María Lejárraga, attachée commerciale de la République espagnole à Berne pendant la guerre d’Espagne
Résumés
Cet article s’intéresse à l’une des figures publiques féminines les plus engagées auprès de la IIe République : María Lejárraga. Sa présence féminine, parmi les promoteurs de la cause républicaine, est emblématique du processus de politisation et d’intégration des femmes à la sphère politique qui caractérisa l’Espagne des années 1930. Elle fut nominée en octobre 1936 comme attachée commerciale de première classe de la République espagnole pour la Suisse et l’Italie.
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- 1 « sublevación era el ensayo que Hitler, secundado por Musolini, hacía de la guerra mundial » (Martí (...)
1C’est à Madrid, alors qu’elle sortait de l’Ateneo dans la nuit du 17 juillet 1936, que María Lejárraga (1874-1974) fut avertie par un ami qu’un soulèvement militaire venait de se produire au Maroc. Elle n’attacha tout d’abord que peu d’importance à cette nouvelle, ignorant, comme elle l’explique dans ses mémoires, Una mujer por caminos de España. Recuerdos de una propagandista, que ce « soulèvement était la répétition générale qu’Hitler, secondé par Mussolini, faisait de la guerre mondiale »1.
- 2 María Lejárraga – qui signe sous le nom de son mari, Martínez Sierra – est née le 28 décembre 1874 (...)
- 3 Martínez Sierra, M., op. cit., p. 138.
- 4 « por los senderos de la realidad en busca de posibilidades, de remedios o al mejor de paliativos a (...)
- 5 Sur ce sujet, voir notamment, Capel, R. M. (dir.), Cien años trabajando por la igualdad, Madrid, Fu (...)
- 6 « [la] Guerra Civil actuó como catalizador de la movilización femenina y desencadenó un reajuste en (...)
- 7 Dans ses mémoires, elle rappelle : « (...) mi padre era médico rural (...) soy hija de la clase med (...)
2Agée de soixante et un ans2, elle comptait alors parmi les figures publiques féminines les plus engagées auprès de la IIe République. Elue députée socialiste pour Grenade en novembre 1933, elle s’était distinguée, dans les années suivantes, en s’investissant énergiquement dans la campagne électorale qui devait aboutir à la victoire du Front populaire aux élections du 16 février 1936. Ce rôle de propagandiste l’avait amenée à sillonner les provinces du Nord, auprès de Dolores Ibárruri et Matilde la Torre notamment3, et avait été pour elle l’occasion de côtoyer ce peuple espagnol qu’en tant que pédagogue, elle aspirait avant tout à éduquer et à guider « sur les chemins de la réalité en quête de possibilités, de solutions ou au moins de palliatifs aux difficultés et aux injustices »4. Au-delà des renseignements que nous fournissent ces considérations sur la personnalité de María Lejárraga, il convient de remarquer à quel point cette présence féminine, parmi les promoteurs de la cause républicaine, est emblématique du processus de politisation et d’intégration des femmes à la sphère politique qui caractérisa l’Espagne des années 19305. Cette reconfiguration des relations de genre et des rôles dans la société ne tarderait pas à se renforcer dans la mesure où, comme le souligne Mary Nash, « la guerre civile servit de catalyseur à la mobilisation féminine et donna lieu à un réajustement des attitudes face à la femme et à la configuration de son rôle social »6. Dans le cas qui nous intéresse ici, soit une femme issue de la classe moyenne7 et membre de la communauté intellectuelle progressiste d’alors, cela se traduisit, en octobre 1936, par une nomination – de prime abord déroutante – comme attachée commerciale de première classe de la République espagnole pour la Suisse et l’Italie.
La nomination et le départ pour Berne
- 8 « a principios de noviembre » (Rodrigo, A., María Lejárraga. Una mujer en la sombra, Madrid, Algaba (...)
- 9 Il s’agit des chapitres XIII « Entierro de primera clase » et XIV « ¡Oh, tú Bélgica! » de ses mémoi (...)
- 10 Dans Una mujer por caminos de España, elle explique que cette réunion se tint au moment de la prise (...)
- 11 Sur cette question, voir l’introduction de M. Ángel Ochoa, dans Casanova, M., La diplomacia durante (...)
3Dans les nombreuses études consacrées à María Lejárraga, les allusions à cette nomination ne manquent pas, mais se limitent bien souvent à la mention du 17 octobre comme date de son départ pour Berne. Seule Antonina Rodrigo développe cette partie encore méconnue du parcours de l’intellectuelle pendant la guerre civile. Ainsi, dans María Lejárraga. Una mujer en la sombra, elle s’attarde davantage sur l’aventure suisse de l’intellectuelle – depuis son départ de Madrid « au début du mois de novembre »8 jusqu’à son action en faveur des enfants républicains évacués en Belgique à l’automne 1937 – sans approfondir ni exposer toutefois en quoi consistait, concrètement, ce rôle d’attachée commerciale. Plusieurs raisons peuvent être avancées pour expliquer cette approche lacunaire, à commencer par l’attitude de l’intellectuelle elle-même qui, dans ses mémoires et de façon très significative, ne livre que très peu d’informations sur ses activités à Berne. Dans les deux chapitres consacrés aux années de la guerre civile9, elle se concentre en effet sur les divers voyages qu’elle réalisa alors, à Paris notamment où, en octobre 193610, elle participa à la réunion de la Fédération syndicale internationale, puis en Belgique où elle passa six mois l’année suivante, supervisant l’accueil et la protection d’une colonie d’enfants républicains évacués et participant à plus de quarante actions publiques en faveur de la République espagnole. D’autre part, l’exemple de María Lejárraga s’avère très emblématique de la carence d’études monographiques sur la diplomatie pendant la guerre d’Espagne, un phénomène plus généralisé et longtemps dû à la dispersion et à la destruction de bon nombre d’archives suite à la défaite républicaine de 193911.
4La consultation des fonds d’archives du ministère des Affaires étrangères de Madrid (AMAE) et le retour à des sources primaires ont joué un rôle primordial dans notre entreprise car ils nous ont permis de préciser et même de faire la lumière sur divers aspects de l’action menée par l’intellectuelle, depuis Berne, en faveur du gouvernement qui l’y avait mandatée.
- 12 « Cuando el 17 de octubre de 1936, salí de mi casa de Madrid camino a Berna » (Martínez Sierra, M., (...)
- 13 « doña María Lejárraga García [como] Agregado comercial de primera clase para Suiza-Italia, con res (...)
5Le 17 octobre 1936 semble avoir été retenu comme point de départ de cette mission. Si l’intellectuelle explique dans ses mémoires qu’elle quitta alors Madrid pour Berne12, cette date correspond en fait à la date de publication dans la Gaceta de Madrid de l’ordre de nomination, sur proposition du ministre de l’Industrie et du Commerce, Anastasio de Gracia Villarrubia, de « madame María Lejárraga García [comme] attaché commercial de première classe pour la Suisse et l’Italie, en poste à Berne »13. En effet, dans un rapport remis le 10 janvier 1937 à Antonio Fabra Ribas, alors ministre plénipotentiaire de la République espagnole à Berne, elle revient sur les tout premiers instants de son mandat et établit clairement que :
- 14 « El nombramiento de Agregada Comercial para Suiza-Italia con residencia en Berna se hizo con fecha (...)
« Ma nomination en tant qu’attachée commerciale pour la Suisse et l’Italie en poste à Berne eut lieu le 16 octobre 1936. Je quittai Madrid le 19 (...) Je pris possession de mon poste le 30 octobre »14.
- 15 Dans ses mémoires, elle le présente comme un « médico eminente y uno de los más activos colaborador (...)
- 16 « a la francesa » (Ibid., p. 32).
- 17 « A pesar de mis sueños y mis romanticismos humanos y políticos, el primer título académico que obt (...)
6C’est donc trois mois et demi à peine après l’insurrection militaire, et après avoir passé quelques jours à Paris aux côtés d’Alejandro Otero15, que María Lejárraga arriva en Suisse pour y prendre ses fonctions. Si la nomination à ce poste d’une femme de lettres que beaucoup considèrent aujourd’hui comme l’une des trois principales activistes et théoriciennes du mouvement féministe espagnol du premier tiers du XXe siècle peut sembler quelque peu déconcertante, elle n’en est pas moins justifiée. Dans Una mujer por caminos de España, l’intellectuelle revient en effet longuement sur son éducation « à la française »16, auprès de sa mère autodidacte tout d’abord puis, fait exceptionnel pour une jeune fille à l’époque, au sein d’institutions telles que la Escuela Normal Central de Maestras de Primera Enseñanza entre 1891 et 1894. Animée par une vocation de pédagogue qui ne faiblira pas, elle précise cependant que « [e]n dépit de mes rêves et de mon romantisme humain et politique, le premier titre académique que j’obtins dans ma jeunesse fut celui de professeure de commerce »17.
- 18 Casanova, M., op. cit., p. 31.
- 19 « sin instrucción de ninguna clase » (AMAE, R-577, Exp. 5).
- 20 Ibid. : elle précise qu’elle reçut un premier télégramme le 11 novembre 1936 et une réponse plus ci (...)
7C’est par conséquent en toute légitimité et conformément à ses aptitudes qu’elle fut intégrée au corps diplomatique, contrairement à bon nombre de ceux à qui les autorités républicaines durent alors faire appel. A l’annonce du soulèvement militaire, la majeure partie des diplomates espagnols en poste à l’étranger avait proclamé leur adhésion à la cause républicaine. Cependant l’arrivée au pouvoir du socialiste radical Francisco Largo Caballero le 4 septembre 1936 et la formation d’un nouveau gouvernement jugé par beaucoup trop révolutionnaire furent à l’origine d’une véritable désertion qui contraignit les dirigeants républicains à pourvoir en toute hâte les postes laissés vacants. Comme l’explique María Casanova, ceux-ci furent en majorité confiés à des universitaires et à des membres de la communauté intellectuelle républicaine18 qui, forts de leur statut de protagonistes sur la scène internationale, ne se plièrent pas aisément aux ordres d’un ministère d’Etat affaibli et peu présent. Cette idée de représentants nouvellement nommés et livrés à eux-mêmes se confirme dans les divers rapports rédigés par María Lejárraga au début de l’année 1937. Ainsi, partie pour Berne « sans instruction d’aucune sorte »19, elle ne reçut de consignes de la Direction générale du commerce qu’à la mi-novembre20. Cette situation d’abandon et cette absence de communication ne semblent pas avoir déstabilisé la nouvelle attachée commerciale qui s’efforça dès les premiers instants de pallier ce manque flagrant par une série d’initiatives personnelles. Ainsi, dans un rapport du 2 janvier 1937, elle écrit :
- 21 « Aunque el día 7 de Noviembre no me había llegado instrucción ninguna, no quise tardar en presenta (...)
« Le 7 novembre, je n’avais reçu aucune instruction. Cependant, je n’ai pas voulu tarder à me présenter au Département fédéral d’économie publique (…) [J]e me suis moi-même présentée et, en même temps, j’ai soumis à Monsieur Holz, le chef de la division commerciale dudit Département fédéral d’économie, une note-projet en vue de lancer des négociations concernant la régulation du paiement des importations espagnoles en Suisse »21.
8On peut supposer que la personnalité de María Lejárraga et sa capacité d’initiative avérée jouèrent un rôle capital dans la décision prise par les dirigeants républicains de la nommer à un tel poste à responsabilités. L’internationalisation du conflit espagnol et l’agitation politique qu’il provoqua à l’échelle mondiale désignèrent en effet les membres de l’appareil diplomatique républicain comme de nouveaux protagonistes et, comme nous le verrons par la suite, le fait de désigner une femme ne fut alors nullement anodin. Pour María Lejárraga toutefois, cette nomination ne fut que le point culminant d’un engagement en faveur de la cause républicaine, la concrétisation de l’importance croissante qu’elle avait acquise sur la scène publique. Si, dans le domaine littéraire, elle n’avait signé de son nom qu’une seule œuvre en 1899 avant d’opter pour un anonymat volontaire au profit de Gregorio Martínez Sierra qu’elle épousa en 1900, la politique fut pour elle un espace de prise de position publique et d’affirmation de soi. Amenée à occuper le devant de la scène publique, elle avait déjà donné de nombreuses preuves de sa fidélité à la cause républicaine et de son désir de s’impliquer dans la lutte pour les idéaux qui s’y rattachaient.
9Comment interpréter alors la réaction de l’intellectuelle face à l’annonce de cette nomination qui l’éloignerait définitivement de l’Espagne ?
10Dans Una mujer por caminos de España, la nature de ses sentiments ne fait en effet aucun doute :
- 22 « yo acogí con gozo el nombramiento que me permitía salir de la patria cuyo clima se había hecho pa (...)
« J’accueillis avec joie cette nomination qui me permettait de quitter une patrie dont l’atmosphère m’était devenue irrespirable »22.
- 23 « España de las paradojas » (Ibid., p. 42).
- 24 « al espectáculo del sufrimiento ajeno » (Ibid., p. 142).
- 25 « « no intervención », curioso invento de la política internacional » (Ibid., p. 143).
- 26 Ibid.
11L’idée de vivre la guerre à distance, d’être arrachée de façon précoce à cette « Espagne des paradoxes »23 pour laquelle elle avait si ardemment œuvré ne suscite aucune lamentation, aucune peine. Bien au contraire. Ses mots ne reflètent que la joie et le soulagement, deux sentiments qui ne sauraient cependant remettre en cause la sincérité de son engagement et de son amour envers la République. Il nous faut comprendre en effet que la cruauté de la guerre lui était alors déjà devenue intolérable et que la possibilité de poursuivre son action, sans avoir à supporter le poids d’une réalité dont elle avait été le témoin direct, fut pour elle une véritable libération. Nommée par le Parti socialiste comme membre d’une commission chargée de l’indemnisation des soldats blessés au front, elle avait été confrontée, dès le début des combats, « au spectacle de la souffrance d’autrui »24 qu’elle associe dans son œuvre à l’insuffisance des moyens défensifs côté républicain et plus généralement à la « « non-intervention », curieuse invention de la politique internationale »25. Après les hôpitaux et les blessés, ce serait donc au niveau des relations internationales que María Lejárraga – qui n’hésite pas à se qualifier de « lâche »26 dans ses mémoires – œuvrerait à la résolution de problèmes et de difficultés bien spécifiques car dus à la guerre.
L’action menée depuis la Suisse en faveur de la République
- 27 « Al tomar posesión de mi cargo, encontré rota toda relación comercial entre España y Suiza » (AMAE (...)
12Dans son rapport du 2 janvier 1937, María Lejárraga expose clairement l’état dans lequel se trouvait le service commercial de la Légation espagnole de Berne lorsqu’elle avait pris ses fonctions deux mois plus tôt : « Quand je pris possession de ma charge, l’Espagne et la Suisse avaient rompu toute relation commerciale »27.
- 28 Dans ce même rapport, María Lejárraga explique qu’à son arrivée, elle trouva des documents épars ay (...)
- 29 « A este fin estimo particularmente favorable la circunstancia de encontrarse por el momento vacant (...)
- 30 « Debo decir que en los primeros momentos, cuando la plantilla de esta Legación todavía incompleta, (...)
13Hormis les démarches entreprises entre le 2 juin et le 2 juillet 1936 par une délégation espagnole dans le but d’établir un accord entre les deux pays28, les activités commerciales étaient alors inexistantes, une situation rendue plus compliquée encore par les circonstances exceptionnelles de la guerre. Toutefois, comme elle le répète en diverses occasions dans ses rapports, c’est sans perdre un instant et avec zèle qu’elle s’attela à une tâche, certes nouvelle pour elle mais dont elle assumerait bientôt les multiples facettes. Une dépêche d’Antonio Fabra Ribas, datée du 7 juin 1937, vient corroborer cette vision d’une attachée commerciale pleinement investie dans sa mission. Après avoir rappelé la réorganisation du service qui avait eu lieu au mois d’août 1936, il salue en ces termes l’action de celle qui n’occupait alors plus la fonction d’attaché commercial29 : « Je dois dire que dans les premiers temps, quand les besoins en personnel de cette Légation (...) étaient à peine couverts, les services de madame María Lejárraga, attaché commercial, (...) me furent extrêmement utiles »30.
14A la lecture des cinq rapports qu’elle rédigea entre le 2 janvier et le 18 mars 1937, force nous est de constater que l’intellectuelle fut, au cours de ces mois passés à Berne, un véritable émissaire de la République. A l’image de l’ensemble des représentants diplomatiques républicains en poste à l’étranger entre 1936 et 1939, elle fut amenée à dépasser le cadre strict de son domaine d’action officielle, en l’occurrence le commerce. Ainsi, outre les détails des démarches entreprises dès le mois de novembre 1936 et qui aboutirent à la signature d’un accord partiel entre l’Espagne et la Suisse le 15 février 1937, elle aborde dans ses rapports des thèmes variés mais qui sont tous en étroite relation avec la défense de la République.
15Dans son rapport du 9 janvier, elle évoque ainsi les motifs profonds des réticences de la Suisse à envisager la reprise des relations commerciales avec l’Espagne en guerre. Informatrice à distance, elle décrypte alors pour les dirigeants républicains l’attitude de ses interlocuteurs qui, en dépit d’une courtoisie de façade, ne parviennent pas à dissimuler leur sympathie pour les rebelles. Elle rappelle ainsi que, sous couvert d’une neutralité officielle,
- 31 « No hay que olvidar que este Gobierno no es precisamente gran partidario nuestro y tiene, sin pode (...)
« Il ne faut pas oublier que ce Gouvernement ne nous est pas particulièrement favorable et que, sans pouvoir en faire état, il n’accorde que peu de foi à notre sérieux et à notre esprit constructif. Il faut le détromper rapidement. Dès qu’ils verront quelque chose arriver, ils commenceront à croire en nous malgré la couleur de notre drapeau, qui les préoccupe un peu »31.
- 32 « En las circunstancias actuales (...), la supresión de la Cámara de Comercio podría servir para de (...)
16Cette interrelation entre la politique et le commerce s’avère omniprésente dans des rapports que María Lejárraga conçoit davantage comme des photographies des sentiments de la Suisse à l’égard de la République. Dans son rapport du 20 février sur la Chambre de commerce espagnole en Suisse, elle expose la situation désastreuse dans laquelle se trouve l’organisme créé en 1915, mais insiste aussi sur les effets tout aussi désastreux qu’entraînerait une suppression. Au-delà de la crainte d’un gel des relations commerciales entre les deux pays, elle souligne la portée politique d’une telle dissolution : « Dans les circonstances actuelles (...), la suppression de la Chambre de commerce pourrait servir au développement d’une campagne de presse contre [la] situation politique et économique [de l’Espagne] puisqu’en général la presse suisse nous est franchement hostile »32.
- 33 « un centro más o menos bolchevique » (Ibid.).
17Forte de son expérience de journaliste, l’intellectuelle ne pouvait qu’être consciente des méfaits de la campagne antirépublicaine orchestrée par l’ensemble de la presse conservatrice européenne depuis le début de la guerre. A la mi-mars 1937, de retour d’un bref séjour en Belgique où elle avait pu s’entretenir avec le consul de la République au sujet de la Chambre de commerce espagnole de Genève, elle évoque même une campagne de terreur et la juge responsable de la désertion des divers membres d’une Chambre alors assimilée à « un centre plus ou moins bolchevique »33.
- 34 AMAE, R-584, Exp. 6.
- 35 « por lo menos siete o siquiera cinco comerciantes españoles realmente adictos al régimen » (AMAE, (...)
18A cette fonction d’informatrice vint s’ajouter celle de décisionnaire ou du moins de protagoniste de la reconstitution d’une partie de l’appareil diplomatique républicain. Sa connaissance des lieux et des nécessités liées à la guerre l’amena en effet en diverses occasions à aiguiller les responsables républicains dans la désignation des nouveaux représentants. Dans un télégramme du 5 novembre 1936, elle stipule qu’il est indispensable que les futurs auxiliaires maîtrisent parfaitement l’allemand34. De la même façon, le 18 mars 1937, elle suggère de dissoudre la Junta dirigeante de la Chambre de commerce de Genève, alors composée en grande majorité de commerçants espagnols fascistes, et de procéder à l’établissement d’une nouvelle Junta constituée cette fois d’« au moins sept ou même cinq commerçants réellement fidèles au régime »35.
- 36 Delaunay, J.-M., « Femmes diplomates de l’Espagne et du Mexique », dans Delaunay, J.-M. et Denéchèr (...)
- 37 Militante féministe dans les années 1920, Isabel Oyárzabal de Palencia s’engagea activement dans la (...)
- 38 Delaunay, J.-M., op. cit., p. 100.
19Sans jamais perdre de vue la mission qui lui avait été confiée, María Lejárraga ne cessa donc d’œuvrer en faveur de la République espagnole qui, en la nommant à Berne, avait fait d’elle l’une de ses rares ambassadrices officielles à l’étranger. Comme le souligne Jean-Marc Delaunay, l’apparition des femmes dans l’appareil diplomatique espagnol ne date en effet que des années 1920 et constitue « l’un des exemples de la grande mutation du XXe siècle (...) l’intégration des femmes dans le monde complexe du travail – privé et public – avec, en prime d’enracinement, leur accès à des fonctions méritées et non plus héritées »36. Nouvelles venues dans le domaine des relations internationales, des femmes telles que María Lejárraga ou Isabel Oyárzabal de Palencia (1878-1974)37 faisaient par conséquent figure de pionnières. Il est intéressant de remarquer les similitudes existant entre ces deux figures publiques républicaines qui, après s’être distinguées par leur lutte en faveur de la reconnaissance des droits des femmes, avaient évolué vers la sphère politique. La guerre d’Espagne allait leur donner, comme à « quelques très rares femmes républicaines, devenues députés ou militantes antifascistes »38, la possibilité d’accéder à un domaine traditionnellement réservé aux hommes et bien éloigné de la sphère domestique à laquelle les femmes espagnoles s’étaient longtemps vues cantonnées. Toutefois, cette visibilité et cette transgression de l’ordre social établi, nées avec la IIe République et transcendées par la guerre, ne seraient que provisoires et disparaîtraient définitivement avec la défaite républicaine en 1939.
- 39 AMAE, R-577, Exp. 5.
- 40 Dans un communiqué du 10 mai 1937, Antonio Fabra Ribas rappelle que « María Martínez Sierra (...) h (...)
- 41 « colección de ilustres fugitivos » (Azaña, M., Obras Completas. Vol IV « Memorias políticas y de G (...)
20Dans le cas de María Lejárraga, cette entrée dans le monde des relations interétatiques fut avant tout synonyme d’affirmation. Affirmation de soi tout d’abord comme le prouve ce « María Lejárraga » apposé à la main au bas de tous les rapports rédigés à Berne et qu’il nous faut entendre non comme la simple résultante de la séparation de l’intellectuelle d’avec Gregorio Martínez Sierra en 1922 mais davantage comme le signe d’une revendication identitaire. Affirmation de son soutien inconditionnel à la cause républicaine ensuite comme le prouvent, dans ses rapports39, les multiples allusions à « notre triomphe », son souci permanent de préserver le « prestige » de la République ou encore de rappeler combien elle s’était appliquée, dès les premiers instants, à remplir sa mission et à aider le plus efficacement possible la Légation40. Au soulagement éprouvé à l’annonce de sa nomination à Berne avait donc succédé une volonté constante d’être utile à la cause républicaine, démentant par là même l’idée d’Indalecio Prieto selon laquelle les ambassadeurs et autres ministres plénipotentiaires de la République n’étaient en définitive qu’une « collection d’illustres fugitifs »41.
Entre littérature et politique : continuité et permanence dans la trajectoire de María Lejárraga
21La trajectoire de María Lejárraga, en dépit des divers domaines dans lesquels elle a évolué, se caractérise par la continuité. En effet, l’action qu’elle mena depuis Berne et, plus encore, la façon dont elle en fait état dans ses divers rapports, s’avèrent emblématiques de ses préoccupations politiques et sociales les plus sincères. On trouve ainsi de multiples traces de ses combats antérieurs et notamment de sa lutte pour l’instruction. Dans Una mujer por caminos de España, elle revient sur ses débuts en tant que propagandiste, une fonction qui comblait ses aspirations les plus profondes :
- 42 « Tengo, puedo afirmar, casi de nacimiento, vocación de propagandista, quiero decir que me gusta ap (...)
« J’ai, je peux l’affirmer, presque depuis ma naissance, une vocation de propagandiste, dans le sens où j’aime passionnément apprendre et que dès que j’ai réussi à savoir quelque chose, mon désir de communiquer ce que je sais à ceux qui l’ignorent ne me laisse pas vivre en paix »42.
22Précoce et dévorante, cette vocation avait joué un rôle déterminant dans la trajectoire de l’intellectuelle qui s’était très vite attachée, comme nous l’avons vu, à éveiller politiquement les consciences de ses compatriotes, s’adressant en priorité aux femmes et aux classes populaires. Avec la guerre d’Espagne, cette volonté de transmettre fut reléguée au second plan mais ne disparut pas pour autant de la vie de María Lejárraga. Ainsi, dans le rapport qu’elle rédigea le 18 mars 1937, au sujet de la Chambre de Commerce de Genève, elle ne manque pas de dénoncer le manque d’instruction des membres, pour la plupart « fascistes », de la Junta dirigeante :
- 43 « Son gente sin educación política de ninguna clase, algunos carecen hasta de la cultura elemental (...)
« Ce sont des personnes sans éducation politique d’aucune sorte, certains manquent même de la culture la plus élémentaire : ils ne voient que les affaires »43.
- 44 « Un día escribí 1+1+1+1 : ésta es la fórmula de mi socialismo. Uno más uno, más uno, más uno, más (...)
23Le manque d’ouverture d’esprit et l’appât du gain ne sont ici que la partie émergée d’une critique qui fait écho à l’idée, chère aux intellectuels antifascistes ayant pris part à la guerre d’Espagne, d’un fascisme ennemi de l’intelligence et par conséquent de la civilisation. Animée par une conception toute personnelle du socialisme44, María Lejárraga place l’individu au centre de ses préoccupations et de ses démarches, une attitude atypique dans le domaine du commerce international. Dans son rapport du 2 janvier 1937 par exemple, elle revient sur la rencontre organisée le 7 décembre 1936 avec vingt-quatre représentants de maisons créancières suisses dont les fonds se trouvaient alors bloqués en Espagne. Cette initiative ne faisait selon elle que répondre à la demande des créanciers mais fut jugée par trop démocratique par des autorités suisses désireuses de ne traiter qu’avec elle.
- 45 « espectadora del vivir ajeno » (Ibid., p. 163).
- 46 « Este libro no es una autobiografía ni siquiera parcial (...) es un breve recuento de impresiones (...)
24Ce fait s’avère exemplaire de l’attitude de celle qui se définit comme une « spectatrice de la vie d’autrui »45 et souligne l’importance des années 1931-1938 dans sa trajectoire. Dans Una mujer por caminos de España, œuvre qu’elle refuse catégoriquement de définir comme une autobiographie46, elle explique en effet que c’est à cette époque que
- 47 « El cambio de postura de mi patria (...) me impulsó a desviar la corriente de mi existencia indivi (...)
« Le changement de position de ma patrie (...) me poussa à dévier le courant de mon existence individuelle et à l’insérer intégralement et volontairement dans le flot de nos malheurs »47.
25Ce désintérêt pour la reconnaissance et cette insistance à présenter son existence de figure publique comme une vie vécue pour les autres peuvent expliquer en partie le peu de cas fait jusqu’à présent des activités de María Lejárraga à Berne entre son arrivée en octobre 1936 et son départ pour la Belgique en 1937. Ce statut de figure républicaine publique allait la désigner comme une cible tout indiquée de la répression antirépublicaine dont l’intensité redoublerait dans les premières années du régime franquiste. Il convient de rappeler que, comme l’ensemble des membres de la communauté intellectuelle espagnole antifasciste ayant pris fait et cause pour la République pendant la guerre, elle paya un lourd tribut à la cause républicaine. Celui-ci se traduisit dans son cas par un exil précoce. En 1938, elle se réfugia en effet à Cagnes-sur-mer, dans le sud de la France, où elle possédait une maison depuis la fin des années vingt. Elle y demeura avant de gagner les Etats-Unis, le Mexique et enfin l’Argentine où elle mourut en 1974.
- 48 « testimonio colectivo » (Mangini, S., Recuerdos de la resistencia. La voz de las mujeres de la Gue (...)
- 49 La communiste Constancia de la Mora (1906-1950), petite-fille du conservateur Antonio Maura, épouse (...)
26L’exil s’accompagna pour elle d’un retour à la création littéraire dont elle s’était détournée au début des années trente pour se consacrer à la politique. Cette évolution s’avère très emblématique de celle de l’ensemble des intellectuelles antifascistes espagnoles, ce collectif de femmes s’étant dans un premier temps distinguées à travers la création littéraire avant de se tourner, avec plus ou moins d’intensité, vers des préoccupations plus sociales et politiques pour finalement revenir à la création, suite à l’écroulement de l’idéal républicain qui les avait un temps bercées. Convertie en espace de refuge, la création devint alors pour nombre d’entre elles un vecteur de prolongement, à travers la remémoration ou la transfiguration littéraire, des expériences passées. Dans le cas de María Lejárraga, ce retour à la création prit une forme pour le moins paradoxale et se traduisit par une réaffirmation identitaire bien spécifique. Suite à la mort de Gregorio Martínez Sierra, en 1947, elle commença en effet à publier sous son propre nom et demanda à être reconnue comme l’auteur des œuvres parues sous le nom de son époux. Beaucoup attribuent cette démarche à des motivations d’ordre essentiellement financier, ce que semble corroborer l’attitude de l’intellectuelle dans ses mémoires. Selon Shirley Mangini cependant, celles-ci sont davantage politiques que personnelles et à travers elles, l’intellectuelle tend avant tout à permettre l’affirmation d’une voix bien spécifique, celle du « témoignage collectif »48. Tout comme dans ses diverses entreprises antérieures, María Lejárraga ne s’y pose pas en protagoniste mais adopte une position plus complexe d’interprète des problèmes – sociaux, politiques, etc. – de son temps. Membre d’une communauté féminine qui était sortie doublement vaincue de la guerre d’Espagne, elle ne peut toutefois éviter de se voir promue au rang de témoin privilégié, de porte-parole, tout comme le furent dans ces mêmes années les deux autres intellectuelles ayant intégré pendant le conflit l’appareil d’Etat républicain : Isabel Oyárzabal de Palencia et Constancia de la Mora49. Elles furent en effet les premières à publier leurs mémoires, plusieurs décennies avant la plupart de leurs homologues et à la demande d’éditeurs étrangers. L’œuvre de Constancia de la Mora, In place of Splendor : the autobiography of a Spanish woman, fut publiée aux Etats-Unis en 1939, soit un an avant la parution de l’autobiographie d’Isabel Oyárzabal de Palencia, I must have liberty. C’est également en 1939 que María Lejárraga entama, à la demande d’un éditeur new-yorkais, la rédaction de Una mujer por caminos de España. L’œuvre sera finalement publiée chez Losada (Buenos Aires) en 1952. Comme le souligne Josebe Martínez,
- 50 « España y la causa española ocupaban por la primera vez en la era moderna el intéres de todas las (...)
« [l]’Espagne et la cause espagnole suscitaient, pour la première fois dans l’ère moderne, l’intérêt de toutes les nations, surtout de celles qui, dans les années trente, avaient vu se développer [en leur sein] des courants libéraux »50.
27Pour avoir résisté et s’être opposée à l’avancée du fascisme européen, l’Espagne fut alors érigée en modèle de dignité et d’héroïsme et c’est précisément aux rares Républicaines ayant officiellement intégré les rangs de l’appareil d’Etat républicain qu’il incomba de rendre compte de cette lutte. La publication précoce de leurs œuvres, si elle eut pour effet de contribuer à la popularisation de la cause espagnole dans les années qui suivirent la fin de la guerre d’Espagne, ne leur permit toutefois pas d’échapper à l’oubli dans lequel elles ne tardèrent pas à tomber. Emblème de cette communauté de femmes s’étant énergiquement mobilisées en faveur de la cause républicaine entre 1936 et 1939, María Lejárraga ne fit pas exception à la règle. Le temps est maintenant venu d’œuvrer à la redécouverte de cette personnalité aux multiples facettes qui mérite d’être envisagée dans sa dimension la plus engagée.
Notes
1 « sublevación era el ensayo que Hitler, secundado por Musolini, hacía de la guerra mundial » (Martínez Sierra, M., Una mujer por caminos de España. Recuerdos de una propagandista, Buenos Aires, Losada, 1952, p. 142). La traduction est de nous.
2 María Lejárraga – qui signe sous le nom de son mari, Martínez Sierra – est née le 28 décembre 1874 à San Millán de la Cogolla, dans la province de la Rioja.
3 Martínez Sierra, M., op. cit., p. 138.
4 « por los senderos de la realidad en busca de posibilidades, de remedios o al mejor de paliativos a las dificultades y a las injusticias » (Ibid., p. 139).
5 Sur ce sujet, voir notamment, Capel, R. M. (dir.), Cien años trabajando por la igualdad, Madrid, Fundación Francisco Largo Caballero, 2008 ; Aguado, A.a, Ramos, M. D., La modernización de España (1917-1939), Madrid, Síntesis, 2002.
6 « [la] Guerra Civil actuó como catalizador de la movilización femenina y desencadenó un reajuste en las posiciones frente a la mujer y la configuración de su papel social » (Nash, M., « Republicanas en la Guerra Civil : el compromiso antifascista », dans Morant, I. (dir.), Historia de las mujeres en España y América latina, IV, « Del siglo XX a los umbrales del XXI », Madrid, Cátedra, 2008, p. 125).
7 Dans ses mémoires, elle rappelle : « (...) mi padre era médico rural (...) soy hija de la clase media » (Martínez Sierra, M., op. cit., p. 32).
8 « a principios de noviembre » (Rodrigo, A., María Lejárraga. Una mujer en la sombra, Madrid, Algaba, 2005, p. 309).
9 Il s’agit des chapitres XIII « Entierro de primera clase » et XIV « ¡Oh, tú Bélgica! » de ses mémoires.
10 Dans Una mujer por caminos de España, elle explique que cette réunion se tint au moment de la prise par les rebelles de Navalcarnero (Martínez Sierra, M., op. cit., p. 143). Cet épisode de la guerre d’Espagne eut lieu le 21 octobre 1936.
11 Sur cette question, voir l’introduction de M. Ángel Ochoa, dans Casanova, M., La diplomacia durante la guerra civil, Madrid, Ministerio de Asuntos Exteriores, 1996.
12 « Cuando el 17 de octubre de 1936, salí de mi casa de Madrid camino a Berna » (Martínez Sierra, M., op. cit., p. 141).
13 « doña María Lejárraga García [como] Agregado comercial de primera clase para Suiza-Italia, con residencia en Berna » (Gaceta de Madrid, p. 373 du 17 octobre 1936).
14 « El nombramiento de Agregada Comercial para Suiza-Italia con residencia en Berna se hizo con fecha 16 de Octubre de 1936. Salí de Madrid el 19 (...) Tomé posesion de mi cargo el día 30 de Octubre » (AMAEC, R-577, Exp 5).
15 Dans ses mémoires, elle le présente comme un « médico eminente y uno de los más activos colaboradores de Fernando de los Ríos en la tarea de enseñar al proletariado granadino en qué consiste el socialismo » (Martínez Sierra, M., op. cit., p. 143).
16 « a la francesa » (Ibid., p. 32).
17 « A pesar de mis sueños y mis romanticismos humanos y políticos, el primer título académico que obtuve en mi juventud fue el de Profesora de Comercio » (Ibid., p. 141, note de bas de page).
18 Casanova, M., op. cit., p. 31.
19 « sin instrucción de ninguna clase » (AMAE, R-577, Exp. 5).
20 Ibid. : elle précise qu’elle reçut un premier télégramme le 11 novembre 1936 et une réponse plus circonstanciée le 17 novembre.
21 « Aunque el día 7 de Noviembre no me había llegado instrucción ninguna, no quise tardar en presentarme al Departamento Federal de Economía pública (…) [H]ice mi propia presentación y al mismo tiempo sometí al Señor Holz, Jefe de la División Comercial de dicho Departamento Federal de Economía, una nota-proyecto para la iniciación de negociaciones con el fin de regular el pago de la importación española a Suiza » (AMAE, R-577, Exp. 5).
22 « yo acogí con gozo el nombramiento que me permitía salir de la patria cuyo clima se había hecho para mí irrespirable » (Martínez Sierra, Maria, op. cit., p. 142).
23 « España de las paradojas » (Ibid., p. 42).
24 « al espectáculo del sufrimiento ajeno » (Ibid., p. 142).
25 « « no intervención », curioso invento de la política internacional » (Ibid., p. 143).
26 Ibid.
27 « Al tomar posesión de mi cargo, encontré rota toda relación comercial entre España y Suiza » (AMAE, R-577, Exp. 5).
28 Dans ce même rapport, María Lejárraga explique qu’à son arrivée, elle trouva des documents épars ayant appartenu à son prédécesseur Luciano Albo. Il y était fait allusion aux démarches entreprises par une délégation espagnole en vue d’établir un accord commercial et de paiements avec la Suisse.
29 « A este fin estimo particularmente favorable la circunstancia de encontrarse por el momento vacante el puesto de Agregado Comercial » (AMAE, R-578, Exp. 2).
30 « Debo decir que en los primeros momentos, cuando la plantilla de esta Legación todavía incompleta, estaba apenas cubierta, los servicios de Doña María Lejárraga, Agregado Comercial (...) me fueron sumamente útiles » (Ibid.).
31 « No hay que olvidar que este Gobierno no es precisamente gran partidario nuestro y tiene, sin poderlo mencionar, poca fe en nuestra seriedad y en nuestro espíritu constructivo. Hay que desengañarle rápidamente. En cuanto vean que llega algo, empezarán a creer en nosotros a pesar del color de nuestra bandera, que les preocupa un poco » (AMAE, R-577, Exp. 5).
32 « En las circunstancias actuales (...), la supresión de la Cámara de Comercio podría servir para desarrollar una campaña periodística contra su situación política y económica, ya que, en general, la prensa suiza nos es francamente hostil » (Ibid.).
33 « un centro más o menos bolchevique » (Ibid.).
34 AMAE, R-584, Exp. 6.
35 « por lo menos siete o siquiera cinco comerciantes españoles realmente adictos al régimen » (AMAE, R-577, Exp. 5).
36 Delaunay, J.-M., « Femmes diplomates de l’Espagne et du Mexique », dans Delaunay, J.-M. et Denéchère, Y. (éd.), Femmes et relations internationales au XXe siècle, Paris, Presses Sorbonne Nouvelle, 2006, p. 99.
37 Militante féministe dans les années 1920, Isabel Oyárzabal de Palencia s’engagea activement dans la lutte en faveur de la République pendant la guerre d’Espagne. En octobre 1936, elle fut nommée ministre plénipotentiaire de la République à Stockholm.
38 Delaunay, J.-M., op. cit., p. 100.
39 AMAE, R-577, Exp. 5.
40 Dans un communiqué du 10 mai 1937, Antonio Fabra Ribas rappelle que « María Martínez Sierra (...) ha cumplido todo momento su deber y ayudó muy eficazmente esta legación repetidas ocasiones en que habido exceso trabajo y falta de personal » (AMAE, R-588, Exp. 7).
41 « colección de ilustres fugitivos » (Azaña, M., Obras Completas. Vol IV « Memorias políticas y de Guerra », Mexico, Oasis, 1968, p. 639).
42 « Tengo, puedo afirmar, casi de nacimiento, vocación de propagandista, quiero decir que me gusta apasionadamente aprender y que en cuanto he logrado saber algo, no me deja vivir tranquila mi deseo de comunicar lo que sé a los que ignoran » (Martínez Sierra, M., op. cit., p. 31).
43 « Son gente sin educación política de ninguna clase, algunos carecen hasta de la cultura elemental : no ven más que el negocio » (AMAE, R-577, Exp. 5).
44 « Un día escribí 1+1+1+1 : ésta es la fórmula de mi socialismo. Uno más uno, más uno, más uno, más uno… Un individuo más otro, más otro » (Martínez Sierra, M., op. cit., p. 26).
45 « espectadora del vivir ajeno » (Ibid., p. 163).
46 « Este libro no es una autobiografía ni siquiera parcial (...) es un breve recuento de impresiones casi meramente pictóricas » (Ibid., p. 162).
47 « El cambio de postura de mi patria (...) me impulsó a desviar la corriente de mi existencia individual y a insertarla total y voluntariamente en el torrente de nuestras desdichas » (Ibid.).
48 « testimonio colectivo » (Mangini, S., Recuerdos de la resistencia. La voz de las mujeres de la Guerra Civil Española, Barcelona, Ediciones Península, 1997, p. 73).
49 La communiste Constancia de la Mora (1906-1950), petite-fille du conservateur Antonio Maura, épouse du général de l’aviation républicaine Ignacio Hidalgo de Cisneros, joua elle aussi un rôle de pionnière dans la lutte pour les droits des femmes dans les années vingt. Pendant la guerre d’Espagne, elle fut nommée responsable de la censure de la presse étrangère.
50 « España y la causa española ocupaban por la primera vez en la era moderna el intéres de todas las naciones, especialmente de aquellas que, en la década de los años treinta, contaban con crecientes corrientes liberales » (Martínez, J., Exiliadas. Escritoras, Guerra Civil y memoria, Barcelona, Montesinos, 2007, p. 126).
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Référence papier
Allison Taillot, « María Lejárraga, attachée commerciale de la République espagnole à Berne pendant la guerre d’Espagne », Sextant, 28 | 2011, 85-95.
Référence électronique
Allison Taillot, « María Lejárraga, attachée commerciale de la République espagnole à Berne pendant la guerre d’Espagne », Sextant [En ligne], 28 | 2011, mis en ligne le 21 juin 2011, consulté le 07 février 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/sextant/3456 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/sextant.3456
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