1Le travail est né de la lecture d’un article de la revue Legicom dans lequel son auteur, Claude Weill, alors directeur délégué de la rédaction Le Nouvel Observateur, déclare au sujet du secret sur l’existence de Mazarine Pingeot, gardé par les journalistes durant plus d’une décennie (Arpin, 2010) :
« Je pense qu’aujourd’hui un cas comme celui de François Mitterrand ne serait plus possible. Cela sortirait sur Internet, par des cadres détournés, mais ça finirait par sortir parce que les mentalités ont changé. » (Weill, 2009)
2Cette supposition retient notre intérêt car, dans un mouvement uchronique, elle défait les enjeux d’un silence journalistique révélateur d’une norme déontologique, celle du respect de la vie privée des hommes politiques, et attribue cette évolution à Internet. Désormais, le contexte numérique rendrait impossible le silence qui, dans la séparation claire entre espace privé et espace public, telle que définie par les journalistes dans les années 1990, retenait l’enjeu de « privation » de la vie « privée ».
« Si la fille du chef de l’état a bénéficié d’avantages liés à la fonction de son père, il s’agit d’une affaire publique. [...] Sinon, on est dans le domaine privé, et la presse n’a pas à rendre compte » (Patrick de Carolis, cité par Libération, 4 nov. 1994).
3Alors que « pour qu’il y ait événement, il faut qu’il soit connu » (Nora, 1986), l’invisibilité de la vie privée des décideurs marquait la négation tacite de sa potentialité évènementielle. La vie privée ne pouvait « perturbe[r] un ordre des choses » (Arquembourg, 1998), créer de « rupture dans le cours normal des choses » (Tétu, 2008) ou bouleverser « radicalement [son] propre contexte » (Romano, 1998) que dans le cadre restreint du privé qui n’était précisément pas celui du public des médias d’informations1. En identifiant Internet comme dispositif d’affranchissement des silences journalistiques et de circulation des informations tues ailleurs, c’est un nouveau destin évènementiel de la vie privée des décideurs politiques qui est donc supposé.
- 1 Nous retrouvons, ici, la distinction entre événement personnel et événement collectif d'Arquembou (...)
- 2 Parmi ces quatre informations, deux ont été confirmées (relation Hollande/Gayet - homosexualité d (...)
4Dans une comparaison avec la médiatisation de l’existence de la fille cachée de François Mitterrand et à partir d’un corpus composé de discours d’informations sur les infidélités de Nicolas et Carla Sarkozy (respectivement avec Chantal Jouanno et Benjamin Biolay), la relation Hollande/Gayet, l’homosexualité de Florian Philippot et la relation Valls/ Vallaud-Belkacem12, notre article (1) recompose les trajectoires d’émergence de ces informations et identifie les « occasionnalités évènementielles » (Delforce, 2004) de mise en scène dans les médias d’informations en ligne et traditionnels, pour (2) observer la transformation de ces informations en événement autour d’un déplacement des objets du récit et ainsi (3) questionner un renouvellement de la potentialité évènementielle de la vie privée des hommes politiques en contexte numérique. Notre première partie, sans corpus prédéfini, cherche à capter les premières apparitions des informations sur le web. Nos autres parties, cette fois construites sur un corpus d’articles de 10 titres de presse en ligne (lefigaro.fr, libération.fr, lemonde.fr, aujourdhui-en-france.fr, lacroix.fr, l’humanite.fr, lexpress.fr, lepoint.fr, marianne.net et valeursactuelles.com), de leur version papier et de 6 pure players dont le contenu éditorial varie de l’information d’actualités générales (huffingtonpost.fr et Rue89.nouvelobs.fr) à l’actualité des médias (jeanmarcmorandini.fr et ozap.com) et à l’information people (staragora.com et purepeople.com), découvre le travail journalistique autour de la vie privée des acteurs politiques dans l’écosystème relationnel qu’impose le numérique.
5S’il est évidemment impossible de savoir ce qui se serait passé si presse en ligne, blogs, agrégateurs de contenus, pure players et réseaux sociaux avaient existé en France dans les années 80, la supposition de Claude Weill dévoile deux modèles consécutifs d’informations. Au cœur de la configuration sortante, celle des années Mitterrand, l’élite des journalistes (Rieffel, 1984), en position de gatekeeper, opéraient une sélection de l’information sur des « délibérations éthiques en situation » (Cornu, 2013). Selon des critères culturaliste, normatif, phénoménologique, stratégique et technique (Arpin, 2011), les choix éditoriaux pouvaient exclure certaines informations de l’espace public. Ce fut le cas de l’existence de Mazarine Pingeot. Dans la nouvelle configuration, « l’intervention de non-professionnels du journalisme dans la production et la diffusion d’informations d’actualités sur Internet » (Rebillard, 2011) défait le « modèle informationnel orienté sur l’offre, construit à partir des choix rédactionnels de journalistes prescripteurs » (Thiran, 2012). Ainsi, l’irruption du journalisme ordinaire (Ruellan, 2007), dont les codes et les normes diffèrent de celles du journalisme professionnel autoriserait des informations tues ailleurs à devenir visibles.
- 3 Il s'agit ici de qualifier les apparitions antérieures à la prise en charge par les médias d'info (...)
6Cette première hypothèse se confirme dans notre corpus. Les informations sélectionnées émergent toutes d’informations-web3. Les infidélités de Carla Bruni avec Benjamin Biolay et de Nicolas Sarkozy avec Chantal Jouanno apparaissent fin février 2010 avec l’identifiant #sarkocu.
« Sarkozy en voit de toutes les couleurs... Carla Bruni ou Carla Biolay ? #sarkocu (Tweet, 24/02/10, 13 :52).
« on me souffle la rumeur Benjamin Biolay se tape Carla Bruni et Sarkozy serait avec Chantal Jouanno » (Tweet, 01/03/10, 15 :59).
7L’information connaît un pic discursif le 6 mars par une production humoristique autour des victoires de la musique, cérémonie à laquelle participe Benjamin Biolay qui gagne les prix de l’artiste masculin et de l’album de l’année.
« Ahaahaha Biolay a eu la victoire ! Preuve qu’il humhumme avec Carla » (Tweet, 06/03/10, 23 :30).
« Si Carla B permet a son peut être amant Benjamin B de rafler des victoires de la musique... C’est du B to B ? » (Tweet, 06/03/10, 23 :47).
- 4 C'est aussi l'époque où une rumeur sur l'identité de Najat Vallaud-Belkacem qui s'appellerait Cla (...)
8Alors que deux rumeurs indépendantes expliquent que Manuel Valls comme Najat Vallaud-Belkacem connaissent chacun des difficultés dans leur couple4, une information sur une relation amoureuse entre eux émergent en février 2015. Cette information, lors de ses premières apparitions, prend la forme de suppositions faites par les internautes qui interprètent les regards et les déplacements communs.
« Manuel Valls se tape Najat. Obligé. » (Tweet, 10/02/15, 13 :08).
- 5 F. Matonti explique qu'alors qu'elle réalise des entretiens avec des journalistes, elle apprendra (...)
9C’est en janvier 2013 que nous retrouvons les premières traces de l’information sur la relation entre le président de la République et l’actrice française5 et sur l’homosexualité de Florian Philippot.
« François Hollande sortirait avec Julie Gayet ! ! ! ! ! ! » (Tweet, 22/01/13, 16 :10).
10L’information sur l’homosexualité de Florian Philippot, la seule de notre corpus dont nous pouvons identifier un contexte d’origine, apparaît suite à la publication d’un dossier sur le lobby gay au Front National par l’hebdomadaire Minute. Si l’hebdomadaire n’identifie pas explicitement l’homosexualité de Florian Philippot, il affirme que « les gays de la Marine ont la main sur l’appareil » (08/01/13). Cette publication et la réaction de Florian Philippot suscitent les commentaires :
« Elle serait pas un peu de la jaquette la Philippot ? » (Tweet, 08/01/13, 17 :04).
« Ca me fait tellement rire que #Philippot soit gay Oulala ca soulage de bien rire » (Tweet, 08/01/13, 22 :34).
11Une interview de Florian Philippot, le lendemain, sur RMC, lors de laquelle il refuse de répondre à la question « Homosexuel ? Hétérosexuel ? », amplifie la suspicion du public mais aussi la confirmation de la nouvelle par des internautes se disant sachants. Ainsi, l’un d’eux écrit, en commentaire de la vidéo de l’interview sur Youtube, le 10 janvier 2013, « Il est homosexuel, j’ai travaillé au Front je le confirme. Tout comme beaucoup de cadres du front National ».
12Ces informations sont des potins que la rumeur (Kapferer, 1990) transporte dans une « nécessité de circulation » (Taieb, 2001). Internet apparaît comme le véhicule idéal pour la diffusion et la promotion des rumeurs (Taieb, 2001). Dans cette perspective, la supposition de Claude Weill prend tout son sens. Pourtant, « être dit sur Internet » ne semble pas équivaloir à « être (re)connu » ou « être public ». En faisant disparaître les» gate-keepers, dont le rôle était précisément de rendre visible ce qu’ils considéraient comme public. », Internet favorise la présence de propos « » très » publics, d’autres moins et d’autres pas du tout ». Ainsi, « avec Internet, certaines choses visibles ne sont pas pour autant publiques » (Cardon, 2010). A la distinction entre le visible et le public identifiée par Cardon (2010), s’ajoute une autre particularité de l’information-web, essentielle dans ce travail : son invérifiabilité (Latzko-Toth & Proulx, 2013). La véracité de la contribution, l’identification des « auteurs de ces contributions si ceux-ci ne le font pas » ou l’authentification de cette identité si ceux-ci le font, sont invérifiables pour le chercheur (Latzko-Toth & Proulx, 2013) mais aussi pour l’internaute qui lit le tweet ou le commentaire et qui peut alors devenir méfiant : méfiant quant à l’information, méfiant quant aux motivations à l’origine de la diffusion de l’information.
« Mais tu sors ça d’ou, c’est ça qu’on veut savoir en fait » (post sur le forum jeuxvidéos.com, discussion « Le “copain” de Florian Philippot », 20/01/14, 14 :40).
13Visibles sans être publiques, invérifiables et soulevant la méfiance, ces informations circulent et participent au brouhaha numérique, sans faire véritablement de bruit. Elles sont des informations non confirmées, « qui n’emprunte[nt] pas la voie de délivrance officielle des informations et n[e sont] pas validée par une autorité ou un des acteurs concernés par la nouvelle » (Taieb, 2006). Elles sont le produit d’informateurs ordinaires qu’on ne saurait croire et qui sont tues par ceux qu’on pourrait croire.
« Y’aurait-il un journaliste bien informé dans la salle qui pourrait nous dire si Carla a fauté, oui ou merde ?
« @Elysee_com il paraît que Manuel Valls a une love affair avec Najat VB. Info ? intox ? est- ce que ca court-circuite le message de Pdt ? » (Tweet, 30/03/15, 21 :45).
- 6 Dreuz.info s'attribue d'ailleurs la révélation dans un article publié le 13 janvier 2014 : « C'es (...)
14Hors des réseaux sociaux, ces informations sont essentiellement reprises, à leurs débuts, sur les blogs et sites d’informations d’extrême-droite. Dans le cas Hollande/Gayet, le blog Dreuz.infos, publie, le 4 mars 2013, un article intitulé « Vidéo : Julie Gayet, parle de François Hollande “magique”... »6. tandis que le journal patriote Le Gaulois annonce, le 5 mars 2013, avoir été informé par une» personnalité proche de l’Élysée »que Julie Gayet était « la nouvelle maîtresse de Hollande ». L’homosexualité de Philippot est, quant à elle, peu reprise hors des réseaux sociaux en 2013 mais réapparaît en janvier 2014 lorsqu’une autre rumeur lui attribue une relation avec son directeur de cabinet, Joffrey Bollée. C’est donc un an plus tard que les blogs, forums et sites d’informations questionnent son homosexualité. Du quotidien de l’état national Breton Breizatao qui qualifie Philippot d’ « énarque homosexuel » (13 janv. 2014) à la création d’une discussion sur le forum jeuxvidéos.com « ah ok Philippot est homo ... :pf : », le 8 janvier 2014, décrite par l’auteur comme « Topic officiel FN, merci », l’orientation politique des promoteurs de la rumeur participe à la méfiance quant à l’information.
« La fachosphère invente une rumeur autour de manuel Valls et Najat Valleau Belkacem. Najat Valleau Belkacem est la maîtresse de Manuel Valls. Voilà le message que veut faire passer la fachosphère depuis quelques semaines. » (youcantalwaysgetwhatyouwant.over-blog.com, 17/07/15).
15La méfiance transforme l’information en une médisance. Dans un mouvement circulaire, le médisant, s’il est susceptible d’avoir des intérêts à médire, participe à la méfiance et amplifie la non-crédibilité de l’information.
16Nos observations découvrent un parcours similaire de l’information sur la fille cachée de François Mitterrand, visible dans l’espace médiatique dès 1983. Le roman de Françoise Giroud, Le Bon Plaisir (1983), adapté au cinéma en 1984, sur un président de la République fictif qui cache l’existence d’un enfant adultérin, alerte la presse et ses lecteurs (Uzan, 2004).
« Voilà un film qui fera jaser et qui ne va guère contribuer à rafraichir l’image du monde politique. Même si toute ressemblance avec des personnages existants... On connaît la suite ! » (La Croix L’Événement, 15-16/01/84).
« Françoise Giroud [...] proclame partout qu’il n’a pas de clés. D’accord ! Mais il y a beaucoup de trous de serrure. » (Le Canard Enchainé, 25/01/84).
17Qu’est-ce que l’existence des réseaux sociaux, blogs ou forum aurait changé aux interprétations du roman et du film ? S’il est très probable que nous aurions trouvé quelques débats entre internautes, sur un forum ou en commentaires d’un article de presse en ligne, sur l’interprétation à avoir et sur les indices à déceler, le web aurait-il favorisé la résolution du débat ? Plus encore, les discussions en ligne auraient-elles imposé le sujet dans l’espace médiatique, obligeant les journalistes à se saisir de l’affaire ? Une fois encore, il ne semble pas irréaliste de supposer qu’au moins une partie de la presse aurait pris part au débat. Mais c’était le cas déjà sans Internet. Le journal satyrique, Le crapouillot, dans son numéro 76 de juin-juillet 1984, signalait que Jean-Edern Hallier cherchait à publier un « brûlot terrible ne laissant rien dans l’ombre des secrets du Président », initialement appelé « Mitterrand et Mazarine » du « prénom, selon Hallier, de l’enfant naturel du Président » (Le Crapouillot, 06-07/84). En 1993, l’hebdomadaire d’extrême-droite Minute (propriétaire de Le Crapouillot) révélait, une nouvelle fois, un an avant Paris-Match, l’existence de la famille illégitime de François Mitterrand dans un article intitulé « Minute a découvert le secret de Mitterrand » (17/03/93) et affirmait l’existence d’écoutes téléphoniques de l’organe de presse et de Jean-Edern Hallier (19/05/93 et 26/05/93) qu’il attribuait à une logique de préservation de ce secret. 4 mois avant Paris-Match, France- Dimanche (16-22/07/94) consacrait plusieurs pages à un article sur François Mitterrand, intitulé « Depuis 20 ans, dans sa vie, une femme et un enfant ».
18Du journal (en ligne) d’extrême-droite à l’écrivain accusé d’avoir simulé son propre enlèvement jusqu’à l’internaute dont on ne connaît rien, les premiers producteurs dévoilent des informations visibles mais invérifiables, potentiellement suspectes, qui empêchent leur visibilité de faire publicité. C’est le temps de la rumeur, une rumeur qui peut être prise en charge par des acteurs légitimes et légitimants mais qui, dans l’absence de confirmation, maintiennent l’information dans cet entre-deux du visible et du public.
19Alors qu’aucun des médias de notre corpus ne mentionnait la rumeur d’une relation entre François Hollande et Julie Gayet, le dépôt de plainte contre X par Julie Gayet, le 28 mars 2013, occasionne les premières mentions dans 5 titres de notre corpus dont Staragora.com et Purepeople.com qui soulignent l’ironie de cette première évocation occasionnée par un dépôt de plainte voulant faire taire la rumeur :
« D’autres internautes n’avaient visiblement pas entendu parler de la rumeur, et c’est la plainte de Julie Gayet qui a aiguisé leur curiosité » (Staragora.com, 28/03/13).
- 7 Nous laissons désormais de côté la relation entre Manuel Valls et Najat Vallaud-Belkacem puisqu'à (...)
20Quelques mois plus tard et suite à une intervention humoristique de Stéphane Guillon (« il venait sur le tournage, il aime beaucoup le film. Le président aime le film ! Sa femme beaucoup moins »), le 16 décembre 2013, dans l’émission du « Grand Journal » sur Canal +, un démenti de L’Elysée occasionne la première évocation de lepoint.fr et de valeursactuelles.com. La mise en scène de l’information par le concerné, même dans sa négation, devient ainsi autorisation à parler. C’est aussi le cas d’une intervention de Nicolas Sarkozy qualifiant les rumeurs d’« élucubrations », le 12 mars 2010, et des mentions par Manuel Valls de l’existence des rumeurs, en avril 2015, qui occasionnent les premiers traitements dans les titres de notre corpus. Malgré le fait que « cela sort[e] sur Internet » (Weill, 2015), seule la prise en charge par un acteur légitime et légitimant, participe à créer la publicité des informations. Pourtant, la négation du contenu des rumeurs et l’absence de preuves produisent une médiatisation limitée7. Surtout, elles ne semblent rien « révéler ». Ce sont d’autres publications qui obtiennent le statut de « révélation ».
21A l’instar des photographies de François Mitterrand et sa fille, dans Paris- Match (03/11/94), dont la seule originalité étaient de faire-voir ce qui avait déjà été dit, ce sont les publications de photographies d’un homme sur un scooter dont on nous montre que les chaussures sont les mêmes que celles du président de la République (10/01/14), et de photographies montrant Philippot avec « un ami » (12/12/14), dans le magazine Closer, qui marquent une rupture dans le (non-)traitement des informations. Ces publications constituent des « occasionnalités événementielles » (Delforce 2004), dont tous les médias se saisissent. 1114 articles à propos de la relation Hollande/Gayet et 152 pour Philippot paraissent dans les médias sélectionnés pour notre corpus, dès la veille des publications de Closer. Dans ces deux cas comme dans le cas Mazarine, c’est donc une intervention journalistique - bien que cette identité professionnelle puisse être largement contestée par les autres journalistes - qui transforme l’information en événement. Dans le cas des infidélités, les médias suivent la prise en charge par des acteurs politiques et dont ils ne sont au début que le véhicule de la scandalisation avant un déplacement de l’objet du scandale, ce qui entraine la publication de 251 articles dans notre corpus.
22De la publication d’un billet de blog sur les rumeurs d’infidélités des Sarkozy (JDD.fr) très vite remplacé par un message d’excuse, le 7 mars 2010 et l’annonce de la démission du directeur des opérations du groupe Newsweb et de l’auteur du billet (22/03/10) jusqu’à la mise en cause du rôle de Rachida Dati dans la diffusion de la rumeur par Claude Guéant, Pierre Charon et Thierry Herzog, fin mars et début avril, qui dénoncent par ailleurs « un complot organisé » et évoquent l’existence d’une enquête, puis la négation de ces accusations, le 7 avril, sur Europe 1, par Carla Bruni, contredite, le jour- même, par Bernard Squarcini, directeur de la direction centrale du renseignement intérieur, qui confirme l’existence d’une enquête, les acteurs politiques transforment les rumeurs en scandale, c’est à dire en « mise en accusation publique qui conduit, sans coup férir, au châtiment, unanimement reconnu comme légitime et souhaitable, de l’accusé » (Lemieux, 2007). De fait, pour les médias, la publicité de la mise en accusation autorise sa publication.
« C’est ce qu’avait fait la presse française jusqu’à ces derniers jours. Elle avait montré qu’elle savait se tenir. Et puis, par l’effet d’une fureur toute humaine déclenchée en haut lieu, la voici comme autorisée à sortir de sa réserve. » (La Croix, 10/04/10).
- 8 Une analyse plus approfondie de l'itinéraire complexe de cette rumeur et de sa transformation en (...)
23Si la condamnation de France 24, le 16 avril, six jours après le dépôt de plainte de B. Biolay, constitue le dernier pic discursif de cette rumeur jamais confirmée, l’événement s’est construit sur le déplacement du contenu de la rumeur vers la rumeur comme parole en acte (Semujanga, 2004). Moins que l’adultère, c’est la charge symbolique donnée à la publicisation de l’adultère par les acteurs politique qui a fait évènement8. Dans les cas Hollande/Gayet et Philippot, l’adultère et l’homosexualité disparaissent aussi au profit de la « révélation » (désignée comme « outing » dans le cas Philippot). Elle est le thème principal des articles et fait de Closer (comme Paris-Match en novembre 1994) le sujet des récits. Florian Philippot, François Hollande et Julie Gayet ne sont plus que des objets (victimes) ou les opposants (ceux qui vont porter plainte).
24La révélation est donc ce qui survient et rompt la sérialité du cours des choses (Quéré, 2006).
« Un nouveau tabou vient d’être levé sur la vie de nos chefs de l’Etat. » (Lepoint.fr, 9/01/14). « Tout a débuté avec la révélation du magazine Closer : le président aurait une liaison avec l’actrice Julie Gayet. Le scandale politico-médiatique se poursuit avec... » (Ozap.com, 13/02/14).
« Le tremblement de terre est provoqué par le magazine Closer (.) Une onde de choc complètement inattendue » (Valeurs actuelles, 18/12/14).
25Singulière, unique, spécifique, elle est rapidement intégrée à un paradigme événementiel qui autorise une histoire de la fin de l’exception française. C’est ainsi que les médias l’inscrivent dans une logique de l’antécédent : la nouvelle révélation est replacée dans la/une liste des révélations passées. Ainsi, l’outing de Florian Philippot est raconté avec celui de Jean-Luc Romero, de Marc-Olivier Fogiel et de Stéphane Bern et surtout de Steeve Briois, autre élu FN outé en décembre 2013, dont le nom apparaît 40 fois dans notre corpus. La révélation de la relation Hollande/ Gayet est rattachée aux autres révélations privées sur un président de la République, et notamment à l’affaire Mazarine qui est mentionnée 60 fois dans notre corpus.
« Paris Match avait révélé la double vie secrète de François Mitterrand ainsi que la première séparation entre Nicolas et Cécilia Sarkozy » (Ozap.com, 10 janv. 2014).
Se constitue ainsi un continuum (de fragilisation du respect de la vie privée) entre des révélations de différentes natures.
« Un tabou médiatique qui s’est fissuré progressivement sous la double pression de l’intrusion de la vie personnelle dans la communication politique et de la libéralisation des moeurs comme de la presse. » (huffingtonpost.fr, 10/01/14).
26C’est au creux du déplacement de l’information depuis son contenu (le potin) vers sa nature de « révélation » que se construit l’événement. Pourtant, les informations étaient déjà visibles sur Internet et, de manière limitée, dans les médias traditionnels. La révélation, comme « information nouvelle ou élé - ment inédit » (dictionnaire Le Larousse9) ou « communication orale ou écrite d’un fait demeuré jusque-là ignoré ou secret » (Centre National de Ressour - ces Textuelles et Lexicales1011) n’en est donc pas une. Moins qu’un contre-sens de l’utilisation du terme, cette qualification de révélation marque le passage de l’information visible à l’information publique et de l’espace privé vers l’espace public. Dans ce parcours, Internet ne semble rien changer à l’évènementialisation de la vie privée des hommes et des femmes politiques.
27La révélation d’une information privée relative à un acteur politique, événement peopolitique par excellence, est un événement qui émerge nécessairement de faits médiatiques ou médiatisés. Inscrit dans le phénomène de peopolisation, l’événement peopolitique se réalise dans les médias qui sont, à la fois, le support « opérant l’échange sans reste (ou tentant d’en éliminer tout reste) entre le corps historique et le corps politique » (Marin, 1981) et une incarnation à part entière du décideur (identité people).
« Le roi n’est vraiment roi, c’est-à-dire monarque, que dans les images. Elles sont sa présence réelle [...] [et] sa réalité royale. » (Marin, 1981)
28Les médias sont ainsi partie prenante à la fois du fait - c’est à partir d’eux que se crée la rupture - et de l’événement -en participant à la mise « en œuvre des modes de compréhension et des formes de socialisation partagées » (Arquembourg, 2011)-. Ce rôle double des médias construit l’événement peopolitique via une responsabilité consciente des médias et une « condition de collectivité » (Livet, 2002) qui institue un monde commun débordant de la seule sphère médiatique.
29Construite sur une tolérance11 que Boltanski (2009) définit comme ce qui permet aux acteurs de ne pas trop s’attarder sur leurs contradictions et sur les contradictions entre monde et réalité, la constitution des faits et de l’évènement s’élabore sous une forme tronquée, oblique et limitée dans « la crainte d’être soi-même accusé d’abuser de la situation » (Lemieux, 2007).
« Il faut maintenant espérer que la presse française ne glisse pas davantage sur une mauvaise pente et, après avoir médité la fable de la paille et de la poutre, se souvienne de la parole du Christ : “Que celui qui n‘a jamais pêché jette la première pierre” » (Le Figaro, 4/11/94).
30C’est ainsi que le potin, comme contenu de la rumeur (Kapferer, 1990 : 251), résiste dans la catégorisation de l’événement. Parfois du côté des personnages de la rumeur, parfois du côté du titre de presse qui a rendu visible (Valeurs Actuelles et lepoint.fr parle ainsi de « closergate »), la désignation de l’événement peut aussi se construire dans la confusion du contenu et de l’usage de la rumeur : l’affaire « Philippot/Closer » (lefigaro.fr, 15/12/14), l’affaire « Closer-Gayet » (lepoint.fr, 10/01/14 et 04/02/14 - lexpress.fr, 28/01/14 - lefigaro.fr, 4/02/14) et l’affaire « Philippot/Laurence Pieau » du nom de la rédactrice en chef de Closer (lepoint.fr, 17/12/14). Deux articles sur l’ outing de Florian Philippot sont exemplaires quant à la difficulté à déterminer ce qui est en jeu. Annonçant la « publication qui va faire beaucoup de bruit demain matin », jeanmarcmorandini.com décrit les photographies pour justifier la prédiction du scandale tout en précisant que « jeanmarcmorandini.com a choisi de ne pas diffuser ces photos prises dans l’intimité d’une personnalité publique » (11/12/14), comme si le pure player se préservait de l’ outing en refusant de montrer des preuves pourtant décrites. Le même jour et tout en précisant que « c’est la première fois qu’un homme politique subit ce sort », lexpress.fr confirme l’homosexualité qui n’était qu’implicite dans Closer en qualifiant celui qui était « son ami » pour la magazine people de « petit-ami » (à deux reprises) et d’ « amoureux ». Ces deux discours signent l’entrelacement de l’information privée médiatisée et d’une réflexion sur la « déontologie du silence » (Schwartzenberg, 1997), typique des discours de peopolisation (Goepfert, 2010) et dont la révélation de l’identité de Mazarine constitue une « scène primitive » (Dakhlia, 2008).
- 12 A l'inverse, l'information privée est privée quand ses conséquences sont personnelles: « C'est en (...)
31Dans cet entrelacement, la révélation n’est légitime et le silence n’est illégitime qu’à condition qu’une dimension collective soit là, en amont, exogène à l’information, permettant de transformer le fait privé en fait public et de justifier la dérogation à la règle déontologique du respect de la vie privée12. Ainsi, dans les réactions de condamnation ou de défense de la « révélation » de la double vie de François Mitterrand et ce, quelle que soit la posture défendue (et les journaux oscillent de l’une à l’autre dans les jours suivant la révélation), la problématique principale questionne l’incidence collective :
« Doit-on révéler un fait inconnu de la vie privée de quelqu’un ? Oui, s’il apporte une information sur cette personnalité. Le Pen divorce, alors qu’il prône la théorie de la famille unie, on doit le savoir » (Le Figaro, 4 nov. 1994).
« Respecter la vie privée est une question de principe sur laquelle La Croix - L’évènement a pris clairement position. Cela ne veut pas dire que les comportements des hommes publics ne soient d’aucune importance. Lorsqu’ils influent directement sur leurs responsabilités publiques ou sont en infraction manifeste avec la Loi, il devient impossible de les ignorer » (La Croix - L’événement, 5 nov. 1994)
32Dans ce travail de justification autour du passage du fait privé au fait public, c’est une autre transformation que l’information connaît en parallèle : son inscription dans un monde commun. La mise en intrigue politique du fait médiatique autour d’une « condition de collectivité » (Livet, 2002) permet de construire l’événement comme « ce qui arrive à une collectivité » (Arquembourg, 2011) qui déborde le collectif des journalistes et concerne le peuple français dans son ensemble « parce qu’il fait rupture dans l’ordre de ses médiations symboliques (Arquembourg, 2011). Nous retrouvons la construction de la politicité de l’événement dans le traitement médiatique de la révélation Hollande/Gayet. Evoquée par Closer(10/01/14) dans son article « révélant » (« Des photos étonnantes qui posent la question aussi de la sécurité du Président. Le chef de l’Etat est accompagné d’un seul garde du corps »), la question de la sécurité est reprise largement par les médias de notre corpus où le terme « sécurité » apparaît 115 fois. Cette dimension participe ainsi à la justification de traitement par la mise en relief d’un enjeu collectif qui se construit dans l’incidence politique faisant du peuple français la victime d’un préjudice dont il faut parler. C’est autre préjudice collectif qui construit le collectif dans les rumeurs d’infidélités des Sarkozy. Via un retournement de l’accusation qui permet à l’affaire de prendre forme (Boltanski & Thevenot, 1991), l’accusateur se voit « devenir lui-même l’objet d’accusations » (Lemieux, 2007) : les amitiés et les inimitiés des personnages de la rumeur s’opposent au public, qui est celui du monde politique, c’est à dire « les Français qui ont tant de problèmes » (Le Monde, 9 avr. 2010).
« Le président de la République n’a-t-il pas, en ce moment, d’autres motifs d’inquiétude, d’autres dossiers en tête que ces histoires de cornecul ? N’y a-t-il pas, en ces temps de plans sociaux à répétition, sujet plus brûlant, que les secrets d’alcôve du prince qui nous gouverne ? » (Marianne, 10 avr. 2010).
33Dans l’articulation du commun et du public, la « condition de collectivité » (Livet, 2002) construit la « communauté des ébranlés » (Patocka, 1990) et permet, dans un même mouvement, de faire advenir l’événement.
« Le domaine public est cet espace de visibilité, lieu de l’apparition du monde : non pas ce sans quoi le monde ne serait pas, mais ce sans quoi il ne pourrait apparaitre comme monde commun. » (Tassin, 1991).
34Pourtant, dans le cas de l’homosexualité de Philippot, de l’« indignation de l’outing sur les réseaux sociaux » (lexpress.fr, 11/12/14), l’ « élan de solidarité transpartisane » (libération.fr, 12/12/14) à « l’unité [qui] est de rigueur pour combattre cette intrusion dans la vie privée d’un homme politique » (staragora.com, 12/12/14), les médias d’informations parlent de l’outing via sa condamnation. On parle parce que tout le monde parle du fait qu’il ne fallait pas en parler, pourrait-on résumer. Mais, s’il ne fallait pas en parler, c’est que l’information n’a pas d’importance politique. Comment est alors justifié le fait d’en parler ?
35L’analyse du traitement médiatique dévoile une mise en intrigue des réceptions qui se construit, dans le contexte numérique, comme un « récit inter - actif » (Hurel, 2013) auquel prennent part les acteurs politiques, les acteurs sociaux, les personnages de la rumeur, le public et les médias d’information. L’intrication des interventions semble dessiner une évènementialisation qui n’a plus besoin d’incidence collective exogène.
36Dès le 11 décembre, veille de la parution de Closer, la mise en récit d’un outing encore inexistant suscite des réactions qui créent l’outing avant que celui-ci n’ait eu lieu. A titre d’exemple, le tweet de Nicolas Bays, député PS :
« L’outing de @f_philippot par #closer est inacceptable. Même si j’exècre ses idées, le droit à la vie privée est sacré » (Tweet de @nicolasbays, 11/12/14, 19 :19).
37Ce tweet est repris la veille et le jour-même de la parution de Closer dans les premiers articles sur l’homosexualité de Florian Philippot de l’express.fr, lefi ga ro.fr, ozap.com, huffingtonpost.fr et jeanmarcmorandini.com, annonçant la nouvelle par les réactions qu’elle suscitent. La prise de position du magazine Têtu et de l’association des journalistes LGBT qui défendent l’outing fragilise par ailleurs l’unanimité de la condamnation, le jour-même de la parution de Closer. Ces interventions journalistiques déplacent le rôle du journaliste d’énonciateur omniscient à interacteur. C’est dans cette même perspective que l’« ami » de Florian Philippot publie, sous pseudonyme, une « lettre ouverte à Closer » sur rue89.nouvelobs.com qui répond à une interview de Laurence Pieau sur Europe 1 et qui entraine de nombreux articles.
« L’ami de Philippot affirme être la cible de menaces de mort » (lepoint.fr, 16/12/14).
« Le compagnon supposé de Florian Philippot répond sèchement à “Closer” » (Ozap.com, 16/12/14).
« L’ami de Philippot, victime de menaces de mort, sort du silence » (Staragora.com, 17/12/14).
38Cela suscite aussi de nombreux commentaires d’internautes dont celui de Visibine qui demande, en commentaire de la lettre ouverte sur rue89.nouvelobs.com, « dans quelles mesures, peut-on coucher/aimer/vivre avec quelqu’un alors qu’on s’oppose à ses convictions politiques ? A fortiori quand il s’agit d’un grand chef des fafs ? » (16/12/14, 16 :01), une question à laquelle répond Xavier De La Porte, rédacteur en chef de rue89.nouvel - obs.com, dans un article « Comment peut-on coucher avec quelqu’un alors qu’on s’oppose à ses convictions politiques ? » (17/12/14) adressé directement à l’internaute. Sur et via les dispositifs numériques (Hurel, 2013), l’hybridation entre acteur et lecteur et entre personnage et narrateur ainsi que la superposition des discours aux temporalités de publication et diffusion différentes construisent une « interactivité narrative » (Hurel, 2013), où les discours non-journalistiques agissent sur la mise en intrigue et donne une légitimité à la médiatisation. « C’est parce qu’il survient dans ce monde commun que l’évènement acquiert un caractère public, car de la sorte, il apparaît à tous » (Arquembourg, 2011).
39Dans la logique autopoïétique de la notoriété people qui rend célèbres les gens célèbres (Dakhlia, 2009), l’événement peopolitique apparaît à tous parce que tous le font apparaître. Ainsi, si « l’advenant doit être appréhendé en fonction d’une logique des relations selon laquelle on peut dire qu’il émerge d’un événement et est constitué de tous ceux que l’événement relie à des degrés divers » (Arquembourg, 2011), nous comprenons qu’à l’inverse, dans le cas Philippot, l’événement émerge d’une interactivité narrative. Le collectif du récit émerge du fait qu’on en parle et résout l’indétermination d’incidence politique. Ainsi, alors que l’évènementialisation de la vie privée des hommes politiques ne se justifiait que dans l’existence d’un préjudice collectif exogène à l’information mais la justifiant, la construction de l’événement peopolitique en contexte numérique déplace la qualité collective du fait à l’événement. Du gatekeeping au gatewatching (Bruns, 2008), le collectif de l’événement apparaît dans les réceptions du fait mises en intrigue.
40Ce renouvellement de la « condition de collectivité » dans l’événement peopolitique impose ainsi le sujet à l’agenda médiatique (Bruns, 2008) et semble résoudre la posture ambiguë des journalistes ainsi déresponsabilisés d’une pratique non seulement sociale mais aussi professionnelle qui les définit. Pourtant, cette redéfinition de l’articulation du commun et du public, ne participe-t-elle pas, dans un même mouvement, à la dépolitisation de l’événement peopolitique ?
41L’analyse proposée dans cet article découvre un parcours d’évènementialisation de la vie privée des décideurs que l’on peut schématiser comme ce qui suit :
42A l’instar de la publication de Paris-Match en novembre 1994, seule une intervention prouvante ou confirmante d’un acteur légitime à révéler construit la publicité des informations. Le cas Valls/Vallaud-Belkacem le démontre. Au moment où l’écriture de cet article se termine, l’absence de discours légitimants maintient l’information dans la sphère de la rumeur numérique invérifiable et dont on se méfie, ce qui l’empêche, malgré sa visibilité numérique, d’accéder à l’espace public. Ainsi, Internet, comme « lieu potentiel de pluralisme pour l’information » (Marty, Rebillard et al. 2012), permet la mise en visibilité d’une information tue ailleurs mais ne semble pas pouvoir créer sa publicité. Notre étude montre ainsi une construction évènementielle stable de la révélation de fait privé relatif à un acteur politique entre 1994 et 2014. L’arrivée d’Internet, pendant ces deux décennies, crée un nouvel espace de visibilité des informations privées mais qui ne permet pas, dans son confinement, de faire événement. Pourtant, le contexte numérique, en renouvelant la « condition de collectivité » nécessaire à l’évènementialisation de l’information, joue un second rôle. En reprenant « très visiblement » une intervention confirmante jugée légitime par les internautes, Internet peut créer le collectif en amont de l’événement et ouvrir la possibilité de constitution de l’évènement à d’autres acteurs que l’élite des journalistes (Rieffel, 1984) obligeant ces derniers à mettre en intrigue les réceptions de l’information.