Sexualité et organes génitaux des Africain(e)s dans le discours médical français (fin xviiie – milieu xxe siècle)
Résumés
L’article propose une réflexion sur les représentations du corps des Africain(e)s dans la littérature médicale et sur les interactions entre les discours de la médecine savante en métropole et ceux de la médecine de terrain dans les colonies africaines. Il aborde une des problématiques envisagées dans notre recherche : la question du regard médical sur le sexe et la sexualité des Africain(e)s à l’époque contemporaine. C’est à travers ce prisme que les savants redéfinissent les concepts de féminité et de virilité et redessinent les enjeux autour de la sexualité et de la maternité en France et en Afrique. Ils établissent également des corrélations entre le corps, les attributs sexuels plus précisément, l’âme, la race, le milieu et les mœurs ; liens de réciprocité que nous tenterons de mettre en évidence dans cette présentation. Enfin nous retracerons brièvement l’évolution et les divergences de la pensée médicale au sujet de cette question entre le XIXe siècle et la première moitié du XXe siècle.
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Mots-clés :
organes génitaux, littérature médicale, médecine, colonie, Afrique, féminité, sexualité, discours médical français, discours médical, XXe siècle, XVIIIe siècle, XIXe siècleKeywords:
genitalia, medical literature, medicine, colony, Africa, femininity, sexuality, French medical discourse, medical discourse, 20th century, 18th century, 19th centuryPlan
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- 1 P. Larousse, « Femme », Grand dictionnaire universel du xixe siècle, t. viii, Paris, Administration (...)
- 2 J. J. Virey, « Femme », Dictionnaire des sciences médicales, t. 14, Paris, Panckoucke éditeur, 1815 (...)
1Dans le Grand dictionnaire universel du xixe siècle de Pierre Larousse paru en 1872, on lit à l’article « Femme » : « Les femmes, comme les hommes, de la race nègre sont portées à la lasciveté beaucoup plus que les femmes blanches. La nature semble avoir accordé aux fonctions physiques ce qu’elle a refusé aux fonctions intellectuelles de cette race. (…) Leurs organes sexuels offrent, en outre, une disposition particulière qu’on ne rencontre qu’exceptionnellement ailleurs. Les petites lèvres et le clitoris présentent un tel développement que dans certaines contrées, on en pratique l’excision »1. Ce dictionnaire, synthèse des expériences et des recherches savantes de l’époque, ouvrage de vulgarisation du savoir scientifique, est un reflet, un témoin et un vecteur des représentations diffusées en France au milieu du xixe siècle. Il puise ses sources dans des œuvres spécialisées et destinées à un public averti telles que les encyclopédies et dictionnaires médicaux, les ouvrages et traités de médecine ou encore les articles de revues scientifiques. En effet, nous pouvons retrouver l’origine de cet article dans la définition du terme « Femme » du Dictionnaire encyclopédique des sciences médicales publié en 1815, où J. J. Virey (1775-1846), médecin et naturaliste, présente la femme noire2.
- 3 La raciologie est un terme désignant l’étude des races humaines dans les sciences médicales et anth (...)
2Ces définitions décrivant les Noirs africains, hommes et femmes confondus, comme des êtres soumis à leurs organes génitaux et à leurs pulsions sexuelles, se présentent donc comme des vérités et sont acceptées comme telles par les lecteurs. Ces poncifs traversent les discours des Anciens, les textes bibliques, les écrits des philosophes ou encore les récits de voyage mais ils prennent une ampleur sans précédent dans la littérature médicale du xixe siècle. L’essor des explorations au xviiie siècle et le développement de la colonisation européenne au cours du xixe siècle s’accompagnent d’une dynamique scientifique et d’une démarche classificatoire au sein de l’histoire naturelle, de la médecine ou de l’anthropologie naissante. La science des races humaines, la raciologie, pour reprendre les termes des médecins de la première moitié du xxe siècle, apparaît dès la fin du xviiie siècle et structure la pensée savante du xixe3. L’influence croissante de la médecine au cours du xixe siècle et jusque dans la première moitié du xxe siècle donne à ces discours un gage d’authenticité et de scientificité et façonne les représentations de l’altérité raciale et sexuelle. Dans les ouvrages de médecine, les attributs sexuels de la femme suscitent un intérêt plus important que ceux de l’homme. En effet, la femme est soumise à sa matrice et à sa nature féminine ; elle se distingue de l’homme, représentant de la race, par ses caractères sexuels. De plus, l’appareil génital féminin demeure encore un mystère à élucider pour la science et pour les hommes, auteurs des ouvrages de médecine. Les naturalistes puis les médecins, les anatomistes, les chirurgiens, les anthropologues souvent médecins de formation, écrivent sur les races humaines au début du xixe siècle. A ces récits s’ajoutent à partir des années 1860-1870 les notes et les rapports de nouveaux explorateurs, les médecins de brousse, auréolés à la fois de leur expérience du terrain et de leur diplôme de médecine. Les études raciologiques se font plus rares à partir du milieu du xxe siècle. Le dévoiement de la science et de la recherche médicale sous le régime nazi et la chute des Empires coloniaux dans les années soixante entraînent un désaveu de la raciologie et de ses pratiques.
- 4 Voir W.B. Cohen, Français et Africains, les Noirs dans le regard des Blancs 1530-1880, Paris, Galli (...)
3Les travaux de William B. Cohen, d’Elsa Dorlin ou de Carole Reyaud-Paligot, pour ne citer que ces exemples, ont pu mettre en lumière le rôle des sciences médicales et anthropologiques dans la constitution de catégories de sexe et de race déviantes et inférieures et dans la légitimation de l’esclavage et de la colonisation à l’époque moderne et contemporaine4. Notre travail, qui s’intègre dans ce champ de recherche, y apporte un nouvel éclairage. Il s’agit d’une réflexion sur les représentations du corps des Africain(e)s dans la littérature médicale et sur les interactions entre les discours de la médecine savante en métropole et ceux de la médecine de terrain dans les colonies africaines. Cet article aborde une des problématiques envisagées dans notre recherche : la question du regard médical sur le sexe et la sexualité des Africain(e)s à l’époque contemporaine. C’est à travers ce prisme que les savants redéfinissent les concepts de féminité et de virilité et redessinent les enjeux autour de la sexualité et de la maternité en France et en Afrique. Ils établissent également des corrélations entre le corps, les attributs sexuels plus précisément, l’âme, la race, le milieu et les mœurs ; liens de réciprocité que nous tenterons de mettre en évidence dans cette présentation. Enfin nous retracerons brièvement l’évolution et les divergences de la pensée médicale au sujet de cette question entre le xixe siècle et la première moitié du xxe siècle. Si le regard se fait moins globalisant et si le concept de race noire est progressivement déprécié au profit d’une reconnaissance de la diversité des populations africaines, l’ethnie reste toutefois supérieure à l’individu jusqu’au milieu du xxe siècle. Dans le cadre de ce volume sur la représentation des organes génitaux dans l’histoire, il s’agit donc de s’intéresser aux procédés de sexuation, de sexualisation et de racialisation du corps des Africain(e)s et à leur évolution au cours du temps, en prenant l’exemple du regard médical porté sur quelques populations d’Afrique du Sud et d’Afrique de l’Ouest.
Les organes sexuels des Africain(e)s sous le regard des médecins
- 5 Les Khoï-Khoï sont une population d’éleveurs d’Afrique du Sud surnommés Hottentots par les colons e (...)
- 6 Voir F. X. Fauvelle-Aymar, L’invention du Hottentot, Paris, Publications de la Sorbonne, 2002.
- 7 F. Le Vaillant, Voyage de F. Le Vaillant dans l’intérieur de l’Afrique par le Cap de Bonne Espéranc (...)
4Les explorateurs au xviiie siècle et les médecins-anthropologues au siècle suivant décrivent les femmes noires comme des êtres dotés d’attributs sexuels exubérants. Cet imaginaire se développe autour des représentations de l’appareil génital des femmes d’Afrique du Sud, les Hottentotes et les Boschimanes5. Ces femmes seraient dotées du tablier hottentot, une élongation des petites lèvres génitales qui donna lieu à de multiples théories, polémiques, fantasmes et élucubrations6. Elles détiendraient un autre caractère de race, la stéatopygie, une hypertrophie graisseuse de la région fessière. C’est au xviie siècle que le tablier a été décrit pour la première fois par deux Néerlandais, Dapper, en 1676, puis Ten Rhyne en 1686. A cette époque, la région du Cap de Bonne-Espérance est une colonie hollandaise. Elle passe sous la coupe des Britanniques au début du xixe siècle. Les populations vivant sur ce territoire suscitent pourtant la curiosité d’autres savants européens, allemands, suédois ou français. Au cours du xixe siècle, dans un contexte d’analyse et de taxinomie raciale, le tablier hottentot passionne les scientifiques. En 1790, F. Le Vaillant (1753-1824) est le premier explorateur français à fournir une description précise de cette particularité corporelle et à la considérer comme le résultat d’une coutume : « Jusque-là ce sont les frottements et les tiraillements qui commencent à distendre, des poids suspendus achèvent le reste. J’ai dit que c’est un goût particulier, un caprice assez rare de la mode, un raffinement de coquetterie »7. Son récit devient une référence pour les médecins et anthropologues du xixe siècle. Toutefois, ces derniers ne reconnaissent pas sa théorie sur l’origine culturelle et acquise du tablier.
- 8 J. J. Virey, op. cit., 1815 ; J. J. Virey, « Nègre », Dictionnaire des sciences médicales, par une (...)
- 9 G. Cuvier, Extrait d’observations faites sur le cadavre d’une femme connue à Paris et à Londres sou (...)
- 10 W. H. Flower, J. Murrie, « Account of the dissection of a bushwoman », Journal of Anatomy and Physi (...)
5De nombreux savants comme J. J. Virey ou le docteur Murat, dans le Dictionnaire des sciences médicales, en 1815 et en 1819, prétendent que le climat est le facteur du relâchement des attributs sexuels des hommes et des femmes en Afrique8. Toutefois, ce sont les analyses de G. Cuvier (1769-1832), médecin, anatomiste et paléontologue célèbre, qui influencent le plus les études sur le tablier jusqu’au milieu du xxe siècle. Dans le rapport de dissection9 de Saartjie Baartman, la Vénus Hottentote, présenté devant l’Académie de médecine en 1817, il affirme que le tablier est un prolongement inné des petites lèvres chez les Hottentotes et les Boschimanes. Sa théorie s’impose dans la pensée savante française et européenne. W. H. Flower et J. Murrie, deux scientifiques britanniques qui dissèquent une femme boschimane en 186710, réitèrent les conclusions de cet illustre médecin. Dans sa synthèse sur le tablier hottentot, parue en 1883, le docteur Blanchard (1857-1919), médecin et parasitologue de cabinet, fondateur de l’Institut colonial de la Faculté de médecine de Paris, présente les spécificités raciales et sexuelles des Hottentotes et des Boschimanes en s’appuyant à nouveau sur les écrits de Cuvier.
- 11 R. Blanchard, « Sur le tablier et la stéatopygie des femmes boschimanes », Bulletin de la société z (...)
- 12 Dr Chambon, « Clitoris », Encyclopédie méthodique, médecine, t. iv, Paris, Panckoucke, 1792, p. 885 (...)
6La particularité anatomique de ces femmes est souvent perçue comme un attribut masculin dans les représentations. R. Blanchard virilise le tablier dans cette phrase : « un développement exagéré des nymphes ou petites lèvres, qui peuvent atteindre jusqu’à 15 et 18 centimètres de longueur et qui pendent entre les cuisses de la femme, à la façon d’un pénis flasque et inerte »11. Cette analogie met en lumière l’absence de féminité de ces femmes et l’inversion sexuelle touchant ces peuples. Un siècle auparavant, dans la définition du clitoris donnée par le docteur Chambon (1748-1826), l’hypertrophie de cet organe chez les femmes blanches, phénomène exceptionnel d’après les discours, est également présentée comme un caractère masculin : « La difformité du clitoris, quand sa longueur est excessive, n’apporte pas un obstacle absolu à la génération ; mais c’est un vice révoltant pour les maris, parce qu’il donne à la femme l’apparence de l’homme et réfroidit (sic) la tendresse de celui-ci pour un objet qui a trop de ressemblance avec lui »12. Selon les médecins, en métropole et aux colonies, la forme allongée et la taille démesurée du clitoris chez certaines femmes est le signe d’une hybridité inquiétante et de mœurs douteuses. L’apparence phallique de cet attribut brouille les différences sexuelles et remet en question la frontière entre la féminité et la masculinité d’un point de vue biologique et social. Enfin, l’analogie établie par R. Blanchard entre le tablier hottentot et le sexe de la guenon contribue à déshumaniser les femmes Khoisan et à entériner le hiatus existant entre elles et les femmes blanches. Elles appartiennent à une autre espèce pour les polygénistes – partisans de l’existence de plusieurs espèces humaines – à une race inférieure pour les monogénistes – partisans de la théorie de l’unicité de l’espèce humaine – et symbolisent le chaînon manquant pour les évolutionnistes.
- 13 Dr Gaillard, « Etude sur les lacustres du Bas-Dahomey », L’Anthropologie, t. 18, Paris, Masson et C(...)
- 14 Dr Laloy, « P. Baroux et L. Sergeant, « Les races flamandes bovine, chevaline et humaine dans leurs (...)
7A la fin du xixe et au début du xxe siècle, les explications culturalistes se développent, remettant au goût du jour la pensée de F. Le Vaillant. L’élongation des lèvres génitales ou du clitoris est peu à peu considérée comme la conséquence d’une manipulation pratiquée dès le plus jeune âge et destinée à accroître le plaisir charnel. Cette difformité n’est donc plus seulement le fruit d’un déterminisme naturel et racial hormis pour les Hottentotes et les Boschimanes. Le docteur Gaillard, médecin colonial, affirme au sujet d’une hypertrophie clitoridienne touchant les femmes du Dahomey (Bénin actuel) en 1907 : « Les fillettes ne sont pas excisées, il faut rapporter que les mères pratiquent sur le clitoris de leurs fillettes, et dès le très jeune âge, des tractions fréquentes ayant pour but d’allonger et de développer cet organe dans l’intention avouée d’augmenter dans la suite les jouissances voluptueuses au moment des rapports sexuels »13. Cette explication renforce toutefois les clichés sur l’hypersexualité des femmes africaines. Quelques analyses du début du xxe siècle émettent l’hypothèse de l’existence d’une distension de l’organe génital chez des femmes blanches, causée par le mode de vie, l’acquis. Cette particularité ne serait donc pas seulement exceptionnelle ou pathologique dans la race blanche. Dans un article paru dans L’ Anthropologie en 1907, le docteur Laloy évoque la thèse de deux médecins militaires du Nord de la France, P. Baroux et L. Sergeant, qui établissent, au sujet des populations flamandes, un lien de cause à effet entre la marche, le surdéveloppement des organes génitaux et la sexualité14. En effet, leur démonstration met en avant l’idée que l’hypertrophie des attributs sexuels n’est pas d’origine raciale ou climatique. L’activité sportive, la marche en terrain plat, entraînerait un développement anormal des fesses, décrit de la même manière que la stéatopygie des Africaines, et une élongation des lèvres génitales à l’instar du tablier chez les Hottentotes. L’anatomie sexuelle de ces individus expliquerait ensuite leur forte propension à la sexualité, une interdépendance évoquée seulement au sujet de la race noire ou des prostituées blanches au xixe siècle.
- 15 J.-B. Bory de Saint-Vincent, L’Homme, essai zoologique sur le genre humain, t. i, Paris, Rey et Gra (...)
- 16 Dr X. Jacobus, L’amour aux colonies. Singularités physiologiques et passionnelles observées durant (...)
- 17 P. Topinard, L’anthropologie, Paris, C. Reinwald et Cie, 3e édition, 1879, p. 373.
8Les organes sexuels des hommes noirs alimentent également l’imaginaire des scientifiques. Le pénis des Africains est décrit comme surdimensionné dans ces discours. Dans un ouvrage publié en 1827, Bory de Saint-Vincent (1778-1846) affirme au sujet de l’espèce éthiopienne : « Elles ont aussi le vagin en tout temps large et proportionné au membre viril du mâle, souvent énorme, mais à peu près incapable d’une érection complète »15. Cette idée d’adaptation parfaite entre les organes génitaux du mâle et de la femelle au sein d’une même race revient dans de nombreux discours et notamment dans les ouvrages du docteur Jacobus en 1893 et en 193116. Ces assertions permettent aux polygénistes de prouver l’existence de plusieurs espèces humaines. Elles révèlent implicitement les défiances face aux relations interraciales et au métissage. L’idée qui prédomine à cette époque est que le Noir, au pénis démesuré, ne peut copuler avec la Blanche au vagin étroit. Il s’agit de préserver l’intégrité de la femme blanche et de sa race. La démesure du sexe de l’homme noir est un lieu commun datant de l’époque antique dans le but de conférer aux Ethiopiens une caractéristique bestiale. Les médecins contribuent à valider et à diffuser ces stéréotypes au xixe siècle. Le sexe de l’Africain serait donc de taille plus importante que celui de l’Européen mais les savants y ajoutent une nuance importante, redorant leur virilité. En effet, les Noirs auraient une capacité d’érection moindre que celle des Blancs. Les dictionnaires médicaux et les ouvrages savants véhiculent cette idée tout au long du xixe siècle à l’instar de L’Anthropologie de P. Topinard (1830-1911) où l’on peut lire que : « le pénis du nègre est plus long et plus volumineux dans l’état de flaccidité que celui du blanc ; dans l’état d’érection c’est l’inverse »17. Les multiples rééditions de ce livre et la médaille d’or attribuée à son auteur par l’Académie de médecine en 1877 témoignent de son succès et de son impact.
- 18 Dr G. Lefrou, Le Noir d’Afrique. Anthropo-biologie et raciologie, Paris, Payot, 1943, p. 234.
- 19 L’idéologie racialiste reconnaît l’existence et l’inégalité des races humaines. Le déterminisme rac (...)
9Si cette représentation perdure dans les mentalités, certains médecins commencent à la réfuter au milieu du xxe siècle. En 1943, le docteur G. Lefrou (1892-1969), médecin en chef de 1re classe des troupes coloniales, remet en question l’argument racial pour insister sur le caractère individuel de cette particularité : « Les anciens auteurs ont toujours parlé d’une grandeur démesurée du pénis chez les Nègres. Cette opinion a été considérée ensuite comme erronée (...) Il y a comme le Blanc des variations individuelles »18. Si au xxe siècle, les études scientifiques s’affranchissent peu à peu des explications purement naturalistes et racialistes19 prenant en compte la part de la culture, de l’environnement et des caractéristiques individuelles de chacun, durant la majeure partie du xixe siècle, la sexualité des Noirs semble encore déterminée par des influences raciales et climatiques.
La sexualité des Africain(e)s : objet de toutes les interrogations
- 20 Dr Nicolas, « Vulve », Encyclopédie méthodique, médecine, par une société de médecins, t. xiii, Par (...)
10Si le corps est le reflet de l’âme dans la pensée physiognomoniste et médicale des xviiie et xixe siècles, les organes génitaux semblent être les révélateurs de la race et de la sexualité, en particulier dans le cas africain. A partir de l’observation des organes sexuels des Africain(e)s, les savants déduisent la pratique d’une sexualité ardente et débridée. Cette idée rejoint la théorie transformiste de Lamarck (1744-1829) développée dans le premier quart du xixe siècle selon laquelle la fonction développerait l’organe. La taille excessive des attributs sexuels serait le résultat d’une activité sexuelle intense. A l’inverse, dans l’idéologie de certains médecins, à l’instar de P. Baroux et L. Sergeant évoqués précédemment, ce serait l’organe qui développerait la fonction. Le fait d’être doté d’organes sexuels hypertrophiés inciterait à la sexualité. Parmi les nombreux savants qui émettent cette relation de cause à effet, le docteur Nicolas affirme dans l’Encyclopédie méthodique de médecine parue en 1830 : « Il peut acquérir de très grandes dimensions et surpasser même celles de la verge ; cet excès de longueur détermine souvent chez les femmes ainsi conformées des goûts que la nature réprouve ou rend le coït douloureux ou gênant »20.
- 21 Voir le texte de Francesca Arena.
- 22 Dr Pinel, « Nymphomanie », Encyclopédie méthodique, médecine, par une société de médecins, t. xi, P (...)
- 23 P. Larousse, « Femme », op. cit., p. 203.
11Pour les médecins, les tempéraments et le climat jouent également un rôle majeur dans la complexion et les comportements humains. La nymphomanie semble s’expliquer pour le docteur Pinel21 (1745-1826) en 1824 par l’influence de ces deux facteurs. Selon lui : « Les femmes très irritables, chez lesquelles la susceptibilité nerveuse est très grande, sont sujettes à la nymphomanie, ainsi que celles d’un tempérament bilioso-sanguin, la raison en est qu’elles ont le sang plus chaud (...). Il n’est donc pas surprenant que les femmes qui vivent dans les climats brûlants de l’Afrique, de l’Asie et de l’Amérique soient plus voluptueuses que les Européennes. Pour nous renfermer dans notre pays nous connaissons la différence qui existe à cet égard, entre les femmes de la Provence et du Languedoc et celles du Nord de la France »22. Dans cette définition, la lubricité n’est pas spécifique aux Africaines mais elle est surtout le fait des climats chauds et des tempéraments sanguins, chaud et humide, ou bilieux, chaud et sec. Les populations des climats tempérés auraient donc une propension plus grande à contrôler leurs pulsions sexuelles. Ces milieux paraîtraient plus propices à la civilisation et à la modération ; la chaleur entraînerait à l’inverse des comportements plus sauvages, impulsifs et bestiaux. En 1872, le Grand dictionnaire universel du xixe siècle diffuse la théorie élaborée par les Anciens, Hippocrate, Aristote et Galien, encore reconnue au xixe siècle par les médecins, selon laquelle la femme est un être perméable plus sensible que l’homme à la température et aux variations climatiques. Sa constitution physique et sa sexualité résulteraient de cette influence environnementale : « dans les pays chauds, non seulement la femme est plus ardente en amour, mais elle est encore plus précoce, et les jouissances prématurées altèrent sa constitution physique. Ses organes génitaux sont plus développés (...). On peut dire d’une manière générale que les femmes sont d’autant plus passionnées, plus lascives et plus débauchées qu’elles vivent dans des pays plus chauds »23.
- 24 Bouchereau, « Satyriasis », Dictionnaire encyclopédique des sciences médicales, t. 7, Paris, A. Dec (...)
12Les angoisses autour de la sexualité s’intensifient à la fin du xviiie siècle dans un contexte de contrôle social accru et de médicalisation des corps et des comportements. Les condamnations de l’onanisme et de la pratique d’une sexualité immodérée, sans but reproducteur, fleurissent dans les ouvrages de médecine. La femme est menacée par les fureurs utérines, la nymphomanie, l’hystérie ; l’homme par le satyriasis et l’abus du sexe, sources d’affaiblissement physique et moral. L’homme est censé être maître de ses pulsions et donc moins touché par ce mal. A l’inverse, la femme, dont les organes génitaux sont situés à l’intérieur du corps, serait constamment soumise à ses instincts sexuels. A l’article « Satyriasis » du Dictionnaire encyclopédique des sciences médicales paru en 1879, le docteur Bouchereau (1835-1900) précise que cette maladie touche plus particulièrement les hommes qui ne possèdent pas la faculté de contrôler leurs instincts primaires : « On le rencontre surtout parmi les êtres et les races inférieurs, le nègre obéit à ses sensations, et n’est occupé que de satisfaire sa faim, on le voit s’abandonner sans réserve aux plaisirs sexuels »24. L’homme noir est souvent féminisé dans les discours médicaux ; il est vu comme instinctif, faible, soumis à ses passions et à ses pulsions.
- 25 Voir E. Dorlin, La matrice de la race, op. cit.
- 26 Dr Barot, Guide pratique de l’Européen dans l’Afrique occidentale à l’usage des militaires, fonctio (...)
- 27 Dr A. Vallet, Guide médical du colon en Afrique tropicale, Cherbourg, Librairie Henry, 1913, p. 178 (...)
- 28 Ch. Richet, La sélection humaine, Paris, Félix Alcan, 1919 ; R. Martial, Les Métis, Paris, Flammari (...)
- 29 Terme utilisé à l’époque pour désigner l’acclimatation.
- 30 Dr Barot, op. cit.
13La sexualité des races indigènes n’est au départ qu’une question annexe pour les savants mais ce sujet suscite un intérêt majeur au cours du xixe siècle. La colonisation rapproche les corps et les races en Afrique ; les hommes blancs sont de plus en plus en contact avec des femmes de couleur, dites libres, lubriques et libertines. Cette proximité et le manque de femmes blanches dans les colonies inquiètent les médecins. Les Africaines au tempérament chaud, comme les prostituées blanches25, risquent de tenter les colons, de les affaiblir et surtout de faire dégénérer la race. Cette peur du métissage et cette obsession de la race pure s’accroissent dans le dernier tiers du xixe siècle. Les relations sexuelles entre le colon blanc et la femme noire restent toutefois tolérées par les médecins de brousse car ils connaissent le terrain et considèrent ces rapports comme incontournables dans le contexte colonial26. Même si la présence de femmes européennes s’accroît au début du xxe siècle du fait de la pacification des territoires colonisés, leur nombre reste limité. Le risque sanitaire et l’ardeur du climat demeurent des obstacles à leur installation durable27. La fécondation de la femme indigène et la naissance d’un enfant métis sont en revanche condamnés car ils mettent la race en péril et créent des êtres inférieurs aux deux parents. Face à ces théories « mixophobes » et eugénistes28, des médecins mettent également en avant les bienfaits du métissage pour la colonisation et l’acclimatement29 de la race blanche dans les colonies30.
- 31 R. Trautmann, Au pays de « Batouala », Noirs et Blancs en Afrique, Paris, Payot et Cie, 1922, p. 84
- 32 Dr X. Jacobus, op. cit., 1931.
- 33 L. Tauxier, Le Noir du Yatenga, Paris, Emile Larose, 1917.
- 34 D.-P. de Pedrals, La vie sexuelle en Afrique noire, Paris, Payot, 1950.
14S’il existe un consensus partagé par la communauté scientifique sur la précocité et l’intensité de l’activité sexuelle des Africain(e)s au xixe siècle, certains médecins cherchent à démontrer la nature vertueuse de leur sexualité dans les premières décennies du xxe siècle. Pour prendre un exemple, René Trautmann (1875-1956), médecin-major de première classe des troupes coloniales, en mission au Congo, écrit en 1922 : « Quoi qu’il en soit de cet appétit fort accentué (…) les nègres ignorent tout des complications sexuelles (…) Les vices contre-nature sont très rares en Afrique »31. Il soutient à l’instar du docteur Jacobus32 en 1931, ou des administrateurs coloniaux de Haute-Volta (Burkina Faso actuel) comme Louis Tauxier33 en 1917 ou de Denis Pierre de Pedrals34 en 1949, ancien administrateur du Bénin, que les vices contre nature sont le produit des peuples civilisés et que les Africains sont louables pour leur sexualité naïve, innocente, proche de la nature. L’homosexualité, condamnée par les médecins, est d’ailleurs considérée comme un vice inconnu des Africain(e)s car trop éloigné de l’instinct naturel et animal propre à la race noire.
15Les critiques des pratiques déviantes des populations civilisées permettent de souligner les mœurs simples des Africains. Au-delà de ces représentations, les mutilations génitales et les moyens censés lutter contre les excès de la nature et la dépravation des mœurs intéressent également les médecins.
L’excision et les mutilations génitales. Entre légitimation et dénonciation
- 35 Dr Chambon, «Clitoris », op. cit., 1792, p. 886.
- 36 Dr Murat, « Nymphotomie », Dictionnaire des sciences médicales, une société de médecins et de chiru (...)
- 37 Voir F. Couchard, L’excision, Paris, puf, 2003.
- 38 Dr A. Corre, La mère et l’enfant dans les races humaines, Paris, Octave Doin, 1882 ; Dr Lasnet, Les (...)
- 39 J.-B. Bory de Saint-Vincent, op. cit., p. 120.
16Dans de nombreux travaux médicaux sur l’excision, de la fin du xviiie siècle à la fin du xixe siècle, les auteurs semblent apporter leur caution à cette pratique, la jugeant nécessaire pour réparer ce que la nature a exagéré. L’excision est perçue comme un moyen de normalisation corporelle, morale et sociale. Dans l’article « Clitoris » de l’Encyclopédie méthodique de médecine en 1792, le docteur Chambon évoque des femmes grecques, romaines et égyptiennes qui étaient excisées dans l’Antiquité à cause de la taille anormale de leur organe génital. Les auteurs de l’époque contemporaine reprennent ces arguments à leur compte pour expliquer la pratique de l’excision en Afrique. D’ailleurs, l’hypertrophie clitoridienne semble se déplacer géographiquement au cours du xixe siècle vers le continent africain pour n’être plus qu’une exception et une pathologie en France et en Europe. Au début du xxe siècle, comme nous l’avons indiqué plus haut, certains médecins remettent en question la racialisation de cette particularité. A la fin du xviiie siècle, N. Chambon défend l’excision comme moyen de guérir les femmes et de réguler leurs ardeurs sexuelles ; elle permet, selon lui, « de rendre les femmes supportables à leurs maris, de faire cesser en elles ou de prévenir le goût excessif des plaisirs de l’amour, qui était inévitable ou une suite nécessaire de cette conformation ; disposition augmentée à chaque moment par le frottement des habillemens (sic) qui les tenait dans une érection constante et par conséquent dans le désir de jouir des embrassemens (sic) de leurs époux »35. Le fait d’exciser pour contrôler la sexualité et vaincre la nymphomanie est donc reconnu bien avant le xxe siècle mais n’est pas dénoncé, bien au contraire, car la sexualité féminine représente un danger. L’excision est justifiée par le docteur Murat en 1819, dans le Dictionnaire des sciences médicales, par les arguments climatiques et pathologiques : « La nymphotomie, pratiquée assez rarement dans notre Europe, et seulement en cas de maladie ou d’un trop grand développement des nymphes, disposition peu ordinaire dans les climats tempérés, doit, au contraire, être considérée comme une opération très familière dans les régions orientales et méridionales du globe. En effet, elle devient souvent nécessaire dans les pays chauds ; les nymphes s’allongent tellement et sont sujettes à prendre un tel accroissement sur quelques points de l’Asie et de l’Afrique, que la nécessité de les couper à passer en usage, et par succession de temps, cette coutume a pris force de loi »36. Il expose et approuve ensuite les raisons données à la pratique de l’excision depuis l’Antiquité par des médecins et des géographes comme Strabon, Aëtius, Paul d’Egine, Avicenne, Léon l’Africain, Thévenot, ou encore Sonnini. Ils légitiment l’excision par la mise en avant des arguments esthétiques, hygiéniques, et par la gêne qu’entraînerait cette difformité corporelle pendant le coït, mais ils n’évoquent pas l’hypothèse religieuse. Cette mutilation est également pratiquée dans un but esthétique afin d’ôter la part de masculinité de la femme en redonnant à son organe génital un aspect lisse et spécifiquement féminin37. La circoncision suscite moins d’interrogations chez les médecins qui connaissent certainement mieux cette pratique en usage chez les juifs et les musulmans. L’excision est tolérée et bien souvent encouragée par les savants français au cours du xixe siècle à l’instar des médecins coloniaux A. Corre, en 1882, et Lasnet, en 190038. Bory de Saint Vincent qualifie même les Hottentots de barbares car ils n’excisent pas leurs femmes39. Les médecins ne se bornent pas à préconiser l’ablation du clitoris pour la femme noire, ils la recommandent aussi pour la femme blanche mais seulement lorsqu’elle est malade. L’idée d’individualité est acquise pour les Européennes alors que la généralisation caractérise encore le regard porté sur les Africaines, les Khoisan étant plus touchées encore par ces généralisations racialistes.
- 40 M. Macquart, « Infibulation », Encyclopédie méthodique, médecine, t. vii, Paris, Chez H. Agasse, 17 (...)
- 41 C. Chippaux, Les mutilations sexuelles chez l’homme, Le Pharo-Marseille, André Manoury éditeur, 196 (...)
- 42 J. Vassal, « Le Ganza, une mutilation des organes génitaux des femmes noires Banda », extrait de La (...)
17Si certains savants dénoncent l’excision, c’est surtout la pratique de l’infibulation – suture et fermeture des orifices génitaux – qui est condamnée dès la fin du xviiie siècle par le docteur Macquart notamment40. Cette mutilation génitale est toutefois rarement évoquée par les médecins français du xixe siècle car elle se pratique pour l’essentiel en Afrique de l’Est, dans des territoires non soumis à la France tels que l’Ethiopie ou la Somalie. C’est au début du xxe siècle et surtout au milieu du siècle, que les mutilations sexuelles féminines commencent à être unanimement condamnées dans les discours médicaux. Ces dénonciations apparaissent dans les textes du docteur Jacobus en 1931 ou dans l’ouvrage sur les mutilations sexuelles de Claude Chippaux (1909-1984), médecin colonial, anthropologue et chirurgien. Il réprouve cette pratique et nie l’argument selon lequel elle serait une nécessité imposée par la nature ; une nature qui aurait donné aux femmes noires un organe difforme et gênant : « Une anomalie anatomique a été invoquée : celle de la longueur du clitoris ou des petites lèvres fortement développées entrave l’acte sexuel. Mais la femme noire – en dehors des cas pathologiques d’hermaphroditisme – n’a pas un clitoris anormalement développé »41. Pour lui, l’excision est un pur produit de la volonté masculine inventé pour contrôler la sexualité féminine. Néanmoins, en dénonçant une pratique jugée barbare, il rappelle, à l’instar d’autres médecins comme Joseph Vassal en 192542, l’importance de la colonisation et de l’apport de la civilisation pour réprimer ce type d’acte.
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18Ces descriptions médicales et anthropologiques soulignant les ardeurs sexuelles des Africain(e)s et l’exubérance de leur anatomie sexuelle ont diffusé l’image d’une race soumise à ses passions et à ses instincts. L’apparence physique et plus particulièrement ici la taille et la forme des attributs sexuels ainsi que les pratiques culturelles qui y sont associées, ont permis aux médecins d’évaluer des populations africaines, de les classer sur l’échelle humaine et de dresser un portrait général de la race noire puis de ses ethnies. Les médecins ont établi des interdépendances entre le physique et le moral ainsi qu’entre l’anatomie sexuelle et la sexualité des Africain(e)s soulignant leur incapacité à s’affranchir du déterminisme naturel et à prendre le pouvoir sur leur propre corps et sur leurs pulsions. La colonisation, porteuse de civilisation, de tempérance et de contrôle moral, se présentait comme une nécessité. Les sciences médicales ont ainsi contribué à essentialiser, à racialiser et à sexualiser les Africain(e)s. Malgré les permanences et la toute-puissance des stéréotypes sur les Africain(e)s, la tendance perceptible de ces discours sur l’Autre est le passage d’une forme de généralisation raciale, au début du xixe siècle, à une prise en considération plus grande des différences ethniques, à la fin du siècle.
19Les médecins coloniaux esquissent cette nouvelle manière de penser l’Afrique et les Africains. Dans la première moitié du xxe siècle, la littérature médicale privilégie peu à peu l’individuation à la racialisation des populations et critique les effets trompeurs des généralisations et des tableaux anthropométriques. Les spécificités anatomiques sont décrites peu à peu comme des particularités individuelles et/ou culturelles mais aussi ethniques. Le regard change simplement d’échelle. Les médecins de brousse, en cherchant à nuancer les lieux communs des médecins de cabinet, diffusent des présupposés ethniques. La race noire n’est plus décrite comme un bloc homogène mais ce sont les ethnies d’Afrique qui sont hiérarchisées entre elles. Les clichés perdurent et notamment lorsqu’il s’agit de la sexualité des Africain(e)s.
- 43 Grande encyclopédie Larousse, « Races humaines », Paris, Librairie Larousse, édition 1971-1976, p. (...)
20Malgré la diversité présentée, le dénominateur commun reste le même ; le sexe et la sexualité continuent à caractériser les Africain(e)s et à susciter l’intérêt des médecins français. Dans l’article sur les races humaines de la Grande encyclopédie Larousse publiée en 1976, les attributs sexuels des Hottentotes et les Boschimanes sont encore racialisés : « chez les femmes, il y a une forte saillie en arrière de la région fessière avec accumulation de graisse sous-cutanée (stéatopygie), ainsi qu’un allongement considérable des petites lèvres de l’orifice vulvaire (« tablier des Hottentotes ») »43. Les stéréotypes sexuels et raciaux se perpétuent donc et notamment la perception du tablier hottentot comme caractère purement racial chez les Khoisan, alors qu’il n’est que le résultat d’une coutume traditionnelle. Cet exemple non isolé illustre la force de l’héritage de la pensée racialiste du xixe siècle.
Notes
1 P. Larousse, « Femme », Grand dictionnaire universel du xixe siècle, t. viii, Paris, Administration du Grand Dictionnaire Universel, 1872, p. 203.
2 J. J. Virey, « Femme », Dictionnaire des sciences médicales, t. 14, Paris, Panckoucke éditeur, 1815, p. 513.
3 La raciologie est un terme désignant l’étude des races humaines dans les sciences médicales et anthropologiques aux xixe et xxe siècles. Ce terme est employé par plusieurs médecins tels que G. Lefrou, Le Noir d’Afrique. Anthropo-biologie et raciologie, Paris, Payot, 1943 ; L. Pales, Raciologie comparative des populations de l’aof, Les Diamate d’Effoc et les Floup d’Oussouye (Casamance-Sénégal), Dakar, Direction générale de la Santé publique, 1949.
4 Voir W.B. Cohen, Français et Africains, les Noirs dans le regard des Blancs 1530-1880, Paris, Gallimard, 1981 ; E. Dorlin, La matrice de la race, Paris, La Découverte, 2006 ; C. Reynaud-Paligot, La République raciale 1860-1930, Paris, puf, 2006.
5 Les Khoï-Khoï sont une population d’éleveurs d’Afrique du Sud surnommés Hottentots par les colons européens et les San sont des chasseurs-cueilleurs de la même région rebaptisés Boschimans ou Bushmen. Ils appartiennent au groupe Khoïsan et vivent aujourd’hui en Afrique du Sud, en Namibie, au Botswana, et dans le désert du Kalahari.
6 Voir F. X. Fauvelle-Aymar, L’invention du Hottentot, Paris, Publications de la Sorbonne, 2002.
7 F. Le Vaillant, Voyage de F. Le Vaillant dans l’intérieur de l’Afrique par le Cap de Bonne Espérance dans les années 1780, 81, 82, 83, 84 et 85, t. ii, Lausanne, Chez Mourer, 1790, p. 255.
8 J. J. Virey, op. cit., 1815 ; J. J. Virey, « Nègre », Dictionnaire des sciences médicales, par une société de médecins et de chirurgiens, Paris, clf Panckoucke éditeur, 1819 ; Dr Murat, « Nymphes », Dictionnaire des sciences médicales, une société de médecins et de chirurgiens, vol. 36, Paris, Panckoucke, 1819.
9 G. Cuvier, Extrait d’observations faites sur le cadavre d’une femme connue à Paris et à Londres sous le nom de Vénus Hottentote, Mémoires du Muséum, t. iii, 1817.
10 W. H. Flower, J. Murrie, « Account of the dissection of a bushwoman », Journal of Anatomy and Physiology, 1867, p. 189-208. W. H. Flower est le conservateur du musée du « Royal College of Surgeons » de Londres et J. Murrie est membre de la société zoologique de Londres.
11 R. Blanchard, « Sur le tablier et la stéatopygie des femmes boschimanes », Bulletin de la société zoologique de France, vol. viii, Paris, Au siège de la société, 1883, p. 35.
12 Dr Chambon, « Clitoris », Encyclopédie méthodique, médecine, t. iv, Paris, Panckoucke, 1792, p. 885. Nicolas Chambon de Montaux (1748-1826) est médecin en chef à la Salpêtrière, premier médecin des armées et inspecteur des hôpitaux militaires, membre de la Société royale de médecine et engagé en politique à partir de 1789.
13 Dr Gaillard, « Etude sur les lacustres du Bas-Dahomey », L’Anthropologie, t. 18, Paris, Masson et Cie, 1907, p. 115.
14 Dr Laloy, « P. Baroux et L. Sergeant, « Les races flamandes bovine, chevaline et humaine dans leurs rapports avec la marche en terrain plat », Paris et Lille, Tallandier éditeur, 1906, 43 p. et 33 fig., L’Anthropologie, t. xviii, Paris, Masson, 1907, p. 205-207.
15 J.-B. Bory de Saint-Vincent, L’Homme, essai zoologique sur le genre humain, t. i, Paris, Rey et Gravier, 1827, p. 31.
16 Dr X. Jacobus, L’amour aux colonies. Singularités physiologiques et passionnelles observées durant trente années de séjour dans les colonies françaises. Cochinchine, Tonkin et Cambodge-Guyane et Martinique, Sénégal et Rivières du Sud, Nouvelle-Calédonie, Nouvelles-Hébrides et Tahiti, Paris, Isidore Liseux, 1893 ; Dr X. Jacobus, L’Acte sexuel dans l’espèce humaine. Etude physiologique complète de l’amour normal et des abus, perversions, folies et crimes relatifs à l’instinct génital à travers les peuples et les âges, Paris, Editions Prima, 1931.
17 P. Topinard, L’anthropologie, Paris, C. Reinwald et Cie, 3e édition, 1879, p. 373.
18 Dr G. Lefrou, Le Noir d’Afrique. Anthropo-biologie et raciologie, Paris, Payot, 1943, p. 234.
19 L’idéologie racialiste reconnaît l’existence et l’inégalité des races humaines. Le déterminisme racial expliquerait les différences anatomiques, physiologiques, psychologiques, sexuelles et culturelles entre les groupes humains.
20 Dr Nicolas, « Vulve », Encyclopédie méthodique, médecine, par une société de médecins, t. xiii, Paris, Chez Mme veuve Agasse, 1830, p. 542.
21 Voir le texte de Francesca Arena.
22 Dr Pinel, « Nymphomanie », Encyclopédie méthodique, médecine, par une société de médecins, t. xi, Paris, Chez Mme veuve Agasse, 1824, p. 47.
23 P. Larousse, « Femme », op. cit., p. 203.
24 Bouchereau, « Satyriasis », Dictionnaire encyclopédique des sciences médicales, t. 7, Paris, A. Dechambre, 1879, p. 67.
25 Voir E. Dorlin, La matrice de la race, op. cit.
26 Dr Barot, Guide pratique de l’Européen dans l’Afrique occidentale à l’usage des militaires, fonctionnaires, commerçants, colons et touristes, Paris, Ernest Flammarion, 1902.
27 Dr A. Vallet, Guide médical du colon en Afrique tropicale, Cherbourg, Librairie Henry, 1913, p. 178 ; Dr P. J. Navarre, Manuel d’hygiène coloniale. Guide de l’Européen dans les pays chauds, Paris, Octave Doin, 1895.
28 Ch. Richet, La sélection humaine, Paris, Félix Alcan, 1919 ; R. Martial, Les Métis, Paris, Flammarion, 1942.
29 Terme utilisé à l’époque pour désigner l’acclimatation.
30 Dr Barot, op. cit.
31 R. Trautmann, Au pays de « Batouala », Noirs et Blancs en Afrique, Paris, Payot et Cie, 1922, p. 84.
32 Dr X. Jacobus, op. cit., 1931.
33 L. Tauxier, Le Noir du Yatenga, Paris, Emile Larose, 1917.
34 D.-P. de Pedrals, La vie sexuelle en Afrique noire, Paris, Payot, 1950.
35 Dr Chambon, «Clitoris », op. cit., 1792, p. 886.
36 Dr Murat, « Nymphotomie », Dictionnaire des sciences médicales, une société de médecins et de chirurgiens, vol. 36, Paris, Panckoucke, 1819, p. 596.
37 Voir F. Couchard, L’excision, Paris, puf, 2003.
38 Dr A. Corre, La mère et l’enfant dans les races humaines, Paris, Octave Doin, 1882 ; Dr Lasnet, Les races du Sénégal. Sénégambie et Casamance, Paris, Augustin Challamel éditeur, 1900.
39 J.-B. Bory de Saint-Vincent, op. cit., p. 120.
40 M. Macquart, « Infibulation », Encyclopédie méthodique, médecine, t. vii, Paris, Chez H. Agasse, 1798, p. 587-588.
41 C. Chippaux, Les mutilations sexuelles chez l’homme, Le Pharo-Marseille, André Manoury éditeur, 1960, p. 36.
42 J. Vassal, « Le Ganza, une mutilation des organes génitaux des femmes noires Banda », extrait de La Presse médicale, Masson et Cie, 25, 1925, p. 1-27. J. Vassal est directeur du service de santé de l’aef.
43 Grande encyclopédie Larousse, « Races humaines », Paris, Librairie Larousse, édition 1971-1976, p. 11397.
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Référence papier
Delphine Peiretti-Courtis, « Sexualité et organes génitaux des Africain(e)s dans le discours médical français (fin xviiie – milieu xxe siècle) », Sextant, 30 | 2013, 21-32.
Référence électronique
Delphine Peiretti-Courtis, « Sexualité et organes génitaux des Africain(e)s dans le discours médical français (fin xviiie – milieu xxe siècle) », Sextant [En ligne], 30 | 2013, mis en ligne le 23 septembre 2013, consulté le 16 mars 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/sextant/3184 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/sextant.3184
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