De la corporéité de la guerre : corps de femmes et violence-spectacle dans la guerre civile espagnole
Résumés
Cet article propose une lecture du phénomène guerrier invitant à réévaluer la singularité et la signifiance de la corporéité de la guerre d’Espagne. Dans une mise en scène punitive, les corps féminins violentés sont devenus « chose publique ». Cette « violence-spectacle », fortement ritualisée, est fondée « sur l’inversion qui, au-delà du grotesque, symbolise le changement de statut [de l’ennemi(e)] » et participe de la construction et de la formulation publique des fondations du projet politique et social dit nationaliste. Circonscrire ici la réflexion à ce « moment de la violence de la guerre et dans la guerre » qu’est la « promenade des tondues » permet de montrer l’intérêt heuristique de la notion de corporéité de la guerre pour l’étude du cas espagnol. L’analyse de ce procédé de réification du corps de l’ennemie propose une réévaluation du genre dans l’archéologie de la violence de la guerre civile espagnole, qui, par la nature de son répertoire violent, est aussi une guerre totale du XXe siècle européen.
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Mots-clés :
corporéité, guerre d’Espagne, mise en scène punitive, corps féminin, violence, femme, violence-spectacle, guerre civile, femmes tonduesKeywords:
corporeality, Spanish Civil War, punitive staging, female bodies, violence, women, violence as spectacle, Civil War, shorn womenPlan
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- 1 Audoin-Rouzeau, S., « Massacres. Le corps et la guerre », dans Corbin, A., Courtine, J.-J., Vigarel (...)
« [T]oute expérience de la guerre est, avant tout, expérience du corps. A la guerre, ce sont les corps qui infligent la violence, c’est aux corps que la violence est infligée. Cette corporéité de la guerre se confond si étroitement avec le phénomène guerrier lui-même qu’il n’est pas aisé de séparer « l’histoire de la guerre » d’une anthropologie historique des expériences corporelles induites par l’activité guerrière »1.
- 2 Sémelin, J., « Introduction. Violences extrêmes : peut-on comprendre ? », Revue internationale des (...)
1Cette lecture du phénomène guerrier invite à réévaluer la singularité et la signifiance de la corporéité de la guerre d’Espagne. Guerre civile du premier XXe siècle, elle a été parcourue par une violence intense, brutale et extrême que les documents archivistiques, les récits de guerre et sur la guerre et les études historiques révèlent, parfois en creux. Les corps mutilés, les corps exécutés et abandonnés, les corps enfermés (dans les prisons et dans les camps de concentration), les corps soumis et torturés, les corps violés, les corps ensevelis par milliers (dont les exhumations aujourd’hui rappellent l’histoire) traduisent la violence de cet affrontement. L’examen historique des multiples expériences des corps en guerre permet de saisir, comme l’a souligné Jacques Sémelin, « un moment de la violence de la guerre et dans la guerre » et ainsi « d’analyser le phénomène de violence en son centre »2.
- 3 Rodrigo, J., « Retaguardia : un espacio de transformación », Ayer, « Retaguardia y cultura de guerr (...)
- 4 Ripa, Y., « Armes d’hommes contre femmes désarmées : de la dimension sexuée de la violence dans la (...)
- 5 Audoin-Rouzeau, S., Combattre : une anthropologie historique de la guerre moderne, Paris, Seuil, 20 (...)
- 6 Muñoz, J., Ledesma, J. L., Rodrigo, J. (coord.), Culturas y políticas de la violencia España siglo (...)
2Dès les premiers mois du conflit, l’exhibition du corps violenté de l’ennemi devient une pratique constitutive du répertoire de la violence exercée du côté des troupes nationalistes. « Terre de punition »3, l’arrière est touché par cette violence qui vise à l’instauration rapide de la terreur au sein des populations et à la neutralisation de la résistance. Espace de visibilité des civiles désarmées4, l’arrière constitue le lieu privilégié de la mise en scène de la dégradation des corps des « femmes ennemies » qui sont aussi – et parfois avant tout – les « femmes de l’ennemi ». Et, parce que, en temps de guerre, le corps des femmes « devient ou redevient un enjeu central de la relation ami/ennemi, et donc un enjeu important du face-à-face des combattants »5, les modalités de son agression éclairent non seulement la nature du conflit mais aussi les composants d’une culture de la violence6.
- 7 Bée, M., « Le spectacle de l’exécution dans la France d’Ancien Régime », Annales ESC, 4, juillet-ao (...)
- 8 Foucault, M., Surveiller et punir, Paris, Gallimard, 1975, p. 14.
- 9 Laborie, P., « Violence politique et imaginaire collectif : l’exemple de l’épuration », dans Bertra (...)
- 10 Cenarro Lagunas, A., « El triunfo de la reacción : fascistas y conservadores en Teruel », dans Casa (...)
- 11 Schmitt-Pantel, P., « L’âne, l’adultère et la cité », dans Le Goff, J., Schmitt, J.-C., Le charivar (...)
3Afin d’appréhender cette dimension de la violence de la guerre civile espagnole, une réévaluation ponctuelle d’une pratique longtemps considérée comme un épiphénomène offre une étude de cas exemplaire : le défilé des femmes tondues, défigurées, tatouées et déguisées. En effet, dans tous les villages espagnols, des femmes désignées comme républicaines ont été tondues puis soumises à un défilé public devant un public convié – parfois sous la contrainte – au spectacle de l’humiliation. L’expiation du mal par l’exhibition publique de ces corps douloureux7, marqués du sceau de la faute, s’inscrit totalement au cœur de « l’économie du châtiment »8 de la guerre civile. Dans une mise en scène punitive, les corps féminins violentés deviennent « chose publique »9. Cette « violence-spectacle »10, fortement ritualisée, est fondée « sur l’inversion qui, au-delà du grotesque, symbolise le changement de statut [de l’ennemi(e)] »11 et participe de la construction et de la formulation publique des fondations du projet politique et social dit nationaliste.
- 12 Rodrigo, J., « La bibliografía sobre la represión franquista : hacia el salto cualitativo », Spagna (...)
4Circonscrire ici la réflexion à ce « moment de la violence de la guerre et dans la guerre » qu’est la « promenade des tondues » permet de montrer l’intérêt heuristique de la notion de corporéité de la guerre pour l’étude du cas espagnol. L’analyse de ce procédé de réification du corps de l’ennemie propose une réévaluation du genre dans l’archéologie de la violence de la guerre civile espagnole12, qui, par la nature de son répertoire violent, est aussi une guerre totale du XXe siècle européen.
Regards sur les violences sexuées : les archives du corps
- 13 Deluermoz, Q., « Compte rendu sur le livre de Audoin-Rouzeau, Combattre : une anthropologie histori (...)
- 14 Pavone, C., Une guerre civile. Essai historique sur l’éthique de la Résistance italienne, Paris, Se (...)
- 15 Cabanes, B., Piketty, G., « Introduction », dans Cabanes, B., Piketty, G. (dir.), Retour à l’intime (...)
- 16 Rodrigo, J., op. cit., p. 19.
5« Siège du non-dit, le corps pose un redoutable problème de sources [mais] elles existent pourtant »13. Tel est le constat formulé au sujet du travail d’anthropologie historique du fait guerrier réalisé par l’historien Stéphane Audoin-Rouzeau. Cette remarque est parfaitement transposable à la question des violences corporelles du temps de la guerre civile espagnole. En effet, les militaires, les autorités politiques, les combattants, les témoins qu’ils soient étrangers ou intimes, hommes ou femmes, ont tous regardé – par le biais de multiples prismes – et décrit les corps en guerre, les corps en souffrance. Pour exemple, le récit des épreuves de la faim comme celui des bombardements montrent surtout les femmes (et leurs enfants). Ils disent les corps soumis à la situation de guerre ou les corps mis à nu devant la machine destructrice. Longtemps, l’histoire quantitative de la violence a fait de l’ombre à l’histoire des modalités de traitement des corps dans le temps de la guerre. Or, « l’importance symbolique de la violence peut n’avoir aucune corrélation linéaire avec sa quantité »14. Cette dimension symbolique de la corporéité de la guerre est révélée, parfois en marge, dans les différents récits de la violence. En effet, sans amplifier le degré de « polarisation du regard sur les corps sexués »15, force est de constater qu’une lecture sexuée de l’expérience de la guerre est à l’œuvre dès juillet 1936. Peut-on expliquer cette polarisation du regard par le fait que la guerre civile espagnole fut avant tout « une guerre contre le civil »16 ? Sans aucun doute. Or, les femmes sont des civils porteurs d’une très forte charge symbolique et identitaire.
- 17 Vigarello, G., « Le Corps dans tous ses états : présentation du thème », Les Rendez-vous de l’Histo (...)
- 18 Perrot, P., Le travail des apparences. Le corps féminin. XVIIIe-XIXe, Paris, Seuil, p. 10.
- 19 Ledesma, J. L., « Las mujeres en la represión republicana : apuntes sobre un « ángulo muerto » de l (...)
- 20 Braud, P., Violences politiques, Paris, Seuil, 2004, p. 91.
- 21 Joly, M., « Dire la guerre et les violences : femmes et récits pendant la guerre d’Espagne », Mélan (...)
- 22 Núñez Seixas, X. M., ¡Fuera el invasor! Nacionalismo y movilización bélica durante la guerra civil (...)
- 23 Joly, M., « « Souffrance des corps, souffrance de la nation : discours sur les femmes violentées da (...)
6En effet, le corps des femmes – « point frontière »17 et « réceptacle de signes et réservoir de valeurs »18 – est le gardien, souvent sacralisé, de l’identité d’un groupe. Temple de la morale et de la famille, il est observé et construit au travers de mythologies et de topiques sexuels et sexués, qui varient en fonction de ses énonciateurs. La situation de guerre entraîne une cristallisation des regards sur ce corps ainsi qu’un processus de politisation du corps féminin19, souvent en fonction de catégorisations totalement arbitraires et fictives. Il devient le corps du délit – parfois inventé – et ainsi le territoire d’inscription de la punition (individuelle et collective). Aussi, les gestes de la dégradation du corps des femmes disent les projets de redéfinition des frontières entre déviance et norme, entre masculin et féminin, entre exclusion et intégration, entre dominé et dominant au sein de la société en guerre et dans le cadre du rapport de force qui s’instaure entre les adversaires. Comment, dans le temps de la guerre, sont retranscrits ces gestes de l’agression ? Quelles sont les archives du corps de la guerre civile ? Philippe Braud a montré que la « spécificité de la violence physique réside dans sa résonance émotionnelle immédiate »20. De fait, l’historien rencontre le corps violenté dans les documents où la République en guerre se raconte21. Dans une guerre qui est perçue et vécue comme une guerre de libération nationale22, le corps des femmes incarne le corps de la nation en résistance, en souffrance23 et en devenir. Aussi, sa dégradation – au delà du fait qu’il s’agisse d’abord d’une expérience intime – concerne le groupe. C’est, en partie, pour cette raison que les « archives de l’arrière » accordent une place importante aux expériences féminines de la violence. Les autorités républicaines – militaires, politiques et judiciaires – se soucient du sort réservé aux civiles : soit dans une volonté d’organiser l’aide et la défense, soit pour fabriquer les archives de la barbarie de l’ennemi. Les victimes de la guerre – directes ou indirectes – enregistrent des plaintes relatives aux violences perpétrées par l’ennemi. La presse dénonce violemment les horreurs de la guerre. Les évadés du camp franquiste témoignent de la terreur imposée dans les villages dominés par les troupes ennemies. Les artistes mettent en images la détresse des femmes et des enfants happés par le conflit. Les observateurs étrangers ou les témoins nationaux décrivent l’épreuve du peuple en guerre. De même, les récits de la captivité, qui sont des récits de l’humiliation, décrivent les épreuves de corps enfermés, affamés, sales et malades. Loin d’être exhaustif, cet inventaire ponctuel des sources montre combien, les contemporains ont révélé la corporéité de la guerre.
- 24 Entretien oral effectué durant l’année 2000 avec une femme à Barcelone ayant exigé de rester anonym (...)
- 25 Gabrielli, P., Scenari di guerra, parole di donne. Diari e memorie nell’Italia della seconda guerra (...)
- 26 Leizaola, A., « La mémoire de la guerre civile espagnole : le poids du silence », Ethnologie frança (...)
7Cependant, les sources de l’instant ne sont pas les seules à dire le corps en guerre. L’histoire orale montre combien l’expérience du corps crée une mémoire du corps. Aussi, le corps apparaît dans la remémoration des épreuves de la guerre par les témoins directs ou indirects des événements. « Cela, je l’ai dans mon corps »24 : ces mots formulés par une femme en guise de conclusion au récit de son expérience de la violence de la guerre civile rappellent combien, comme l’avait remarqué Patrizia Gabrielli dans son travail sur la résistance antifasciste en Toscane, « les mémoires des femmes ne perdent pas de vue le corps »25. Même si le récit intime de l’expérience de la violence corporelle demeure problématique, certaines barrières peuvent, dans l’instant de la parole, tomber. En revanche, fréquentes sont les références à la tragédie des corps des autres, familiers ou anonymes. Au cœur du processus de remémoration du passé traumatique, le corps est énoncé. Notons que les exhumations actuelles des fosses communes font tout à fait écho à ces propos. Ce retour singulier sur le passé26 passe aussi par le retour des corps.
8La lecture de ces différentes archives du corps a permis de reconstituer un temps de la violence de la guerre civile : celui des défilés des femmes tondues.
Le spectacle de la violence27 : l’exhibition des corps des femmes tondues
- 27 Cenarro Lagunas, A., op. cit., p. 182 ; Cruz, R., « Las campañas rebeldes de aniquilación del enemi (...)
- 28 Traverso, E., A feu et à sang. De la guerre civile européenne, 1914-1945, Paris, Stock, 2007, p. 11 (...)
« Dans la guerre civile, l’adversaire ne doit pas seulement être tué, il doit aussi être humilié en public et exhibé comme un trophée de guerre »28.
- 29 Los dibujantes en la guerra de España, Madrid, Ediciones Españolas, 1938. Pour la version originale (...)
9En 1938, un dessin de l’artiste Antonio Rodríguez Luna est publié dans l’ouvrage Los dibujantes en la guerra de España29. Précieux document, il synthétise, en quelques coups de crayons, une scène d’exhibition publique de trois femmes tondues. Sous le fouet tendu par un individu aux traits monstrueux et paré des insignes de la Phalange et de la Croix gammée, les trois victimes, mains attachées dans le dos, sont suivies par un cortège bigarré duquel se distinguent un religieux, une femme et un homme portant un chapeau haut de forme. A l’arrière-plan de cette scène, trois hommes pointent leurs fusils sur un peloton d’exécution. Au sol, le corps d’une femme et d’un homme gisent à l’abandon. Des individus observent de loin la traversée de la place par le cortège des pénitentes. Chaque femme porte au cou une pancarte sur laquelle est inscrit : « pour athée », « pour communiste », « pour marxiste ».
- 30 Flory, J., La Galice sous la botte de Franco : épisodes de la terreur blanche dans les provinces de (...)
10Ce dessin immortalise une scène « classique » de la guerre civile, décrite à l’identique dans de nombreux documents. La tonte constitue une des modalités de la répression des femmes considérées comme appartenant au camp républicain, dans la majorité des cas en raison d’un lien de parenté avec un homme engagé ou associé à la défense de la République. Mère, épouse, sœur ou fille d’un Républicain : tel est le délit de ces femmes parce que la famille – dont elles sont les garantes par excellence – est « responsable de l’insoumission d’un de ses membres »30. Parfois, c’est la transgression des assignations sexuées traditionnelles – l’engagement politique par exemple ou la participation à l’effort de guerre – qui justifie la défiguration des femmes. Seulement, l’événement-tonte ne se limite pas à la coupe des cheveux. Les corps sont marqués, dénudés et « promenés » dans l’espace public soumis. La violence devient spectacle des corps. Un spectacle encadré et codifié.
- 31 Joly, M., « Las violencias sexuadas de la guerra civil española : paradigma para una lectura cultur (...)
11A partir de ce document, il est question ici, non pas de décrire la violence31 mais d’en identifier brièvement des composantes culturelle et politique.
- 32 Cohen, E., Le corps du diable. Philosophes et sorcières à la Renaissance, Paris, Editions Scheer, 2 (...)
- 33 Baillette, F., « Organisations pileuses et positions politiques. A propos des démêlés idéologico-ca (...)
- 34 Ríos Lloret, R. E., « Sueños de moralidad. La construcción de la honestidad femenina », dans Morant(...)
12Tout d’abord, cette pratique de violence participe de la désacralisation brutale du corps de l’ennemie par la destruction de l’identité sexuée de la victime. La femme tondue incarne totalement la « figure de l’altérité féminine »32. Violence physique, la tonte est également violence symbolique parce qu’elle engendre une radicale dépersonnalisation33 en portant atteinte directement à la féminité. Blessure extrême, la dénudation publique des parties du corps – en général les seins – constitue un geste de rupture radicale dans une société qui sacralise le sacerdoce de la domesticité dans l’espace fermé du foyer34. Violence exercée par des hommes sur les femmes de l’ennemi, la tonte est aussi un message d’hommes à hommes. Enfin, l’inscription visible de la faute sur le corps participe de la remise en ordre sexuée de la société à reconstruire. La violence est fondatrice de nouvelles hiérarchies sexuelles.
- 35 Cruz, R., « Olor a pólvora y patria. La limpieza política rebelde en el inicio de la guerra de 1936 (...)
- 36 Caro Baroja, J., « Le charivari en Espagne », dans Le Goff, J. et Schmitt, J.-C., op. cit., p. 75-9 (...)
- 37 Preston, P., The politics of revenge. Fascism and the military in twentieth-century Spain, London, (...)
13C’est le défilé public qui fait de cette violence une violence-spectacle. La comparaison avec le charivari doit être posée. Peut-on postuler, comme Rafael Cruz, que cette violence s’apparente à une « version contemporaine des traditionnels charivaris des femmes adultères »35 ? Les franquistes réinventent-ils une pratique coutumière ? Certains éléments rappellent, certes, le charivari en Espagne36 : le son d’instruments de musique entourant le défilé, l’exposition de la victime sur un âne, le fouet porté sur les corps coupables. Ce parallélisme pourrait éventuellement se justifier en raison de la faute matrimoniale : la violence est dirigée contre les femmes de Républicains. Mais dans la formulation de l’équation « femme de » sont projetées des considérations principalement politiques et sociales. D’autre part, les défilés des corps des femmes sont intégralement orchestrés et encadrés par les autorités politiques, militaires et paramilitaires. La vindicte populaire n’est aucunement spontanée mais fabriquée par les artisans de la violence qui mobilisent, par la contrainte et la terreur, un public souvent étranger au projet punitif. Ce que les défilés des femmes tondues ont de commun avec le charivari carnavalesque c’est – sous la forme d’une liturgie archaïque37 – l’exposition des corps à l’infamie et à l’humiliation publique. La comparaison semble devoir être circonscrite à cette ultime remarque.
- 38 Maffesoli, M., Essais sur la violence banale et fondatrice, Paris, CNRS Editions, 2009, p. 11.
- 39 Casanova, J., La Iglesia de Franco, Barcelona, Crítica, 2005, p. 102 ; Casanova, J., « Guerra de ex (...)
- 40 Sánchez Ortega, M. H., La mujer y la sexualidad en el Antiguo Régimen. La perspectiva inquisitorial(...)
- 41 Bennassar, B., L’Inquisition espagnole. XVe-XIXe siècle, Paris, Hachette, 1979, p. 105-141. Voir au (...)
- 42 Porret, M., « Mises en images de la procédure inquisitoriale », Sociétés & Représentations, 18, oct (...)
14Cette tentative de reconstruction de la généalogie de la violence conduit davantage à repérer de grandes similitudes avec les processions punitives caractéristiques de l’Inquisition espagnole. En effet, cette « mise en spectacle rituelle de la violence »38 rappelle le répertoire de châtiments commandités par le Saint-Office. La légende du dessin d’Antonio Rodríguez Luna y fait d’ailleurs allusion : « l’Inquisition revécue ». Cette mention montre que les contemporains ont pensé cette comparaison avec un épisode de l’histoire moderne espagnole. Dans sa réflexion sur la violence franquiste, Julián Casanova inscrit les pratiques de terreur dans une longue généalogie espagnole qui fonde culturellement la forme des gestes de punition. Il évoque « l’entrée en scène de la mentalité du Moyen Age, de l’Inquisition et des croisades »39. Une mentalité qui aurait, selon lui, permis, dans le cadre d’une « guerre sainte », l’instauration de la terreur contre les « Rouges ». Ballade infamante, la procession des tondues – considérées comme les ennemies de l’ordre établi ou de l’ordre à établir – ressemble en certains points à la pénitence publique des victimes du Tribunal inquisitorial, pour sorcellerie, pour pratiques sexuelles amorales ou pour hérésie. Le corps doit, publiquement, expier la faute. Le document représente la flagellation qui est une composante centrale de la pénitence. De même, les sorcières devaient porter des insignes relatifs à la sorcellerie40. Par ailleurs, la référence à une pénitence à caractère religieux s’inscrit parfaitement dans la Croisade franquiste – qui est aussi une guerre de reconquête – conduite pour la défense de la civilisation catholique et des valeurs de l’Espagne traditionnelle face aux Rouges athées. Notons que dans bien des cas, le défilé des femmes tondues s’achève devant l’église avec parfois une obligation d’assister à la messe. Dans les deux cas, une pédagogie de la peur41 et une « théâtralisation du droit de punir »42 sont à l’œuvre.
- 43 Di Febo, G., Ritos de guerra y victoria, Bilbao, Desclée de Brouwer, 2002, p. 150.
15D’autre part, les exhibitions des femmes outragées illustrent parfaitement l’existence d’un lien étroit entre rite et politique dans la remise en ordre de la société par le spectacle de la violence. En effet, aux côtés des défilés militaires et religieux, la promenade des femmes tondues constitue une autre déclinaison des rites de la soumission de l’ennemi et des rites de la victoire43. Ceci est d’autant plus vrai que les corps des femmes servent de support physique au discours politique et idéologique des franquistes. Dans certains cas, les tondues sont affublées des insignes de la Phalange, d’une croix, d’un drapeau monarchique, etc. ; ce qui annonce la reprise en main politique et morale des individus. Dans d’autres cas, par un procédé d’inversion, l’identité – réelle ou supposée – de la victime est tournée en dérision : le lacet rouge attaché aux quelques mèches désordonnées désigne la Rouge, l’archétype de la femme mauvaise et subversive. Le corps devient politique même si la victime s’avère totalement apolitisée et étrangère aux enjeux du conflit. Par le corps, le délit est formulé, ridiculisé et annihilé.
- 44 Gónzalez Calleja, E., « Experiencia de combate », Ayer, 76/4, 2009, p. 37-64 ; Ledesma, J. L., Gónz (...)
- 45 Dauphin, C. et Farge, A., De la violence et des femmes, Paris, Albin Michel, 1997, p. 15.
16Ainsi, à l’arrière, le répertoire de la violence dirigée contre les femmes s’inscrit aussi dans une histoire longue, culturelle et politique, du châtiment féminin. Seulement, en raison d’un véritable dépassement des seuils, de l’identité des victimes, des modalités des gestes de la violence, la guerre civile inaugure une rupture dans la chronologie du XXe siècle espagnol44. C’est pourquoi la pratique de l’exhibition des corps, exemple paradigmatique des « phénomènes spécifiques de cruauté contre les femmes »45, permet d’ouvrir une réflexion sur son inscription dans une guerre civile qui est aussi une guerre totale.
Violences et corps de l’ennemie : pratiques d’une guerre totale
- 46 Ledesma, J. L., « Qué violencia para qué retaguardia », Ayer, 76/4, 2009, p. 93 ; Baumeister, M. & (...)
- 47 Rodrigo, J., op. cit., p. 21 et 32.
17Les récents travaux relatifs à la violence de la guerre civile définissent ce conflit comme une guerre totale caractéristique d’un premier XXe siècle inauguré par la première guerre mondiale46. Pour Javier Rodrigo, ce qui « situe [la guerre civile] au cœur de la panoplie des guerres totales et des guerres d’extermination contemporaines, c’est la centralité de la violence au sein des relations sociales de l’arrière, et comme véhicule de communication entre les deux camps en conflit »47. Pour cet historien, les « logiques de la violence, de la mort et du nettoyage politique » ont touché autant les combattants que les non-combattants, les villes, les villages, les foyers, en « totalisant le conflit ». Ces pistes ouvrent de nouvelles perspectives pour penser la guerre civile espagnole dans l’histoire plus générale du phénomène guerrier.
18Que disent les traitements violents du corps féminin du processus de totalisation du conflit ? Le répertoire d’agression des corps de l’ennemie participe-t-il ou non de la totalisation du phénomène guerrier ? La question mérite d’être posée dans la mesure où la transposition de la notion de guerre totale à l’épisode de la guerre civile espagnole doit être, pour chaque événement, circonscrite et circonstanciée.
- 48 Sevillano Calero, F., Rojos : la representación del enemigo en la guerra civil, Madrid, Editorial A (...)
- 49 Godicheau, F., « Les violences de la guerre d’Espagne », Revue d’histoire de la Shoah, « Violences (...)
19Totale, cette guerre l’a été dans les modalités de destruction de l’ennemie elle aussi totale48. François Godicheau rappelle que « celui qui était hier un adversaire politique devient un ennemi et l’exercice de la violence à son égard sert à délimiter les contours [incertains] d’un « eux » et d’un « nous » »49. Et c’est parce qu’elle est l’ennemie totale que la femme républicaine subit des violences d’une brutalité inédite. La dimension sexuée des gestes de la dégradation de son corps dit combien dans la fabrique de la figure ennemie, le sexe a joué un rôle fondamental.
20Ce corps sexué et violenté devient, dans le temps de la guerre civile, un instrument au service de l’encadrement et du contrôle du politique et du social. En effet, sa neutralisation par la violence-spectacle sert efficacement – physiquement et symboliquement – la mise au pas de toute la société.
- 50 Sémelin, J., Purifier et détruire. Usages politiques des massacres et génocides, Paris, Seuil, p. 2 (...)
21Cette violence ritualisée « vise à restaurer de façon spectaculaire l’intégrité du pouvoir »50. Marquer et martyriser constituent des gestes qui participent clairement de l’affirmation du pouvoir franquiste. Le pouvoir se manifeste sur les corps des femmes punies. Ce sont aussi des gestes de purification du corps sexué, du corps politique, du corps social. La dimension sexuée du rite de purification dit l’enchevêtrement entre genre et politique dans le répertoire de destruction totale de l’Autre.
- 51 Richards, M., « Guerra Civil, violencia y la construcción del franquismo », dans Preston, P. (ed.), (...)
22En somme, au cœur de la totalisation du conflit, le corps de l’ennemi(e) civil(e) est réduit à un objet dont l’anéantissement sert les buts de guerre. Cette réification du corps de l’ennemie est un indice manifeste des procédés totalitaires – au sens de « la volonté de contrôle à l’intérieur de la société en guerre »51 – employés par les troupes franquistes durant la guerre civile visant à l’anéantissement d’un ennemi définitivement total.
- 52 Audoin-Rouzeau, S., « Le corps dans la Première Guerre mondiale », Annales. Histoire, Sciences soci (...)
23La guerre civile espagnole a ainsi été, pour les femmes dites républicaines, une expérience brutale en raison, entre autres, de l’usage à leur encontre de la pratique du « marquage du corps »52 et du spectacle de l’humiliation. Ces gestes de violence sexuée éclairent à plus d’un titre ce que Stéphane Audoin-Rouzeau nomme la physicalité du fait guerrier comme celle de l’expérience non combattante de la guerre.
Notes
1 Audoin-Rouzeau, S., « Massacres. Le corps et la guerre », dans Corbin, A., Courtine, J.-J., Vigarello, G., Histoire du corps. Tome 3 : Les mutations du regard. Le XXe, Paris, Seuil, 2006, p. 281.
2 Sémelin, J., « Introduction. Violences extrêmes : peut-on comprendre ? », Revue internationale des sciences sociales, 174, décembre 2002, p. 481.
3 Rodrigo, J., « Retaguardia : un espacio de transformación », Ayer, « Retaguardia y cultura de guerra, 1936-1939 », 76/4, 2009, p. 31.
4 Ripa, Y., « Armes d’hommes contre femmes désarmées : de la dimension sexuée de la violence dans la guerre civile espagnole », dans Dauphin, C. et Farge, A., De la violence et des femmes, Paris, Albin Michel, 1997, p. 131-145.
5 Audoin-Rouzeau, S., Combattre : une anthropologie historique de la guerre moderne, Paris, Seuil, 2008, p. 311.
6 Muñoz, J., Ledesma, J. L., Rodrigo, J. (coord.), Culturas y políticas de la violencia España siglo XX, Madrid, Siete Mares, 2005 ; Gónzalez Calleja, E., « La cultura de guerra como propuesta historiográfica : una reflexión general desde el contemporaneísmo español », Historia Social, 61, 2008, p. 69-87 ; Rodrigo, J. (dir.), « Retaguardia y cultura de guerra, 1936-1939 », op. cit. ; Audoin-Rouzeau, S., « Les cultures de guerre », dans Pellistrandi, B. et Sirinelli, J.-F. (dir.), L’histoire culturelle en France et en Espagne, Madrid, Collection de la Casa de Velázquez (106), 2008, p. 289-299.
7 Bée, M., « Le spectacle de l’exécution dans la France d’Ancien Régime », Annales ESC, 4, juillet-août 1983, 4, p. 843-862.
8 Foucault, M., Surveiller et punir, Paris, Gallimard, 1975, p. 14.
9 Laborie, P., « Violence politique et imaginaire collectif : l’exemple de l’épuration », dans Bertrand, M., Laurent, N., Taillefer, M. (dir.), Violences et pouvoirs politiques, Toulouse, Presses universitaires du Mirail, 1996, p. 208.
10 Cenarro Lagunas, A., « El triunfo de la reacción : fascistas y conservadores en Teruel », dans Casanova, J. et al., El pasado oculto. Fascismo y violencia en Aragón (1936-1939), Zaragoza, Siglo XXI, 1999 [1992], p. 182 ; Cruz, R., « Las campañas rebeldes de aniquilación del enemigo », Ayer, « Retaguardia y cultura de guerra, 1936-1939 », 76/4, 2009, p. 75.
11 Schmitt-Pantel, P., « L’âne, l’adultère et la cité », dans Le Goff, J., Schmitt, J.-C., Le charivari, Actes de la table ronde organisée à Paris (25-27 avril 1977) par l’Ecole des hautes études en sciences sociales et le Centre national de la recherche scientifique, Paris, Ecole des hautes études en sciences sociales, 1981, p. 117-122.
12 Rodrigo, J., « La bibliografía sobre la represión franquista : hacia el salto cualitativo », Spagna Contemporanea, 19, 2001, p. 151-169 ; Ledesma, J. L., Los días de llamas de la revolución : violencia y política en la retaguardia republicana de Zaragoza durante la guerra civil, Zaragoza, I.F.C., 2003 ; Julià, S. (coord.), Víctimas de la guerra civil, Madrid, Temas de Hoy, 1999 ; Ledesma, J. L., Gónzalez Calleja, E., « Conflictividad y violencia sociopolítica en la España de la primera mitad del siglo XX », dans Nicolás, E., González, C. (ed.), Mundos de ayer. Investigaciones Históricas Contemporáneas del IX Congreso de la AHC, Murcia, Editum, 2009, p. 331-361 ; Rodrigo, J., Hasta la raíz : violencia durante la guerra civil y la dictadura franquista, Madrid, Alianza, 2008.
13 Deluermoz, Q., « Compte rendu sur le livre de Audoin-Rouzeau, Combattre : une anthropologie historique de la guerre moderne, Paris, Seuil, 2008 », Vingtième siècle, 100/4, 2008, p. 235. Voir aussi : Capdevila, L., « Genre et événement : sources, écritures, individus », dans Bergère, M. et Capdevila, L. Genre et événement. Du masculin et du féminin en histoire des crises et des conflits, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2006, p. 13-17 ; Chauvaud, F. (dir.), Corps saccagés. Une histoire des violences corporelles du siècle des Lumières à nos jours, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2009.
14 Pavone, C., Une guerre civile. Essai historique sur l’éthique de la Résistance italienne, Paris, Seuil, 2005, p. 489. L’auteur cite les propos de E. P. Thompson.
15 Cabanes, B., Piketty, G., « Introduction », dans Cabanes, B., Piketty, G. (dir.), Retour à l’intime au sortir de la guerre, Paris, Editions Tallandier, 2009, p. 19. Sur les représentations sexuées dans la guerre : Cueva Fernández, I., ¡La retaguardia nos pertenece! Las mujeres de izquierdas en Asturias (1936-1937), Gijón, Concejalía de la Mujer del Ayuntamiento de Gijón, 2000.
16 Rodrigo, J., op. cit., p. 19.
17 Vigarello, G., « Le Corps dans tous ses états : présentation du thème », Les Rendez-vous de l’Histoire, Blois, 8-11 octobre 2009, www.rdv-histoire.com, consulté le 6 octobre 2009.
18 Perrot, P., Le travail des apparences. Le corps féminin. XVIIIe-XIXe, Paris, Seuil, p. 10.
19 Ledesma, J. L., « Las mujeres en la represión republicana : apuntes sobre un « ángulo muerto » de la guerra civil », dans Nash, M., Tavera, S. (ed.), Las mujeres y las guerras : el papel de las mujeres en las guerras de la Edad Antigua a la Contemporánea, Barcelona, Icaria Editorial, 2003, p. 449-450 ; Ledesma, J. L., « Rostros femeninos de la represión republicana : violencia política, género y revolución durante la guerra civil », dans López Beltrán, M. T., Jiménez Tomé, M. J., Gil Benítez, E. M. (ed.), Violencia y género, Actas del Congreso Interdisciplinar sobre Violencia y Género, celebrado en la Facultad de Filosofía y Letras de la Universidad de Málaga los días 29 y 30 de noviembre y 1 de diciembre de 2000, organizado por la AEHM/UMA, Málaga, Centro de Ediciones de Diputación de Málaga, Tomo I, p. 241-252 ; Lannon, F., « Los cuerpos de las mujeres y el cuerpo político católico : autoridades e identidades en conflicto en España durante las décadas de 1920 y 1930 », Historia Social, 5, 1999, p. 65-80.
20 Braud, P., Violences politiques, Paris, Seuil, 2004, p. 91.
21 Joly, M., « Dire la guerre et les violences : femmes et récits pendant la guerre d’Espagne », Mélanges de la Casa de Velázquez, 37/2, 2007, p. 199-220.
22 Núñez Seixas, X. M., ¡Fuera el invasor! Nacionalismo y movilización bélica durante la guerra civil española (1936-1939), Madrid, Marcial Pons, 2006.
23 Joly, M., « « Souffrance des corps, souffrance de la nation : discours sur les femmes violentées dans la guerre d’Espagne », communication présentée dans le cadre du colloque international « Género, sexo y nación. Representaciones y prácticas políticas en España y Francia (XIX-XX) » organisé par S. Michonneau (Casa de Velázquez), M. Yusta (Université Paris 8) et A. Agudo (Universitat de València), les 24-26 février 2010 à l’Université de Valencia (Espagne). Sur la corporéité de la nation, voir Scott, J. W., « Préface », dans Dorlin, E., La Matrice de la race. Généalogie sexuelle et coloniale de la nation française, Paris, La Découverte, 2006, p. 5 et 7.
24 Entretien oral effectué durant l’année 2000 avec une femme à Barcelone ayant exigé de rester anonyme. Non politisée, cette femme est issue d’un milieu rural de la province d’Almería. C’était la première fois qu’elle parlait si longtemps de son expérience de la guerre.
25 Gabrielli, P., Scenari di guerra, parole di donne. Diari e memorie nell’Italia della seconda guerra mondiale, Bologna, Il Mulino, 2007, p. 125. Voir aussi « Le immagini della morte di massa : corpi profanati, corpi insepolti », dans Gribaudi, G., Guerra totale. Tra bombe alleate e violenza naziste. Napoli e il fronte meridionale 1940-44, Torino, Bollati Boringhieri, 2005, p. 577-581.
26 Leizaola, A., « La mémoire de la guerre civile espagnole : le poids du silence », Ethnologie française, 2007/3, p. 483.
27 Cenarro Lagunas, A., op. cit., p. 182 ; Cruz, R., « Las campañas rebeldes de aniquilación del enemigo », Ayer, 76/4, 2009, p. 75 ; Rodríguez, S., Mujeres en guerra, Almería 1936-1939, Sevilla, Arraez Editores, 2003.
28 Traverso, E., A feu et à sang. De la guerre civile européenne, 1914-1945, Paris, Stock, 2007, p. 110.
29 Los dibujantes en la guerra de España, Madrid, Ediciones Españolas, 1938. Pour la version originale du dessin, voir Rodríguez Luna, A., Diez y seis dibujos de guerra, Valence, Nueva Cultura, 1937.
30 Flory, J., La Galice sous la botte de Franco : épisodes de la terreur blanche dans les provinces de Galice rapportés par ceux qui les ont vécus, Paris, Imprimerie nouvelle, 1938, p. 156.
31 Joly, M., « Las violencias sexuadas de la guerra civil española : paradigma para una lectura cultural del conflicto », Historia Social, 61, 2008, p. 89-107.
32 Cohen, E., Le corps du diable. Philosophes et sorcières à la Renaissance, Paris, Editions Scheer, 2004, p. 14.
33 Baillette, F., « Organisations pileuses et positions politiques. A propos des démêlés idéologico-capillaires », Quasimodo, « Modifications corporelles », 7, printemps 2003, Montpellier, p. 130 : en ligne : http://www.revue-quasimodo.org.
34 Ríos Lloret, R. E., « Sueños de moralidad. La construcción de la honestidad femenina », dans Morant, I. (dir.), Historia de las mujeres en España y América Latina. Del siglo XIX a los umbrales del XX, vol. III, Madrid, Ediciones Cátedra, 2006, p. 181.
35 Cruz, R., « Olor a pólvora y patria. La limpieza política rebelde en el inicio de la guerra de 1936 », Hispania Nova. Revista de historia contemporánea, 7, 2007 : en ligne : http://hispanianova.rediris.es
36 Caro Baroja, J., « Le charivari en Espagne », dans Le Goff, J. et Schmitt, J.-C., op. cit., p. 75-96 ; Las cencerradas. El ruido hostil y disciplinante de la comunidad, La Ortiga, 48/50, 2004 ; Taboada, J., La cencerrada en Galicia, Zaragoza, Instituto « Fernando en católico », 1969.
37 Preston, P., The politics of revenge. Fascism and the military in twentieth-century Spain, London, Unwin Hyman, 1990, p. 32.
38 Maffesoli, M., Essais sur la violence banale et fondatrice, Paris, CNRS Editions, 2009, p. 11.
39 Casanova, J., La Iglesia de Franco, Barcelona, Crítica, 2005, p. 102 ; Casanova, J., « Guerra de exterminio, paz incivil : los fundamentos de la dictadura franquista », dans El franquismo : el régimen y la oposición, Actas de la IV Jornadas de Castilla-La Mancha sobre la investigación en archivos, ANBAD, Guadalajara, 2000, p. 581. Certains témoignages de femmes arrêtées, emprisonnées, interrogées et torturées comparent la « salle de torture » au « Tribunal del Santo Oficio Inquisitorial » : « La llamada « sala de tortura » », dans « El terror faccioso en los pueblos de Navarra. – Repulsivos ultrajes contra las mujeres. – Un fascista, maestro de escuela, obliga a sus discipulos a la criminalidad. – Familias exterminadas por los falangistas. S.f. », AGMAV, Zona Republicana, 4a Sección, Libro VII, Ministerio de Propaganda, Boletines de Información, Caja 23, carpeta 5, Documento 1/84.
40 Sánchez Ortega, M. H., La mujer y la sexualidad en el Antiguo Régimen. La perspectiva inquisitorial, Madrid, Ediciones Akal, 1992, p. 211 ; Conde, A., « Sorcellerie et Inquisition au XVIe siècle en Espagne. L’exemple du diocèse de Cuenca. L’inquisiteur Ruesta face à la Suprema : Entre mythe et réalité », dans Molinie, A. et Duviols, J.-P. (dir.), Inquisition d’Espagne, Paris, Presses universitaires de Paris-Sorbonne, 2003, p. 95-107.
41 Bennassar, B., L’Inquisition espagnole. XVe-XIXe siècle, Paris, Hachette, 1979, p. 105-141. Voir aussi dans le même ouvrage : Guilhem, C., « L’Inquisition et la dévaluation des discours féminins », p. 198-240. Conde, A, « Sorcellerie et Inquisition au XVIe siècle en Espagne. L’exemple du diocèse de Cuenca. L’inquisiteur Ruesta face à la Suprema : Entre mythe et réalité », dans Molinie, A. et Duviols, J.-P. (dir.), Inquisition d’Espagne, op. cit., p. 95-107.
42 Porret, M., « Mises en images de la procédure inquisitoriale », Sociétés & Représentations, 18, octobre 2004, p. 45.
43 Di Febo, G., Ritos de guerra y victoria, Bilbao, Desclée de Brouwer, 2002, p. 150.
44 Gónzalez Calleja, E., « Experiencia de combate », Ayer, 76/4, 2009, p. 37-64 ; Ledesma, J. L., Gónzalez Calleja, E., « Conflictividad y violencia sociopolítica en la España de la primera mitad del siglo XX », dans Nicolás, E. et González, C. (ed.), Mundos de ayer. Investigaciones Históricas Contemporáneas del IX Congreso de la AHC, Murcia, Editum, 2009, p. 331-361.
45 Dauphin, C. et Farge, A., De la violence et des femmes, Paris, Albin Michel, 1997, p. 15.
46 Ledesma, J. L., « Qué violencia para qué retaguardia », Ayer, 76/4, 2009, p. 93 ; Baumeister, M. & Schüler-Springorum, S. (ed.), « If you tolerate this… ». The Spanish Civil War in the Age of Total War, Frankfurt, Campus, 2008 ; Ledesma, J. L., Gónzalez Calleja, E., op. cit.
47 Rodrigo, J., op. cit., p. 21 et 32.
48 Sevillano Calero, F., Rojos : la representación del enemigo en la guerra civil, Madrid, Editorial Alianza, 2007.
49 Godicheau, F., « Les violences de la guerre d’Espagne », Revue d’histoire de la Shoah, « Violences de guerre, violences coloniales, violences extrêmes avant la Shoah », 189, juillet-décembre 2008, p. 428.
50 Sémelin, J., Purifier et détruire. Usages politiques des massacres et génocides, Paris, Seuil, p. 20-21. L’auteur s’inspire ici des travaux de Michel Foucault.
51 Richards, M., « Guerra Civil, violencia y la construcción del franquismo », dans Preston, P. (ed.), La República asediada. Hostilidad internacional y conflictos internos durante la Guerra civil, Barcelona, Península, 1999, p. 204.
52 Audoin-Rouzeau, S., « Le corps dans la Première Guerre mondiale », Annales. Histoire, Sciences sociales, 55/1, janvier-février 2000, p. 44. Dans cet article, l’auteur fait usage du terme de « corporalité » des souffrances de guerre.
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Référence papier
Maud Joly, « De la corporéité de la guerre : corps de femmes et violence-spectacle dans la guerre civile espagnole », Sextant, 28 | 2011, 27-37.
Référence électronique
Maud Joly, « De la corporéité de la guerre : corps de femmes et violence-spectacle dans la guerre civile espagnole », Sextant [En ligne], 28 | 2011, mis en ligne le 21 juin 2011, consulté le 07 février 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/sextant/3428 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/sextant.3428
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