collin, ils s’influencent réciproquement, ce qui implique une distinction nette entre écriture littéraire et action militante : « Signer une œuvre, ce n’est pas signer une pétition, même si les deux ne sont pas incompatibles »44. Comme la plupart des intellectuel.le.s de sa génération, Françoise Collin délaisse le concept sartrien de littérature engagée dans lequel elle ne se reconnaît pas. Elle reprend en revanche l’articulation déjà présente chez Hélène Cixous qui signait en 1979 « Le poétique e(s)t politique »45. Ce rapprochement est symptomatique de l’avant-garde46.

37Le poétique est sans fin, alors que le politique met ses moyens au service de ses fins. Pourtant, l’un existe dans l’autre : le poétique est la vigilance (terme que Françoise Collin prise et emploie à plusieurs reprises) du politique, évitant ainsi l’extrémisme, le politique peut développer en son cœur le poétique. Le Mouvement des femmes en constitue, comme mai 1968, l’exemple. C’est en ce sens que Françoise Collin insiste non seulement sur l’effet politique de l’écriture, mais encore sur l’impérative transformation du champ symbolique pour qui veut modifier la société.

38Depuis le mouvement des années 1970, un corpus de textes féministes s’est progressivement assemblé. Toute penseuse, toute créatrice modifie le champ symbolique et les représentations communes, en laissant sa trace. La constitution d’une culture féministe représente non la superstructure pour employer avec Françoise Collin un vocabulaire marxiste mais bien « la condition sine qua non du féminisme ». Reconnaître la dette de la nouvelle génération envers les femmes, l’affiliation de tou.te.s aux femmes, est primordial, sans quoi il ne saurait y avoir que répétition de l’année 0 de la libération des femmes.

  • 47 F. Collin, « Le féminisme : une démarche politique », in Françoise Collin : anthologie québécoise, (...)
  • 48 F. Collin, « Ecrire en tant que femme », loc. cit., p. 37.
  • 49 Ibid., p. 42 en italiques dans le texte.

39« Pour moi », affirme-t-elle ailleurs, « la communauté des femmes ne se définit pas, elle s’écrit »47. Il n’est ainsi pas question de définir pour les femmes une identité préalable (de l’humain indifférencié du féminisme universaliste à la femme spécifique du différentialisme) mais de laisser chacune « négocie[r] »48 sa position et son expérience de femme, y compris dans l’écriture. « Car être féministe c’est peut-être refuser de savoir ce que femme veut dire pour écouter ce que dit une femme »49. Cette écoute caractérise l’ensemble de son œuvre critique, mais également philosophique et politique.

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Notes

1 F. Collin, « Note de l’auteur », « Textualité de la libération. Liberté du texte », Les Cahiers du cedref, Centre d’enseignement, d’études et de recherches pour les études féministes, 6, 1er janvier 1997, p. 13.

2 F. Collin, « S’écrire : Identités narratives », entretien avec Carmen Boustani, Je partirais d’un mot : le champ symbolique, Villenave-d’Ornon, Editions Fus-Art, 1999, p. 215.

3 Voir ce qu’elle en dit dans « Blanchot, l’écriture et les femmes : entretien avec Suzanne Lamy », in Françoise Collin : anthologie québécoise, 1977-2000, Textes rassemblés et présentés par M.-B. Tahon, Montréal, Editions du remue-ménage, 2014, p. 25.

4 Conférence de Françoise Collin (19 mars 2011, 77 mn), donnée dans le cadre du cycle « Quarante ans de recherche sur les femmes, le sexe et le genre », filmée par le Centre audiovisuel Simone de Beauvoir, http://www.dailymotion.com/video/xjh7ph_conference-de-francoise-collin-19-mars-2011_school.

5 Equivalence qui ne va pas nécessairement de soi dans les mouvements de femmes.

6 Cette anecdote est consignée dans l’article que Diane Lamoureux a consacré à Françoise Collin et son œuvre : « Françoise Collin et le féminisme de l’insurrection », Cahiers du Genre, 2014-1/56, p. 186.

7 A. Lasserre, Histoire d’une littérature en mouvement : textes, écrivaines et collectifs éditoriaux du Mouvement de libération des femmes en France (1970-1981), thèse de doctorat en Littératures françaises et francophones, Université Paris 3 – Sorbonne Nouvelle, 2014, 711 p. A paraître aux pul en 2016.

8 Voir notamment la première thèse consacrée à son œuvre en philosophie par Mara Montanaro : Françoise Collin : la révolution permanente d’une pensée discontinue, thèse de doctorat en philosophie, Paris 5 en cotutelle avec l’Università del Salento (Italie), 2013, 543 p.

9 D. Lamoureux, « Françoise Collin et le féminisme de l’insurrection », op. cit., p. 187 pour les deux citations.

10 Cahiers du grif, Le langage des femmes, 15, 1992, p. 12.

11 F. Collin, « Le champ symbolique : écriture et critique littéraire », Je partirais d’un mot, op. cit., p. 18.

12 F. Collin, « Un héritage sans testament », Les Cahiers du grif, 34, 1986, « Les jeunes la transmission », p. 81-92 (repris dans Françoise Collin : anthologie québécoise, op. cit.).

13 Voir notamment C. Planté, La Petite sœur de Balzac : essai sur la femme auteur, Paris, Editions du Seuil, 1989 (nouv. éd., Lyon, pul, 2015) ; M. Reid, Des femmes en littérature, Paris, Belin, 2010 et A. Lasserre (dir.), « Les femmes ont-elles une histoire littéraire ? », lht-Fabula, 7, 2010.

14 S. Horer et J. Socquet, La Création étouffée, Paris, P. Horay, 1973.

15 M. Wittig, « Virginia Woolf, précurseur du mouvement de libération des femmes », in V. Forrester, Virginia Woolf, Paris, ortf et La Quinzaine littéraire, 1973, p. 55 et s.

16 Voir sur ce sujet précis A. Lasserre, « La place de nos contemporaines dans les histoires de la littérature récentes ou l’écrivaine future », in M.-O. André, M. Barraband et B. Blanckeman (dir.), Du contemporain à l’université. Usages, configurations, enjeux, Paris, Presses de la Sorbonne nouvelle, à paraître en 2016.

17 F. Collin et I. Kaufer, Parcours féministe, nouvelle éd. revue et augmentée, Donnemarie-Dontilly, Ed. iXe, 2014, p. 136.

18 Cahiers du grif, Le langage des femmes, op. cit., p. 12.

19 F. Collin, « La lecture de l’illisible », Cahiers de Recherches std, 34/44, 1984, p. 7.

20 Voir B. Denis et J.-M. Klinkenberg, La littérature belge : précis d’histoire sociale, Bruxelles, Espace Nord, 2014.

21 F. Collin, « La lecture de l’illisible », loc. cit., p. 7-8.

22 Ibid., p. 7.

23 F. Collin, « Histoire et mémoire ou la marque et la trace », in Françoise Collin : anthologie québécoise, op. cit., p. 162.

24 F. Collin, « Il n’y a pas de cogito-femme », in Je partirais d’un mot, op. cit., p. 44. Cette analogie existe également dans l’œuvre de Monique Wittig (voir « Un jour mon prince viendra », Questions féministes, 2, 1er février 1978, p. 31-39).

25 « Il n’y a pas de cogito-femme », loc. cit., p. 49.

26 Ibid., p. 52.

27 F. Collin, « La lecture de l’illisible », loc. cit., p. 8.

28 F. Collin, « Ecrire en tant que femme », in Je partirais d’un mot, op. cit., p. 40.

29 H. Cixous, « Le rire de la Méduse », L’Arc, 61, 1975, repris avec modifications dans H. Cixous, Le rire de la Méduse et autres ironies, Paris, Galilée, 2010.

30 H. Cixous, F. Collin, « Quelques questions à Hélène Cixous », in « Elles consonnent. Femmes et langages ii », Les Cahiers du grif, 13, 1976, voir en particulier p. 19-20.

31 Ibid., p. 35.

32 Ibid.

33 F. Collin, « Il n’y a pas de cogito-femme », loc. cit., p. 47.

34 Cahiers du grif, Le langage des femmes, op. cit., p. 26.

35 F. Collin et I. Kaufer, Parcours féministe, op. cit., p. 140.

36 F. Collin, Je partirais d’un mot, op. cit., p. 41.

37 F. Collin, « Ecrire en tant que femme », loc. cit., p. 42.

38 Cahiers du grif, Le langage des femmes, op. cit., p. 21.

39 M. Wittig, La Pensée straight, Paris, Amsterdam, 2007, p. 105 ; Id., Le Chantier littéraire, Lyon, Donnemarie-Dontilly, Presses universitaires de Lyon et Ed. ixe, 2010, p. 133.

40 F. Collin et al., « Au revoir », in Où en sont les féministes ?, Les Cahiers du grif, 23-24, 1978, en marge p. 10.

41 F. Collin, « Le champ symbolique : écriture et critique littéraire », loc. cit., p. 21.

42 F. Collin, « Une aventure à hauts risques », in Françoise Collin : anthologie québécoise, op. cit., p. 77.

43 F. Collin, « Le champ symbolique : écriture et critique littéraire », loc. cit., p. 22.

44 F. Collin, « Visibilité et Représentation », Vraiment : féminisme et art, Centre national d’art contemporain de Grenoble, 1997, p. 26.

45 H. Cixous, « Poésie e(s)t Politique », Des femmes en Mouvement Hebdo, 4, 30 novembre‑7 décembre 1979, p. 29-32.

46 H. Meschonnic, Modernité, modernité, Paris, Gallimard, [1988] 1993, p. 87.

47 F. Collin, « Le féminisme : une démarche politique », in Françoise Collin : anthologie québécoise, op. cit., p. 140.

48 F. Collin, « Ecrire en tant que femme », loc. cit., p. 37.

49 Ibid., p. 42 en italiques dans le texte.

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Pour citer cet article

Référence papier

Audrey Lasserre, « Françoise Collin et la pensée de l’écriture »Sextant, 33 | 2016, 77-86.

Référence électronique

Audrey Lasserre, « Françoise Collin et la pensée de l’écriture »Sextant [En ligne], 33 | 2016, mis en ligne le 23 mai 2016, consulté le 07 février 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/sextant/629 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/sextant.629

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Auteur

Audrey Lasserre

Docteure en littérature et civilisation françaises, Audrey Lasserre est chargée de cours en littérature à l’Université Sorbonne Nouvelle – Paris 3 et dans plusieurs programmes d’universités américaines à Paris, au sein desquels elle dirige également des masterant.e.s. Ses travaux comptent plusieurs directions de collectifs et une quinzaine d’articles sur la littérature française des années soixante-dix à nos jours. Sa thèse de doctorat soutenue en décembre 2014, Histoire d’une littérature en mouvement : textes, écrivaines et collectifs éditoriaux du Mouvement de libération des femmes en France dans les années soixante-dix, a été primée en 2015 par le gis Institut du genre et est à paraître aux Presses universitaires de Lyon dans la collection « Des deux sexes et autres », accompagnée d’une anthologie.

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