Les identités de genre en guerre
Résumés
Cet article se concentre sur les premières interrogations, nées dans les années 1960-1970, sur les relations de genre dans la guerre. Bien avant l’usage même du concept de « genre », l’histoire des femmes a posé d’emblée un regard sur la place des femmes dans les grands conflits du XXe siècle et l’une des questions essentielles, toujours revisitée, est celle de savoir si le bouleversement social entraîné par les conflits s’est révélé favorable ou non à leur émancipation. A la première interprétation, relativement optimiste, succède l’idée que la guerre ne constitue somme toute qu’une parenthèse, que les sociétés cherchent à refermer rapidement, la paix revenue. Guerre émancipatrice ? Guerre conservatrice ? Aujourd’hui ces deux options semblent trop radicales et exigent des nuances. Par le biais de l’histoire culturelle et de ses liens étroits avec la littérature − témoignages, journaux intimes, autobiographies, mais aussi littérature de fiction − les recherches proposent désormais une vision bisexuée des moments de guerre, nettement plus complexe.
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Mots-clés :
identité de genre, guerre, relations de genre, XXe siècle, émancipation, femmes, féminismePlan
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- 1 Capdevila, L., Rouquet, F., Virgili, F., et Voldman, D., Sexes, genre et guerres (France, 1914-1945 (...)
« La guerre, haut lieu de la différence sexuelle, aurait-elle bouleversé l’ordre social ? »1
1Les premières interrogations sur les relations de genre dans la guerre naissent dès les années 1960-1970. Bien avant l’usage même du concept de « genre », l’histoire des femmes a posé d’emblée un regard sur la place des femmes dans les grands conflits du XXe siècle et l’une des questions essentielles, toujours revisitée, est celle de savoir si le bouleversement social entraîné par les conflits s’est révélé favorable ou non à leur émancipation. A la première interprétation, relativement optimiste, succède l’idée que la guerre ne constitue somme toute qu’une parenthèse, que les sociétés cherchent à refermer rapidement, la paix revenue. Guerre émancipatrice ? Guerre conservatrice ? Aujourd’hui ces deux options semblent trop radicales et exigent des nuances. Par le biais de l’histoire culturelle et de ses liens étroits avec la littérature − témoignages, journaux intimes, autobiographies mais aussi littérature de fiction − les recherches proposent désormais une vision bisexuée des moments de guerre, nettement plus complexe.
L’exemple de la France en guerre
2En France, de 1914 à 1945, la guerre a révélé les femmes et les hommes sous un autre jour. Leurs représentations de la virilité et de la féminité se sont modifiées à mesure que les états-majors, comme les pouvoirs publics, soucieux de les mobiliser, de les enrôler, de les surveiller, faisaient du sexe une affaire d’Etat. A quel point l’impact de ces événements a-t-il amorcé la transformation des identités féminine et masculine ?
- 2 L. Capdevila, professeur d’histoire contemporaine à l’université Rennes 2 (CERHIO), et D. Voldman, (...)
- 3 Deux ouvrages présentent l’ensemble de leurs résultats : Hommes et femmes dans la France en guerre (...)
3Parmi les équipes de recherche qui se sont penchées sur cette question, Luc Capdevila, François Rouquet, Fabrice Virgili et Danièle Voldman2 ont mené une réflexion commune pendant plusieurs années au sein de l’Institut d’histoire du temps présent (IHTP, cnrs), avec pour objectif explicite de mesurer les évolutions intervenues d’une guerre à l’autre dans la société française, en termes d’identité de genre − notion relativement récente dans l’historiographie contemporaine3.
- 4 Parmi l’abondante historiographie qu’ont suscitée les deux guerres mondiales, les auteurs de Sexes, (...)
4Partant de l’hypothèse que les appartenances de sexe ne sont pas seulement génétiques, que les identités de genre sont socialement construites et qu’elles évoluent dans le temps et dans l’espace, les auteurs ont estimé que l’une des manières d’explorer et d’analyser le système symbolique du genre était d’étudier les situations, les rôles et les places des femmes et des hommes dans des moments de tension, de danger, des périodes de trouble profond où l’exceptionnel est rendu possible, où la désorganisation même de la société engendre le bouleversement des valeurs habituelles. Par leur caractère de masse, leurs implications dans l’espace national et le corps social, les deux guerres mondiales4 ont effectivement été génératrices de ces instants où les attitudes changent et des sentiments spécifiques naissent.
5Aussi ces chercheurs ont-ils, en premier lieu, comparé les mobilisations des femmes et des hommes dans les dispositifs civils et militaires de la nation en armes lors des deux entrées en guerre. Ils se sont ensuite tournés vers la manière dont l’Etat français a pensé et contrôlé les affaires privées du sexe. Enfin, ils ont étudié les réactions des individus face à la remise en question des assignations traditionnelles de la masculinité et de la féminité. Afin de révéler toute la richesse de leurs travaux, nous avons regroupé leurs résultats autour de trois des problématiques les plus emblématiques de cet ouvrage : un retour aux sources de l’historiographie pour une définition des identités de genre, la liberté octroyée à l’individu par les pouvoirs publics à l’égard de la collectivité et le renversement des stéréotypes enclenché par les événements guerriers.
Retour aux sources de l’historiographie des identités de genre
- 5 Joan W. Scott a formalisé, explicité et justifié l’emploi du terme gender à la fin des années 1960 (...)
- 6 Les références entre parenthèses renvoient à l’ouvrage Sexe, genre et guerre en France, op. cit.
6Pour penser la différence culturelle des sexes d’une guerre à l’autre dans la société française, ces historiens ont tout d’abord lancé une réflexion méthodologique sur la constitution historique de la notion d’identité (culturelle, économique, politique ou sexuelle) de genre. S’inspirant de la distinction posée par l’Américaine Joan W. Scott5 entre le sexe (qui relève du biologique), et le genre (lié à la culture et désignant la construction sociale des différences entre les hommes et les femmes), les auteurs précisent leur propre définition : « La définition la plus large du genre serait ce que certain-e-s auteur-e-s appellent parfois le sexe social, c’est-à-dire un ensemble de pratiques, de représentations, d’aptitudes et d’habitudes, à la fois catégorie mentale, construction symbolique et vécu social. Le sexe, donnée biologique invariante, se distinguerait ainsi facilement du genre, donnée sociale changeante » (p. 22)6.
7Mettant au jour les enjeux historiographiques, ils remarquent que les vingt dernières années du xxe siècle ont vu déferler une première vague de recherches sur les identités de genre. A l’origine liées à une histoire des luttes entre les classes entreprise dans l’intention de faire des femmes une des clés de lecture de l’Histoire, ces études ont rapidement dû s’interroger sur les liens qui se tissent entre les êtres humains, quel que soit leur sexe, afin de comprendre les rapports de pouvoir qui ont amené les oubliées de la chronique historique en position dominée. Pour ce faire, elles ont élargi leur champ d’investigation à une histoire du genre, avouant à mots couverts que masculin et féminin sont indissociables puisqu’ils forment socialement un système.
8Se gardant toutefois d’associer de manière univoque les termes « genre » et « femme », Capdevila et ses collaborateurs se sont néanmoins appuyés sur ce type d’analyse afin d’envisager la question de la répartition des rôles de l’un et l’autre sexe prévue par l’Etat dans les deux conflits mondiaux au regard de ce qui s’est réellement passé.
Individu et collectivité
- 7 Arlette Farge appelle de ses vœux une histoire de l’articulation des paroles singulières au collect (...)
9Il peut s’avérer difficile de repérer dans les sources historiques les destins individuels, masculins ou féminins. Ceux-ci se révèlent souvent sous la plume des écrivains quand la guerre prend les traits d’une aventure ou d’une quête qui constituera la trame d’un récit. Pourtant, les auteurs mettent en évidence l’écart qui s’est creusé au cours des deux guerres entre les décisions arrêtées par l’Etat concernant l’intimité des hommes et des femmes, cette intrusion de la sphère publique dans la sphère privée, d’une part et, de l’autre, la réalité vécue au cœur des conflits par chaque individu7.
- 8 Certains artistes en profitèrent pour prôner une vision de la guerre « comme seule hygiène du monde (...)
10Les pouvoirs publics ont pris des mesures similaires d’une guerre à l’autre pour surveiller la morale sexuelle8 (concernant l’adultère, la mode comme outil de séduction, la prostitution) et défendre l’utopie familiale et nataliste (au sujet des allocations familiales, de l’avortement, de la contraception, du divorce, de l’infanticide), désirant se servir du conflit comme catalyseur d’une régénération des sexes et des valeurs. Et si, d’un côté, l’Etat a été amené à définir le cadre de l’intégration féminine dans l’armée pour éviter que ne s’opère un « brouillage des genres », c’est-à-dire une perte de la féminité au profit de la masculinisation des femmes, qui hypothéquerait leur avenir en tant que femmes et mères, de l’autre, des réticences de la société civile ont retenti et n’ont fait que croître de 1914 à 1945 : femmes avides de monter au combat, hommes en proie au doute face au modèle héroïque qui leur était imposé, désirs de rejoindre l’être aimé sur le front, pulsions extraconjugales assouvies entre les murs des maisons closes, rapprochements homosexuels dans les rangs de l’armée, amours illicites avec l’ennemi(e). Ces décalages face aux modèles dominants ont amorcé une évolution quant aux identités de genre et aux rapports sociaux des sexes, une forme d’errance identitaire venant alors mettre en cause des modèles jusque-là jugés inébranlables.
Renversement des stéréotypes
- 9 Bergère, M. et Capdevila, L. (dir.), Genre et événement : du masculin et du féminin en histoire des (...)
- 10 Luc Capdevila s’est également intéressé à la question du genre et de l’événement dans l’ouvrage cit (...)
11Des circonstances exceptionnelles de la guerre sont nés des comportements originaux, révélant l’individu, et invitant hommes et femmes à une forme de mutation de leur rôle. Evénements majeurs du xxe siècle, les deux conflits mondiaux ont façonné des « générations du feu », ouvert des portes dans lesquelles chacun a pu « s’engouffrer, se découvrir, voire s’inventer »9. Ces chercheurs10 ont donc tenté de découvrir comment se forme ou se délite la reconnaissance identitaire d’une génération par rapport à l’événement qui la fonde à travers les traces qu’il a semées.
- 11 Genet, J., Les paravents, dans Œuvres complètes, Paris, Robert Laffont, 1979, vol. 5 cité par Capde (...)
- 12 Romains, J., Les hommes de bonne volonté, Paris, Robert Laffont, 1988, vol. 2, p. 330, cité dans Ib (...)
- 13 Guilloux L., Histoires de brigands, Nantes, Le Passeur/cecofop, 2002, cité dans Ibid., p. 235.
- 14 Vercel, R., Capitaine Conan, Paris, Albin Michel, 1934, cité par Ibid., p. 265.
- 15 Céline, L.-F., Voyage au bout de la nuit, Paris, Denoël et Steele, 1932, cité dans Ibid.
- 16 Giraudoux, J., La guerre de Troie n’aura pas lieu, Paris, Grasset, 1935, cité dans Ibid.
12La censure a envisagé de canaliser les pulsions sexuelles en une énergie guerrière, à la fois destructrice et régénératrice, et de veiller aux valeurs patriotiques, indispensables à la cohésion d’une nation en guerre, c’est pourquoi elle s’est donné pour mission de contrôler non seulement la presse, mais aussi les divertissements (cinéma, cirque, music-hall, théâtre). Agissant sur ces deux fronts, que ce soit sous le contrôle de l’Etat ou sous d’autres formes, elle invita les Françaises et les Français à se conformer à des modèles identitaires sensiblement différents. Mais ce que ne dit pas le discours officiel, la littérature s’en charge pour peu qu’elle soit affranchie. Ainsi des écrivains tels que Jean Genet et Jules Romains n’ont pas hésité, en leur temps, à dévoiler les passions qui se sont embrasées, que ce soit dans l’exclamation d’un lieutenant : « La guerre est une partouze du tonnerre »11, ou par la description des fantasmes masculins de surpuissance12. Certains ont soulevé l’épineuse question de la cruauté au sein des combats. Tel est le cas des Histoires de brigands13 de Louis Guilloux et des récits de guerre de Maurice Genevoix. D’autres ont osé avouer le sentiment d’inutilité qui couvait dans les rangs : « Qu’est-ce que je fous ici ? », écrivait Jean-Paul Sartre dans son carnet à la date du 20 novembre 1940. Enfin, quelques romanciers se sont essayés à mettre en récit la peur qui étreignait les combattants : alors que le capitaine Conan désigne les « lopettes » du régiment sous la plume de Roger Vercel14 et que Bardamu questionne son propre courage15, Jean Giraudoux dénonce la présence de la peur dans La guerre de Troie n’aura pas lieu16.
- 17 Capdevila, L., « L’expérience de guerre d’un combattant ordinaire. Une histoire de la souffrance et (...)
13Ecrits littéraires, correspondances privées, journaux intimes représentent autant de sources qui ont permis aux historiens de voir se dessiner un véritable vacillement des identités : « Les remaniements intellectuels et moraux induits par les temps de guerre ont été fortement ressentis. Intellectuels, artistes, simples citoyens décrivant leur vie quotidienne, lettrés ou analphabètes, beaucoup l’ont dit, chacun avec ses mots et sa culture propre ».17
- 18 Dans leur introduction, les auteurs de Sexes, genre et guerres ont précisé ce qu’ils entendaient pa (...)
14Des « angoisses croisées », ressenties aussi bien du côté des femmes que de celui des hommes, y sont décrites mêlant sentiments attendus des assignations traditionnelles et inversion des rôles : les hommes, retenus sur le front, tremblent pour leur foyer et regrettent de ne pas pouvoir assumer leur statut de père, tandis que les femmes, quoique soucieuses pour leurs proches masculins, s’occupent des travaux du quotidien en tant que chefs et soutiens de famille. Constatant le renversement des stéréotypes18, les auteurs se sont notamment penchés sur la condition des invalides, le statut des infirmières et la professionnalisation des activités féminines en temps de guerre.
15Les premiers, isolés d’un point de vue affectif et familial, s’inscrivent dans une recherche perpétuelle d’identité personnelle, familiale, professionnelle et sociale :
- 19 Guilloux, L., op. cit., p. 137 cité dans Ibid., p. 216.
« Ils m’ont rapatrié, dit-il. Par Lyon. De là ils m’ont dirigé vers Rennes où était ma femme.
Elle savait ? ...
Oui, mais quand même, ça lui a fait un coup. Elle était sur le quai, comme de juste. Quand elle a vu comment que j’étais, elle a pâli que vous auriez dit une morte. Et puis ma foi, elle a pris mon bras, et puis elle m’a dit : « Mon p’tit Louis, c’est toi quand même… » »19.
16Cette quête de soi est d’autant plus difficile à entreprendre que le nombre d’invalides de la première guerre a fini par éclipser l’existence des mutilés et des grands blessés dans l’imagerie de la deuxième, remplacés par la figure du déporté en tenue rayée.
- 20 Martin du Gard, R., Les Thibault, Paris, Gallimard (« Folio »), 1972, vol. 5, p. 196-298 cité dans (...)
17Soutenant le soldat blessé devenu dépendant de ses soins, l’infirmière est quant à elle le symbole même de l’inversion des rôles comme de la permanence des attributions patriarcales, tel que le montre l’épilogue des Thibault de Roger Martin du Gard où, une fois la grande guerre terminée, Jacques mort, Daniel amputé d’une jambe, Antoine gazé, sans espoir de rémission, les personnages féminins occupent désormais le devant de la scène : Gise et Jenny, actives infirmières ayant gagné en maturité et indépendance, sont décrites comme sûres d’elles, pleines de détermination et d’autorité, en un mot « viriles »20. Mais bien que les infirmières aient été l’une des figures emblématiques de la première guerre mondiale, leur rôle s’est banalisé au cours de la seconde.
18Rapportées à celles des prisonniers, ces images ont cependant renforcé les déplacements d’identité et concouru à une nouvelle répartition des rôles dans le monde du travail.
Pour une féminisation des armées modernes ?
19La perte des repères liée à la transgression des modèles préexistants, l’obsolescence des idéaux de comportement et des codes sociaux traditionnels, l’émotion collective patriotique comme facteur de nivellement des différences identitaires, les opportunités de la séparation des sexes ou de leur rapprochement dans des conditions inédites, la morbidité ambiante favorisant la transgression des interdits moraux du temps de paix, le développement de la technologie permettant aux hommes de s’affranchir de la force physique, la transcendance de comportements individuels due aux situations extrêmes, et le renforcement des assignations, font des deux guerres mondiales des événements uniques dans l’évolution des identités de genre qu’elles ont bouleversées, précipitées ou transcendées.
20En guise de conclusion, ces historiens nous invitent à réfléchir sur l’avenir des relations des femmes et des hommes au sein des armées modernes : « Alors que les hommes et les femmes sont sur le point d’occuper les mêmes fonctions dans les armées modernes, leurs rapports vont-ils en être fondamentalement transformés ? La fonction guerrière échappant aux prérogatives masculines est-elle un signe de nivellement des sexes et de remaniement du genre ? L’image du guerrier a encore de la force et elle restera sans doute encore largement mobilisée à des fins de propagande, de publicité ou de fiction. Le prix du sang ne serait-il désormais plus une frontière du genre ? » (p. 305).
21Des interrogations qui nous amènent à nous demander si la guerre est le seul événement susceptible d’amorcer une évolution des identités masculines et féminines, si l’armée est le milieu par excellence propice à l’assouplissement des stéréotypes et enfin, si le sang doit couler pour que soient abolies les frontières de genre. Autrement dit, Sexes, genre et guerres constitue un ouvrage-seuil par la somme des sources qu’il réunit, les questions qu’il soulève et les conclusions qu’il avance, appelant nécessairement des prolongements de type pluridisciplinaire autour des identités de genre.
Notes
1 Capdevila, L., Rouquet, F., Virgili, F., et Voldman, D., Sexes, genre et guerres (France, 1914-1945), Paris, Editions Payot & Rivages, 2010, p. 9.
2 L. Capdevila, professeur d’histoire contemporaine à l’université Rennes 2 (CERHIO), et D. Voldman, directrice de recherche au cnrs, sont les auteurs de Nos morts : les sociétés occidentales face aux tués de la guerre, Paris, Payot, 2002. F. Rouquet, maître de conférences à l’université Rennes 1 (crape), a rédigé L’épuration dans l’administration française, Paris, cnrs Editions, 1993. F. Virgili, chargé de recherche au cnrs, est notamment l’auteur de La France « virile » : des femmes tondues à la Libération, Paris, Payot & Rivages, 2004.
3 Deux ouvrages présentent l’ensemble de leurs résultats : Hommes et femmes dans la France en guerre (1914-1945), Paris, Payot, 2003, et Sexes, genre et guerres (France, 1914-1945), Paris, Payot et Rivages, 2010, qui est une version revue, corrigée et actualisée du précédent au format de poche.
4 Parmi l’abondante historiographie qu’ont suscitée les deux guerres mondiales, les auteurs de Sexes, genre et guerres citent, entre autres, les travaux pionniers de Pierre Renouvin pour la première guerre (Renouvin, P., Les formes du gouvernement de guerre, Paris, puf, 1925 ; Les origines immédiates de la guerre (18 juin-4 août 1914), Paris, Costes, 1927 ; La crise européenne et la Grande Guerre (1914-1918), Paris, puf, 1962) et ceux d’Henri Michel pour la seconde (Michel, H., La Seconde Guerre mondiale, Paris, puf, 1968-1969, 2 vol.).
5 Joan W. Scott a formalisé, explicité et justifié l’emploi du terme gender à la fin des années 1960 (Scott, J. W., Gender and the Politics of History, New York, Columbia University Press, 1988). Ce recueil comprend l’article « Gender. A useful category of historical analysis », initialement paru dans The American Historical Review, Washington, American Historical Association, décembre 1986, 5, p. 1053-1075, trois références mentionnées par L. Capdevila, F. Rouquet, F. Virgili, et D. Voldman dans Sexes, genre et guerres (France, 1914-1945), op. cit., p. 21-22.
6 Les références entre parenthèses renvoient à l’ouvrage Sexe, genre et guerre en France, op. cit.
7 Arlette Farge appelle de ses vœux une histoire de l’articulation des paroles singulières au collectif ou à des perceptions communes dans Des lieux pour l’histoire, Paris, 1997, p. 75.
8 Certains artistes en profitèrent pour prôner une vision de la guerre « comme seule hygiène du monde », partagée par Filippo Marinetti et une partie du mouvement futuriste (Marinetti, F. T., Guerra sola igiene del mondo, Milan, Edizioni futuriste di poesia, 1915, cité par Capdevila, L., Rouquet, F., Virgili, F. et Voldman, D., Sexe, genre et guerre…, op. cit., p. 113).
9 Bergère, M. et Capdevila, L. (dir.), Genre et événement : du masculin et du féminin en histoire des crises et des conflits, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2006, p. 17.
10 Luc Capdevila s’est également intéressé à la question du genre et de l’événement dans l’ouvrage cité à la note 9.
11 Genet, J., Les paravents, dans Œuvres complètes, Paris, Robert Laffont, 1979, vol. 5 cité par Capdevila, L., Rouquet, F., Virgili, F. et Voldman, D., op. cit., p. 113.
12 Romains, J., Les hommes de bonne volonté, Paris, Robert Laffont, 1988, vol. 2, p. 330, cité dans Ibid.
13 Guilloux L., Histoires de brigands, Nantes, Le Passeur/cecofop, 2002, cité dans Ibid., p. 235.
14 Vercel, R., Capitaine Conan, Paris, Albin Michel, 1934, cité par Ibid., p. 265.
15 Céline, L.-F., Voyage au bout de la nuit, Paris, Denoël et Steele, 1932, cité dans Ibid.
16 Giraudoux, J., La guerre de Troie n’aura pas lieu, Paris, Grasset, 1935, cité dans Ibid.
17 Capdevila, L., « L’expérience de guerre d’un combattant ordinaire. Une histoire de la souffrance et de la résignation à partir des sources privées (France 1914-1918) », Modern and Comtemporary France, 11/1, 2003, p. 57-67, cité dans Ibid., p. 213.
18 Dans leur introduction, les auteurs de Sexes, genre et guerres ont précisé ce qu’ils entendaient par « stéréotype » : « Le stéréotype, pris ici comme synonyme de cliché, de poncif ou d’idée reçue, est un réflexe, un mode de pensée donné tout fait, un schème de représentation rigide, supposé moulé une fois pour toute et revendiqué comme ressortant de l’évidence. Il est de l’ordre du discours et de l’entendement. Le stéréotype, tel celui proclamant que les hommes font la guerre et les femmes les enfants, se répète ou est répété sans tenir compte d’une possible évolution de l’environnement ou du fait énoncé. Pour caractériser les comportements de genre, on emploiera le mot « stéréotype » lorsqu’il s’agira de décrire les attitudes toutes faites, qui semblent majoritairement attendues de l’un ou l’autre sexe » (Ibid., p. 24).
19 Guilloux, L., op. cit., p. 137 cité dans Ibid., p. 216.
20 Martin du Gard, R., Les Thibault, Paris, Gallimard (« Folio »), 1972, vol. 5, p. 196-298 cité dans Ibid., p. 231-232.
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Référence papier
Justine Feyereisen, « Les identités de genre en guerre », Sextant, 28 | 2011, 109-115.
Référence électronique
Justine Feyereisen, « Les identités de genre en guerre », Sextant [En ligne], 28 | 2011, mis en ligne le 21 juin 2011, consulté le 07 février 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/sextant/3475 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/sextant.3475
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