- 1 Ces durées sont quotidiennes.
- 2 Conseil supérieur de l’audiovisuel.
- 3 http://www.calixthebeyala.com/Mme-Calixthe-Beyala-anime-et-soutient-differentes-causes_a16.html Sur (...)
1« Les Français passent environ 3h30 devant leur poste et près de 4h pour les foyers recevant les 18 chaînes de la télévision numérique terrestre1. Les médias audiovisuels sont les principaux outils de la représentation, que la société se donne d’elle-même, ils doivent donc être conformes à la réalité de notre société dans sa diversité » (Baudis, 2006). Cette sentence exprimée par le président du csa2 de 2001 à 2007 contribue à pointer du doigt le rôle et la place que devraient occuper les médias dans la vie des Français comme reflet de la réalité et de la mosaïque sociale. Cette assertion fait suite aux nombreuses revendications fortement exprimées sur la place publique par des associations, des citoyens, et par le collectif « Egalité » dont C. Beyala est le porte-parole : elle a dénoncé la sous-représentation des minorités visibles dans le paysage audiovisuel français et porté plainte contre le csa et le gouvernement français en 1998 en raison de la sous-représentation de « noirs »3 à la télévision. Suite à cela, en 1999, H. Bourges en tant que président du csa reçoit des membres de ce collectif. Cet événement marque un début de travail et de réflexion sur la représentation de la diversité à la télévision par les instances politiques et audiovisuelles.
2Nous prenons comme objet d’étude la représentation de la diversité visible à l’antenne car plusieurs événements méritent d’être relevés pour avoir contribué à améliorer l’expression des diverses composantes de la communauté nationale, notamment dans les programmes des chaînes du service public. Travailler sur la notion de « représentation de la diversité à la télévision française » nécessite d’abord une approche théorique pour en affiner le concept. Notre méthodologie procède ainsi par l’examen de références théoriques et conceptuelles, majoritairement en sciences de l’information et de la communication (sic). A cette étude, se rajoutent les approches structurelles menées sur le thème, provenant aussi bien du monde de la recherche que des instances institutionnelles. Dans une seconde partie, nous proposons une analyse des différentes sources qui ont mesuré la représentation de la diversité, en nous attachant aux normes de représentativité retenues pour chacune d’entre elles et en concluant par une analyse comparative de ces méthodes.
3Nous manions avec précaution le concept de représentation de la diversité et avons, comme premier objectif, la volonté d’en définir l’approche conceptuelle afin de le replacer ensuite dans le contexte précis de la communication audiovisuelle. L’expression « représentation de la diversité » ou le terme même de diversité restent des éléments difficiles à conceptualiser tant les références culturelles, historiques et méthodologiques varient. Cette difficulté s’accompagne aussi du traitement différent accordé à ces mots, en fonction du pays d’étude. Dans la littérature consultée, le concept de diversité est souvent accompagné de l’expression « minorité ethnique » ou encore de « minorité visible » ; il peut encore s’agir de « la diversité et des discriminations ethnoraciales » (Macé, 2009). Il n’est pas clairement tranché et les expressions équivalentes peuvent être utilisées indifféremment sans que le terme n’ait été au préalable clairement circonscrit. Quelques études en affinent cependant le sens et nous permettent d’en saisir des nuances. Ces nuances proviennent d’ailleurs souvent de l’origine historique et culturelle car elles sont reliées à l’histoire du pays en rapport avec celle de l’immigration ou du multiculturalisme.
4En France, le concept de minorité est ainsi généralement utilisé pour parler des « personnes d’origine étrangère et plus précisément pour celles d’origine extra-européenne, venant d’Afrique ou d’Asie » (Malonga, 2008). Au Canada, l’expression « minorités visibles » prend un sens différent dans les documents et les rapports institutionnels où elle désigne des « groupes canadiens provenant d’ailleurs que la zone blanche de l’Europe » (Demers, Le Cam, 2006). Le terme « ethnies n’inclut pas les autochtones, tandis que celui de minorités visibles le fait » (ibidem). En Suisse romande, « le quotidien de référence Le Temps, montre que la catégorie minorités visibles est fort peu utilisée, et jamais en lien avec le contexte suisse » (Clavien, 2006). Elle s’applique aux minorités nationales, généralement les minorités ethno-linguistiques et religieuses des groupes étrangers. Le statut de la nationalité fédère donc le débat dans l’espace public, plus que celui des « minorités visibles ».
5Les publications scientifiques sur la représentation de la diversité sont récentes, du moins en France. A l’étranger, les Cultural Studies procèdent à une approche transversale des cultures populaires et minoritaires dans les années 60 en Grande-Bretagne, et dans les années 70 aux Etats-Unis. Ce courant de recherche s’est aidé de l’interactionnisme social de l’école de Chicago pour étudier les différentes cultures dans leurs rapports avec la culture dominante, et ce, avec une approche ethnographique. En France, la première publication scientifique consacrée à la représentation de la diversité dans les médias date de 1971 (Birnholz, Callovi). Il faut attendre ensuite une période assez longue, vingt ans environ, avant que la thématique des minorités ne soit abordée dans les publications scientifiques et médiatiques (Frachon, Sassoon, 2008).
- 4 Cf. http://www.doppert.nl/beeldvorming/2.pdf
6On ajoute cependant une restriction au terme de minorités dont il est question ici, car il s’agissait surtout du traitement médiatique des immigrés. Alec G. Hargreaves4 procède à une analyse minutieuse du glissement sémantique entre les différents vocables qui désignent les minorités visibles : dans les années 1980, la couverture des événements journalistiques concernant les minorités ethniques se faisaient sous le chapeau général d’immigration. Le terme s’est progressivement chargé d’une connotation négative avec, notamment, la progression de l’extrême droite, l’associant à tout un paradigme de problèmes pour la société française. L’étiquette « immigration » a servi à désigner non seulement les personnes directement issues de l’immigration mais aussi la deuxième, voire la troisième génération de différents groupes ethniques. Le glissement sémantique s’opère par exemple d’immigration à intégration, vocable nettement préféré par les hommes politiques dans les années 1990 et largement repris par les journalistes pour sa connotation positive. Ces derniers ont ensuite construit un autre paradigme avec l’emploi du terme « banlieue » qui garde, encore maintenant, une connotation négative. On voit combien la déclinaison de ce vocable dans un sens ou dans un autre peut déformer ou connoter positivement un sujet relatif aux minorités ethniques et jouer sur les perceptions du public (Hargreaves).
- 5 .Ibidem.
- 6 Revue « Migrations Société ».
- 7 Journal « Le Monde ».
- 8 Centre d’Information et d’Etudes sur les Migrations Internationales.
- 9 Association Rencontres Audiovisuelles.
7Un autre fait important : en France, parler d’immigration, revient à parler des minorités issues des anciennes colonies françaises (Afrique du nord ou sub-sahararienne) qui se distinguent de la majorité de la population par des caractéristiques physiques5 (couleur de peau). Les années 80 montrent un accroissement de l’intérêt lié à la représentation des minorités provenant aussi bien des instances institutionnelles (Gaspard, 1982) que du monde de la recherche6 ou des médias7. Là encore, on note une double restriction : ces publications, quel que soit leur domaine, limitent leurs analyses aux programmes destinés aux populations immigrées d’une part, se préoccupent essentiellement de savoir si ces émissions ciblées pour un public identifié répondent à leurs attentes d’autre part. Les années 1990 connaissent un regain d’intérêt pour la représentation des minorités dans l’espace médiatique, avec notamment l’enquête réalisée par le CIEMI8 en 1991 suite à la demande faite par l’ARA9. Cette étude présentait une analyse quantitative de la représentation des minorités ethniques à la télévision, dans différents programmes (journaux, fictions, reportages, jeux), ne se limitant plus aux seuls programmes à destination du public issu de l’immigration. La majorité des études menées dans cette période proviennent ainsi de la sociologie (Hargreaves, op. cit.) ou de l’histoire (Perotti, 1998 ; Dewitte, 1999).
8Le thème de la représentation médiatique de la diversité a pris de l’importance en France surtout à partir de 1999 et continue à prendre des proportions grandissantes aussi bien dans le domaine social et politique, que scientifique. Il est devenu en effet depuis peu un objet d’étude spécifique de groupes de recherche français bien identifiés sur le sujet et reconnus internationalement. Minority Media représente un exemple assez significatif de l’ampleur que prend actuellement la thématique « médias minorités ethniques » en raison de ses ressources. Le groupe est composé d’une forte dominante internationale (neuf chercheurs dans l’équipe pour sept nationalités différentes), avec une complémentarité disciplinaire affichée : sociologie, géographie, sciences politiques, SIC. D’autre part, il a pu bénéficier de ressources financières qui lui ont permis de mener une recherche approfondie pendant quatre ans, détail non négligeable quand on connaît les conditions souvent difficiles pour mener une recherche de terrain. Enfin, la possibilité de prolonger une recherche sur un temps relativement long, avec des moyens conséquents, permet de traiter des problématiques peu connues, car elles s’avèrent peu ou difficilement accessibles en moins de temps ou ne sont pas considérées comme pertinentes, prioritaires dans le champ disciplinaire concerné.
- 10 http://www.minoritymedia.eu/
9Ce type de recherche est doublement avantageux dans notre discipline. Il permet tout d’abord de réunir des journalistes ou de professionnels issus des minorités ethniques de différents pays et de mener une approche comparative, nationale ou internationale sur le sujet. Minority Media a ainsi mené une recherche comparative sur neuf pays européens, dont plusieurs francophones. Ensuite, la valorisation scientifique des recherches effectuées bénéficient d’une visibilité internationale et d’un soutien institutionnel. Un des principaux intérêts réside dans la manière dont les médias (la presse écrite, la radio, l’audiovisuel internet) des minorités ethniques peuvent contribuer à la redéfinition des identifications majoritaires et minoritaires, en partant du postulat que ces médias particuliers sont des lieux privilégiés des processus d’unification et de construction identitaire10.
10L’intérêt scientifique encore récent accordé à cette thématique par les chercheurs en SIC a donné lieu à quelques publications. Malonga (2000) a mené une recherche sur le sujet depuis onze ans : le CSA l’a chargée d’effectuer un état des lieux de la télévision française dans l’objectif de mesurer précisément les minorités ethniques dans les programmes audiovisuels. « Le but de cette étude quantitative était donc de faire une analyse détaillée de la programmation des chaînes hertziennes françaises afin de voir si les minorités ethniques d’origine extra-européenne se trouvaient victimes d’une sous-représentation sur le petit écran ou si elles y étaient cruellement absentes » (ibidem).
11Le dossier sur les « minorités visibles » coordonné par G. Lochard (2006) procède à une approche comparative sur la représentation de la diversité entre quatre pays francophones (la France, la Suisse, le Canada, la Belgique) en interrogeant les réglementations adoptées et les dispositifs mis en œuvre d’une part, en étudiant les attitudes journalistiques au sujet des minorités visibles, d’autre part. Les médias sont rendus en partie responsables de la situation discriminante vécue par les minorités visibles et plus précisément la télévision en raison de son impact médiatique. Il est notamment reproché aux responsables audiovisuels de procéder à une représentation stéréotypisante qui entretient les préjugés. Il faut ici à nouveau constater le retard de la France par rapport à d’autres pays sur la question de la représentation de la diversité à la télévision. Aux Etats-Unis, l’école de Chicago développe en effet ses recherches sur le sujet au début du xxe siècle, en portant un regard acéré sur l’immigration, par exemple. Au Royaume-Uni et aux Etats-Unis, des publications traitant de la « presse immigrée, des radios communautaires ou encore de la place des métis dans la publicité » (Frachon, Sassoon, 2008) sont publiées, alors que la France ne montre pas encore d’intérêt particulier pour traiter de cette thématique dans l’espace public. Sur un plan plus large, les deux scientifiques (ibidem) prennent en compte la thématique de la diversité en établissant un bilan de la politique menée, aussi bien en Europe qu’en dehors, sans limiter l’étude au volet francophone.
- 11 Il existe un rapport « Représentation de la diversité dans les programmes de télévision » réalisé p (...)
12La majorité des travaux sur la représentation de la diversité proviennent de rapports, d’études du CSA ou encore de diverses instances institutionnelles, devenant ainsi pour notre travail des références essentielles. Pour les rapports institutionnels, il faut remonter à 1991 pour lire l’absence de tout reflet de la réalité pour ce qui concerne la représentation de la diversité à la télévision. L’étude du CIEMI a ainsi analysé quinze jours de programmes télévisés, concluant à la sous-représentation des minorités à l’antenne. Le rapport rend compte des commentaires quotidiens de synthèse et se complète d’une mise en contexte de l’enquête dans l’actualité internationale et nationale. On se réfère ensuite à l’enquête du CSA qui a réalisé la première étude quantitative sur la perception de la diversité à la télévision en 2000, avant de mettre en place une autre enquête en 200911.
13Ces éléments-là contribuent à justifier tout l’intérêt de notre étude dans le domaine des SIC : malgré la volonté politique et institutionnelle affichée d’œuvrer en faveur d’une meilleure représentation de la diversité à la télévision, les instances concernées n’ont mené que peu d’études sur le sujet.
- 12 Décret n° 2001-142 du 14 février 2001.
14Par la loi du 30 septembre 1986, le CSA est chargé de contribuer « aux actions en faveur de la cohésion sociale et à la lutte contre les discriminations dans le domaine de la communication audiovisuelle. Il veille notamment, auprès des éditeurs de services de radio et de télévision, compte tenu de la nature de leurs programmes, à ce que la programmation reflète la diversité de la société française. Il rend compte dans son rapport annuel de l’action des éditeurs de services dans ce domaine » (article 3-1). Cette mission s’inscrit de manière tardive dans les différents textes du CSA. Le CSA a voulu travailler sur la question de la représentation de la diversité auprès des chaînes privées et des chaînes publiques. Il a ainsi modifié les conventions mises en place avec les services privés audiovisuels en y rajoutant des recommandations relatives à la promotion des valeurs d’intégration et de solidarité et à la prise en compte de la diversité des origines et des cultures de la communauté nationale. Pour les chaînes publiques, le Conseil a demandé en 1999, au ministre de la culture et de la communication, une modification des cahiers des missions et des charges de ces chaînes, avec les mêmes recommandations que les chaînes privées. Le gouvernement a ainsi modifié les cahiers des charges des chaînes publiques12 (France 2 et France 3) pour souligner une des missions des chaînes généralistes : s’adresser à tous les publics sans exclusion ni discrimination.
- 13 Plan d’Action Positive pour l’Intégration.
15Il faut attendre l’année 2000 pour voir l’introduction d’une disposition relative à la diversité dans les conventions des chaînes privées, clause qui engage le diffuseur à « veiller à une meilleure représentation à l’antenne de la diversité des origines ». A partir de janvier 2004, la collaboration entre le groupe audiovisuel public et le comité interministériel pour l’intégration, créé en 2003, met en place le PAPI13 dont le double objectif est de faire en sorte que la diversité de la société française soit visible sur toutes les chaînes de service public, et de renforcer la présence de personnes issues de l’immigration dans les émissions, les chroniques, les débats, etc. Les émeutes de 2005 ramènent rapidement au premier plan la contestation sociale et la problématique des minorités en lien avec les médias. Elles désignent les violences urbaines qui se sont répandues dans plusieurs banlieues françaises, suite auxquelles l’état d’urgence a été décrété et maintenu durant trois semaines. Cette date est marquée dans tous les documents traitant de la représentation de la diversité à la télévision comme une année déterminante. Suite à ces épisodes, et après avoir rencontré les responsables des chaînes nationales de télévision sur le thème de la représentation de la diversité de la population française à la télévision, le président de la République annonce la mise en place des mesures en faveur de la cohésion sociale pour lutter contre les discriminations à la télévision. L’application de ces mesures commence en 2006 et modifie des missions et des obligations du CSA en permettant, par exemple, la diffusion de France Ô sur le territoire métropolitain. Il faut ensuite attendre 2005 pour lire un bilan sur « la représentation de la diversité des origines et des cultures à la télévision et à la radio », effectué par le CSA. Cette même année, le gouvernement a intégré au projet pour l’égalité des chances entre les Français des dispositions législatives particulières dans le but d’améliorer la représentation de la diversité dans les médias audiovisuels. Ainsi que le souligne le président du CSA (Baudis, op. cit.) : « ces aménagements donnent une base juridique plus solide à l’action que mène le Conseil et reconnaît la légitimité de ses interventions dans ce domaine ».
- 14 Journaliste franco-algérien, présentateur du journal télévisé de 13h sur France 2 de1998 à 2000 et (...)
16Les années 2007 et 2008 voient respectivement la création d’un groupe de travail « Diversité » présidé par R. Arhab14 au sein du CSA et celle de l’observatoire de la diversité en soutien aux travaux du CSA. Avec les membres de ce groupe, il a rencontré plusieurs opérateurs audiovisuels dans le but de déterminer les moyens à mettre en place pour améliorer la représentation de la diversité, sachant que les opérateurs audiovisuels mènent chacun une politique particulière dans ce domaine. L’observatoire de la diversité, fondé en 2007, a comme mission de mesurer la diversité sous divers angles (origine, âge, sexe, handicap...). Une de ses premières tâches a d’ailleurs été de conduire l’étude mise en place par le CSA sur les chaînes de la télévision numérique terrestre. C’est donc à partir de 2009 qu’est mis en place le baromètre biannuel de la diversité et que les diffuseurs privés et publics sont auditionnés afin d’informer le CSA des objectifs qu’ils fixent au sein de leurs chaînes en termes de diversité pour l’année 2010. C’est dans ce contexte et suite à ces différentes étapes que France Télévisions met en place le « comité permanent de la diversité », en juin 2009. Présidé par H. Bourges, il est composé à parité d’experts, de personnalités issues de la société civile et de collaborateurs de France Télévisions. Les missions du comité permanent de la diversité se déclinent en plusieurs points : ils doivent promouvoir la représentation de la diversité à l’écran comme au sein de l’entreprise et mettre en place des indicateurs de suivi de la présence de la diversité au sein de l’entreprise et dans les programmes. Chaque année, le comité doit ainsi rendre compte de ses travaux et évaluer, selon les critères qu’il aura définis, l’action de France Télévisions en faveur de la diversité, devant le conseil d’administration de la société.
17Nous nous heurtons ici à une double difficulté pour traiter des normes de représentativité de la diversité à la télévision. La première tient au manque d’études menées sur le concept de normes dans une approche communicationnelle. Cette notion se conjugue différemment selon son domaine de rattachement (sciences humaines, sciences exactes…) qui la décline lui-même de manière particulière en fonction du champ d’analyse choisi (philosophie, sociologie, économie…). Elle se rattache davantage au domaine du droit en se référant à la constitution des lois ou à la hiérarchie des normes. Elle peut aussi se référer à la philosophie avec un travail sur l’éthique normative, ou encore à la linguistique pour les normes sémantiques ou la normalisation de la langue française. La notion de norme est cependant encore floue dans une approche communicationnelle, mais nous notons de manière plus générale qu’en sciences humaines, la norme implique des recommandations et des pistes pour modifier un état mais n’implique pas des obligations. Elle prend effet dès lors qu’une instance de référence, reconnue par les lieux de pouvoir et de décision, la pose comme critère principal et encourage fortement tout changement dans la direction montrée. La seconde difficulté vient du domaine constitutionnel. Deux arguments se prononcent clairement contre la mise en place d’une norme pour mesurer la diversité. Tout d’abord, l’article 1er de la Constitution de la Cinquième République française définit un principe fondamental : « La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion. Elle respecte toutes les croyances. Son organisation est décentralisée ». Le Conseil Constitutionnel a ainsi refusé les statistiques fondées sur la race en se basant sur ce même article. Ensuite, La commission, présidée par S. Veil, avait été chargée par N. Sarkozy d’introduire un préambule de la Constitution sur le respect de la diversité. Or, cette commission a clairement affiché son opposition à l’introduction de la diversité dans la Constitution, en soutenant que les politiques de réparation fondées sur la race ont pris essor dans les pays où la ségrégation était historiquement inscrite dans la loi, contrairement à la France. Elle s’inquiète aussi des tensions qui peuvent s’intensifier entre les différentes communautés.
18Le débat sur les normes de représentativité et sur les critères de la diversité reste encore un débat passionné car il bouscule les convictions personnelles et ébranle notre principe universaliste républicain, et ce, même si nous nous limitons au critère ethnique. Identifier les origines ethniques relève d’un principe anti constitutionnel et se heurte au principe républicain d’égalité qui proscrit les distinctions en termes de sexe, d’origine et de religion. La question consiste donc à savoir comment mesurer la représentation de la diversité et quelles normes mettre en place pour effectuer un bilan pertinent. Quelques travaux ayant été menés sur le sujet, nous nous intéressons à la méthodologie adoptée et aux résultats, dans une approche comparative.
19Une des premières enquêtes sur la représentation de la diversité dans les médias est attribuée au CIEMI en 1991. L’objectif visait à déterminer « la présence et la représentation des immigrés et des minorités ethniques à la télévision française » afin d’évaluer le lien avec l’immigration. Le Centre a ainsi étudié la période qui s’est étendue du 16 au 30 octobre 1991, de 17h à 24h en mobilisant onze enquêteurs qui ont visionné 750 émissions sur les différentes chaînes publiques et privées, équivalent à un total de 555 heures de programmation. La méthode consistait à relever la présence de personnes issues des minorités ethniques visibles, et plus particulièrement les étrangers vivant en France, les Français d’origine asiatique, africaine ou maghrébine, ainsi que les personnes originaires des DOM-TOM. Nous pouvons découper les résultats du CIEMI en deux parties. Une première partie montre une présence relativement plus marquée des personnes issues des minorités ethniques, uniquement dans des programmes bien définis. On relève dans cette catégorie les programmes musicaux et les clips avec la présence plus nombreuse de musiciens et de chanteurs d’origine africaine et antillaise, les émissions de mode montrant un métissage ethnique plus fréquent, et enfin la publicité (CIEMI, 1991). Celle-ci utilise la diversité ethnique davantage comme garants de « valeurs de tradition et d’identité (couscous, pâtes) » (ibidem). Une seconde partie se caractérise par la faible et « discrète » présence accordée à la minorité visible, notamment dans les émissions de divertissement et les programmes de fiction. Les films et feuilletons français attribuent aux représentants des minorités ethniques la place de figurants ou celle des mauvais rôles (délinquants, etc.). Si le constat en soi ne surprend personne, il marque quand même une nouveauté dans le paysage audiovisuel français et officialise ce constat : celui de la quantification et de la mesure de la représentation des minorités ethniques.
- 15 Les cinq chaînes hertziennes retenues sont les suivantes : TF1, France 2, France 3, Canal+, M6.
20Malheureusement, force est de constater qu’un grand vide sépare l’enquête du CIEMI datant de 1991 de celle menée par le CSA en 2000. Très étonnamment, la conclusion à laquelle est parvenue le CIEMI n’a pas connu de retentissement dans le paysage audiovisuel français, ni parmi les dirigeants des différentes chaînes. C’est donc seulement neuf ans plus tard que le CSA (2000) lance une enquête, avec comme objectif la volonté de mesurer la présence et la représentation des minorités visibles à la télévision française. Le vocable « minorités visibles » concerne les personnes « extra-européennes ou d’origine extra-européenne » et caractérise des traits physiques « différents de la majorité française, blanche et de type occidental » (Malonga, 2000). Cet auteur précise : « Il s’agissait, dans cette analyse de la télévision, de prendre en compte toutes les personnes visibles, quelle que soit leur nationalité et l’origine de production des programmes car l’étude s’attachait à la notion de visibilité et de différence ». L’objectif se décline en fait à plusieurs niveaux. Le premier, cité précédemment, est la mesure de la présence et la représentation des minorités visibles à la télévision française. Un autre consistait à savoir si les minorités visibles souffraient aussi de discrimination dans leur représentation télévisuelle, de la même manière qu’elles en étaient victimes dans la vie de tous les jours (dans le cadre des recrutements professionnels, de recherche de logements, etc.). Un dernier consistait enfin à évaluer la place de la personne issue des minorités visibles dans l’image audiovisuelle : à l’arrière-plan ou à l’avant-plan, dans une situation « intégrée dans la réalité sociale » ou décalée. La méthodologie adoptée a alors consisté à classer les minorités visibles en trois groupes, « noirs, arabes, asiatiques » (CSA, 2000) et à relever leur présence à l’écran, quelle que soit la notoriété ou encore l’anonymat de la personne : il pouvait aussi bien s’agir d’une personnalité médiatique que d’un inconnu. L’analyse du programme télévisuel s’est portée sur une semaine (du 11 au 17 octobre 1999), sur cinq chaînes hertziennes15, et de 17 heures à minuit. Les résultats se fédèrent autour de deux axes : les émissions de plateau (journal télévisé, jeux, divertissement, information-culture-société, sport) et les émissions scénarisées (fiction, video clips, publicité). Pour le premier axe, l’analyse permet de montrer que les personnes d’origine extra-européenne sont peu présentes, d’une part, et plus présentées comme des personnes provenant de l’étranger, avec quelquefois l’utilisation de procédés stéréotypés ou caricaturaux (surtout pour les émissions de jeux), d’autre part. En ce qui concerne les émissions scénarisées, on constate une forte importance de la représentation de la diversité dans les video clips, pour les chanteurs, les musiciens, les choristes, etc. et une très faible représentation dans les spots publicitaires. L’enquête conclut alors plus à un « problème d’image » et de représentation que de temps de présence à l’antenne.
21Il faut ensuite attendre dix années supplémentaires pour la mise en place d’une autre enquête sur la même thématique, avec d’autres indicateurs de suivi de la présence de la diversité à la télévision. Nous l’avons dit, la loi républicaine se base sur le principe de l’égalité entre les citoyens et ne permet donc pas de nommer les minorités ethniques. L’absence de données statistiques oblige à procéder de manière quasiment artisanale en comptant, ou en relevant les moments où des représentants de la diversité apparaissent dans le paysage audiovisuel. La tâche est d’autant plus difficile que l’étude de la représentation de la diversité à la télévision est inégale, hétérogène et très incomplète en fonction des chaînes publiques et des chaînes privées. Pour palier ce problème, le CSA a mis en place deux sortes de ressources : la première est celle des références de l’INSEE pour tout ce qui concerne la nomenclature des professions, des catégories socioprofessionnelles et du recensement pour faciliter, entre autres, l’élaboration d’un manuel d’indexation ; la seconde a consisté en ce que le CSA a appelé les « cinq mesures clefs » destinées à l’ensemble des chaînes de la télévision numérique terrestre gratuite et à Canal+. Il a en effet consulté les différentes chaînes pour parler de la représentation de la diversité à la télévision, en prenant en compte le parcours individualisé de ces chaînes. Le Conseil a mis en place un dispositif juridique qui a abouti à l’élaboration d’un avenant ou d’une convention avec chacun des diffuseurs pour améliorer la représentation de la diversité à l’antenne. Ce projet reste pourtant fragile. Nous soulignons en effet dans le texte développant ces cinq mesures que les termes utilisés, comme « engagement de chaque diffuseur, amélioration de la distribution artistique, insertion d’une clause de sensibilisation à la diversité, actes de sensibilisation des chaînes » ne reflètent pas vraiment une volonté politique forte de modifier la tendance actuelle et restent pratiquement à l’état de promesse et non d’obligation. De plus, les informations accessibles concernant l’engagement de chaque chaîne n’apparaissent nulle part, et restent donc superficielles, car il n’est mentionné nulle part quel critère (place des hommes et des femmes dans le programme, la catégorie socioprofessionnelle, origine ethnique ou nature du handicap) les chaînes choisissent de développer, voire d’améliorer.
22On relève aussi la question de l’heure de diffusion. L’heure de diffusion est-elle prise en compte ? Si oui, quelle valeur accorder au prime time, à la fin de soirée, etc. ? La prise en compte de personnes représentantes de la diversité est-elle considérée comme égale, quelle que soit son heure de passage ? Une autre question est celle de la durée : la représentation de la diversité doit être tout le temps visible, programmée sur la durée et inscrite dans le programme continu de la diffusion. Le critère du temps a-t-il été pris en compte ou est-il sous-entendu que la représentation de la diversité à l’antenne suffit si l’on se limite aux émissions en prime time ou à celles qui bénéficient du plus fort audimat ?
- 16 Du 8 au 14 juin 2009.
- 17 Il s’agit des chaînes suivantes : TF, France 2, France 3, France 5, M6, Canal+, W9, France 4 ,BFM T (...)
23Le CSA (2009) a publié le « baromètre de la diversité à la télévision » pour évaluer la perception de la diversité dans le paysage audiovisuel français. Pour cela, il a été choisi d’étudier une semaine16 de programme en prenant en compte un panel de chaînes privées et publiques17. L’étude s’est déroulée sur tous les programmes diffusés de 17 à 23 heures, en rajoutant les programmes d’information de la mi-journée pour TF1, France 2, France 3, Canal+ et M6. La méthodologie est basée sur l’observation de tous les programmes et indexe uniquement les personnes qui apparaissent à l’écran et qui prennent la parole.
24Les axes se déclinent en deux principales parties, à savoir les genres/sous-genres des programmes et le statut de l’individu au sein du programme. Hors publicité, les différents genres retenus sont les suivants : fictions, information, magazine-documentaire, divertissement et sport. Pour la fiction, la particularité a consisté à introduire la notion « d’inédit et d’origine de production ». Comme le rapport spécifie la répartition de la durée de diffusion ainsi que celle des personnages indexés, on relève que sur les 33 % des personnages indexés au total, la fiction française n’en compte que 9 %, ce qui paraît d’autant plus dérisoire si l’on compare ces chiffres aux 20 % de personnages indexés provenant de la fiction américaine. Ce constat pose la question de la faisabilité, de la possibilité de représenter à l’antenne la diversité de la population française, en considérant que les 9 % de ces personnages indexés résultent quand même d’une ambition sociale et politique datant d’au moins dix ans. Ce constat pose aussi la question de la crédibilité de cette politique volontariste affichée par le CSA et par les différentes chaînes. Si l’on veut relativiser ce faible résultat comparativement aux fictions américaines qui obéissent à des normes plus strictes en termes de politique de représentation de la diversité à l’antenne, il nous est difficilement possible de le faire ! En effet, le rapport ne fournit pas de détails sur les chiffres de 2008 relatifs au même découpage (« fiction américaine/française/autre origine) mais simplement la durée de diffusion globale (soit 46 %, donc plus qu’en 2009).
Tableau 1 – Fiction : répartition et indexation des personnages
|
Répartition hors publicité
|
Répartition Durée de diffusion
|
Répartition Personnages indexés
|
Moy. année 2008 Horaires et chaînes identiques
|
Fiction (cinéma, série, …)
|
44 %
|
33 %
|
46 %
|
|
Fiction américaine
|
|
20 %
|
|
|
Fiction française
|
|
9 %
|
|
|
Autre origine
|
|
4 %
|
|
|
Source : CSA, 2009
25Pour le volet « statut de l’individu au sein du programme », le procédé a consisté tout d’abord à caractériser la place du personnage dans le programme diffusé (héros, personnage principal, personnage secondaire) et à comptabiliser la durée du programme en question. Une pondération a ensuite été appliquée.
26L’étude retient quatre principaux critères de diversité : le sexe, la catégorie socioprofessionnelle, l’origine ethnique, le handicap, critères que l’on compare ensuite à ceux fournis par l’INSEE afin d’évaluer la pertinence de la représentation de la diversité à la télévision.
27En ce qui concerne la représentation de genre à la télévision, une part beaucoup plus importante est accordée aux hommes comparativement à la réalité, basée sur le recensement de l’INSEE. Si, en réalité, la population se compose de 49 % d’hommes et de 51 % de femmes, le total du programme télévisé hors publicité accorde la place à 65 % d’hommes et à 35 % de femmes. Sur le sujet, la publicité distribue aussi de manière inégale la variable, avec 58 % d’hommes et 42 % de femmes. Cette déclinaison, en faveur des hommes, se vérifie paradoxalement dans tous les genres de programmes (publicité, magazines, jeux…).
28En ce qui concerne la catégorie socioprofessionnelle, il est intéressant de noter qu’en plus de celles fournies par l’INSEE, les besoins de l’enquête ont dû faire apparaître d’autres catégories pour les activités marginales ou illégales, comme celles de la prostitution, du banditisme, etc. Il existe une différence dans la représentation de la diversité entre les programmes hors publicité et la publicité. En effet, hors publicité, la catégorie socioprofessionnelle la plus représentée est celle des cadres ou celle des professions intellectuelles avec une représentation totale de 61 %. Constat décevant s’il en est, ce sont les magazines d’information et les journaux télévisés qui apparaissent comme les programmes les plus discriminants car dans 8 cas sur 10, ils privilégient le témoignage de personnes appartenant à la catégorie des cadres et des professions intellectuelles supérieures. Les publicités, quant à elles, en totalisent 45 %. La plus grande différence est visible pour la catégorie des inactifs (retraités, enfants, élèves, étudiants, femmes au foyer, chômeurs…), car le programme « hors publicité » en totalise 13 % alors que le programme « publicité » en compte 38 %. Il est étonnant de constater à cet endroit que la publicité se rapproche le plus de la réalité, si l’on se fie aux données de l’INSEE concluant à 55 % la part d’inactifs en France.
29L’étude de l’origine ethnique, quant à elle, se base sur les « traits physiques, la consonance des noms/prénoms » (CSA, 2009) ou sur d’autres données. Les personnes issues de la diversité sont qualifiées de « non blancs » et leur origine ethnique se décline en « noirs, arabes, asiatiques et autres » (CSA, 2009). Il en ressort une faible variété des origines ethniques en se basant sur le résultat de 11 % de non blancs sur l’ensemble des programmes indexés (donc 89 % de blancs représentés à la télévision), programme « publicité » compris. Pour les programmes « hors publicité », les personnes d’origine diverses apparaissent plus souvent dans des rôles secondaires. Les résultats se rapprochent pour les deux catégories, à savoir 13 % de « non blancs » pour les programmes hors publicité et 10 % pour la publicité. Le résultat est d’ailleurs équivalent pour tous les genres de programmes et oscille entre 12 % et 14 % de personnes issues de la diversité ethnique (pour la fiction, l’information, les magazines, et le sport), sauf pour le divertissement qui affiche un résultat de 18 %, grâce notamment à la catégorie « musique ».
30Pour terminer, le critère du handicap a été déterminé à partir de données visibles à l’écran (canne d’aveugle, fauteuil roulant, malformation…). Au final, la présence de personnes handicapées à l’écran s’avère pratiquement nulle. Sur les 142 personnes handicapées indexées la semaine de l’étude, la majorité apparaît dans un programme éloigné de la réalité (68 personnes dans le programme « publicité » et 37 dans celui de la fiction) comparativement à une plus faible proportion encore dans la catégorie « magazine », avec seulement 6 personnes.
31Dans le tableau 2 infra, nous procédons à une analyse comparative des trois enquêtes menées pour mesurer la représentation de la diversité à la télévision. L’objectif vise à déterminer les normes communes retenues pour ces études ainsi que les normes différentes.
32Les normes communes à ces trois études résident dans l’intention même de mesurer la diversité à la télévision française. Elles procèdent toutes trois à une analyse quantitative de cette représentation, avec de nombreux indicateurs et de fiches techniques, souvent ajoutées en annexes, pour justifier les résultats de ces mesures. Ces deux points constituent les seules caractéristiques communes à ces enquêtes, qui se définissent ainsi plus par leurs différences. Les difficultés relatives à cette étude sont effectivement importantes mais elles offrent un panel suffisamment large en termes de solutions pour expliquer les différences de normes retenues. Ces difficultés relèvent avant tout d’un problème d’ordre conceptuel : comment définir la diversité ? Comment définir les minorités ? Ensuite il s’agit d’un problème d’ordre méthodologique : quelles normes proposer pour mesurer la diversité quand il n’est pas possible de se baser sur des statistiques ethniques ? Il est alors intéressant de relever les critères auxquels se raccrochent ces enquêtes pour donner un sens aux résultats finaux. Le CIEMI se base principalement sur la couleur de peau, l’étude du CSA en 2000 sur les caractéristiques physiques des personnes non-européennes, et celle de 2009 sur les normes de l’INSEE.
33La dernière étude menée par le CSA se basant sur les données de l’INSEE paraît à ce point la plus conforme, car tout en restant à la frontière de ce qu’il est autorisé de faire, elle a mis en place un outil de mesure qui se reproduit chaque année, et ce, depuis trois ans. Cette enquête s’effectue donc d’une année sur l’autre, sans se heurter au problème qu’avaient rencontré les deux précédentes enquêtes, à savoir une période de neuf ans d’attente avant qu’une autre étude ne soit menée.
Tableau 2 – Représentation de la diversité à la télévision : analyse comparative méthodologique de trois enquêtes quantitatives
|
CIEMI (1991)
|
CSA (2000)
|
CSA (2009)
|
Titre
|
Présence et représentation des immigrés et des minorités ethniques à la télévision française
|
Présence et représentation des minorités visibles à la télévision française
|
Baromètre de la diversité à la télévision
|
Objectifs
|
1- Analyser l’accès de l’étranger/ de l’immigré i) à la profession journalistique ; ii) à différentes rubriques télévisuelles
|
Analyser la présence des minorités visibles à l’écran
|
Evaluer la perception de la diversité à la télévision
|
|
2- Analyser l’intégration de l’étranger/de l’immigré dans l’actualité sociale et culturelle française
|
|
|
Cibles de l’étude
|
Les africains, les maghrébins, les asiatiques, les ressortissants des dom-tom
|
Minorités ethniques d’origine non-européenne
|
Tous les locuteurs
|
Critères de la diversité
|
Les personnes constituant une composante ethnique professionnelle, minoritaire dans la société française par sa visibilité (couleur)
|
Les noirs, les maghrébins arabes, les asiatiques
|
Sexe, catégorie socio-origine ethnique perçue, handicap
|
Période
|
2 semaines
|
1 semaine
|
1 semaine
|
Chaînes
|
TF1, A2, FR3, La 5
Canal+, M6
|
TF1, France 2, France 3, Canal+, M6
|
TF1, France 2,France 3, France 5,M6, Canal+,W9, France 4,BFM TV, NRJ 12, I Télé, Virgin 17, TMC, Direct 8, NT1
|
Programmes étudiés
|
Informations, fiction, divertissement, clips, publicité
|
Journal télévisé, jeux, divertissement, information-culture et société, sport, fiction, video clips, publicité
|
Tous les programmes
|
34Le travail de clarification du concept représentation de la diversité nous a semblé incontournable, tant les vocables utilisés pour désigner les minorités visibles à l’écran varient, tout en semblant désigner les mêmes axes d’analyse. L’étude de cette thématique, plus ciblée en SIC, permet de relever des points très intéressants pour notre discipline, car le sujet reste encore à explorer sur deux principaux volets. Le premier concerne l’analyse quantitative de la représentation de la diversité, et plus précisément sur les normes à retenir finalement pour comparer pertinemment les sujets issus de la minorité. Doit-on se limiter aux différences physiques, aux personnes non-européennes, aux critères de l’INSEE ? En effet, la démarche scientifique se trouvant de toute manière rapidement limitée par l’absence de références à des statistiques ethniques, le seul moyen reste l’analyse comparative avec d’autres pays (recours aux références extérieures), ou encore à une approche sociologique et ethnographique sur le lien entre minorités et médias. Le second volet concerne l’analyse qualitative que les trois études ont approchée sans la définir comme un objectif essentiel tant les outils de mesure et la définition des normes représentent, à eux seuls, un travail conséquent à effectuer. Il s’agirait alors d’évaluer la représentation des minorités dans le contexte social, culturel, professionnel.