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Une géographie des médiations territoriales : cultures, territoires et pratiques sportives

A geography of territorial mediations: cultures, territories and sports
Una geografía de mediaciones territoriales : culturas, territorios y actividades deportivas
Jean-Pierre Augustin
p. 84-91

Résumés

Parmi les concepts géographiques, celui de médiation territoriale permet de souligner comment les habitants transforment leurs connaissances et leur agir en redéfinissant leur place dans la société. Cette notion peut être présentée comme un paradigme des sciences sociales et complète les concepts de territoire et de territorialité ou de médiance en soulignant le rôle de régulateur qui se joue entre les individus et leur lieu de vie proche ou lointain. Elle est utile à l’analyse des pratiques sportives et culturelles en insistant sur les liens avec le local et l’espace en général, sur la multiplicité des échelles territoriales et sur la diversité des rapports sociaux et spatiaux que ces médiations mettent à jour.

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Texte intégral

1Sans remettre en cause les concepts de territoire, de territorialité ou aussi de médiance qui s’enrichissent mutuellement mais ne recouvrent pas le même rapport fondamental de l’homme à son milieu terrestre, la notion de médiation territoriale est extrêmement porteuse car elle souligne comment les individus et les groupes s’approprient de nouveaux espaces et produisent, à partir de représentations ancrées dans leur espace social et leur espace vécu, des pratiques identitaires définissant souvent des rapports d’altérité renforçant la cohésion sociale. Appliquée aux cultures sportives, cette notion rappelle les rapports d’appropriation des espaces de nature et des espaces urbains par la multiplicité des activités physiques et sportives qui modifient les rapports à soi, aux autres et à l’espace. La notion prend en compte nombre de processus et par exemple l’accélération des mobilités urbaines remettant en cause les rapports traditionnels du citadin à la ville et à la nature. Avec l’effacement des cultures paroissiales fondées sur le microcosme du quartier, on assiste à la multiplication de références spatiales inscrites dans des réseaux de lieux et de non-lieux et à la prolifération de fréquentations disparates. Ces fréquentations résultant d’une médiation territoriale fonctionnent comme des régulateurs de rapports sociaux et spatiaux. Face à la question des identités contemporaines et à la tendance à être de plusieurs lieux et milieux à la fois, on peut considérer que ces médiations territoriales particulièrement fluides et sociales entre l’individu et ses lieux de vie familiers, mais aussi entre l’individu et les espaces plus lointains, jouent un rôle essentiel de régulateur.

2Il est possible d’illustrer le rôle des médiations territoriales dans la société contemporaine par l’exemple de la prolifération des activités de loisir sportif en milieu naturel comme dans les villes, et de montrer comment ce mécanisme de médiation territoriale transforme l’espace fréquenté puis aménagé en multiples lieux de pratiques sociales et participent à la construction des identités contemporaines.

Les médiations territoriales, nouveau paradigme des sciences sociales

3La prise en compte de la notion de médiation en lien avec l’espace, le local et le territoire est une tendance bien engagée. Elle a débuté dans les années 1980, intéresse plusieurs disciplines et favorise une actualité de la géographie. La médiation dont il est question ici ne se résume pas à la définition des dictionnaires qui la présentent comme étant la recherche d’un accord visant à résoudre un conflit entre deux personnes ou deux groupes de personnes à partir d’un tiers médiateur et arbitre, ni pour autant à sa définition comme élément de relation entre des connaissances ou des expressions artistiques, culturelles ou scientifiques et un public. Cette médiation concerne tout ce qu’il en est des relations humaines à l’espace. Ces médiations territoriales sont des régulations multiples entre l’individu et le territoire dans un espace local ou régional constitutif de la société. Ces médiations participent aux modalités de la fabrique des identités, s’agissant de trouver sa place dans un espace-temps mondialisé pour ne pas dire un système-monde, en réinventant des trames spatiales culturellement et socialement signifiantes.

4En géographie, on peut distinguer les termes d’espace au sens large et de territoire. L’espace a besoin d’un qualificatif pour être précisé, il est un support possible de la vie et des activités : on parle alors de l’espace urbain, rural ou des systèmes plus complexes comme l’espace social, l’espace vécu et on arrive ainsi à la promotion du territoire. Le territoire permet de traduire le lien primordial de l’homme et de la terre (Di Méo, 1998) en considérant qu’il est un espace enrichi par le sens que les sociétés lui confèrent et sur lequel elles agissent, qu’elles contrôlent et qu’elles construisent. Les analyses remettant en cause et annonçant même la fin des territoires sont fondées sur une acception étroite et historiquement révolue du concept le limitant à un rôle de régulation politique ; on assiste au contraire à leur renouveau, à leur prolifération et on peut évoquer l’idée « d’une petite fabrique de territoires » (Vanier, 1995) permettant d’explorer les manières dont les hommes se représentent, conçoivent et produisent les rapports à l’espace et le besoin de sens, d’action, de mouvement mais aussi de racines qu’affirment les sociétés soumises au doute et à l’incertitude. Dans tous les cas se joue une médiation territoriale qui modifie les rapports à soi et à l’espace.

5A ce niveau, il convient encore de préciser les notions de territoire, d’espace social, d’espace vécu et de territorialités. Pour le premier terme, il faut s’écarter de deux conceptions, celle exclusivement politique qui assimile le territoire à la marque de l’État, celle de caractère naturaliste ou éthologiste qui le réduit à l’espace vital défendu par les êtres vivants comme étant leur propriété exclusive. Si le territoire n’échappe ni à l’ordre du pouvoir ni à celui de la nature, il résulte avant tout d’une construction sociale reflétant un rapport spatial doté de l’aptitude à organiser, à médiatiser en retour l’ensemble des relations et des systèmes sociaux qui l’ont engendré.

6L’espace social qui peut être entendu dans deux sens, celui peu exigeant de la projection des rapports sociaux sur l’espace géographique (l’espace n’est alors que le reflet des rapports économiques) et celui plus complexe de l’interférence entre rapports sociaux et rapports spatiaux, n’explique pas le rôle existentiel ou phénoménologique qui renvoie aux valeurs et aux usages culturels que l’homme inscrit dans l’espace.

7Cette exigence est mieux prise en compte par le concept d’espace vécu qui reste cependant trop lié au champ de conscience du sujet. Frémont (1999, p. 40), dans l’introduction de la deuxième édition de son ouvrage La région, espace vécu, en convient, considérant que « le territoire reste plus simple comme expression, d’accès plus facile, plus conforme à l’esprit et à la lettre de la géographie ».

8Enfin, le territoire doit être distingué du terme très voisin de territorialité. Pour Di Méo, la territorialité ramène le sujet social « à sa logique personnelle, à son espace vécu tissé de rapports intimes, réels ou imaginaires avec les lieux ; rapports enrichis par ses expériences, par ses apprentissages sociaux ». En obéissant à trois séries de lois imbriquées, celle de l’expérience existentielle de chacun, celle de la codétermination dialectique du sujet et du social, celle de l’espace géographique objectivé auquel les enjeux sociaux donnent de nouvelles significations, la territorialité dévoile la manière dont le territoire se construit et se développe. Si le territoire ne doit pas être confondu avec ces concepts, il puise cependant sa force dans leurs « racines sémantiques ». Mais c’est toujours à partir de la médiation que les individus et les groupes construisent par les représentations liées à leur espace social et à leur espace vécu de nouvelles pratiques identitaires.

Les médiations sportives dans la nature et dans les villes

9En milieu naturel, les références spatiales se multiplient autour des activités sportives et les sites, les itinéraires et les espaces de pratiques définis par leurs caractéristiques physiques, hydrographiques, climatiques et sociale transforment l’image des lieux et favorisent une médiation culturelle. Cette médiation bénéficie d’une triple valorisation par les aménagements offrant des pratiques selon les niveaux, par l’amélioration des accès grâce aux routes et aux balisages et par la promotion des lieux par les réseaux de pratiquants et les médias (revues spécialisées, topo guide, films…). Une cartographie nationale et mondiale des lieux, sites et itinéraires sportifs se constitue avec ses répertoires, ses inventaires et ses classements (Augustin, 2007, 2016). La nature n’est plus un décor, elle devient partenaire et support d’activités multiples en utilisant les lieux naturels les plus divers et les plus inaccessibles, qu’ils soient en bordure d’océan, de mer ou de lac (voile, surf, planche à voile), dans leurs profondeurs (plongée sous-marine) ou dans leur traversée (croisière et course croisière), mais aussi sur les pentes des montagnes (alpinisme, escalade, ski), dans les gorges des rivières (canyoning, canoë-kayak…), dans les airs (planeur, parapente, aile-delta…) ou dans des sites souterrains (spéléologie). Par cette médiation, on assiste ainsi à la conquête sportive des espaces de nature du monde. Des recherches multiples depuis le années 1980 illustrent ce mouvement et le rôle des médiations territoriales au profit des cultures sportives. Pour ne prendre qu’un exemple, rappelons que Diénot et Theiller (1999) ont interrogé les « aventuriers du quotidien », qui voient la nature comme un espace de médiation et de liberté, à la fois lieu de contemplation pour les pratiques douces de type randonnée, et partenaire ou adversaire pour les pratiques dures de type escalade. Les personnes interrogées à partir d’une liste de soixante-trois mots associés aux sports pratiqués en retiennent quatorze, dont sept sont en relation avec l’espace (nature, découverte, évasion, paysage, environnement, dépaysement, beauté du site), quatre sont liés aux sensations (aventure, liberté, plaisir, émotion) et trois sont en rapport avec la conscience de soi (divertissement, maîtrise de soi et dépassement). Les lieux recherchés participent à une identité socio-spatiale qui se construit à partir du sentiment d’appartenance à un même espace. Les mêmes auteurs définissent quatre catégories de pratiquants : les passionnés qui valorisent le dépaysement et recherchent certaines formes d’aventure dans des lieux que l’intensité des émotions rend rapidement personnalisés ; les conservateurs qui privilégient un plaisir tranquille de proximité avec des fréquences moins marquées et un souci d’exclusive ; les conviviaux qui déclarent apprécier les relations sociales et sont attentifs aux plaisirs procurés par l’environnement ; les exclusifs qui préfèrent les sites réservés aux initiés et défendent l’idée d’effort individuel. L’espace parcouru par le pratiquant devient territoire porteur de sens et dans certains cas peut s’enclencher une dynamique de développement local.

Figure 1 – Fête du fleuve et départ de la Solitaire du Figaro sur les quais de la Garonne en centre-ville de Bordeaux

Figure 1 – Fête du fleuve et départ de la Solitaire du Figaro sur les quais de la Garonne en centre-ville de Bordeaux

10Dans le même temps, l’appropriation des espaces publics des villes s’intensifie, que ce soit pour les courses organisées comme les marathons urbains à New York, Chicago, Boston, Paris, Londres, Berlin et Tokyo, ou par les pratiques banales du jogging, du patinage de rue ou de la bicyclette ; ces pratiques sont favorisées par les firmes mondiales qui déversent leurs produits (chaussures, vêtements, bikes, rollers, skates…) dans les grandes villes du monde. Les espaces de pratiques se diversifient : on peut distinguer les espaces dits “urbains” (parkings, places, rues…), les espaces piétonniers et cyclistes (allées, pistes cyclables, berges…), les espaces de détente (plages, jardins…), les espaces naturels de loisir (bois, parcs…) et les espaces dits sportifs (aires de jeux, plateaux sportifs…). L’ensemble de ces espaces laisse à chacun des possibilités de loisirs sportifs peu contraignants adaptés à leurs désirs. Les loisirs urbains sont devenus des organisateurs sociaux et spatiaux des sociétés contemporaines et, dans ce jeu, les cultures sportives ont pris une place prépondérante qui rythme le vécu des citadins (Augustin, 2006).

11Alors que dans le modèle classique, l’adhésion, l’entraînement et la compétition sont au centre du dispositif, dans le modèle des pratiques dans les espaces publics, comme dans celui des sports de nature, la pratique est liée à de nouvelles représentations de l’espace. La cohésion et la conscience du groupe d’appartenance se défont et le sport devient un objet de consommation parmi d’autres par le rôle des médiations territoriales. Tandis que les institutions œuvrant dans le champ sportif perdent de leur emprise, on constate que se renforcent des pratiques plus individuelles ainsi qu’une certaine dépendance aux offres et aux espaces sportifs ouverts. Les cultures sportives ont pris une place grandissante dans le monde contemporain, totalement immergées dans la société, elles s’imposent comme un moyen d’identité individuelle ou collective dont chacun peut user selon ses libres dispositions. En jouant sur le triple registre de l’autonomisation, de l’institutionnalisation et de l’universalisation, et en bénéficiant des médiations territoriales, elles progressent et apparaissent comme un élément de la culture monde contemporaine.

12S’il fallait encore illustrer les phénomènes en cours, la Côte Aquitaine fournirait un bel exemple de médiation territoriale : ce littoral était hier encore un espace naturel mais connaît depuis trois décennies un véritable marquage social qui est en l’occurrence un marquage par les loisirs sportifs. Les sites de Lacanau et des stations du Médoc sont exemplaires à ce niveau : des lieux inhabités sont devenus les territoires mondialement connus du surf, du windsurf, du funboard, du tennis, du golf, de la randonnée…Il s’agit d’une remarquable territorialisation sportive et de nombreux exemples peuvent être pris dans d’autres espaces naturels français et du monde, qu’il s’agisse des bords de mer, de la montagne ou de la campagne. Les nouveaux paradigmes de l’aménagement durable, du projet urbain ou de la croissance verte renouvellent encore les manières de s’identifier dans l’espace naturel ou urbain (Callède, Sabatier, Bouneau, 2014 ; Lefebvre, Roult, Augustin, 2013).

Figure 2 – Terrasse d’un café et galeries d’art dans le village de Saint-Emilion, sur la route du Périgord

Figure 2 – Terrasse d’un café et galeries d’art dans le village de Saint-Emilion, sur la route du Périgord

13Notons enfin que la culture au sens strict, autant que les activités sportives, participe aux réappropriations territoriales qu’il s’agisse des cultures classiques, mais aussi des cultures scientifiques et techniques et des multiples cultures périphériques qui s’inventent et se transforment pour s’adapter aux milieux (Augustin et Lefebvre, 2004). Les cultures de banlieues, les festivals, les cultures patrimoniales, les grandes fêtes urbaines participent à ces cultures vivantes permettant aux habitants de médiatiser leurs connaissances et leur agir et de redéfinir leur place dans la société.

Conclusion

14Cette réappropriation territoriale, notamment pour les activités ludo-sportives et culturelles s’inscrit dans une nouvelle représentation de la société et des usages. Hier, l’organisation des villes et des villages se pensait sur le modèle du quartier et des équipements de proximité ; aujourd’hui, toute réflexion sur l’aménagement territorial doit prendre en compte les mobilités accélérées qui amènent chacun à chercher dans des lieux et des pratiques diverses un sens à son existence. On peut parler des territoires qui nous habitent autant que des territoires que nous habitons. La nouveauté vient de la multiplicité des échelles territoriales, de la diversité des rapports aux lieux et aux espaces que les médiations territoriales mettent à jour.

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Bibliographie

Augustin (J.-P.), 2006, « Bordeaux, au rythme des cultures sportives ». Sud-Ouest Européen, vol. 22, n° 1, 127-140.

Augustin (J.-P.), 2007, Géographie du sport. Spatialités contemporaines et mondialisation. Paris, Armand Colin.

Augustin (J.-P.), 2016, Le sport, une géographie mondialisée. Paris, La documentation Française.

Augustin (J.-P.), Lefebvre (A.), 2004, dir., Perspectives territoriales pour la culture. Pessac, Maison des Sciences de l’Homme d’Aquitaine.

Callède (J.-P.), Sabatier (F.), Bouneau (C.), 2014, dir., Sport, nature et développement durable. Une question de génération ?, Pessac, Maison des Sciences de l’Homme d’Aquitaine.

Di Méo G., 1998, Géographie sociale et territoires. Paris, Nathan.

Dienot (J.) & Theiller (D.), 1999, Les nouveaux loisirs sportifs en montagne : les aventuriers du quotidien. Talence, Maison des Sciences de l’Homme d’Aquitaine.

Frémont (A.), 1999, La Région, espace vécu. Paris, Flammarion.

Lefebvre (S.), Roult (R.), Augustin (J.-P.), 2013, dir., Les nouvelles territorialités du sport dans la ville, Québec, Presses de l’Université du Québec.

Vanier (M.), 1995, « La petite fabrique de territoires en Rhône-Alpes : acteurs, mythes et pratiques ». Géocarrefour–Revue de Géographie de Lyon, vol. 70, n° 2, 93-103.

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Table des illustrations

Titre Figure 1 – Fête du fleuve et départ de la Solitaire du Figaro sur les quais de la Garonne en centre-ville de Bordeaux
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/sds/docannexe/image/6265/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 336k
Titre Figure 2 – Terrasse d’un café et galeries d’art dans le village de Saint-Emilion, sur la route du Périgord
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/sds/docannexe/image/6265/img-2.jpg
Fichier image/jpeg, 1004k
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Pour citer cet article

Référence papier

Jean-Pierre Augustin, « Une géographie des médiations territoriales : cultures, territoires et pratiques sportives  »Sciences de la société, 101 | 2017, 84-91.

Référence électronique

Jean-Pierre Augustin, « Une géographie des médiations territoriales : cultures, territoires et pratiques sportives  »Sciences de la société [En ligne], 101 | 2017, mis en ligne le 24 mai 2019, consulté le 05 novembre 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/sds/6265 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/sds.6265

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Auteur

Jean-Pierre Augustin

Professeur émérite à l’Université Bordeaux-Montaigne, membre de l’umr passages du cnrs et de Maison des sciences de l’Homme d’Aquitaine (10, espl. des Antilles, Campus universitaire, 33600 Pessac), il dirige des recherches sur le sport, la culture et le tourisme en tant que formes contemporaines d’action collective.
Jean-Pierre.Augustin[at]msha.fr

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