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Notes de lecture

Jean-Paul Bronckart, Une introduction aux théories de l’action, Carnets des Sciences de l’Education

Genève, 2005
Christine Amans
p. 181-182
Bibliographical reference

Jean-Paul Bronckart, Une introduction aux théories de l’action, Carnets des Sciences de l’Education, Genève, 2005, 95 pages.

Full text

1Dans la collection des Carnets des Sciences de l’Education, Jean-Paul Bronckart propose un ouvrage intitulé « Une introduction aux théories de l’action ». Cet ouvrage reprend et fait suite à un rapport de recherche cordonné par le même auteur intitulé : « Agir et discours en situation de travail » (Juin 2004), dans lequel est présentée une vaste revue de questions sur les théories de l’agir, en préalable à l’exposé d’un programme scientifique concernant l’« analyse des actions et des discours en situation de travail », dont les données sont prélevées dans des secteurs professionnels variés (industriel, hospitalier et scolaire).

2A l’origine de l’ouvrage ici présenté se trouve une préoccupation liée à la définition d’un objet d’étude par les différentes sciences humaines et sociales qui s’intéressent à l’« agir humain » lequel s’exprime, au gré des modèles théoriques, sous d’autres vocables : « action », « activité », « pratique », « praxis »… L’auteur propose, en première définition, d’envisager l’agir comme « un ensemble de phénomènes associant un processus dynamique et un résultat qui ont leur source dans un organisme humain » (p. 8). Considérant tout l’intérêt de cette démarche pour les sciences de l’éducation, il s’agit pour ce spécialiste de la formation des adultes de recenser et de discuter le statut épistémologique de l’« agir humain » et les méthodologies de son analyse qui ont cours dans différentes sciences depuis la fin du XIXè siècle (philosophie, sociologie, psychologie, science du travail et de la formation) en pointant les propositions théoriques respectives d’auteurs référents dans ces différents domaines mais aussi leurs controverses.

3Les trois premiers chapitres apportent des éclairages sur la façon dont des approches aussi différentes que la philosophie, la sociologie, la psychologie ont envisagé l’étude de l’agir humain en fournissant des réponses aux questions de délimitation de l’objet d’étude, du poids de la source humaine et des déterminants externes dans les conduites humaines. Pour chacune des sciences convoquées sur cette question, Bronckart prend soin de recenser différents courants de pensée à travers des auteurs emblématiques (Anscombe, Habermas, Ricoeur, Wittgenstein, etc.) afin de pointer quelles réponses ils apportent à la question fondamentale de délimitation de ce qu’est l’action. A titre d’exemple, nous pouvons retenir l’analyse des déterminants sociaux de l’action empruntée à Durkheim dans le champ de la sociologie : « l’approche durkheinnienne met en évidence les processus de détermination de l’agir individuel par l’agir collectif » (p. 38) qui se termine chez Bronckart par une critique sur l’absence chez Durkheim d’une définition de l’agir et de l’activité. Il montre ensuite comment Bourdieu défend (au sein de cette même science sociologique) un positionnement différent relativement à l’analyse de l’agir humain et en propose une étude qui intègre la notion d’« habitus » (p. 40).

4Le chapitre 4 présente une synthèse des différents paradigmes s’intéressant à l’analyse du travail depuis le taylorisme jusqu’à la clinique de l’activité en passant par l’ergonomie. L’auteur pointe à travers l’analyse de ces divers cadres théoriques comment, grâce à des méthodologies adaptées, ils ont pu prendre en compte : le vécu et le ressenti du travailleur (c’est le cas de l’ergonomie) ; les opérations intellectuelles et les formes d’intelligence mobilisées (c’est le cas de l’ergonomie cognitive) ; le rôle du travail dans le développement et la construction des personnes (c’est le cas de la clinique de l’activité intégrant les travaux de Vygotski) ; la prise en compte du travail dans son aspect invisible, tel qu’il est pensé, empêché, possible (cf. Clot).

5A la suite de quoi, l’auteur s’intéresse plus spécialement à la façon dont est approché le « travail enseignant » dont il attribue l’initiative aux didactiques disciplinaires dans la deuxième phase de leur existence, après qu’elles eurent réglé la question des programmes scolaires. L’auteur pointe également l’émergence des démarches de formation des enseignants par analyse des pratiques professionnelles grâce à des techniques comme l’entretien d’explicitation (Vermersch), l’auto confrontation croisée (Clot), l’instruction au sosie (Oddone), autant de démarches présentant un double intérêt : ce sont des moyens pour accroitre l’efficacité dans le travail et des outils pour identifier les compétences et autres démarches cognitives mobilisées par les intervenants.

6Dans le dernier chapitre, sur la base des recensements théoriques effectués précédemment et en faisant l’effort de se situer par rapport à eux, l’auteur propose « un appareil notionnel intégré » concernant les notions mises à l’étude dans cet ouvrage. Il réaffirme, dans la tradition vygotskienne, « le caractère premier de l’activité définit comme format social organisant et régulant les interactions des individus avec le milieu », et soutient que « la construction des actions relève d’un processus généalogique qui opère à partir de cette activité (…). Dans cette perspective les actions sont conçues comme des formes qui se construisent sous l’effet de la réflexivité des protagonistes » (p. 85).

7Au-delà de controverses possibles sur de telles définitions, ce court ouvrage (sa longueur étant inversement proportionnelle à sa densité), nous semble constituer une référence incontournable pour les chercheurs et les étudiants en sciences de la société en raison du large panorama que constitue cette recension des théories de l’action disponibles.

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References

Bibliographical reference

Christine Amans, “Jean-Paul Bronckart, Une introduction aux théories de l’action, Carnets des Sciences de l’Education”Sciences de la société, 77 | 2009, 181-182.

Electronic reference

Christine Amans, “Jean-Paul Bronckart, Une introduction aux théories de l’action, Carnets des Sciences de l’Education”Sciences de la société [Online], 77 | 2009, Online since 09 March 2020, connection on 11 September 2024. URL: http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/sds/8357; DOI: https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/sds.8357

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About the author

Christine Amans

PASSAGA, Docteur en STAPS, Département STAPS Rodez, CUFR JF Champollion, Laboratoire DiDiST CREFI-T Toulouse.

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