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Varia

Révolution sexuelle. Quelle révolution pour quelles sexualités ?

Revue de la littérature
Aurélie Aromatario
p. 99-110

Texte intégral

Introduction

  • 1 « With the advent of the « sexual revolution » five decades ago, the West was plunged into a downwa (...)
  • 2 M. Labaki, « Violences à Cologne : je suis une femme agressée », Le Soir, 11 janvier 2016, http://w (...)
  • 3 M. Eltahawy, Foulards et hymens, Paris, Belfond, 2015.

1Dans son édition de février 2015, Dabiq, le magazine de propagande de l’Etat islamique, accusait la révolution sexuelle d’avoir plongé l’Occident dans une « spirale décadente de déviance sexuelle et d’immoralité »1 qui justifiait les exactions à l’encontre de personnes lgbt et l’attaque d’une boîte de nuit gay d’Orlando. En d’autres occasions, telles que les agressions de la soirée de la Saint-Sylvestre à Cologne2 ou encore les mobilisations du printemps arabe3, elle devient un jalon civilisationnel salvateur que le monde musulman tarderait à découvrir et qui détiendrait la clé d’une libération sexuelle et d’une émancipation féminine. Comme la boîte de Pandore, son contenu est inconnu tant qu’on ne l’a pas ouverte, agitant les fantasmes d’une aube salvatrice ou de lendemains désenchantés une fois la subversion accomplie.

2La révolution sexuelle est donc un concept populaire qui recouvre des représentations variées. Le domaine scientifique fait aussi un large usage de ce terme, avec une multitude d’approches dont nous proposons ici une typologie critique à travers une revue de la littérature. Si la révolution sexuelle fut longtemps un sujet polémique à cause des questions qu’elle a soulevées, on semble aujourd’hui s’interroger davantage sur ce qui s’est réellement produit, sur les significations attachées à ces événements historiques et sur leurs conséquences actuelles. Cet article étudie la manière dont ce concept est déployé dans la littérature scientifique et cherche à comprendre ce qui le rend si divers et insaisissable. Ce parcours montrera que, si la polysémie est constitutive du concept lui-même, il est aujourd’hui indispensable de le positionner dans une approche critique et politique.

La révolution en contexte

  • 4 A. Rey, « Révolution ». Histoire d’un mot, Paris, Gallimard, 1989.

3Sur le plan linguistique4, le célèbre détournement du mot révolution pour qualifier la prise de la Bastille a scellé un nouveau contenu sémantique qui a permis de l’appliquer à plusieurs révoltes populaires – ainsi, la révolution d’Octobre occupe-t-elle désormais la place principale dans l’imaginaire social. La popularité du terme, associée à son contenu marxiste, explique son emploi pour désigner les mouvements contestataires de la fin des années 1960 qui, dans nombre de pays occidentaux, remettent en question les normes morales, économiques et politiques.

  • 5 S. Chaumier, G. Ubbiali, « La Révolution sexuelle : des pratiques aux discours », Dissidences, 2002 (...)
  • 6 H. Oosterhuis, « Psychiatrie, perversion et sexualité moderne », in R. Beauthier, V. Piette et B. T (...)
  • 7 Ibid. ; J. Levi Martin, « Structuring the sexual revolution », Theory and society, 25/1, 1996, p. 1 (...)
  • 8 A. Kollontai, Marxisme et révolution sexuelle, Paris, Petite collection Maspero, 1977.
  • 9 J. Levi Martin, op. cit., p. 107.
  • 10 W. H. Dreuw, Die Sexual-Revolution : Der Kampf um die staatliche Bekämpfung der Geschlechtskrankhei (...)
  • 11 S. D. Schmalhausen, « Will the family pass ? », The Modern Quarterly, 4/2, 1927, p. 106 ; S. D. Sch (...)

4Selon une perspective historique large5, la plupart des auteurs s’accordent à en déceler les ferments principalement au cours du xixe siècle. S’est alors développée une préoccupation scientifique6 pour les sujets liés à la sexualité, tant dans les domaines de la médecine, de la psychologie que dans les disciplines alors naissantes de la psychanalyse et de la sexologie. Par la suite, on s’accorde en général pour situer la première révolution sexuelle en Occident7 dans les années 1920 – tandis que les événements russes faisaient espérer à des auteurs comme Alexandra Kollontai8 que les changements révolutionnaires se prolongent dans la vie quotidienne et dans les relations de genre. John Levi Martin9 fait remonter l’origine du syntagme « révolution sexuelle » à un ouvrage publié en 1921 par W. H. Dreuw10 ainsi qu’aux articles de Samuel D. Schmalhausen qui prône une double révolution : l’une dans le domaine économique, l’autre dans le domaine érotique11. Selon Levi Martin, cette première révolution sexuelle, analysée et documentée, offrait dès lors non seulement un cadre pour penser les événements qui allaient survenir dans les années 1960 et 1970 mais aussi un syntagme à leur appliquer.

  • 12 Qui sera suivie d’un revirement moraliste et répressif sous Staline, voir D. Healey, « La révolutio (...)
  • 13 J. B. Seoane Cegarra, « Censure et morale sexuelle dans l’Espagne de la transition. La controverse (...)
  • 14 A. Giami et G. Hekma (dir.), op. cit., p. 12.
  • 15 R. Kulpa et J. Mizielinska (éd.), De-centering Western sexualities. Central and Eastern European pe (...)
  • 16 S. Pan, « Transformations in the primary life cycle : the origins and nature of China’s sexual revo (...)

5Ainsi, malgré la forme particulière prise par la révolution sexuelle en Union soviétique12, il s’agirait d’un phénomène commun à tout l’Occident, comme étape civilisationnelle par laquelle toute société devrait passer tôt ou tard – ce qui occulte les disparités pourtant importantes entre pays européens – l’Espagne en est un bon exemple13. Alors que certains tentent de déceler les indices d’une révolution sexuelle en cours dans le reste du monde14, des travaux tentent de contrer cet occidentalocentrisme en développant des perspectives sur la situation de l’Europe de l’Est15 ou sur la révolution sexuelle en Chine qui n’a de commun que le nom avec les événements occidentaux16. Cette contextualisation invite ainsi à relativiser l’inéluctabilité de la révolution sexuelle. Si elle émerge comme concept et événement surtout grâce à une disponibilité lexicale et à des parallélismes historiques, il s’agit d’en rappeler la contingence constitutive.

Approches politiques

Marcuse et Reich : l’hypothèse répressive

  • 17 W. Reich, La révolution sexuelle : pour une autonomie caractérielle de l’homme, Paris, uge, 1970.
  • 18 H. Marcuse, Eros et civilisation, Paris, Editions de Minuit, 1971.
  • 19 Comme déclinaison du principe de réalité.
  • 20 Ibid., p. 86-87.
  • 21 Ibid., p. 140.
  • 22 Ibid., p. 176.

6Les travaux de Wilhelm Reich et d’Herbert Marcuse donnent quant à eux un cadre de pensée politique à la notion de révolution sexuelle. Leur pensée – largement diffusée au cours des décennies 1960 et 1970 – oppose ce que Foucault nommera plus tard l’hypothèse répressive à l’idéal de la libération sexuelle. Ils allient psychanalyse et politique pour prôner un détachement des normes morales et la libre expression d’une pulsion sexuelle saine et libératrice. Selon Reich17, cette libération, égalitaire, entraînerait aussi celle des femmes, débarrassées des maux sociaux que sont l’infidélité, les grossesses non désirées ou encore la prostitution, rendant leur sexualité aussi légitime et libre que celle des hommes. Si la répression sexuelle est le vecteur par lequel s’exerce l’idéologie autoritaire en contrôlant jusqu’à l’intimité, la lutte pour la libération est donc une lutte à vocation politique avant tout. La psychanalyse rejoint aussi le politique chez Marcuse18 : selon lui, l’individu et ses problèmes privés sont le reflet du social ; les catégories psychologiques acquièrent dès lors un contenu politique et sociologique. Au départ des concepts freudiens de principe de réalité et de principe de plaisir, censés s’opposer afin de réguler la vie en société, il dénonce l’adjonction du principe capitaliste de rendement19 et sa surrépression des pulsions, instrumentalisée de manière à contrôler le destin productif et reproductif des individus. Cet ordre, intégré et incorporé, ferait échouer toute remise en question du pouvoir20, en ce compris la libération des mœurs sexuelles – sauf à se débarrasser du principe de rendement et à réattribuer au corps libéré son statut d’instrument de plaisir. L’organisation du travail21 ou les relations sociales s’en trouveraient bouleversées, en délégitimant notamment des institutions telles que l’amour, le mariage et la famille monogamique patriarcale22. Le cadre psychanalytique freudien extrapolé par Reich comme par Marcuse suscite donc par la force des choses l’antagonisme entre répression et libération qui sera déterminant à la fois dans les revendications et dans les approches scientifiques de la révolution sexuelle, faisant de la libération le seul horizon souhaitable.

Rôle des cultures et des religions

  • 23 M. Jaspard, op. cit., p. 10.
  • 24 J. Van Ussel, Histoire de la répression sexuelle, Paris, Editions Robert Laffont, 1972.

7C’est à partir de cette double approche entre oppression et libération que des auteurs attribuent la révolution sexuelle à l’influence d’institutions culturelles ou religieuses. Si l’Eglise est souvent considérée comme l’instigatrice d’une morale sexuelle rigide en Occident23, selon Jos Van Ussel24 cette responsabilité est limitée car elle se cantonne aux valeurs officielles sans aller jusqu’à déterminer les pratiques des individus. Dans un contexte sécularisé, il attribue la répression sexuelle à des facteurs liés à l’extension de la culture bourgeoise (et à sa vision d’une sexualité purement reproductive) et à la révolution industrielle. La libération permettrait de dépasser le stade de l’obsession pour une sexualité toujours inaccessible – à condition de ne pas être réservée à certains milieux sociaux ou limitée à des moments déterminés.

  • 25 F. X. Eder, « Sexualité, textes et médias dans les pays germanophones », de la Deuxième guerre mond (...)
  • 26 M. Illán Martín et C. Velasco Mesa, « La sexualité féminine pendant le premier franquisme : discour (...)

8Les conditions culturelles et religieuses sont abordées aussi dans La modernisation de la sexualité (19e-20e siècles), notamment en Allemagne25 avec le rôle joué à partir de l’après-guerre par la diffusion de la culture américaine chez les adolescents. L’émergence progressive d’une « culture jeune » par le biais des médias a ainsi pu contrer le conservatisme et la législation répressive instaurés par l’idéologie nazie, d’une part, la religion catholique, de l’autre. Dans l’Espagne franquiste26, c’est le cinéma américain et sa mise en scène d’une culture sexuelle plus ouverte (pour les femmes en particulier) qui font figure d’épouvantail alors que l’alliance politico-religieuse vise à réprimer toute forme explicite de sexualité non reproductive.

  • 27 G. Hekma, « Déclin et permanence des normes puritaines (Pays-Bas) », in A. Giami et G. Hekma (dir.) (...)
  • 28 W. Dupont, « Catholicisme et évolution des mœurs sexuelles dans la Flandre belge », in A. Giami et (...)

9Dans l’ouvrage Révolutions sexuelles, l’influence culturelle et religieuse sur la répression est abordée par Gert Hekma27 aux Pays-Bas au regard des quatre piliers de la société néerlandaise : catholicisme et protestantisme, d’une part, socialisme et libéralisme, de l’autre. Wannes Dupont28 quant à lui analyse le terreau religieux spécifique à la Flandre pour conclure que la religion, loin d’être un frein systématique au progressisme, a dans ce cas réellement participé à une forme d’émancipation.

Rôle du changement générationnel

  • 29 R. Inglehart, La transition culturelle dans les sociétés industrielles avancées, Paris, Economica, (...)
  • 30 J. Scott, « Changing attitudes to sexual morality : a cross-national comparison », Sociology, 32/4, (...)
  • 31 E. Hobsbawm, L’âge des extrêmes. Histoire du court xxe siècle, 1914-1991, Bruxelles, Editions André (...)
  • 32 Ibid., p. 377 et 425.

10Plusieurs auteurs mentionnent l’émergence d’une culture « jeune », celle des enfants du baby-boom ; leur poids démographique et le rôle du renouvellement des cohortes générationnelles favorisant l’implantation d’idées progressistes confirment l’idée d’une rupture libertaire. Cette perspective découle de l’analyse de l’évolution des attitudes et des valeurs par Ronald Inglehart29 : les valeurs évoluent ainsi en fonction d’un cadre socio-économique mais aussi de la socialisation des individus. A l’échelle d’une société, cette théorie implique que le renouvellement des générations et les expériences vécues à chaque étape de la vie sont des facteurs qui vont engendrer un rapport spécifique et évolutif à certaines valeurs. C’est aussi le propos de Jacqueline Scott30 dans une recherche quantitative sur l’évolution des attitudes et des opinions concernant les mœurs sexuelles sur plusieurs décennies, en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis. De même, Eric Hobsbawm31 attribue les événements de mai 68 à la prise de conscience de sa propre culture dans une tranche d’âge spécifique : jeune, novatrice mais aussi populaire en majorité 32.

  • 33 L. Bantigny, op. cit., p. 30.
  • 34 M. Cook, « Révolution(s) sexuelle(s) en Grande-Bretagne », in A. Giami et G. Hekma (dir.), op. cit. (...)

11Malgré le fondement marxiste des mouvements de contestation des années 1960, le rôle de la classe dans ces événements n’est pas des plus clairs. On constate, d’une part, l’ancrage du militantisme sur les questions sexuelles dans les milieux intellectuels plutôt aisés tandis que le monde ouvrier rejetait la contraception et l’homosexualité comme autant de fantaisies bourgeoises33. Plusieurs sources34 rappellent ainsi les disparités concernant les acquis de la révolution sexuelle en fonction des classes sociales, à cause d’une circulation des idées plus rapide dans les milieux urbains et pour des raisons d’accessibilité financière et pratique aux nouveaux droits (divorce, contraception…).

12L’étude de ces différents facteurs est pertinente dans une perspective historique. La perspective dualiste d’une libération sexuelle inéluctable face à la répression demeure cependant trop positiviste face au concept même de révolution sexuelle et à ses ambivalences

Sexualité et politique : quel contenu pour quel changement ?

13Ainsi, sans se détacher tout à fait de l’antagonisme oppression-libération, plusieurs ouvrages analysent les nuances et les modalités parfois contradictoires des contenus politiques de la révolution sexuelle.

Pratiques, normes et valeurs

  • 35 J. Van Ussel, op. cit., p. 304.
  • 36 G. Hekma, « Les limites de la révolution sexuelle. Grammaire de la culture sexuelle occidentale con (...)
  • 37 H. de Smaele, « Introduction : une longue révolution tranquille ? », in R. Beauthier, V. Piette et (...)

14Si Van Ussel distinguait des fluctuations entre idées et pratiques, mais aussi entre valeurs officielles et valeurs réelles35, selon Gert Hekma, les « limites de la révolution sexuelle »36 tiennent aussi à une telle dissociation. La morale aurait évolué en effet, libérant le discours, mais les pratiques sexuelles évoluent plus lentement, enfermées par des institutions morales encore à démanteler (rapports inégalitaires entre hommes et femmes ; sexualité vue comme naturelle et non culturelle ; indissociabilité entre amour et sexe ; frontières entre privé et public ; liens entre sexualité et violence). Henk de Smaele37 observe quant à lui la scission inverse : il existait selon lui des espaces de liberté sexuelle présents avant la révolution sexuelle et qui bénéficiaient des non-dits en matière de mœurs (espaces de rencontre et de drague gays entre autres). Les événements de 68 auraient surtout agi comme révélateurs de pratiques préexistantes. Ces auteurs relativisent ainsi la notion de progrès, mais sans critiquer l’hypothèse répressive qui la fonde.

Politisation du sexe : individu et société

  • 38 E. Hobsbawm, op. cit., p. 435.
  • 39 A. Kollontai, op. cit.
  • 40 Sont ainsi évoqués les termes de « crise sexuelle » (Ibid., p. 166), « période de transition » (p. (...)
  • 41 Ibid., p. 226.
  • 42 A. Giami, « Les thérapies de la libération sexuelle en France : entre politique et psychologie », i (...)
  • 43 J. Van Ussel, op. cit.

15L’accès au statut politique des questions sexuelles38 est reconnu comme primordial et pose la question de l’individuel et du collectif dans ces revendications. Alexandra Kollontai39 portait l’espoir que la révolution change les individus40 en créant des espaces de liberté suffisants pour abandonner les institutions anciennes. L’Etat, par la collectivisation des tâches domestiques et de la responsabilité des droits sexuels, devait offrir aux femmes la possibilité de conquérir une liberté nouvelle via la transformation de la vie quotidienne41. A la fin des années 1960, la priorité accordée à l’un ou l’autre des niveaux déterminera des stratégies militantes tout à fait différentes. Alain Giami en fait état dans un article42 qui décrit des mouvements thérapeutiques militants. Considérant à la suite de Marx que c’est la conscience de l’oppression qui rend celle-ci à ce point insupportable qu’elle pousse à l’insurrection, les militants animaient ces ateliers en vue de révéler les individus à eux-mêmes afin qu’ils soient capables d’être acteurs d’un changement de société. Nous rejoignons ici la critique d’individualisme et d’élitisme adressée à ces approches par Van Ussel43. Le rapport de l’individuel au collectif manque ainsi d’une perspective macro et d’une attention aux enjeux de pouvoir et de classe.

Genre et sexualités : vers la subjectivation

  • 44 E. Hobsbawm, op. cit., p. 411.
  • 45 C. Wouters, « Sexualization : Have sexualization processes changed direction ? », Sexualities, 13/6 (...)
  • 46 J. de Dardel, Révolution sexuelle et mouvement de libération des femmes à Genève (1970-1977), Lausa (...)
  • 47 Ibid., p. 72.

16Etudier l’accès des « minorités sexuelles » au statut de sujets tant dans la sexualité que dans le discours politique permet d’intégrer une analyse plus fine des rapports sociaux entre les acteurs de la révolution. Selon Hobsbawm44, si les femmes acquièrent un statut nouveau dans les débats publics, c’est en raison de leur accession au marché du travail depuis la deuxième guerre mondiale. Cette force politique acquise aurait permis les avancées féministes du divorce, de l’avortement et même d’un accès aux fonctions politiques. Le passage du statut d’objet à celui de sujet rend les relations de genre plus égalitaires mais ouvre aussi l’accès au débat politique sur les questions de sexualité, selon Cas Wouters45. Les revendications féministes n’ont cependant pas été entendues d’emblée : plusieurs auteures46 mentionnent que le mouvement de 68 a d’abord été masculin, axé sur la mise à disposition du corps des femmes. C’est seulement à partir de ce contexte que celles-ci ont pris conscience que leur libération sexuelle devait cibler spécifiquement les instruments de leur exploitation par le patriarcat47 et donc le droit à disposer de leur corps (avortement, contraception, sexualité).

  • 48 S. Chaumier, G. Ubbiali, op. cit.
  • 49 M. Sibalis, « Le mouvement de libération gay », in A. Giami et G. Hekma (dir.), op. cit., p. 197-22 (...)

17Mentionnons aussi la situation des gays et des lesbiennes, obligés de vivre jusque-là une sexualité qui n’avait pas droit de cité et pour qui la reconnaissance et la recrudescence de l’activisme sont, d’après Chaumier et Ubbiali48, autant des jalons politiques que les catalyseurs et l’affirmation d’une identité homosexuelle. A l’inverse, selon Michael Sibalis49, cet accès à la subjectivité sexuelle se fait sur le plan du militantisme politique – comme occasion d’obtenir un rôle politique – plutôt que sur celui de l’affirmation d’une identité individuelle comme moment de libération. Ainsi, ces analyses identitaires permettent-elles de révéler des rapports de force sous-jacents déterminants dans le dialogue et l’agenda politiques.

Normalisation du sexe

  • 50 A.-C. Rebreyend, « « Suis-je normal(e) ? » L’obsession de la normalité sexuelle (France, 1965-1975) (...)
  • 51 A. Béjin et M. Pollak, « La rationalisation de la sexualité », Cahiers internationaux de sociologie(...)
  • 52 M. Jaspard, op. cit., p. 71-83.

18Un effet de cette politisation du sexe serait la quantification et la normalisation de l’acte sexuel. Anne-Claire Rebreyend50 décrit comment la préoccupation s’est centrée sur l’impératif de normalité plus que sur la libération : la médicalisation et la technicisation des questions sexuelles ont dépossédé les individus – et surtout les femmes, dont le corps sexué est désormais davantage médicalisé – du contrôle de leurs pratiques intimes. Selon un article de Béjin et Pollak51, l’exigence de réciprocité dans le plaisir a déplacé la norme vers l’orgasme, désormais mesurable et quantifiable. Ainsi, la révolution sexuelle, en assouplissant la notion de perversion sexuelle et la norme de la reproduction, a instauré celle de compétence sexuelle et de productivité du plaisir. A en croire Maryse Jaspard, les travaux de Kinsey ou Masters et Johnson n’auraient en effet pas eu que des effets émancipateurs ; ils auraient aussi introduit un biais hétérocentré et phallocentré, ce qui a renforcé une image normative et assez traditionnelle des pratiques sexuelles52. Cette description de la rationalisation apporte une critique intéressante à la perspective libératrice, qui sera prolongée dans les approches ci-dessous.

Approches critiques

Foucault : la critique discursive

  • 53 M. Foucault, Histoire de la sexualité. i. La volonté de savoir, Paris, Gallimard, 2014.

19Dans La volonté de savoir53, Michel Foucault ouvre une brèche dans la conception reichienne et marcusienne : il y déconstruit l’hypothèse répressive pour approcher la question du discours et du pouvoir dans le cadre de la sexualité. Selon lui, les changements intervenus au xxe siècle sont surtout de l’ordre du discours. Au départ circonscrit à des formes et des pratiques qui le rendent fugace, à partir du xixe siècle, le discours, d’une part, se démultiplie dans des vecteurs et des sujets nouveaux et, de l’autre, se fixe à l’aide de la méthode scientifique de description et de classification. C’est dans ce jeu discursif entre ce qui est occulté et ce qui est révélé, cette distribution du savoir sur la science et la vérité sexuelle, que se dessine le rôle du pouvoir. De là, il nous apparaît que les enjeux réels de ces événements échappent aux approches surtout descriptives de la révolution sexuelle déjà évoqués.

Héritage de la scientia sexualis

  • 54 H. Oosterhuis, op. cit.
  • 55 E. Gubin et C. Jacques, « Construire l’histoire des sexualités. Regards critiques sur l’historiogra (...)

20C’est en termes discursifs qu’Harry Oosterhuis54 décrit cinq traits par lesquels Krafft-Ebing fait naître un « modernisme sexuel » dans le dispositif scientifique : la sexualité comme force inévitable et puissante, la classification du normal et de l’anormal, le passage de la norme procréatrice à la dimension relationnelle de la sexualité, la recherche d’une compréhension psychologique et l’importance de l’identité sexuelle. Cependant, d’après Eliane Gubin et Catherine Jacques55, l’histoire de la sexualité aurait, elle, attendu les années 1960 et 1970 pour apparaître, héritant de ce tournant scientifique qui en fait un possible objet d’étude. La critique foucaldienne restera dominante concernant le mode de l’aveu dans le discours sur la sexualité mais aussi la notion de pouvoir genré dans la maîtrise du discours à ce sujet.

La sexualité comme construction

  • 56 M. Prearo (dir.), « Politiques de la libération sexuelle », Genre, sexualité & société, 3, 2010.
  • 57 R. Beauthier et B. Truffin, « Avant-propos », in R. Beauthier, V. Piette et B. Truffin (dir.), op. (...)
  • 58 J. Weeks, Sex, politics and Society. The regulations of sexuality since 1800, Londres, Longman, 198 (...)
  • 59 A. Giami et G. Hekma, « Révolutions ou évolutions sexuelles ? Les termes du débat », in A. Giami et (...)
  • 60 C. Didry et M. Selim, op. cit.

21D’après Massimo Prearo56, la sexualité n’aurait dès lors pas fait l’objet d’une libération mais d’un déplacement du cadre discursif. Qui acquiert le droit à la parole ? Où se déplace le point d’attention du discours ? Le déplacement de focus va de pair avec l’idée que la sexualité est surtout un construit social57, tout comme sa perception est construite et dépendante d’un contexte58, fruit de significations construites et projetées subjectivement à travers des domaines à la fois culturels et scientifiques59. La sexualité et la perception qu’une société en développe sous-tendent dès lors toute l’organisation sociale et politique. C’est entre autres le propos de Claude Didry et Monique Selim60 qui, en examinant l’évolution des significations attribuées à la sexualité – tantôt vecteur de liberté, tantôt lieu de violence masculine, aujourd’hui produit et enjeu d’un marché –, montrent que le sexuel est intrinsèquement politique et que toute transformation de l’un agit sur l’autre. L’héritage majeur de la révolution sexuelle consiste ainsi dans cette prise de conscience d’un rapport de pouvoir dans les faits du quotidien.

Critique socio-historique

  • 61 J. Mossuz-Lavau, « Révolution ou libération sexuelle des Françaises ? », in A. Giami et G. Hekma (d (...)
  • 62 J. Weeks, The world we have won, Londres, Routledge, 2007.

22La révolution sexuelle, loin d’être une entité définissable et unitaire, fait également l’objet d’une critique sur la (dis-)continuité des événements et des contenus qu’elle englobe. Cette insistance est partagée dans les travaux historiques : la révolution sexuelle n’est pas considérée comme un point fixe dans le temps mais comme un processus de longue haleine, qui trouve ses origines au xxe voire au xixe siècle et inclut une période d’accélération ou de cristallisation des problématiques à partir de 1968. Cette opposition entre la révolution comme moment explosif et la libération comme processus lent est décrite par Jeanine Mossuz-Lavau61 qui nuance cependant le rôle de ces évolutions légales, médicales et morales, inégales en fonction des catégories d’âge et sociales. Jeffrey Weeks62 perçoit aussi un effet de révolution qui se situerait sur le temps long ‒ et donc à observer avec du recul ‒ et serait toujours en cours. Selon lui, si l’on peut parler de révolution, les faits sont avant tout contingents. Il invite donc à remettre en question toute logique linéaire de libération, puisque le progrès, fluctuant, est une notion que l’on reconstruit forcément à partir du présent.

  • 63 Cette reconstruction s’observe déjà dans un ouvrage de référence, celui de Wilhelm Reich, dont le t (...)
  • 64 R. Kulpa et J. Mizielinska, « « Contemporary peripheries » : queer studies, circulation of knowledg (...)
  • 65 D. Herzog, « La libération sexuelle des femmes : avortement, églises, handicap », in A. Giami et G. (...)
  • 66 D. Paternotte « Homosexualité, pédophilie, militantisme gay et lesbien », in A. Giami et G. Hekma ( (...)

23La révolution sexuelle est approchée aussi dans sa discontinuité et ses contradictions, en opposition à l’image – artificielle63 – d’un grand moment de libération qui amène la société vers davantage de progrès moral. L’ouvrage de Kulpa et Mizielinska64 montre l’impossibilité d’observer les questions de politique sexuelle dans les pays de l’Est au regard d’une temporalité occidentale présentée artificiellement selon une progression uniforme. Cette linéarité vise en définitive à faire de l’Occident le précurseur et l’étalon du progrès sexuel alors que ces questions sont liées à une temporalité intrinsèquement ancrée dans le local. Dagmar Herzog65 décrit les contradictions et les ambivalences qui font de la révolution sexuelle un processus trouble, en l’illustrant par le débat sur l’avortement dans l’Eglise, en réalité bien plus nuancé et plus complexe que ne le laisse penser l’image conservatrice de l’Eglise catholique. David Paternotte66 utilise quant à lui les exemples conjoints de l’homosexualité et de la pédophilie : un temps associées dans certains milieux militants, les revendications liées à l’homosexualité et à la pédophilie ont fini par se dissocier de sorte que les secondes ont disparu du paysage militant pour tomber dans un silence tabou.

24En questionnant le regard historique et culturel posé sur les événements, ces approches critiques complètent une analyse politique et discursive. Elles montrent la nécessité de décentrer le regard et le discours pour les tourner vers les ambivalences de la révolution sexuelle et ainsi approcher le concept dans sa complexité.

Critique de la permanence du système

  • 67 H. Marcuse, op. cit., p. 12.

25La révolution n’aurait en rien permis de déplacer les lignes de force du système capitaliste et patriarcal, il s’agirait d’un changement politique partiel qui n’a pas pu achever sa propre radicalité. Cette critique était déjà présente chez Marcuse, dont l’hypothèse de libération tenait davantage de l’utopie que du programme politique, mettant en garde contre l’usage instrumental et marchandisé de la sexualité67.

Féminisme

  • 68 J. de Dardel, op. cit.
  • 69 G. J. Degroot, The sixties unplugged. A kaleidoscopic history of a disorderly decade, Cambridge, Ha (...)
  • 70 C. Wouters, op. cit.
  • 71 M. Jaspard, op. cit., p. 118.
  • 72 « Sexe : sous la révolution, les normes », Mouvements, 20, 2002, p. 9-14.

26Les féministes ont été parmi les premières à dénoncer l’instrumentalisation du discours sur la libération sexuelle68, relayées par des auteurs contemporains69 qui mentionnent l’exploitation de la disponibilité sexuelle des femmes dans l’intérêt des hommes. Ces propos font écho aux questionnements actuels sur la sexualisation qui continue à enfermer la sexualité féminine70. Maryse Jaspard71 conclut aussi à un statu quo relatif des relations genrées dans une sexualité marquée par une conjugalité toujours prépondérante et où les hommes revendiqueraient une attitude conquérante tandis que les femmes resteraient attachées au romantisme et à l’exclusivité. Il faudrait dès lors davantage parler de déplacement des lignes de force de la domination que d’une révolution : les normes ont évolué mais sont restées fondamentalement en place, derrière des choix toujours marqués par le « modèle de l’hétérosexualité à domination masculine »72. Il manque néanmoins chez ces auteurs une interrogation des notions de normes et de progrès qui était pourtant présente dans d’autres critiques.

Capitalisme

  • 73 J. Van Ussel, op. cit., p. 308.
  • 74 D. Allyn, Make love, not war. The sexual revolution, an unfettered history, Londres, Routledge, 200 (...)

27Si le capitalisme était vu comme la cause première de la répression sexuelle, cette critique dénonce une réappropriation de la sexualité comme produit et marché à la fois. Van Ussel redoutait déjà cette forme de libération qui ne serait qu’un « révisionnisme »73 de la sexualité, où celle-ci est un produit qu’il faut mettre en scène mais auquel peu ont réellement accès. C’est en des termes similaires que David Allyn décrit la commercialisation de services et de produits sexuels, voire celle de la pilule contraceptive : incarnant l’incursion du capitalisme dans la sexualité, qui reste jusque-là une des rares formes de plaisir subversif, libre et gratuit, ces services font de la révolution sexuelle un mouvement à la fois progressiste et rétrograde74.

  • 75 C. Didry et M. Selim, op. cit., p. 13.
  • 76 P. Simon, « Révolution sexuelle ou individualisation de la sexualité ? Entretien avec Michel Bozon  (...)

28L’idée d’une sexualité comme marché économique ou produit de promotion de soi est également évoquée par Didry et Selim75. La sexualité fonctionnerait ainsi sur les mêmes mécanismes que la régulation d’un marché et de ses acteurs. C’est l’essence de la critique articulée par Michel Bozon76 qui, faisant appel à Foucault, estime que les mécanismes de contrôle et de discipline externes sont devenus internes aux individus, désormais tenus d’assurer leur propre libération tout en en rendant compte socialement. Cette individualisation de la sexualité porte en elle ses propres contradictions, entre injonctions à la réciprocité et performance, intimité et contrôle social… Situant l’analyse dans un cadre politique défini, ces critiques abordent, elles aussi, des zones d’ombre de la révolution sexuelle. Néanmoins, en pensant la sexualité dans un cadre politique et non pour ses enjeux politiques, la plupart de ces auteurs ont du mal à se détacher des normes relatives à ce que devrait être le progrès sexuel.

Conclusion

  • 77 L’ouvrage de Hannah Arendt (Essai sur la révolution, Paris, Gallimard, 1967) offre une vaste réflex (...)
  • 78 D. Paternotte, « « Mariage gay », progrès sexuel et régulation des sexualités », Revue de lInstitu (...)
  • 79 E. Fassin, « La démocratie sexuelle et le conflit des civilisations », Multitudes, 26, 2006, p. 123 (...)

29Si la révolution sexuelle recouvre à l’évidence des réalités variables, nous avons pu observer que le concept renvoie en outre à des cadres de pensée qui peuvent s’opposer les uns aux autres. Reconnaître la sédimentation sémantique apportée par chaque courant de pensée engage à employer ce concept très polysémique avec circonspection. La notion de révolution elle-même est chargée d’histoire et d’imaginaire, et d’une utopie telle qu’elle devient porteuse de sa propre impossibilité77. Ainsi, nous avons montré que, depuis l’instauration de la sexualité comme construction sociale et discursive, une distance est nécessaire vis-à-vis de la perspective dualiste répression-libération dans la description des fluctuations politiques des variables de la sexualité. La question centrale n’est plus la définition de la révolution sexuelle comme accomplissement mais bien comme lieu de tension entre plusieurs formes de pouvoir. A l’heure où les cultures et religions se confrontent, l’Occident se félicite de sa liberté sexuelle face à la virulence propagandiste de l’Etat islamique. Il est donc indispensable de questionner ce « progrès sexuel »78 ‒ qui, selon les regards, paraît soit acquis et inéluctable, soit constituer une norme occidentale, blanche et impérialiste79 ‒ mais surtout de déceler dans cette opposition les enjeux de pouvoir sous-jacents qui en font le prétexte d’une rhétorique d’opposition civilisationnelle.

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Notes

1 « With the advent of the « sexual revolution » five decades ago, the West was plunged into a downward spiral of sexual deviance and immorality. With it came a whole slew of sexually transmitted diseases – including the as yet incurable aids – as men and women let their lusts overwhelm their judgment and lead them to engage in fornication and « experiment » with a myriad of [satanic] methods of fulfilling their desires ».
« Clamping down on sexual deviance », Dabiq, 7, janvier 2015, p. 42.

2 M. Labaki, « Violences à Cologne : je suis une femme agressée », Le Soir, 11 janvier 2016, http://www.lesoir.be/1089994/article/debats/editos/2016-01-11/violences-cologne-je-suis-une-femme-agressee (consulté le 7 octobre 2016).

3 M. Eltahawy, Foulards et hymens, Paris, Belfond, 2015.

4 A. Rey, « Révolution ». Histoire d’un mot, Paris, Gallimard, 1989.

5 S. Chaumier, G. Ubbiali, « La Révolution sexuelle : des pratiques aux discours », Dissidences, 2002, p. 21-30 ; A. Giami et G. Hekma (dir.), « Avant-propos », in A. Giami et G. Hekma (dir.), Révolutions sexuelles, Paris, La Musardine, 2015, p. 7-13.

6 H. Oosterhuis, « Psychiatrie, perversion et sexualité moderne », in R. Beauthier, V. Piette et B. Truffin (dir.), La modernisation de la sexualité (19e-20e siècles), Bruxelles, Editions de l’Université de Bruxelles, 2010, p. 115-136 ; M. Jaspard, La sexualité en France, Paris, La Découverte, 1997, p. 35.

7 Ibid. ; J. Levi Martin, « Structuring the sexual revolution », Theory and society, 25/1, 1996, p. 105-151 ; L. Bantigny, « Quelle « révolution » sexuelle ? Les politisations du sexe dans les années post-68 », L’Homme et la société, 189-190, 2013, p. 15-34.

8 A. Kollontai, Marxisme et révolution sexuelle, Paris, Petite collection Maspero, 1977.

9 J. Levi Martin, op. cit., p. 107.

10 W. H. Dreuw, Die Sexual-Revolution : Der Kampf um die staatliche Bekämpfung der Geschlechtskrankheiten, Leipzig, Ernst Bircher Verlag, 1921.

11 S. D. Schmalhausen, « Will the family pass ? », The Modern Quarterly, 4/2, 1927, p. 106 ; S. D. Schmalhausen, « The sexual revolution », in V. F. Calverton et S. D. Schmalhausen (éd.), Sex in Civilization, Garden City, ny, Garden City Publishing Company Inc., 1929. Tous deux cités par J. Levi Martin, op. cit., p. 107.

12 Qui sera suivie d’un revirement moraliste et répressif sous Staline, voir D. Healey, « La révolution sexuelle en urss : des changements dynamiques sous la glace », in A. Giami et G. Hekma (dir.), Révolutions sexuelles, op. cit., p. 279-302. Ainsi que J. Levi Martin, op. cit., p. 124.

13 J. B. Seoane Cegarra, « Censure et morale sexuelle dans l’Espagne de la transition. La controverse autour d’El libro rojo del cole », in R. Beauthier, V. Piette et B. Truffin (dir.), La modernisation de la sexualité (19e-20e siècles), op. cit., p. 83-98.

14 A. Giami et G. Hekma (dir.), op. cit., p. 12.

15 R. Kulpa et J. Mizielinska (éd.), De-centering Western sexualities. Central and Eastern European perspectives, Farnham, Ashgate, 2011.

16 S. Pan, « Transformations in the primary life cycle : the origins and nature of China’s sexual revolution », in E. Jeffreys (dir.), Sex and sexuality in China, New York, Routledge, 2006, p. 21-42 ; J.-B. Pettier, « Politiques de l’amour et du sexe dans la Chine de la « révolution sexuelle » », Genre, sexualité & société, 3, 2010.

17 W. Reich, La révolution sexuelle : pour une autonomie caractérielle de l’homme, Paris, uge, 1970.

18 H. Marcuse, Eros et civilisation, Paris, Editions de Minuit, 1971.

19 Comme déclinaison du principe de réalité.

20 Ibid., p. 86-87.

21 Ibid., p. 140.

22 Ibid., p. 176.

23 M. Jaspard, op. cit., p. 10.

24 J. Van Ussel, Histoire de la répression sexuelle, Paris, Editions Robert Laffont, 1972.

25 F. X. Eder, « Sexualité, textes et médias dans les pays germanophones », de la Deuxième guerre mondiale à la « révolution sexuelle » », in R. Beauthier, V. Piette et B. Truffin (dir.), op. cit., p. 43-64.

26 M. Illán Martín et C. Velasco Mesa, « La sexualité féminine pendant le premier franquisme : discours et archétypes esthétiques », in R. Beauthier, V. Piette et B. Truffin (dir.), op. cit., p. 65-82.

27 G. Hekma, « Déclin et permanence des normes puritaines (Pays-Bas) », in A. Giami et G. Hekma (dir.), op. cit., p. 251-278.

28 W. Dupont, « Catholicisme et évolution des mœurs sexuelles dans la Flandre belge », in A. Giami et G. Hekma (dir.), op. cit., p. 329-344.

29 R. Inglehart, La transition culturelle dans les sociétés industrielles avancées, Paris, Economica, 1993.

30 J. Scott, « Changing attitudes to sexual morality : a cross-national comparison », Sociology, 32/4, 1998, p. 815-845.

31 E. Hobsbawm, L’âge des extrêmes. Histoire du court xxe siècle, 1914-1991, Bruxelles, Editions André Versaille, 2008.

32 Ibid., p. 377 et 425.

33 L. Bantigny, op. cit., p. 30.

34 M. Cook, « Révolution(s) sexuelle(s) en Grande-Bretagne », in A. Giami et G. Hekma (dir.), op. cit., p. 355-384.

35 J. Van Ussel, op. cit., p. 304.

36 G. Hekma, « Les limites de la révolution sexuelle. Grammaire de la culture sexuelle occidentale contemporaine », Sociologie et sociétés, 29/1, 1997, p. 145-156.

37 H. de Smaele, « Introduction : une longue révolution tranquille ? », in R. Beauthier, V. Piette et B. Truffin (dir.), op. cit., p. 17-24.

38 E. Hobsbawm, op. cit., p. 435.

39 A. Kollontai, op. cit.

40 Sont ainsi évoqués les termes de « crise sexuelle » (Ibid., p. 166), « période de transition » (p. 201), « révolution des mœurs » (p. 227).

41 Ibid., p. 226.

42 A. Giami, « Les thérapies de la libération sexuelle en France : entre politique et psychologie », in A. Giami et G. Hekma (dir.), op. cit., p. 161-196.

43 J. Van Ussel, op. cit.

44 E. Hobsbawm, op. cit., p. 411.

45 C. Wouters, « Sexualization : Have sexualization processes changed direction ? », Sexualities, 13/6, 2010, p. 723-741.

46 J. de Dardel, Révolution sexuelle et mouvement de libération des femmes à Genève (1970-1977), Lausanne, Antipodes, 2007.

47 Ibid., p. 72.

48 S. Chaumier, G. Ubbiali, op. cit.

49 M. Sibalis, « Le mouvement de libération gay », in A. Giami et G. Hekma (dir.), op. cit., p. 197-226.

50 A.-C. Rebreyend, « « Suis-je normal(e) ? » L’obsession de la normalité sexuelle (France, 1965-1975) », in R. Beauthier, V. Piette et B. Truffin (dir.), op. cit., p. 153-168.

51 A. Béjin et M. Pollak, « La rationalisation de la sexualité », Cahiers internationaux de sociologie, 62, 1977, p. 105-125.

52 M. Jaspard, op. cit., p. 71-83.

53 M. Foucault, Histoire de la sexualité. i. La volonté de savoir, Paris, Gallimard, 2014.

54 H. Oosterhuis, op. cit.

55 E. Gubin et C. Jacques, « Construire l’histoire des sexualités. Regards critiques sur l’historiographie contemporaine », in R. Beauthier, V. Piette et B. Truffin (dir.), op. cit., p. 185-227.

56 M. Prearo (dir.), « Politiques de la libération sexuelle », Genre, sexualité & société, 3, 2010.

57 R. Beauthier et B. Truffin, « Avant-propos », in R. Beauthier, V. Piette et B. Truffin (dir.), op. cit., p. 6-16.

58 J. Weeks, Sex, politics and Society. The regulations of sexuality since 1800, Londres, Longman, 1989.

59 A. Giami et G. Hekma, « Révolutions ou évolutions sexuelles ? Les termes du débat », in A. Giami et G. Hekma (dir.), op. cit., p. 41.

60 C. Didry et M. Selim, op. cit.

61 J. Mossuz-Lavau, « Révolution ou libération sexuelle des Françaises ? », in A. Giami et G. Hekma (dir.), op. cit., p. 227-247.

62 J. Weeks, The world we have won, Londres, Routledge, 2007.

63 Cette reconstruction s’observe déjà dans un ouvrage de référence, celui de Wilhelm Reich, dont le titre de Révolution sexuelle est en réalité le fruit de multiples rééditions.

64 R. Kulpa et J. Mizielinska, « « Contemporary peripheries » : queer studies, circulation of knowledge and East/West divide », in R. Kulpa et J. Mizielinska (éd.), op. cit., p. 15.

65 D. Herzog, « La libération sexuelle des femmes : avortement, églises, handicap », in A. Giami et G. Hekma (dir.), op. cit., p. 61-86.

66 D. Paternotte « Homosexualité, pédophilie, militantisme gay et lesbien », in A. Giami et G. Hekma (dir.), op. cit., p. 87-109.

67 H. Marcuse, op. cit., p. 12.

68 J. de Dardel, op. cit.

69 G. J. Degroot, The sixties unplugged. A kaleidoscopic history of a disorderly decade, Cambridge, Harvard University Press, 2008, p. 215-221.

70 C. Wouters, op. cit.

71 M. Jaspard, op. cit., p. 118.

72 « Sexe : sous la révolution, les normes », Mouvements, 20, 2002, p. 9-14.

73 J. Van Ussel, op. cit., p. 308.

74 D. Allyn, Make love, not war. The sexual revolution, an unfettered history, Londres, Routledge, 2001, p. 28.

75 C. Didry et M. Selim, op. cit., p. 13.

76 P. Simon, « Révolution sexuelle ou individualisation de la sexualité ? Entretien avec Michel Bozon », Mouvements, 20, 2002, p. 15-22.

77 L’ouvrage de Hannah Arendt (Essai sur la révolution, Paris, Gallimard, 1967) offre une vaste réflexion sur la révolution et les limites et contradictions qu’elle comporte tandis qu’un article d’Eva Von Redecker (« Stratégie féministe et révolution. », Cahiers du genre, 56, 2014, p. 139-160) ouvre des pistes de réflexion intéressantes sur les différentes stratégies de révolution.

78 D. Paternotte, « « Mariage gay », progrès sexuel et régulation des sexualités », Revue de lInstitut de sociologie, 1-4, 2009, p. 85-103.

79 E. Fassin, « La démocratie sexuelle et le conflit des civilisations », Multitudes, 26, 2006, p. 123-131.

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Pour citer cet article

Référence papier

Aurélie Aromatario, « Révolution sexuelle. Quelle révolution pour quelles sexualités ?  »Sextant, 34 | 2017, 99-110.

Référence électronique

Aurélie Aromatario, « Révolution sexuelle. Quelle révolution pour quelles sexualités ?  »Sextant [En ligne], 34 | 2017, mis en ligne le 02 mai 2017, consulté le 07 février 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/sextant/540 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/sextant.540

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Auteur

Aurélie Aromatario

Après un master en sociologie obtenu à l’Université libre de Bruxelles (ulb) qui lui a permis d’aborder des questions liées au genre, à la sexualité ou encore au féminisme et aux mouvements sociaux, Aurélie Aromatario est assistante chargée d’exercices à l’ulb et contribue à une recherche sur l’adoption au sein de familles hétéro-, mono- et homoparentales en Fédération Wallonie-Bruxelles. Disposant d’une expérience professionnelle dans le secteur associatif féministe, elle est aussi titulaire d’une licence en langues et littératures romanes et d’un diplôme en gestion culturelle.

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